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samedi 26 juin 2021

L'Île Hull fracturée



L'Île Hull dans l'Outaouais, en face de l'Île-de-Hull, à Hull (Gatineau), vue depuis le belvédère de la Cour suprême, à Ottawa. Ce calcaire désolé (mais voyez la dernière photo) est un morceau émergé d'une plate-forme faisant partie du Groupe d'Ottawa, ou de Trenton, selon la nomenclature adoptée, datant d'il y a 465 millions d'années (Ordovicien moyen). Photo 31 juillet 2019.



Il a souvent été question dans ce blogue de l'Île Hull qui émerge des eaux de l'Outaouais à la hauteur de la Cour suprême (lien vers les billets sur le sujet), ne serait-ce que pour vous apprendre à ne pas la confondre avec l'Île-de-Hull(1) qui lui fait face et de ne surtout pas l'appeler l'île aux Mouettes comme le font des individus que je ne qualifierai pas ; certaines personnes tout aussi inqualifiables vont jusqu'à l'annexer à Ottawa, alors qu'elle est à Hull (Gatineau) (billet du 30 déc. 2020, « L'Île Hull à Ottawa ? »).

Sa forme en 8 est caractéristique. Sur certaines cartes, elle ressemble à une cacahuète. La dépression qui la coupe en deux la... coupe en deux lorsque l'eau de l'Outaouais monte assez haut pour l'envahir et faire de l'île des îlots jumeaux. 

(1) À propos de l'Île-de-Hull, voir par exemple le billet du 10 août 2013, « Île-de-Hull (Gatineau) : guide géologique ».

Je n'avais jamais remarqué avant les jours derniers que le réseau des diaclases ou joints dans le calcaire diffère dans les deux parties de l'île Hull. Une faille NO-SE, paralèlle à la dépression, traverse la rivière moins de 200 m en amont sans effleurer l'Île(2). Ce sont les cartes géologiques qui l'affirment, mais il faut savoir les interpréter. Ce qui est une simple faille sur papier se résout souvent sur le terrain en un faisceau de failles. Il est donc possible que l'île soit affectée par une faille secondaire non cartographiée (carte géologique plus bas), plus discrète. D'ailleurs, la faille qui passe à l'ouest a fait basculer les strates de calcaire sur la rive hulloise (photo janv. 2012 plus bas) alors que dans l'Île Hull, elles demeurent pratiquement horizontales.

(2) Dans d'autres billets, j'ai baptisé par commodité cette faille « faille Montcalm » ; elle a cependant été cartographiée par A.E. Wilson dans les années 1930. Réf. : Wilson A.E., 1946 – Geology of the Ottawa-St. Lawrence Lowland, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, Mémoire 241, 66 p. (+ cartes). La faille Montcalm est identifié par un F rouge sur la carte géologique plus bas.

Quoi qu'il en soit, la faille non cartographiée qui, je le soupçonne, coupe l'Île Hull, a peut-être juxtaposé deux compartiments du socle rocheux ayant chacun leurs réseau de joints particuliers. Il faut cependant remarquer que l'île tout entière fait partie de la même formation de calcaire de l'Ordovicien moyen (Groupe d'Ottawa ou de Trenton, 465 millions d'années), ce qui limite l'ampleur du rejet théorique de la cassure.

De tout ceci m'est venue l'idée d'aller jeter un coup d'oeil plus large voir si les systèmes de joints varient d'un secteur à l'autre de la région.

À suivre...


Saisie d'écran (Google) de l'Île Hull. 
En haut, certaines diaclases retouchées en rouge. 
Au nord, le réseau des diaclases est orthogonal. Au sud, des failles s'incurvent vers le NE. Elles semblent se superposr à un patron semblable à celui de la partie nord. 
L'inondation de la dépression au centre de l'Île l'a transformé en un couple d'îlots.

En bas, l'image intacte.
La dépression inondée entre les deux parties de l'Île Hull est paralèlle à la faille qui passe au SO de l'Île (voir la carte géologique).



Géologie de Hull (Gatineau) et d'Ottawa, séparées par la rivière des Outaouais. (Cliquer sur l'image pour l'afficher à sa pleine grandeur.)

