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lundi 30 juillet 2018

Site glaciaire de Cantley


Version française.

Version anglaise.


Geodoxa, dont j'ai déjà parlé dans ce blogue (billet du 10 oct. 2016), a mis en ligne un nouveau vidéo sur le site glaciaire de Cantley, au nord de Gatineau (versions française et anglaise ; voir aussi mon billet du 11 nov. 2009).

La vidéo est la plus complète de celles de Geodoxa sur ces marbres sculptés par des courants d'eau sous le glacier. Elle a été réalisée en vue d’une excursion menée par Dave Sharpe et Hazen Russell qui aura lieu le 9 août dans le cadre du 

CANQUA/AMQUA 2018Joint meeting of the Canadian and American Quaternary Associations​Crossing borders in the Quaternary7-11 août 2018, Ottawa


J'ai souvent cité les noms des glaciologues Dave Sharpe et de John Shaw dans mon blogue. Ont peut retrouver les billets concernés en suivant ces liens Sharpe et Shaw. (Les deux liens conduisent grosso modo aux mêmes articles ; la recherche par patronyme a pu mener à des homonymes.)

J'ai été peiné d'apprendre récemment par le site Geodoxa le décès du glaciologue J. Shaw (en anglais) :



vendredi 27 janvier 2017

Photogénique marbre de Cantley


Photo © Richard Perron, 2016
Marbre sculpté de Cantley (QC), photo © Richard Perron, déc. 2016.
Le marbre a été creusé par un torrent qui s'écoulait sous la glace lors de la dernière glaciation. L'eau s'écoulait du nord (droite) vers le sud (gauche). Un obstacle résistant dans le marbre (inclusion silicieuse au dessus de l'appareil photo) a fait obstacle au courant et a préservé de son action érosive une bande de roche à son aval.

Billets sur le même sujet


Pour en savoir et en voir plus sur Richard Perron et son travail :
E-Portfolio : RichardPerron.ca
Photos : www.flickr.com/perronr
www.facebook.com/RichardPerronPortrait

lundi 10 octobre 2016

Cantley sous la glace


 
La suite (deux vidéos) à la fin du billet.


Geodoxa est un excellent site consacré à la géologie glaciaire. Si vous désirez tout savoir sur les processus d'érosion glaciaire et les formes qui résultent du passage des glaces ou du travail par des torrents sous-glaciaires, je vous conseille les vidéos créés et mis en ligne par Guy Leduc, ingénieur-géologue.

Raison supplémentaire de visionner ces vidéos. Le site des marbres sculptés de Cantley (voir mon billet du 11 nov. 2009) est décrit en détail. Ces marbres rassemblent en un seul endroit une variété de S forms (formes sculptées) spectaculaires. Selon M. Leduc, le site de Cantley est de calibre mondial.

Voyez en particulier les vidéos de la série «Les débâcles de l'ère glaciaire» (ces vidéos ont été intégrées au billet le 20 nov. 2016) :


«Vers la fin de l'époque glacière l'eau de fonte des glaciers a joué un rôle plus important que l'on ne croyait. Ces eaux auraient été la cause de plusieurs catastrophes à l'échelle régionale sur plusieurs continents. Depuis ces dernières décennies, les glaciologues reconnaissent l'existence de ces catastrophes. Dans les années 80, des géologues canadiens lancent une controverse qui persiste encore aujourd'hui, à savoir que les immenses champs de drumlins se sont formés par des débâcles des eaux sous glacières. Ces catastrophes seraient d'envergure presque continentales. Le seul obstacle d'une telle théorie est de démontrer comment de telles quantités d'eau auraient pu émerger de la base du glacier Laurentien.»


Marbre sculpté de Cantley, QC, au nord de Gatineau. Vidéo Geodoxa (saisie d'écran).



