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mardi 13 octobre 2020

Brique écossaise du lac Leamy (AJOUT)

Photo Paul Paquette, lac Leamy, Gatineau QC, 2017.
Cette demi-brique a été découverte par M. Paul Paquette au lac Leamy (Gatineau QC), à l'endroit où s'élevait le moulin à vapeur de la scierie d'Andrew Leamy (1854-1874 ; voir billet du 6 août 2020 ; « Le canal oublié du lac Leamy ».)

L
a brique portait une marque de son fabriquant. Seule la fin des trois lignes de l'inscription était lisible :

... ENT
... (W?)N & SON
...LEY


M. Paquette a aussitôt fait le lien avec les briques réfractaires importées d'Écosse trouvées sur le site voisin de l'ancien moulin à vapeur de la Gilmour & Hughson, au parc Jacques-Cartier (1873-1933 ; voir billet du 21 sept. 2020, « Les briques écossaises de la Gilmour ».

L'Écosse a longtemps été une grande productrice de briques réfractaires. Elles étaient recherchées pour leur qualité et les commandes affluaient de partout au monde. Le Château Frontenac par exemple se pare d'un « revêtement mural de brique de Glenboig orangée [1]. » À propos de la briquerie de Glenboig, justement, on dit ceci : « C'était la plus grande manufacture de briques réfractaires au monde à la fin du XIXe s. et les GLENBOIG ont été exportées dans presque tous les pays industrialisés (ma traduction) [2]. »

J'ai consulté le site Internet de Cranston, Scotland's Brick Industry, consacré, comme son nom l'indique, à l'industrie de la brique en Écosse. N'ayant pu trouver parmi sa nomenclature de briques une qui corresponde à celle de M. Paquette, j'ai envoyé un courriel à M. Cranston pour lui demander d'éclaircir la question.

[1]. - « Lieux patrimoniaux du Canada », http://www.historicplaces.ca/fr/rep-reg/place-lieu.aspx?id=1320, consulté le 4 mars 2017.
[2]. - « It was the largest fireclay company in the world at the end of the 19th century and GLENBOIG firebricks were being exported to nearly every industrial country in the world. » http://www.scottishbrickhistory.co.uk/glenboig-3/, consulté le 4 sept. 2016.

Voici la réponse de M. Cranston, venue par courriel, texte et photo :

Photo Mark Cranston.
« Yes indeed your brick is Scottish and would have read "Patent R Brown & Son, Paisley''. 

Robert Brown was a very influential businessman in the Paisley, Glasgow area and he was also the Provost of Paisley for a number of years.

He owned several brickworks in the area, Ferguslie Fireclay Works, Shortroods Brick and Tile Works and the Caledonian Brick and Drain Pipe Works. »

Bref, la brique de M. Paquette est bien d'origine et de fabrication écossaise. Celle de M. Cranston est toutefois plus photogénique que la sienne...

La brique du lac Leamy et de celles de la Gilmour pourraient cependant provenir de remplissages récents (après 1950). Mais comme elles ont été trouvées à l'endroit où se sont élevés autrefois des moulins à vapeur, j'accorde un poids relatif à cette hypothèse. Les briques ont toutes les chances d'être des reliques de ces anciens moulins.

Elles ont traversé l'Atlantique pour servir quelque part à quelque chose avant d'être répandues au sol ! Il serait intéressant de savoir s'il y a eu d'autres moulins à vapeur dans la région. Sujet à explorer...

Notons que si les fondateurs de la Gimour étaient d'origine écossaisse, Andrew Leamy était d'origine irlandaise (voir mes deux billets cités plus haut).

Montage et retouches Henri Lessard © 2018.


Le lac Leamy : position du moulin à vapeur de la scierie d'Andrew Leamy, 1884 vs 2018.

