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samedi 11 février 2023

Hors sujet : arc circumhorizontal à Gatineau

Je viens d'apprendre que cette bande colorée qui m'avait intrigué est un arc circumhorizontal.

(Photos prises à Gatineau, Qc, près du Musée canadien de l'histoire, le 10 juin 2018.)

Un arc circumhorizontal, ou arc de circumhorizon, est un arc-en-ciel « droit », parallèle à l'horizon qui apparaît sous le soleil. Ce type de halo est formé par la réfraction de la lumière du soleil par des cristaux de glace en haute altitude. Voir Wikiki pour plus de détails.

Le phénomène avait perduré plusieurs minutes. Une amie l'avait photographié en même temps que moi, à Ottawa, à plus d'un km de ma position.

Ne pas confondre avec un arc circumzénithal dont j'ai déjà parlé dans un ancien billet.



Ici, l'arc circumhorizontal (rouge en haut, vert en bas) apparaît dans des cirrocumulus ondulatus de haute altitude (plus de 6 km) ; des altocumulus de moindre altitude s'interposent devant l'arc et le masquent partiellement. 
À l'arrière-plan, le Musée canadien de l'histoire, à Gatineau.
(Identification des nuages par moi, n'hésitez pas à les corriger.)




Détails accentués des photos. On distingue mieux la superposition des couches de nuages. La traînée de condensation d'un avion traverse le champ des photos.


vendredi 23 décembre 2022

Hors sujet : canalisation des ruisseaux de la Brasserie et du Lac-des-Fées à Hull



Le sud du ruisseau de la Brasserie, à Hull, en 1930 et 1931. 

(Le nord est à droite ; vous trouverez la clef des rues plus bas). L'île au sud du pont Montcalm, visible sur la photo de 1930 sous les eaux de la crue, est rattachée à la rive ouest en 1931. La rue Taylor (rive ouest) est en partie construite sur un terrain gagné sur le ruisseau. Le ruisseau n'est pas encore bétonné ou « canalisé ». Ça viendra.
Rappelons que le ruisseau est en réalité un bras de l'Outaouais ; l'eau entrait dans le ruisseau par le barrage du boul. Taché (chemin d'Aylmer à l'époque).
  • Photothèque nationale de l'air (PNA), 1930, A2181 (détail), 28-29 (détail - montage) ; 1931, A3331, 29 (détail).


Ce billet apporte quelques précisions sur la chronologie des transformations qu'ont subi le ruisseau du Lac-des-Fées (RLF) et de le ruisseau de la Brasserie (RB), à Hull (Gatineau), dans les années 1930. Il est destiné à compléter ou corriger les billets suivants :

Son contenu se résume à trois dates et quelques observations :

L'île au sud de la rue Montcalm dans le RB a été rattachée à la rive ouest du ruisseau en 1931. La rue Taylor a pu ensuite être prolongée vers le nord sur le terrain gagné au dépens du ruisseau.


Clef d'indentification

des rues et des constructions mentionnées dans le texte ou identifiées pour repère. Voir aussi la carte de compilation à la fin du billet.

  • C. - Château d'eau et centrale électrique (aujourd'hui Les Brasseurs du Temps).
  • CP. - Voie du Canadien Pacifique.
  • CPk. - Canada Packers.
  • M. - Pont de la rue Montcalm.
  • MM. - Manège militaire de Salaberry.
  • RB. - Ruisseau de la Brasserie.
  • RLF. - Ruisseau du Lac-des-Fées.
  • RO. - Rivière des Outaouais.
  • S. - Station de pompage (aujourd'hui Théâtre de l'Île).
  • T. - Rue Taylor.
  • W. - Pont de la rue Wright.
    • Fond : Photothèque nationale de l'air (PNA), 1933, A4569, 68 (détail).


Le RLF a été canalisé entre la voie du CP jusqu'à la rue Hanson (rue Front à l'époque) en 1933 ; son embouchure dans le RB n'est pas visible sur les photos. Le quartier traversé par la canalisation a échappé au développement domiciliaire (sauf la rue Front) jusque dans les années 1950.

Enfin, la bétonisation des rives et du lit du RB entre les ponts Wright et Montcalm, menée par le ministère des Travaux publics du Québec, date de 1938.  La motivation première de l'initiative était de donner du travail aux chômeurs de la Grande Crise. Longtemps, j'ai cru que tous les travaux énumérés ci-haut avaient fait partie du même chantier. J'avais tort.

Je suppose que la canalisation du RLF avait été entreprise pour limiter les dégâts causés par les crues. Les chroniques gardent le souvenir des inondations de 1916 et de 1926, en amont de la portion canalisée cependant, à l'ouest du boul. St-Joseph.

Je me repose essentiellement sur des photos aérienne pour bâtir ma chronologie. Ces documents, objectifs et datés, sont plus fiables que les cartes topographiques ou autres, pas toujours bien mises à jour d'une édition à l'autre. Les photos exigent un travail d'interprétation, elles ne fournissent souvent que des dates extrêmes : tel édifice qui y figure en 1942  n'y apparaissait pas en 1937, ce qui laisse une bonne marge. Les sources écrites ne sont pas moins vagues et abondent en « vers l'année 193x » ou en « dans les années 1930... » J'en déduis que je ne suis pas le seul à me débattre avec ce genre de frustrante imprécision. J'ai parfois l'impression que la chronologie du RB est moins bien calibrée que celles des ziggourats mésopotamiennes.

Quant à la seule date documentée dont je dispose - je veux dire corroborée par une source écrite et non pas seulement par une photo -, celle de la bétonisation (ou de la « canalisation par des murets ») du RB entre les ponts Wright et Montcalm par le ministère des Travaux publics en 1938, je vous en donne ici la référence :

Daniel Arbour & Associés, Corridor du ruisseau de la Brasserie : Élaboration d'un plan général d'aménagement : Rapport final, CCN, Ville de Hull, en coll. avec la SAO, Montréal, août 1982.


Les photos mises en ligne ici proviennent de la PNA ; j'ai tiré leurs fichiers du site CARTO.


1933 : canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées.

Le ruisseau du Lac-des-Fées (à gauche du ruisseau de la Brasserie, partie inférieure de la photo) est canalisé entre la voie du CP et la rue Front (points C-C' sur la carte de compilation). Le détail en bas permet de distinguer les tranchées. L'embouchure dans le ruisseau de la Brasserie n'est pas visible. L'île, au sud du pont Montcalm a totalement disparu du ruisseau de la Brasserie ; la rive, réaménagée, permet à la rue Taylor de se prolonger au nord.

