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lundi 6 février 2023

Anciennes carrières de calcaire à Hull : album photo




Anciennes carrières de calcaire de la ville de Hull (Gatineau), Québec, selon des sources variées. Compilation Henri Lessard, © 2013, 2014, 2015, 2020 et 2021 (version 8). Les codes d'identification et références plus bas.
Fond de carte : modifié de © Google. J'ai rectifié à main levée la frontière Québec/Ontario (en rouge, en bas) que Google trace de travers (voir le billet du 4 mai 2013, « Gatineau-Ottawa : courbe immotivée ? »).



Pour en savoir plus sur le sujet, voir le billet du 9 sept. 2015, « Calcaires hullois : des cartes et des lacunes » (et suivre les liens qu'il contient).

Il y a quelques années, j'ai entrepris de dresser la carte (ci-haut) des anciennes carrières de calcaires de la ville de Hull (Gatineau, Qc). Je vous propose ici une galerie de leurs portraits à partir des photo aériennes de la Photothèque nationale de l'air (PNA). Les habitués de la ville de Hull pourront voir à quel point ces carrières sont demeurées apparentes ou non dans le tissu urbain. Rien ne se comble et ne s'oublie plus facilement qu'un trou dans le plancher d'une ville. C'est toute une partie de l'histoire qui est ainsi effacée du paysage et des mémoires.

Les photos mises en ligne ici proviennent de la PNA ; j'ai tiré leurs fichiers du site CARTO.





PNA, photo A9608-56, 1945
Vue aérienne de la ville de Hull. Elle indique la position de plusieurs des carrières identifiées sur la carte plus haut.
RB : ruisseau de la Brasserie ; RO : rivière des Outaouais ; en bas, à droite, le barrage en hémicycle des Chaudières.


Carrières de calcaire, Hull (Gatineau)

Liste d'après la plus ancienne attestation que j'ai pu trouver des carrières énumérées. La liste complète est dans le billet du 9 sept. 2017. Les textes décrivent l'état des carrières à l'époque où les documents originaux ont été rédigés.

McGrath (1885)

  • M1. Carrière du parc Brébeuf. Aucune attestation trouvée après cette date.

Parks (1916)

  • P.1. Wright and Company, Hull, 240 x 120 m. On y extrait des pierres de 15 à 24 pouces d'épaisseur. La carrière, qui aurait appartenu à la Federal Stone, serait aussi le site de l’ancien chantier municipal. (Raymond Ouimet, comm. pers., avril 2020.)
  • P.6. David Laviolette, Hull. « [La carrière a fourni l'échantillon] le plus finement grenu de toutes les pierres de construction les mieux connues au Québec... » (Parks, p. 112.) Tout le produit de la carrière sert à des fins de construction : blocs grossiers, seuils, bouchardés sur le dessus, montants de fenêtres de cave.
  • P.9. Canada Cement Company, Hull, 90 m x 400 m. « Environ 500 tonnes par jour sont retirées pour fabriquer du ciment, durant onze mois de l'année. » (Parks, p. 114.)

Photothèque nationale de l'air, Ressources naturelles Canada

  • P et P?. Carrières (?) qui apparaissent sur des photos aériennes de la PNA de 1925 à 1945 (sans exclure années antérieures ou postérieures).

Goudge (1935)

  • G1. Wright Crushed Stone Co, Ltd., Hull ; pierre concassée, pierre pour la production de pâte au bisulfite ; autrefois exploitée pour la pierre à bâtir.
  • G2. Laurentian Stone Co., Ltd, Ottawa ; pierre concassée, four à chaux.
  • G3. Oscar Noël, Hull ; pierre de construction irrégulière (stratification entrecroisée) : pierres de 8 cm à 15 cm x 12 à 25 cm ; pierres vendues à un tailleur d'Ottawa.
  • G6A. Napoléon Tremblay, Hull. ; pierre concassée, graviers et pierre pour la production de pâte au bisulfite.
  • G6B. Abandonnée ; sur le terrain de William Dennison, Hull
  • G7. Abandonnée.

Uyeno (1974)

  • U5. Carrière désaffectée.
  • U9. Excavation ; position précisée grâce à McGrath (1885).




PNA, photo A9608-56, 1945 (détail)
Selon Goudge (1935), une carrière (G6B) a été exploitée sur le terrain de William Dennison (qui a donné son nom au chemin qui correspond à la piste 5 du parc de la Gatineau), du côté ouest de l'actuel chemin de la Cité-des-Jeunes (en rouge), dans une dépression aujourd'hui occupée par un marais, au nord de l'intersection avec le boul. St-Raymond. La seule trace d'une carrière (?) sur cette photo consiste en la dépressions blanche du côté est du chemin. Disons que l'interprétation des documents est incertaine pour la petite Dennison. Voir le billet du 26 avril 2017, « Vrai-faux marécage à Gatineau ».




PNA, photo A9608-56, 1945 (détail)
Carrière de Napoléon Tremblay (G6A), au nord de la rue Gamelin. L'excavation était visible encore au moins jusqu'en 1965. Site de l'actuel parc Laurent-Groulx.




PNA, photo A9608_56, 1945 (détail)
La canada Cement (P9) à gauche. L'excavation, qui n'avait pas atteint ses dimensions finales en 1945, contient aujourd'hui le lac de la Carrière, près du Casino du Lac-Leamy. À droite, à la hauteur des rapides du ruisseau de la Brasserie, une carrière anonyme (U5), remblayée et coincée entre les autoroutes 5 et 50. Les usagers de la piste cyclable qui longe la carrière n'ont aucun soupçon de son existence.




PNA, photo A7194-21, 1944 (détail)
À l'est de la carrière U5, déjà décrite, on trouve ce qui ressemble à des carrières (P?) dont je ne trouve aucune mention dans les sources. Font-elles parties, avec la U5, d'un même ensemble ? À droite, les vestiges du mur de pierre dans le ruisseau de la Brasserie (billet du 14 juillet 2019, « Jetée de pierre dans le ruisseau de la Brasserie, à Hull (QC) » et suivre les liens).




