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dimanche 20 juin 2021

Coupe de la mine de fer Forsyth, à Hull (Gatineau)


Coupe de la mine de fer Forsyth au nord de Hull sur le chemin de la Mine ; le document, qui date de 1960, a récemment été mis en ligne par ministère de l'Énergie et Ressources naturelles du Québec. La référence est sous l'image.

Cliquer sur l'image pour l'afficher à sa pleine grandeur. Les lentilles exploitables sont représentées par des hachures entrecroisées. 

QUEBEC SOUTH SHORE STEEL CORP, HULL IRON MINES LTD, 1960. MINE FORSYTH. rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; MF 0272, 5 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/MF0272.


L'ampleur des travaux sous terre ne se soupçonne plus maintenant que les entrées de la mine sont scellées et que le terrain est pleinement intégré au parc de la Gatineau. Les galeries atteignaient 750 pieds de profondeur (230 m).

(Comparer avec les plans que j'ai publiés dans les autres billets consacrés à la mine ForsythVoir aussi le billet du 7 mars 2012, « Histoire minière de l'Outaouais II ».)

L'OPEN CUT (au centre, en haut) est cependant toujours repérable dans la topographie et des traces des installations, dont une entrée murée près du boul. de la Cité-des-Jeunes (sans doute le PORTAL, à droite, au niveau 0'), sont toujours visibles.


Entrée condamnée de l'un des puits (?) au sud de l'OPEN CUT. Photo été 2011.


Le fer (ou la magnétite, un oxyde de fer) se retrouve dans une roche nommée eulysite (voir les coupes plus bas). On peut résumer la géologie du secteur en parlant d'un marbre qui enferme des lentilles ou bandes de magnétite. La mine a été active de façon discontinue dans le second milieu du XIXe s jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Des travaux d'exploration en vue de sa réouverture ont été menés de 1958 à 1977.


Mine Forsyth, Hull (Gatineau), juillet 2011.
Berline abandonnée sur le sentier menant à la carrière principale (suivant le Drainage Ditch de la coupe en haut). 













Autres coupes de la mine Forsyth. L'EULYSITE contient le minerai de fer, la magnétite. Autrement, la roche en place est du marbre. L'ENTRÉE DU TUNEL (SECTION A, en bas à droite) est sans doute l'équivalent du PORTAL de la coupe plus haut.
Guilloux L., Blais R.A., Coy-Yll R., 1972 — « L’origine métasédimentaire du gisement de magnétite de Forsyth, Province de Québec, Canada. » Mineralium Deposita, vol. 7, p. 154-179.

lundi 15 octobre 2018

L'automne à Gatineau



Panorama depuis le belvédère Ramparts, parc de la Gatineau. Les ombres des nuages soulignent la succession des chaînes de collines, révélées ou masquées tour à tour par l'éclairage changeant. Visée vers l'ENE. Photo Henri Lessard, 13 oct. 2018.

Le point blanc à gauche sous l'horizon est la soucoupe de la station satellite Gatineau de Ressources naturelles Canada, chemin McClelland, à Cantley, Qc, distante de 10 km. Depuis l'orbite d'un satellite, elle doit être plus difficile à localiser...

Plus près, sous le belvédère, l'extrémité SE du lac Meech ; la Gatineau, cachée par les reliefs, coule entre le lac et Cantley.

La photo a été réalisée samedi dernier un peu grâce au service de navette gratuit offert par la Commission de la capitale nationale et la Société de transport de l'Outaouais dans le cadre du « Coloris automnal de la CCN ». (Je me rends bien compte que je leur fais de la publicité gratuite.)

La navette ne vous mènera cependant pas jusqu'au belvédère Ramparts. Un peu d'effort est nécessaire. Il faut descendre de l'autobus sur la promenade, au belvédère Étienne-Brûlé (qui n'est pas mal lui non plus), et prendre le sentier pédestre no 3 qui grimpe vers le nord, à travers les collines, puis le 28, pour l'atteindre. Distance : 2,5 km à vol d'oiseau, un peu plus avec les détours et les dénivelés.

Jusqu'où porte la vue ? Jusqu'à Buckingham sur la Blanche ? Au-delà ? Compter les chaînes de collines permet-il de l'évaluer ?

