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samedi 18 décembre 2021

Stromatolites et thrombolites de Westboro à Ottawa

Photo 1 (déc. 2011). - Qu'est-ce que cette grosse boule (à gauche) entre les strates de calcaire ? Un stromatolite errant ? Rive de l'Outaouais à Ottawa, près de la plage Westboro.


Petit hasard, du genre de ceux qui me font sourire.

Nehza et Dix (2012) et moi avons photographié séparément et en ignorant tout de nos existences mutuelles le même bout d'affleurement sur la rive de l'Outaouais à Ottawa, dans les environs de la plage Westboro.

La relecture de l'article de Nahza et Dix m'a fait rouvrir un dossier de vieilles photos prises dans le secteur. C'est ainsi que j'ai fait découvert la coïncidence, laquelle n'avait rien d'inévitable. Que tout le monde photographie le Rocher Percé ou les chutes du Niagara est une chose ; qu'un bout de strates calcaires perdu dans les broussailles attire l'attention de personnes qui ne se sont pas consultées en est une autre.

Selon Nehza et Dix, l'affleurement offre une belle vue en coupe d'un banc de stromatolites noduleux (photos nos 2 et 3). D'autres, tel Christopher Brett, parlent plutôt de thrombolites (section plus bas). Pour éviter les équivoques, j'emploie pour la suite la terminologie adoptée par M. Brett.


« Un stromatolithe ou stromatolite (du grec strôma, tapis, et lithos, pierre) est une roche calcaire et/ou une structure marine biogénique et organique laminée double-couche (On parle aussi parfois de « thrombolite »). » (Wikipédia (version périmée), citée par Termium.)


Photo 2 - Coupe d'un banc de stromatolites nodulaires (nodular stromatolites) ou de thrombolites dans un calcaire de la Formation de Pamelia à Ottawa, près de la plage Westboro ; figure 8E (retouchée) de Nehza et Dix (2012).
Note. - Les autres photos du billet sont de moi.

Photo 3 (nov. 2013). - Même affleurement qu'a la photo no 2, photographié de façon tout à fait fortuite par votre serviteur. On remarque l'empilement des masses grises des thrombolites. (Voir aussi photo no 5.)


Ces stromatolites en larges dômes (photos nos 1 et 6) et ces thrombolites prolongent le domaine des stromatolites du Transitway dont j'ai déjà parlé (liens paragraphes suivants), lesquels sont les jumeaux de ceux, bien connus, qui affleurent du côté québécois de la rivière et qui ont d'ailleurs été inscrits parmi les Sites géologiques exceptionnels du Québec (liens par. suivants). 

LIENS (articles du présent blogue)

Stromatolites du pont champlain à Gatineau

  1. 15 oct. 2013, « Stromatolites exceptionnels (enfin !) »
  2. 11 mars 2013, « Stromatolites exceptionnels (presque !) »
  3. 24 nov. 2009, « Stromatolites, suite »
  4. 8 nov. 2009, « Colonie de stromatolites à Gatineau »

Stromatolites du Transitway à Ottawa


Photos 4 (nov. 2013). - Vue générale de l'affleurement de la photo no 3.


Photos 5 (nov. 2013). - Dômes ou galettes de thrombolites (et de stromatolites ?) gris dans le calcaire, même secteur que la photo no 4. Ces structures me font penser à celles observées à la carrière Lang à Ottawa (billets des 10 et 16 nov. 2013).


Thrombolites

Le blogue « Fossils and Geology of Lanark County, Ontario » de Christopher Brett signale la présence de thrombolites aux côtés des stromatolites près de Westboro dans un billet mis en ligne récemment : 

Les thrombolites s'apparentent aux stromatolites par leurs agents d'édification, les cyanobactéries. Les thrombolites sont des structures à microtexture coagulées, dépourvues de lamines internes caractéristiques des stromatolites, édifiées par des cyanobactéries dans des calcaires sublittoraux. (Mon adaptation de la définition de A. Allaby et M. Allaby, Oxford Dictionnary of Earth Sciences, 1999.)

« What is less well known is that fossil thrombolites are also visible along the Ottawa River. While thrombolites and stromatolites are both microbial structures, stromatolites have a layered structure while thrombolites lack the layers and have a clotted structure. Most who write on stromatolites and thrombolites assign the presence of the structures to different facies, where the growth of the two structures was regulated by different microbial assemblages in response to changes in environmental factors including sea levels. » (Blogue de Christopher Brett)

Le billet de M. Brett, en plus d'une abondante bibliographie, contient aussi des données très intéressantes sur les stromatolites du pont Champlain à Gatineau. Comme son titre l'indique, le blogue de M. Brett s'intéresse avant tout aux fossiles, sujet où je me sens perpétuellement débutant. C'est un excellent site à consulter si le sujet  - les fossiles, mais aussi la stratigraphie et la géologie en général - vous intéresse.

Les stromatolites et thrombolites de la rivière des Outaouais et du Transitway affleurent dans un calcaire de la Formation de Pamelia (Ordovicien supérieur, 458-443 millions d'années) (Nehza et Dix, 2012) du Groupe d'Ottawa. Ces structures florissaient dans des eaux peu profondes, près du littoral. Leur présence signale donc l'existence d'un ancien bord de mer dans la région.

Source 

  • Odette Nehza, George R. Dix, « Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario) », Revue canadienne des sciences de la Terre, 2012, vol. 49, no 10, p. 1177-1199, https://doi.org/10.1139/e2012-048
 

Photo 6 (nov. 2013). - Dômes de stromatolites qui bossèlent une strate de calcaire près de la plage Westboro, à Ottawa.


