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jeudi 26 février 2015

Lac Pink : la CCN se goure


Fig. 1. Le lac Pink, dans le parc de la Gatineau (Québec). Photo 29 sept. 2007.


La Commission de la capitale nationale (CCN), qui gère le parc de la Gatineau a des préoccupations pédagogiques louables. Dans la plupart des cas, elle atteint ses buts.

Parfois, rarement, à l'occasion, par distraction, à l'insu de son plein gré, elle se plante.

Témoin cette carte géologique qui illustre un panneau d'interprétation sur la rive du lac Pink (fig. 2 et 3).

(Pour d'autres détails sur la géologie du lac Pink, voir le billet «Lac Pink : le tigre et l'hippopotame (plus une tortue)» du 27 déc. 2009.)

Les contours géologiques de la carte sont justes. Ils sont même plus précis que ceux d'aucune autre carte du secteur que j'ai vue. (En fait, j'aimerais bien savoir d'où ils ont été tirés.) Le problème, c'est qu'ils ne contiennent pas toujours les bonnes lithologies.

Je me base pour cette affirmation sur deux choses :

  • mes observations personnelles (dont la CCN ne ferait pas grand cas) ;
  • la carte de Hogarth (1970), publiée par la Commission géologique du Canada (CGC), la plus complète publiée à ce jour pour le secteur.

Hogarth est probablement l'homme qui connait le mieux la géologie de la région. Si sa carte du sud du parc de la Gatineau (1970) est d'une échelle plus grande que celle du panneau, elle contient néanmoins un luxe de détails qui en fait un délice pour qui apprécie ce genre d'ouvrage. M. Hogarth a enseigné la géologue à l'Université d'Ottawa et a rédigé une foule de rapports et d'articles sur la géologie du Précambrien de la région de Gatineau.

Qualifier de «calcite», comme la fait la CCN, des roches à silicates de calcium (skarns) résulte peut-être d'une erreur de traduction ou d'interprétation. De plus, le marbre étant constitué de calcite, distinguer le minéral de la roche reviendrait à établir une différence entre la mie du pain et le pain lui-même. Quant à confondre syénite et paragneiss, j'ignore si c'est une dose de bonne ou de mauvaise volonté qu'il faut pour y parvenir. La syénite est abondante dans le parc, inutile de la faire figurer là où elle n'est pas.

Je traîne cette affaire dans mes dossiers depuis... depuis des années. La copie de la carte de la CCN que j'ai réalisée d'après l'originale sur le panneau date de décembre 1999.

C'est dire l'urgence que j'attachais à communiquer ces faits...

Voir aussi ces deux billets sur d'autres faux pas cartographiques (de la CGC cette fois) :

11 févr. 2010, «Pas de «A» pour la 1508A»
7 sept. 2013, «Pas de «A» pour la 1506A»

PS. Moi aussi il m'arrive de me tromper. J'avais d'abord titré ce billet «Lac Pink : la CCN se gourre». Pour un petit R de trop, c'est moi qui erre.

Référence

  • Hogarth D.D., 1970 – Geology of the southern Part of Gatineau Park, National Capital Region, Quebec. Commission géologique du Canada, Étude 70-20, 1970., 7 p. (avec carte 7-1970, 1:18 000)


Fig. 2. Détail d'un panneau d'interprétation sur la rive du lac Pink («Vous êtes ici»). Le «ici» est illustré à la fig. 5.


Fig. 3. D'après la carte du panneau de la fig. 2 (déc. 1999), avec rectification de la géologie (j'ai utilisé une autre carte pour le contour du lac, d'où quelques différences dans les détails). Pour les «corrections», j'ai utilisé mes propres observations et mon interprétation de la carte de Hogarth (1970). Nord vers le haut.
  • Marbre (à graphite) ;
  • Calcite (sic : roches à silicates de calcium (à pyroxène)) ;
  • Syénite (sic : paragneiss à biotite et grenat) ;
  • X : mine de mica et apatite (fermée) ; P : parking-belvédère ; Panneau (arche) : voir fig. 2 et 4 pour le panneau, fig. 5 pour l'arche.


Fig. 4. Le panneau en entier. (Pour le texte, voir fig. 8.) on reconnaît l'arche, en bas à gauche, telle que visible sur la photo de la fig. 5.


Fig. 5. L'arche du lac Pink dans du marbre graphiteux rouillé («Vous êtes ici» et «Arche» des fig. 2 et 3), à l'époque où elle était accessible au public. Le morceau de roc au sommet de l'arche évoque une tête de lionne – ou de tortue. Le «11» correspond à un ancien usage du document dans le blogue. Photo juillet 2000.


Fig. 6. Le lac Pink vu du belvédère du parking de la promenade. Faudrait dire à la CCN que laisser pousser les arbres devant un belvédère annule de même coup sa qualité de belvédère... Photo 19 oct. 2014.


Fig. 7. Le lac Pink, depuis son extrémité ouest. Photo 29 sept. 2007.


Fig. 8 (ajout de dernière minute). J'ai pensé que certaines personnes aimeraient lire le texte du panneau. Pour l'écologie du lac, notamment sa couleur turquoise, revoir le lien donné au début de l'article.

dimanche 27 décembre 2009

Lac Pink (Québec) : le tigre et l'hippopotame (plus une tortue)


(Mise en page revue en oct. 2018, lien périmé remplacé.)

Localisation

Parc de la Gatineau (Québec), rive ouest du lac Pink. 31G/05



Photo 1. - Le pilier, tel qu'on pouvait le voir jusqu'en 2004, année où un éboulement rocheux a obligé la CCN à entreprendre la construction d'un chemin le contournant, et tel qu'il est désormais impossible de l'approcher (photo juillet 2000 ; vue vers le Nord). La masse au dessus du pilier évoque la tête d'un félin. Le marbre, friable, se désagrège ; le sable, au pied du pilier, sans cesse renouvelé, est formé principalement de cristaux de calcite, mais aussi de graphite, quartz, feldspath, etc. Notez la faille horizontale au pied du pilier.


De quoi s'agit-il ?

Pilier dans un marbre graphiteux semé d'inclusions rouillées, résultat de l'érosion de la pierre friable.


«The large marble bodies [...] near Pinks (sic*) Lake contain little other than calcite, quartz, microcline-orthoclase and graphite.» (Hogarth, 1970, p. 3)


Notez que le lac Pink doit sa couleur... verte aux algues qui abondent dans ses eaux et son nom à la famille Pink*, venue d'Irlande s'établir dans le secteur au XIXe siècle. (Site de la CCN).
* Une ancienne graphie, « Pinks », erronée, se retrouvait encore récemment sur les cartes.

Référence

Hogarth D.D., 1970 — Geology of the southern Part of Gatineau Park, National Capital Region, Quebec. Commission géologique du Canada, Étude 70-20, 1970., 7 p. (avec carte 7-1970, 1:18 000)



Photo 09. – Le pilier vu du Nord. Le rubanement du marbre (différentes teinte de gris et d'ocre) et sa structure tortueuse (présence d'inclusions) se distinguent bien (juillet 2000).



Photo 3115. – Détail (sept. 2007). La bête a l'épiderme rugueux. Les minéraux résistants (quartz, feldspath) font saillies en surface.



Photo 3190. – Vue depuis le nouveau sentier qui contourne le pilier (sept. 2007). La tête du tigre apparaît légèrement hippopotamesque sous cet angle. On peut préférer y voir une tortue encombrée d'une problématique carapace...