Affichage des articles dont le libellé est Glaciations (érosion). Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Glaciations (érosion). Afficher tous les articles

mardi 20 décembre 2022

Draperies de pierre au fond des lacs des Laurentides

Photo 1. - Élégantes draperies de pierre au fond du lac Marie-Lefranc, dans les Laurentides. Chaque « draperie » est un lit silicaté insoluble dans un marbre composé de minéraux carbonatés qui ont été lentement dissous par l'eau. Photo © Jean-Louis Courteau.



Sauf mention contraire, les photos qui illustrent ce billet sont de Jean-Louis Courteau et elles ont déjà été diffusées dans ce blogue. Elles ne proviennent pas de l'article du Naturaliste canadien dont il est question ici et dont il est un des coauteurs.


Ce petit blogue a joué son petit rôle dans la révélation de ce qu’il faut bien appeler une découverte dans la géologie du Quaternaire de l'Outaouais et des Laurentides.

Il y a 10 ans, Jean-Louis Courteau m’avait contacté via ce blogue à propos de formations étranges qui peuplaient le fond du lac Tremblant, dans les Laurentides. Il faut dire que Jean-Louis est plongeur, en plus d’être peintre et écrivain. Quand on écrit, quand on dessine, on a l’œil, et on le conserve même dans les eaux brouillées des profondeurs des lacs. Surtout, on est curieux. 


Photo 2. - Restes d'inclusions insolubles ayant survécu à la dissolution de leur matrice de marbre. Comment ont-elles pu subir sans dommage le passage des glaciers ? Photo © Jean-Louis Courteau.


Jean-Louis m’avait décrit d’intrigants reliefs ; pieux ou rouleaux de pierre surgissant du plancher lacustre, fantomatiques draperies rocheuses sur les flancs de falaises sous-marines et il se questionnait sur leur origine. La seule réponse plausible que j'avais pu fournir était qu’il s’agissait sans doute d'inclusions rocheuses enclavées et plissées dans un marbre – chose commune en Outaouais comme dans les Laurentides, mais ces inclusions ne font jamais saillie sur la surface du roc au point que le décrivait Jean-Louis. Il fallait croire que l’immersion au fond d’un lac avait peu à peu dissout la matrice en marbre, fait de carbonates solubles, dégageant et laissant en relief les inclusions silicatées, les insolubles, comme on les appellera. La quiétude des fonds lacustres les a apparemment préservées. Sauf que...


Photo 3. - Ondulation de pierre au fond du lac Tremblant, dans les Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau.


Sauf que la dernière glaciation du Quaternaire, dite du Wisconsinien, a pris fin dans la région il y a 12 000 ans. Les glaces, à leur départ, laissaient derrière elles un continent raboté et poncé à fond par leur passage. Nos tenaces mais frêles insolubles n’auraient pas pu survivre à un tel épisode qui s'était étiré sur quelque 90 000 ans. Et, à moins de supposer un taux de dissolution improbable, les 12 petits millénaires écoulés depuis le départ des glaces ne permettaient pas le dégagement des éléments insolubles du marbre dans les proportions rencontrées au fond du lac Tremblant. Ces monstruosités lacustres n’auraient pas dû exister, tout simplement.

J’insiste : il s’agissait d’une véritable découverte, de quelque chose d’insoupçonné qu’on n’aurait pas cru possible ni envisageable dans notre contexte.

Et pourtant, ces impossibles formations existaient ! Pas seulement au lac Tremblant ; au lac Marie-Lefranc, au Lac-des-Seize-Îles aussi, tous des lacs du bouclier canadien, au NO de Montréal. Restait seulement à expliquer leur existence...


J’ai mis en ligne au cours des années dans mon blogue de nombreuses photos de ces « insolubles » fournies par Jean-Louis. Vous pouvez vous y référer pour suivre l’évolution des choses.


Photo 4. - Des plaques et des futs de colonnes un rouleau lithiques au fond du lac Tremblant, dans les Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau.


Je ne sais plus trop quand et comment j’ai mis en contact Jean-Louis avec Bernard Lauriol, professeur émérite à l’Université d’Ottawa. Bernard a confirmé mes conclusions tout en étant aussi étonné que moi des proportions que présentaient ces formations.