Photo 7  (déc. 2011). - Plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.



Photo 8 (déc. 2011). - Autre vue du plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.


Photo 9 (oct. 2011). - Il n'y a pas que des stromatolites et des thrombolites près de la plage Westboro ; cône de céphalopode et ces terriers fossiles. La pièce de 2 dollars canadiens vaut deux dollars (of course) ou deux cents cents, et mesure 28 mm de diamètre.


mercredi 26 juillet 2017

Adieu, stromatopores de la promenade Sussex



Fig. 1. - Deux stromatopores datant de l'Ordovicien (485-443 Ma), promenade Sussex, à Ottawa, révélés par l'altération du calcaire. Photo 28 janv. 2012. Voir fig. 2a et 2b.


Ce blogue a eu l'occasion déjà de déplorer des disparitions. Celle des pagaies du monument des Voyageurs (13 juillet 2017), du saule de l'Île-Hull (8 juin 2017) et de la falaise de calcaire du boulevard Maisonneuve (20 mai 2014), toutes ayant eu pour cadre la Ville de Hull (Gatineau). En voici une nouvelle, d'une moindre ampleur, touchant la Ville d'Ottawa cette fois.

Les stromatopores de la façade du 459, promenade Sussex, à Ottawa (voir le billet du 1er nov. 2012 pour en savoir un peu plus sur ces fossiles), préservés jusqu'à récemment dans un calcaire ordovicien (485-443 Ma), n'ont pas survécu aux travaux de restauration qui se tiennent cet été. J'ignore si les vieilles pierres ont été remplacées ou si on s'est contenté de retravailler leur surface (je penche pour la première hypothèse : comparez les fig. 3 et 4). Le résultat dans les deux cas est le même : les stromatopores ont disparus. La perte n'est pas immense au point de vue scientifique. C'est un deuil strictement personnel, ces charmants fossiles étaient devenus des points de repère familiers dans mes promenades.

Le 457-459 Sussex fait partie des bâtiments patrimoniaux de la Ville d'Ottawa. Il a été construit en 1850 par l'architecte King Arnoldi. L'édifice avait vocation d'accueillir des commerces et des bureaux. Il est propriété de la Commission de la capitale nationale (CCN) depuis 1961. (Voir Wikipedia (l'édifice porte le no 4715) et Lieux patrimoniaux du Canada.)

La pierre calcaire abonde à Ottawa et les environs, les carrières étaient nombreuses autrefois (voir le billet du 9 sept. 2015 sur les carrières à Hull). On a utilisé le calcaire local pour construire les édifices de la promenade Sussex. Je me demande cependant d'où provient le calcaire neuf utilisé pour la restauration. Je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il a été plus simple de le faire venir d'ailleurs. C'est comme si le Sahara importait du sable. Quant à interroger la CCN... La Commission semble avoir les Portugaises ensablées quand je m'adresse à elle.

Savez-vous que le site de l'Eozoon canadense est menacé par un développement domiciliaire ? (Voir billet du 3 févr. 2017.) La suite dans un prochain billet.



Fig. 2a. - Gros plan du gros stromatopore en dôme de la fig. 1. Largeur de l'individu : env. 20 cm. La rouille a dû contribuer à la desquamation du calcaire et à la mise au jour du fossile.



Fig. 2b. - Gros plan du petit stromatopore de la fig. 1. 



Fig. 3. - État des lieux le 28 janv. 2012. Les stromatopores sont au centre de la photo.



Fig. 4a. - État des lieux le 25 juillet 2017. La vieille pierre a été remplacée par neuve, fraîchement bouchardée.



Fig. 5. - Le 457-459 promenade Sussex, Ottawa. Photo Margaret Coleman, Canadian Parks Service, 1988.


AJOUT (8 mai 2019)
459, prom. Sussex, 6 mai 2019.


La pierre qui portait le stromatopore est marquée d'un X. Photo 6 mai 2019.

vendredi 18 avril 2014

Mégarides à Ottawa


Jeux d'enfants dans le sable ?... (© Google)


Résumé

Rides de vagues dans un calcaire ordovicien à Ottawa.
Localisation
Au sud du Musée canadien de la guerre et de la promenade Sir-John-A-Macdonald, à l'est de la rue Booth
45.414645,-75.715735
Billet sur le même sujet dans le blogue 
«Sur le bloc, la plage», 24 mai 2012


Il suffit que le site soit tout près de chez moi pour que je ne le découvre que sur le tard. Dans le cadre des travaux d'assainissement (lire : décontamination) des plaines LeBreton, la Commission de la capitale nationale (CCN) a fait décaper l'an dernier un terrain au sud du Musée canadien de la guerre, à Ottawa (lien CCN).

Le socle calcaire* a été mis à nu et de belles ondulations à sa surface trahissent l'action des vagues qui agitaient les eaux au fond desquelles les sédiments se déposaient. Le terme mégarides employé dans le titre est un peu exagéré, les proportions observées ici n'ayant rien exagérées ou d'inhabituelles, mais il est amusant de constater que vues d'un satellite, les rides LeBreton ressemblent comme deux gouttes d'eau à celles, plus petites, qui se retrouvent dans le grès**, à Hog's Back, 5 km au sud (photos plus bas).

On change d'échelle, tout reste pareil.

* Calcaire de la Formation d'Ottawa, Ordovicien moyen, 470-460 millions d'années.
** Grès et shale de la formation de Rockcliffe, Ordovicien moyen aussi.