PNA, photo A6352-42, 1938 (détail)
La carrière d'Oscar Noël (G3). Les données que j'ai sur sa position manquaient de précision. Il semble y avoir eu aussi des travaux sur la rive ouest du ruisseau. Le Rapibus passe immédiatement à l'ouest du chemin de fer.




PNA, photo A9608_56, 1945 (détail)
La carrière d'Oscar Noël (G3 ; au nord) et la Wright Crushed Stone Co, Ltd. (G1 ; au sud). Voir à propos de cette dernière le billet du 1er sept. 2017, « Topographie hulloise : ancienne carrière Wright ». Voir aussi le billet du 24 mai 2019, « La carrière Wright ennoyée, Hull, Qc, vers 1945-1950 » pour une représentation de la carrière par le peintre Henri Masson.




PNA, photo A6352-42, 1938 (détail)
La Wright Crushed Stone Co, Ltd. (G1 ; au nord) et la Laurentian Stone Co., Ltd. (G2 ; au sud). Une partie de la G3, près du ruisseau, est visible au nord. La rue Ahmerst passe aujourd'hui entre les deux carrières. À gauche, le boul. St-Joseph.




PNA, photo A7193-30, 1944 (détail)
Comme photo précédente. À voir le front des carrières vers l'ouest, il me semble clair que la montée en escalier des rues entre le ruisseau et le boul. St-Joseph est le résulat de ces travaux.




PNA, photo A9608_56, 1945 (détail)
À l'est du ruisseau de la Brasserie, la carrière David Laviolette (P6) et la carrière Wright and Company (P1). La ligne rouge : boul. St-Laurent et prolongement vers l'ouest selon l'actuel boul. des Allumettières. La P1 est occupée aujourd'hui par la Coopérative d'habitation sur l'île. Il semble y avoir une seconde excavation au nord de la P6.




PNA, photo A7193-30, 1944 (détail)
Carrière anonyme (G7), aujourd'hui sous le stationnement de l'UQO. La U9 (x blanc), ennoyée : voir le billet 10 nov. 2020, « Anciennes carrières à Hull et mystères résolus ».




PNA, photo A7193-30, 1944 (détail)
La carrière M1 (anonyme) du parc Brébeuf n'est attestée que par McGrath (1885) ; plate-forme claire coupée par un chenal artificiel. Voir le billet 10 nov. 2020, « Anciennes carrières à Hull et mystères résolus ».







Carrière de calcaire de la Wright Crushed Stone Co, Ltd., rive gauche du ruisseau de la Brasserie, à Hull (G1 sur la carte et les photos). Photo : Goudge, 1935 ; vue vers le SE. La carrière était située rue Amherst, entre le boul. Saint-Joseph et le ruisseau. Elle produisait de la pierre concassée, de la pierre pour la production de pâte au bisulfite ; elle avait auparavant été exploitée pour la pierre à bâtir.. L'excavation a été comblée. Voir le billet du 1er sept, 2017, « Topographie hulloise : ancienne carrière Wright ».


Références

(Liste complète dans le billet du 9 sept. 2015.)
  • Goudge, M.F., 1935 — Limestones of Canada, Their Occurrence and Characteristics; Part III. Canada Mines Branch, Report 755, 278 pages, with maps 756 (Montréal) and 757 (Southern Québec) in pocket.
  • Bolton McGrath, Plan of the northern shore of the Ottawa river from the western boundary of the city of Hull to the Gatineau river. 1885, BAnQ : https://numerique.banq.qc.ca:443/patrimoine/details/52327/3474338
  • Parks, Wm.A., 1916 — Rapport sur les pierres de construction et d'ornement du Canada, vol. III, province de Québec. Ministère des Mines, Division des mines, rapport 389, 405 p.
  • Ressources natturelles Canada, Photothèque nationale de l'air.
  • Uyeno T.T., 1974 — Conodonts of the Hull Formation, Ottawa Group (Middle Ordovician), of the Ottawa-Hull area, Ontario and Québec. Commission géologique du Canada, Bull. 248.

mardi 6 décembre 2022

Hors sujet : canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées (révisé)


Photo 1. 

Déversement à gros bouillons des eaux du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie par une canalisation, au nord de l'ancien château d'eau de la rue Montcalm, maintenant occupé par les Brasseurs du Temps (à l'arrière-plan) ; point F de la carte 1. Hull (Gatineau), 19 oct. 2022.



Ce texte a un suite dans le billet du 17 déc. 2022.


Dans mon billet du 14 mai 2022, j'affirmais comme une vérité évidente en soi que la section canalisée sous terre du ruisseau du Lac-des-Fées (RLF) débouchait dans le ruisseau de la Brasserie (RB) au nord de la rue Montcalm (point F de la carte 1), derrière l'ancien château d'eau de la ville de Hull, maintenant occupée par les Brasseurs du Temps.

J'apporterais ici une correction, ou disons une nuance à cette affirmation peut-être trop carrée. D'après la carte du réseau hydrographique du ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec (carte 1), la partie canalisée du RLF emprunte une ligne droite depuis le sud de la promenade du Lac-des-Fées (PLF) (point B de la carte) et rejoint le RB quelque 100 m au sud de la rue Montcalm (point E). Or, il n'y a aucun indice qu'une canalisation ne débouche à cet endroit pour y déverser son contenu (photo 3). Il faut donc supposer qu'une branche secondaire de la canalisation se dirige vers le nord à partir du point E et qu'elle amène les eaux du RLF se jeter dans le RB au point F, au nord de la rue Montcalm (photos 1 et 2).