Ma photo vaut ce qu'elle vaut. Sur une échelle des chefs-d'oeuvre qui irait de 1 à 10, elle se mérite un 2. Sur place cependant, la scène était magnifique. Les ombres des nuages glissaient sur les chaînes de collines, masquant l'une, laissant l'autre dans la lumière.

mardi 24 octobre 2017

Brèche ou pseudo-conglomérat du lac Meech, Qc



Fig. 1. - Brèche explosive ou pseudo-conglomérat du lac Meech formant une jetée naturelle. 
Les « éclats » de l'explosion, cimentés par une matrice de calcite et amphibole, expliquent la surface inégale de la roche.


Résumé
Brèche explosive à matrice de mica-calcite-amphibole dans le batholite de syénite de Wakefield-Quyon (Qc), asociée à des aplites et des pegmatites ; province de Grenville ; âge : plus d'un milliard d'années.
La brèche a d'abord été connue sous le nom de conglomérat du lac Meach (sic).
Localisation
Lac Meech, au nord de Gatineau, dans le parc de la Gatineau. Voir la fig. 2.
31G/12
Photos
21 oct. 2017.



Le SE du lac Meech recèle, sur la rive de la baie Hope, une formation géologique unique dans la région. D'abord nommée conglomérat du lac Meach (sic*) par son découvreur (Mawdsley ; 1930), elle a été identifiée comme étant une brèche explosive par des travaux subséquents (« pseudo-conglomérat » ; Béland, 1951).
* Le toponyme Meach a été rectifié en 1982 pour corriger une méprise séculaire, le lac devant son nom au révérend Asa Meech (1775-1849). Voir la Commission de toponymie du Québec)



Géologie locale


Le lac Meech est à l'extrémité orientale du batholite de syénite* de Wakefield-Quyon. Les roches encaissantes, paragneiss, quartzite et marbre du groupe de Grenville (plus d'un milliard d'années), affleurent à moins de 5 km du lac et sont présentent aussi en lambeaux dans la syénite. Toutes les roches du batholite sont recoupées par un complexe d'aplites et de pegmatites (granite fin et grossier) orangées (complexe du lac Meach (sic), Béland ; 1951). Ces deux intrusions tardives se recoupent mutuellement et passent de l'une à l'autre.
* La syénite est décrite localement comme un « orthogneiss porphyroïde plutôt syénitique » par Béland (1951).


Le pseudo-conglomérat


Au SE du lac, la syénite est traversée par des assemblages de « fragments polyédriques aux angles plus ou moins émoussés » (Béland ; 1951, p. 363), majoritairement de syénite, mais aussi de blocs provenant des roches encaissantes de celle-ci ainsi que d'aplite et de pegmatite. Mawdsley (1930) les a pris pour les éléments d'un conglomérat marquant une discordance dans le Précambrien. Selon cet auteur, les fragments ne dépasse pas 45 cm et seuls les plus petits ont été arrondis. Les fragments sont liés par une matrice composée de mica (phlogopite), calcite rose et d'une amphibole bleue. La matrice a corrodé des fragments jusqu'à une profondeur d'un cm.

Hogarth (1970) signale plusieurs autres occurrences de ces brèches dans le secteur exploré par Mawdsley ainsi qu'au sud du lac Meech. La plupart sont en plein bois, dans les collines, et difficilement repérables.

Béland (1951) a établi que le conglomérat était plutôt une brèche explosive. Dans la situation instable qui voyait la pression de la fraction volatile (H2O) du magma granitique varier grandement et favoriser tour à tour la cristallisation de pegmatites ou d'aplites, il arrivait que le seuil de résistance des roches environnantes soit dépassé. Celles-ci se fracturaient et il s'ouvrait des failles où se projetaient pèle-mêle éclats et fragments. Les brèches d'explosion ainsi créées ont « livré passage aux émanations hydrothermales » (Béland ; 1951, p. 365). L'eau, sous fortes pressions et hautes températures, a favorisé la circulation des minéraux qui, se cristallisant, ont donné la matrice.

