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lundi 16 novembre 2015

Desquamation par plaques d'un granite (ajout)



1. Granite gris perdant sa couche d'altération claire par desquamation. Lac McGregor, Val-des-Monts (Québec). Photo 15 nov. 2015.


Étranges blocs d'un granite gris présentant une teinte claire en surface. La desquamation* par plaques de cette pellicule altérée donne un aspect «léopardé» aux blocs.

La surface claire enveloppe chacun des blocs. La chute par plaques isolées semble toutefois épargner certaines faces (voir photo 2). Les blocs, sur le bord d'un chemin, on sans doute été dégagés lors des travaux de construction.

Ceci indiquerait (hypothèse) que l'altération se serait produite alors que les blocs étaient enfouis dans le sol (érosion chimique). La desquamation se seraient développée ensuite à l'air libre, sur les surfaces exposées aux intempéries et au soleil, les cycles gel/dégel (érosion thermique) ayant provoqué la chute de la couche claire altérée. Il serait utile de savoir si le plus gros bloc ne serait pas un affleurement de la roche en place (photo 3a).

La couche superficielle (env. un cm d'épaisseur) fait cependant partie intégrante de la masse du roc : il m'a fallu de furieux coups de marteau sur un petit bloc pour en détacher des éclats. C'est à se demander comment les plaques s'en étaient détachées ! Le granite (au sens large du mot) est à grain fin (moins d'un mm) et de structure massive. La couche superficielle est grêlée par la décomposition des ferromagnésiens (photo 3b), ce qui, avec le blanchiment des feldspaths, explique sa teinte plus claire.

Petite question : tout ce processus n'implique aucun phénomène rare ou exceptionnel. Cet enchaînement de banales circonstances a dû se produire à des milliers et des milliers de reprises. Comment expliquer alors que ce genre de «pelage» ne se voit pratiquement jamais ? Serait-ce un granite à l'épiderme particulièrement sensible ?

* Desquamation : érosion d'une roche par chute par l'enlèvement d'écailles superficielles.

Note. – Il y a un pléonasme dans le titre que j'ai donné au billet, une desquamation ne pouvant se produire que par plaques.


Localisation

Nord du lac MacGregor, Val-des-Monts (Québec).
Autres billets du blogue sur le sujet
15 nov. 2009, «Les chutes de Luskville» (voir addendum)
8 août 2011, «Pelures de granite»
Photos 15 nov. 2015.



2. La chute par plaques de la surface claire altérée 
du granite ne concerne par toutes les surfaces du bloc.


Ajout (17 nov. 2015)

Mes photos n'étant pas des plus fameuses, j'en reproduis ici une fournie par Roxanne Gauthier, étudiante de Bernard Lauriol, professeur titulaire en géographie physique à l'Université d'Ottawa, auteur de Eaux, glaces et cavernes*. (L'interprétation que je fais de la roche et des atteintes par l'érosion qu'elle a subies n'engage cependant que moi.)

* voir billet du 2 oct. 2014 sur Eaux, glaces et cavernes, de Bernard Lauriol (texte) et Pierre Bertrand (photographies et graphisme), Éditions MultiMondes, Québec, 2014


3a. Largeur du roc représentée : env. 2 m (mon estimation). À gauche, un filon vertical de granite gris-bleuté traverse le roc. Il serait utile de savoir s'il s'agit d'une roche en place ou d'un bloc erratique. Il y a parfois un certain alignement, par la disposition et l'allongement des lacunes sur la surface claire. Photo reproduite avec la permission de Roxanne Gauthier (2015).


3b. Détail (contraste accentué).

vendredi 18 septembre 2015

Graviers de Quinnville


Je mets cette carte en ligne pour des raisons d'ordre pratique (la laisser à portée de main), sans plus de commentaire. La géologie est tirée de Wilson (1920). Il aurait mieux valu utiliser un travail plus récent et plus détaillé (Hogarth, 1981).