L'existence d'un embranchement entre les points E et F est hypothétique et le trajet que je lui donne sur la carte 1, tout aussi hypothétique, n'a été tracé que pour démonstration. Le trajet réel est sans doute différent. Mais, sans cet embranchement, il est impossible de réconcilier la carte du gouvernement du Québec avec la réalité physique : de l'eau s'écoule bel et bien en abondance dans le RB par une canalisation au point F, photos 1 et 2 à l'appui, appui renforcé par les dires d'une personne bien renseignée qui a effectué des recherches sur l'histoire, la faune et la flore du RB. Cette personne m'a assuré que la canalisation qui débouche au nord du château d'eau sur la rive ouest du ruisseau constitue bien l'embouchure réaménagée du RLF.

Photo 2. 

Triste façon de finir pour un ruisseau... ; point F de la carte 1. Hull (Gatineau), sept. 2011.) 


Les travaux touchant le RLF se sont faits en deux étapes, d'abord en 1933 (points C-C'), puis vers 1955-1960, en lien avec la construction de la PLF (points B-E). La deuxième étape a été la plus radicale, on le verra. La bétonisation des rives du RB entre les ponts Montcalm et Wright en 1938 n'est associée à aucune de étapes de la transformation du RLF, contrairement à ce que je croyais et à ce que j'écrivais dans la première version de ce billet. Du moins, pas d'une façon qui serait visible sur les cartes et les photos aériennes, bases de ma documentation. (Paragraphe refondu le 21 déc. 2022.)

Ma carte 1 compile sur un fond moderne les métamorphoses qu'a connu le RLF dans la partie aval de son cours, avant qu'il ne se jette dans le RB.

Mais, mais...,

...mais, à l'examen de la carte, il n'échappera pas aux regards attentifs qu'il est difficile de concevoir comment on a pu passer de la canalisation de 1933 qui s'éloignait beaucoup moins du cours original du RLF (points C-C') à la canalisation actuelle, tout à fait rectiligne (points B-E) et qui remonte plus en amont que celle de 1933. La nouvelle canalisation ne réutilise aucune des sections de l'ancienne, elle n'a pas le même point de départ (il est plus en amont) ni le même point d'arrivé au RB (il est plus au nord). Détail d'ordre topographique, du point B au point F, la dénivellation est d'environ 13 m (de 58 m à 45 m d'altitude). 

Pour établir la canalisation actuelle, il aura fallu passer sous les rues à l'ouest du boul. St-Joseph et sous le boulevard lui-même. (Le secteur à l'est du boulevard, demeuré longtemps une zone industrielle à occupation moins dense, ne posait pas ces obstacles). 

Si quelqu’un à la Ville pouvait nous nous en dire plus...

Cette suite de deux billets sur la canalisation du RLF repose avant tout sur l'examen de documents cartographiques (cartes topographiques de préférence) et de photos aériennes. Les cartes ne sont pas toujours aussi fiables qu'on le voudrait et les photographies enregistrent des détails omis par les cartographes, mais qu'il faut savoir interpréter. Autre limite de la documentation, la publication espacée de plusieurs années des mises à jour des cartes ne permet pas de dater précisément les changements survenus entre deux éditions.

Dans ma jeunesse, j'ai souvent entendu parler d'enfants qui se seraient noyés autrefois dans le RLF. Ces drames, avec les inondations printanière que le ruisseau causait dans le quartier St-Jean-Bosco, auraient été l'une des raisons qui ont entraîné sa canalisation. Les chroniques gardent le souvenir des inondations de 1916 et de 1926 entre les points A et B et le boul. St-Joseph.


Billets à consulter

  • Chronologie du ruisseau de la Brasserie : billet du 25 août 2017.



Photo 3. 

La canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées devrait déboucher dans le ruisseau de la Brasserie au sud (à gauche) des escaliers à droite de la photo (point E de la carte 1). Je n'ai trouvé aucun indice laissant soupçonner à cet endroit un apport d'eau dans le ruisseau de la Brasserie. Il faut supposer que la canalisation emprunte un coude qui l'amène déboucher dans le ruisseau au nord de la rue Montcalm (point F et photos 1 et 2). (19 oct. 2022.)



 

Carte 1. (Version 21 déc. 2022)

Carte constituée à partir de cartes et de photos aériennes datant de la première moitié du XXe s. Les documents ne concordent pas toujours entre eux et leur ajustement sur la carte moderne n'est jamais parfait non plus. Sauf minimes ajustements qu'il resterait à faire, le résultat est cependant fiable*.

  • A-B. - Section artificielle (à l'air libre) du ruisseau du Lac-des-Fées (vers 1955-1960).
  • B. -  Entrée du ruisseau dans sa canalisation souterraine actuelle (depuis ca 1960).
  • B-E. - Canalisation souterraine actuelle du ruisseau du Lac-des-Fées. (Le trait bleu qui relit ces deux points figure sur la carte originale et n'appartient pas aux ajouts.)
  • C-C'. - Section canalisée du ruisseau du Lac-des-Fées en 1933.
  • D. - Embouchure originelle du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie.
  • F. - Canalisation d'où se déverse actuellement l'eau du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie. 
  • PLF. - Promenade du Lac-des-Fées (inaugurée en 1955).
  • RB. - Ruisseau de la Brasserie.
  • RLF. - Ruisseau du Lac-des-Fées.
  • RO. - Rivière des Outaouais.
  • Ligne tiretée. - Cours originel du ruisseau du Lac-des-Fées. La branche nord, qui apparaissait sur les cartes municipales et les photos aériennes, était omise des cartes topographiques*.
  • Ligne tiretée E-F. - Canalisation supposée (trajet hypothétique pour démonstration). 
  • Fines lignes pointillées. - Rive originelle du ruisseau de la Brasserie avant le rattachement de l'île à la rive ouest en 1931 et la bétonisation des rives entre les ponts Montcalm et Wright en 1938.
  • Grandes flèches. - Sens de l'écoulement des eaux. (Le ruisseau de la Brasserie est en fait un bras de l'Outaouais (RO) qu'il retrouve au NE de la carte.)
* Les désaccords entre les documents sur le tracé du lit du ruisseau du Lac-des-Fées ou sur l'existence d'une second bras feront l'objet d'un prochain billet (et d'une nouvelle carte). Voir billet du 17 déc. 2022.
 
