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mercredi 24 juillet 2019

Joli bloc à Kanata (ajout)



Photo 1A. - Pelouse bien décorée - eh non, je ne parle pas des fleurs. Une gneiss mélanocrate (noir) est recoupé par un granite gris gneissique ; tous deux ont été recoupés ensuite par un granite rose plus grossier. Kanata (Ottawa), juillet 2019. Voir AJOUT pour autre interprétation, plus probable.


Belle pierre à Kanata, banlieue d'Ottawa, à l'entrée de Petra Private. (Petra, c'est un nom prédestiné.)

Certaines personnes ont le bon goût de ne pas jeter ou ensevelir les pierres extraites ou dévoilées par les travaux de construction. La chose est particulièrement fréquente à Kanata. À quand le prix de la ville la plus « roche » ?

Le bloc, qu'on aperçoit à l'entré de la rue Petra depuis l'avenue Kanata, montre un gneiss mélanocrate (noir) recoupé par un granite gris gneissique : des rubans et des « lacets » noirs flottent, emportés par le granite. Des plissements verticaux (selon la disposition actuelle du bloc) affectent à la fois le granite gris et ses enclaves noires (voir photos 2A,B). Le tout a été recoupé ensuite par un granite orangé plus grossier, tardif. (Le bloc étant sur un terrain privé, je n'ai pas pu l'examiner avec toute l'attention qu'il méritait.)

AJOUT (12 sept. 2019)

On peut interpréter les choses différemment. Il s'agirait d'un gneiss granitique (ou antérieurement granitisé ?) lardé de filons mélanocrates qui l'ont envahi. L'ensemble aurait ensuite été plissé et puis finalement recoupé par le granite rose grossier. Les plis des filons mélanocrates font penser à ceux recoupant un marbre au lac Barnes, plus au nord (Québec). Voir billet du 30 sept. 2017.



Photo 1B. - Détail de la photo 1A. Des lambeaux de gneiss noir, parfois réduits à l'épaisseur d'une feuille, sont emportés par le granite gris, gneissique lui aussi. Le granite rose, tardif, est plus grossier.



Photo 2A. - Autre vue.



Photo 2B. - Détail de la photo 2A. Lambeaux de gneiss noir plissés en accordéon, à droite, indices de pressions verticales (selon la disposition actuelle du bloc), perpendiculaires aux longs rubans. Le granite gris a subi les mêmes pressions que les enclaves noires.



Photo 3. - Autre vue.



Photo 4. - Des roches semblables, encore en place, existent dans les environs immédiats. Lambeaux de gneiss sombre dans le granite orangé. Voyez le lit blanc plissé formant une sorte de C à l'envers, à droite. Photo juillet 2016.



Photo 5. - Vue rapprochée de l'affleurement de la photo 4. Gneiss noir recoupé par granite gris (bien visible en haut à droite) ; granite rose grossier recoupant ces deux derniers. Les mêmes ingrédients que dans le bloc de la photo 1A,B, dans des proportions différentes. Ici, le granite rose l'emporte. On peut même dire qu'il emporte tout ! Photo juillet 2016.

vendredi 25 août 2017

L'histoire qui s'efface


« L'histoire qui s'efface », article de Patrick Duquette sur les vols de plaques commémoratives dans la région (Le Droit, 24 août 2017) :


« Les gens l'ignorent, mais Champlain a sans doute marché à l'endroit où tu te trouves, insiste Michel Prévost [président de la Société d'histoire de l'Outaouais]. Et on ne peut pas blâmer les touristes, les cyclistes et les piétons qui passent dans le secteur de l'ignorer. Comment veux-tu qu'ils le sachent si on enlève toutes les plaques ? »

Que dire de plus ? S'il faut expliquer aux gens qu'il y a des choses qui ne se font pas... 

(Une petite erreur dans l'article : les deux pagaies de bronze du monument aux Voyageur ne sont pas disparues au début du mois d'août, comme il est suggéré. J'ai signalé leur disparition le 13 juillet dernier à la CCN - qui ne m'a pas répondu. Peut-être est-elle un peu déboussolée ? En consultant la carte des pistes cyclables publiée par la CCN, je constate à l'instant que le parc Brébeuf, où s'élève le monument au père Brébeuf, a été englobé dans le parc Moussette, qui se trouve immédiatement à l'ouest, tandis qu'un nouveau parc Brébeuf apparaît, à l'est, séparé de la statue de son père éponyme, dans le secteur du Pont Noir... Les natifs de l'endroit verront l'aberration sans plus d'explication.)

Un professeur de géologie de l'Université d'Ottawa à qui je signalais le vol des pagaies m'a répondu que ses élèves, quand il les amenait au parc Brébeuf, s'étonnaient de voir les pagaies « encore » là...

Nous en sommes arrivés là...



Photos : monument aux Voyageurs, en 2007 et le 11 juillet 2017 (billet du 13 juillet 2017).



jeudi 13 juillet 2017

Monument du sentier des Voyageurs, parc Brébeuf, Gatineau, QC


Il y a une suite malheureuse à ce billet : voir celui du 25 août 2017.

Photo 1. - Monument du sentier des Voyageurs, face ouest ; 2007. Très belle migmatite. 
Hauteur de la pierre env. 1,60 m.