Distinguo

Pour distinguer les rides créées par un courant au fond de l'eau (rides de courant) de celles qui résultent de l'action des vagues (rides de houle ou rides d'oscillation), il suffit d'examiner la chose d'un point de vue géométrie.

Les rides de courant sont asymétriques. Dans le sens du courant, on observe une pente douce coupée par une courte pente abrupte.

Les rides d'oscillation ont des flancs symétriques entretenus par la houle à la surface.

Ce site (lien) explique et illustre la différence entre les deux types de rides.


 ... On hésite encore à décider (© Google).


Au raz du sol, les proportions s'évaluent plus facilement. Rides de vagues dans un calcaire ordovicien, plaines LeBreton, Ottawa. (Photo 18 avril 2014.)


Idem, d'un autre angle.


Vue rapprochée. (Photo 18 avril 2014.)


Autres vagues fossilisées, dans le grès, à Hog's Back (Ottawa). (Photo juillet 2007.)


Rides de vagues dans le grès, à Hog's Back (Ottawa). Sans le contexte, les proportions sont difficiles à déterminer. (Photo juillet 2007.)


Accès pas très permis...

jeudi 1 novembre 2012

Stromatolite, stromatopore ou stromato-stroumph ?


Stromatolite(s) et/ou stromatopore(s) exposés dans la pierre d'édifices à Ottawa (calcaire ordovicien, 488-444 millions d'années). Si quelqu'un pouvait m'éclairer sur la nature de ces fossiles bizarrement exhibés, parce que, dans certaines conditions, il n'est pas facile de distinguer entre stromatotruc et stromatochose...

Merci d'avance.


Deux stromato-choses, un grand, à gauche, et un petit, à droite. Ottawa, 459, promenade Sussex. (Photo 28 janvier 2012.)


Zoom sur le «grand» ; largeur : env. 20 cm.


Gros plan du «petit».


Ottawa, rue Cumberland, près de la rue Guigues. Outre le stromato-stroumph au centre, il semble y en avoir un autre, coupé en deux, sur le côté gauche de la pierre. (Photo 25 novembre 2011.)


Gros plan ; longueur : env. 8 cm. (Photo 1er novembre 2012.)

Liens
Stromatolites
http://geo-outaouais.blogspot.ca/search/label/Stromatolites
http://geo-outaouais.blogspot.ca/2009/11/colonie-de-stromatolites-gatineau.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stromatolithe
Stromatopores
http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s4/stromatopores.html
http://www.geoforum.fr/topic/22784-les-stromatopores-stromatoporoide-ou-stromatporoidea/


 Stromatolite du Transitway, à Ottawa (voir ce billet et suivre les liens qu'il contient). (Photo 29 octobre 2011.)

lundi 1 octobre 2012

Saint-André-Avellin et Maryhill : vieilles pierres


Église de Saint-André-Avellin. Façade en pierre calcaire taillée, murs en «pierre du pays» (blocs erratiques du Bouclier canadien). Photo © Henri Lessard, janvier 2012.


Au début de l'année, j'ai publié un billet sur l'église de Saint-André-Avellin, dans l'Outaouais, m'attardant à décrire les pierres qui avaient servi à l'édification de ses murs et à me questionner sur leur origine.

Or, voici que je découvre les indices de préoccupations semblables aux miennes dans un document intitulé Glacial Features of Maryhill, document que nous devons à la plume (et à l'appareil photo) de Peter Russell (PDF d'environ 8 Mb, téléchargement un peu lent.)

Ce document traite, entre autres, des pierres qui ont servi à la construction de l'église catholique St. Boniface de Maryhill, village situé à un peu plus de 10 km à l'ouest de Guelph, à l'ouest du lac Ontario. (Certaines sources parlent plutôt d'une cathédrale.)

L'auteur décrit une situation qui ne nous appataît pas totalement exotique par rapport à la nôtre. La même glaciation a affecté nos régions respectives, les glaces laissant derrière elles les même débris (till, blocs erratiques, etc.) arrachés au même secteur du Bouclier canadien (soit la province de Grenville).


Mur de l'église de Maryhill, à l'ouest de Guelph (Ontario) : blocs erratiques (gneiss, granite ou syénite, diabase). Source : Glacial Features of Maryhill, Peter Russell (capture d'écran ; lien donné plus haut).


Mur de l'église de Saint-André-Avelin, en Outaouais (Québec) : blocs erratiques (gneiss granitiques et mafiques). Photo © Henri Lessard, janvier 2012.


Les deux églises (Saint-André-Avellin et Maryhill) semblent avoir été construites selon une philosophie similaire : murs constitué d'un appareil de blocs erratiques disponibles un peu partout (les fieldstones de M. Russell) et parement de la façade en pierres de taille provenant d'une carrière : calcaire ou dolomie de l'Ordovicien (488-444 Ma) dans le cas de Saint-Andrée-Avellin, dolomie du Silurien (444-416 Ma) dans le cas de Maryhill.

L'église de Maryhill date de 1877, celle de Saint-André-Avellin, de 1886. C'est à se demander si on ne s'échangeaient plans et contremaîtres entre paroisses catholiques à cette époque.

M. Russel, à propos de la façade de l'église de Maryhill ne s'avance pas trop quant à la carrière qui aurait fourni les pierres de taille :

«The front of the church is composed of rectangular blocks of stone. Some of these rocks appear to be calcium magnesium carbonate (dolostone), which probably comes from the local bedrock.»
Je serai le dernier à lui jeter la... pierre pour ce flou dans son exposé, ne me souvenant pas avoir été plus précis moi-même au sujet de l'église de Saint-André-Avellin dans mon billet (lien plus haut), y suggérant Grenville, Hull ou Montréal comme lieux possibles d'origine des pierres calcaires de la façade...