 

  • Photothèque nationale de l'air (PNA), 1933, A4569, 68 (détail).






25 sept. 1938 : le béton. 

Le ruisseau de la Brasserie, à sec. Les travaux de bétonisation des rives et du lit, menés sous l'égide du ministère des Travaux publics du Québec, vont bon train.
Une année, un mois, un jour... On sort enfin de l'à peu près.
  • Photothèque nationale de l'air (PNA), A6352-25, 25 sept. 1938 (détail).


Coïncidence amusante...

(Détail de la photo du 25 sept. 1938.) Une canalisation (soulignée en bleu) est visible dans le lit du ruisseau de la Brasserie, depuis le pont Montcalm et le château d'eau jusqu'au boul. Taché. Elle longe la station de pompage et sa trace se perd dans les installation de la E.B. Eddy, au sud du barrage du boulevard. (On peut confondre la canalisation au nord du pont Wright avec l'ombre du muret du canal.)
Je suppose qu'elle faisait partie du réseau d'aqueduc public et qu'elle était reliée au château d'eau. La station de pompage n'était plus en service depuis le début du siècle. 
Pour la coïncidence annoncée, la conduite d'eau...


...la conduite d'eau...

...apparaît aussi sur cette photo prise le 16 sept. 1938 depuis le pont de la rue Wright. Le pont de la rue Montcalm est vaguement visible au fond. Deux documents qui se confirment l'un l'autre, deux photos du même paysage prises le même mois, depuis des points de vue différents... La photo était dans mes archives. J'ignore sa provenance, BAnq ou BAC ou ?... Elle doit être dans le domaine public et je la reproduit sans mention d'auteur et sans scrupule.


Même point de vue, décembre 2022.














Carte de compilation (tirée du billet du 6 déc. 2022).

Document constitué à partir des cartes et des photos reproduites plus haut et d'autres sources. Je ne reprends dans la légende que ce qui concerne le contenu de cet article. Pour la légende entière, voir le billet du 6 déc. 2022.
  • C-C'. - Section canalisée du ruisseau du Lac-des-Fées en 1933.
  • D. - Embouchure originelle du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie.
  • RB. - Ruisseau de la Brasserie.
  • RLF. - Ruisseau du Lac-des-Fées.
  • RO. - Rivière des Outaouais.
  • Ligne tiretée noire. - Cours originel du ruisseau du Lac-des-Fées.
  • Fines lignes pointillées. - Rive originelle du ruisseau de la Brasserie avant le rattachement de l'île à la rive ouest en 1931 et la bétonisation des rives entre les ponts Montcalm et Wright en 1938.
  • Grandes flèches. - Sens de l'écoulement des eaux. (Le ruisseau de la Brasserie est en fait un bras de l'Outaouais (RO) qu'il retrouve au NE de la carte.)
Fond de la carte : Ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Cartes topographiques.

samedi 17 décembre 2022

Hors sujet : le ruisseau du Lac-des-Fées découchait-il ?




Le ruisseau du Lac-des-Fées, à Hull, en 1927.

Le ruisseau dans son lit original, avant les travaux de 1938 qui allaient faire disparaître sa partie aval dans une canalisation souterraine, entre la voie ferrée du Canadien Pacifique et le ruisseau de la Brasserie où il se se jetait (et se jette encore). Le lac des Fées éponyme est à 100 m au NO de la zone photographiée. (L'état actuel du ruisseau, canalisé à partir de la promenade du Lac-des-Fées, à l'ouest du boul. St-Joseph, remonte aux années 1955-1960.)
  • Ombré en bleu : ruisseau du Lac-des-Fées ; route E-O (en bas) : boul. Alexandre-Taché (chemin d'Aylmer à l'époque) ; route N-S (au centre) : boul. St-Joseph ; route coudée (à droite) : rue Montcalm ; arc de cercle à l'est du boul. St-Joseph : voie ferrée du Canadien Pacifique.
    Le ruisseau de la Brasserie est à droite (bande sombre) ; il n'est en réalité qu'un bras de la rivière des Outaouais qu'on entrevoit en bas à droite.
  • Photothèque nationale de l'air (PNA), cliché HA246-76-1927 (détail). 

Suite du billet du 6 déc. 2022.


Le ruisseau du Lac-des-Fées (RLF), à Hull (Gatineau), se jette dans le ruisseau de la Brasserie (RB), c'est un fait établi. Les travaux de canalisation qui ont modifié et enterré sa partie aval au siècle dernier n'ont pas rendu cette vérité caduque. Les cartes ont toujours montré un ruisseau unique coulant dans un « lit simple ». L'ennui, c'est qu'elles ne s'entendaient pas sur le choix du lit. Et si le RLF avait eu une double vie et s'était amusé à découcher d'un lit à l'autre ? Les fées avaient un ruisseau bien volage...

Je m'explique.

Pour plus de détails sur le ruisseau du Lac-des-Fées, son histoire et ses métamorphoses, voir les billets du 6 déc. 2022 et du 14 mai 2022, ainsi que celui du 27 févr. 2022.

Les cartes topographiques du gouvernement du Canada publiées à partir des années 1910 dessinent au RLF une large boucle vers le sud qui le fait remonter vers le nord pour rejoindre le RB. Dans sa trajectoire, le RLF atteint presque le boulevard Alexandre-Taché (voir cartes de 1910 et de 1915). (L'état actuel du ruisseau, canalisé à partir de la promenade du Lac-des-Fées, à l'ouest du boul. St-Joseph, remonte aux années 1955-1960 ; voir la carte de compilation, à la fin du billet.)


Les photos aériennes des années 1920 et 1930 montrent une toute autre chose. Le ruisseau divague au nord de la boucle que lui attribuent les cartes, à l'est de la voie du CP, avant de couler tout droit rejoindre son embouchure. Reporté sur la ville actuelle, il contournerait l'école primaire Pierre-Elliott-Trudeau, rue Murray. On le voit, le RLF hésitait un peu avant de se jeter dans les eaux pas très propres (en ces temps et encore un peu aujourd'hui) du très urbain RB.

Qui a raison, les cartes ou les photos aériennes ? J'aurais tendance à croire les photos, d'autant que les méandres du RLF sont bien du genre que fait tout cours d'eau quand il ne sait plus où trouver une pente descendante.

D'ailleurs, les cartes antérieures me donneraient plutôt raison. 

Jetons un coup d'oeil sur la carte de 1887. On constate, simplification du dessin mis à part, qu'elle est fidèle dans ses grandes lignes à la réalité des photos aériennes. Je pourrais multiplier les exemples. Voyons seulement encore le détail de cette carte du très officiel Rapport Holt de 1915. Même constat. Je pourrais multiplier les exemples, je m'en tiendrai à ces deux seuls.