Marbre et inclusions insolubles

Il est rare dans la région qu'un banc de marbre soit homogène et ne contiennent pas des couches ou des intrusions de roches autres. Ces inclusions ont souvent été plissées et disloquées par les pressions tectoniques (photos 8 et 9). Le marbre lui-même est constitué de carbonates de calcium, calcite ou dolomie, faciles à attaquer et sensibles à l'acidité des eaux. Les inclusions, formées de silicates divers et de quartz, sont plus résistantes. 

 



Photo 5. - Non, ce n'est pas une guenille,
mais un insoluble remonté sur la terre ferme. Dépliez mentalement la pierre chiffonnée pour lui redonner sa « planitude » originale. Lac-des-Seize-îles, Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau.



Mon résumé

Bref, après des années d’études, d'analyses, de mesures, de prélèvements et bien des plongées, un article cosigné par Benoit Faucher, Jean-Louis Courteau et Bernard Lauriol est publié dans la revue Le Naturaliste canadien : « Sous la surface des lacs des Laurentides : des témoignages de la dernière période glaciaire » (voir plus bas le résumé officiel de l'article et la référence). Il apparaît que le phénomène des insolubles est plus répandu qu’on le croyait dans nos lacs puisque les auteurs en rapportent des occurrences plus à l’ouest, près de Low et de Luskville.

Photo 6. - Un rouleau et autres aspérités au fond du lac Tremblant, dans les Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau.







Photo 7. - Jolies draperie, quel mouvement ! Et pourtant elles sont immobiles. Lac -des-Seize-Îles, dans les Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau.


Il apparaît aussi que les glaciers ont sans doute joué un rôle dans l'exhumation et la préservation de ces insolubles. (Dans le passage qui suit, je résume le contenu de l'article selon ma compréhension et selon ce qui me semble le plus important. J’espère ne pas trop déformer les propos des auteurs.)

On peut envisager la création de lacs sous-glaciaires dans des poches d’eau turbulente au sud de collines où les glaces, venant du nord, pesaient moins sur le roc. (Et, justement, nos trois lacs sont situés au sud de tels écrans protecteurs.) La turbulence de l’eau sous pression dans ces bassins, coincés entre plancher de roc et toit de glace, a fait ressortir les inclusions silicatées insolubles du marbre. Voilà que nos formes d’érosion en relief sont créées ! Par la suite, des sédiments fluvio-glaciaires fins ont pu les recouvrir et les protéger. Un lessivage subséquent des sédiments par des écoulements sous-glaciaires a pu ensuite dégager les formes en relief ou les détruire et les emporter avec des débris rocheux et autres blocs erratiques, comme il a été observé à Low et à Luskville (photo 11). Reste à préciser la chronologie des événements : érosion, sédimentation, dégagement : wisconsinien ou préwisconsinien ? Ces insolubles mettent aussi en lumière la possibilité de lacs sous-glacaires nombreux.

Le plus étrange, à la fin, n’est pas l’existence de ces formations en relief, mais le fait qu’on ait mis tant de temps avant de se rendre compte de leur existence. (C'est ma conclusion.)


Photos 8 et 9. - Les inclusions de roches diverses dans le marbre sont fréquentes dans l'Outaouais et les Laurentides. 
Photo 8. - Marbre gris contenant des inclusions sombres plissées et étirée. © Photo Henri Lessard, 2009 ; autoroute 50 au nord de Thurso, Qc. 
Photo 9. - L’érosion du marbre peut mettre en relief ces inclusions résistantes, mais elle le fait à des échelles modestes, au bord des rivières comme, par exemple, sur la rive de la Gatineau. © Photo Henri Lessard, 2010; île Marguerite, Gatineau, Qc.

Sous la surface des lacs des Laurentides : des témoignages de la dernière période glaciaire

Référence

Faucher, B., J.-L. Courteau et B. Lauriol, 2022. « Sous la surface des lacs des Laurentides: des témoignages de la dernière période glaciaire. » Le Naturaliste canadien, 146 (2): 19-25. https://doi.org/10.7202/1091885ar


Photo 10. - Tiens, on dirait que je viens de plier les serviettes propres. Lac Marie-Lefranc, dans les Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau. (La photo n'appartient pas à l'article cité.)