Graviers de Quinnville, lots 20A et 21A du Rang VI, canton de Templeton, Val-des-Monts, Québec (Hogarth, 1981). Modifié de la carte interactive des données Sigéom, gouv. du Québec.
Angle des chemins du Rang VI et Fogarty : 45.552045, -75.663663

Légende simplifiée

  • Protérozoïque ; Grenville
M14. Roche calco-silicatée ; M13. Marbre ; M4, M12. Paragneiss à sillimanite, grenat; quartzite ; I1B. Granite de Quinnville ;
  • Cambrien ; Formation de Cairnside
S1A. Grès quartzitique, conglomérat
  • Quaternaire
Q. Sable, gravier, silt, till
  • Remarque. – Les limites des lots 20A et 21A du Rang VI reportées sur la carte sont approximatives.

Références

  • Hogarth D.D., 1981 — Partie ouest de la région de Quinnville. MERQ, DPV 816, 28 p., avec une carte au 1/10 000.Wilson, M. E., 1920, Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec, Commission géologique du Canada, carte 1691 au 1/63 360.
  • Wilson, M. E., 1920 — Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec, Commission géologique du Canada, carte 1691 au 1/63 360.

lundi 16 février 2015

Lambeaux de grès de Nepean à Gatineau



FIG. 1. Gros plan sur W1H (voir carte). Stylolite* parcourant un grès de Nepean, au nord de Gatineau, dans un lambeau isolé sur le Bouclier précambrien. Le tracé du stylolite est cimenté par de la pyrite. Chemin de Bellechasse, Gatineau (Québec). Photo juin 2008.
* Voir Wikiki (en anglais).


Résumé
Lambeaux d'érosion du grès de Nepean sur le Bouclier canadien à Gatineau et Val-des-Monts (Québec): complément au billet du 19 nov. 2014, «Les chemins des erratiques», sur les erratiques du grès dans l'Île-de-Hull.
45.519587, -75.696887


La photo plus haut a été supprimée d'un vieux billet remanié. Elle ne présente aucun intérêt particulier, mais plutôt que la perdre, autant la laisser en ligne en tâchant de lui trouver un contexte. Il s'agit d'un lambeau de grès de Nepean (Cambro-ordovicien, env. 500 millions d'années) isolé sur le Bouclier canadien (plus d'un milliard d'années, lui), au nord des formations du Paléozoïque auxquelles la roche appartient.

C'est le même grès que celui qui se retrouve au lac Beauchamp, là où le contact des sédiments du Paléozoïque et du Bouclier canadien qu'ils recouvrent en discordance d'érosion est particulièrement bien exposé.

C'est aussi le même grès qui a fourni les erratiques du parc de la Gatineau et de l'Île-de-Hull. (Billet du 19 nov. 2014 ; lien dans le Résumé.)

En fait, l'unique mérite de ce billet de sauvetage (faut le souligner pour qu'il ne passe pas inaperçu) est de m'avoir fourni le prétexte de faire la compilation des lambeaux du grès de Nepean au nord de Gatineau. Longtemps j'ai cru, faute de réexaminer les cartes, que celui du chemin de Bellechasse, le seul d'accès facile, était le plus septentrional qui existait. Eh bien non, il y en a d'autres, dont certains ont échappé à Sandford et Arnott (2010), les auteurs de la carte annotée ici. Il y existe sûrement plusieurs encore, non répertoriés, ou difficilement repérables sous les dépôts du Quaternaire.

L'affleurement W3H se trouve quand même cinq km au nord de la bande principale de grès (en jaune sur la carte) ; ce qui subsiste du grès n'est qu'un mince liseré de la formation originale. 

L'intérêt des ces lambeaux (finalement, ce billet ne manque ni d'intérêt ni de mérite) est qu'ils représentent autant de sites potentiels pour l'examen du contact du grès en discordance sur le Bouclier canadien. (Voir les billets sur la discordance d'érosion du lac Beauchamp, lien plus haut dans le texte.)

Affaire à suivre...



Carte : détail modifié de Sandford et Arnott, 2010. La rivière des Outaouais à Gatineau (nord) et Ottawa (sud).
Légende très simplifiée
Précambrien (Protérozoïque) ; province de Grenville du Bouclier canadien, plus d'un milliard d'années ;
  • Blanc : roches métamorphiques et plutoniques.
Plate-forme du Saint-Laurent (Paléozoïque) ; Cambro-ordovicien et Ordovicien, ca 515-445 millions d'années
  • Jaune : grès de Nepean. Orangé, teintes de bleu et de gris: calcaire, dolomie, grès et shales.
Lignes noires : failles.

