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samedi 18 décembre 2021

Stromatolites et thrombolites de Westboro à Ottawa

Photo 1 (déc. 2011). - Qu'est-ce que cette grosse boule (à gauche) entre les strates de calcaire ? Un stromatolite errant ? Rive de l'Outaouais à Ottawa, près de la plage Westboro.


Petit hasard, du genre de ceux qui me font sourire.

Nehza et Dix (2012) et moi avons photographié séparément et en ignorant tout de nos existences mutuelles le même bout d'affleurement sur la rive de l'Outaouais à Ottawa, dans les environs de la plage Westboro.

La relecture de l'article de Nahza et Dix m'a fait rouvrir un dossier de vieilles photos prises dans le secteur. C'est ainsi que j'ai fait découvert la coïncidence, laquelle n'avait rien d'inévitable. Que tout le monde photographie le Rocher Percé ou les chutes du Niagara est une chose ; qu'un bout de strates calcaires perdu dans les broussailles attire l'attention de personnes qui ne se sont pas consultées en est une autre.

Selon Nehza et Dix, l'affleurement offre une belle vue en coupe d'un banc de stromatolites noduleux (photos nos 2 et 3). D'autres, tel Christopher Brett, parlent plutôt de thrombolites (section plus bas). Pour éviter les équivoques, j'emploie pour la suite la terminologie adoptée par M. Brett.


« Un stromatolithe ou stromatolite (du grec strôma, tapis, et lithos, pierre) est une roche calcaire et/ou une structure marine biogénique et organique laminée double-couche (On parle aussi parfois de « thrombolite »). » (Wikipédia (version périmée), citée par Termium.)


Photo 2 - Coupe d'un banc de stromatolites nodulaires (nodular stromatolites) ou de thrombolites dans un calcaire de la Formation de Pamelia à Ottawa, près de la plage Westboro ; figure 8E (retouchée) de Nehza et Dix (2012).
Note. - Les autres photos du billet sont de moi.

Photo 3 (nov. 2013). - Même affleurement qu'a la photo no 2, photographié de façon tout à fait fortuite par votre serviteur. On remarque l'empilement des masses grises des thrombolites. (Voir aussi photo no 5.)


Ces stromatolites en larges dômes (photos nos 1 et 6) et ces thrombolites prolongent le domaine des stromatolites du Transitway dont j'ai déjà parlé (liens paragraphes suivants), lesquels sont les jumeaux de ceux, bien connus, qui affleurent du côté québécois de la rivière et qui ont d'ailleurs été inscrits parmi les Sites géologiques exceptionnels du Québec (liens par. suivants). 

LIENS (articles du présent blogue)

Stromatolites du pont champlain à Gatineau

  1. 15 oct. 2013, « Stromatolites exceptionnels (enfin !) »
  2. 11 mars 2013, « Stromatolites exceptionnels (presque !) »
  3. 24 nov. 2009, « Stromatolites, suite »
  4. 8 nov. 2009, « Colonie de stromatolites à Gatineau »

Stromatolites du Transitway à Ottawa


Photos 4 (nov. 2013). - Vue générale de l'affleurement de la photo no 3.


Photos 5 (nov. 2013). - Dômes ou galettes de thrombolites (et de stromatolites ?) gris dans le calcaire, même secteur que la photo no 4. Ces structures me font penser à celles observées à la carrière Lang à Ottawa (billets des 10 et 16 nov. 2013).


Thrombolites

Le blogue « Fossils and Geology of Lanark County, Ontario » de Christopher Brett signale la présence de thrombolites aux côtés des stromatolites près de Westboro dans un billet mis en ligne récemment : 

Les thrombolites s'apparentent aux stromatolites par leurs agents d'édification, les cyanobactéries. Les thrombolites sont des structures à microtexture coagulées, dépourvues de lamines internes caractéristiques des stromatolites, édifiées par des cyanobactéries dans des calcaires sublittoraux. (Mon adaptation de la définition de A. Allaby et M. Allaby, Oxford Dictionnary of Earth Sciences, 1999.)