Les auteurs 

  • Benoit Faucher est scientifique du Quaternaire à la Commission géologique du Canada (Programme GEM-GéoNord, Ottawa) et enseigne la géographie au Département de géographie, environnement et géomatique de l’Université d’Ottawa (Ontario).  bfaucher@uottawa.ca.
  • Jean-Louis Courteau est auteur, artiste, coproducteur de documentaires vidéo et directeur du Centre d’interprétation des eaux laurentiennes à Lac-des-Seize-Îles, CIEL (Québec).
  • Bernard Lauriol est professeur émérite de l’Université d’Ottawa (Ontario). Il a récemment publié deux ouvrages sur l’Outaouais et son passé géologique.

Résumé tiré du Naturaliste canadien

De remarquables formes rocheuses insolubles se dressent dans le fond de lacs creusés dans le marbre de Grenville de la région des Laurentides, au Québec (Canada). Elles atteignent une hauteur pouvant aller jusqu’à plusieurs décimètres. Selon les études sur les taux de dissolution du marbre du Bouclier canadien, il est improbable que celles-ci aient été mises en relief seulement pendant l’Holocène. Nous proposons qu’une érosion hydrique dans des poches d’eau alimentées par l’eau de fonte de la dernière calotte de glace des Laurentides soit à l’origine de la mise en relief de ces roches insolubles. Nous envisageons aussi la possibilité que les roches insolubles aient été dégagées de leur matrice de marbre par une eau courante bien avant la dernière déglaciation, et que celle-ci ait été précédée par un ou des lacs sous-glaciaires.

 


Photo 11. - Bloc erratique de marbre gris avec une protubérance formée par un bloc de roche silicatée (Luskville, à l'ouest de Gatineau, Québec). Le cercle blanc est une intervention picturale contemporaine ! Photo Bernard Lauriol, tirée de l'article de Faucher, Courteau et Lauriol.
La situation initiale de cette roche devait ressembler à ce que l'on voit sur la photo 8.


Photo 12. - Jean-Louis Courteau en compagnie d'un insoluble plissé ramené du fond du Lac-des-Seize-Îles. © Jean-Louis Courteau. 

vendredi 27 janvier 2017

Photogénique marbre de Cantley


Photo © Richard Perron, 2016
Marbre sculpté de Cantley (QC), photo © Richard Perron, déc. 2016.
Le marbre a été creusé par un torrent qui s'écoulait sous la glace lors de la dernière glaciation. L'eau s'écoulait du nord (droite) vers le sud (gauche). Un obstacle résistant dans le marbre (inclusion silicieuse au dessus de l'appareil photo) a fait obstacle au courant et a préservé de son action érosive une bande de roche à son aval.

Billets sur le même sujet


Pour en savoir et en voir plus sur Richard Perron et son travail :
E-Portfolio : RichardPerron.ca
Photos : www.flickr.com/perronr
www.facebook.com/RichardPerronPortrait

lundi 10 octobre 2016

Cantley sous la glace


 
La suite (deux vidéos) à la fin du billet.


Geodoxa est un excellent site consacré à la géologie glaciaire. Si vous désirez tout savoir sur les processus d'érosion glaciaire et les formes qui résultent du passage des glaces ou du travail par des torrents sous-glaciaires, je vous conseille les vidéos créés et mis en ligne par Guy Leduc, ingénieur-géologue.

Raison supplémentaire de visionner ces vidéos. Le site des marbres sculptés de Cantley (voir mon billet du 11 nov. 2009) est décrit en détail. Ces marbres rassemblent en un seul endroit une variété de S forms (formes sculptées) spectaculaires. Selon M. Leduc, le site de Cantley est de calibre mondial.

Voyez en particulier les vidéos de la série «Les débâcles de l'ère glaciaire» (ces vidéos ont été intégrées au billet le 20 nov. 2016) :


«Vers la fin de l'époque glacière l'eau de fonte des glaciers a joué un rôle plus important que l'on ne croyait. Ces eaux auraient été la cause de plusieurs catastrophes à l'échelle régionale sur plusieurs continents. Depuis ces dernières décennies, les glaciologues reconnaissent l'existence de ces catastrophes. Dans les années 80, des géologues canadiens lancent une controverse qui persiste encore aujourd'hui, à savoir que les immenses champs de drumlins se sont formés par des débâcles des eaux sous glacières. Ces catastrophes seraient d'envergure presque continentales. Le seul obstacle d'une telle théorie est de démontrer comment de telles quantités d'eau auraient pu émerger de la base du glacier Laurentien.»


Marbre sculpté de Cantley, QC, au nord de Gatineau. Vidéo Geodoxa (saisie d'écran).