Marbre sculpté de Cantley, photo © Lise Massicotte, 1999. Voir mon billet du 11 nov. 2009.





mardi 22 décembre 2015

Sablières de Cantley : état des choses (suite)


1. Carrière DJL, Cantley (Québec). Gneiss rubané envahi lit-par-lit et découpé par un granite rosâtre. Photo 2 mai 1999.


Résumé

Question de propriété : sablières/carrière(s) à Cantley (Québec) : migmatites lit-par-lit et marbre gris sculpté par des torrents sous-glaciaires («marbres de Cantley») ; route 307, Montée de la Source, au nord du chemin St-Andrew. SNRC 31G/12
45.590609, -75.786596


Il y a un peu de confusion autour des carrières/sablières du secteur des marbres de Cantley (Québec). Dans mon esprit du moins. (Voir billet du 20 déc. 2015, «Sablières de Cantley : état des choses».) Les questions de propriété m'étant en général indifférentes, tant que j'ai accès aux affleurements, je n'ai peut-être pas été assez attentif.

Récapitulons.

Il y a les migmatites du côté est de la 307 (billet du 7 nov. 2009), et les marbres sculptés par les torrents sous-glaciaires («marbres de Cantley») du côté ouest (billet du 11 nov. 2009).

Du côté est... Une carte exprimera mieux les choses :


Photo satellite : © Google
Carrières et sablières du secteur des marbres de Cantley (no 3). Route principale : la 307 (Montée de la Source) ; les deux chemins secondaires sont, au sud, le chemin St-Andrew et, au nord, le chemin Holmes.
  • 1. Construction DJL inc., carrière Cantley : usine d'enrobés bitumineux, granulats (photo 2) ; «sablière Cantley» selon d'autres sources. DJL est propriétaire du terrain, sauf erreur de ma part.
  • 2. Carrière Cantley de DJL inc. (?), au nord du site 1.
  • 3. Marbres de Cantley, sculptés par des torrents sous-glaciaires. Aucune activité, ancienne carrière Pageau ; site du futur Parc géologique (Plan d'urbanisme de la Municipalité de Cantley (2005). Propriétaires actuels :  M. Tremblay et M. Vanesse (Sharpe, 2015).
  • 4. Denis Thom Sable & Gravier (?), 1324, montée de la Source, Cantley (Québec)
  • 5. Dépôt de matériaux secs (fermé).
  • ?. Eurovia Québec CSP inc. : exploite une sablière du côté est de la route 307 sans être propriétaire du terrain. D'autres carrières et sablières se trouvent au sud et au nord du secteur.

Compliquons encore les choses. Il existe un certain contentieux entre Construction DJL inc., d'une part, et les citoyens et le conseil de Cantley d'autre part :
« Opposition à la demande d'exploitation d’une carrière par Construction DJL inc. – Le conseil municipal a exprimé son désaccord et son opposition à l’égard de toute décision provinciale autorisant l’ouverture d’une exploitation d’une carrière, tel que demandé par Construction DJL inc. Une copie de la résolution sera transmise au ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) ainsi qu’à toute instance concernée pour considération.» (Site de la Municipalité de Cantley, 8 avril 2014.)

Voir les autres articles dans les Références.

Pourquoi tout ceci ? Pour répondre à des questions qu'on m'a posées.

Références



2. Route 307, face aux migmatites de la photo 1 : site 1 de la photo de Google. Sept. 2015.





dimanche 8 novembre 2015

Ponts de pierre dans la vallée de la Gatineau


1.  Perte de la Kazabazua, route 105, au nord de Gatineau (Québec) ; la rivière s'engouffre dans un pont naturel sculpté dans le marbre. Photo 7 nov. 2015.
.


Résumé

Phénomène karstique : ponts de pierre dans le marbre de la vallée de la Gatineau.
Localisation
  • Kazabazua, route 105, env. 1,5 km au sud de la jonction avec la route 301 (Québec). 31F/16 ; 45.942499, -76.006031
  • Lac du Pont-de-Pierre et la Baie Noire du Lac-des-Trente-et-Un-Milles, Déléage (Québec). 31J/ 5 ; 46.317514, -75.787520


Tournée des ponts de pierre dans la vallée de la Gatineau en Outaouais, résultat de l'érosion du marbre par l'eau courante.

Le marbre, âgé d'un milliard d'années et plus, appartient à la province de Grenville (voir le billet du 20 nov. 2009 sur l'histoire géologique de l'Outaouais). L'eau courante dissout peu à peu la roche, y sculpte des cannelures et creuse des conduits sous la surface en exploitant les joints et les failles.