Le changement dans les cartes s'est opéré subrepticement. À partir d'un certain moment, les cartes topographiques officielles (regroupons-les sous cette appellation) se sont entendues pour prêter au RLF la boucle vers le sud décrite plus haut, absente tant des cartes antérieures que des photos ultérieures. Unanimité qui découle sans doute du fait que ces cartes dépendaient toutes de la même source (sans jeu de mots), le service de cartographie de l'armée (Department of Militia and Defence ou Army Survey Establishment).

J'aimerais comprendre la raison de ce choix topo-cartographique. Si le ruisseau photographié dans les années 1920 et1930 correspond à celui cartographié en 1887 et en 1915, d'où vient le désaccord entre les photos et les cartes à partir des années 1910 ? (Les cartes étant parfois un peu longues à se mettre à jour, la carte de 1910 montrait la section canalisée en 1938 du RLF couler encore à l'air libre dans son édition révisée de 1950.)

Le cours du RLF était-il un secret militaire ? Demandez à la Milice ou à l'Army Survey Establishment. Peut-être avait-il deux lits ? Mais pourquoi toujours n'en dessiner qu'un seul ? Aurait-il été dévié avant d'être canalisé ? Non, pas selon les photos aériennes.

Si, à l'approche du RB, le RLF se partageait entre deux bras, intermittents ou pas, pourquoi les cartes ne montraient-elles toujours qu'un ruisseau unique, suivant son cours d'un seul trait, sans fourche ou saut d'un lit à l'autre ?

La question reste pendante. Mon avis est que le RLF avait deux bras et que les cartes en négligeaient tantôt l'un, tantôt l'autre - et que l'intensité de l'utilisation d'un bras ou de l'autre par le ruisseau a pu varier pour des causes naturelles ou non...)

Non, le ruisseau du Lac-des-Fées ne découchait pas. Simplement, il avait deux lits et on ne le trouvait pas toujours dans le même.


Carte de 1887.

Le ruisseau du Lac-des-Fées dans la fin de son cours avant de se jetter dans le ruisseau de la Brasserie. Dans ses grandes lignes, pour ce qui est du RLF, la carte correspond à ce que montre la photo aérienne de 1927. La plupart des rues que traverse le RLF dans ce détail n'ont eu une existence que sur papier. (Comparez avec les photos aériennes.)
Aylmer Road : boul. A.-Taché ; Brewery Creek : ruisseau de la Brasserie ; Brewery Str. : rue Montcalm ; Columbia Road : boul. St-Joseph.
  • Map of the City of Ottawa, P. Ontario, and the City of Hull, P. Quebec, and Their Adjacent Suburbs. Compiled by John A. Snow and Son, Provincial Land Surveyors and C.E.ng's from Personal Surveys and Official Records. Scale 660 Feet to One Inch (1887).


Détail d'une carte du Rapport Holt (1915). 

Le RLF est soulignée en bleu ; le ruisseau de la Brasserie (à droite) et la rivière des Outaouais (en bas) sont ombrées en bleu pâle. Comparez avec la carte de 1887 et la photo aérienne de 1927.





Carte topographique de 1910 (rév. en 1923-24, 1948 et 1950). 

Le ruisseau du Lac-des-Fées dessine une large boucle avant de se jeter dans le ruisseau de la Brasserie, sans méandres ni détours. Étrange. A-t-il modifié son lit tel qu'il était en 1887 (carte) avant pour le retrouver en 1927 (photo) ?
  • Department of National Defence - Army Survey Establishment. Sheet 31G/5 East Half - Fifth Edition. Original survey 1910. (Resurveyed, compiled, drawn and printed by the Army Survey Est. RCE, 1923-24. Partial revision 1948, with aerial photography by the RCAF. Converted from the fourth edition of the 1:63360 map to 1:50000 by the A.S.E. 1950.)




Carte des sols de 1915. 

(Oublions la signification géologique de la carte.) Même chose que pour la carte de 1910. Le lac des Fées (Fairy Lake) est à gauche. 
  • W.A. Johnston, 1915 – Ottawa, Carleton and Ottawa Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, Carte géologique polychrome 1662, 1 feuille (1/63 360). (Based on a map published by the Department of Militia and Defence.)


 

Le ruisseau du Lac-des-Fées en 1938.

À droite, le ruisseau de la Brasserie, à sec pour les travaux de bétonisation qui vont bon train. L'île au sud du pont de la rue Montcalm, visible sur les cartes et la photo de 1927, avait déjà été rattaché à la rive ouest en 1931. On distingue vaguement les méandres du bras nord du ruisseau du Lac-des-Fées au centre de la photo ; l'autre bras se devine (?) à la bordure du boisé, au sud. Les lignes droites blanches représentent les travaux de canalisation en cours du RLF à l'est de la voie ferrée du CP. **(Je reviendrai sur cette photo dont j'ai obtenu un fichier plus détaillé. [Ajout 21 déc. 2022.])**
  • Photothèque nationale de l'air (PNA), cliché A6352-25, 25 sept. 1938.




Carte de compilation (tirée du billet du 6 déc. 2022 ; version du 21 déc. 2022).

Document constitué à partir des cartes et des photos reproduites plus haut et d'autres sources. Voir le billet du 6 déc. 2022 pour plus de détails.
  • A-B. - Section artificielle (à l'air libre) du ruisseau du Lac-des-Fées (vers 1955-1960).
  • B. -  Entrée du ruisseau dans sa canalisation souterraine actuelle (depuis ca 1960).
  • B-E. - Canalisation souterraine actuelle du ruisseau du Lac-des-Fées. (Le trait bleu qui relit ces deux points figure sur la carte originale et n'appartient pas aux ajouts.)
  • C-C'. - Section canalisée du ruisseau du Lac-des-Fées en 1933.
  • D. - Embouchure originelle du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie.
  • F. - Canalisation d'où se déverse actuellement l'eau du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie. 
  • PLF. - Promenade du Lac-des-Fées (inaugurée en 1955).
  • RB. - Ruisseau de la Brasserie.
  • RLF. - Ruisseau du Lac-des-Fées.
  • RO. - Rivière des Outaouais.
  • Ligne tiretée. - Cours originel du ruisseau du Lac-des-Fées. La branche nord, qui apparaissait sur les cartes municipales et les photos aériennes, était omise des cartes topographiques.
  • Ligne tiretée E-F. - Canalisation supposée (trajet hypothétique pour démonstration). 
  • Fines lignes pointillées. - Rive originelle du ruisseau de la Brasserie avant le rattachement de l'île à la rive ouest en 1931 et la bétonisation des rives entre les ponts Montcalm et Wright en 1938.
  • Grandes flèches. - Sens de l'écoulement des eaux. (Le ruisseau de la Brasserie est en fait un bras de l'Outaouais (RO) qu'il retrouve au NE de la carte.)
Fond de la carte : Ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Cartes topographiques.

mardi 6 décembre 2022

Hors sujet : canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées (révisé)


Photo 1. 