L'Outaouais est une voie de communication naturelle vers l'intérieur du continent nord-américain. La rivière est cependant coupée de rapides et de chutes qui constituaient autant d'obstacle à la navigation. Les Amérindiens, puis les explorateurs et les voyageurs à leur suite, étaient contraints de faire des portages, c'est-à-dire d'accoster et de transporter canots d'écorce (heureusement légers) et chargements (plus pondérables, ceux-là) sur leurs épaules par voie terrestre jusqu'à un point où ils pouvaient mettre à l'eau.

Il existe à Gatineau les vestiges d'un de ces portages, le sentier des Voyageurs. Un monument au parc Brébeuf indique l'entrée d'une de ses sections empruntée pendant des siècles, le sentier étant en fait constitué de trois segments se succédant depuis les rapides Deschênes jusqu'en aval des chutes Chaudières. (Voir Les trésors du Patrimoine et Histoire, patrimoine et éducation.

La dernière fois que j'ai photographié le monument, une pierre dressée portant deux pagaies entrecroisée en bronze, c'était en juillet 2007. Les pagaies, motif tout indiqué étant donné le sujet, étaient encore en place. Dix ans plus tard, les pagaies n'y sont plus, emportées pour leur valeur en métal. La plaque métallique (en bronze aussi ?) qui se trouvait plus loin le long du sentier est aussi disparue. J'ignore à quand remonte le larcin. (Je n'ai pas pensé examiner le monument du père Brébeuf, un peu en amont. Est-ce que la plaque portant inscription y est encore ? La statue en bronze du père est au moins protégée par son poids. Essayez donc de l'emporter...)

(En rédigeant ce billet, j'ai appris que la plaque du sentier était déjà disparue en 2012 (photo 15) tandis que les pagaies étaient encore encore en place. (Voir ce blogue. Pour un aperçu du texte de la plaque, cet autre site Internet.) Quelqu'un m'a assuré avoir vu les pagaies l'automne dernier. Au moment de diffuser ce billet, je me suis rendu compte que de la poudre claire était accumulée au pied de la roche, comme si on avait sablé ou scié quelque chose très récemment : sans doute des restes du ciment ou du matériel qui comblait l'espace entre les pagaies et la roche. Voir photos 6 et 7.)

Pour l'amour de quelques dollars, gâcher ou détruire des éléments du patrimoine collectif... Je préfère ne pas élaborer. Ironiquement, le bronze des pagaies n'est peut-être pas récupérable, s'il s'agit bien de bronze, bien sûr.

Le sentier lui-même, ou plutôt le segment du sentier des Voyageurs qui nous intéresse ici, passe par des strates calcaires inclinées qui forment des escaliers naturels. (Dans mon enfance, ont parlait de marches taillées dans la pierre : j'exprime mes doutes.) Le sentier a été redécouvert en 1925 par le juge Francis Latchford. Le terrain appartenait alors à la Gatineau Power Company. Il a ensuite été à nouveau signalé à l'attention en 1954 par Eric Morse, directeur général du Men's Canadian Club. En 1956, le Club installe une plaque aluminium portant un texte décrivant son histoire près du début du portage (je n'ai pas vu cette plaque : est-ce la plaque qui se trouvait plus loin le long du sentier (photo 15) ? Mais on ne vole pas les plaque d'aluminium). La Commission de la capitale nationale crée le petit monument orné de deux pagaies grandeur nature en bronze. Le terrain est cédé au gouvernement fédéral par la Gatineau Power Company. Le portage que signale le monument est le deuxième de trois, depuis les rapides Deschênes jusqu'aux chutes Chaudière) et le seul qui a été conservé. (Revoir Les trésors du Patrimoine et Histoire, patrimoine et éducation.) Long d'un tiers de mille, il permettait de contourner les rapides de la Petite Chaudière (à ne pas confondre avec la chute de la Petite Chaudière, en aval de laquelle le sentier menait). La hausse du niveau de la rivière par la construction d'un batardeau en amont des chutes Chaudières, en 1868, a considérablement réduit la puissance de ces rapides. (Ce paragraphe : modifié de Aldred, 1994, avec ajouts.)


Inscriptions sur les pagaies (photo 5)

SENTIER HISTORIQUE
PLAQUE À TROIS CENTS PAS EN AVAL
HISTORIC PATH
SEE PLAQUE 300 YARDS DOWN RIVER



La migmatite

La pierre du monument, dont j'ignore la provenance - elle n'est pas nécessairement locale, mais il aurait été contre l'esprit d'un monument commémoratif d'aller la chercher au loin - est un bel exemple de migmatite. La roche originelle a été envahi par du granite rose qui s'est infiltré entre les bandes d'un gneiss gris (intrusion lit-par-lit). Le granite a pu par endroit bistourner, tordre et rompre la structure originelle du gneiss. Le granite conserve des éléments grossiers de sa texture originelle.

Référence

  • Diane Aldred, Le Chemin d'Aylmer : une histoire illustrée / The Aylmer Road: An Illustrated History. L'Association du patrimoine d'Aylmer, Aylmer, Heritage Association, photographies par Alan Aldred, traduit de l'anglais par Claude Leahey et Rodrigue Gilbert, 1994, 256 p. ISBN 0929114124

Photo 2. - Côté nord ; 2007. Les bandes du gneiss (gris) d'origine restent bien visibles.


Photo 3. - Face est ; 2007.


Photo 4. - Côté sud ; 2007.