Le texte de M. Russell décrit bien les fieldstones utilisées dans la construction de l'église de Maryhill : pegmatite, syénite, gneiss variés, rien de bien exotique qu'on ne trouverait pas à Saint-André-Avellin, se sont les mêmes raclures (pardonnez mon irrespect) du Bouclier canadien auxquelles nous avons affaire.

La principale différence entre les deux villages est que Saint-Andrée-Avellin est située sur le Bouclier canadien, tout près de la plate-forme du Saint-Laurent tandis que Maryhill, à l'inverse, est à l'intérieur de la plate-forme du Saint-Laurent, à un peu moins de 150 km au sud du Bouclier canadien.

Les vieilles pierres n'en finissent pas de faire parler d'elles...


Une église vue du ciel : St. Boniface de Maryhill, Ontario. Le regard céleste est un peu oblique... Photo © Google.


jeudi 27 septembre 2012

Stromatolites : du sérieux


Stromatolites du Transitway, à Ottawa. Photo © Henri Lessard, 29 octobre 2011. L'endroit correspond au site no 9 de Nehza et Dix (2012) ; voir en particulier leur photo 7D.


Mes stromatolites du pont Champlain à Gatineau et du Transitway à Ottawa font enfin l'objet d'une publication scientifique :

Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario), O. Nehza et G.R. Dix, 2012 ; résumé plus bas.

Je dis « mes » stromatolites», parce que je les ai un peu adoptés à force de les photographier et de les décrire. N'empêche que cet article, c'est du sérieux, en tout cas autre chose que mes petits billets...

On ne peut cependant nier que, durant presque un an (octobre 2011 à septembre 2012), ce blogue a détenu une exclusivité mondiale et même universelle (rien de moins) sur les stromatolites du Transitway d'Ottawa : en effet, les seules photos et descriptions disponibles se trouvaient ici, dans le blogue que vous consultez. (Moment de légitime fierté.)  

L'article en question est payant (25 $) et très très technique. Avis aux amateurs, faut vraiment être mordu. Il nous apprend que les stromatolites de l'est de l'Ontario datent de l'Ordovicien moyen et supérieur (soit 470-443 millions d'années). Comme la stratigraphie de l'Ordovicien dans la région est chose discutée, que la nomenclature change d'un auteur à l'autre, je préfère m'abstenir de tout développement. Ne soyez donc pas surpris si ces stromatolites semblent passer d'une formation à l'autre selon les auteurs ou les cartes consultés. Disons que selon Nehza et Dix, les stromatolites d'Ottawa et Gatineau surviennent à différents niveaux de la formation de Pamelia (shales, calcaire, dolomie) de l'ordovicien supérieur (458-443 millions d'années).

Voici le résumé de l'article (gratuit), à vous de décider s'il en vaut la dépense, le résumé à lui seul étant pour le moins complexe et aride... (Article retouché le 17 déc. 2021 : correction des dates des formations de l'Ordovicien.)


Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario)
Odette Nehza, George R. Dix
Revue canadienne des sciences de la Terre, 10.1139/e2012-048
Article publié sur le Web le 27 septembre 2012, manuscrit reçu le 10 mars 2012 (primeur électronique, pagination non finale).

RÉSUMÉ
Les stromatolithes sont abondants et largement disséminés dans deux minces intervalles stratigraphiques de strates de l’Ordovicien moyen (Darriwilien) et supérieur (Turinien inférieur) de l’intérieur de l’avant-pays laurentien dans le rentrant d’Ottawa de l’est de l’Ontario. Ces marqueurs lithostratigraphiques coïncident avec l’inondation rapide d’origine tectonique de l’intérieur de l’avant-pays et pourraient représenter une réponse microbienne opportuniste à la charge en nutriments associée au remaniement marin peu profond (péritidal, infratidal) de systèmes terrestres ou côtiers riches en nutriments. Le reste de la séquence (Chatfieldien–Edenien) de plate-forme-avant-pays représente une sédimentation à plus grande profondeur en réponse à des taux accrus de subsidence le long de la marge laurentienne. Si les stromatolithes sont absents de ce milieu plus énergique, de la calcite d’origine microbienne est préservée sous forme de microincrustations d’allure cocciforme sur des débris squelettiques. Les stromatolithes d’âge darriwilien sont dolomitiques, sont trouvent dans la Formation de Carillon et font partie d’une séquence régionale de recouvrement transgressif (de plus de 200 km) de sédiments péritidaux mise en place au début de l’orogénèse taconique. Des dômes stromatolithiques stratiformes à imposants (2 m de diamètre) mais de faible relief contiennent des lamines rythmiques de dolomie microscopique riche et pauvre en inclusions regroupées par des surfaces d’érosion tachées d’oxydes de fer. Les dômes contiennent également des microstructures thrombolitiques. La distribution des lamines et des isotopes stables (C, O) suggère un équilibre entre la production abiotique et microbienne de carbonates, vraisemblablement influencée par la profondeur et la température de l’eau. Les stromatolithes d’âge turinien sont calcitiques et forment une mince ([inférieur à] 8 m*) unité biostromale infratidale d’envergure régionale (plus de 80 km) à la base de la Formation de Pamelia. Leur présence définit une transition verticale abrupte d’une séquence intra-bassin de roches silicoclastiques et carbonatées phosphatiques infratidales transgressives vers une séquence inter-bassin de mudstone calcaire péritidal. Des lamines arythmiques de packestone péloïde microbien, contenant possiblement des moules d’algues eucaryotes et, localement, des microstructures de spongiostromates évaporitiques, indiquent que la salinité et l’énergie étaient des contrôles majeurs de la sédimentation. L’association stromatolithes–?eucaryotes est semblable à certaines microstructures infratidales modernes et fait partie de la diversification des communautés récifales durant l’Ordovicien.