1884 (carte)
A : Old Canal (datant de 1848); 
B : New Canal (datant de 1865); 
C : Leamy’s Old Steam Mill; 
D : décharge du Lac Leamy dans l’Outaouais; 
E : entrée du cours d’eau intermittent qui s’écoulait dans le ruisseau de la Brasserie; 
RG : rivière Gatineau; pointillé dans la Gatineau : estacades.
Modifié du Plan of the government works at the mouth of the Gatineau River. Surveyed by W.J. Macdonald. P.L.S. Ottawa, Dec. 6th 1884. J.H. Roy (détail).
No MIKAN 4133993, 
Bibliothèque et Archives Canada.


2018, photo satellite (© Google)
I : île dans la Gatineau ; 
LC : lac de la Carrière.

AJOUT (14 oct. 2020)

À propos de la possibilité de trouver des briques écossaises ailleurs dans la région, signalons celle trouvée à Rockland (ON) et dont parle le site Scotland's Brick and Tile Manufacturing Industry de Mark Cranston.

Il s'agit d'une Gartcraig Scotland No 6*. Elle a été trouvée par Helen Pace : « The brick we found in our yard in Rockland, Ontario, Canada », selon ses propres mots.

* Le site de la Gilmour a donné une Gartcraig Scotland No 1. (Voir le billet du billet du 21 sept. 2020, « Les briques écossaises de la Gilmour ».)

Gartcraig Scotland No 6.
Photo Helen Pace, Rockland ON, dans : 

Rockland est située à moins de 50 km à l'est de Gatineau, sur la rive droite de l'Outaouais, en Ontario. 

« In 1868, a young entrepreneur, William Cameron Edwards, decided to establish a sawmill at the McCaul point [Rockland]. [...] The woodmill owned by W. C. Edwards closed in 1926, as a result of the economic turmoil following the First World War. » (Wikipédia)

Le moulin à vapeur de Rockland a été la proie des flammes en 1875 pour être ensuite reconstruit*. 

* Hughson, John W. et Courtney C.J. Bond. Hurling Down The Pine. The story of the Wright, Gilmour and Hughson Families, Timber and Lumber Manufacturers in the Hull and Ottawa Region and on the Gatineau River, 1800-1920. Chelsea, Historical Society of the Gatineau, 1987, 3e édition, révisée, (1re éd. 1964), p. 51.

Moulin à scies (à vapeur) Edwards, à Rockland ON, en 1914. Au loin, la rivière des Outaouais et la Bouclier canadien, au Québec, sur la rive nord.

Source : Histoire de Rockalnd. E. Paul, 1914 ; don de John Conningham, Bibliothèque Publique de Clarence-Rockland, Digital Prescott Russell en Numérique.  

Le fait que ces briques réfractaires écossaises n'ont été rencontrées jusqu'ici que sur le site d'anciens moulins à vapeur conforte l'hypothèse qu'elles proviennent bien de ces moulins. Mais pourquoi tant de briques disparates pour trois moulins à vapeur ? La question, déjà posée dans le billet du billet du 21 sept. 2020 (« Les briques écossaises de la Gilmour ») n'a toujours pas trouvé de réponse satisfaisante. Le fait qu'ils aient souvent été incendiés et reconstruits explique peut-être en partie la variété des débris.

Brique après brique, nous arriverons bien à quelque chose...

samedi 9 mars 2013

Cavernes à Rockland


Marchildon, 1991. 
(J'aimerai savoir quel est ce «fossile» dans le coude d'un corridor...)


Dans mon billet du 15 décembre 2012, «Chaudières : les chutes et la caverne», parlant des cavernes sous l'Outaouais, je signalais qu'il en existait à Rockland, village ontarien situé 30 km à l'est d'Ottawa, sans avoir plus de précisions à transmettre.

Marchildon (1991) donne une courte description de ces grottes rochelandaises. Je ne sais pas si ce sont les «bonnes» cavernes, situées qu'elles sont à l'intérieur des terres, 4 km au SW du village, et non pas sous la rivière*. Le texte est avare de détails, on ne dit pas combien il y en a, seulement que la plus profonde s'enfonce jusqu'à 20 m**.