Photo 5. - Inscriptions sur les pagaies ; 2007.
SENTIER HISTORIQUE/PLAQUE À TROIS CENTS PAS EN AVAL
HISTORIC PATH/SEE PLAQUE 300 YARDS DOWN RIVER


Photo 6. - Face ouest ; 11 juillet 2017.


Photo 7 (détail de la photo 6). - Je ne l'avais pas noté sur place, mais une poudre claire au sol semble indiquer qu'on a scié quelque chose très récemment (le ciment entre les pagaies et la pierre ?). Photo 11 juillet 2017.


Photo 8. - Clou scié pour détacher une rame de la pierre.Le cuivre est déjà terni.


Photo 9. - Détail, 2007.


Photo 10. - Côté nord ; 11 juillet 2017. La pierre se couvre de mousse.


Photo 11. - 2007. Le gneiss intact, ou presue épargné par le granite.


Photo 12. - 11 juillet 2017. Plis dans la migmatite.


Photo 13. - 11 juillet 2017. Gros cristaux de feldspath.


Photo 14. - Fantômes du gneiss dans le granite.
OUPS ! Ajout 15 juillet 2017 (photo 11 juillet 2017).
Photo 15. - Image oubliée : le support de la plaque manquante sur le sentier, en aval du monument.

mardi 22 décembre 2015

Sablières de Cantley : état des choses (suite)


1. Carrière DJL, Cantley (Québec). Gneiss rubané envahi lit-par-lit et découpé par un granite rosâtre. Photo 2 mai 1999.


Résumé

Question de propriété : sablières/carrière(s) à Cantley (Québec) : migmatites lit-par-lit et marbre gris sculpté par des torrents sous-glaciaires («marbres de Cantley») ; route 307, Montée de la Source, au nord du chemin St-Andrew. SNRC 31G/12
45.590609, -75.786596


Il y a un peu de confusion autour des carrières/sablières du secteur des marbres de Cantley (Québec). Dans mon esprit du moins. (Voir billet du 20 déc. 2015, «Sablières de Cantley : état des choses».) Les questions de propriété m'étant en général indifférentes, tant que j'ai accès aux affleurements, je n'ai peut-être pas été assez attentif.

Récapitulons.

Il y a les migmatites du côté est de la 307 (billet du 7 nov. 2009), et les marbres sculptés par les torrents sous-glaciaires («marbres de Cantley») du côté ouest (billet du 11 nov. 2009).

Du côté est... Une carte exprimera mieux les choses :


Photo satellite : © Google
Carrières et sablières du secteur des marbres de Cantley (no 3). Route principale : la 307 (Montée de la Source) ; les deux chemins secondaires sont, au sud, le chemin St-Andrew et, au nord, le chemin Holmes.
  • 1. Construction DJL inc., carrière Cantley : usine d'enrobés bitumineux, granulats (photo 2) ; «sablière Cantley» selon d'autres sources. DJL est propriétaire du terrain, sauf erreur de ma part.
  • 2. Carrière Cantley de DJL inc. (?), au nord du site 1.
  • 3. Marbres de Cantley, sculptés par des torrents sous-glaciaires. Aucune activité, ancienne carrière Pageau ; site du futur Parc géologique (Plan d'urbanisme de la Municipalité de Cantley (2005). Propriétaires actuels :  M. Tremblay et M. Vanesse (Sharpe, 2015).
  • 4. Denis Thom Sable & Gravier (?), 1324, montée de la Source, Cantley (Québec)
  • 5. Dépôt de matériaux secs (fermé).
  • ?. Eurovia Québec CSP inc. : exploite une sablière du côté est de la route 307 sans être propriétaire du terrain. D'autres carrières et sablières se trouvent au sud et au nord du secteur.

Compliquons encore les choses. Il existe un certain contentieux entre Construction DJL inc., d'une part, et les citoyens et le conseil de Cantley d'autre part :
« Opposition à la demande d'exploitation d’une carrière par Construction DJL inc. – Le conseil municipal a exprimé son désaccord et son opposition à l’égard de toute décision provinciale autorisant l’ouverture d’une exploitation d’une carrière, tel que demandé par Construction DJL inc. Une copie de la résolution sera transmise au ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) ainsi qu’à toute instance concernée pour considération.» (Site de la Municipalité de Cantley, 8 avril 2014.)

Voir les autres articles dans les Références.

Pourquoi tout ceci ? Pour répondre à des questions qu'on m'a posées.

Références



2. Route 307, face aux migmatites de la photo 1 : site 1 de la photo de Google. Sept. 2015.





dimanche 20 décembre 2015

Sablières de Cantley : état des choses (corrections)


Suite dans le billet du 22 déc. 2015.


1. Migmatites, résultat de l'invasion lit-par-lit d'un gneiss sombre par du granite rosâtre. Sablière de la Montée de la Source, à Cantley (Québec), côté est de la route 307. Photo 19 sept. 2015.

Photos : sauf indication contraire, 19 sept. 2015. 
Les passages entre [crochets] ou rayés : corrections, 22 déc. 2015.


Voici une courte description des sablières de la Montée de la Source, à Cantley, avec références et état d'avancement du dossier (cf. préservation du site : voir section Protection). Par rapport à ce que j'ai envoyé par courriel à l'un des exploitants actuels [d'une carrière du secteur] (Eurovia Québec CSP inc.), ce texte est un peu plus complet, sauf l'absence d'une pièce-jointe, dont l'essentiel est cependant donné à l'Annexe 2.