Les contacts de la syénite avec la brèche sont verticaux. Il y a une gradation entre la syénite intacte, la syénite fracturée mais dont les fragments sont demeurés en place et la brèche elle-même. Mawdsley signale des filons et un sill de pegmatite recoupant les brèches. La projection des blocs par explosion explique la présence d'une minorité de roches autres que la syénite dans la brèche (paragneiss, quartzite, etc.). La préservation des fractures de part et d'autre des brèches joint à l'aspect presque intact de plusieurs fragments indiquent que les distances parcourues n'ont pas dû être très grandes.

La seule ocurence des brèches que j'ai pu examiner est la « localité B » de Mawdsley (fig. 2). C'est l'endroit où, selon cet auteur, le « conglomérat » apparaît le mieux consolidé (les fragments ne se laissent pas extraire) et où la matrice est le plus pauvre en mica. La syénite a fourni la plupart des fragments de cette localité. L'échantillonnage est interdit dans le parc de la Gatineau ; l'examen visuel, pour ma part, m'a indiqué la présence de fragments de syénite rose pâle et d'une roche orangé vif, à grain fin (aplite ?). La carte de Béland (1954 ; 1977) montre un corps d'aplite recoupant la syénite sur le lieu de la brèche ou tout près, l'échelle ne permettant pas d'être trop affirmatif quant à la position des formations.

Je ne jure pas que j'aurais pu distinguer ces brèches des autres intrusions ou mobilisations de carbonates (carbonatites ou skarns), omniprésentes dans la région. L'amphibole bleue (arfvedsonite ?) de la matrice n'est pas un minéral discriminatoire, on en retrouve dans des carbonatites et des aplites sur la rive sud du lac Meech. Il y aurait un travail de synthèse à faire à ce sujet, mais la tâche dépasse mes compétences.

Les observations sont compliquées par le fait que nous sommes redevables des mêmes affleurements depuis l'époque de Mawdsley et que leur surface altérée et couverte de lichens est de plus en plus obscurcie.


Références


  • Béland R., 1951 — « Le pseudo-conglomérat du lac Meach. » Nat. Can., 78 : 361-366.
  • Béland R., 1977 — Région de Wakefield. MRNQ, DP 461, 91 p., avec une carte au 1/63 360. (Rédigé en 1955, versé au fichier ouvert en 1977.)
  • Hogarth D.D., 1970 — Geology of the Southern Part of Gatineau Park, National Capital Region. CGC, étude 70-20, 8 p., avec carte 7-1970 (1/18 000).
  • Mawdsley J.B., 1930 — « The Meach Lake conglomerate: A Conglomerate, Probably of Huronian Age, Occuring Within the Grenville Sub-Province. » TSRC, v. 24, série III, sect. IV : 99-117.




Fig. 2. - Carte de Mawdsley (1930) montrant les affleurements de son conglomérat (en fait, des brèches explosives) sur la rive SE du lac Meech. Mes photos proviennent de sa Locality B dont le plan détaillé figure en haut à droite. Notez l'ancien toponyme, Meach au lieu de Meech.



Fig. 3. - Autre vue de la brèche : la « jetée » de la fig. 1 est à gauche. Une curieuse tranchée rectiligne SW-NE coupe la formation en deux. Je n'ai pas trouvé d'explication à ce phénomène (faille ou zone riche en calcite lessivée ?).


Fig. 4. - Éléments anguleux à sub-anguleux de la brèche. Les surfaces apparaissent corrodées par la matrice, riche en calcite, qui a été lessivée par l'érosion.



Fig. 5a. - Gros plan sur les fragments de syénite(?).



Fig. 5b. - Détail de la fig. 5a. Vestige de l'amphibole verte de la matrice entre deux fragments. La calcite, autre minéral constituant de la matrice, est malheureusement mieux visible sur la surface la moins accessible de la brèche, celle qui fait face au lac (voir fig. 11).



Fig. 6. - Pavage de blocs de syénite.



Fig. 7. - Résidus de l'amphibole bleue de la matrice sur les blocs.




Fig. 8. - Extrémité de la jetée (fig. 1) dans les eaux du lac Meech. Les fragments ici sont plus rugueux, plus petits et plus tortueux. Il y a un alignement de leurs grands axes vers le NE. Leur teinte rouge indique qu'ils sont d'une autre nature que ceux vus jusqu'ici.