Déversement à gros bouillons des eaux du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie par une canalisation, au nord de l'ancien château d'eau de la rue Montcalm, maintenant occupé par les Brasseurs du Temps (à l'arrière-plan) ; point F de la carte 1. Hull (Gatineau), 19 oct. 2022.



Ce texte a un suite dans le billet du 17 déc. 2022.


Dans mon billet du 14 mai 2022, j'affirmais comme une vérité évidente en soi que la section canalisée sous terre du ruisseau du Lac-des-Fées (RLF) débouchait dans le ruisseau de la Brasserie (RB) au nord de la rue Montcalm (point F de la carte 1), derrière l'ancien château d'eau de la ville de Hull, maintenant occupée par les Brasseurs du Temps.

J'apporterais ici une correction, ou disons une nuance à cette affirmation peut-être trop carrée. D'après la carte du réseau hydrographique du ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec (carte 1), la partie canalisée du RLF emprunte une ligne droite depuis le sud de la promenade du Lac-des-Fées (PLF) (point B de la carte) et rejoint le RB quelque 100 m au sud de la rue Montcalm (point E). Or, il n'y a aucun indice qu'une canalisation ne débouche à cet endroit pour y déverser son contenu (photo 3). Il faut donc supposer qu'une branche secondaire de la canalisation se dirige vers le nord à partir du point E et qu'elle amène les eaux du RLF se jeter dans le RB au point F, au nord de la rue Montcalm (photos 1 et 2).

L'existence d'un embranchement entre les points E et F est hypothétique et le trajet que je lui donne sur la carte 1, tout aussi hypothétique, n'a été tracé que pour démonstration. Le trajet réel est sans doute différent. Mais, sans cet embranchement, il est impossible de réconcilier la carte du gouvernement du Québec avec la réalité physique : de l'eau s'écoule bel et bien en abondance dans le RB par une canalisation au point F, photos 1 et 2 à l'appui, appui renforcé par les dires d'une personne bien renseignée qui a effectué des recherches sur l'histoire, la faune et la flore du RB. Cette personne m'a assuré que la canalisation qui débouche au nord du château d'eau sur la rive ouest du ruisseau constitue bien l'embouchure réaménagée du RLF.

Photo 2. 

Triste façon de finir pour un ruisseau... ; point F de la carte 1. Hull (Gatineau), sept. 2011.) 


Les travaux touchant le RLF se sont faits en deux étapes, d'abord en 1933 (points C-C'), puis vers 1955-1960, en lien avec la construction de la PLF (points B-E). La deuxième étape a été la plus radicale, on le verra. La bétonisation des rives du RB entre les ponts Montcalm et Wright en 1938 n'est associée à aucune de étapes de la transformation du RLF, contrairement à ce que je croyais et à ce que j'écrivais dans la première version de ce billet. Du moins, pas d'une façon qui serait visible sur les cartes et les photos aériennes, bases de ma documentation. (Paragraphe refondu le 21 déc. 2022.)

Ma carte 1 compile sur un fond moderne les métamorphoses qu'a connu le RLF dans la partie aval de son cours, avant qu'il ne se jette dans le RB.

Mais, mais...,

...mais, à l'examen de la carte, il n'échappera pas aux regards attentifs qu'il est difficile de concevoir comment on a pu passer de la canalisation de 1933 qui s'éloignait beaucoup moins du cours original du RLF (points C-C') à la canalisation actuelle, tout à fait rectiligne (points B-E) et qui remonte plus en amont que celle de 1933. La nouvelle canalisation ne réutilise aucune des sections de l'ancienne, elle n'a pas le même point de départ (il est plus en amont) ni le même point d'arrivé au RB (il est plus au nord). Détail d'ordre topographique, du point B au point F, la dénivellation est d'environ 13 m (de 58 m à 45 m d'altitude). 

Pour établir la canalisation actuelle, il aura fallu passer sous les rues à l'ouest du boul. St-Joseph et sous le boulevard lui-même. (Le secteur à l'est du boulevard, demeuré longtemps une zone industrielle à occupation moins dense, ne posait pas ces obstacles). 

Si quelqu’un à la Ville pouvait nous nous en dire plus...

Cette suite de deux billets sur la canalisation du RLF repose avant tout sur l'examen de documents cartographiques (cartes topographiques de préférence) et de photos aériennes. Les cartes ne sont pas toujours aussi fiables qu'on le voudrait et les photographies enregistrent des détails omis par les cartographes, mais qu'il faut savoir interpréter. Autre limite de la documentation, la publication espacée de plusieurs années des mises à jour des cartes ne permet pas de dater précisément les changements survenus entre deux éditions.

Dans ma jeunesse, j'ai souvent entendu parler d'enfants qui se seraient noyés autrefois dans le RLF. Ces drames, avec les inondations printanière que le ruisseau causait dans le quartier St-Jean-Bosco, auraient été l'une des raisons qui ont entraîné sa canalisation. Les chroniques gardent le souvenir des inondations de 1916 et de 1926 entre les points A et B et le boul. St-Joseph.


Billets à consulter

  • Chronologie du ruisseau de la Brasserie : billet du 25 août 2017.



Photo 3. 

La canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées devrait déboucher dans le ruisseau de la Brasserie au sud (à gauche) des escaliers à droite de la photo (point E de la carte 1). Je n'ai trouvé aucun indice laissant soupçonner à cet endroit un apport d'eau dans le ruisseau de la Brasserie. Il faut supposer que la canalisation emprunte un coude qui l'amène déboucher dans le ruisseau au nord de la rue Montcalm (point F et photos 1 et 2). (19 oct. 2022.)



 

Carte 1. (Version 21 déc. 2022)

Carte constituée à partir de cartes et de photos aériennes datant de la première moitié du XXe s. Les documents ne concordent pas toujours entre eux et leur ajustement sur la carte moderne n'est jamais parfait non plus. Sauf minimes ajustements qu'il resterait à faire, le résultat est cependant fiable*.