« What is less well known is that fossil thrombolites are also visible along the Ottawa River. While thrombolites and stromatolites are both microbial structures, stromatolites have a layered structure while thrombolites lack the layers and have a clotted structure. Most who write on stromatolites and thrombolites assign the presence of the structures to different facies, where the growth of the two structures was regulated by different microbial assemblages in response to changes in environmental factors including sea levels. » (Blogue de Christopher Brett)

Le billet de M. Brett, en plus d'une abondante bibliographie, contient aussi des données très intéressantes sur les stromatolites du pont Champlain à Gatineau. Comme son titre l'indique, le blogue de M. Brett s'intéresse avant tout aux fossiles, sujet où je me sens perpétuellement débutant. C'est un excellent site à consulter si le sujet  - les fossiles, mais aussi la stratigraphie et la géologie en général - vous intéresse.

Les stromatolites et thrombolites de la rivière des Outaouais et du Transitway affleurent dans un calcaire de la Formation de Pamelia (Ordovicien supérieur, 458-443 millions d'années) (Nehza et Dix, 2012) du Groupe d'Ottawa. Ces structures florissaient dans des eaux peu profondes, près du littoral. Leur présence signale donc l'existence d'un ancien bord de mer dans la région.

Source 

  • Odette Nehza, George R. Dix, « Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario) », Revue canadienne des sciences de la Terre, 2012, vol. 49, no 10, p. 1177-1199, https://doi.org/10.1139/e2012-048
 

Photo 6 (nov. 2013). - Dômes de stromatolites qui bossèlent une strate de calcaire près de la plage Westboro, à Ottawa.


Photo 7  (déc. 2011). - Plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.



Photo 8 (déc. 2011). - Autre vue du plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.


Photo 9 (oct. 2011). - Il n'y a pas que des stromatolites et des thrombolites près de la plage Westboro ; cône de céphalopode et ces terriers fossiles. La pièce de 2 dollars canadiens vaut deux dollars (of course) ou deux cents cents, et mesure 28 mm de diamètre.


mercredi 26 juillet 2017

Adieu, stromatopores de la promenade Sussex



Fig. 1. - Deux stromatopores datant de l'Ordovicien (485-443 Ma), promenade Sussex, à Ottawa, révélés par l'altération du calcaire. Photo 28 janv. 2012. Voir fig. 2a et 2b.


Ce blogue a eu l'occasion déjà de déplorer des disparitions. Celle des pagaies du monument des Voyageurs (13 juillet 2017), du saule de l'Île-Hull (8 juin 2017) et de la falaise de calcaire du boulevard Maisonneuve (20 mai 2014), toutes ayant eu pour cadre la Ville de Hull (Gatineau). En voici une nouvelle, d'une moindre ampleur, touchant la Ville d'Ottawa cette fois.

Les stromatopores de la façade du 459, promenade Sussex, à Ottawa (voir le billet du 1er nov. 2012 pour en savoir un peu plus sur ces fossiles), préservés jusqu'à récemment dans un calcaire ordovicien (485-443 Ma), n'ont pas survécu aux travaux de restauration qui se tiennent cet été. J'ignore si les vieilles pierres ont été remplacées ou si on s'est contenté de retravailler leur surface (je penche pour la première hypothèse : comparez les fig. 3 et 4). Le résultat dans les deux cas est le même : les stromatopores ont disparus. La perte n'est pas immense au point de vue scientifique. C'est un deuil strictement personnel, ces charmants fossiles étaient devenus des points de repère familiers dans mes promenades.

Le 457-459 Sussex fait partie des bâtiments patrimoniaux de la Ville d'Ottawa. Il a été construit en 1850 par l'architecte King Arnoldi. L'édifice avait vocation d'accueillir des commerces et des bureaux. Il est propriété de la Commission de la capitale nationale (CCN) depuis 1961. (Voir Wikipedia (l'édifice porte le no 4715) et Lieux patrimoniaux du Canada.)