Voir le billet du 2 juillet 2014, «Kazabazua sous le marbre» pour plus de détail. Voir également le complément daté du 4 juillet 2014.

Photos : 7 novembre 2015.


2. L'un des ponts de pierre du Lac-des-Trente-et-un-Milles. Au loin, le lac du Pont-de-Pierre où le ruisseau prend sa source. Les ponts constitueraient les restes de la toiture effondrée d'une caverne.



3. L'eau passe vraiment sous la roche.



4. Autre pont, en descendant le courant.


5. Voyez les cannelure creusées dans le marbre par la cascade, en aval des ponts de pierre.


6. Un chaos de blocs obstrue presque la cascade.


7. Autres cannelures dans le marbre.


8. Ça bouillonne.


9. La cascade tombe dans le «bain tourbillon», selon l’appellation locale. Il s'agit d'une marmite dont la profondeur dépasse les 3 m. À l'avant-plan, inclusions sombres dans le marbre surgissant par dissolution de la roche.
(Ajout, 8 nov. 2015). Sur des photos prises alors que l'eau est plus basse, on se rend mieux compte que la cascade se déverse dans le bain par deux gouttières séparées par une paroi de pierre. L'histoire ne dit pas si c'est pour permettre de doser l'eau froide et l'eau chaude dans la baignoire. Voir les photos dans le site de la Municipalité de Déléage et de la Municipalité régionale de comté (MRC) de La Vallée-de-la-Gatineau.

vendredi 4 juillet 2014

Kazabazua revue et corrigée


Photoshoper n'est pas «maquiller*». La photo qui ouvrait mon dernier billet, celui du 2 juillet, gagnait vraiment à être retouchée :



Perte de la rivière Kazabazua dans le marbre. Photo 29 juin 2014, photoshopée le 4 juillet 2014. Voir billet précédent (lien plus haut).


Ajout

Idem pour la seconde, tirée elle aussi de mon billet du 2 juillet, qui gagne tout à coup un brin de lisibilité : restes d'une marmite (?) dans la falaise de marbre, après la résurgence de la rivière.





* Maquiller. «Modifier (quelque chose) de façon à tromper, falsifier. Maquiller un testament. Maquiller un scandale politique.» (Antidote Ardoise 2)

mercredi 2 juillet 2014

Kazabazua sous le marbre


Perte de la Kazabazua, route 105, au nord de Gatineau (Québec) ; la rivière s'engouffre dans une galerie naturelle creusée dans le marbre. Photo : visée vers l'est, 29 juin 2014.
«Kazabazua provient du mot algonquin kachibadjiwan de kach, caché et djiwan, courant, d'où la signification cours d'eau souterrain ou rivière qui coule par en dessous. Le toponyme est à l'image de la topographie locale car sur le pont qui enjambe la rivière, il est possible à l'observateur averti de voir le cours d'eau disparaître sous terre.» (Commission de toponymie du Québec.)


Résumé

Phénomène karstique : perte et résurgence de la rivière Kazabazua dans un marbre («pont de pierre»). La Kazabazua est un affluent de la Gatineau.
Localisation et description du site
Village de Kazabazua, route 105, env. 1,5 km au sud de la jonction avec la route 301. Kazabazua est situé à 60 km au nord de Gatineau.
31F/16 ; 45.942499, -76.006031


Pour une fois, je me contente de contribuer à mon blogue par mes seules photos. Le texte qui suit est extrait du CIGG (2003).

«La rivière Kazabazua, qui disparaît sous une couche de marbre, a subjugué l’imaginaire des Amérindiens et continue de nous fasciner. Voir cette eau surgir en torrent continu de l’intérieur de la terre donne une impression de magie. Ce phénomène doit être mis en valeur car il est le cœur et les racines patrimoniales de la municipalité*. [...]

Le socle rocheux de la région de Kazabazua est composé majoritairement de marbre du Supergroupe de Grenville. Ces roches datent du Précambrien et représentent des roches sédimentaires métamorphisées lors de la formation de l’orogène grenvillienne, il y a un milliard d’années.