  • A-B. - Section artificielle (à l'air libre) du ruisseau du Lac-des-Fées (vers 1955-1960).
  • B. -  Entrée du ruisseau dans sa canalisation souterraine actuelle (depuis ca 1960).
  • B-E. - Canalisation souterraine actuelle du ruisseau du Lac-des-Fées. (Le trait bleu qui relit ces deux points figure sur la carte originale et n'appartient pas aux ajouts.)
  • C-C'. - Section canalisée du ruisseau du Lac-des-Fées en 1933.
  • D. - Embouchure originelle du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie.
  • F. - Canalisation d'où se déverse actuellement l'eau du ruisseau du Lac-des-Fées dans le ruisseau de la Brasserie. 
  • PLF. - Promenade du Lac-des-Fées (inaugurée en 1955).
  • RB. - Ruisseau de la Brasserie.
  • RLF. - Ruisseau du Lac-des-Fées.
  • RO. - Rivière des Outaouais.
  • Ligne tiretée. - Cours originel du ruisseau du Lac-des-Fées. La branche nord, qui apparaissait sur les cartes municipales et les photos aériennes, était omise des cartes topographiques*.
  • Ligne tiretée E-F. - Canalisation supposée (trajet hypothétique pour démonstration). 
  • Fines lignes pointillées. - Rive originelle du ruisseau de la Brasserie avant le rattachement de l'île à la rive ouest en 1931 et la bétonisation des rives entre les ponts Montcalm et Wright en 1938.
  • Grandes flèches. - Sens de l'écoulement des eaux. (Le ruisseau de la Brasserie est en fait un bras de l'Outaouais (RO) qu'il retrouve au NE de la carte.)
* Les désaccords entre les documents sur le tracé du lit du ruisseau du Lac-des-Fées ou sur l'existence d'une second bras feront l'objet d'un prochain billet (et d'une nouvelle carte). Voir billet du 17 déc. 2022.
 
Fond de la carte : Ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Cartes topographiques.




Carte 2. - Image satellite

Le point B correspond au point E de la carte 1 ; le point C, à son point F ; BT : Brasseurs du Temps, ancien château d'eau et centrale électrique du barrage, rue Montcalm. Le triangle qui s'avance dans le ruisseau de la Brasserie au nord du point B : escaliers visibles sur la photo 3.

samedi 14 mai 2022

Hors sujet : ruisseau du Lac-des-Fées (Ajout)

Billet pondu pour répondre aux questions d'un correspondant sur la lieu-dit la Babine et la canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées (Hull, Gatineau). (Voir le billet du 27 févr. 2022, « Hors sujet : retour à l'escalier de la Babine », et suivre les liens.) Le ruisseau du Lac-des-Fées prend sa source au lac du même nom et coule vers le sud avant de dévier son cours vers l'est pour se jeter dans le ruisseau de la Brasserie (voir première des trois cartes). La partie aval du ruisseau du Lac-des-Fées a été canalisée sous terre de proche en proche à partir de son embouchure en remontant vers l'amont.

Billet retouché le 16 mai 2022. Il y a aussi une suite : billet du 6 déc. 2022.

Chronologie (voir les cartes pour complément d'information)

1938. - Bétonisation du ruisseau de la Brasserie au sud de la rue Montcalm (ministère des Travaux publics). La partie aval de son affluent, le ruisseau du Lac-des-Fées, est canalisée sous terre et son embouchure est reportée du sud de la rue Montcalm jusque derrière le château d'eau, au nord de la même rue*. Source : billet du 25 août 2017, « Ruisseau de la Brasserie : chronologie ».

* Une personne bien renseignée m'a assuré que la canalisation qui débouche au nord du chateau d'eau sur la rive gauche (ouest) du ruisseau de la Brasserie est bien l'embouchure réamnénagée du ruisseau des Fées. 

Ajout (30 nov. 2022). - J'apporterais une correction, ou disons une nuance au contenu du paragraphe ci-haut. D'après la carte du réseau hydrographique du gouvernement du Québec, la partie canalisée du ruisseau du Lac-des-Fées court en ligne droite sous terre depuis le sud de la promenade (voir les deux paragraphes suivants) et rejoignent le ruisseau de la Brasserie 100 m au sud de la rue Montcalm. Or, il n'y a aucun indice d'un déversement d'eau à cet endroit. Je suppose que la canalisation comporte une branche secondaire à partir de ce point et qu'elle amène les eaux déboucher dans le ruisseau de la Brasserie au nord de la rue Montcalm. Billet à venir sur la question.

1955. - Construction de la promenade du Lac-des-Fées par la Commission du district fédéral (devenue la Commission de la capitale nationale), ouverte à la circulation le 17 juin 1955. (Sources : Claude Devault et Raymonde Devault, « C'était avant, dans le secteur Laramée... », Hier encore, no 13, 2021, p. 6-10 ; Claude Devault, comm. pers., mars 2022.) 

Le ruisseau du Lac-des-Fées coupait la promenade et coulait encore à l'air libre jusqu'à la voie ferrée du CP, à l'est du boul. Saint-Joseph (voir deuxième carte, datant de 1956-58). 

Vers 1960. - Situation actuelle, avec le ruisseau dévié et canalisé sous la promenade. (Je ne peux pas être plus précis pour le moment.) Il faut noter que la partie du ruisseau entre le petit pont et son entrée dans la canalisation est artificiel. Le ruisseau passait plus à l'est à l'origine, de l'autre côté de la promenade. Voir le billet du 26 oct. 2020 sur le sujet. 


Évolution de la canalisation du ruisseau du Lac-des-Fées.

Voir « Ajout » sur le trajet souterrain du ruisseau du Lac-des-Fées dans la section « Chronologie » plus haut.

Les flèches rouges pointent la source du ruisseau du Lac-des-Fées et la fin de son parcours à l'air libre (originellement jusqu'à son embouchure dans le ruisseau de la Brasserie). Le X rouge indique l'emplacement du château d'eau, rue Montcalm. 

En haut (1931). - Compiled, drawn and printed at the office of the Surveyor General, 1931. Reprinted at the office of the Surveyor General ans Chief, Hydrographic Service, Ottawa, 1939. Produced from information supplied by the Department of National Defence and air photographs by the R.C.A.F. (Détail)

Le ruisseau du Lac-des-Fées, encore à l'état naturel, coule à l'air libre à partir du lac éponyme (Fairy L.) jusqu'au ruisseau de la Brasserie (Brewery Creek). L'île dans le ruisseau de la Brasserie au sud de laquelle le ruisseau du Lac-des-Fées débouche a été supprimée par les travaux des années 1930 (voir « Chronologie »).