La pierre calcaire abonde à Ottawa et les environs, les carrières étaient nombreuses autrefois (voir le billet du 9 sept. 2015 sur les carrières à Hull). On a utilisé le calcaire local pour construire les édifices de la promenade Sussex. Je me demande cependant d'où provient le calcaire neuf utilisé pour la restauration. Je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il a été plus simple de le faire venir d'ailleurs. C'est comme si le Sahara importait du sable. Quant à interroger la CCN... La Commission semble avoir les Portugaises ensablées quand je m'adresse à elle.

Savez-vous que le site de l'Eozoon canadense est menacé par un développement domiciliaire ? (Voir billet du 3 févr. 2017.) La suite dans un prochain billet.



Fig. 2a. - Gros plan du gros stromatopore en dôme de la fig. 1. Largeur de l'individu : env. 20 cm. La rouille a dû contribuer à la desquamation du calcaire et à la mise au jour du fossile.



Fig. 2b. - Gros plan du petit stromatopore de la fig. 1. 



Fig. 3. - État des lieux le 28 janv. 2012. Les stromatopores sont au centre de la photo.



Fig. 4a. - État des lieux le 25 juillet 2017. La vieille pierre a été remplacée par neuve, fraîchement bouchardée.



Fig. 5. - Le 457-459 promenade Sussex, Ottawa. Photo Margaret Coleman, Canadian Parks Service, 1988.


AJOUT (8 mai 2019)
459, prom. Sussex, 6 mai 2019.


La pierre qui portait le stromatopore est marquée d'un X. Photo 6 mai 2019.

mardi 9 juin 2015

Pêche aux céphalopodes à Val-Tétreau



Fig. 1a. Segment de l'orthocône d'un céphalopode découvert en creusant le sous-dol d'une maison du quartier Val-Tétreau, à Gatineau (Québec). Âge : Ordovicien moyen (env. 465 millions d'années). Largeur du cône env. 8 cm. J'ignore si un spécimen de cette taille est exceptionnel dans la région. Photo Rémi Lemieux (blogue «En usant mes bottines...»), juin 2015.


Ce qui est bien aujourd'hui, c'est que tout le monde est au moins aussi savant que Wikipedia. Pourquoi se casser la tête à rédiger un texte exhaustif puisque vous savez déjà (virtuellement) tout sur le sujet (qu'importe le sujet). En conséquence, je n'ai pas besoin de vous apprendre que les céphalopodes forment l'une des nombreuses classes de l'embranchement des mollusques. Les pieuvres, calmars, seiches et autres nautiles appartiennent à cette population apparue dans les mers de la fin du Cambrien il y a 500 millions d'années. C'est dire que les céphalopodes ont toutes les raisons de regarder de haut les nouveaux venus que nous sommes sur Terre.

Si un nautile a une coquille enroulée en spirale de forme caractéristique (cf. les ammonites, mais Wikiki et vous savez déjà ça...), les céphalopodes illustrés ici, non moins caractéristiques, possédent un cornet, pardon, une coquille droite et effilée. Les plus grands de ces orthocônes atteignaient 5 m de long.

Pour les amateurs, le quartier Val-Tétreau, à Gatineau (Québec), semble un terrain de chasse propice à la chasse (pêche ?) aux céphalopodes. Durant les étiages, la rivière se retire d'une plate-forme de calcaire attachée à la rive du parc Brébeuf (45.417740, -75.744836) et il n'y a qu'à se pencher pour voir les spécimens (fig. 3). On peut aussi creuser le sous-sol des maisons du quartier et faire d'impressionnantes découvertes (fig. 1a-c) ! L'accord du propriétaire est toutefois un préalable indispensable à l'entreprise de ces fouilles résidentielles, à l'abri du soleil.

Le calcaire de Val-Tétreau (partie de la plate-forme du Saint-Laurent) remonte à l'Ordovicien moyen (472-461 Ma) et appartient au groupe d'Ottawa (calcaire de Trenton).



Fig. 1b. Raboutage du spécimen. Photo Rémi Lemieux, juin 2015.



Fig. 1c. Vue en coupe. Photo Rémi Lemieux, juin 2015.



