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jeudi 11 février 2010

Pas de «A» pour la 1508A

RÉSUMÉ
La carte 1508A: Generalized Bedrock Geology Ottawa-Hull, Ontario and Québec (Harrison et MacDonald, 1980, Commission géologique du Canada ; échelle 1/125 000), est basée sur une carte de compilation antérieure (MacDonald, 1967, Carleton University, Ottawa ; 1/250 000 ; ci-après nommée 67-1), laquelle comporte des inexactitudes corrigées ou signalées par l’ajout d’errata au document qui l’accompagne. L’élaboration de la 1508A semble s’être faite sans tenir compte de ces errata et reproduit donc telles quelles les erreurs de la 67-1. Si une association de pegmatites blanches et de marbre semble se répandre à travers le territoire sans égard aux roches en place, l’effet le plus regrettable de ces confusions est d’occulter l’un des épisodes majeurs de la géologie de la région de Gatineau et d’Ottawa, la montée de roches volcaniques (Cambro-Protérozoïque) dont affleurent des vestiges à Buckingham, au Québec.

COMPILATIONS
L’un des premiers documents que se procure qui veut se renseigner sur la géologie de la région de Gatineau et d’Ottawa est la carte 1508A: Generalized Bedrock Geology Ottawa-Hull, Ontario and Québec, publiée par la Commission géologique du Canada (Harrison et MacDonald, 1980). Or, à l'usage, cette carte, il n'est pas long de le constater, comporte de nombreuses inexactitudes : contours des formations géologiques décalées de plusieurs centaines de mètres par rapport à leur position sur les cartes sources originales, zones assignées erronément à telle ou telle unité lithologique, lithologies caractéristiques absentes de la légende. Ce dernier point en particulier a pour résultat de gommer un des éléments les plus remarquables de la géologie régionale : un groupe d'affleurements, reliquats d'un épisode volcanique unique dans la province de Grenville, à Buckingham (Cambro-Protérozoïque).

À l’objection prévisible qu’on pourrait opposer : la 1508A est une carte de compilation – et, qui dit compilation dit compromis, simplification et harmonisation – , il faut maintenir qu’il s’agit bien d’erreurs, et non pas d’accommodements commandés par la nécessité de synthétiser plusieurs cartes disparates en âge et en échelle.

La 1508A (échelle : 1/125 000) est basée sur une carte de compilation antérieure (MacDonald, 1967; 1/250 000) dont elle ne reprend qu’un secteur ; voir FIGURE 1. (La carte de MacDonald sera nommée ici 67-1, du numéro du rapport géologique dont elle fait partie. Voir «Références».) La 1508A, qui accompagnait à l'origine une étude signée par Bélanger et Harrison (1980), a engendré une abondante descendance, tant imprimée que virtuelle (sur CD et/ou consultable en ligne) : voir, à ce sujet, Bélanger (1998, 2008). Or, ces nouvelles versions n’amendent aucunement les lacunes de la 1508A et les diffusent même à un public plus vaste.

Le TABLEAU qui suit regroupe les principaux «reproches» que l’on peut adresser à la 1508A et la 67-1. Il n'y est fait référence qu'aux travaux cités par la 1508A («cartes sources»), et donc disponibles à l'époque de son élaboration*. La FIGURE 2 présente les légendes de ces deux cartes, la 1508A ayant calqué la sienne sur celle de la 67-1 dont elle a repris la plupart des unités lithologiques.
* La 67-1 a été dessinée d'après les versions préliminaires, parues avant 1967, de ces documents ; voir ANNEXE [À venir].

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TABLEAU : «erreurs» des cartes de compilation 67-1 et 1508A à la lumières des cartes sources
I. – Erreurs d’attribution