Au site de la rivière Kazabazua, le marbre est calcitique et contient des cristaux de graphite et de grossulaire. Le marbre a été érodé chimiquement et mécaniquement par l’eau de la rivière pour former le phénomène karstique du pont de pierre. Des inclusions de gneiss dans le marbre illustrent bien les phénomènes d’érosion différentielle**.»

* On attend toujours la mise en valeur.
* Érosion différentielle : voir, par exemple, mes billets sur le marbre de l'île Marguerite, à Gatineau :
12 octobre 2010, «Dissolution à Gatineau»
20 juin 2010, «Rideau pétrifié»
12 juillet 2012, «Déchaussement et herbe à la puce»


Référence

CIGG, Centre d'Interprétation de la géologie du Grenville, Plan de développement intégré : sites et circuits du patrimoine naturel de la région de l'Outaouais, 2003.


Toutes les photos : 29 juin 2014.


La Kazabazua disparait («perte», en langage spéléologique) dans un marbre rubané.

Sortie ou résurgence de la rivière sous un toit de marbre gris, env. 30 m en aval de la perte.


Marbre rubané, toit de la rivière souterraine.


Une ancienne marmite (?) dans la tranchée de marbre qui encaisse la Kazabazua, quelques m en aval de la résurgence.


Boudins de quartzite ou de granite gris dans un marbre rose, en aval de la résurgence.


Cannelures creusées par l'eau sur le toit de marbre au dessus de la rivière souterraine. Visée vers l'amont.


Étalement de la Kazabazua en aval de la résurgence.


Sur le bord de la route 105 : marbre (blanc) à graphite (noir).

mercredi 5 février 2014

Pierres qui roulent (suite outaouaise)


Éboulement à Cantley (Québec), chemin Cambertin, le 15 octobre 2010 ; Le Droit, 16 oct. 2010, p. 18. La légende parle d'une «roche effondrée» sur le chemin Pink et d'un «éboulis» rue Cambertin. La photo semble bien avoir été prise chemin Cambertin, où de la roche s'est bel et bien effondrée. (Voir les photos qui suivent.)


Nous aussi nous avons de beaux éboulements (cf. précédent billet). Simplement, on en fait pas tout un plat.

Photos qui suivent : chemin Cambertin, Cantley (Québec), 24 oct. 2010. 
45.550647,-75.775198

Bon, je sais, c'est pas vraiment une primeur...


Cicatrice d'un éboulement dans une falaise de marbre, à Cantley, au nord de Gatineau (Québec), le 15 oct. 2010. La photo, tout comme celles qui suivent, a été prise le 24 oct. 2010. Contraste marqué entre la surface longuement exposée du marbre (noir) et sa couleur en cassure fraîche (blanc).


Le personnage donne l'échelle. Visée vers le sud.


Fragment disloqué de granite (pegmatite) transporté dans le marbre (surface noircie par intempérisme). Le granite, plus résistant, fait saillie par rapport au marbre. Il a néanmoins été tout aussi raboté que la marbre par l'érosion glaciaire. Tout ceci est parfaitement banal. Voir le site voisin (billet du 11 nov. 2009) et cet autre, dans le parc de la Gatineau (billet du 7 décembre 2009), ou encore celui-ci, à Chelsea (billet du 4 déc. 2009), pour des exemples des mêmes phénomènes.


Surface polie du marbre (poli glaciaire) avec les fragments de granite en relief. Celui de la photo précédente se retrouve au centre de celle-ci.


Gros plan sur le marbre : graphite gris ; au bout du doigt, cristal de feldspath gris.


De l'autre côté du chemin (côté est), du gneiss (orthogneiss mafique) recoupé de granite rose. Le contact entre le marbre et le gneiss doit coïncider avec le tracé nord-sud du chemin à cet endroit.

mardi 16 octobre 2012

Lac Tremblant : retour au fond des choses


Compétence et incompétence*
À gauche (étirement et boudinage) : lits silicieux rompus et réduits en baguettes (c.-à-d. boudinés) dans un calcaire ; le calcaire, ductile, remplit les espaces libérés entre les boudins.
À droite (boudinage et plissements) : tiges et reliques allongées de veines silicatées dans un marbre.
Tiré de Compton (1962). (Légende modifiée.)