Fond de la carte : Ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Cartes topographiques.




Carte 2. - Image satellite

Le point B correspond au point E de la carte 1 ; le point C, à son point F ; BT : Brasseurs du Temps, ancien château d'eau et centrale électrique du barrage, rue Montcalm. Le triangle qui s'avance dans le ruisseau de la Brasserie au nord du point B : escaliers visibles sur la photo 3.

samedi 14 mai 2022

Hors sujet : ruisseau du Lac-des-Fées (Ajout)

Billet pondu pour répondre aux questions d'un correspondant sur la lieu-dit la Babine et la canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées (Hull, Gatineau). (Voir le billet du 27 févr. 2022, « Hors sujet : retour à l'escalier de la Babine », et suivre les liens.) Le ruisseau du Lac-des-Fées prend sa source au lac du même nom et coule vers le sud avant de dévier son cours vers l'est pour se jeter dans le ruisseau de la Brasserie (voir première des trois cartes). La partie aval du ruisseau du Lac-des-Fées a été canalisée sous terre de proche en proche à partir de son embouchure en remontant vers l'amont.

Billet retouché le 16 mai 2022. Il y a aussi une suite : billet du 6 déc. 2022.

Chronologie (voir les cartes pour complément d'information)

1938. - Bétonisation du ruisseau de la Brasserie au sud de la rue Montcalm (ministère des Travaux publics). La partie aval de son affluent, le ruisseau du Lac-des-Fées, est canalisée sous terre et son embouchure est reportée du sud de la rue Montcalm jusque derrière le château d'eau, au nord de la même rue*. Source : billet du 25 août 2017, « Ruisseau de la Brasserie : chronologie ».

* Une personne bien renseignée m'a assuré que la canalisation qui débouche au nord du chateau d'eau sur la rive gauche (ouest) du ruisseau de la Brasserie est bien l'embouchure réamnénagée du ruisseau des Fées. 

Ajout (30 nov. 2022). - J'apporterais une correction, ou disons une nuance au contenu du paragraphe ci-haut. D'après la carte du réseau hydrographique du gouvernement du Québec, la partie canalisée du ruisseau du Lac-des-Fées court en ligne droite sous terre depuis le sud de la promenade (voir les deux paragraphes suivants) et rejoignent le ruisseau de la Brasserie 100 m au sud de la rue Montcalm. Or, il n'y a aucun indice d'un déversement d'eau à cet endroit. Je suppose que la canalisation comporte une branche secondaire à partir de ce point et qu'elle amène les eaux déboucher dans le ruisseau de la Brasserie au nord de la rue Montcalm. Billet à venir sur la question.

1955. - Construction de la promenade du Lac-des-Fées par la Commission du district fédéral (devenue la Commission de la capitale nationale), ouverte à la circulation le 17 juin 1955. (Sources : Claude Devault et Raymonde Devault, « C'était avant, dans le secteur Laramée... », Hier encore, no 13, 2021, p. 6-10 ; Claude Devault, comm. pers., mars 2022.) 

Le ruisseau du Lac-des-Fées coupait la promenade et coulait encore à l'air libre jusqu'à la voie ferrée du CP, à l'est du boul. Saint-Joseph (voir deuxième carte, datant de 1956-58). 

Vers 1960. - Situation actuelle, avec le ruisseau dévié et canalisé sous la promenade. (Je ne peux pas être plus précis pour le moment.) Il faut noter que la partie du ruisseau entre le petit pont et son entrée dans la canalisation est artificiel. Le ruisseau passait plus à l'est à l'origine, de l'autre côté de la promenade. Voir le billet du 26 oct. 2020 sur le sujet. 


Évolution de la canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées.

Voir « Ajout » sur le trajet souterrain du ruisseau du Lac-des-Fées dans la section « Chronologie » plus haut.

Les flèches rouges pointent la source du ruisseau du Lac-des-Fées et la fin de son parcours à l'air libre (originellement jusqu'à son embouchure dans le ruisseau de la Brasserie). Le X rouge indique l'emplacement du château d'eau, rue Montcalm. 

En haut (1931). - Compiled, drawn and printed at the office of the Surveyor General, 1931. Reprinted at the office of the Surveyor General ans Chief, Hydrographic Service, Ottawa, 1939. Produced from information supplied by the Department of National Defence and air photographs by the R.C.A.F. (Détail)

Le ruisseau du Lac-des-Fées, encore à l'état naturel, coule à l'air libre à partir du lac éponyme (Fairy L.) jusqu'au ruisseau de la Brasserie (Brewery Creek). L'île dans le ruisseau de la Brasserie au sud de laquelle le ruisseau du Lac-des-Fées débouche a été supprimée par les travaux des années 1930 (voir « Chronologie »).

Au centre (1956-58). - Surveyed, compiled, drawn and printed by the Army Survey Establishment, R.C.E. 1922-24. Revised, drawn and printed by the A.S.E. 1956-58. Aerial photography by the R.C.A.F. 1955. (Détail)

Le ruisseau du Lac-des-Fées est canalisé sous terre en aval de la voie ferrée du CP depuis les travaux des années 1930 au ruisseau de la Brasserie. La promenade du Lac-des-Fées (à gauche du mot « Wrigthville »), inaugurée en 1955, coupe le ruisseau.

En bas (1975). - Direction des Levés et de la Cartographie, min. de l'Énergie, des Mines et des Ressources. Mise à jour à l'aide de photographies aériennes prises en 1975. Vérification des ouvrages en 1975. Renseignements à jour en 1975. (Détail)

Situation actuelle qui prévaut depuis env. 1960. Le ruisseau du Lac-des-Fées entre dans sa canalisation souterraine à partie d'un point à l'ouest de la promenade.

dimanche 27 février 2022

Hors sujet : retour à l'escalier de la Babine

Photo no 1. - L’escalier de la Babine, au sud de la promenade du Lac-des-Fées, à Hull (Gatineau) en 1971. Merci à Donald Legault, l'auteur de cette photo, qui m'a permis de la reproduire ici, ainsi qu'à son cousin Alain Lamothe qui nous a mis en contact. 