Les identifications fautives sont [entre crochets]. Les sites (identifiés par des lettres) apparaissent dans un ordre qui va de l’Ouest vers l’Est (FIGURE 1). Les numéros des unités lithologiques sont tirés de la légende des cartes concernées.
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Site H. – NW d'Almonte (On)
Carte 67-1. – 8. Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite
1508A. – [10. Nepean Formation : sandstone]
Aurait convenu : 9. Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite
Carte source (Livingstone, 1974). – 6. Red granodiorite and granite
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Site D. – Rive gauche de la Gatineau, au niveau de Burnet (Qc)
Site C. – W du lac Pink (Qc)
Site L. – Rive NW du lac Pink (Qc)
Cas retirés de la discussion.
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Site J.  – Rive gauche de la Gatineau, à la hauteur de Larrimac (Qc)
Carte 67-1. – [6. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Aurait convenu : 5. Diorite, gabbro, anorthosite, metagabbro
1508A. – [7. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Aurait convenu : 6. Diorite, gabbro, anorthosite, metagabbro
Carte source (Béland, 1955). – Diorite
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Site F. – Cantley et Gatineau (Qc)
Carte 67-1. – [6. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Aurait convenu : 8. Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite
1508A. – [7. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Aurait convenu : 9. Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite
Carte source (Wilson, 1920). – 2. Quinnville granite
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Site K. – Kanata (On)
Carte 67-1. – [6. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Aurait mieux convenu : 8. Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite
1508A. – [7. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Aurait mieux convenu : 9. Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite
Carte source (Kirwan, 1962). – 5. Variable assemblage of granite, granite gneiss (…)
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II. – Erreurs par omission
Roches caractéristiques absentes de la légende de la 67-1 et de la 1508A. Les identifications fautives sont [entre crochets].
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Site B. – SW du lac Meech (Qc)
Carte 67-1. – [6. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Rien dans la légende de la 67-1 ne convenait pour cet endroit.
Source («unpublished work of D.D. Hogarth») – Cas un peu limite où l'on pourrait parler d'approximation plutôt que d'une erreur. Quant au contenu probable des «travaux inédits», voir plus bas (Hogarth, 1970).
1508A. – [7. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Rien dans la légende de la 1508A ne convenait pour cet endroit.
Carte source (Hogarth, 1970). – 10. Potassic aplite ; 11. Intrusive carbonatite.
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Site G. – Buckingham (Qc)
Carte 67-1. – [6. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Rien dans la légende de la 67-1 ne convenait pour cet endroit.
1508A. – [7. Pegmatite, white pegmatite associated with marble]
Rien dans la légende de la 1508A ne convenait pour cet endroit.
Carte source (Wilson, 1920). – 8. Kersantite
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FIGURE 1.
Localisation des zones énumérées dans le TABLEAU.
Détail d'une photocopie de la
67-1 (MacDonald, 1967) correspondant à la partie nord de la 1508A (Harrison et MacDonald, 1980. Cette dernière étant une version mise en couleurs de la première sur un fond topographique plus détaillé (courbes de niveau, routes, agglomérations, etc.), nous ne l'avons pas fait figurer à cause de la difficulté de reproduire ici lisiblement ce document de plus de 90 cm de large. Légendes des deux cartes à la FIGURE 2
Cliquez sur la carte pour obtenir un document plus grand. 


GÉNÉALOGIE DE L'ERREUR
Au simple survol du TABLEAU, on constate rapidement que, sauf pour le site H où elle «innove», et, encore, de façon malencontreuse, la 1508A reprend les erreurs de la 67-1. Sans détailler les cas un à un, le fait majeur qui se dégage de l’examen du TABLEAU est la fréquence des attributions erronées de formations à l’unité lithologique «Pegmatite, white pegmatite associated with marble» (5 des 6 cas du tableau, en excluant les cas retirés). Le plus piquant est que cette association ne devrait même pas apparaître sur la 1508A : cette carte ne reprend qu’une partie de 67-1 et l’ironie a voulu que les seuls endroits où l'association «pegmatite blanche - marbre» apparaît – à bon escient, bien sûr! – sur cette dernière sont situés hors du périmètre de la 1508A**

** La 67-1 a probablement tiré cette association de l'unité 13 la carte de Reinhardt et al. (1964), carte dont seule la moitié Est se trouve comprise dans la 1508A : «Massive, coarse-grained white granite and white pegmatite; mainly associated with marble».


FIGURE 2
Légendes des cartes 67-1 (MacDonald, 1967) et 1508A (Harrison et Bélanger, 1980)
Montage d'une (mauvaise) photocopie de la légende de la
67-1 ; annotations entre parenthèses à l'encre noire : équivalences avec la légende de la carte 1508A qui reprend essentiellement celle de la 67-1. Ne pas tenir compte des annotations à la mine de plomb.
Cliquez sur le document pour obtenir une image lisible.