Fig. 2. Deux orthocônes de céphalopodes ramenés de la rivière des Outaouais, Val-Tétreau, par Jocelyne Pelletier, en sept. 2007. Longueur des spécimens : un peu plus de 15 cm.



Fig. 3. Mes propres trouvailles sont moins spectaculaires. Plate-forme calcaire du parc Brébeuf, rivière des Outaouais, Val-Tétreau, Gatineau (Qc). Photo (contraste accentué) nov. 2007. La pièce de cinq cents canadiens mesure 21 mm de diamètre.

mardi 20 mai 2014

À bas la falaise !


Fig. 1. – Octobre 2012, boul. Maisonneuve, à Gatineau (côté ouest) : on construit, et la partie éloignée de la tranchée de calcaire gris est disparue sous de nouveaux «embellissements» (rose et gris au loin).


Fig. 2. – 18 mai 2014, même site. On démoli ce qui reste du banc de calcaire.


Disparition d'une falaise.

Déjà que des sections en ont été murées au cours des récentes années (fig. 1).

J'ai beaucoup appris sur les structures des roches sédimentaires à étudier cet affleurement décrit dans plusieurs travaux, dont ceux de Kiernan (1999).

J'y ai découvert de beaux coraux* fossiles en position de croissance (fig. 3). J'avais préféré les laisser in situ, me disant qu'ils ne gagneraient rien à être transplantés dans mes étagères à accumuler de la poussière.

On y trouvait aussi des lits et des nodules de chert noir (fig. 5), des stromatopores (fig. 4)* et des tas de structures sédimentaires qu'il serait un peu long de décrire ici (une autre fois). Maintenant, tout ça est déjà ou est à a veille d'être pulvérisé en crusched stone.

Reste, pour l'instant, l'autre côté de la tranchée du boulevard (fig.6). Comme la roche sert de fondation à un building, sa survie à cet endroit est assurée. Au pire, on l'«embellira». (Je ne devrais pas leur donner des idées.)

L'Île-de-Hull a été bâtie en calcaire sur un socle calcaire. Maintenant, par une étrange pruderie, dès qu'un petit bout de calcaire est apparent, on le cache vite sous le béton ou on le détruit. 

* Sous toutes réserves, je ne suis pas spécialiste en fossiles.

Référence



Fig. 3a. – Octobre 2012. Coraux fossiles (ordre Rugosa)*, en position de croissance dans le calcaire ordovicien.


Fig. 3b. – Les mêmes, vus de haut.



Fig. 4. – Octobre 2012. Stromatophore (?)*



Fig. 5a. – Octobre 2012. Calcaire, structures sédimentaires et cherts (lignes et nodules noirs).


Fig. 5b. – Détail des nodules de chert.


Fig. 6. – Février 2012. Côté est de la tranchée du boulevard Maisonneuve. La chose est beaucoup plus belle de près que de loin. Une autre fois, peut-être...

samedi 16 novembre 2013

Retour à la carrière Lang's


Fig. 1. Clair : stromatolites(?) et «other curved shapes of uncertain origin» 
de Fryson (lien plus haut). Sombre : calcaire à stratifications obliques.
(Photo 9 nov. 2013)



Résumé et liens

Stromatolites(?..., etc.) dans un calcaire bioclastique ordovicien (490-445 millions d'années) aux stratifications entrecroisées, à Ottawa.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Voir billet (ce blogue) sur le même site
«Stromatolites ?...», 10 nov. 2013
  Autres billets (ce blogue) sur les stromatolites
«Colonie de stromatolites à Gatineau», 8 nov. 2009
«Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite», 1er nov. 2011
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)




Je ne peux me détacher des photos que j'ai ramenées de la carrière Lang's, à Ottawa.

La question de l'identification des ces entités ductiles à l'aspect amiboïde (sauf respect que je leur dois) fossilisées dans le calcaire n'a pas progressé, du moins pas autant que je l'aurais espéré. J'ai mon idée, déjà exprimée dans mon billet du 10 novembre (lien plus haut, dans «Résumé»).

En attendant le fin mot, reste que l'examen des photos révèle des paysages fascinants. À suivre...


Fig. 2. Vue rapprochée du mur de calcaire de la fig. 1.