La photo montre l’escalier et le pont de la Babine ainsi que le ruisseau du Lac-des-Fées (sous la neige) en 1971. L'escalier est dans l'état qu'il avait avant que les vandales (ou des ostrogoths ?) s'emploient à le défaire planche par planche...

Photo 1971 © Donald Legault (j’ai accentué le contraste).


Photo no 2. - Le même endroit, en octobre 2020 : le seuil en calcaire et les piliers en béton sont les seuls vestiges de l'escalier. Le petit pont, toujours existant, se trouve tout en bas (hors cadre). Les deux photos ont été prise sur la rue Boucherville qui longe l'escarpement de la promenade du Lac-des-Fées. 


J'ai publié plusieurs billets à la fin de 2020 sur le lieu-dit « la Babine », au sud de la promenade du Lac-des-Fées, à Hull (Gatineau). Les informations nouvelles continuant à s'accumuler après leur mise en ligne, j'ai dû rédiger plusieurs ajouts et rectificatifs, ce qui ne contribue pas à leur lisibilité. Une synthèse serait maintenant nécessaire. Elle viendra.

Billets sur la Babine

Le but de mes recherches était d'arriver à connaître l’histoire de l’escalier de bois qui a existé autrefois sur l'escarpement au sud de la promenade du Lac-des-Fées. Au pied des marches, un petit pont enjambait (et enjambe toujours) le ruisseau qui donne son nom à la promenade.

L’escalier reliait la promenade à la croix de Val-Tétreau (voir billet du 26 oct. 2020, lien plus haut), au sommet de l’escarpement, à l'extrémité nord de la rue Boucherville. Le pont, sans l’escalier, n’a plus vraiment d’utilité et conduit maintenant à un escarpement boisé très abrupt.

L'un des points que mes recherches ont permis d'établir est l'année de la construction du pont et, sans doute, de l'escalier ; 1965 (billet du 17 déc. 2020). L'escalier n'existait plus au moins en 1990 ou bien n'était plus pratiquable (souvenir personnel). Il avait été laissé à l'abandon et aux vandales qui avaient entrepris leurs déprédations dès les années 1970. Je ne peux préciser quand on a cessé de réparer leurs dégâts au fur et à mesure ni quand l'escalier, devenu inutilisable, a été démoli. La promenade et ses installations, pont et escalier, appartiennent à la Commission de la capitale nationale (CCN), laquelle, consultée, n'a pu me fournir aucun renseignement potable.

Du nouveau sur la Babine

Long préambule pour vous présenter du nouveau sur le site de la Babine. M. Alain Lamothe et Donald Legault, deux cousins qui ont grandi dans les rues du quartier Saint-Jean-Bosco au pied de la Babine, m'ont transmis des commentaires et des documents (photos nos 1 et 3) de première main. Je les remercie grandement d'avoir pris la peine de me joindre.

La source de la Babine.

Selon Donald Legault, « la Babine » était le nom de la source naturelle à mi-chemin du flanc de l'escarpement ; dans les années 1950, des familles allaient y puiser de l'eau de Pâques pour la faire bénir. L'escalier, toujours selon M. Legault, a été construit dans les années 1960 immédiatement au sud de la source.

Mes remarques. - Dans ma jeunesse (1965 et après), la Babine, c'était le nom de l’escarpement au nord de la rue Boucherville, avec la croix, l’escalier en bois, le petit pont et le ruisseau dans la plaine. Une telle appellation informelle peut avoir une extension assez floue. J'ai un vague souvenir de la source. Je crois avoir bu de son eau sans en avoir ressenti de malaise ou d’effet miraculeux. J'ignore si elle coule encore.

Photo no 3. - Document fourni par Donald Legault ; le 2, rue Graham (voir la carte plus bas). 
Photo no 4. - La même adresse en 2019, d'un angle différent (saisie d'écran Google). Le ruisseau a été canalisé sous terre (voir la carte).



 

Ski ou glissades ?

Des témoignages publiés dans mon billet du 17 déc. 2020 parlent d’une pente de ski au sud de la Babine. Selon M. Legault, on trouvait au temps de sa jeunesse (1950-1960) une piste abrupte large de 10 pieds à travers les bois de l'escarpement au sud de la rue Boucherville ; elle débouchait dans la plaine à la hauteur des rues Chatelain (aujourd’hui René-Roger) et Graham. Cependant, la piste ne servait qu'à la glissade, M. Legault n'a jamais vue quiconque y faire du ski.

Mes remarques. - De mon temps (années 1960-1970), le seul endroit où il était possible de glisser sur l'escarpement était au sud de la rue Boucherville, par un sentier (maintenant obstrué) qui pourrait correspondre à la piste de M. Legault. L’escarpement était moins haut et moins abrupt à cet endroit qu’à l'escalier.

Pour ce qui est du ski, les témoignages que je cite dans mon billet du 17 déc. 2020 sont formels, mais j'y explique bien que le secteur au sud de la Babine n’est pas adaptée à la pratique du ski (pas plus que la Babine elle-même, avec ou sans l'escalier). Je ne peux écarter aucun témoignage, même lorsqu'il en contredit d'autres, l'un de mes précédents correspondant affirmant même que la Babine devait son nom à une bosse en forme de lèvre au bas de la glissade au sud de la rue  Boucherville. Le nom de Babine a peut-être suscité des explications diverses pour justifier son origine...


Photo no 5. - Le pont de la Babine, sur le ruisseau du Lac-des-Fées. Photo oct. 2020.
 

Canalisation

Du temps de la jeunesse de MM. Lamothe et Legault, le ruisseau, venant du Lac-des-Fées, au nord, coulait à ciel ouvert entre les maisons des rues Duquesne et Graham avant de suivre un cours canalisé souterrain à partir du 2, rue Graham, près du boul. Saint-Joseph.