Qu'elles soient les cavernes (ou grottes) que je cherchais ou pas, le fait est intéressant et mérite d'être mieux connu. J'ai déjà travaillé à Rockland, et jamais je n'avais entendu parler de ces grottes.

Elles logent dans une falaise au pied de laquelle coule le ruisseau Beckett. Il est fort probable qu'elles se sont creusées par dissolution sous l'action de l'eau dans le même calcaire ordovicien (ca 460 millions d'années) qui affleure aussi à Gatineau et Ottawa. Tant que je ne les aurai pas localisées avec exactitude, je ne pourrai pas être plus affirmatif.

*

Un texte plus récent fournit d'autres détails (Gaumond, 2004). On peut en retenir que ces grottes se sont formées à la faveur d'une fissure (joint) NE-SW parallèle à la rivière des Outaouais. Elles se trouvent derrière un petit bois à 4 milles au SW de Rockland***. Rares sont les personnes qui y sont descendues, leur exploration demandant un certain degré d'expertise.

Les grottes sont étagées sur trois niveaux. Le niveau supérieur semble à sec, au niveau intermédiaire, l'eau est présente et il s'est créé «des formes étranges qui glissent le long des murs». C'est à cet endroit que l'on peut apercevoir le fameux fossile, toujours non identifié (voir la Coupe verticale des grottes, plus haut). Au niveau inférieur, l'eau coule «comme une chute».


Gaumond et Marchildon ne citent pas leurs sources, ce qui est un peu irritant.
 

Grotte ou caverne ?

Selon la Société québécoise de spéléologie

«Une grotte se forme à travers les types de roches solubles, principalement le calcaire. L'action de l'eau dissout la roche pour creuser des galleries [sic] souterraines. Une cavité naturelle qui n'est pas formée par la dissolution ne peut être appelée une grotte, elle est simplement une caverne.

Pour le sens commun, il s'agit habituellement d'une structure naturelle, mais le
Dictionnaire de L'Académie française, dans sa première édition (1694) précise qu'elle peut être "naturelle, ou faite par artifice".

Le mot [g]rotte viendrait du mot italien
grotta qui remplace en 1537 le mot croute, lui même issu du latin crupta (crypta) qui a pour origine le mot [g]rec kruptein (cacher, couvrir).

Le mot caverne est synonyme de grotte. Il provient du latin
caverna, qui signifie "cavité, ouverture". D'après le Petit Robert une caverne est une cavité naturelle dans de(s) rocher(s), dans des montagnes, sous terre.»

Bref, si je comprends bien, la grotte de Rockland est bien une grotte, pas une caverne, même si ces deux mots sont synonymes...


* Ce qui nous rappelle le karst d'Orléans, à Ottawa, situé lui aussi à quelque distance de la rivière. Voir mon billet du 15 décembre 2012, lien plus haut.
** Le lecteur pressé peut avoir un peu de difficulté à bien comprendre combien il y a de grottes. On peut interpréter les textes et la coupe en concluant qu'il y en a
une, mais à trois niveaux.
*** Les 4 milles de Gaumond et les 4 km de Marchildon sont difficiles à concilier.



Références

  • Pierre Gaumond, «La Grotte de Rockland». BBDA, 2004, http://www.bdaa.ca/histoire/639
  • Daniel Marchildon, Rockland. Coll. «Toute une histoire !», Ottawa, Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques et Centre FORA, 1991, 52 pages. (Le contenu du livre est disponible aussi en ligne ici.)


Ajout

10 mars 2013. – Le site de la grotte doit se trouver dans l'escarpement NNW qui longe le ruisseau Beckett et le chemin du même nom, 6 km du SW du centre du village de Rockland. Le plateau au sommet de la falaise est occupé par un boisé.

Un second escarpement parallèle, moins d'un km à l'est du premier, marque la limite occidentale du Beckett's Creek Bird Sanctuary (pas de nom français).

Voir, tout à la fin du billet, le lien «Pays/Territoire». (Le repère est placé à un point arbitraire.)