Marbre sculpté de Cantley, photo © Lise Massicotte, 1999. Voir mon billet du 11 nov. 2009.





mardi 22 décembre 2015

Sablières de Cantley : état des choses (suite)


1. Carrière DJL, Cantley (Québec). Gneiss rubané envahi lit-par-lit et découpé par un granite rosâtre. Photo 2 mai 1999.


Résumé

Question de propriété : sablières/carrière(s) à Cantley (Québec) : migmatites lit-par-lit et marbre gris sculpté par des torrents sous-glaciaires («marbres de Cantley») ; route 307, Montée de la Source, au nord du chemin St-Andrew. SNRC 31G/12
45.590609, -75.786596


Il y a un peu de confusion autour des carrières/sablières du secteur des marbres de Cantley (Québec). Dans mon esprit du moins. (Voir billet du 20 déc. 2015, «Sablières de Cantley : état des choses».) Les questions de propriété m'étant en général indifférentes, tant que j'ai accès aux affleurements, je n'ai peut-être pas été assez attentif.

Récapitulons.

Il y a les migmatites du côté est de la 307 (billet du 7 nov. 2009), et les marbres sculptés par les torrents sous-glaciaires («marbres de Cantley») du côté ouest (billet du 11 nov. 2009).

Du côté est... Une carte exprimera mieux les choses :


Photo satellite : © Google
Carrières et sablières du secteur des marbres de Cantley (no 3). Route principale : la 307 (Montée de la Source) ; les deux chemins secondaires sont, au sud, le chemin St-Andrew et, au nord, le chemin Holmes.
  • 1. Construction DJL inc., carrière Cantley : usine d'enrobés bitumineux, granulats (photo 2) ; «sablière Cantley» selon d'autres sources. DJL est propriétaire du terrain, sauf erreur de ma part.
  • 2. Carrière Cantley de DJL inc. (?), au nord du site 1.
  • 3. Marbres de Cantley, sculptés par des torrents sous-glaciaires. Aucune activité, ancienne carrière Pageau ; site du futur Parc géologique (Plan d'urbanisme de la Municipalité de Cantley (2005). Propriétaires actuels :  M. Tremblay et M. Vanesse (Sharpe, 2015).
  • 4. Denis Thom Sable & Gravier (?), 1324, montée de la Source, Cantley (Québec)
  • 5. Dépôt de matériaux secs (fermé).
  • ?. Eurovia Québec CSP inc. : exploite une sablière du côté est de la route 307 sans être propriétaire du terrain. D'autres carrières et sablières se trouvent au sud et au nord du secteur.

Compliquons encore les choses. Il existe un certain contentieux entre Construction DJL inc., d'une part, et les citoyens et le conseil de Cantley d'autre part :
« Opposition à la demande d'exploitation d’une carrière par Construction DJL inc. – Le conseil municipal a exprimé son désaccord et son opposition à l’égard de toute décision provinciale autorisant l’ouverture d’une exploitation d’une carrière, tel que demandé par Construction DJL inc. Une copie de la résolution sera transmise au ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) ainsi qu’à toute instance concernée pour considération.» (Site de la Municipalité de Cantley, 8 avril 2014.)

Voir les autres articles dans les Références.

Pourquoi tout ceci ? Pour répondre à des questions qu'on m'a posées.

Références



2. Route 307, face aux migmatites de la photo 1 : site 1 de la photo de Google. Sept. 2015.





vendredi 24 janvier 2014

Paysages pré-glaciations : annonce d'un ajout


Je n'en fini pas d'ajouter des éléments à mon billet du 25 nov. 2011 intitulé «Paysage pré-glaciations (ajouts et ajouts)».

Pour l'instant, les documents s'y entassent dans un ordre relatif. Un jour, je reverrai tout ça, et il y règnera un ordre que je ne ressentirai plus le besoin de qualifier.



Carte des chenaux pré-glaciaires de l'Outaouais. Très vieux travail (1901), jamais contredit à ma connaissance. 
Source : R. W. Ells, «Ancient Channels of the Ottawa River», The Ottawa Naturalist, vol. XV, no 1, avril 1901, p. 17-30, avec une carte. Disponible dans Internet.



Fig. 1 C. Détails de Ells (1901).
Légende
_ _ _ _ _ : ancien chenal (pré-glaciaire) de l'Outaouais ; 
_ ._ ._ ._ : ligne de partage des eaux (Height of Land) ;
Hull : aujourd'hui Gatineau.