Fig. 9. - Vue rapprochée des fragments rouges de la fig. 8, corrodés par la matrice lessivée. D'après la grosseur du grain, plutôt fin, il pourrait s'agir d'une aplite.



Fig. 10. - Brèche d'explosion, vue selon la direction (Béland ; 1955 ; sa fig. 16).



Fig. 11. - Au centre, sous l'eau : fragments rouges (aplite ?) cimentés par une matrice de calcite rose pâle et d'une amphibole verte.





Fig. 12a et 12b. - Dans le bois, en tourant dos au lac et à la « jetée » de la fig. 1 : syénite défaite en blocs.
Les lichens ont proliféré entre les blocs, sur la matrice qui les retient. Des fragments semblent n'avoir pas beaucoup bougé après une première et seconde cassure (à droite, photo 12a).



Fig. 13. - Vue rapprochée de la fig. 12b donnant une meilleure idée des dimensions de l'affleurement.



Fig. 14. - Résidus de calcite le long de la diagonale qui monte vers la gauche à partir des doigts.

samedi 16 juillet 2016

Néotectonisme dans le parc de la Gatineau ?



Carte 1. Position du Joint Plane Chasm, modifié de Wilson, 1956, p. 19.
J'ai ajouté en rouge le tracé approx. de la promenade du parc de la Gatineau ainsi que quelques indications ; le sentier en pointillé correspond au sentier no 1 actuel (voir carte 2). Dike : dike de diabase ; Erratic : bloc erratique de Chelsea dont j'ai parlé ailleurs dans ce blogue.


Ceci est un message privé. Les informations qu'il contient sont destinées à quelqu'un qui saura les utiliser telles que je les laisse, sans commentaire. Les non-destinataires (sept milliards et quelques de personnes) sont gentiment priés de passer leur chemin.

1. Large Chasm de Wilson, 1956 (parc de la Gatineau) : plan météorisé ou faille ?

« Great joint planes weathered to large chasms (Wilson, 1956, p. 19). »
J'ai visité la « crevasse » il y a une quinzaine d'années. Tout ce que je peux dire en attendant meilleur examen, c'est qu'elle avait été comblée et se présentait sous forme d'une tranchée peu profonde (moins de 2 m).


2. Gaping fracture de Machamer, 1959 (parc de la Gatineau) : même remarque

« The second fault lies about 800 feet north of the base line on line 2300 West. It is marked by a gaping fracture in the rock which can be traced for about 200 feet along strike. This fracture could be a solution cavity, but this is considered a remote possibility because there are no similar features anywhere in the area. If this gash does mark a fault, the movement must have occurred fairly recently, because the crevice is not filled with debris. Such recent fault movement is probably related to earthquake tremors which are thought to have originated someplace in the general vicinity (Machamer, p. 36, c'est moi qui souligne). » (800 pi = 245 m ; 200 pi = 60 m.)

La seule faille sur la carte de Machamer dont la position coïncide avec ces données se trouve dans le marbre, près du contact avec une syénite*. D'orientation NW, elle plonge abruptement (75°) vers le SW. On pourrait la repérer dans les collines au nord de la jonction des pistes 15 et 25 du parc de la Gatineau, au sud du chemin de la Mine (carte 2). Je donne ces indications, tirées de l'interprétation du texte et de la carte de Machamer, sous toutes réserves. Les politiques de sécurité du parc de la Gatineau ont probablement mené au comblement de cette seconde crevasse. Comme elle se trouve dans le marbre, un phénomène karstique ne peut pas être écarté pour expliquer sa genèse.

* Syénite sur la carte de Machamer ; le document qu'elle accompagne précise qu'il s'agit de quartzite, gneiss et granites (incluant syénites) réunis en une seule unité, en fait, une migmatite lit-par-lit. Cette longue description me paraît plus conforme à ce qui est observé sur le terrain.