Légende adaptée

  • Lignes noires ondulées (présentes sur la carte originale) : failles ;
  • X rouge ajouté : l'Île Hull, au milieu de la rivière des Outaouais ;
  • F rouge ajouté et segment de faille surligné en rouge : faille traversant la rivière au SO de l'Île Hull ;
  • Les couleurs (originales) : différentes formations du Paléozoïques de la plate-forme du Saint-Laurent que je ne détaille pas ici. Orangé : Groupe d'Ottawa ou de Trenton (Ordovicien moyen, 470-458 Millions d'années), calcaire et dolomie surtout ; autres couleurs : calcaire, dolomie, grès, shales (Ordovicien, 488-444 millions d'années).

Carte : A.E. Wilson, 1938 — Ottawa Sheet, East Half, Carleton and Hull Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 413A, 1 feuille (1/,63 360). 


Rive hulloise à l'ouest de l'Île Hull : strates de calcaire basculées par la faille notée par un F rouge sur la carte. Photo janv. 2012.





Île Hull, 7 juillet 2014. Un saule saulitaire domine herbes et arbustes. L'arbre n'a pas résisté à la grande crue de 2017. (Voir billet du 11 sept. 2019, « Désolation sur l'île Hull ».)


mercredi 30 décembre 2020

L'île Hull à Ottawa ?

 

L'île Hull, à Hull (Gatineau), le 7 juillet 2014, en face de l'Île-de-Hull (ne pas confondre !). Le saule n'a pas résisté à la crue historique de 2017 (voir billet du 11 sept. 2019, « Désolation sur l'île Hull ».)
La photo a été prise depuis le belvédère derrière la Cour suprême, à Ottawa. 
Les mouettes manquent à l'appel (lire l'article pour saisir l'allusion.)










L'habitude d'agir avec désinvolture lorsqu'il s'agit de créer ou de manipuler les cartes semble décidément bien implantée. 

Dans un billet publié le 31 mai 2020 (« Frontière Gatineau-Ottawa déplacée ? »), je dénonçais cette manie qu'avaient prise les éditeurs et diffuseurs de cartes (Google et autres) de faire flotter la frontière Québec-Ontario dans la rivière des Outaouais sans égards aux conventions reconnues et acceptées. Il leur arrive de la faire dériver au point que des îles changent de province - toujours à l'avantage de l'Ontario. Leur sens de l'initiative (ou leur sans-gêne) va jusqu'à débaptiser d'autorité des îles qui ont pourtant des toponymes reconnus (voir billet du 6 juin 2020, « Comment Isaac est devenu Kate sans cesser d'être île »). 

Pour tout cette discussion, prière de vous référez aux cartes reproduites plus bas.

On peut ajouter à ces annexions sournoises et à ces changements de noms intempestifs le cas de l'île Hull, île québécoise entre l'Île-de-Hull (ne pas confondre !), à Gatineau, et le promontoire de la Cour suprême, à Ottawa. Anciennement nommée Lone Pine Island (voir billet du 19 avril 2014), elle est depuis longtemps identifié sous le toponyme île Hull sur les cartes topographiques officielles. (Notez que si ce toponyme n'est pas reconnu par la Commission de toponymie du Québec ni inclus dans la base de données toponymiques du Canada, le fait qu'il apparaisse sur les cartes éditées par le gouvernement du Canada lui donne une légitimité certaine.)

Des éditeurs de cartes modernes l'ont renommée Île aux Mouettes - ce qui est descriptif, sans conteste, et tout à fait juste, du moins une partie de l'année, mais néanmoins abusif puisqu'elle a déjà un nom - ; dans certains cas, la frontière est déplacée vers le nord ce qui annexe l'île Hull à l'Ontario. 

Un morceau de Hull dans Ottawa ?... Et combien d'îles dans l'Outaouais pourraient se décrire comme « île aux Mouettes » ?... Presque toutes.