* Roche compétente, incompétente. – En réponse aux contraintes tectoniques, une roche compétente, plus rigide, moins déformable, tendra à former des plis à grand rayon, se rompra, tandis que des couches de roches incompétentes, plus ductiles, multiplieront les petits plis, flueront ou couleront comme de la pâte dentifrice pincée dans un tube. 


Le double schéma ci-haut illustre le comportement opposé de roches silicieuses rigides et de calcaires (marbres) ductiles. À gauche, des lits silicieux sont étirés, rompus (boudinés en baguettes) tandis qu'à droite, des inclusions de nature semblable sont disloquées et plissées au point que des boudins sont enroulés sur eux-mêmes. Le calcaire, plus accommodant, agit à la longue comme pâte malléable.

«Thin beds, veins, or dikes enclosed in incompetent materials are frequently broken, rotated, and squeezed into linear bodies during metamorphism and folding.» (Compton, 1962, p. 313.)

Tout ne vous rappelle rien ?

Voyez le «rouleau» en bas, à droite du schéma de droite, et comparez-le avec les «pieux» ou «rouleaux» des photos plus bas.

Il suffirait de dissoudre le calcaire/marbre de ses schémas pour se trouver face à un paysage ressemblant à celui que nous offre le fond du lac Tremblant :

Contexte géologique pour la suite (voir cet ancien billet)
Marbre du lac Tremblant, province de Grenville (un milliard d'années) du Bouclier canadien, métamorphisé, plissé et culbuté par les forces tectoniques de façon à ce que son rubannement se présente à la verticale. Poli par les glaciers qui ont quitté le secteur il y a 10 000 ans, le marbre se dissout peu à peu sous les eaux du lac Tremblant. La disparition du marbre laisse en relief les lits ou rubans verticaux plus résistants, parfois rompus («plaques») ou repliés sur eux-mêmes («rouleaux»).

(Au lac Tremblant, les inclusions résistantes sont à la verticale ou obliques au lieu que sur les schémas elles sont dessinées à l'horizontale. Ne pas se laisser troubler par ce petit problème d'orientation.)

Rouleaux
Photos tirées d'Aquadelic, déjà montrées dans ce blogue ; fond du lac Tremblant (Québec) : marbre se dissolvant au fond de l'eau, révélant les inclusions résistantes qu'il contient. Notez que le pieu de la première photo est en réalité un rouleau ; le plus petit, brisé, mieux visible sur le second cliché, montre la structure enroulée de ces formations. À droite du «pieu», un lit résistant, intact sur une bonne longueur (en réalité, légèrement plissotté), dresse une sorte d'écran ou de muret.


Photo © Jean-Louis Courteau, 2012
Au pied du grand «pieu» : un fragment boudiné (rompu) d'un lit résistant s'est enroulé sur lui-même et a pris la forme d'un C fermé. S'il était coupé en deux, le pieu se révélerait posséder une structure enroulé semblable. L'épaisse couche de biofilm qui recouvre tout contribue à l'illusion. 


Gros plan du petit rouleau brisé. Il correspond à ce qui est illustré dans le schéma, au début du billet (le «rouleau», en bas à droite du schéma de droite). Extrait du vidéo (capture d'écran) accompagnant le billet de Jean-Louis.


RÉFÉRENCE
Robert R. Compton. Manual of Field Geology, John Wiley and Sons, Inc., New York, London, Sydney, 1962, 390 pages.

jeudi 9 août 2012

À l'est de Low


Laconique complément au billet du 4 août 2012.


Carte géologique schématique de la région du lac Sainte-Marie (Langlais, 1994)
(L'image peut être agrandie ; cliquer dessus.)



Légende (adaptée)
Le point rouge, en bas, à l'est de Low, indique le site du déversoir du barrage Paugan, à la limite de la formation de marbre (lignes ondulées fines, unité B) et de paragneiss (motif en pointillé, unité H).