Sablières et carrières de Cantley, route 307, au nord du chemin St-Andrew

Localisation, propriétaires et exploitant(s)

Sablières et une carrière à Cantley (Québec) : migmatites lit-par-lit et marbre gris sculpté par des torrents sous-glaiciaires. Route 307 (Montée de la Source), au nord du chemin St-Andrew.
SNRC 31G/12
45.590609, -75.786596

Propriétaires et exploitants

Propr. : M. Tremblay et M. Vanesse (Sharpe, 2015) [propr. du terrain du côté ouest de la 307 uniquement ; ancienne carrière Pageau.)
Exploitant (côté ouest) : aucune activité.
Exploitant [et propriétaire] (côté est) : Eurovia Québec CSP inc. et/ou Carrière Cantley Pageau , JDL. Voir photo 5. Accès interdit, sites dangereux.

Autres billets décrivant le site

D'autres textes et d'autres photos dans les billet du 7 nov. 2009 (migmatites du côté est de la 307) et du billet du 11 nov. 2009 (marbres sculptés, côté ouest).

Description générale

Les roches du site considéré, des deux côtés de la 307, appartiennent à la province (géologique) de Grenville et datent de plus d'un milliard d'années. Ce sont les racines d'une ancienne chaîne de montagnes érodée. Les roches ont été polies par les glaciers (roches moutonnées) qui ont disparu il y a environ 12 000 ans. Le sable qui recouvre les formations a été accumulé par un esker, ou cour d'eau qui s'écoulait sous les glaces.



À l'ouest de la 307 : les marbres de Cantley

De ce côté de la roue se trouve un banc de marbre gris. En plus du poli glaciaire, la roche porte les marques sous la forme de cannelures de toutes dimensions de l'érosion par de puissants torrents sous-glaciaires.

Je décris le site (très brièvement) dans mon blogue :



Voir aussi l'«Annexe 2».



À l'est de la 307 : les migmatites de Cantley

Une colline fourni un aperçu exceptionnel sur des affleurements de gneiss et de granite entrelités (migmatites) : le gneiss sombre est envahi lit-par-lit par des feuillets de granite clair (blanc ou orangé). Par endroit, de minces plaques de carbonates recouvrent la roche (photo 4). Ces fragile reliques se sont formées par précipitation des minéraux à la faveur d'une diminution de la pression que subissait l'eau circulant sous le glacier.

Je décris le site (très brièvement) dans mon blogue :





Notoriété

Ces formes d'érosion (cannelures) sont uniques et ont fait l'objet de nombreux articles scientifiques (voir Références). Chaque année, les étudiants en géologie des universités d'Ottawa et Carleton viennent en expédition les examiner. Le site jouit d'une grande réputation, tant locale («les marbres de Cantley») que nationale et davantage (Sharpe et Shaw, 1988, dans le Geological Society of America Bulletin).



Protections

Le site des marbres de Cantley est inscrit dans la liste des Sites géologiques exceptionnels du Québec (SGE ; site sous étude). Des extraits de la demande d'inscription aux SGE que j'ai transmise en 2011 sont disponibles à l'Annexe 2.

La Ville de Cantley, dans son Plan d'urbanisme (Annexe 1) entends protéger et mettre en valeur les sites de chaque côté de la route 307. Elles les destine à la création d'un parc géologique.

Un groupe de personnes a demandé au gouvernement du Québec de placer le site des marbres sculptés sous la protection de la Loi sur les biens culturels (Sharpe, 2015), p. 75).



Utilisation primitive du territoire

La carte topographique du secteur datant de 1952 (Wakefield, Québec, 31G/12, partie ouest, disponible en ligne à Bibliothèque et Archives nationales du Québec) montre, pour le secteur qui nous intéresse (des deux côtés de la route), des collines boisées au milieu des champs. Aucune sablière, gravière ou carrière sur les lieux. Pourtant, le texte de Sharpe (2015, p. 70) indique bien qu'une gravière était exploitée dès 1934 sur le site à l'est de la 307. L'exploitation générale, selon cet auteur, n'a cependant commencé qu'en 1954.

Références

  • [Carte topographique du Canada à l'échelle de 1:50 000] 31 G/12 West Half, Wakefield, 1952 (56), SNRC: 31-G-12-W, no cat. Iris : 0002670330 Lien : http://services.banq.qc.ca/sdx/cep/document.xsp?id=0002670330
  • SHARPE David, 2015 — «The Sculpted Rocks of Cantley», Up the Gatineau!, vol. 41, p. 68-78
  • SHARPE D., PUGIN A., 2007 — Glaciated terrain and erosional features related to a proposed regional unconformity in Eastern Ontario: Field trip Guide Book, Commission géologique du Canada, dossier public 5596, 44 p.
  • SHARPE D.R., SHAW, J., 1988 — «Erosion of bedrock by subglacial meltwater, Cantley, Québec.» The Geological Society of America Bulletin, vol. 101, p. 1011 1020.
  • SHARPE D.R., SHAW, J., 1994 — «Formes d'érosion et sédiments glaciomarins, Cantley.» Dans R. GILBERT (compil.), Guide d'excursions dans le paysage glaciaire et postglaciaire du Sud-Est de l'Ontario et d'une partie du Québec, Commission géologique du Canada, Bulletin 453, arrêt no 16, p. 15-16 (trad.)