Une certaine légèreté semble décidément présider à l'édition des cartes privées (Google et autres, pour ne pas les nommer), souvent reprises par les autorités publiques. Je pourrais multiplier les démonstrations pour illustrer mon propos. Je me suis limité ici qu'à un nombre restreint d'exemples. 

Lors de la parution de mon billet du 31 mai 2020 (lien plus haut), Luc Villemaire m'a transmis un document rédigé sous la direction de l’arpenteur géomètre Marie Boutin, Intégrité du territoire Québécois. (J'en ai fait mention par un ajout dans le billet.) Selon ce document, la question de la frontière Québec-Ontario entre Hull et Ottawa est bien réglée :

« Le segment [de la frontière Québec-Ontario] de l'Outaouais est une frontière bien délimitée que les provinces n'ont pas mis en doute. En effet, les textes sont clairs, valides et précis (aussi bien les textes de lois que les levés d'arpentages); la limite est '' le milieu du chenal principal de la rivière des Outaouais ''. Il reste cependant que cette limite interprovinciale devrait être démarquée de façon définitive. »

Il reste aussi aux éditeurs de cartes à se mettre au courant de cette « frontière bien délimitée que les provinces n'ont pas mis en doute »... 

Je renonce à contacter Google, l'ayant déjà fait sans obtenir la moindre réponse (voir le billet du 4 mai 2013, intitulé « Courbe immotivée »).


Carte bathymétrique de l'Outaouais (détail) : carte « officielle » s'il en est. L'île Hull, au centre, est bel et bien du côté québécois de la frontière (ligne tiretée noire). 
Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario. Carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02.


Détail de l'Ottawa Topographic Map (OTM) de l'Université Carleton d'Ottawa, saisie d'écran, juin 2020. Aucun reproche à formuler à l'encontre de ce travail. La frontière Québec-Ontario est correctement reportée. IH (blanc) : île Hull, en partie noyée sous les eaux en crue de la rivière ; elle est bien au Québec.


Détail de la même Ottawa Topographic Map (OTM) de l'Université Carleton d'Ottawa, sans la couche de la photo satellite, saisie d'écran, juin 2020. L'île Hull est débaptisée « Île aux Mouettes » (à droite) et le tracé abusivement rectiligne de la frontière la place en Ontario. Ironiquement, l'île est nommée mais non représentée...
Comme si ce n'était pas assez, tout le secteur des Chaudières passe en Ontario : comparez avec le détail précédant et avec la carte de Google plus bas. (Voir billet du 31 mai 2020, « Frontière Gatineau-Ottawa déplacée ? ».)
La légende de la carte contient ce passage : « CAD and GIS files are available for direct download. Files were originally downloaded in April 2016 from the City of Ottawa Open Data Website. »


Carte provenant de l'application Topo Maps Canada de David Crawshay (détail, saisie d'écran juin 2020.) Frontière Québc-Ontario incorrecte au milieu de la rivière des Outaouais. 
Elle utilise le même fond que la carte de l'OTM, plus haut. Les erreurs se perpétuent et se répandent ainsi...


Carte : 1913. - Version en couleur d'une carte de 1902. Lone Pine Id (détail encadré à droite) : actuelle ile Hull. Qu'importe son nom, l'île est située du côté québécois de la frontière, à Hull. 
Carte photographiée à main levée, distorsions possibles. Twentheth Century Map City of Ottawa and Vicinity. 600 f./inch. A.S. Woodburn, Ottawa, 1913 (détail).


Carte topographique du gouvernement du Canada : 1923-1925. - J'ai identifié l'île Hull par IH en rouge ; toujours en rouge, j'ai souligné des segments de la frontière Québec-Ontario : l'ìle Hull est bien au Québec. 
Carte topographique : 1971. - Hull I(sland), du côté québécois de la frontière.


Carte topographique : 1976. - Île Hull (francisée), du côté québécois de la frontière. Même secteur que la carte de 1971.


Atlas de la Ville de Gatineau, saisie d'écran, juin 2020. La frontière Québec-Ontario passe au sud de l'île Hull (à droite, anonyme sur la carte).


Carte Google (2013). - J'ai corrigé la frontière en rouge (au centre). (Voir le billet du 4 mai 2013, intitulé « Courbe immotivée »). L'île Hull, à droite (sans nom), est au Québec. Google est exact sur ce point...