Mes remarques. – Ceci correspond aux cartes et photos que j’ai publiées dans mes billets précédents. La canalisation souterraine du ruisseau à l'est de la promenade telle qu'on la connaît aujourd'hui était effective au moins en 1960 (billet du 26 oct. 2020). Notez que toute la partie du ruisseau sur laquelle est construit le petit pont est artificielle (voir carte). À la fin de son parcours, le ruisseau se jette dans le ruisseau de la Brasserie, à l'est. Les débuts de la canalisation sousterraine du tronçon de son embouchure remontent à 1938 (voir le billet du 25 août 2017).


Photo no 6. - La croix lumineuse (la nuit, du moins) de Val-Tétreau, sur le plateau au sommet de l'escarpement. Photo oct. 2020.
 

Cégep(s)

« J'ai connu la Babine début des années 70 étant étudiant au cégep. [Le cégep était alors situé au sommet de la côte de Taché, là ou est aujourd'hui l'UQO.] J'habitais au Parc-de-la-Montagne et on faisait du pouce au coin de Cité-des-Jeunes et Gamelin pour aller à nos cours. On se faisait déposer à la Babine, certaines voitures ne poursuivant pas la route sur Scott, car il n'y avait pas de virage à gauche [sur Taché]. Ils viraient à gauche sur Graham. Pour le retour, ils empruntaient le sens unique sur Duquesne. C'est à cet endroit qu'on se plaçaient pour le retour à la maison, via la Babine et son escalier. Donc pour moi la Babine était plus un raccourci pour éviter Scott et Taché. » (Alain Lamothe)

Mes remarques. - J'ai aussi fait du pouce pour aller au cégep, celui de la Cité-des-Jeunes, en 1976-78, faisant le parcours à rebours de M. Lamothe. J’habitais en effet face à l’ancien cégep, l'UQO actuelle. J'empruntais aussi le raccourci par la Babine. Il m'est impossible de me souvenir avec exactitude de l'état de l'escalier à cette époque. Il me semble bien qu'il arrivait déjà avant ces années que des marches, des planches du garde-fou ou des sections entières de l'escalier manquent. Mes souvenirs sont malheureusement assez flous.  

Pour conclure

Encore merci à mes deux correspondants. Petit à petit, l'histoire de la Babine se dévoile. La question centrale est : pourquoi a-t-on construit un escalier qui ne servait à rien puisqu'on l'a très tôt laissé à l'abandon une fois achevé. (La réponse facile, « on l'a construit pour mener à la croix de Val-Tétreau » ne tient pas. La croix date de 1950, le pont et l'escalier de 1965 ; la croix est sur un terrain relevant de la Ville, l'escalier et le pont, de la CCN ; la croix est toujours là, l'escalier, non.)

Qui me dira le fin mot de cette histoire ? 

Carte (1952) annotée du secteur de la Babine


Insurance plan of the city of Hull, Que. Toronto ; Underwriters' Survey Bureau Limited, 1952, 49 pl. en coul. [pl. 28], 1: 600, BAnQ, Centre d'archives de l'Outaouais, P1000,S2,D4, 0003820664. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2247012.  

Légende des retouches

BABINE X : source de la Babine (approx.).
E (ligne pointillée rouge) : escalier (1965 ?), détruit depuis 1990 (?) (photos nos 1 et 2).
et rectangle rouge : pont de la Babine (1965) (photos nos 1 et 5).
et Croix : croix lumineuse de Val-Tétreau (1950) (photo no 6).
Lignes rouge pleines : promenade du Lac-des-Fées (était terminée en 1957).

Le point noir sépare les tronçons 2, 3 et 4 du ruisseau du Lac-des-Fées :
2 (ligne tiretée bleue) : section abolie du ruisseau du Lac-des-Fées après la construction de la promenade.
3 (ligne bleue pleine) : cours original du ruisseau du Lac-des-Fées, conservé jusqu'à aujourd'hui.
4 (ligne bleue pleine) : tronçon artificiel du ruisseau aménagé pendant ou après la construction de la promenade et disparaissant dans une canalisation souterraine (en 7).
5 : 2, rue Graham (photos nos 3 et 4) ; endroit où le ruisseau entrait dans une canalisation souterraine.
6 : sentier et site de glissades (aujourd’hui condamné).
7 : endroit où le ruisseau disparait depuis au moins 1960 dans une canalisation souterraine.
? : le cours du ruisseau du Lac-des-Fées apparaît erroné sur ce tronçon (*). Suivre plutôt les tronçons  ajoutés (nos 2 et 3).
Rue Boucherville : elle longe l'escarpement boisé au pied duquel coule le ruisseau du Lac-des-Fées.
Ligne pointillée grise : escarpement boisé à l'est de la rue Boucherville.

* Selon les documents utilisés pour les annotation de la carte, principalement des photos aériennes publiées dans les billets précédents sur la Babine), 

SSL : sanatorium Saint-Laurent, aujourd'hui CH Pierre-Janet.
CMY : collège Marguerite d'Youville (sœurs grises), site de l'actuel pavillon Alexandre-Taché de l'UQO.
Certaines parties de rues vides de constructions sous le ruisseau et la promenade n'ont existé que sur plans.


lundi 1 novembre 2021

Calcaire faillé dans l'Île-de-Hull : enfin visible !




Photo no 1 (18 oct. 2021). - Flèches tiretées : inclinaisons opposées des strates de deux compartiments du socle calcaire séparés par la faille Eddy (il n'y a pas de continuité entre les strates soulignées de part et d'autre de la faille) ; 1 : brèche de faille où des éléments du calcaire sont cimentés par de la calcite blanche ; 2 : bande sombre amorphe (roche broyée et pulvérisée par la faille (?) - il faudrait un examen in situ pour en savoir plus) ; 3 : mince veine de calcite blanche dans une fracture - il y en a d'autres, non visibles sur photo. Des plaques de calcite orangée et des taches de rouille couleur ocre, non visibles sur photo, accompagnent des fractures verticales dans les strates. Les 1 et 2 correspondent à la FE comme telle. Le creux dans le mur de roc correspond au lit d'une vallée comblée au début du XXe siècle.
Le nord est donné par la flèche blanchâtre à droite. Les formations ont depuis été entièrement recouvertes d'un crachis de béton et ne sont plus visibles.