Fig. 3. Gros plan sur la fig. 2. Cratères arrondis et rouille interne.


Fig. 4. Zoom encore plus rapproché sur la fig. 2. Intérieur rouillé révélé par la chute d'une «croûte» de la pierre. Ça me rappelle la photo d'une autre formation non identifiée (stromatolite ou stromatopore) : voir les deux premières photos de cet ancien billet.


Fig. 5. Nouveau détail de la fig. 2. Les sillons obliques parallèles sont des joints ou fractures creusés par l'érosion. Des débris de fossiles (bioclastes) se sont déposés en couches ou ont rempli les interstices entre les grands éléments aux formes souples. Identifications à venir.


Fig. 6. Vue rapprochée de la fig. précédente. Amas de sédiments s'étaent adapté à l'espace disponible entre les «curved shapes» de Fyson (lien plus haut).


Fig. 7. Gros plan des stromatolites(?) de la fig. 9 du billet du 10 nov. 2013 (lien plus haut). Au dessus, les stratifications du calcaire. (Photo 9 nov. 2013)


Fig. 8. Pour comparaison avec les fig. 1 et 2. © P.-A. Bourque. Légende originale : «Empilement de stromatopores globulaires formant pratiquement 80% de la roche. Un tel empilement se retrouve en général dans la partie arrière-récifale. Silurien de Gotland.» La comparaison des autres stromatopores illustrés par Bourque avec le stromatolite(?) de la fig. 7 montre la difficulté qu'il peut y avoir de distinguer à coup sûr entre stromatolites et stromatopores.

dimanche 10 novembre 2013

Stromatolites ? et aveu d'ignorance (ajouts)


Fig. 1. Détail d'un méli-mélo ordovicien à la carrière Lang's, à Ottawa. Le blanc : graffiti. (Photo 9 nov. 2013)


Résumé

Stromatolites(?..., etc.) dans un calcaire bioclastique ordovicien (490-445 millions d'années) aux stratifications entrecroisées, à Ottawa.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Autre billet (ce blogue) sur le même site
«Démolition méthodique», 9 nov. 2013
Autres billets (ce blogue) sur les stromatolites
«Colonie de stromatolites à Gatineau», 8 nov. 2009
«Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite», 1er nov. 2011
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)
Photos
9 novembre 2013, sauf mention contraire.



C'est le guide géologique de l'est d'Ottawa rédigé par Fyson (2004 ; lien plus haut) qui m'a amené à visiter la carrière Lang's. Au sommet de la muraille orientale, on trouve des stromatolites(?..., etc.) qui ne manquent pas, ma fois, d'une certaine allure. Ils forment une couche d'un peu moins d'un m d'épaisseur dans un calcaire ordovicien (490-445 millions d'années). La teinte claire des stromatolites(?..., etc.) et leur structure complexe tranchent avec l'empilement des lamines sombres du calcaire bioclastique grossier qui les recouvre. Les grains, ou bioclastes (morceaux de fossiles brisés) du calcaire comblent les inégalités de la surface supérieure des stromatolites(?..., etc.) et emplissent les interstices qui subsistent entre eux. Ajouter à tout ça quelques coraux isolés.

Des stratifications entrecroisées dans le calcaire ont enregistré les changements de direction des courants soumarins.

«Stromatolite fossils marked by curved, upwardly convex laminations. [...] These and other curved shapes of uncertain origin lie within fine to coarsely fragmental bioclastic limestone.» (Fryson, légende de sa photo no 15, lien plus haut ; le gras est de moi. Voir aussi la fig. 9 du présent billet.)

Les «other curved shapes of uncertain origin» m'embêtent un peu. Je fais mes premiers pas dans le domaine des fossiles – mes sujets de prédilection sont les roches métamorphiques et les déformations tectoniques – aussi, je n'ose pas trop gloser sur ces entités qui dessinent un si bel ensemble convoluté (fig. 2 et 3). Alors, que sont ces autres formes courbes, des stromatopores ? (Voir cet ancien billet.) Ou ?...

Quand les sources mieux informées que lui sèchent devant le problème, que peut le novice ?