L'île Hull a longtemps porté le nom de Lone Pine Island. Et pourquoi pas Two Pines Island ? Elle est au milieu de la rivière, à droite. Ottawa (Byrown) avant le Parlement : Edmund Willoughby Sewell (1800-1890), (titre original :) View of Barrack Hill and the Ottawa River at Bytown (Ottawa), ca. 1843-1859, huile sur toile. Bibliothèque et Archives Canada, C-011047, no MIKAN 2837003


Vue de l'Outaouais depuis la Colline du Parlement (vers 1922). - L'île Hull, à droite, plus verte qu'aujourd'hui, mais quand même privée de son (ses) pin(s) solitaire(s). Le pont de la Chaudière, à la droite du centre de la photo.
Anonyme, vers 1922, plaque sèche à la gélatine, MP-0000.25.176, © Musée McCord.


samedi 5 octobre 2019

Îlot satellite à l'île Hull (mise au point)


Mise au point, 12 octobre 2019. - Le mystère de l'îlot est-il résolu ? Des travaux au barrage Carillon et de faibles précipitations expliqueraient son apparition au nord de l'île Hull, dans l'Outaouais. Voir Ajout, à la fin du billet.



Photo 1. Île Hull dans l'Outaouais : un îlot satellite a surgi dans ses parages. Photo prise de l'arrière de la Cour suprême à Ottawa (voir carte 2), le 4 octobre 2019 ; vue vers le nord, vers Gatineau au Québec.


Localisation

Île Hull, à Gatineau, dans la rivière des Outaouais, sous la falaise de la Cour suprême. (Ne pas confondre avec sa grande voisine, l'Île-de-Hull, quartier de la ville de Hull (Gatineau).)
45.424513, -75.706967

Autres billets à consulter sur l'île Hull





Quand une partie du lit d'une rivière surgit à l'air libre, on assiste à la naissance d'une île, non ?

C'est la première fois à ma connaissance qu'une partie de l'extension de la plate-forme calcaire de l'île Hull* émerge à l'écart de ses rives. Le niveau de la rivière a fluctué entre 41,2 m et 41,3 m fin septembre, début octobre, ce qui n'est pas exceptionnel (CPRRO). L'émergence de ce nouvel îlot ne peut s'expliquer que par des circonstances nouvelles.
* À ne pas confondre avec l'Île-de-Hull voisine !

Les assises de l'îlot sont à 1,8 m de profondeur d'après le niveau de référence des eaux (40,8 m ; voir cartes marines 1 et 2). En tenant compte du niveau actuel de la rivière donnée au paragraphe précédent, la profondeur de ces assises sont présentement de 2,2 à 2,3 m.

C'est plus que la hauteur d'un être humain. À cette profondeur, le lit de la rivière devrait demeurer invisible. Ça a été le cas jusqu'ici ; l'îlot de cet automne n'est jamais apparu sur aucune carte ou photo (à ma connaissance du moins). Noter cependant que des prémisses se sont faits remarquer dès cet été (photo 5).

Les valeurs ci-haut sont données par les isobathes sur la carte marine (en bleu). Des mesures ponctuelles (en noir) nuancent le tableau. On remarque ainsi, au nord de l'îlot, entre l'île Hull et la rive gatinoise, une petite zone profonde de seulement 0,6 m. Au sud-ouest de l'île Hull, une mesure ponctuelle donne 0,9 m de profondeur. Accordons libéralement une profondeur de 0,6 m aux assises de l'îlot. Avec le niveau de la rivière ces derniers jours, la profondeur des assises de l'îlot serait donc de 1,0 m à 1,1 m. J'aurais de l'eau jusqu'au nombril si je me tenais à cet endroit.

L'îlot semble plutôt constitué d'une accumulation de débris (photo 2). Est-ce que la dernière crue exceptionnelle, celle du printemps 2019 (qui a suivi de peu celle de 2017 ; billets du 7 mai et du 8 juin 2017) est responsable de cette accumulation capable d'arrêter les billots à la dérive ? La force des eaux a-t-elle été suffisante pour les accumuler sur une hauteur de plus d'un m ?