Annotations
A et B : erratiques de grès de Nepean observés (voir billet du 19 nov. 2014) ;
C : lac Beauchamp : grès de Nepean en discordance sur le Bouclier canadien (voir billet du 23 janv. 2011) ;
W1H : grès de Nepean (Wilson, 1920 ; Hogarth, 1981), chemin de Bellechasse (Gatineau) ; tranchée de route, dans le bois et monadnok dans les champs ;
W2 : grès de Nepean (Wilson ; 1920) : entre le chemin Saint-Antoine et la montée Paiement (Gatineau) ; dans le bois * ;
W3H : grès de Nepean (Wilson ;1920 et Hogarth, 1981) : à l'ouest du chemin Fogarty (Val-des-Monts) ; dans le bois, sous une ligne à haute-tension ;
W4 : grès de Nepean (Wilson ; 1920) : rives de la Blanche, à Masson-Angers (Gatineau), près de l'autoroute 50 *.
* Affleurements situés hors de la carte de Hogarth (1981). Les affleurements W3H et W4 semblent avoir échappé à Sandford et Arnott (2010), sur la carte desquels ils ne figurent pas.



FIG. 2. La photo 1 (W1H) avec un peu de recul. Les lignes obliques sont des traces d'une stratification entrecroisée, indice de l'accumulation du sable par des courants ou par le vent.



FIG. 3. © Google. Toujours le W1H, cette fois en 50 nuances de gris, chemin de Bellechasse (Gatineau) ; vue vers le sud.


FIG. 4. © Bing. W1H vu des airs (visée vers le sud) ; les X marquent les affleurements réuni en un seul contour sur la carte de Sandford et Arnott (2010). La route principale est le chemin de Bellechasse. La roche émerge de la couche d'argile laissée par la mer de Champlain.


FIG. 5. © Bing. W1H, encore et toujours. Détail de la photo 4. Je ne suis pas certain de la nature de la roche ; d'après Wilson, 1920, il s'agirait de grès. Il me semble apercevoir un peu de gneiss rubané à gauche (?). Ce serait conforme à la carte de Wilson (1920 ; voir message du 17 février 2015) qui place ce lambeau de grès au milieu d'une étendue de paragneiss à grenat. Le site constituerait un endroit idéal pour l'examen du contact du grès en discordance sur le gneiss du Bouclier canadien. Avec l'accord du propriétaire...


Références
  • Hogarth D.D., 1981 — Partie ouest de la région de Quinnville. MERQ, DPV 816, 28 p., avec une carte au 1/10 000.
  • Sanford, B.V. et Arnott, R.W.C., Stratigraphic and structural framework of the Potsdam Group in eastern Ontario, western Quebec, and northern New York State, Commission géologique du Canada, Bulletin 597, 2010, 83 p. (+ cartes)
  • Wilson, M. E., 1920, Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec, Commission géologique du Canada, carte 1691

jeudi 15 janvier 2015

La caverne Laflèche en 1869


Résumé

Première description de la caverne Laflèche, à Val-des-Monts (Québec), par Grant (1869).
Exploitant actuel
Arbraska Laflèche
Localisation
Près de Wilson's Corner, au nord de Gatineau (Québec) :
255, route Principale - route 307 Nord, Val-des-Monts, Québec J8N 4B7
45.646593, -75.791761
Voir le billet précédent (14 janv. 2015).


Grant, en 1869, a été le premier à fournir une description correcte de la caverne Laflèche, nommée alors la Wakefield Cave. Il a eu la chance de pouvoir l'explorer avant que l'activité humaine, pas toujours déployée de correcte façon, ne la détériore. Le texte de Grant a donc une importance à la fois historique et scientifique.

Les passages que je reproduis ici sont ceux qui concernent la caverne. Pour ne pas trop alourdir le billet, j'ai coupé les considérations de Grant sur l'histoire géologique de la région.