* * *

Provisoirement donc, on peut conclure qu’il apparaît que la 67-1 est entachée de défectuosités qu’elle a léguées à la 1508A. Cependant, le document de trois pages qui accompagne la 67-1 contient les lignes suivantes (MacDonald, 1967, p. 3) :

ERRATA
1. Large mass at Lat. 45º40’, Long. 75º40’, marked as 6, should be 8. [Site F.]
2. Small mass east of Buckingham marked 6 should be 8. [Site G.] Area adjoining this lacks a number and should be grouped as 2. [Sans lien avec notre propos.]

[Note. – Les unités 6, 8 et 2 de la 67-1 correspondent aux unités 7, 9 et 3 de la 1508A. Voir le TABLEAU et la FIGURE 2.]

Nous découvrons finalement que la 1508A aurait dû s’inspirer totalement de la 67-1 : de la carte et des errata, qu'elle semble avoir préféré ignorer. Mais, à propos de ces errata, il faut convenir que, si le premier règle le cas du site F, l’effet de l’erratum no 2 (site G), qui prétend racheter une bévue à bon compte, est douteux puisqu’il remplace une méprise par une autre : les roches magmatiques massives et ±foliées de l'unité 8 («Granite, quartz monzonite, granodiorite, tonalite, massive and foliated; also associated migmatite») ne peuvent prétendre décrire des affleurements de roches subvolcaniques (kersantite de Wilson, 1920).

Cette suite de faux pas concernant le site G est d’autant plus regrettable que ces roches subvolcaniques (roches volcaniques, ou laves, datant du Cambro-Protérozoïque, selon des travaux plus récents ; voir Lafleur et Hogarth, 1981) sont uniques dans la région, sinon dans toute la province de Grenville (FIGURE 3).

Quand au site B, on peut déplorer que cette association d’un stock d’aplite et de filons de carbonatite soit effacée de la géologie locale qui se trouve ainsi appauvrie d’un autre de ses traits les plus originaux (voir TABLEAU).

Il est également désolant que la 1508A n’ait pas repris les dykes de diabase (590 Ma) à direction E-W qui recoupent les roches de la Province de Grenville. Ces dykes, associés à l’ouverture de l’océan Iapetus et à la formation du graben d’Ottawa-Bonnechère, sont pourtant présents sur la 67-1. C’est là encore un épisode essentiel de la géologie locale qui est escamoté (FIGURE 3).


FIGURE 3
Comparaison d'un même secteur (site G) d'après la carte de Wilson (1920) et la 1508A ramenées à la même échelle. 
La 1508A est une compilation de travaux plus anciens, dont, notamment, celui de Wilson. Sur la carte de Wilson, le X, à l'Est de Buckingham, signale des masses mauves assignées à l'unité lithologique «8 : Kersantite», c'est à dire des roches subvolcaniques. (Roches volcaniques, ou laves, datant du Cambro-Protérozoïque, selon des travaux récents ; voir Lafleur et Hogarth, 1981.)
La
1508A réunit ces masses en une seule, en gommant les blancs de la carte de Wilson, intervalles où aucune roche n'affleurait, ce qui est légitime, et en simplifiant les contours, ce qui se justifie aussi. (Le même traitement a été appliqué à d'autres formations.) Cependant, elle assigne à ces roches volcaniques l'unité lithologique 7 : «Pegmatite, white pegmatite associated with marble», ce qui est aussi fort que de confondre une trompette avec une machine à laver...


POSTÉRITÉ
J’ai évoqué plus haut la descendance de la 1508A. Du membre le plus récent de sa progéniture (Géologie urbaine de la région de la capitale nationale ; Bélanger, 2008), disons seulement qu'il maintient imperturbablement la tradition qu'il a reçue en héritage. L’unité de «Pegmatite, white pegmatite associated with marble» a été remplacée par une unité de «Dykes, pegmatite», tout aussi mal venue.