ANNEXE 1

Plan d'urbanisme de la Ville de Cantley (2005)

Lien :
http://www.cantley.ca/sites/default/files/docs/plan%20urbanisme%20version%20finale%20aout2005.pdf

J'ai mis quelques passages en gras.

«L’impact visuel [des carrières et sablières] sur le paysage semble le plus décrié, surtout lorsque l’exploitation se fait en bordure d’une route et qu’aucun couvert végétal ne masque l’aire d’exploitation. Ainsi, les sites exploités en bordure des routes achalandées ou des circuits touristiques sont les plus dommageables pour la qualité de nos paysages, particulièrement lorsqu’ils sont visibles sur une grande distance. C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’une attention particulière doit être portée aux sites visibles de la montée de la Source. Par contre, la restauration de sites, une fois l’exploitation terminée, peut atténuer grandement les impacts négatifs de certains sites, particulièrement pour les carrières et sablières qui ne présentent pas de déformations importantes par rapport à l’état naturel du terrain environnant.» (p 41.)

«6.4 Valoriser les affleurements et les escarpements rocheux situés à l'ouest et à l’est de la montée de la Source, entre les chemins Holmes et St-Andrew, en y constituant un parc géologique qui permettra la pratique d’activités éducatives et récréatives légères, voire un théâtre en plein-air.
6.5 Favoriser la création d’un circuit récréotouristique de type champêtre à quatre pôles, intégrant : a) l’axe patrimonial du chemin Ste-Élisabeth; b) le parc géologique de la montée de la Source; c) le chemin champêtre du Mont-des-Cascades et le paysage environnant; d) les équipements récréatifs du Mont-Cascades.» (p. 55)


ANNEXE 2

Extraits de la demande d'inscription des marbres de Cantley (côté ouest de la 307) aux Sites géologiques exceptionnels du Québec que j'ai déposée en 2011. Le site est présentement inscrit, mais non classé.

«Les marbres de Cantley. – Formes d’érosion glaciaire créées par l’action puissante de l’eau de fonte sous-glaciaire» (Sharpe et Shaw, 1994) dans un marbre grenvillien (glaciation du Wisconsinien).

Marbre riche en graphite, de couleur blanche à grise, contenant des inclusions résistantes de gneiss et de granite. Il forme des reliefs discrets (roches moutonnées) au milieu d’un dépôt de sable et de gravier, reste d’un cône alluvial subaquatique édifié dans la mer de Champlain. On y a trouvé des fossiles marins : Portlandia arctica, Macoma balthica et Mytilus edulis.

La surface lisse du marbre présente des cannelures créées par les effets d’écoulements d’eau de fonte sous-glaciaire. On remarque, outre des cannelures et des sillons, des marques d’obstacles causées par la présence des inclusions résistantes, des chenaux ou gorges, des coups de gouge ou marques en croissant (formes en S), des crêtes résiduelles et des queues de rats.

Le site, unique dans la région, a fait l’objet de plusieurs études publiées dans divers rapports ou revues spécialisées. En 2005, la Revue canadienne des sciences de la Terre/Canadian Journal of Earth Sciences a utilisé une photo du site en couverture pour les numéros de son volume 42.



2. Sablière de la Montée de la Source, à Cantley (Québec), côté est de la route 307, depuis son extrémité sud. Gneiss sombre et granite clair entremêlés (migmatites). La carrière, non visible, exploite l'escarpement nord de la colline.



3. Même site, vue de la route, visée vers le SE. Photo juillet 2007 (le «1995» est un numéro de fichier). Pour les phots 2 et 3, la partie rouillée au sommet de la colline correspond sans doute à la partie qui affleurait avant l'exploitation du site (1954, voir Sharpe, 2015, p. 70) et le dégagement du roc. Le X : voir photo 1.



4. Concrétion de carbonates plaquée sur le gneiss : ces fragiles reliques ont été formées il y a plus de 12 000 lorsque le relâchement de la pression de l'eau sous le glacier permettait la précipitation des minéraux, dont la calcite. Champ de la photo : env. 30 cm.


5. En face des migmatites du coté est, route 307 (montée de la Source).

mercredi 9 octobre 2013

La rencontre


Route 16, au SW d'Almonte (Ontario), env. 50 km au SW d'Ottawa. Photo 6 oct. 2013.
Coordonnées : 45.18867,-76.252595.


Je l'ai reconnue tout de suite.

Je ne m'attendais pas à la voir là. Je n'étais pas à sa recherche non plus. En fait, je n'avais aucune idée de l'endroit exact où elle se trouvait.

Pour tout dire, je ne pensais même pas à elle.

Je ne la connaissais que par photo, et encore, en noir et blanc. Quand je l'ai vue en personne, le déclic s'est fait immédiatement.

Bizarre comme certaines images peuvent vous rester en tête.


Telle que je l'ai vue la première fois. Saisie d'écran, dans : Easton et Hildebrand (1994). Gneiss migmatisé plissé : Wolf Grove Gneiss (appellation informelle).


Idem, mais «en personne», 6 octobre 2013. Gneiss sombre envahi et découpé par du granite clair ; plissotements. Photo 6 oct. 2013.


Idem, cadrage moins serré. Les alentours immédiats n'offrent pas d'intérêt. Photo 6 oct. 2013.