* Il m'a été impossible d'inscrire le symbole « inférieur à » sans avoir des problèmes avec les balises html.


Stromatolites du pont Champlain à Gatineau (lien au début du billet). © Photo Henri Lessard, octobre 2007. À l'époque, je prenais encore le temps de numéroter mes photos... 
L'endroit correspond au site no 8 de Nehza et Dix (2012) ; voir en particulier leur photo 7B.


Ajout, 28 sept. 2012, après lecture de l'article de Nehza et Dix (2012)

Les stromatolites calcitiques du pont Champlain et du Transitway se retrouvent dans la formation de Pamelia (Ordovicien supérieur, 458-443 millions d'années) de plate-forme du Saint-Laurent, rentrant d'Ottawa. Ils se sont développés dans des sédiments péritidaux. Il existe deux niveaux de stromatolites, séparés par moins de 2 mètres, ce qui confirme pour l'essentiel (à 2 mètres près...), les corrélations que j'avais tentées entre ceux du pont Champlain (niveau inférieur) et du Transitway (niveaux inférieur et supérieur).


Stromatolites du Transitway, à Ottawa, formation de Pamelia. Photo © Henri Lessard, 29 octobre 2011. Reprise (en entier) de la photo qui ouvre ce billet.
S : stromatolites du niveau supérieur (à droite du S, la partie montrée en détail au début de ce billet) ;
I : stromatolites du niveau inférieur : le dôme clair à la droite du I est sans doute l'un des stromatolites de ce niveau qui correspondent à ceux du pont Champlain, à Gatineau. Ces stromatolites du niveau inférieur du Transitway avaient échappé à mon attention. Il est vrai que je n'ai pas eu accès au parois, interdites au public, à l'inverse de Nehza et Dix qui on pu aller chatouiller ces stromatolites in situ...



samedi 28 janvier 2012

Saint-André-Avellin : église géologiquement correcte (ajouts)


Note. – J'ai appris après la mise en ligne de ce billet que le style architectural de l'église de Saint-André-Avellin que je présentais comme unique – façade en pierre de taille et murs latéraux en pierre du pays – était commun à l'époque de sa construction (cf. le billet du 1er octobre 2012). Ce qui ne change rien au questionnement fondamental du billet : d'où proviennent les pierres de la façade ?


Église de Saint-André-Avellin (Québec).
Façade en pierre calcaire taillée.

(Janvier 2012)


LOCALISATION
Saint-André-Avellin, route 321, sur les rives de la Petite-Nation, entre Gatineau et Montréal, à 15 km au nord de la rivière des Outaouais ; 3500 habitants.
Site Internet de la municipalité :
http://www.ville.st-andre-avellin.qc.ca/
Musée des pionniers de Saint-André-Avellin :
http://www.museedespionniers.qc.ca/Bienvenue.html


UBIQUISTE CALCAIRE
De face...
Le voyageur non averti qui arrive à Saint-André-Avellin en venant du sud via la route 321 remarque (ou ne remarque pas, c'est selon) que l'église du village, inaugurée en 1886, montre une façade en calcaire gris, le même calcaire qui a servi à la construction de tant de bâtiments en Outaouais, mais aussi dans l'Est ontarien, à Montréal, etc.

Ce calcaire ordovicien quelque peu ubiquiste a été utilisé abondamment, depuis la construction du canal Rideau jusqu'à la pierre concassée qui tapisse votre entrée de garage en passant par les murs des bâtiments publics et privés des XIXe et XXe siècles. Pour ériger l'Outaouais, il a fallu d'abord le gruger et le trouer de carrières.

Le voyageur soupèse les options qui se présentaient à l'époque. Qu'en était-il du prix du transport des pierres depuis la carrière d’où elles étaient extraites ? Perplexe, notre voyageur se demande pourquoi on n'a pas préféré, pour l'église de ce village situé en plein Bouclier canadien, se tourner vers les ressources locales : blocs de granite et de gneiss, par exemple. Les glaciers en ont laissé des millions et des milliards dans la couche de débris laissée sur place après leur départ (till glaciaire*). Il suffit (presque) de se pencher pour les ramasser. Les études de faisabilité de l'époque ont dû conclure qu'il coûtait moins cher de faire venir de Hull (ou de Montréal, ou d’Ottawa, ou…) des pierres déjà taillées que de dégrossir les durs blocs de granite locaux. Quant à entreprendre d’ouvrir une carrière à flanc de colline...

* Le lien conduit à un article de la version anglaise de Wikipedia.


Détail de la pierre calcaire de l'église.
Comparer avec cet autre calcaire.


... et de profil
Notre voyageur aurait avantage à apprendre qu'il vaut parfois mieux aborder les choses de biais plutôt que de front. Un regard jeté sur les côtés de l'édifice révèle une tout autre réalité. L'église est bien construite en pierres locales (gneiss, granite, etc.), jointes par du mortier. Le revêtement calcaire se révèle n'être qu'un placage sur la façade, un embellissement. Le calcaire, c'est le crèmage sur la gâteau. Les murs, la structure, le bâtiment lui-même, sont d'une autre matière.