Si, pour le reste de son contenu, la Géologie urbaine de la région de la capitale nationale demeure un document intéressant et fouillé, le tableau «Échelle des temps géologiques» occulte malencontreusement l’orogenèse grenvillienne (ca 1300-1000 Ma), en noyant cet événement fondamental qui a vu se former le socle même de la région de Gatineau et d'Ottawa dans un vaste Protérozoïque (2500-560 Ma) non différencié.

CONCLUSION
Il est dommage qu'une publication de la Commission géologique du Canada consacrée à la géologie de la région de la capitale fédérale soit obérée par tant de défectuosités. Il est tout aussi difficilement explicable que les (très) nombreux travaux qui ont été publié depuis 1980 ne soient pas pris en compte par Géologie urbaine de la région de la capitale nationale où j’espérais trouver, avant de la consulter, une synthèse mise à jour de l’état de nos connaissances sur la géologie régionale.

J’ai laissé tomber, durant la rédaction de ce texte que je ne tenais pas à trop étirer, quelques vétilles qu’on pourrait encore reprocher à la 1508A. Par exemple, à Kanata, toutes les lithologies semblent avoir subi un glissement de ±500 m vers l’Est (Kirwan,1962). J’ai cru constater un glissement semblable aux environs de Carleton Place (Reinhardt, 1967), sans pousser l’examen de la chose plus loin.

Dernier mot...
Et si la 1508A avait raison contre les cartes source ? J’ai contre-vérifié toutes mes affirmations, basées en premier lieu par l’examen des «sources», à l’aide de travaux publiés depuis la parution de la 1508A (1980). (Je n'ai pas fait figurer ces travaux, sauf l'article de Lafleur et Hogarth, dans les «Références», pour éviter d'alourdir le présent texte.) J’ai visité les sites énumérés dans le TABLEAU (sauf H et K). Même si je ne place pas mon expertise au niveau de celle de professionnels, je peux assurer le lecteur que, en autant qu’il est possible d’exprimer une certitude, je maintiens que, concernant les points que j’ai relevés, il y a unanimité (justifiée) des sources et autres références consultés, anciennes et nouvelles, contre la 1508A.


RÉFÉRENCES
Béland, R., 1954, Preliminary report on Wakefield area, Gatineau County(***), Quebec Dep. Mines, Prelim. Rep. 298, 7 p., map.
Bélanger, J. R. 1998, «Urban geology of Canada’s National Capital Area», Geol. Assoc. of Canada, Special Paper 42, pp. 365-384.
Bélanger, J. R., 2008, Géologie urbaine de la région de la capitale nationale / Urban geology of the national capital area, CGC, Dossier public 5311, 1 DVD.
Bélanger, J. R.; Harrison, J. E., 1980, Regional Geoscience Information : Ottawa-Hull, GSC, Paper 77-11, 18 p., with 8 maps
Hogarth, D.D., 1970, Geology of the southern part of Gatineau Park, National Capital Region, GSC, Paper 70-20, 8 p., map 7-1970.
Kirwan, J.L., 1962, «Geology of part of the Townships of March, Huntley and Nepean, Carleton County», Ontario, The Canadian Field – Naturalist, Vol. 76, No. 2, pp. 108-115.
Harrison, J. E.; MacDonald, G., 1980, Generalized Bedrock Geology Ottawa-Hull, Ontario and Québec, map 1508A, [1/125 000].
Lafleur J.; Hogarth D.D., 1981, «Cambro-Proterozoic volcanism near Buckingham, Québec», Canadian Journal of Earth Sciences, Vol. 18 : 1817-1823.
Livingstone, K. W., 1974, Geology, Arnprior, Ontario (Contributions by K.W. Livingstone, P.A. Hill, A.E. Wilson, and J.L. Kirwin), GSC, map 1363A.
MacDonald, G., 1967, Geology of the Ottawa region: A compilation, Carleton University, Geol. Paper 67-1, 3 p., map.
Reinhardt, E. W.; Wilson, A. E.; Liberty, B. A., 1964, Geology, Carleton Place, Ontario, GSC, preliminary map 7-1964.
Sabourin, R. J. E., 1965, Bristol-Masham area, Pontiac and Gatineau counties(***), Quebec Dep. Nat. Res., Geol. Rep. 110, 44 p., map.
Wilson, M. E., 1920, Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec, GSC, map 1691.