Au centre (1956-58). - Surveyed, compiled, drawn and printed by the Army Survey Establishment, R.C.E. 1922-24. Revised, drawn and printed by the A.S.E. 1956-58. Aerial photography by the R.C.A.F. 1955. (Détail)

Le ruisseau du Lac-des-Fées est canalisé sous terre en aval de la voie ferrée du CP depuis les travaux des années 1930 au ruisseau de la Brasserie. La promenade du Lac-des-Fées (à gauche du mot « Wrigthville »), inaugurée en 1955, coupe le ruisseau.

En bas (1975). - Direction des Levés et de la Cartographie, min. de l'Énergie, des Mines et des Ressources. Mise à jour à l'aide de photographies aériennes prises en 1975. Vérification des ouvrages en 1975. Renseignements à jour en 1975. (Détail)

Situation actuelle qui prévaut depuis env. 1960. Le ruisseau du Lac-des-Fées entre dans sa canalisation souterraine à partie d'un point à l'ouest de la promenade.

dimanche 27 février 2022

Hors sujet : retour à l'escalier de la Babine

Photo no 1. - L’escalier de la Babine, au sud de la promenade du Lac-des-Fées, à Hull (Gatineau) en 1971. Merci à Donald Legault, l'auteur de cette photo, qui m'a permis de la reproduire ici, ainsi qu'à son cousin Alain Lamothe qui nous a mis en contact. 

La photo montre l’escalier et le pont de la Babine ainsi que le ruisseau du Lac-des-Fées (sous la neige) en 1971. L'escalier est dans l'état qu'il avait avant que les vandales (ou des ostrogoths ?) s'emploient à le défaire planche par planche...

Photo 1971 © Donald Legault (j’ai accentué le contraste).


Photo no 2. - Le même endroit, en octobre 2020 : le seuil en calcaire et les piliers en béton sont les seuls vestiges de l'escalier. Le petit pont, toujours existant, se trouve tout en bas (hors cadre). Les deux photos ont été prise sur la rue Boucherville qui longe l'escarpement de la promenade du Lac-des-Fées. 


J'ai publié plusieurs billets à la fin de 2020 sur le lieu-dit « la Babine », au sud de la promenade du Lac-des-Fées, à Hull (Gatineau). Les informations nouvelles continuant à s'accumuler après leur mise en ligne, j'ai dû rédiger plusieurs ajouts et rectificatifs, ce qui ne contribue pas à leur lisibilité. Une synthèse serait maintenant nécessaire. Elle viendra.

Billets sur la Babine

Le but de mes recherches était d'arriver à connaître l’histoire de l’escalier de bois qui a existé autrefois sur l'escarpement au sud de la promenade du Lac-des-Fées. Au pied des marches, un petit pont enjambait (et enjambe toujours) le ruisseau qui donne son nom à la promenade.

L’escalier reliait la promenade à la croix de Val-Tétreau (voir billet du 26 oct. 2020, lien plus haut), au sommet de l’escarpement, à l'extrémité nord de la rue Boucherville. Le pont, sans l’escalier, n’a plus vraiment d’utilité et conduit maintenant à un escarpement boisé très abrupt.

L'un des points que mes recherches ont permis d'établir est l'année de la construction du pont et, sans doute, de l'escalier ; 1965 (billet du 17 déc. 2020). L'escalier n'existait plus au moins en 1990 ou bien n'était plus pratiquable (souvenir personnel). Il avait été laissé à l'abandon et aux vandales qui avaient entrepris leurs déprédations dès les années 1970. Je ne peux préciser quand on a cessé de réparer leurs dégâts au fur et à mesure ni quand l'escalier, devenu inutilisable, a été démoli. La promenade et ses installations, pont et escalier, appartiennent à la Commission de la capitale nationale (CCN), laquelle, consultée, n'a pu me fournir aucun renseignement potable.

Du nouveau sur la Babine

Long préambule pour vous présenter du nouveau sur le site de la Babine. M. Alain Lamothe et Donald Legault, deux cousins qui ont grandi dans les rues du quartier Saint-Jean-Bosco au pied de la Babine, m'ont transmis des commentaires et des documents (photos nos 1 et 3) de première main. Je les remercie grandement d'avoir pris la peine de me joindre.

La source de la Babine.

Selon Donald Legault, « la Babine » était le nom de la source naturelle à mi-chemin du flanc de l'escarpement ; dans les années 1950, des familles allaient y puiser de l'eau de Pâques pour la faire bénir. L'escalier, toujours selon M. Legault, a été construit dans les années 1960 immédiatement au sud de la source.

Mes remarques. - Dans ma jeunesse (1965 et après), la Babine, c'était le nom de l’escarpement au nord de la rue Boucherville, avec la croix, l’escalier en bois, le petit pont et le ruisseau dans la plaine. Une telle appellation informelle peut avoir une extension assez floue. J'ai un vague souvenir de la source. Je crois avoir bu de son eau sans en avoir ressenti de malaise ou d’effet miraculeux. J'ignore si elle coule encore.

Photo no 3. - Document fourni par Donald Legault ; le 2, rue Graham (voir la carte plus bas). 
Photo no 4. - La même adresse en 2019, d'un angle différent (saisie d'écran Google). Le ruisseau a été canalisé sous terre (voir la carte).



 

Ski ou glissades ?

Des témoignages publiés dans mon billet du 17 déc. 2020 parlent d’une pente de ski au sud de la Babine. Selon M. Legault, on trouvait au temps de sa jeunesse (1950-1960) une piste abrupte large de 10 pieds à travers les bois de l'escarpement au sud de la rue Boucherville ; elle débouchait dans la plaine à la hauteur des rues Chatelain (aujourd’hui René-Roger) et Graham. Cependant, la piste ne servait qu'à la glissade, M. Legault n'a jamais vue quiconque y faire du ski.

Mes remarques. - De mon temps (années 1960-1970), le seul endroit où il était possible de glisser sur l'escarpement était au sud de la rue Boucherville, par un sentier (maintenant obstrué) qui pourrait correspondre à la piste de M. Legault. L’escarpement était moins haut et moins abrupt à cet endroit qu’à l'escalier.

Pour ce qui est du ski, les témoignages que je cite dans mon billet du 17 déc. 2020 sont formels, mais j'y explique bien que le secteur au sud de la Babine n’est pas adaptée à la pratique du ski (pas plus que la Babine elle-même, avec ou sans l'escalier). Je ne peux écarter aucun témoignage, même lorsqu'il en contredit d'autres, l'un de mes précédents correspondant affirmant même que la Babine devait son nom à une bosse en forme de lèvre au bas de la glissade au sud de la rue  Boucherville. Le nom de Babine a peut-être suscité des explications diverses pour justifier son origine...