Flanc est de l'église de Saint-André-Avellin ;
mur en pierre taillée : granite, gneiss, etc.
(Janv. 2012)


Peut-être que l'aspect bariolé des roches du Bouclier canadien paraissait peu compatible avec la destination d’un bâtiment religieux ? Ou que les possibilités architecturales du calcaire, plus uniforme, plus façonnable, lui ont valu d'être préféré pour la façade de l'église. Décision logique, pleine de bon sens.


Mur est de l'église. Pierre de taille 
(gneiss, granite, etc.)

Détail : gneiss granitiques et autres.


La consultation du site Internet de la municipalité de Saint-André-Avellin nous apprend qu’une certaine fébrilité a présidé à la construction de l’église :
«Construite en pierres taillées du pays, à la limite d'un plateau qui surplombe la rivière de la Petite-Nation, [l'église] fut inaugurée pour la messe de minuit 1886. Avec son transept d'inspiration romane, ce magnifique bâtiment remplace l'église précédente bâtie en 1876 et incendiée en 1886[.] Témoin du courage et de la foi de nos ancêtres, elle atteste aussi du travail des artisans et de la générosité des paroissiens.» (Tiré du site Internet de la municipalité de Saint-André-Avellin.)
Ceci expliquant peut-être le compromis qui a consister à réserver le calcaire pour la façade du bâtiment ?... Notons que la très jolie maison, immédiatement à l'est de l'église, l'ancien presbytère, achevée presque dix ans après l'église, est aussi en pierre calcaire taillée (actuelle maison Francine-Rochon) :
«[La maison Francine Rochon.] Cet imposant bâtiment en pierres bosselées servait autrefois de presbytère. Construit en 1895, après l'incendie du premier presbytère en 1882, [il] faisait l'orgueil des habitants de la paroisse. En 1991, la Fabrique vendit le presbytère qui est offert aujourd'hui en location.» (Tiré du site Internet de la municipalité de Saint-André-Avellin.)


Maison Francine-Rochon (1895). Ancien presbytère, 
à l'est de l'église de Saint-André-Avellin (janv. 2012).  
Le bâtiment est en pierre taillée (calcaire).


CARRIÈRES
D'où provient ce calcaire ? Saint-André-Avellin est situé, je l'ai déjà dit, en plein Bouclier canadien. Le calcaire affleure au sud, à Hull (aujourd'hui Gatineau), à Ottawa, dans l'est de l'Ontario ainsi qu'à Montréal, dans ce qu'on appelle la plate-forme du Saint-Laurent.

Des ouvrages (voir «Références», à la fin de ce billet), datant de 1913 et 1914, les plus proches chronologiquement de l'époque de la construction de l'église que j'ai pu trouver, indiquent la présence de carrières de calcaire à Hull, Ottawa et Montréal de même que dans l'est de l'Ontario, au sud de la rivière des Outaouais.


«Map of the Province of Quebec Showing the Chief Quarries», détail annoté. 
Tiré de Parks (1914).
Légende (traduction)
Calcaire ; Marbre ; Serpentine ; Granite ; Granite noir ; Grès ; Ardoise
Hull = aujourd'hui Gatineau.


La carrière de calcaire la plus près de Saint-André-Avellin se trouve à l'est de Grenville (astérisque surmonté d'un G). Le rapport d'où est tiré cette carte souligne la mauvaise qualité des pierres extraites de cette carrière abandonnée (en 1914, année de publication du rapport). Il est plus raisonnable de penser que le calcaire qui a servi à la façade de l'église de Saint-André-Avellin provenait de Hull même si on ne peut exclure une origine montréalaise. Le territoire de Montréal apparaît ici comme un gruyère troué par les nombreuses carrières de calcaire qui le parsèment. Ancêtres des nids-de-poule ?
Note. – Si vous examinez la carte attentivement, vous verrez, à droite de l'astérisque que j'ai ajouté, l'inscription «St. André Avelin». J'ai retrouvé cette graphie («Avellin» avec un l unique) sur d'autres anciennes cartes.



L'un de ces ouvrages (Parks, 1914) mentionne bien une carrière abandonnée près de Grenville, plus de 35 km au sud-est de Saint-André-Avellin. La pierre qui y était extraite n'était cependant pas de première qualité.

La pierre calcaire de l'église de Saint-André-Avellin me semble impeccable, ce qui semble exclure qu'il provienne de la carrière de Grenville. Le site de la municipalité précise bien que l'église a été «construite en pierres taillées du pays» (passage cité plus haut). J'ignore si on entend par là uniquement la pierre qui a servi aux murs ou si l'on inclus dans ces «pierres du pays» celle qui a servi au parement de la façade. Et à partir de quelle distance les pierres cessent d'être «du pays» ?


Zones et carrières des formations de Black River et de Trenton (calcaire), en Ontario, détail annoté.
Tiré de Parks (1913).
Cette carte de l'Ontario permet de compléter celle du Québec. Plusieurs carrières ontariennes étaient plus près de Saint-Andrée-Avellin que celle de Hull ou Montréal, au Québec. L'obstacle de la rivière des Outaouais était-il plus rédhibitoire que celui de la distance auquel le chemin de fer offrait une solution commode ? (Le réseau des voies ferrées figure sur la carte ci-haut.)