J'avais d'abord été porte à négliger le témoignage de Grant. Une des premières phrases de son texte m'avait fait sursauter :

«At the base of the mountain is a small lake, which discharges into the Gatineau River through a mountain gorge of exquisite beauty.»  (P. 15-16)

Très invitante description. Sauf que la Gatineau est 8 km à l'ouest du lac en question (actuel lac Armida, ancien lac Pélissier), lac qui se vide, par l'entremise du ruisseau Pélissier, dans le lac McGregor, 8 km à l'est de la caverne. Ce dernier lac vide ses eaux dans la Blanche, affluent de l'Outaouais.

Notons aussi que le Pellesier dont parle Grant était plutôt monsieur Pélissier, propriétaire du terrain où se trouvait la caverne. Il a laissé son nom à la caverne, qui a porté aussi autrefois le nom de caverne Pélissier, au lac déjà évoqué, aujourd'hui le lac Armida, et au ruisseau Pélissier qui, lui, a conservé son nom.

Mais c'est assez pinailler ! Ces coquilles mises à part, le texte Grant est plein de détails qui raviront les naturalistes de la région. Il permet de reconstituer l'image de la caverne, encore intacte. Grant décrit les passages, la Grand Chamber, s'étonne de l'absence d'accumulation de gaz carbonique dans l'air de la caverne, parle des des stalactites et des stalagmites, de la calcite à la consistance de fromage qui recouvre les parois (moonmilk, mondmilch ou lait de lune ? – voir Wikipedia, deux fois).

Référence

Grant, J.A., 1869, «Superficial Geology of the Valley of the Ottawa and the Wakefield Cave», Transactions of Ottawa Natural History Society, [22 p.].








mercredi 14 janvier 2015

La caverne Laflèche au fil des ans


Fig. 1. Ancienne entrée de la caverne Laflèche,
11 janvier 2015. Comparer avec la fig. 2.


Résumé

Descriptions et plans de la caverne Laflèche, à Val-des-Monts (Québec).
Exploitant
Arbraska Laflèche
Localisation
Près de Wilson's Corner, au nord de Gatineau (Québec) :
255, route Principale - route 307 Nord, Val-des-Monts, Québec J8N 4B7 (C'est la première fois que je vois une caverne avec un numéro civique...)
45.646593, -75.791761

Suite : billet du 15 janv. 2015.


La caverne Laflèche (Wakefield Cave, caverne Pélissier), au nord de Gatineau (Québec), n'était, de façon inexplicable, jamais apparue au sommaire de ce blogue. En janvier 2015, j'ai eu la chance de la visiter en compagnie de Bernard Lauriol, professeur titulaire au département de géographie de l'Université d'Ottawa. Monsieur Lauriol est l'auteur de travaux nombreux sur les cavernes et l'érosion du marbre (cf. billet du 12 juillet 2012) ainsi que du tout récent livre Eaux, glaces et cavernes, illustré par les photos de Pierre Bertrand (billet du 2 oct. 2014).

Je parlerai prochainement de cette visite guidée ; pour l'instant, je me contente de mettre en ligne différents documents rédigés depuis sa découverte en 1865. Longtemps considérée comme la plus longue caverne du Bouclier canadien, la caverne Laflèche demeure l'une des plus connue et des plus facilement accessible. Elle a pris place dans une colline de marbre de la province de Grenville du Bouclier canadien (plus d'un milliard d'années).

La caverne est aujourd'hui propriété d'Arbraska Laflèche qui organise des visites guidées de la caverne, mais aussi des parcours dans les arbres, des rallyes et offre des «tyroliennes extrêmes» ! Je vous conseille fortement le détour, seul, en couple ou avec les enfants. Vous serez bien accueillis, les guides sont sympathiques et d'un enthousiasme toujours renouvelé.

(Avis de déclaration de conflits d'intérêts : j'ai eu droit à un chocolat chaud et une galette, au chalet d'accueil, après ma visite gratuite, ce qui entache sérieusement mon objectivité.)


Les images...



Fig. 2. Grant (1869)
...


Fig. 3. Grant (1869)
...


Fig. 4. Schroeder et Desmarais (1988). La coupe est orientée dans le sens opposé de celle de la fig. 3. On reconnaît l'entrée et la grande chambre au centre de la colline sur les deux représentations.
...