Photo no 5. - Le pont de la Babine, sur le ruisseau du Lac-des-Fées. Photo oct. 2020.
 

Canalisation

Du temps de la jeunesse de MM. Lamothe et Legault, le ruisseau, venant du Lac-des-Fées, au nord, coulait à ciel ouvert entre les maisons des rues Duquesne et Graham avant de suivre un cours canalisé souterrain à partir du 2, rue Graham, près du boul. Saint-Joseph.

Mes remarques. – Ceci correspond aux cartes et photos que j’ai publiées dans mes billets précédents. La canalisation souterraine du ruisseau à l'est de la promenade telle qu'on la connaît aujourd'hui était effective au moins en 1960 (billet du 26 oct. 2020). Notez que toute la partie du ruisseau sur laquelle est construit le petit pont est artificielle (voir carte). À la fin de son parcours, le ruisseau se jette dans le ruisseau de la Brasserie, à l'est. Les débuts de la canalisation sousterraine du tronçon de son embouchure remontent à 1938 (voir le billet du 25 août 2017).


Photo no 6. - La croix lumineuse (la nuit, du moins) de Val-Tétreau, sur le plateau au sommet de l'escarpement. Photo oct. 2020.
 

Cégep(s)

« J'ai connu la Babine début des années 70 étant étudiant au cégep. [Le cégep était alors situé au sommet de la côte de Taché, là ou est aujourd'hui l'UQO.] J'habitais au Parc-de-la-Montagne et on faisait du pouce au coin de Cité-des-Jeunes et Gamelin pour aller à nos cours. On se faisait déposer à la Babine, certaines voitures ne poursuivant pas la route sur Scott, car il n'y avait pas de virage à gauche [sur Taché]. Ils viraient à gauche sur Graham. Pour le retour, ils empruntaient le sens unique sur Duquesne. C'est à cet endroit qu'on se plaçaient pour le retour à la maison, via la Babine et son escalier. Donc pour moi la Babine était plus un raccourci pour éviter Scott et Taché. » (Alain Lamothe)

Mes remarques. - J'ai aussi fait du pouce pour aller au cégep, celui de la Cité-des-Jeunes, en 1976-78, faisant le parcours à rebours de M. Lamothe. J’habitais en effet face à l’ancien cégep, l'UQO actuelle. J'empruntais aussi le raccourci par la Babine. Il m'est impossible de me souvenir avec exactitude de l'état de l'escalier à cette époque. Il me semble bien qu'il arrivait déjà avant ces années que des marches, des planches du garde-fou ou des sections entières de l'escalier manquent. Mes souvenirs sont malheureusement assez flous.  

Pour conclure

Encore merci à mes deux correspondants. Petit à petit, l'histoire de la Babine se dévoile. La question centrale est : pourquoi a-t-on construit un escalier qui ne servait à rien puisqu'on l'a très tôt laissé à l'abandon une fois achevé. (La réponse facile, « on l'a construit pour mener à la croix de Val-Tétreau » ne tient pas. La croix date de 1950, le pont et l'escalier de 1965 ; la croix est sur un terrain relevant de la Ville, l'escalier et le pont, de la CCN ; la croix est toujours là, l'escalier, non.)

Qui me dira le fin mot de cette histoire ? 

Carte (1952) annotée du secteur de la Babine


Insurance plan of the city of Hull, Que. Toronto ; Underwriters' Survey Bureau Limited, 1952, 49 pl. en coul. [pl. 28], 1: 600, BAnQ, Centre d'archives de l'Outaouais, P1000,S2,D4, 0003820664. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2247012.  

Légende des retouches

BABINE X : source de la Babine (approx.).
E (ligne pointillée rouge) : escalier (1965 ?), détruit depuis 1990 (?) (photos nos 1 et 2).
et rectangle rouge : pont de la Babine (1965) (photos nos 1 et 5).
et Croix : croix lumineuse de Val-Tétreau (1950) (photo no 6).
Lignes rouge pleines : promenade du Lac-des-Fées (était terminée en 1957).

Le point noir sépare les tronçons 2, 3 et 4 du ruisseau du Lac-des-Fées :
2 (ligne tiretée bleue) : section abolie du ruisseau du Lac-des-Fées après la construction de la promenade.
3 (ligne bleue pleine) : cours original du ruisseau du Lac-des-Fées, conservé jusqu'à aujourd'hui.
4 (ligne bleue pleine) : tronçon artificiel du ruisseau aménagé pendant ou après la construction de la promenade et disparaissant dans une canalisation souterraine (en 7).
5 : 2, rue Graham (photos nos 3 et 4) ; endroit où le ruisseau entrait dans une canalisation souterraine.
6 : sentier et site de glissades (aujourd’hui condamné).
7 : endroit où le ruisseau disparait depuis au moins 1960 dans une canalisation souterraine.
? : le cours du ruisseau du Lac-des-Fées apparaît erroné sur ce tronçon (*). Suivre plutôt les tronçons  ajoutés (nos 2 et 3).
Rue Boucherville : elle longe l'escarpement boisé au pied duquel coule le ruisseau du Lac-des-Fées.
Ligne pointillée grise : escarpement boisé à l'est de la rue Boucherville.

* Selon les documents utilisés pour les annotation de la carte, principalement des photos aériennes publiées dans les billets précédents sur la Babine), 

SSL : sanatorium Saint-Laurent, aujourd'hui CH Pierre-Janet.
CMY : collège Marguerite d'Youville (sœurs grises), site de l'actuel pavillon Alexandre-Taché de l'UQO.
Certaines parties de rues vides de constructions sous le ruisseau et la promenade n'ont existé que sur plans.


vendredi 9 juillet 2021

Sauvegardons le Corridor Champlain ! Lettre ouverte

(Cette carte ne faisait pas partie de la lettre ouverte adressée au maire de Gatineau, Maxime Pedneault-Jobin, et à d'autres personnalités politiques ou du monde administratif et dont le contenu est reproduit plus bas. Voir SUITE dans le billet du 15 juillet 2021.) 





Carte de Hull-Ottawa, 1957 (détail)
Cliquer sur la carte pour l'afficher plus grand.

Légende

Vert foncé. - Parcs fédéraux et municipaux, terrains de jeux et parterres des édifices publics.
Vert pâle (texturé). - Centres récréatifs privés [dont les terrains de golf].
Vert kaki. - Emplacements fédéraux.
Lignes pointillées rouge ou orange. - Prolongements projetés du réseau routier.