Protérozoïque supérieur
J : diabase*

Protérozoïque moyen
X : charnockite
I : Granitoïde et pegmatite
H : quartzite, paragneiss quartzeux et gneiss quartzo-feldspathique**
G : Paragneiss alumineux supérieur**
F : Marbre calcitique supérieur**
E : quartzite et gneiss quartzeux**
D : marbre calcitique hybride moyen**
C : paragneiss alumineux inférieur**
B : marbre calcitique inférieur**
A : orthogneiss rose et gris et amphibolite

* Les minces dykes de diabase (unité J) qui recoupent le socle selon une direction E-W à ESE-WNW ne figurent pas sur cette carte.
** Métasédiements du supergroupe de Grenville.



RÉFÉRENCES
  • Langlais, Louise, Géologie de la région du lac Sainte-Marie - Comté de Gatineau. Ministère des Ressources naturelles du Québec, MB 93-51, 210 pages, avec 3 cartes (2 x 1/20 000 et 1 x 1/250 000), 1994.
  • Langlais, Louise, Géologie de la région du lac Sainte-Marie - Grenville Ouest. Ministère des Ressources naturelles du Québec, DP 88-08, carte annotée au 1/20 000 [ne couvre que la moité nord de la carte géologique reproduite ici et tirée de Langlais (1994)].

vendredi 27 juillet 2012

Le porphyre et la grenouille (1 de 2)


Éco-Odyssée, près de Wakefield, en Outaouais.
Canal en état de léthargie apparente ; la vie y grouille et ne connaît pas de repos. (25 juillet 2012.)


Que faire d'un terrain marécageux quand on a été agent de conservation de la faune ? Y déclarer les castors les bienvenus, y aménager un réseau de canaux et inviter les humains à les sillonner à pédalo en leur donnant tout ce qu'il faut pour qu'ils retiennent quelques notions de cette promenade dans cet environnement grouillant de vie.

«Lorsqu'on visite des sites naturels, on est plutôt passif. [...] Moi, je voulais créer quelque chose où les gens qui vont en nature sont actifs.» Michel Leclair, propriétaire-fondateur d'Éco-Odyssée, cité par Charles Thériault, journal Le Droit, 15-16 nov. 2008, «Idée originale dans les marais de La Pêche»
«Aménagé sur un site enchanteur, Eco-Odyssée est un labyrinthe d’eau composé d’une soixantaine d’intersections étalées sur plus de 6 km. Choisissez l’aventure qui vous convient et appréciez la splendeur du marais confortablement installé dans votre pédalo. Apprenez à différencier les nombreuses espèces animales et végétales qui vivent dissimulées dans ce havre de verdure.  Vous serez charmés  par cette balade de découvertes.» Extrait de la page d'accueil du site d'Éco-Odyssée


Réseau des canaux d'Éco-Odyssée vu de satellite. Photo © Google
Éco-Odyssée a été nommée nouvelle entreprise de l'année 2009 par l'Association de l'industrie touristique du Canada.


Photo tirée du site Internet d'Éco-Odyssée (lien donné au début du billet).


Dominique Dufour, chargé de concevoir de nouveaux parcours d'interprétation, m'a fait visiter le site et rencontrer Michel Leclair – que l'accueil des visiteur accaparait beaucoup.

Dominique souhaite intégrer des renseignements sur la géologie locale pour enrichir l'un des parcours thématiques qui seront bientôt ouverts. Manque de bol, la géologie de l'endroit est très simple, le marais étant dans le creux d'une cuvette constituée d'une très homogène syénite (avec un peu de marbre brucitique, il est vrai, comme à la carrière Morrison, à 3 km de là, et dont j'ai déjà parlé). Difficile de tabler sur les ressources locales, côté pétrologie, pour la variété et la diversité.

Mais Dominique a de l'imagination, il saura bien se débrouiller !


Le réseau de canaux d'Éco-Odyssée vue d'une des collines de syénite qui l'environnent (Le Belvédère). Quelques pédalos, au loin, saisis en pleine randonnée. Je soupçonne le fond de la plaine d'être formé de marbre (abondant dans la région et que sa mauvaise tenue face aux agents érosifs confine aux basses altitudes et aux dépressions). Qu'est-ce que la topographie du site doit à l'action des glaciers, à quel point le contraste entre les collines (syénite) et la plaine (marbre?) a été créé par eux ou s'ils l'ont seulement accentué ? S'ils n'ont pas érodé de préférence le marbre, ont-ils exploité une ligne de faiblesse (faille) dans le socle rocheux ? (Diverses explications peuvent se combiner.)
(25 juillet 2012.)