Fig. 5. Modifié d'Arbraska Laflèche (panneau à l'extérieur de la caverne : la photo peut avoir distordue les proportions).
...


... et les textes

Grant : The Wakefield Cave (1869)

Le texte de Grant (1869) sur la Wakefield Cave est trop long pour être reproduit ici. Je trouverai un moyen pour le rendre disponible en ligne. En attendant, j'en extrais pour le blogue les deux gravures qui l'illustrent. (Voir le billet du 15 janvier 2015 pour le texte de Grant.)


Benjamin Sulte (1875) : La Caverne de Wakefield

«En 1875, Sulte avait publié en brochure un récit intitulé la Caverne de Wakefield, comté d'Ottawa [1] ; il y racontait la visite qu'il avait faite de cette caverne située en territoire québécois et connue seulement de quelques citoyens d'Ottawa. Le propriétaire de «cette merveille de la nature», un dénommé Pélissier, était l'un des colons qui avaient commencé à s'y intéresser en 1866-1867. Ces curieux avaient d'abord entrevu au flanc de la montagne «une espèce d'arcade ou de haute porte cochère, terminée par un enfoncement dans le rocher qui présentait à l'intérieur une cave fraîche et éclairée de six pieds de haut sur un carré de quinze pieds.» Quelques-uns de ces curieux, dont le propriétaire du terrain, avaient exploré une partie de la cave par la suite, mais les origines de la caverne étaient restées mystérieuses.

Sulte essaie d'y voir clair. Il commence son récit en décrivant la géologie des Laurentides au pied desquelles se trouve la caverne. Il décrit ensuite la cave. Elle est «propre comme un sou neuf», lavée qu'elle a été par le travail des eaux qui en ont fait un passage jadis avant de former le lac Pélissier [2] qui dort deux cents pieds plus bas entre de hautes montagnes, tandis qu'un autre lac se cacherait sous la caverne, dans un passage inférieur, avant de se déverser dans le lac Pélissier. Les fées et les loups-garous n'y ont eu rien à faire comme certains l'avaient cru...» (Texte tiré de Dionne ; 2000.)

Notes ajoutées

[1] Montréal, la Compagnie Burland-Desbarats, 1875, 28 pages.
[2] Le lac Armida, au pied de la colline qui héberge la caverne Laflèche, s'est donc déjà appelé le lac Pélissier, comme nous l'avons vu plus haut. La caverne Laflèche est dans de nombreuses source anciennes nommée caverne Pélissier.


Béland (1955, p. 75-77) : la Caverne Laflèche

«La caverne Laflèche, à un mille et demi au nord de Wilson Corners est l'une des attractions touristiques du pays. Elle est située près d'un petit lac, dans un banc de calcaire [marbre] Grenville. Le calcaire est rempli de fragments de gneiss et de pegmatite de toutes formes et grosseurs auxquels les exploitants de la caverne attribuent des noms et des origines des plus fantaisistes. [Note. – Il s’agit des exploitants de l’époque (1955), et non pas des exploitants actuels !]

L'entrée de la caverne, à 100 pieds environ au-dessus du niveau du lac, donne sur un couloir qui s'élargit progressivement en une chambre mesurant une centaine de pieds de longueur par vingt pieds de largeur. La voûte, au point le plus élevé, doit être à une vingtaine de pieds au-dessus du plancher, et on y voit poindre des racines d'arbres. Cette chambre se prolonge à son autre extrémité par un couloir tortueux qui aboutit à un puits vertical dont la profondeur est de 95 pieds. Le long des parois s'ouvrent de petites niches et des couloirs très étroits, à demi remplis de graviers bien triés d'origine fluviatile. Le fond du puits est rempli d'eau mais on y distingue l'ouverture d'un couloir en direction du lac et qui communique probablement avec ce dernier car la mare d'eau au fond du puits monte et baisse en même temps que le niveau du lac.

Les parois des couloirs et ouvertures sont lisses : on y remarque ici et là des revêtements et des cordons stalactitiques. Les seules aspérités considérables sont des fragments de gneiss qui pendent des voutes ou font saillie le long des murs.