Tiens, Ottawa était au Québec avant les glaciations...

Ajout (9 févr. 2014)

Les notes qui suivent sont destinées avant tout à mon usage. Elles n'ont rien de confidentiel.

À propos de l'Outaouais, de son allure avant et après les glaciations.

«Donc, en suivant le cours de l’actuelle rivière des Outaouais sur le dépôt argileux Champlain à partir de Portage-du-Fort (Pontiac) jusqu’à l’archipel montréalais, nous constatons qu’il se caractérise par une succession de paliers aux eaux calmes formant souvent des élargissements en forme de lacs, et de descentes en escaliers où coulent les eaux courantes ou rapides (Lajoie, 2009, p. 13).»

«Si le glacier a modifié par creusement le lit préglaciaire de l'Ottawa [de l'Outaouais], il a pu affouiller des ombilics, susciter par là des verrous rocheux, élaborer aussi des sillons parallèles au chenal principal ; ainsi s'expliquerait la présence des îles, des rapides et des lacs [...] [I]l semble acquis [que le tracé préglaciaire de la rivière] a été repéré au Sud de la ville d'Ottawa, à partir de l'extrémité aval du lac des Chênes. On nous décrit en effet à plusieurs milles de la capitale un lit préglaciaire où l'on constate ''par de forages de puits la présence d'une large vallée profondément comblée de drift'' [Goldthwait, Keele et Johnston] ; notre impression est que si on pouvait la suivre de bout en bout, on la verrait aboutir à l'Ottawa à l'amont de Masson, ce qui éliminerait le coude de Hull et les chutes des Chaudières.»(Blanchard, 1949, p. 155 et 156).»

«The main topographic features of the Laurentian Upland and the St. Lawrence Lowland were in existence before events of the Pleistocene and Recent periods modified the surface (Mackay, 1947, p. 3).»

«The major topographic features of the Ottawa Valley have been carved out by selective processes of normal erosion acting upon the harder and softer rocks of the Precambrian Shield and the Paleozoic Lowlands. By the end of Pliocene, The Ottawa-St. Lawrence Valley was probably an extensive peneplain. In the east, St. Andrews and Rigaud Mountains rose as small monadnocks above the surrounding plain. The peneplain was traversed by the ancestral Ottawa River which flowed into an ancestral St. Lawrence River near Montreal, and the pre-glacial Ottawa River followed much the same course as the modern river. It is possible that there was not a single large river comparable in size to the present Ottawa River, but a number of streams whose valleys are in part now occupied by the River.
 

In some parts of its course the Ottawa River follows pre-glacial channels, but many of the old valleys have been blocked with till and thick deposits of clays and sands. The numerous rapids along the Ottawa River indicate that it does not always follow its former channel (Mackay, 1949, p. 57).» [Mackay se réfère ici à l'article de Ells (1901) d'où est tirée la carte reproduite (détails) plus haut.]

«The features of the first order of magnitude [the Ottawa Valley] were the products of ''normal ersosion''. The 1000 foot Eardley escarpment, the undulating surface of the Paleozoic rocks, the isolated prominences of St. Andrews and Tigaud Mountains, were all in existence before glaciation (Mackay, 1949, p. 60).»





Références

  • Raoul Blanchard, «Études canadiennes (Troisième série). III. ― Les pays de l'Ottawa.» Revue de géographie alpine, 1949, vol. 37, no 2, p. 135-272. doi: 10.3406/rga.1949.5460
    http://www.persee.fr/doc/rga_0035-1121_1949_num_37_2_5460
  • R. W. Ells, «Ancient Channels of the Ottawa River», The Ottawa Naturalist, vol. XV, no 1, avril 1901, p. 17-30, avec une carte. Disponible dans Internet
  • Paul-Gérard Lajoie, Glacio-isostasie et évolution de l'argile marine (Champlain) et des matériaux parentaux des sols sur le Bouclier laurentidien et sur les terrasses anciennes et actuelles de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent, 2009 (doc. auto-édité, disponible dans Internet.) 
  • J.W. Goldthwait, J. Keele and W.A. Johnston, Excursion A10. Pleistocene : Montreal, Covey Hill and Ottawa, in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa (excursions A6, A7, A8, A10, A11), Ottawa : Government Printing Bureau, 1913, 162 p. (with maps). 
  • W.A. Johnston, Pleistocene and Recent Deposits in the Vicinity of Ottawa, With a Description of the Soils. Commission géologique du Canada, Mémoires 101, 69 pages, 1917, avec carte 1662 (1/63 360).
  • J. Ross Mackay, «Physiography of the Lower Ottawa Valley.» Revue canadienne de Géographie, 1949, vol. 3, p. 53-97. 
  • J. Ross Mackay, «The North Shore of the Ottawa River: Qyon to Montebello, Quebec.» Revue canadienne de Géographie, 1947, vol. 1, p. 3-9.