Enfin, la faille Eddy (FE) est visible sur le plancher et l'un des murs des fondations du WE-2, excavées rue Eddy, dans l'Île-de-Hull. Résumons. - La  FE court du NO vers le SO à travers les strates du socle calcaire de la ville. Les travaux d'excavation des fondations d'un édifice (le WE-2) ont permis de la localiser sous le remblayage d'une ancienne vallée comblée au début du XXe siècle. La FE sépare un compartiment de calcaire plongeant vers le SO d'un autre qui plonge vers le NE. Mais reportez-vous à ces billets pour plus de détails :

 
La FE est donc visible, ou plutôt était visible, devrais-je dire, et partiellement. Était, parce que sitôt exposées au jour, les parois de calcaire ont été recouvertes de béton pour prévenir les chutes de roc et les irrégularités du plancher ont été comblées par de nouveaux épandages de béton. Partiellement, parce que la faille dans le mur de roc sous la rue Wright a, sitôt dégagée, été masquée à la vue par des installations et la machinerie. Je n'en ai que de mauvaises photos (photos 17 et 19 du billet du 3 août 2021, lien plus haut). Je crois que les gens du chantier en ont terminé avec le dynamitage et que travaux d'excavation sont achevés. Ce qui était à voir dans le chantier a été vu. De mon point de vue très subjectif, du moins.

Mais bref, la FE existe, elle est visible. L'essentiel de ce que j'ai écrit jusqu'ici demeure valable même si je compte revenir pour préciser certains détails.

Pour ajouter à ma satisfaction, je peux annoncer la découverte d'une brèche de calcite blanche cimentant la faille. Bon, ce n'est pas quelque chose d'exceptionnel, mais quand on doit identifier les roches au marteau suisse*, le moindre bonheur est amplifié par la difficulté et la rareté.

* Examen de formations rocheuses au loin, à la jumelle. J'ignore l'origine de cette expression. Expression s'expliquant par l'abondance de belles parois bien lisibles dans les Alpes en Suisse. (Mais il n'y en a pas qu'en Suisse, de telles parois...)

Note. - Les photos et les observations, à l'oeil nu ou aux jumelles, ont été faites depuis le trottoir, autour du chantier, aux endroits où cela était possible, le chantier étant interdit aux visiteurs, même bien intentionnés. La précision de mes interprétations a évidemment souffert de cet état de fait.


Photo no 2 (30 oct. 2021). - FE : faille Eddy à travers le plancher du chantier ; flèche tiretée à double pointe : largeur de la FE ; lignes tiretées parallèles : bords de la FE ; B et lignes pointillées : brèche de calcite blanche et de fragments de calcaire (sa bordure, à droite est masquée en partie par de la rocaille) ; c'est la continuation au sol de la brèche visible dans le mur de la photo no 1.
Le pendage (ou plongement) des strates dans le socle calcaire de part et d'autre de la FE et dans la FE est indiqué. 
Le nord est donné par la flèche blanchâtre en haut à gauche.
Forme pâle au liseré blanc : masque des éléments au premier plan qui rendaient la photo confuse.
Ces roches ne sont plus visibles, on a entrepris de combler les irrégularités du plancher avec du béton et on a coulé des fondations dans la « piscine ».


Photo no 3 (30 oct. 2021). - Vue un peu différente de la précédente, avec un peu plus de recul. B : la brèche de calcite blanche ; flèche blanche à double pointe : largeur de la FE.



Photo no 4 (30 oct. 2021). - Autre vue, sans plus d'annotations ; noter à gauche la brèche de calcite blanche aux bordures parfaitement parallèles, la même que celle visible sur la photo no 1.







Photo no 5 (cadre large et détail ; 30 oct. 2021).  - Vue dans l'autre sens. B : brèche de calcite et de fragments de calcaire. Détail. - Flèche blanche : plongement accentué des strates dans la faille est bien visible - comparez avec le plongement des strates à gauche de la FE à la photo no 1. Le nord est donné par la flèche blanchâtre en haut à droite de la vue générale. La section du mur commentée à la photo no 1 est à gauche de la toile jaune, dans la prolongation de la brèche de calcite.

samedi 28 août 2021

Le pont au-dessus du ravin de la rue Wright (ajout)

La rue Wright à Hull dans les années 1920 ou 1930 (BAnQ Outaouais ; cote P32-137 : photo recadrée et redressée ; document communiqué par Raymond Ouimet). On voit le garde-fou d'un pont qui semble enjamber un ravin dont on ne peut évaluer la profondeur (voir version retouchée plus bas). S'il s'agit du pont de la rue Wright entre Saint-Rédempteur et Eddy (voir le billet du 3 août 2021), nous voyons le côté nord de la rue ; le photographe tournait le dos à la rue Saint-Rédempteur et la chaussée montait vers l'est, vers la rue Eddy.


Complément à mon billet du 3 août dernier, « Calcaire faillé dans l'Île-de-Hull ». Il y était question de travaux d'excavation et de la mise au jour d'un ravin qui coupait les rues du l'Île-de-Hull au début du XXe s. Il avait nécessité la construction d'un pont sur la rue Wright entre les rues Saint-Rédempteur et Eddy (carte de 1908 ; noms de rues actuels).

La photo plus haut montre la rue Wright dans les années 1920 ou 1930. Elle m'a été communiquée par l'historien Raymond Ouimet. On voit le garde-fou d'un pont qui semble enjamber un ravin dont on ne peut évaluer la profondeur (photo retouchée plus bas). S'il s'agit du pont de la rue Wright entre Saint-Rédempteur et Eddy, nous voyons le côté nord de la rue, le soleil étant au sud ; le photographe tournait le dos à la rue Saint-Rédempteur et la chaussée montait vers l'est, vers la rue Eddy.