D'après la carte marine, il aurait suffit pourtant qu'ils soient poussés un peu plus loin pour qu'ils déboulent à un niveau plus profond, sous l'isobathe de 1,8 m (2,1 à 3,4 m sous le niveau de référence) et disparaissent sous l'eau et de la vue ! Pourquoi le courant des eaux gonflées du printemps aurait-il abandonnés ces débris juste là, au bord de la pente ?

Histoire à suivre.



Photo 2. Gros plan de la partie est (aval) de l'île Hull ; le nouvel îlot, tout proche. On remarque les débris rocheux sur l'île Hull (voir billet du 11 sept. dernier.) Les débris qui auraient pu être poussés vers l'aval (vers l'est) en dehors de l'île Hull par la crue du printemps seraient tombés dans des eaux trop profondes pour qu'ils demeurent visibles (voir les cartes).



Photo 3. Agrandissement de la photo 2. Le nouvel îlot au large de l'île Hull semble en partie constitué ou recouvert de débris rocheux accumulés.



Photo 4. Situation « normale » antérieure à cet été ; 5 novembre 2015. L'eau est calme et sans ride aucune au dessus du futur îlot. Rien ne trouble l'écoulement des eaux.



Carte 1. L'île Hull est au centre. Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario, carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02 (détail).



Carte 2. Détail de la carte 2. L'astérisque rouge indique la position approximative du nouvel îlot, sur le bord de l'isobathe de 1,8 m ; le X rouge, l'endroit d'où les photos 1 à 4 ont été prises, derrière la Cour suprême du Canada. Les assises de l'îlot sont sur une une extension de la plate-forme de l'île Hull de 1,8 m de profondeur, d'après le niveau de référence de 40,8 m. Comme le niveau de la rivière fin septembre, début octobre n'est pas descendu plus bas que 41,2 m, la profondeur minimale de cette extension était de 2,2 m.


Photo 5. L'île Hull et son îlot satellite (sous le X rouge) vus de la Pointe Nepean, à Ottawa. Les prémisses de l'îlot étaient déjà visibles cet été. Photo 6 septembre 2019 : l'îlot commençait tout juste à poindre.


AJOUT (12 oct. 2019)


Photo 6. - Inukshuk sur l'île Hull. Photo 11 octobre 2019, prise à bord de l'aqua-taxi qui relie les berges de l'Outaouais entre le musée de l'Histoire, à Gatineau, et la Colline du Parlement, à Ottawa.


Travaux et faibles précipitations réduisent le niveau de la rivière des Outaouais

Radio-Canada, avec les informations d’Alexandra Angers, 10 octobre 2019. Lien.

« De nombreux habitants de la région de Gatineau ont remarqué depuis quelques jours le faible niveau de la rivière des Outaouais. Cette situation s’explique en partie par des travaux d’Hydro-Québec et un manque de précipitations.
Hydro-Québec effectue depuis la mi-septembre des travaux de forage à la centrale de Carillon. Pour le dernier volet, il a fallu réduire samedi dernier [5 octobre] le niveau de la rivière.
Ces travaux seront terminés en fin de journée vendredi [12 octobre]. Le niveau de la rivière devrait alors récupérer progressivement environ 20 cm. »

L`îlot au nord de l'île Hull a commencé à pointer hors de l'eau dès le mois de juillet, si je peux me fier à ma mémoire. Les oiseaux avaient dès cette date pris l'habitude de se poser sur le lacet rocheux qui affleurait déjà. La faiblesse des précipitations de la fin de l'été n'explique donc pas à elle seule son apparition, ni les travaux au barrage Carillon. D'ailleurs, la photo 1 a été prise le 4 octobre, avant le début des travaux du dernier volet, le 5 octobre. 