Si quelqu'un de plus savant que moi en ce domaine (pas difficile à trouver) savait de quoi tout ça retourne, je lui serait très reconnaissant de rédiger un petit commentaire à ce billet.

J'hésitais à parler de la carrière Lang's parce que je savais que mes descriptions ne seraient pas à la hauteur de l'intérêt du site. Mais on ne risque pas de commettre trop de bêtises en montant quelque chose ou en signalant son existence. Par contre, je dois semer le texte du présent billet de points d'interrogation envahissants.

J'avoue être émerveillé par cette muraille de formes de vie proliférantes où l'on peut surprendre le jeu des courants marins, le roulement de particules transportés par des tempêtes vieilles d'un demi milliard d'années.

Ce qui remet nos petites tempêtes dans un verre d'eau à leur juste place.


Clarification (13 nov. 2013)

«Les stromatoporoïdés (on dit plus simplement stromatopores) sont des organismes aujourd'hui disparus et dont l'affinité biologique a longtemps intrigué les paléontologues. On les a considérés comme des hydrozoaires, des cnidaires ou même des stromatolites, mais aujourd'hui il y a un assez fort concensus [sic] pour les considérer comme un groupe particulier d'éponges, les calcispongiaires, éponges au squelette massivement calcifié.» (Source : P.-A. Bourque.)

Voyez la sixième photo de la page de Bourque («Empilement de stromatopores globulaires...») et comparez avec les fig. 2 et 3 de ce billet.

Les stromatopores sont des organismes benthiques à structure en feuillets qui les rend, du moins à mes yeux, parfois difficiles à distinguer des stromatolites, édifiés par un empilement de lamines successives (voir liens sur les stromatolites dans «Résumé».)

La seule source qui traite de la carrière Lang's (Williams et Telford, 1986), outre celle utilisée pour rédiger le présent billet (Fryson, 2004), décrit un calcaire bioclastique parcouru de stratifications entrecroisées et contenant des stromatoporoïdés.

Les «curved shapes of uncertain origin» de Fryson seraient-ils les stromatoporoïdés de Williams et Telford ? Finalement, y a-t-il aussi de vétitables stromatolites à la carrière Lang’s ? Je n'ose pas me prononcer. Mais le calcaire de la carrière Lang's est assigné par Williams et Telford à la formation de Bobcaygeon, la seule de la région d'Ottawa à contenir des stromatopores (Williams et al., 1992). Elle contient aussi des stromatolites, sans que ce soit un trait distinctif cependant.

Réf. : Williams, D. and P.G. Telford, 1986. Paleozoic Geology of the Ottawa Area. Geological Association of Canada, Mineralogical Association of Canada, Canadian Geophysical Union, Joint Annual Meeting, Ottawa '86, Field Trip 8: Guidebook, 25 p. (Carrière Lang's : site 4-2A.)

Williams, D.A., P.G. Telford, A.D. McCracken and F.R. Brunton, 1992. Cambrian-Ordovician Geology of the Ottawa Region. Geological Association of Canada, Canadian Museum of Nature, CPC-II Ottawa '92, Canadian Paleontology Conference, Field Trip Guidebook No. 2, 51 p.


Fig. 2. Les stromatolites(?..., etc.) dessinant leurs
convolutions sous les stratifications entrecroisées du calcaire bioclastique.


Fig. 3. La couche de stromatolites(?) et des «other curved shapes of uncertain origin» se poursuit sur plusieurs m. J'ai pris les photos sur une petite corniche de moins d'un m de large qui longe la formation des stromatolites au sommet de la falaise (voir fig. 7). Dans un pareil cas, prendre assez de recul pour saisir un large panorama présente un certain danger.


Fig. 4. Détail rapproché des stratifications entrecroisées en haut (changements dans la direction des courants marins).


Fig. 5. Autre détail.


Fig. 6. Stratifications entrecroisées soulignées ou recoupées ici et là par l'érosion le long de lignes de faiblesse.