Référence

  • R.M. Easton et R.S. Hildebrand, 1994 – «Sharbot Lake - Frontenac Terrane Relationships in the Carleton Place Map Area, Grenville Province». In : Summary of field work and other activities, Ontario Geological Survey, Miscellaneous Paper 163, Project Unit 94-07. Téléchargeable gratuitement.

vendredi 3 août 2012

Laves à Low ?


Vue de la Gatineau depuis le barrage Paugan, à Low. Paragneiss sombre, à gauche, et marbre blanc, à droite. (Juillet 2010.)


Une étrange légende urbaine (rurale, plutôt), semble courir à propos des «roches noires» des environs du barrage Paugan, à Low, sur la Gatineau. (Voir cet ancien post.)

Selon plusieurs personnes – entendues à la télévision et dans des conversations privées – il s'agirait de laves, de basaltes, précisent certains.

Or, les cartes géologiques de l'endroit indiquent, pour ces affleurements, du paragneiss (mêlé à des quantités mineures de quartzite et de migmatites). Voir celle-ci par exemple :


Carte de la région de Low et de Paugan Falls (Mauffette, 1950) : détail. – La flèche rouge indique l'endroit où j'ai pris mes photos, au sommet du déversoir du barrage Paugan. On distingue la partie sud du lac Sainte-Marie (le «Réservoir» – l'altitude du plan d'eau est donnée en pieds : 460'', soit 140 m).

LÉGENDE (adaptée)
Échelle : 1 mille = 1609 m.
Pléistocène et Récent :
Trame pointillée : gravier, sable, argile
Précambrien :
Intrusions du post-Grenville. – Trame en X : syénite et granite ; traits noirs épais *: dykes de diabase
Série de Grenville. – Hachures horizontales : marbre / hachures obliques : paragneiss / Q : quartzite

* Deux petits affleurements de ces dykes sont visibles sur ce détail sous la forme de courts traits noirs ; l'un traverse la route 1/2 mille au nord de Low, l'autre touche la rive est de la Gatineau immédiatement au sud de Paugan Falls.

Le chiffre 5 dans un cercle, environ 3/4 de mille au SE de Paugan Falls, indique la présence d'un gisement d'amiante (asbestos). Le chiffre 4, plus au sud, un gisement de mica.



Noir, c'est noir, mais pas toujours
Paragneiss et quartzite sont des sédiments métamorphisés (recristallisés sous hautes pressions et hautes températures à grandes profondeur), argiles diverses pour le paragneiss, sable pour le quartzite.

À l'origine et au départ donc, nulle lave, basaltique ou non, ici.

Les «roches noires» de Paugan sont trop visibles, trop accessibles, depuis trop longtemps connues et cartographiées pour que plusieurs générations de géologues se soient trompées sur leur nature.

D'ailleurs, elles ne sont pas vraiment si noires que ça, mais altérées et noircies, et seulement en surface (rouille, météorisation).


Vue rapprochée du paragneiss ; le rubanement, vestige du litage horizontal originel des sédiments, a été redressé à la verticale par la tectonique. (Juillet 2010.)


Détail du marbre, tout aussi «vertical» (voyez les bandes grises et blanches sur le flanc de la roche là où elle est fracturée) que le paragneiss dont des éléments épars ont été promenés et dispersés dans la matière ductile du premier. (Juillet 2010.)


Couché et debout
Sur les photos, on voit que des morceaux du paragneiss ont été emportés dans la masse du marbre ; le contact paragneiss/marbre n'est pas tel qu'il était à l'origine (horizontal), mais tel que l'ont transformé les pressions et triturations qu'ont subi ces roches il y a un milliard d'années. On observe ainsi que le litage original des ces roches, horizontal, a été redressé par les forces tectoniques et qu'il est à présent à la verticale.

Les contacts intermixés du paragneiss et du marbre ne sont donc pas l'effet d'une lave se répandant à travers les roches comme une mélasse fluide sur du gravier...

À la rigueur, s'il s'était s'agit de laves à l'origine, le métamorphisme, intense à cet endroit, aurait oblitéré leur aspect natif et les auraient transformées en amphibolites, roches noires (vraiment noires) qui se retrouvent effectivement dans la région. L'ennui, c'est qu'il faut des analyses chimiques pour distinguer une amphibolite d'origine volcanique d'une autre d'origine sédimentaire.

Sauf qu'il ne s'agit pas d'une amphibolite ici, mais de paragneiss.


Détail du contact paragneiss sombre/marbre clair. (Juillet 2010.)


Le dernier mot
Il existe bien dans la région des dykes de diabase, roche sombre plus ou moins apparentée au basalte/gabbro, mais ces dykes sont minces et «récents» (600 millions d'années ; voir ce billet dans ce blogue), ils n'ont subi aucune déformation et ils ont découpé leurs roches hôtes comme à la scie, tout droit, selon une direction est-ouest.

Il ne s'agit pas de ça non plus ici.

Je suppose que quelqu'un, trompé par la couleur noire apparente des roches en contact avec le marbre, leur non moins apparente intrusion dans la roche claire, a supposé qu'il s'agissait de coulées de laves. Ses propos ont été repris par d'autres qui les ont répétés à leur tour...