Quoi qu'il en soit, les sources de calcaire les plus proches (si on néglige la carrière de Grenville) se trouvaient à Hull ou en Ontario, de l'autre côté de la rivière des Outaouais (voir les cartes). Accordons cependant créance aux  rédacteurs du site Internet de la municipalité de Saint-André-Avellin et concluons provisoirement, en attendant plus ample informé, que le calcaire ne provient pas de très loin du village, peut-être même de Grenville, malgré les remontrances de Parks (1914) à ce sujet.

En fait, le calcaire pourrait tout aussi bien venir de Montréal, guère plus éloignée de Saint-André-Avellin que Hull. Mais ne me demandez pas de décider d'un calcaire ordovicien de la plate forme du Saint-Laurent s'il provient de Hull, Ottawa, Grenville ou Montréal, et je ne crois pas que la chose soit possible par simple examen visuel.

Je vais essayer d'en savoir plus long sur cette église et les pierres qui l'ont bâtie. Je vous tiendrai au courant.

GÉOLOGIQUEMENT CORRECT
L'église de Saint-André-Avellin a inauguré un concept nouveau, l'architecture géologiquement correcte. (Ça vaut bien d'être mis en gras.) À ce que je sache, c'en est toujours le seul exemple en Outaouais. L'assise du continent nord-américain est constituée par le Bouclier canadien (granite et gneiss). Là où il semble disparaître du paysage, il n'est en réalité que recouvert par un placage de roches sédimentaires. Dans notre région, ce sont le calcaire, le grès et les schistes de la plate-forme du Saint-Laurent, datant pour la plupart de l'Ordovicien (488-444 Ma)*.

* (Passages rayés : voir mon billet du 1er octobre 2012 à propos de l'église de Maryhill, en Ontario, construite en 1877, ainsi que la note, en début du présent billet.)

Ces roches sédimentaires ne sont que le crèmage sur le gâteau autrement plus volumineux du Bouclier canadien. Tout comme pour l'église de Saint-André-Avellin, la structure portante est assurée par le granite et les gneiss tandis que le calcaire ne constitue qu'une pellicule décorative.

Au parc du lac-Beauchamp, à Gatineau, on peut observer le contact entre le Bouclier canadien (1 milliard d'années) avec les roches de la plate-forme du Saint-Laurent (du grès, dans ce cas, datant d'environ 500 millions d'années). (Voir ce billet, dans ce blogue, et celui-ci.)


Pour ce muret en bordure du trottoir, on n'a pas hésité
à utiliser les blocs de gneiss du till glaciaire local.
Saint-André-Avellin (janv. 2012).

RÉFÉRENCES
Parks, W A, 1914. Report on the building and ornamental stones of Canada, vol. III, Province of Quebec. Canada Mines Branch, Report no. 279, 386 pages, doi:10.4095/288108
Parks, W A, 1913. Rapport sur les pierres de construction et d'ornement du Canada, vol. I. Canada Mines Branch, Report 100a, 541 pages, doi:10.4095/285521

Note
On écrit granite, du point de vue géologique ou pétrographique, pour désigner un type de roche magmatique de teinte claire (riche en quartz et feldspath) ; le terme granit est habituellement réservé aux pierre de taille d'un certain grain et d'une dureté certaine. Dans un sens strictement géologique, la plupart des granits ne sont pas des granites, mais tout autre chose. (La plupart des marbres ne sont pas plus des marbres, toute pierre tendre facilement taillable pouvant être qualifiée de marbre en architecture...)


AJOUT (8 mars 2012)
Carte modifiée de : Jacob, H.-L., Ledoux, R., 2003 – Les pierres à bâtir dans les constructions anciennes au Québec. Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des parcs, GT 2003-01, 18 p. Elle donne une bonne idée de l'étendue des affleurements de calcaire et de dolomie* ordoviciens en Outaouais (bleu foncé) de même que du grès cambro-ordovicien. Astérisque noir au NW de Montebello : Saint-André-Avellin. Les deux carrières de granit(e) à l'ouest de Lachute seront l'objet d'un prochain billet.
* Dolomie : calcaire magnésien.


AJOUT (10 mars 2012)
J'ai été consulter aujourd'hui quelques ouvrages à la bibliothèque de Gatineau. La récolte de renseignements est mince. Le plus disert de ces documents, publié à l'occasion du centenaire de la paroisse Saint-André-Avellin, nous apprend que la «façade de l'église est en pierres taillées provenant de la région», ce qui nous laisse au point où nous en étions. Les murs de côté, «d'une épaisseur de trois pieds sont de pierres plates de la base à la toiture». 

D'où viennent ces pierres, taillées ou plates, mystère.

Je me suis tourné vers les pages où figuraient les plans de l'église, redessinés en 1987, les originaux étant introuvables. On y indique que la façade est en «pierre grise taillée» tandis que les flancs, eux, sont en... «pierre grise taillée». Eux aussi.

Cette confusion est d'autant plus étonnante que ces plans, bien levés, illustrent la différence de patron entre la façade aux pierres taillées et les flancs de l'église, d'un appareil moins régulier.

Bref, je devrai peut-être m'adresser à saint Judes, patron des causes désespérées.

Source : Société historique de Saint-André-Avellin, Église centenaire, paroisse Saint-André-Avellin, 1851-1987 : album souvenir, 74 p. + plans et pages non paginées (cote 971.422 S678e RES.(H), bibl. de Gatineau, Maison du Citoyen)


AJOUT (7 octobre 2012)
Voir mon billet du 1er octobre 2012 à propos de l'église de Maryhill, en Ontario, construite en 1877.

samedi 19 novembre 2011

Stromatolites : une faille dans l'explication

Carte : Williams et al., 1984. (Commission géologique de l'Ontario (CGO).)
Failles qui découpent le socle rocheux de la région d'Ottawa. (Si le territoire québécois semble vierge de toute fracture, c'est qu'il s'agit d'une carte publiée par le gouvernement de l'Ontario. Malheureusement, les données disponibles pour la portion du Québec représentée ici datent considérablement. Mais, qu'on ne s'illusionne pas, le Québec n'est pas moins craquelé !...) 