Base de données du ministère des Ressources naturelles et de la faune du Québec e-sigeom - Examine
Base de données des publications scientifiques du Secteur des sciences de la Terre de Ressources naturelles Canada, GEOSCAN.

(***) Version française utilisée pour l’élaboration du présent document.

* * *

ADDENDUM
J'ai rédigé ce texte en l'an 2000 et je l'ai laissé dormir au creux d'un dossier. Depuis, des travaux ont quelque peu vieilli les roches du site G. Il s'agirait de la suite volcano-plutonique alcaline de Robitaille, datant du Mésoprotérozoïque (1 milliard d'années). Mais ceci ne change rien fondamentalement quant au propos de mon exposé.

Références :
Hogarth, D.D., Rocks Of The Mason - Buckingham - Mayo Area, With Emphasis On Mesoproterozoic Igneous Types. Ministère des Ressources naturelles et de la faune du Québec, GM 63238, 27 pages, 1 carte (1/20 000), 2003. 31G11.
Donald D. Hogarth ; Michel J.L. Robin, «Strontium In Feldspars Of High-K Proterozoic Igneous Rocks Of The Robitaille Suite, Buckingham, Québec», The Canadian Mineralogist, oct. 2007, v. 45, no 5, p. 1293-1306.

dimanche 29 novembre 2009

Faille des Allumettières, Gatineau (Québec)


Billet retouché le 22 mai 2020.
Prenez note que le site F2 a été détruit par les installations du Rapibus.


Photo 1547. – Marmite des Allumettières. La bande de terre qui recoupe le fond de la marmite de haut en bas remplit sans doute une portion évidée de la faille des Allumettières (nom proposé ici. (Juillet 2007)

LOCALISATION

SNRC 31G/05
Boulevard des Allumettières et bretelle de sortie de l'autoroute 50, Gatineau (Québec),
45°25'55.14"N, 75°43'46.77"W.


PHOTO SATELLITE


Photo : © Google Maps. Réalisation du document : Henri Lessard (© 2007)
La marmite des Allumettières, au centre, son grand axe orienté NW-SE. (Son rebord ouest, rectiligne, souligne cette direction.) Report de la position des failles observées sur le terrain (F1-F4). Elles s'alignent toutes, avec la marmite, selon un axe NW-SE.




CONTEXTE GÉOLOGIQUE

Plate forme du Saint-Laurent ; Ordovicien (488-444 millions d'années)
Roches : formation d'Ottawa ; calcaire, dolomie, grès, shales (voir carte 413A plus bas)


Découverte de la failles des Allumettières

Le socle rocheux sur lequel nous vivons est fracturé dans tous les sens et ressemble à certaines vieilles porcelaines brisées et recollées à plusieurs reprises, avec des morceaux souvent mal ajustés.

J'ai parlé dans un ancien billet de la marmite des Allumettières (photo 1547). J'avais noté, sans insister, que cette formation était allongée selon un axe NW-SE. Le fait est d'ailleurs visible sur les photos satellites (voir la photo satellite). On constate aussi que le rebord ouest de la marmite, rectiligne, est parallèle à cette direction.

C'est d'abord la marmite qui avait accaparé toute mon attention. Voulant élargir mon champs d'investigation à ses environs, j'ai remarqué que des failles recoupaient à plusieurs endroits le banc de calcaire où elle s'est formée.

En reportant ces failles sur la photo satellite (F1 à F4), il est apparu que la marmite, son axe privilégié de développement et les failles se plaçaient sur une même ligne orienté NW-SE.

Toutes ces cassures dans le roc sont en fait une seule et même faille.

La forme allongée de la marmite trouve dons son explication. Elle s'est développée dans (et selon) une zone fragilisée du roc. La bande de terre (photo 1547) qui recoupe le mur du fond de la marmite de haut en bas remplit sans doute une portion évidée de la faille. Le rebord ouest de la marmite, de forme rectiligne, matérialise la cassure dans le roc que représente la faille (Ajout : 3 nov. 2012).