Fig. 7. Falaise est de la carrière Lang's. Au sommet, à droite : mur d'où proviennent les photos : on aperçoit la zone claire des stromatolites(?..., etc.), etc. de la fig. 2. (Photo 3 déc. 2011)


Fig. 8. Carte topo de 1963 montrant la carrière Lang's, au centre (échelle 1/20 000). L'artère, au sud, est le chemin de Montréal ; l'hôpital Montfort est à gauche. Les courbes de niveau sont en pieds (300 pieds = 90 m).




Fig. 9 (ajout après mise en ligne du billet). Selon Fryson, les structures convexes vers le haut (soulignées en rouge dans la vignette) sont des stromatolites. Pour «le reste», il s'agit, toujours selon Fryson, de ««curved shapes of uncertain origin». Cette photo communique avec le coin inférieur gauche de la fig. 6.

mardi 15 octobre 2013

Stromatolites exceptionnels (enfin !)


Stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (Québec). Paysage (officiellement) exceptionnel ! (Photo Henri Lessard, 27 mai 2010)
...


Enfin !

Les stromatolites du pont Champlain, à Gatineau, font leur entrée parmi les sites géologiques exceptionnels du Québec (SGE).

Exceptionnel et protégés. On n'y construira pas un quai, un stand à patates frites, on n'y plantera pas un pylone et on n'y étendra pas l'asphalte d'un parking, pour se limiter à quelques outrages possibles.

À leur propos, voir ces billets, dans ce blogue :

Colonie de stromatolites à Gatineau (8 nov. 2009)

Stromatolites exceptionnels (presque !) (11 mars 2013)

«Un site géologique exceptionnel est un terrain dont les caractéristiques géologiques, géomorphologiques, paysagères ou biologiques présentent un intérêt du point de vue de l'enseignement, de la recherche scientifique ou de la conservation et qui mérite d'être protégé en raison notamment d'une menace, de sa rareté ou de sa vulnérabilité.» (Sites géologiques exceptionnels du Québec (SGE))

«Selon le MRNF, cette formation de stromatolites, qui représentent la plus ancienne forme de vie fossilisée sur Terre serait, «une des plus belles au pays».» (Patricia Lanteigne, LaRevue, 14 octobre 2013, «Un site géologique jugé «exceptionnel» à Gatineau»)

«Le site géologique des Stromatolites-de-la-Rivière-des-Outaouais se situe en bordure de la rivière des Outaouais près du pont Champlain. Ce site présente un remarquable étalage de constructions stromatolitiques fossilisées. Certains auteurs qualifient cette agglomération comme l’une des plus belles au pays. Visible lorsque le niveau d’eau est bas, soit en période estivale sèche ou à l’automne, cet affleurement expose une multitude de monticules, datés de plus de 450 millions d’années, dont la plupart des sommets ont été tronqués par le passage des glaciers lors de la dernière glaciation.» (Fiche des «Stromatolites des la rivière des Outaouais», site des SGE)


Gros plan des stromatolites. (Photo Henri Lessard, 21 oct. 2007)
...


J'ai été de ceux qui ont appuyé la candidature de quelques sites de la région. Merci à Daniel Martel, du MRNQ, que l'occultation totale de l'Outaouais dans le catalogue des SGE a poussé à agir et à susciter des initiatives (voir billet du 11 mars 2013, lien plus haut). Je sais que d'autres personnes ont proposé d'autres sites, ou les mêmes que «les miens». (Pour celui des stromatolites, je n'y suis pour rien dans sa bonne fortune, les choses étaient déjà en marche quand j'ai commencé à m'impliquer.) Beaucoup de gens ont de bonnes raisons de se réjouir aujourd'hui.

Le site des stromatolites du pont Champlain («Stromatolites de la rivière des Outaouais», pour utiliser l'appellation des SGE) est le donc premier de l'Outaouais à être classé. (Voir carte des SGE, lien plus haut.) Plusieurs autres sont à l'étape «site proposé». On leur souhaite de passer rapidement à l'étape suivante, «site en consultation» pour accéder à leur tour au statut de site exceptionnel.

Ce billet, qui a débuté par «enfin», se termine donc sur les mots «à suivre...»