Mais laissons le dernier mot à des géologues professionnels :

«La partie ouest de l'affleurement est composée d'un marbre blanc, formé à 95 % de calcite, tandis que la partie est se compose d'un gneiss calco-silicaté noir, entremêlé de fins lits de quartzite. De petites lentilles (30 à 50 cm) de sulfures massifs, probablement de la sphalérite et de la galène, sont présentes dans le gneiss.» (CIGG, p. 123)

Ces sulfures expliquent l'altération rouillée que présente le gneiss.

Bref, pas de lave. Je vous le disais bien (même si j'ai laissé le dernier mot à d'autres que moi).


Photo tirée du rapport du CIGG (2003), p. 124. Le barrage Paugan vu du bas du déversoir. La légende originale dit : «Le barrage de Paugan et la zone de contact entre le marbre blanc et le gneiss.» (C'est moi qui souligne.) Le litage vertical du paragneiss, à droite, est bien visible. Les détails de la roche sont aussi moins affectés à cet endroit par les altérations de la surface : rien de tout ça ne ressemble à des laves...


RÉFÉRENCES
Centre d'interprétation de la géologie du Grenville (CIGG), Plan de développement intégré : sites et circuits du patrimoine naturel de la région de l'Outaouais, 2007, 187 p.
Mauffette, Pierre, Région de Denholm-Hincks. Ministère des Mines, Québec, rapport préliminaire no 235, 1950, 7 p., accompagné de la carte 830, échelle : 1/63 360.

samedi 7 juillet 2012

Sea, Sex and Zinc


Pas de zinc, de molybdène ou de cuivre : pas de sexe non plus, ni de reproduction sexuée tout court.

La source ultime de tous ces ingrédients est dans le granite.

Donc, en une formule un peu courte, on peut dire «pas de granite, pas de sexe».

La formation des protéines indispensable à la vie dépend d'un certain nombre de métaux lourds. Le zinc, le molybdène et le cuivre sont d'importance capitale pour les eucaryotes (organismes uni- ou pluricellulaires) qui comprend les animaux, les plantes et les Fungi (champignons), tous pouvant (ou se devant de) recourir à la reproduction sexuée.



Photos : granite rose s'immisçant dans un paragneiss sombre (migmatite). Halsteads Bay, à l'est de Gananoque (Ontario), dans les Mille-Îles. 28 octobre 2007.


Les organismes complexes multicellulaires sont apparus il y a 800 millions d'années alors que la teneur en métaux lourds des océans avait atteint un certain seuil.

Mais d'où viennent ces métaux ? Du granite, nous l'avons dit, dont de larges volumes se sont injectés dans la croûte terrestre il y a 1,9 milliard d'années.

Amenés à la surface par l'érosion, peu à peu usés et décomposés, ces granites ont littéralement poivré en métaux lourds le sol et les eaux de la planète.

Et c'est ainsi que sans granite, la Terre serait peut-être encore peuplée d'organismes unicellulaires aux mœurs simples se reproduisant par scissiparité et que les fins de semaine seraient plus tranquilles et l'existence en général moins agitée.

Moralité de cet exposé : je ne suis pas sûr d'avoir réussi à la dégager.

En attendant, vive le granite sans qui nous ne serions pas !




SOURCES
Geology, par l'entremise de :
NewScientist

mercredi 9 mai 2012

Cantley : les migmatites me mêlent

AVERTISSEMENT. — Propriété privée, site dangereux interdit d'accès. Contentez-vous de l'examiner de la route (ou par satellite...)


PRENDRE DU RECUL

Cantley (Québec), route 307, juillet 2007 (le «1995», en haut à gauche, correspond à un numéro de fichier). Colline formée de paragneiss sombres envahis par des granites roses ou blancs (voir cet ancien billet d'où cette photo est extraite). La situation semble un peu confuse. On peut parler, dans ce genre d'invasion granitique, d'une migmatite, roche où l'hôte et le «survenant» se mêlent de façon intime en restant chacun reconnaissable.


© Google Earth. 
Sur cette vue qui date du 10 juin 2004, la géologie de la colline apparaît dans route sa simplicité. Les taches claires des sills (ou lits) de granite les plus larges dessinent sur le fond sombre des paragneiss des lignes blanches en pointillé (migmatite lit-par-lit). La structure de l'ensemble est clairement NW-SE, conforme aux contours en plan de la colline. La position du X noir correspond à celle du X blanc de la première photo.
Pour comprendre, parfois, suffit de prendre un peu de recul.
Ou d'altitude...

LOCALISATION
SNRC 31G/12
Sablière à Cantley (Québec). Route 307 (Montée de la Source), au Nord du chemin St-Andrew ; côté Est de la route.
Propr. : Les Entreprises Vetel Ltée, accès interdit, danger de chutes et d'éboulements.


AJOUT DE DERNIÈRE MINUTE
Les roches du sites ont déjà été décrites par Bellemare (2000) :

«Dans la partie sud-ouest de la carrière, on retrouve une roche calcosilicatée, foliée (gneiss), migmatisée (20-30%), à grain variant de fin à moyen, de couleur noir grisâtre, localement verdâtre. Elle contient surtout du feldspath plagioclase, un peu de quartz et 25 % de minéraux mafiques (amphibole, pyroxène et mica). La migmatite est de couleur rose orangé à rose blanchâtre, à grain variant de moyen à grossier, contenant surtout des feldspaths et du quartz. Le gneiss est coupé localement de matériel granitique lui donnant l'aspect d'une brèche.