Photo 7. - 31 juillet 2019. Les prémisses de l'îlot servaient au repos des oiseaux..

mercredi 11 septembre 2019

Désolation sur l'île Hull



Île Hull, 7 juillet 2014, dans la rivière des Outaouais. Un saule saulitaire domine herbes et arbustes. Toutes les photos (sauf celle du 4 mai 2017) ont été prises du belvédère derrière la Cour suprême, à Ottawa, avec vue sur la rive gatinoise (Hull), au Québec. Sud-ouest à gauche (amont), nord-et à droite (aval).


Localisation


  • Île Hull, à Gatineau, dans la rivière des Outaouais, sous la falaise de la Cour suprême. (Ne pas confondre avec sa grande voisine, l'Île-de-Hull, quartier de la ville de Hull (Gatineau).)
  • 45.424513, -75.706967


Autres billets à consulter sur l'île Hull





L'île Hull, dans la rivière des Outaouais (à ne pas confondre avec l'Île-de-Hull voisine !), a subi les effets des crues exceptionnelles de 2017 et 2019. Deux exceptions si rapprochées laissent planer l'idée qu'une nouvelle règle est en train de s'établir, mais ce n'est pas mon sujet.

Le jeune saule dont je surveillais la croissance sur l'île depuis le début du millénaire n'a pas résisté à la grande crue de 2017.


Avant la crue de 2017

En juillet 2014 (les dates réfèrent aux photos), le saule et des petits frères (ou des arbustes quelconques) avaient colonisé le centre de l'île. Herbes et arbustes poussaient autre-part, ici et là. La photo prise en novembre 2015 permet de se rendre compte de la part de végétation vivace enracinée sur la plate-forme calcaire qui constitue l'île.


La crue de 2017

La crue du printemps 2017 emporte le saule. La dernière photo que j'ai de l'arbre date du 4 mai de cette année.


Entre les deux crues

Durant l'été 2017, quelques arbustes qui poussaient à l'ombre du saule sont toujours visibles. Quelques rares autres subsistent ailleurs ; la partie est de l'île est rasée. La situation n'a pas notablement changé un an plus tard, en août 2018. 


Après la crue de 2019

La crue du printemps 2019 semble avoir éradiqué pratiquement toute végétation sur l'île. Étant donné la rapidité avec laquelle les herbes croissent sur n'importe quel terrain offert à leur expansion, je trouve cette aridité étonnante.

À défaut de verdure, la crue de 2019 semble avoir semé un peu de désordre dans les blocs calcaire qui jonchent l'île. Du désordre minéral, mais adieu saule, arbustes et herbes folles. J'ai beau aimer les pierres (je vous rappelle que ce blogue est consacré à la géologie de l'Outaouais), je trouve qu'on a perdu au change !



5 novembre 2015. Cette vue automnale permet de voir la part de végétation vivace enracinée sur l'île.



1er mai 2017. La crue recouvre l'île (banal et annuel), mais le saule semble n'avoir pas résisté à la la force exceptionnelle des eaux de ce printemps.



4 mai 2017, dernière image du saule (prise depuis la rive québécoise, visée vers le sud).


6 août 2017. Avec le retour de l'été, un peu de vert subsiste ou surgit. Mais plus de saule !



13 août 2018. L'eau a coulé sous les ponts. Un peu de verdure perdure sur l'aride plateau calcaire. L'extrémité aval (nord-est, à droite) est désert.



31 juillet 2019, après la crue du printemps, exceptionnelle, autant que celle de 2017 (tant d'exceptions font finir par constituer une nouvelle règle...) C'est la désolation totale, en plein milieu de l'été. Aussi vert et rugueux qu'un parking désaffecté.


3 septembre 2019. Situation presque identique.


Supplément



Le toponyme original de l'île Hull, au XIXe s. était Lone Pine Island. Et pourquoi pas Two Pines Island ? L'île Hull est au milieu de la rivière, à droite. Ottawa (Bytown) avant le Parlement : Edmund Willoughby Sewell (1800-1890), (titre original :) View of Barrack Hill and the Ottawa River at Bytown (Ottawa), ca. 1843-1859, huile sur toile. Bibliothèque et Archives Canada, C-011047, no MIKAN 2837003.