Mes annotations (en bleu)
BA et ligne bleue épaisse. - Boul. des Allumettières actuel, à l'ouest de la prom. de la Gatineau.
CÉC et ligne bleue mince. - Corridor écologique Champlain.
MT. - Manoir-des-Trembles (Birch Manor à l'époque).
PC. - Actuel quartier résidentiel du Parc Champlain.

Carte : Commission du District fédéral, Service de l’information, La capitale nationale : plan d’Ottawa et des environs et du parc de la Gatineau. Édition 1957 (détail). La CDF est l'ancêtre de la Commission de la capitale nationale (CCN).

Commentaires

Ce qui est intéressant, c'est que le boul. des Allumettières (BA) semble éviter complètement la ceinture verte (vert foncé) où devait justement passer une autoroute, la Hull South Parkway, jamais construite. Le trajet du Parkway prenait soin de contourner les terrains de golf (vert pâle) et le quartier résidentiel de l'actuel district du Manoir-des-Trembles (MT), Birch Manor à l'époque.
 
Le Corridor écologique Champlain (CÉC) se restreint à la section de la ceinture qui devait accueillir le tronçon N-S de la Hull South Parkway. Le développement de l'actuel quartier résidentiel du parc Champlain (PC et ligne tiretée bleue), s'est fait à l'ouest de la ceinture, sans empiètement.

Il est piquant de constater, presque 70 ans après la publication de cette carte, que l'abandon du projet de la Hull South Parkway a permis la conservation de la ceinture verte qu'elle devait traverser et, par conséquent, a permis le développement du Corridor écologique Champlain

Une autoroute qui accouche d'un sentier écologique, amusant !

Coincé entre des routes, des quartiers résidentiels et des terrains de golf, le Corridor écologique Champlain est l'aboutissement d'un plan d'urbanisation qui a capoté en cours de route... Si vous avez des détails quant à ce Hull South Parkway et son abandon, communiquez-les-moi.

Pour plus d'informations (et de jolies photos), voyez les Amis de la forêt du corridor Champlain sur Facebook (où je ne suis pas).


Sauvegardons le Corridor Champlain ! (lettre ouverte)

 

Monsieur Maxime Pedneault-Jobin

Maire de la Ville de Gatineau


Bonjour Monsieur le Maire,

J’ai appris avec consternation que le Sentier de la forêt du corridor Champlain (appelé aussi Corridor écologique Champlain) figurait parmi les sites considérés pour la construction du futur hôpital de Gatineau. Le Corridor Champlain est un véritable paradis dans la ville, un morceau de forêt où il fait bon marcher, où l’on peut se détendre et goûter un moment à l’impression de se retrouver en pleine nature.

Précisons que le terrain du Corridor Champlain appartient à la Commission de la capitale nationale. Le sentier est intégré au réseau de pistes cyclables de la région.

La disparition du Sentier de la forêt du corridor Champlain, même pour la bonne cause – la construction d’un hôpital réclamé par la population de Gatineau depuis longtemps –, serait une perte sans remède, la destruction de quelque 150 000 mètres carrés de forêt. Est-il nécessaire de rappeler la nécessité des espaces verts dans une ville ? Faut-il redire que l’un des principaux attraits de Gatineau est justement l’accessibilité qu’elle offre à de tels espaces préservés du développement urbain ?

Il y aurait jusqu’à quatorze terrains considérés pour la construction de l’hôpital selon les médias. Sauf erreur de ma part, seuls deux seraient connus du public ; outre, bien entendu, celui du Corridor Champlain, il y aurait celui du parc industriel du ruisseau de la Brasserie, au sud du boulevard Montclair. Un site comme ce dernier, qui a déjà subi en deux siècles tout ce que l’urbanisme peut infliger à un terrain – carrières, industries, entrepôts, voies ferrées, dépotoir à neige, autoroute, etc. – ne risque plus d’être abîmé, c’est chose faite. Le choix de ce terrain obligerait à décontaminer le sol, bien sûr, ce qui en soi, serait déjà une excellente initiative.

Mais je ne plaide pas pour la construction de l’hôpital au parc industriel du Ruisseau, même si sa proximité du couloir du Rapibus et des axes routiers principaux (boul. des Allumettières, autoroutes) le rend très attrayant.

Je propose seulement que nous construisions l’hôpital sur un terrain déjà urbanisé et asphalté ; le patrimoine naturel de la Ville ne sera pas affecté et le tissu urbain sera utilisé à meilleur escient, bonifié même. N’étalons pas la Ville au détriment de ses espaces verts.

Il faut épargner le Corridor Champlain. C’est un milieu naturel de toute beauté, miraculeusement préservé jusqu’ici. Soyons aux petits soins avec ce qu’un intervenant a déjà qualifié « d’hôpital vert ». Le Corridor Champlain a déjà tellement contribué à notre santé mentale et physique, et ce gratuitement, sans salle d’urgence, sans liste d’attente et sans médicaments.

Laissons-le remplir sa bienfaisante vocation.

Veuillez recevoir, Monsieur le Maire, mes plus cordiales salutations.

Henri Lessard

Gatineau, district de Hull-Wright,

c.c.

  • Monsieur Jocelyn Blondin, conseiller municipal, district du Manoir-des-Trembles-Val-Tétreau, Gatineau
  • Monsieur Mike Duggan, conseiller municipal, district de Deschênes, Gatineau
  • Madame Maude Marquis-Bissonnette, conseillère municipale, district du Plateau, Gatineau
  • Monsieur Cédric Tessier, conseiller municipal, district de Hull-Wright, Gatineau
  • Monsieur François Bonnardel, ministre des Transports, Québec
  • Monsieur Benoit Charrette, ministre de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Québec
  • Monsieur Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux
  • Monsieur Mathieu Lacombe, ministre de la Famille, Québec, ministre responsable de la région de l'Outaouais
  • Madame Maryse Gaudreault, députée de Hull à l’Assemblée nationale
  • Monsieur André Fortin, député de Pontiac à l’Assemblée nationale
  • Madame Josée Filion, présidente-directrice générale, Centre intégré de santé et des services sociaux de l'Outaouais
  • Monsieur Daniel Primeau, membre du conseil d'administration et président-directeur général, Société québécoise des infrastructures
  • Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) de l'Outaouais 
  • Monsieur Greg Fergus, député de Hull-Aylmer, Chambres des Communes
  • Monsieur Tobi Nussbaum, premier dirigeant, Commission de la capitale nationale, Ottawa