 Autre vue d'un canal. Les castors font des réserves de bouts de bois. Mes photos ne sont pas très spectaculaires, ceux qui apprécient la nature goûteront cette absence de clinquant. (25 juillet 2012.)


Pour les pauvres qui, comme moi, ne font pas la différence entre un bouleau et un chevreuil (l'un perd ses feuilles en hiver, l'autre ses bois, mais lequel fait quoi ?) c'est une occasion d'en apprendre un peu sur la nature dont, paraît-il, nous faisons encore partie.

Bon, j'exagère un peu l'ampleur des lacunes de ma science floro-faunistique. Si le temps nous a manqué pour faire une véritable randonnée sur l'eau, une reconnaissance sur un sentier pédestre qui longeait un canal et une marche dans le bois m'a permis d'en voir beaucoup et d'apprécier ma visite.


Photo à la valeur documentaire contestable, mais c'est ma préférée. (25 juillet 2012.)


Il me fallait absolument trouver un aspect géologique à l'endroit. Vieille paroi de syénite aux joints arrondis par le temps. Ou sont-ce les plis du ventre du Bouddha ? (25 juillet 2012.)


Et la grenouille me direz-vous ? Eh bien, la voici :

Saurez-vous identifier la grenouille reproduite ici ? La réponse se trouve sur le terrain (parfois marécageux) d'Éco-Odyssée. (La photo n'est pas fameuse, c'est pour ça que je l'ai reléguée à la fin du billet, et encore, en tout petit.) (25 juillet 2012.)

Pour le porphyre (et connaître l'identité de la grenouille), rendez-vous au billet no 2.

samedi 21 juillet 2012

Faire belle figure : suite


Et si la nature obtenait sans le faire exprès ce qu'il nous faut efforts et obstination à réaliser ?


Suzanne Guité, Terre des Hommes (ou Love), 1967, Centre national des Arts, Ottawa


Version naturelle, marbre altéré par l'érosion, parc de la Gatineau 
(voir ce billet, dans ce blogue)



Pedigree de l'œuvre reproduite au début du billet. Pour la CCN : suivre ce lien.
Ce site donne un autre aperçu de la sculpture de Suzanne Guité
Autre lien (rendez-vous à Terre des Hommes (Part 1..., Part 8)


Miroir de faille (suite)


Site X1 sur la carte 2 (plus bas). Granite blanc à tourmaline noire et pyrite. (Juillet 2012.)


Je n'avais pas l'intention de m'attarder encore dans le secteur nord du boulevard de la Cité-des-Jeunes, mais les commentaires d'un lecteur, un certain BMP, me pousse à compléter la description du contexte géologique du miroir de faille qui a été le sujet de mon dernier billet.

La Commission de la capitale nationale (CCN) a entrepris la construction d'un nouveau tronçon de piste cyclable le long du boulevard de la Cité-des-Jeunes. Le boulevard ayant déjà été élargi à cet endroit l'été dernier, un certain mécontentement s'est manifesté chez les gens du secteur qui se demandent pourquoi la CCN et la Ville ne se sont pas entendus pour faire coïncider les travaux dans l'espace et le temps... (Lien)

Ces questions de coordination et de partage de compétences dépassent le cadre de ce blogue qui ne prendra pas position. Les travaux ont au moins le mérite de nous offrir des affleurements tout neufs (et néanmoins parfois rouillés à n'y rien voir).


Site X1 sur la carte 2 (plus bas). Le roc, taché de rouille à cet endroit, n'abonde pas en détails photogéniques. Ici, paragneiss à biotite et grenat. (Juillet 2012.)


Détail de la photo précédente.


La nouvelle piste débute à la hauteur de l'intersection du boulevard de la Cité-des-Jeunes et du boulevard des Hautes-Plaines et rejoindra le chemin Dennison (piste 5 du parc de la Gatineau)*.