Références


Carte 2. Commision de la capitale nationale, Carte des sentiers d'été du parc de la Gatineau, 2016 (détail modifié). 
1. Bloc erratique, près du Joint Plane Chasm de Wilson (voir carte 1) ;
2. Faille de Machamer.
1 et 2 : positions approximatives.
Le quadrillage de la carte est N-S ; chaque rectangle mesure approx. 1,3 km x 1,9 km.

samedi 28 février 2015

Hors sujet : ressemblances et symétrie



En haut. – Caspar David Friedrich, Falaises de craie à Rügen, vers 1818, huile sur toile, 90,5 x 70 cm.
Musée Oskar Reinhart. Image : version réduite de celle disponible dans Wikipedia : The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH and [1] (lien.)
En bas. – Lac Pink (voir ces autres billets), parc de la Gatineau (Québec), Henri Lessard, sept. 2007.


Quelle ressemblance entre des falaises blanches et un lac vert portant le nom de Pink ?

Le petit arbre, au bas de la photo, fait tout ce qu'il peut, en s'inclinant vers la gauche, pour imiter le piton rocheux de Friedrich.

L'absence de voiliers et de figurants sur la photo ne m'a pas échappé. Lacunes qui n'empêchent pas que la vision de cette photo me rappelle immanquablement la toile de Friedrich. C'est devenu un automatisme mental.

Par contre – la symétrie s'arrête là –, la toile ne me ramène jamais à l'esprit le souvenir de la photo. Friedrich se suffit très bien à lui-même.


Images réduites pour faciliter la comparaison.


jeudi 26 février 2015

Lac Pink : la CCN se goure


Fig. 1. Le lac Pink, dans le parc de la Gatineau (Québec). Photo 29 sept. 2007.


La Commission de la capitale nationale (CCN), qui gère le parc de la Gatineau a des préoccupations pédagogiques louables. Dans la plupart des cas, elle atteint ses buts.

Parfois, rarement, à l'occasion, par distraction, à l'insu de son plein gré, elle se plante.

Témoin cette carte géologique qui illustre un panneau d'interprétation sur la rive du lac Pink (fig. 2 et 3).

(Pour d'autres détails sur la géologie du lac Pink, voir le billet «Lac Pink : le tigre et l'hippopotame (plus une tortue)» du 27 déc. 2009.)

Les contours géologiques de la carte sont justes. Ils sont même plus précis que ceux d'aucune autre carte du secteur que j'ai vue. (En fait, j'aimerais bien savoir d'où ils ont été tirés.) Le problème, c'est qu'ils ne contiennent pas toujours les bonnes lithologies.

Je me base pour cette affirmation sur deux choses :

  • mes observations personnelles (dont la CCN ne ferait pas grand cas) ;
  • la carte de Hogarth (1970), publiée par la Commission géologique du Canada (CGC), la plus complète publiée à ce jour pour le secteur.

Hogarth est probablement l'homme qui connait le mieux la géologie de la région. Si sa carte du sud du parc de la Gatineau (1970) est d'une échelle plus grande que celle du panneau, elle contient néanmoins un luxe de détails qui en fait un délice pour qui apprécie ce genre d'ouvrage. M. Hogarth a enseigné la géologue à l'Université d'Ottawa et a rédigé une foule de rapports et d'articles sur la géologie du Précambrien de la région de Gatineau.

Qualifier de «calcite», comme la fait la CCN, des roches à silicates de calcium (skarns) résulte peut-être d'une erreur de traduction ou d'interprétation. De plus, le marbre étant constitué de calcite, distinguer le minéral de la roche reviendrait à établir une différence entre la mie du pain et le pain lui-même. Quant à confondre syénite et paragneiss, j'ignore si c'est une dose de bonne ou de mauvaise volonté qu'il faut pour y parvenir. La syénite est abondante dans le parc, inutile de la faire figurer là où elle n'est pas.

Je traîne cette affaire dans mes dossiers depuis... depuis des années. La copie de la carte de la CCN que j'ai réalisée d'après l'originale sur le panneau date de décembre 1999.

C'est dire l'urgence que j'attachais à communiquer ces faits...

Voir aussi ces deux billets sur d'autres faux pas cartographiques (de la CGC cette fois) :

11 févr. 2010, «Pas de «A» pour la 1508A»
7 sept. 2013, «Pas de «A» pour la 1506A»

PS. Moi aussi il m'arrive de me tromper. J'avais d'abord titré ce billet «Lac Pink : la CCN se gourre». Pour un petit R de trop, c'est moi qui erre.