Lors de sa découverte en 1865, la caverne était à demi remplie de graviers, et les couloirs étaient presque complètement obstrués. On a depuis dégagé les principaux couloirs et installé un système d'éclairage et des escaliers permettant de parcourir la caverne en toute sécurité. La longueur totale des couloirs accessibles, y compris la grande chambre mais non le puits vertical, est d'environ 400 pieds.

Cette caverne a été évidemment creusée par les eaux qui s'infiltraient le long des joints et des fissures et dissolvaient lentement le calcaire. Les premières cavités furent occupées et agrandies par une rivière souterraine qui y amena des sables et des graviers. Les couloirs furent obstrués quand le niveau de base de la rivière souterraine fut élevé, au moment sans doute où des cours d'eau gonflés par la fonte des glaciers empruntaient la vallée du petit lac pour se rendre à la mer Champlain. La caverne serait pré-Champlain, et probablement pré-glaciaire.»


Hogarth (1962)

Fig. 6. Hogarth (1962). Les stalactites sont les cordons stalactitiques de Béland (1955).
...


Schroeder et Desmarais (1988) : avec la mer de Champlain...

«Avec 402 mètres de développement, la Caverne Laflèche est la plus longue grotte connue du Bouclier canadien. Elle est située au nord d'Ottawa dans une petite lentille de marbre entourée de gneiss de la province de Grenville, région qui a été couverte par les inlandsis du Pléistocène. La morphologie de la grotte suggère qu'elle est apparue par dissolution en régime noyé, bien qu'elle soit aujourd'hui inactive et perchée au-dessus de la nappe aquifère. Elle a ensuite fonctionné comme un piège en contact avec l'extérieur par 4 ouvertures perchées au sommet des versants et a été complètement colmatée par des dépôts détritiques qui ont été ensuite partiellement évacués. Ces sédiments consistent en sables divers, graviers et blocs stratifiés, qui ont été injectés dans la grotte en 3 phases à caractère glaciaire ou fluvioglaciaire. La dernière phase détritique est concomitante de la transgression marine postglaciaire datée dans la région à 12 200 ans. Une importante encoche de dissolution horizontale découverte dans la grotte à 239 m a.n.m. est attribuée à cette mer transgressive -- dite de Champlain --, relevant ainsi son niveau local de 26 mètres. Enfin durant l'Holocène, les eaux d'infiltration ont surtout construit des coulées calcitiques interstratifiées de sables grossiers, ce qui les rend très vulnérables à la gélivation fort efficace depuis le creusement d'une galerie artificielle à la base du réseau.» (Résumé de l'article.)


Schroeder (2004) : sans la mer de Champlain

(Mon résumé ; les éléments trop évidents décrits dans les autres textes ne sont pas repris ici.)

La caverne est composée de deux parties étagées réunies par un puits de 20 m de haut. Un réseau de conduits communique avec un plan d'eau au nord. Une encoche de dissolution horizontale à 239 m d'altitude montre que la caverne a déjà été occupée par un plan d'eau (un lac)*.

Chronologie
Vers 25 000 ans BP (fin du Wisconsinien moyen)
Création et remplissage de la caverne : les eaux sous pression à la base de l'inlandsis dissolvent le marbre par des joints et des failles. Il existe un réseau de fractures subverticales N-S et un réseau subhorizontal : le premier sert de patron pour le puits et un dôme au dessous de la grande salle tandis que le second contrôle la géométrie des conduits et des galeries) ; lorsque la pression diminue, les sédiments glaciaires s'accumulent.
Avant 11 000 ans BP
Les eaux sous-glaciaires creusent le plafond et créent des chenaux de voûtes avant, leur pression augmentant, de nettoyer la caverne de ses dépôts glaciaires.
La caverne est envahie par les eaux d'un lac glaciaire qui a précédé la mer de Champlain.
Vers 11000 ans BP
Mer de Champlain (qui n'atteint pas le site)*.
8400 ans BP
Injection de dépôts fluvio-glaciaires extérieurs par un flot de boue.

* Schroeder a donc abandonné son hypothèse de 1988 selon laquelle la mer de Champlain aurait envahie la caverne. Il attribuait à cette invasion l'encoche des 239 m.