5 novembre 1963. L'île Hull, en partie couverte de végétation (pas très évidente sur cette photo en noir et blanc) servait à fixer les booms ou estacades pour le transport du bois. En bas, à gauche, la Cour suprême du Canada. J'ai pris les photos de ce billet depuis le belvédère en demi-cercle, en arrière de l'édifice. Source : Photothèque nationale de l'air (PNA), photo A18339-10, 5 nov. 1963.

jeudi 8 juin 2017

Feu le saule de la rivière


Suite du billet du 7 mai 2017.

Fig. 1. - L'île Hull émerge des eaux de l'Outaouais en décru. Où est passé le saule ? Photo prise le 8 juin 2017 depuis le belvédère derrière la Cour suprême.


Fig. 2. - Le saule et l'île Hull le 7 juillet 2014. Même point de vue que pour la première photo.


L'île Hull (et non l'Île-de-Hull, ne pas les confondre), entre Ottawa et Gatineau, commence à émerger des eaux de l'Outaouais en décru. Quelques herbages apparaissent, les oiseaux sont revenus (fig. 1).

On en voit désormais assez pour se rendre compte que la disparition du saule qui, depuis plus de dix ans, poussait sur l'île, est bien avérée (voir billet du 7 mai 2017.) L'arbre n'a pas résisté à la crue historique de ce printemps.

Ce n'était pas la première crue qu'il encaissait. Chaque printemps, l'île demeurait submergée un long moment ; l'arbre, dont les branches émergeaient des eaux, avait toujours tenu le coup.

Il émergeait encore des eaux le 4 mai (fig. 3) ; le 7 du même mois, j'ai constaté sa disparition.

J'aurais aimé voir l'île reverdir et reprendre l'allure qu'elle avait autrefois (fig. 4). Restent les herbages qui, comme le roseau de la fable, ont plié face au courant sans être déracinés.



Fig. 3. - Dernière photo du saule émergeant, comme chaque printemps, de la rivière en crue. Photo prise depuis le pont Alexandra, le 4 mai 2017.


Fig. 4. - L'île Hull (à droite) en ses temps plus verts. Elle portait au XIXe s. le nom (inapproprié, d'après cette toile) de Lone Pine Island.
Barrack Hill (future Colline du Parlement) et l'île Hull (entre 1843-1859) : Two Pines Island ?
Edmund Willoughby Sewell (1800-1890), View of Barrack Hill and the Ottawa River at Bytown (Ottawa), vers 1843-1859, huile sur toile. Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 2837003.

dimanche 7 mai 2017

Le saule et la crue


Il y a une suite (ou une conclusion) : billet du 8 juin 2017.


Le saule de l'île Hull, dans l'Outaouais, sous la Cour suprême, vu de Hull (Gatineau), QC. Photo 4 mai 2013, en une crue plus clémente que celle de cette année.


Je suis comme un saule inconsolable. Mon arbre préféré a été emporté par la crue de l'Outaouais. Le 4 mai dernier, comme chaque printemps, il défiait encore les vagues, vaillant, les bourgeons déjà éclatés. Aujourd'hui, 7 mai, il n'est plus dans le paysage ; il n'est plus, point.

Il poussait sur l'île Hull, entre Ottawa et Hull (Gatineau).

(Attention à ne pas confondre l'île Hull (dans la rivière) et l'Île-de-Hull (quartier de la ville délimité par la rivière et le ruisseau de la Brasserie)).

Je suivais la croissance du saule depuis quelques années (voir ces anciens billets). Par l'examen de photos aériennes, j'en avais déduit qu'il existait depuis 2002. Distinguer, depuis des photos prises du haut des airs, un saule naissant des arbustes et autres herbes qui poussent sur l'île n'est pas chose aisée, et je donne cette date comme approximative.

Chaque printemps, l'île Hull était recouverte par la crue de l'Outaouais. Le saule tenait bon, les branches émergeant au dessus des vagues. Sans perdre de temps, il verdissait, même alors qu'il avait les pieds dans l'eau.

Cette année, la double crue, celle d'avril, déjà forte, et celle de mai, qui se poursuit et qui bat tous les records, semble avoir eu raison de lui.