Référence

  • Hogarth D.D., 1970 – Geology of the southern Part of Gatineau Park, National Capital Region, Quebec. Commission géologique du Canada, Étude 70-20, 1970., 7 p. (avec carte 7-1970, 1:18 000)


Fig. 2. Détail d'un panneau d'interprétation sur la rive du lac Pink («Vous êtes ici»). Le «ici» est illustré à la fig. 5.


Fig. 3. D'après la carte du panneau de la fig. 2 (déc. 1999), avec rectification de la géologie (j'ai utilisé une autre carte pour le contour du lac, d'où quelques différences dans les détails). Pour les «corrections», j'ai utilisé mes propres observations et mon interprétation de la carte de Hogarth (1970). Nord vers le haut.
  • Marbre (à graphite) ;
  • Calcite (sic : roches à silicates de calcium (à pyroxène)) ;
  • Syénite (sic : paragneiss à biotite et grenat) ;
  • X : mine de mica et apatite (fermée) ; P : parking-belvédère ; Panneau (arche) : voir fig. 2 et 4 pour le panneau, fig. 5 pour l'arche.


Fig. 4. Le panneau en entier. (Pour le texte, voir fig. 8.) on reconnaît l'arche, en bas à gauche, telle que visible sur la photo de la fig. 5.


Fig. 5. L'arche du lac Pink dans du marbre graphiteux rouillé («Vous êtes ici» et «Arche» des fig. 2 et 3), à l'époque où elle était accessible au public. Le morceau de roc au sommet de l'arche évoque une tête de lionne – ou de tortue. Le «11» correspond à un ancien usage du document dans le blogue. Photo juillet 2000.


Fig. 6. Le lac Pink vu du belvédère du parking de la promenade. Faudrait dire à la CCN que laisser pousser les arbres devant un belvédère annule de même coup sa qualité de belvédère... Photo 19 oct. 2014.


Fig. 7. Le lac Pink, depuis son extrémité ouest. Photo 29 sept. 2007.


Fig. 8 (ajout de dernière minute). J'ai pensé que certaines personnes aimeraient lire le texte du panneau. Pour l'écologie du lac, notamment sa couleur turquoise, revoir le lien donné au début de l'article.

dimanche 19 octobre 2014

Nouveau retour à l'erratique de Chelsea


Bloc erratique de la piste 1 du parc de la Gatineau, à Chelsea (Québec), 19 oct. 2014. Hauteur apparente : env. 3 m ; circonférence : env. 20 m.


Le document appuyé sur le sac à dos, à gauche, format papier lettre, donne l'échelle ; 6 août 2011.


Le même, tel qu'il était le 22 mai 2000.


Le bloc erratique du parc de la Gatineau, à Chelsea (Québec), continue de monter la garde près de la piste 1, à quelques dizaines de mètres de la promenade.

Il a peu changé au cours des dernières années. Cet erratique semble avoir oublié la signification de son épithète. Il ne bouge plus, ce qui permet au moins de savoir où le retrouver.

Plus de détails dans ces anciens billets.

dimanche 15 juin 2014

Erratique à rebours ?



Fig. 1. Bloc erratique (grès de Nepean, env. 500 millions d'années) reposant sur le Bouclier canadien (un milliard d'années) dans le parc de la Gatineau (Québec). La configuration inverse est plus fréquente : lors de la dernière glaciation, les glaces, en mouvement du nord vers le sud (localement et grosso modo), ont déversé les débris du Bouclier sur les roches sédimentaires (grès, calcaire, etc.) de la plate-forme du Saint-Laurent à laquelle appartient le bloc. Circonférence estimée du morceau de roc : 7 m. La fracture qui coupe le grès en deux s'est produite, est-ce nécessaire de le préciser, après son immobilisation. Photo 17 mai 2014.