Le fouillis des plans et des constructions sur la photo complique la tâche de l'identification des bâtiments avec ceux des cartes de 1908 et 1928. Le ravin de la rue Wright apparaissant comblé et construit sur la carte de 1928, la photo est forcément antérieure. Une photo aérienne du quartier datant de 1925, malheureusement d'une résolution insuffisante, montre une situation semblable à celle de 1928. Est-ce que la photo pourraît dater d'avant 1920 ?


« Au point de vue de l'égoutement ou du drainage, la ville de Hull, coupée de ravins et de ruisseaux, et semée de lacs, présentait à son début, de nombreux problèmes. Qui ne se souvient du pont au-dessus du ravin qui traversait la rue Dupont [rue Eddy], entre les rues Wellington et Wright, et qui coupait ensuite la rue Wright, près de la rue Ravine [rue de Carillon] ? » (Lucien Brault, Hull 1800-1950. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1950, p. 103)

 

Brault plaçait le pont de la rue Wright près de la rue Ravine (rue de Carillon actuelle). Or, il n'y avait déjà aucune trace de pont près de cette intersection sur la carte de 1908*. De plus, l'arrière de la rue Wrigth (au nord) à cet endroit donnait sur le lac aux Vairons (Minnow Lake ; parc Sainte-Bernadette actuel), bas-terrain où les constructions étaient éparses. Situation contraire à celle de la photo qui montre l'arrière de maisons resserrés sur les hauteurs de la rue Hôtel-de-Ville (rue Albert en 1908), au nord de la rue Wright.

* Hypothèse personnelle : le pont sur la rue Ravine aurait plutôt été à l'embranchement de la rue Morin avec les rues Gagnon et Pilon (noms actuels), dans le prolongement du ravin de la rue Wright (voir billet du 5 févr. 2016).

Le ravin aurait été comblé en partie avec des débris de verre provenant de l'explosion de la fabrique d'explosifs de 1910 et de rejets de l'atelier de traitement de mica de la rue Montcalm (billet du 3 août 2021, lien au début du texte). Pour en savoir plus, il faudrait lancer un avis de recherches afin d'interroger le petit garçon de la photo. Il doit être âgé de 100 et quelques années aujourd'hui. Il a sûrement beaucoup de choses à raconter...

Ne pas confondre ce pont avec celui en pierre qui enjambe le ruisseau de la Brasserie, rue Wright, construit ou reconstruit en 1896.




Cartes de 1908 et de 1928 (détails retouchés). - La carte de 1928 utilise les noms de rues actuels sauf la rue Dupont : maintenant rue Eddy et la rue St. James : rue Saint-Jacques. Ombre bleue : ravin qu'enjambe le PONT rue Wright. (Le ravin se poursuivait sous la rue Eddy ; voir photo 13 du billet du 3 août 2021.)

Sources 

Chas. E. Goad (éd.), – Hull & Vicinity, Que., January 1903, revised May 1908. Toronto, Montreal, London, 1 map on 44 sheets[, feuillet no 177 (détail)]. Bibliothèque et Archives Canada.

Underwriters Survey Bureau Limited, Hull, Que. 1928. BAnQ Québec, feuillet no 7 (détail).


Photo  retouchée :  : le garde-fou du pont est ombré en rouge ; son mur de planche en pignon protège peut-être les piétons contre une chute dans un ravin profond (?). Le ravin lui-même se distingue mal (on devine une partie du talus à droite du poteau, à travers le parapet ; un enfant en vêtements sombres et au chapeau blanc est à gauche du potau, au bord de l'autre talus (?).


Carte de 2021. - Ombre bleue : ravin de la rue Wright (approx., il est délicat de superposer des cartes disparates). Plusieurs bâtiments ont été construits au-dessus du ravin. Ligne de niveau plus grasse à gauche : 60 m ; à droite : 65 m.

Il y a une coïncidence partielle entre le ravin et la ligne de niveau des 60 m ; le sol a été bien nivelé après remplissage du ravin.

 Source : Carte interactive (Atlas de Gatineau) ; détail retouché.


AJOUT (28 août 2021)

Comme il arrive souvent, je découvre de nouveaux éléments juste après la mise en ligne d'un billet. Les deux extraits qui suivent sont de : Goad, Chas. E. (Charles Edward), 1887. Bibliothèque et Archives Canada, R6990-327-5-E, images téléchargées à partir de BAnQ.


1887a. - Détail retouché d'une carte de C.E. Goad ; même cadrage que les cartes précédentes (consulter celle de 2021 pour les noms de rues actuels). Ombre bleue : ravin avant la construction du pont sur la rue Wright ; il se prolongeait jusqu'à la rue Eddy (noms modernes) où il apparaît coupé net. En fait, il se continuait sous cette rue (photo 13 du billet du 3 août 2021). Une section de la rue Wright apparaît suspendue au-dessus du ravin.

1887b. - Provenant du même source, ce détail retouché d'une carte plus générale. Cadre rouge : emplacement de la carte précédente ; ombres rouges : ravins et escarpements ; 1 : lac aux Vairons ou Minnow Lake (actuel parc Sainte-Bernadette) ; 2 : lac Flora (actuel parc Fontaine) ; 3 : ruisseau de la Brasserie ; 4 : rivière des Outaouais ; X : escarpement résiduel rue Saint-Rédempteur (photo suivante). L'escarpement de la rue Ravine (de Carillon et Morin actuelles) est isolé, à l'ouest du lac aux Vairons (1). 

Les billets suivants développent le sujet de ce réseau de lacs et de ravins :




Escarpement calcaire rue Saint-Rédempteur (X sur la carte précédente), vestige du réseau de ravins et d'escarpements qui coupaient l'Île-d-Hull. Photo avril 2014.