Les cartes publiées à ce jour (voir la carte 413A - elle date de 1938, mais il n'y en a pas de plus récente) sont muettes à propos de cette faille qui s'intègre parfaitement au faisceau de fractures qui découpent le centre-ville d'Ottawa et l'île de Hull (Gatineau). Même s'il y a tant et tant de failles qui découpent le socle rocheux dans la région, en découvrir une nouvelle est quand même quelque chose, dirons-nous modestement...

CARTE 413A (détail)

Cercle rouge et blanc : marmite des Allumettières ; carré blanc : zone couverte par la photo satellite ; ligne pointillé rouge : faille des Allumettières ajoutée à la carte : la pointe de la flèche et le ? indiquent que j'ignore jusque où elle se prolonge ; la ligne rouge continue : faille surlignée déjà présente sur la carte : je suppose ici que la faille des Allumettières ne se prolonge pas au sud de cette dernière, mais je ne peux l'assurer.
Les autres failles déjà cartographiées : lignes ondulées. 
La rivière des Outaouais traverse la carte ; au nord, Hull fait aujourd'hui partie de Gatineau ; Ottawa, au sud.
Les couleurs représentent les différentes formations du Paléozoïques (Ordovicien (488-444 millions d'années) de la plate-forme du Saint-Laurent. Orangé : formation d'Ottawa que recoupe la faille des Allumettières : calcaire et dolomie surtout ; autres couleurs : calcaire, dolomie, grès, shales.

Carte : A.E. Wilson, 1938 — Ottawa Sheet, East Half, Carleton and Hull Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 413A, 1 feuille (1/,63 360). Disponible gratuitement à la CGC.


Normale ou inverse ?

Comme cette faille traverse le boulevard des Allumettières, a contribué à la formation de la marmite que j'ai baptisée du même nom, je propose de la nommer faille des Allumettières.

En fait, il n'y a pas qu'une seule faille, mais plusieurs, très rapprochées, parallèles ou embranchées, comme en témoignent deux failles non répertoriées sur la photo satellite entre les points F3 et F4 (et d'autres, discrètes, à l'ouest de la marmite). À l'examen, on remarque que le compartiment situé au NE de la faille s'est abaissé par rapport au compartiment SW. Il s'agit d'une faille d'extension, dite faille normale, créée par l'étirement et la rupture du socle rocheux. Voir le point F1 (photo 1549) où la géométrie du mouvement est particulièrement évidente. (Dans le cas inverse, on aurait une faille de compression, dite faille... inverse. Logique, non?)


AJOUT (28 mai 2020)


Plusieurs autres failles avec déplacement sont visibles à l'ouest de la marmite. Toute la zone apparaît parcourue de cassures. Une de ces faille, à l'extrémité ouest de l'affleurement de la marmite, montre une orientation NWN, subparallèle à la faille des Allumettières.  


PHOTOS (juillet 2007)


Photo 1549 (F1 sur la photo satellite). – Dépôts de calcite blanche. Le compartiment E s'est abaissé : on parle d'une faille d'extension, dite faille normale.


Photo 1611 (F2).


Photo 1610 (F2). – Détail de la photo 1611 : brèche à matrice de calcite blanche qui a cimenté la faille et englouti des fragments du calcaire. Flexion vers le bas des strates du compartiment S.


Photo 1602 (F3). – Rouille.


Photo 1892 : faille non répertoriée sur la photo satellite (entre F3 et F4). –  Rouille et odeur de souffre (pyrite ?).


Photo 1592 (F4). – Faille normale ou inverse, d'après vous ?

AJOUT (3 nov. 2012)

Nouvelle vue de la marmite des Allumettières qui permet d'appréhender sous un autre angle l'alignement du bord rectiligne de la marmite et de la faille des Allumettières (F1).



Marmite des Allumettières visible à gauche (sud) et l'un des affleurements de la faille des Allumettières (F1 X) (nord). Boulevard des Allumettières, Gatineau (Québec), 3 novembre 2012.

Interprétation de la photo. – Ligne de visée depuis la marmite jusqu'à la faille F1. La ligne de visée est parallèle au rebord de la marmite. Comme la faille F1 est située quelques m plus bas que le rebord de la marmite, la ligne devrait, si elle était parfaitement horizontale (si elle visait un point situé un peu au dessus du X, à peu près au niveau du muret de béton), montrer un parallélisme encore plus parfait avec le rebord de la marmite.