* Ce blogue prend parfois position : je préfère utiliser les toponymes vernaculaires (chemin Dennison, dans le cas présent) plutôt que les technocratiques et insipides appellations que la CCN, qui gère le parc de la Gatineau, nous impose.

D'après la carte géologique de Guilloux et al. (1972), la roche qui prédomine dans les environs est le marbre associé à des roches calco-silicatées (RCS, ou skarns, voir ce billet dans ce blogue). D'autres sources (Hogarth, 1970) se contentent de mentionner du marbre à graphite, ce qui est vrai, mais restrictif. On observe aussi du marbre vert, fréquent près des RCS, et facile à confondre avec elle sur les photos.

Cet ensemble est lardé de bandes de gneiss à diopside et scapolite, de gneiss à biotite-grenat-sillimanite, de quartzite à biotite. Des occurrences de pegmatites (granite grossier), la plupart de temps de couleur blanche, sont omniprésentes. (Les RCS sont farcies de granite blanc et de calcite blanche qu'il est facile de confondre sans un peu de vigilance.)


Carte 1. Guilloux et al. (1972), déjà publiée dans ce blogue.


© Google
Carte 2. Partie est de la carte de Guilloux et al. (1972) modifiée et superposée à une photo satellite 
( © Google). A5 : autoroute 5 ; CD : chemin Dennison (piste 5 du parc de la Gatineau) ; CdJ : boul. de la Cité-des-Jeunes ; HP : boul. des Hautes-Plaines ; Q : rue du Quartz ; ligne blanche : tracé approximatif de la nouvelle piste cyclable ; X orangés : sites photographiés (positions approx.).


Plus à l'ouest, à l'intérieur du parc de la Gatineau, on trouve le gisement de magnétite de la mine de magnétite Forsyth dont nous avons déjà parlé (lien). (La mine se trouve au centre de la carte 2.)

Un affleurement montre un granite et un quartzite semés de tourmaline noire éparse qui se concentre en bandes tantôt concordantes, tantôt discordantes (voir photo au début du billet). Qui, du granite ou du quartzite, a contaminé qui ? La question mérite qu'on revienne plus tard à cet endroit. (Affaire à suivre.)

En bref, on peut résumer la situation en disant que partout se manifeste l'étroite (et complexe) association du marbre et des RCS et qu'il suffit (presque) de gratter l'un pour atteindre l'autre.


A

B

C
Site XXX 2 sur la carte 2. Situation en juillet 2011, avant les travaux de cet été.
A. Marbre blanc contenant une enclave verte (RCS). Le filon blanc qui longe l'enclave à sa gauche est du granite.
B. RCS et le miroir de faille décrit dans mon dernier billet (au centre de la photo). Techniquement, le lecteur qui m'avait objecté que le miroir de faille était dans une RCS et non un marbre, tout proche et roche dominante du secteur, avait raison (voir commentaire signé BMP dans mon précédent billet).
C. Transition irrégulière RCS verte - marbre blanc semé d'enclaves.


D

E

F
Site XXX2 sur la carte 2. Situation actuelle (juillet 2012). D et E : marbre blanc et RCS verte. Noter que le marbre vert abonde à cet endroit et qu'il se distingue mal sur les photos des RCS. La terre restée accrochée aux aspérités de la roche, l'irrégularité de cassures ne facilitent pas la lecture de l'affleurement. Raison pour laquelle je n'avais pas l'intention d'abord de publier ces photos... En F : intrication complexe du marbre et de la RCS.


Site X 3 sur la carte 2. Situation complexe comme je les aime. En haut, RCS verte traversée de bandes obliques de granite blanchâtre ; en bas, marbre blanc sale. (Le marbre, facilement rayé, est marqué de lignes blanche par la machinerie.) (Juillet 2012).


RÉFÉRENCES
Guilloux L., Blais R.A., Coy-Yll R., 1972 — «L’origine métasédimentaire du gisement de magnétite de Forsyth, Province de Québec, Canada.» Mineralium Deposita, vol. 7, p. 154-179.
Hogarth D.D., 1970 — Geology of the southern Part of Gatineau Park, National Capital Region, Quebec. Commission géologique du Canada, Étude 70-20, 1970., 7 p. (avec carte 7-1970, 1:18 000)