mercredi 31 juillet 2013

Île de Hull : alignement de coïncidences (ajouts)


Note. – J'ai hésité à publier ce billet, terminé depuis un certain temps. L'hypothèse que j'y développe – l'assimilation des anciennes fosses de l'Île-de-Hull au NW du lac aux Vairons (lac Minnow) à des chenaux creusés par des torrents d'eau sous-glaciaires – est mienne. Je ne manque pas d'arguments pour la soutenir, mais je ne peux la présenter comme un fait connu et accepté.


Carte 1A. Détail annoté (montage) de Goad (1908) 
Partie de l'Île-de-Hull en 1908. Les noms de rues actuels sont en rouge. J'ai ajouté, toujours en rouge, le tracé de la rue Morin. Minnow Lake : ou lac aux Vairons (actuel parc Sainte-Bernadette). À gauche (ouest), le ruisseau de la Brasserie. 

On distingue deux chenaux (voir carte 1B) avec contournements et interruptions ; l'eau remplit les fosses les plus profondes. Le lac aux Vairons semble une fosse élargie, contenue dans un bassin escarpé. 

Les chenaux, les fosses et le lac sont aujourd'hui asséchés et «urbanisés». La carte, qui servait aux compagnies d'assurances à évaluer les risques d'incendies, ne prétend pas à une parfaite fidélité dans le rendu de la topographie.
...


Il existe à Hull (Gatineau, Québec) de nombreux indices de l'existence insoupçonnée jusqu'ici de chenaux creusés dans le socle calcaire par un torrent sous-glaciaire vers la fin de la dernière glaciation (1).

1. Départ de glaces dans la région : il y a environ 12 000 ans.

Les chenaux eux-mêmes sont détruits (ou ensevelis, pour le moins, sous un quartier résidentiel), mais il subsiste suffisamment d'indices sur le terrain et dans des documents anciens (cartes et photos) pour que je sois raisonnablement affirmatif quant à leur réalité et leur nature.

Les éléments sur lesquels je fonde mon hypothèse sont les suivants :


  • La Marmite des Allumettières (Lessard, 2009 ; billet du 7 nov. 2009), pour laquelle l'hypothèse d'une origine sous-glaciaire a été émise par des chercheurs (Sharpe et Pugin, 2007 ; billet du 13 juillet 2013) ;
  • Les coups de gouges, marques caractéristiques d'une érosion en régime noyé, qui recouvrent les parois de la marmite (billet du 15 juillet 2013) [ajout, 29 janv. 2016 : argument moins décisif que je ne le croyais, le coups de gouges pouvant s'expliquer autrement] ;
  • La faille des Allumettières (Lessard, 2009 ; billet du 29 nov. 2009), de direction NW, zone de faiblesse dans laquelle la marmite s'est creusée ;
  • L'affleurement calcaire des Brasseurs du Temps dont la partie inférieure, surcreusée, est couverte de coups de gouge semblables à ceux de la marmite (billet du 15 juillet 2013, lien plus haut) et qui pourrait être un reliquat des...
  • ... chenaux (ennoyés?) dans le prolongement de la faille des Allumettières. Ils formaient autrefois deux chapelets parallèles de fosses inondées. Ils sont visibles sur d'anciennes cartes et photos (cartes 1A et 1B) ;
  • Le lac aux Vairons (Minnow Lake), aujourd'hui comblé et site du parc Sainte-Bernadette, à l'extrémité SE des chenaux.


Carte 1B. Autres annotations de la carte 1A
BT : affleurement des Brasseurs du Temps (l'édifice des BT qui date de 1910 n'apparaît pas sur la carte*) ; LM : ligne du chenal de la rue Morin ; LV : lac au Vairons (lac Minnow) et axe du chenal qui y est relié.
Mille excuses : construit entre 1902 et 1905, l’ancien château d’eau de la ville de Hull (aujourd'hui les BdT) a été agrandi en 1910. Il apparaît sur la carte sous le nom de «HULL WATERWORKS ELEC. LIGHT STATION» (non lisible sur les versions réduites mises en ligne ici). Source : Lieux patrimoniaux du Canada. (5 août 2013.)
...