Dans la partie nord-est de la carrière, en plus de la roche calcosilicatée, on note la présence de paragneiss à biotite, d'aspect rouillé, de quartzite et d'amphibolite. Toutes ces roches sont coupées par des dykes de composition granitique à grain variant de grossier à pegmatitique, de couleur brun orangé, contenant des feldspaths et du quartz bleu.


[...] La roche est coupée de plusieurs dykes cisaillés et altérés, marqués par une altération (épidotisation, carbonatation et pyritisation parfois massive) qui affecte aussi l'encaissant. Dans la partie sud-ouest de la carrière, on note la présence de niveaux décimétriques contenant surtout de la biotite.»

APPEL À TOUS
J'ai l'impression que cette description s'applique à la carrière ouverte à l'extrémité NW de la colline représentée sur la photo qui, en fait, est cadrée exactement comme si j'avais voulu cacher son existence à mes lecteurs. Bellemare ne mentionne pas le marbre, qui affleure au SE de la colline (voir mon ancien billet sur le sujet, lien déjà donné au début de ce billet). Notez que je n'ai jamais visité cette carrière que je n'ai aperçue que de la route, le site étant interdit.

Autrefois, dans les années 1990, la colline était plus impressionnante. La partie nord n'avait pas été «repaysagée». À la base de l'escarpement, l'imposant sill de granite orangé marqué par un X sur les photos allait en suivant la pente des gneiss et s'élevait vers le nord. Il contenait une enclave de gneiss suspendue, large de plusieurs m, et cisaillée, c.-à-d. coupée en deux parties tirées chacune dans un sens. Le plan de cisaillement, à ce qu'il me semble, suivait la pente du sill. Tout cela est maintenant caché par le sable et les arbustes censés agrémenter l'aspect du site. Je donne ces détails de mémoire, sous toute réserve.

Si quelqu'un a des photos de ces migmatites datant d'avant l'an 2000, je serais heureux de pouvoir les examiner.


Référence
Yves Bellemare, 2000, Inventaire des carrières de pierre, région du sud-ouest du Québec (SNRC 031F, 031G, 031K et 031H/13), ministère des Ressources naturelles, Québec, MB 2000-01, 176 pages, 3 cartes

samedi 7 novembre 2009

Migmatites de Cantley



Falaise de migmatites à Cantley (Québec), vue de la route 307 (nord à gauche). Photo juillet 2007 (le «1995» est un numéro de fichier).


Objet

Migmatites et marbre flué dans une sablière.
Localisation
Sablière à Cantley (Québec). Route 307 (Montée de la Source), au Nord du chemin St-Andrew ; côté Est de la route.
SNRC 31G/12
45.590609, -75.786596
Propr. : M. Tremblay et M. Vanesse [mise à jour déc. 2015]
Exploitant : Eurovia Québec CSP inc. et/ou Carrière Pageau JDL. [mise à jour déc. 2015]
Accès interdit, site dangereux.


Définitions

  • Migmatite : roche résultant du mélange d'une roche hôte sombre (habituellement un gneiss) et d'une roche magmatique claire (granite, syénite).
  • Agmatite : variété de migmatite d'aspect hétérogène où un mobilisat granitique contourne ou transporte des fragments de la roche métamorphique hôte.


Vu de la route, ce massif de migmatites présente un aspect chaotique certain. Le granite (parties blanches et roses) pénètre n'importe comment, semble-t-il, les roches hôtes, principalement des paragneiss (sombres). (Photos nos 1995 et 1998, juillet 2007.)

La route est à peu près parallèle à l'orientation des bandes de paragneiss (NW-SE). Ce n'est peut-être pas le meilleur point de vue pour se faire une idée.

Une coupe est-ouest montre en effet une alternance assez régulière de paragneiss noirs, de roches calco-silicatées vertes, de granite (blanc, et rouillé, à cet endroit) et de marbre gris (Photomontage).



Paragneiss sombre envahi lit-par-lit par le granite rosâtre. Partie centre bas de la photo no 1995. Photo juillet 2007.

La photo no 1998 montre un plan rapproché des migmatites. Le granite (rose) a pénétré (et par endroits rompu) le paragneiss gris en s'infiltrant selon l'orientation de la structure de la roche (migmatite lit-par-lit). L'aspect chaotique est en grande partie dû aux ondulations de la paroi, polie par le passage des glaciers du Quaternaire (roche moutonnée).



Photomontage (photos mai 2000). Paroi d'une entaille qui coupe la falaise perpendiculairement (ouest à gauche, est à droite). On la devine à l'extrémité droite de la photo no 1995. RCS : riche calco-silicatée ; gneiss : paragneiss.


Favorite

Une de mes préférées entre toutes les photos que j'ai prises dans la région (elle correspond au no 6 du photomontage) : un marbre flué (gris) s'est infiltré dans le granite rouillé. On voit qu'une bande de granite engloutie par le marbre a été plissée au point de former une boucle (partie supérieure de la photo). Le marbre étant plus vulnérable à l'érosion, le granite, plus résistant, apparait en relief par rapport à lui.

Les roches décrites ici datent d'entre 1 300 et 1 000 millions d'années. Elles font partie de la province géologique de Grenville.



Granite rouille plissé dans une bande de marbre gris injecté dans le granite. Photo 22 mai 2000. En bas, le croquis interprétatif que j'en avais fait.