Bernard Lauriol (2015)

Selon Bernard Lauriol (comm. personnelle, 2015), la caverne date du dernier interglaciaire, le Sangamonien (110 000 - 130 000 ans). Plus de détails dans un autre billet.


Références

  • Béland, René, Région de Wakefield : rapport final. MRNQ, DP-461, 1977 (rédigé et remis au Ministère en 1955), 91 p., avec une carte (1/63 360).
  • Dionne, René, Histoire de la littérature franco-ontarienne – Tome II, Les Éditions du Vermillon, Ottawa, 2000, pp. 95-96 (pagination d’après une épreuve préliminaire du livre).
  • Grant, J.A., 1869, «Superficial Geology of the Valley of the Ottawa and the Wakefield Cave», Transactions of Ottawa Natural History Society, [22 p.]. La partie consacrée à la Wakefield Cave commence à la p. 14.
  • Hogarth D.D., «A Guide to the Geology of the Gatineau-Lièvre district», in : The Canadian Field-Naturalist, vol. 76, no 1, p. 1-55, janv.-mars 1962.
  • Jacques Schroeder, «Les cavernes : un patrimoine gravé dans le temps», in : G. Prichonnet et M.A. Bouchard, Actes du premier colloque du Patrimoine géologique du Québec, Montréal, 8-9 sept. 2000, MRNQ, MB 2004-05, 2004, p. 77-84.
  • Jacques Schroeder & Luc Desmarais, «Morphologie et sédiments de la plus grande grotte du Bouclier canadien : la Caverne Laflèche, Québec», Annales de la Société géologique de Belgique [En ligne], vol. 111 (1988), fascicule 1 (Sédimentologie karstique), 173-182 URL : http://popups.ulg.ac.be/0037-9395/index.php?id=314

mardi 24 juin 2014

Hors sujet : astérisque ou arachnide ? (ajout)




On m'a toujours dit : six pattes, c'est un insecte ; huit pattes, une araignée.

Mais douze pattes ?

Pas assez pour être un mille-pattes. Un astérisque ? Un appel de note ?


Ou tout banalement un simple agrégat d'aiguilles de tourmaline dans un granite.

J'escaladais le flanc d'une colline formée que l'activité d'une sablière avait mis au jour lorsque je suis tombé nez à nez avec cette grosse... araignée. J'ai eu un mouvement de recul, le temps d'ajuster mes lunettes et de me rendre compte que cette arachnée était inoffensive. 


Photos : sablière du chemin Saint-Antoine, Perkins (Val-des-Monts), Québec, 22 juin 2014.






Ajout (25 juin 2014)

Agrégats radiés de tourmaline aciculaire noire dans un granitoïde quartzite gris du lac McGregor, à Perkins (Val-des-Monts), route 366 (photos, vue générale et détail, oct. 2012). Ceci pour répondre à l'étonnement d'un lecteur. (Voir plus bas à «Commentaires».)



mardi 11 juin 2013

Veine de mica à Perkins (Québec)


Une étrange veine de mica recoupe un granite, rue des Aigrettes, à Perkins (Val-des-Monts, Québec). On a un peu l'impression de quelque chose de fluide qui se serait immiscée à travers le socle en emportant des fragments de roches en progressant. J'avoue ne rien oser affirmer de façon trop péremptoire...

Toutes les photos : 9 juin 2013.

Contexte géologique : roches de la province de Grenville, division du Bouclier canadien ayant entre 1,3 et 1 milliard d'années.


Photo 1.
Photo 1. Spectaculaire veine de mica noir (biotite ?) recoupant un granite rose, lequel recoupe des gneiss rubanés (photo 8). Pas très photogénique, je l'avoue... Certains cristaux de mica atteignent plus de 20 cm (au centre de la photo).


Photo 2.
Photo 3.
Photos 2 et 3. Des éclats ou des yeux disloqués de quartz blanc (granite ? quartzite ?, les deux abondent dans le secteur) sont contenus ou charriés dans la veine. Le mica épouse la forme de l'inclusion et s'est infiltré dans les fractures.


Photo 4.
Photo 4. Le tout présente l'aspect d'un conglomérat à matrice micacée. Voyez le «galet» arrondi en haut, à gauche du centre de la photo (voir photo 6). Largeur de la surface photographiée : 30 cm.