Tout ceci pourrait être les manifestations d'un réseau de chenaux et de marmites remontant à la dernière glaciation (ou même de cavernes et d'avens (2) ?). Le lac aux Vairons, au pied d'une colline qui aurait agit comme un obstacle à l'écoulement des eaux, serait-il lui-même une super-marmite comblée par des sédiments glaciaires et/ou post-glaciaires ? À moins qu'il ne soit le résultat d'un surcreusement glaciaire ?

2. L'idée que la marmite pourrait être un aven m'a été suggérée par Pascal Samson. (Billet du 15 juillet 2013, lien plus haut.)


Carte 2A. Détail tiré de l'Atlas du Canada
Même légende que la carte 1B.
...


La rue Morin, sorte de tranchée qui m'avait toujours intrigué par ses accès abrupts, a été tracée le long d'une fosse en partie inondée d'un chenal (cartes 1A et 1B). La faille des Allumettières, zone de faiblesse du socle calcaire, aurait canalisé l'écoulement des eaux sous le glacier.

L'aspect du socle sous les lacs et les chenaux est inconnu et n'a jamais été étudié, à ma connaissance, du moins. L'examen de la roche, qui aurait pu donner des indices sur la nature de l'érosion qu'elle a subi, n'a jamais été mené non plus (3).

Ajout (1e août 2013, corrigé le 7 août 2013). – Vers 1860, il y avait jusqu'à 9 m de dénivelé entre la surface du lac aux Vairons (Minnow) et le sommet des rives. Si on ajoute à cette valeur la profondeur de l'eau, c'est tout un bassin qu'il nous faut envisager (McKellar, 1932). La nature du fond du lac reste inconnue : vase ? roc ?

3. La question du «fond» se pose aussi pour l'ancien lac Flora, actuel parc Fontaine, à l'est du lac aux Vairons. Des sondages lui avaient donné 4 m d'eau croupie, 11 m de vase, ce qui suppose que le bassin rocheux qui l'accueillait avait au moins 15 m de profondeur. Surcreusement glaciaire ?

L'affleurement des Brasseurs du Temps prend tout à coup une importance capitale : c'est le seul vestige accessible des chenaux disparus pour nous apporter un témoignage tangible sur leur nature. L'examen de la carte 1A permet de constater que le courant a dû contourner des obstacles qui subsistent sous forme d'îlots allongés, qu'il semble y avoir en des seuils résistants à l'érosion entre les fosses.


Carte 2B. Détail de 2A
On ne peut s'empêcher de remarquer que le ruisseau de la Brasserie au sud du boul. des Allumettières (grand route qui traverse la carte en montant vers la droite) est parallèle à la FA et aux LM et LV... Le lac aux Vairons (point sur la ligne LV) apparaît contenu dans un enfoncement de la colline au sud (courbe de niveau des 60 m) : une super-marmite ?...   
...


Des marques d'érosion laissées par des torrents sous-glaciaires se retrouvent à Cantley (billet du 11 nov. 2009), au nord de Gatineau, et, au sud, en Ontario, jusqu'aux rives du Saint-Laurent. Le cas de Hull ne serait donc pas isolé et s'intégrerait au contraire dans une chaîne de manifestations – érosion du socle par l'eau sous pression, réseaux de chenaux, etc. – d'origine semblable (voir les débâcles glaciaires des Algoquin and Ontario Events de Shaw et Gilbert (1990)) .

Hull, ville sculptée par les eaux glaciaires ?

On peut se demander pourquoi le torrent a traversé le lit du ruisseau de la Brasserie sans l'emprunter. Selon Allard (1977), le ruisseau serait un bras de l'Outaouais qui remonterait à une époque antérieure aux glaciations. Il aurait donc été disponible pour les eaux du torrent. L'allure des berges du ruisseau nous aurait renseigné, dans la mesure où on ne les aurait pas nivelées, bétonnées et retravaillées, ou enfouies sous le remplissage

Les failles ne manquant pas dans le secteur – elles abondent même – on peut aussi se demander par quel concours de circonstances la faille des Allumettières a été choisie parmi de nombreuses autres pour canaliser les eaux sous-glaciaires.