Localisation
Parc de la Gatineau (Québec), près de la 148.
Cordonnées du point A de la fig. 2
45.485006, -75.797954
Cordonnées du point B de la fig. 2
45.447266, -75.767569
Autres billets du blogue reliés au sujet
23 janv. 2011, «Lac Beauchamp : un milliard d'années inscrites dans la roche»
7 août 2011, sur le bloc erratique de Chelsea
5 oct. 2013, «Grès de Nepean à Gatineau : safari-photo»
27 nov. 2010, «Ne jetez pas la pierre au géologue»


La fig. 1 montre un bloc erratique (grès de Nepean, Cambro-ordovicien, env. 500 millions d'années) qui repose sur le Bouclier canadien (province de Grenville, plus d'un milliard d'années). Le mouvement des glaces, lors de la dernière glaciation, du nord vers le sud (grosso modo et localement), nous a habitué à la configuration inverse : on s'attend à voir des débris du Bouclier sur les roches sédimentaires (grès, calcaire, etc.) de la plate-forme du Saint-Laurent qui affleurent sur sa marge sud (cf. billet du 23 janv. 2011 sur le lac Beauchamp, lien plus haut).

On peut se demander si le bloc n'as roulé à rebours, vers le nord.

Pas nécessairement. Hogarth (1970) signale en effets des affleurements isolés de grès – lambeaux épargnés par l'érosion – dans les collines de la Gatineau, à Chelsea*, à 5 km au NW du bloc (fig. 2). Peut-être que le bloc provient de cet affleurement et qu'il a été entraîné par les glaces jusqu'à son emplacement actuel, à l'extrémité sud du Bouclier. Il pourrait aussi provenir d'un affleurement de grès non cartographié, masqué sous des dépôts meubles.

* Il y en a aussi à Cantley, plus à l'est.

Ou bien, tout simplement, l'affleurement d'origine du bloc a été détruit par les glaciations et nous en voyons là un ultime débris. Celui que signale Hogarth (1970) accueille le lit d'un ruisseau qui serpente à travers une épaisse couche d'argile de la mer de Champlain. On peut supposer que la couche de grès s'étend au-delà de la petite surface visible à travers la glaise.

Tout est normal, donc. Le bloc à bien suivi le trajet normal, du nord vers le sud. Le mouvement des glaces dans le secteur s'est d'ailleurs fait comme le bloc, du NW vers le SE.

Un bloc plus petit se trouve à l'entrée d'un chemin, un peu au sud (fig. 5).




Fig. 2. Partie de Gatineau et du parc de la Gatineau (bande verte), au Québec. Déplacement possible du bloc erratique depuis un affleurement isolé de grès sur le Bouclier canadien (A) jusqu'à l'endroit où il se trouve actuellement (B), toujours sur le Bouclier, 5 km plus au SE. La frontière Bouclier/plate-forme du Saint-Laurent passe un peu au sud du point B. Des lambeaux de la plate-forme affleurent cependant au nord de cette frontière. Cliquez sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.
Modifié de © Google, 2014.



Fig. 3. Malgré ses 7 m de circonférence, le bloc est bien camouflé dans le bois. La proximité du chemin fait qu'on ne peut pas exclure qu'il ait été dérangé de sa position originelle. Photo 17 mai 2014.



Fig. 4. Quartzite granitisé du Bouclier canadien : affleurement
typique du secteur, plus représentatif des roches locales que le bloc de grès.
Photo 17 mai 2014.



Fig. 5. Petit bloc de grès de Nepean, au sud du premier. Photo 17 mai 2014.


Référence

  • Hogarth, D.D., 1970, Geology of the southern part of Gatineau Park, National Capital Region, GSC, Paper 70-20, 8 p., map 7-1970.

jeudi 6 février 2014

Pierres qui roulent (suite outaouaise, prise 2)



Localisation de l'éboulement (Champlain slide) sur l'escarpement d'Eardley, près de Gatineau (Québec), dans le parc de la Gatineau ; Champlain Lookout : belvédère Champlain.
Tiré de Hogarth (1998), par l'intermédiaire du blogue Guide Gatineau (billet de Charles Hodgson, «The Eardley Escarpment is Falling Down – Slowly», 7 juin 2010).









Il semble que les éboulements fassent boule de neige dans ce blogue (cf. billets des 5 et 3 févr. 2014) puisque voici une «séquelle» consacrée à celui qui s'est produit en 1956 ou 1957 (on ne peut pas être plus précis) à 800 m au nord-ouest du belvédère Champlain, sur l'escarpement d'Eardley, dans le parc de la Gatineau (Québec).

Pour les glissements de terrain, voir les billets des 18 et 19 sept. 2013. Ici, nous parlons de chutes de roche, et non de liquéfaction d'argile sensible.