Photo 5.
Photo 5. Détail de 4 ; des cristaux xénomorphes ou idiomorphes sont charriés dans la masse de mica. Certains sont brisés et anguleux. Je regrette de ne les découvrir que sur photos, il aurait été plus facile de les identifier in situ. Étant un médiocre minéralogiste, j'invite les connaisseurs à donner leur opinion...


Photo 6.
Photo 6. Détail de 4 ; inclusion arrondie, érodée par le transport dans la veine, ou pseudo-galet ?


Photo 7.
Photo 7. Dyke rectiligne de quartz recoupant un gneiss, quelques dizaines de m au sud. Ça semble, avec ses rares cristaux de feldspath rose, le même que celui des xénolithes de la veine de mica : coïncidence ?


Photo 8.
Photo 8. La roche hôte du granite et de la veine : paragneiss rubané local, de l'autre côté de la rue, face à la photo 1.

vendredi 1 mars 2013

Hors-d'œuvre : jeu des 396 800 erreurs


Il existe 396 800 différences entre ces deux photos, soit autant que chacune compte de pixels (640 x 620 pixels à leur pleine grandeur, suffit de cliquer dessus). Saurez-vous les repérer, perspicaces internautes ?

Photos : même affleurement, à 10 ans d'intervalle (marbre blanc contenant des inclusions disloquées et plissées, Val-des-Monts (Perkins), route 366, angle chemin de la Bourgade).



21 octobre 2012.



24 juillet 2000.


Avec, en plus le secours de cet ancien billet, nous pouvons évaluer à présent le temps qu'il faut pour qu'un affleurement devienne illisible.

Moralité : visitez les affleurements rocheux quand ils sont frais.

lundi 15 octobre 2012

Perkins : granite suspendu





Intrusion granitique (rose) recoupant une... roche grise inaccessible (paragneiss ?) dans une sablière à Perkins. Les identifications à distance sont toujours risquées ; de si loin, il pourrait d'agir d'une intrusion de calcite rose, mais au vu des affleurements plus accessibles à l'est – billet précédent – ça m'étonnerait beaucoup que ça soit le cas.)

Site : montée Saint-Antoine, à l'est de la route 366, Perkins (Val-des-Monts), QC. 
45.611182,-75.608463 
Photo : 14 oct. 2012

Par souci de la valeur documentaire de ce blogue qui a quand même une réputation à défendre, la même photo retravaillée :






Détail.

dimanche 14 octobre 2012

Perkins : marbre gris et granite rouge







Très bel exemple de contact entre un granite orangé recoupant un marbre grisâtre. Perkins (Val-des-Monts, au nord de Gatineau (Québec). Toutes les photos : 14 octobre 2012.



(Deux photos.) Le marbre, bien rubané, est semé des habituelles inclusions disloquées et dispersées dans sa masse. C'est banal, mais on ne s'en lasse jamais. Ça ressemble fortement à ce qu'on retrouve un peu à l'ouest, à Cantley et Chelsea.


Contact granite/marbre. Notez le plissotement du ruban sombre dans le marbre, au dessus du centre de la photo. Le rubanement du marbre passe de l'horizontale, à gauche, à la verticale, ou presque, à droite.


Détail de la photo précédente : granite blanc ou quartzite boudiné dans le marbre en deux ovales.


Le marbre et le granite près de leur contact sont parcourus de filons de calcite blanche. Ici, l'un d'eux dans le marbre.


Feldspath orangé dans le marbre, tout près de son contact avec le granite composé majoritairement de ce minéral.


Détail de la photo précédente. La calcite du marbre s'est rayée sous mon canif tandis que le feldspath est demeuré... de marbre (traits obliques blancs). Quant aux minéraux inclus dans le marbre, je reste un peu perplexe : serpentine ?, diopside ?...


Imitation par un xénolite mélanocrate de la carte de l'Italie. Peu convaincant.


Xénolites transportés dans le marbre. Tout ceci me rappelle cela.
Les traînées grises indiquent que nous sommes en présence d'un marbre à graphite.


Xénolites dans le marbre. On croirait à une migration de têtards...