C'est triste. Est-ce que l'île Hull va revenir à la nudité rocailleuse qui était la sienne avant l'an 2000 ?

Dernier espoir : le saule n'est peut-être que submergé : voir deux dernières photos du billet.



Le saule et l'île Hull le 7 juillet 2014. La photo a été prise depuis le belvédère derrière la Cour suprême.



7 mai 2017, depuis le même point de vue que pour la photo précédente. Les rapides signalent la position de l'île Hull. Le saule devrait émerger des vagues à la verticale du pylône qui se dresse sur la rive opposée (vers la gauche).



4 mai 2017 : le saule émergeait de l'Outaouais en crue. Photo prise depuis le pont Alexandra.



Détail de la photo précédente. Est-ce que la hausse du niveau de l'Outaouais, passée de 44,59 m (4 mai) à 45,16 m (7 mai à 16 h 00 (CRPPO)), soit une augmentation de 57 cm, pourrait laisser espérer que le saule n'est que submergé ?

vendredi 1 août 2014

Les Chaudières : discussion privée


Ce billet n'est destiné qu'à fournir des aliments visuels à une discussion (verbale), d'où son aspect un peu abrupt, sans commentaire. Il traite du secteur des Chaudières, à Hull et Ottawa. Sinon, pour en savoir plus, voir les billets du 25 juillet 2014 et (surtout) du 8 juin 2014.


Les Chaudières en 1938. Barrage et chute de la Grande Chaudière en haut à gauche ; Hull (Québec), au nord ; Ottawa (Ontario), au sud. L'île Hull, à droite, au milieu de la rivière des Outaouais, entre Hull, au nord, et Ottawa, au sud, plus large et plus symétrique qu'aujourd'hui (cf. fig. Suivantes). Au sud de l'île, une plate-forme verte s'avance dans la rivière : «l'île» du Parlement rattachée à la rive.
Source : Photothèque nationale de l'air (PNA), photo A6352-40 (détail), 25 sept. 1938.


En 1963, l'île Hull est réduite aux proportions qu'on lui connaît aujourd'hui. Malgré la hausse du niveau de la rivière que cela traduit, l'île du Parlement (ici péninsule boisée) n'est pas autrement affectée.
Source : Photothèque nationale de l'air (PNA), photo A18339-10, 5 nov. 1963.



© Google. Situation actuelle (2013). On devine, à travers l'eau, les parties submergées de l'île Hull ; l'île ou péninsule du Parlement, effacée du paysage, s'entrevoit elle aussi, à droite, près de la rive, sous la couche d'eau. (Ne pas tenir compte du X blanc, en bas à gauche, qui provient d'un usage de la photo dans le billet du 25 juillet 2014, lien plus haut.)



Carte bathymétrique de la rivière des Outaouais en aval de la Grande Chaudière. L'île Hull, au centre de l'image ; l'île-péninsule du Parlement, au sud, sous la forme d'une excroissance rattachée à la rive. Le niveau de la rivière ne peut descendre plus bas que 0,6 m (île Hull) ou 1,2 m (île du Parlement) sans que, dans leurs entourages immédiats, la plate-forme rocheuse qui les prolonge n'émerge, ce qui ne s'est jamais produit à ma connaissance.
Légende la carte (extrait) : «Les profondeurs sont en mètres et sont réduites au zéro des cartes (un niveau de basses eaux), lequel à Hull est de 40,8 mètres au-dessus du niveau de référence géodésique (RG).» 
Selon la SHO (1995), dans Vaillancourt et al. (2008 ; voir billet du 8 juin 2014, lien plus haut), le niveau de la rivière à Hull (station Hull et écluses Rideau) ne descend plus au dessous de 41,25 m à 41,6 m* durant l'étiage depuis la mise en eau du barrage Carillon (1965 1962 [corr. 7 août 2014]). Avant cette date, ces valeurs étaient de 39,4 m et 40,8 m**.
* Données 1965-1987. Valeurs approximatives d'après les courbes du graphique.
** Connées 1940-1962. Valeurs approximatives d'après les courbes du graphique.

Source de la carte  : Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario, carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02 (détail).