Donald D. Hogarth, professeur de géologie de l'Université d'Ottawa maintenant à la retraite, a étudié à fond la géologie de la région, en particulier celle des collines de la Gatineau. J'ai cité quelques uns de ses travaux dans le blogue et, au fond, je devrais le faire à chaque billet. Il n'y a personne qui connait mieux la géologie de la région (du moins celle du Précambrien) que lui ou qui a publié autant sur le sujet.

À défaut d'avoir été témoin de l'éboulement, M. Hogarth a visité le secteur avant (1956) et après (1957) l'événement, ce qui nous donne une fourchette pour le dater. Dans un article du Trail & Landscape (1998), il explique l'effondrement par le lessivage de veines de calcite qui recoupent l'escarpement, localement composé de syénite et de granite (pegmatites et aplite). La calcite (en fait, la matière même d'une carbonatite, roche magmatique composée de carbonates – calcite, comme ici, ou dolomie) en allée, un pan de roc s'est désolidarisé du reste de la falaise et s'est retrouvé en bas, dans la vallée*.

* Carbonatites : voir, entre autres, le billet du 7 oct. 2012 ; pour la syénite (batholite de Wakefield), entre autres, celui du 1er août 2012.

Ou bien je réécris tout l'article de M. Hogarth, ou bien, ce qui serait plus raisonable, je vous invite à consulter la version mise en ligne dans le blogue Guide Gatineau par Charles Hodgson (lien sous la carte au début du billet).

«Today, the wall behind the slide is smooth, drab-gray and monotonous. Formerly it was almost white, interrupted by a narrow dyke of pink pegmatite running the length of the subvertical face, and by a layer of pink aplite at the top. The face showed a few carbonatite-sealed fractures but these were most evident in the huge blocks of dislodged rock at its base. Failure seems to have been most common along the contact of carbonatite and syenite or aplite, especially where these rocks had reacted to produce a coating of fine-grained amber mica or blue amphibole asbestos*. (Hogarth, 1998)»

* Voir, à propos d'une amphibole bleue «asbestiforme», le billet du 11 décembre 2013, «Les murs bleus de Cantley».







Belvédère Champlain, parc de la Gatineau (Québec), 22 mai 2010.
Vues vers le SW, l'est et le NW. N'ajustez pas votre appareil, ce sont les pires photos de toutes celles que j'ai pu prendre, mais ce sont les seules que j'ai de ce pourtant très photogénique belvédère. Au loin, la rivière des Outaouais, puis la plaine d'argile de la mer de Champlain et, enfin, l'escarpement d'Eardley, élément du graben d'Ottawa-Bonnechère et rebord du Bouclier canadien.


Référence

  • Donald Hogarth, «Rumblings in the Park: An explosion and related rock slide near Champlain Lookout, a billion years apart.», Trail & Landscape (The Ottawa Field Naturalist’s Club), April-June 1998.

samedi 19 octobre 2013

Retour à l'erratique


Flora Urbana, délaissant ses plates-bandes habituelles, s'intéresse aux roches ayant comme pris racine dans le paysage. Du genre : «J'y étais, j'y suis, j'y reste.» Lien.

Nous aussi, nous avons à demeure des blocs têtus que le vent n'emporte pas deçà, delà, pareils à la feuille morte.



Bloc erratique du parc de la Gatineau, au sud de Chelsea (Québec).
Haut : 20 mai 2000 ; bas : 6 août 2011. Les sacs à dos, en bas à gauche, donnent l'échelle. 

Voir ces anciens billets.


samedi 21 juillet 2012

Faire belle figure : suite


Et si la nature obtenait sans le faire exprès ce qu'il nous faut efforts et obstination à réaliser ?


Suzanne Guité, Terre des Hommes (ou Love), 1967, Centre national des Arts, Ottawa


Version naturelle, marbre altéré par l'érosion, parc de la Gatineau 
(voir ce billet, dans ce blogue)



Pedigree de l'œuvre reproduite au début du billet. Pour la CCN : suivre ce lien.
Ce site donne un autre aperçu de la sculpture de Suzanne Guité
Autre lien (rendez-vous à Terre des Hommes (Part 1..., Part 8)