Voir le billet du 18 déc. 2021, « Stromatolites et thrombolites de Westboro à Ottawa »

J'ai déjà écrit que le socle rocheux de notre région est parcouru de failles nombreuses (voir mon billet sur la Faille des Allumetières). Le sujet à lui seul mériterait qu'un billet lui soit consacré, mais, pour l'instant, j'aimerais compléter ma série de posts sur les stromatolites de Gatineau (lien) et d'Ottawa (lien, lien) en tentant de répondre à une question tout simple : pourquoi apparaissent-ils brusquement et pourquoi disparaissent-ils de même ?

Sans détailler la carte ou sa légende (ce qui nous mènerait trop loin), on peut remarquer (détail de la carte, plus bas) que la section du Transitway où affleurent des stromatolites est comprise entre, grosso modo la rivière des Outaouais (à l'W), et une faille (à l'E).

Carte : modifiée de Williams et al., 1984 
Légende (adaptée) 
A : stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (voir ce billet) ; 
B et trait orangé : station Dominion du Transitway ; section du Transitway, à Ottawa, où des stromatolites sont visibles ; 
X : faille, Transitway, à l'W de l'ave Parkdale (indiquée par la flèche, voir photos plus bas). 
(Note : l'élaboration de cette carte a précédé de peu la construction du Transitway. J'ai surimposé au document le tracé de la section actuelle du Transitway entre la station Dominion (B) et la faille.)

Ordovicien moyen (472-461 millions d'années)* 
7 : formation de Bobcaygeon ; calcarénite, calcaire 
6 : formation de Gull River ; dolomie, calcaire, shale, grès 

* Les stromatolites se trouvent donc dans la formation 6 (Ordovicien moyen) ; d'autres sources placent ceux de Gatineau (A) dans la formation de Pamelia (Groupe d'Ottawa), de l'Ordovicien inférieur (488-472 millions d'années) supérieur (458-443 million d'années). Ne me demandez pas de trancher un débat entre stratigraphistes diplômés...


À l'E de la faille rehaussée en rouge (celle de gauche), le compartiment de l'écorce terrestre s'est affaissé** ; les stromatolites existent, mais sont sans doute encore plusieurs m sous le niveau de la surface du socle rocheux. À l'W de la station Dominion du Transitway (B), l'érosion a réduit le roc de plusieurs m sous le niveau des stromatolites. Entre ces deux bornes (station et faille), la surface du socle coïncide avec le niveau des stromatolites. De quel beau hasard nous bénéficions !

** Ce qu'indique les petite flèches rehaussées en rouge : elles pointes vers le compartiment affaissé.

Si on prolonge les failles vers le NW, vers Gatineau (Québec), on remarque que les stromatolites du pont Champlain (A), quoique affleurant plus ou moins au niveau de l'eau, appartiennent au compartiment abaissé. L'effondrement de ce compartiment s'est fait de guingois : la pointe SE est plus enfoncée*** que sa partie NW. À cet endroit (A), l'érosion a effectué juste le travail qu'il fallait pour rejoindre les stromatolites. (Une autre hypothèse serait qu'il existe deux couches de stromatolites distinctes...) D'après la carte topographique, les points A et B sont près de la ligne des 60 m d'altitude, le B un peu plus haut, le A un peu plus bas.

*** D'ailleurs, sans élaborer, on remarque que la pointe SE de compartiment conserve un reste de la formation no 7, plus récente que la 6 qu'elle recouvre. Plus au N, on atteint les niveau plus profonds de la formation 6.

L'apparition et la disparition soudaine des stromatolites s'expliquent donc par un jeu conjugué de la tectonique et de l'érosion. Bref, il y a une faille et une lacune dans l'explication !...

Resterait à délimiter l'extension exact de la surface primitivement colonisée par les stromatolites...


Faille dans le calcaire (X orangé sur le détail de la carte de Williams et al. (1984)) ; Transitway, à l'W de l'avenue Parkdale. À gauche (W) : formation de Gull River ; dolomie, calcaire, shale, grès ; à droite (E) : formation de Bobcaygeon ; calcarénite, calcaire.
Le « pli » de l'autobus articulé épouse la cassure de l'écorce terrestre : pure coïncidence ! Photo 22 octobre 2011.

Détail de la faille. Le compartiment de droite (à l'E) s'est affaissé par rapport à celui de gauche, ainsi que l'indique le retroussement des lits. Photo 22 octobre 2011.

Référence (au singulier, puisqu'il n'y en a qu'une)
  • Williams, D.A., Rae, A.M., and Wolf, R.R. 1984; Paleozoic Geology of the Ottawa Area, Southern Ontario, Ontario Geological Survey, Map P.2716, Geological Series-Preliminary Map, scale 1:50 000. Geology 1982.


Ajout, 28 septembre 2012

Voir le billet du 27 septembre 2012 à propos d'un article qui traite des stromatolites de l'est de l'Ontario en général et de ceux du Transitway et du pont Champlain en particulier. Il apparaît, entre autres, que deux niveaux de stromatolites sont visibles au Transitway.