Ajout (29 janv. 2016)

Les choses les plus évidentes sont celles qui sont les premières oubliées. Ainsi, j'aurais dû noter qu'une faille (faille Montcalm), non reportée sur les cartes de ce billet, croise le ruisseau de la Brasserie à la hauteur du château d'eau (Brasseurs du Temps). Le lit du ruisseau enregistre sur le passage de cette faille une dénivellation de 2,75 m (compartiment nord abaissé) mise à profit par une centrale hydroélectrique, aujourd'hui inactive, couplée au château. Et la chute est dans la continuité des sillons de la rue Morin. Il faudrait une mise à jour de ce billet !

Autre possibilité à envisager : les chenaux pourraient être des bras ou des affluents du ruisseau. Mais l'allure en chapelet des fosses, séparées par des seuils ou des verrous, évoque davantage l'action de l'érosion glaciaire, avec des surcreusements, que celle de l'érosion fluviatile. Une simple exploitation par l'eau de pluie de failles ou de joints vulnérables ? 

Je me garderai de conclure pour l'instant.


À venir : un vieux texte et de vieilles photos.




Références

  • Michel Allard, Le rôle de la géomorphologie dans les inventaires bio-physiques : l'exemple de la région Gatineau-Lièvre. Univ. McGill, départ. de géographie, thèse (Ph.D.), 1977, 540 pages.
  • Chas. E. Goad (éd.), Hull & Vicinity, Que., January 1903, revised May 1908. Toronto, Montreal, London, 1 map on 44 sheets. Bibliothèque et Archives Canada
  • McKellar, «Minnow Lake As It WAs In 1858 When Hull Was Small», The Evening Citizen, Ottawa, 23 juillet 1932.
  • Shaw J. and Gilbert R., «Evidence for large-scale subglacial meltwater flood events in southern Ontario and northern New York State», Geology, vol. 18, 1990, p. 1169-1172.
  • Sharpe D. et Pugin A., Glaciated terrain and erosional features related to a proposed regional unconformity in Eastern Ontario: Field trip Guide Book, GSC, Open File 5596, 2007, 44 pages.
  • Sharpe D.R., Russell H.A.J. and Pugin A., The signifiance of buried valleys to groundwater systems in the Oak Ridges Moraine region, Ontario: extent, architecture, sedimentary facies and origin of valley settings in the ORM region, Geological Survey of Canada, Open File 6980, 2013.

mardi 23 juillet 2013

Hull : moraines et vieux papiers (révisé)


NOTE. – L'hypothèse que les blocs de calcaire dont les photographies sont reproduites ici soient des vestiges de moraines qui existaient encore au début du XXe s. à Hull (Québec) est personnelle. Bien que parfaitement défendable, à mes yeux du moins, d'autres preuves sont nécessaires pour l'étayer plus solidement. 
Billet révisé le 24 juillet 2013.



Fig. 1. – Partie sud de l'Île-de-Hull (Gatineau)
À gauche, ruisseau de la Brasserie ; au sud, peu visible, l'Outaouais. En rouge : sites photographiés. Ligne pointillée bleue : axe des moraines des Allumettières ; les indications d'Ells (1901) et de Wilson (1898) manquant de clarté, le tracé est approximatif ; j'ai confondu en une seule les moraines sud et nord que très peu de distance séparait (60 m). Surface verte à droite des numéros : parc Fontaine (ancien lac Flora). Fond de la carte : modifié de © Google.
...


L'utilité des vieux documents

On trouve dans l'Île-de-Hull (Gatineau), dans le secteur du boulevard des Allumettières, deux occurrences de blocs de calcaire plats ou allongés. Le till local étant d'une extrême minceur (moins d'un mètre), il est assez difficile d'expliquer la présence de ces pièces de roc dont les dimensions dépassent les deux mètres. Il est douteux que des gens se soient amusés à débiter et transporter de pareilles dalles depuis l'une des carrières de calcaire en exploitation au début du XXe s. à Hull (cf. billet du 10 juillet 2013). Les blocs, à patine chamois, sub-arrondis à anguleux, me semblent d'origine naturelle.

Leur présence constituait pour moi une énigme jusqu'à ce que d'anciens documents sur la géologie locale (Ells, 1901 ; Wilson, 1898) me (re)tombent sous les yeux. Entre autres développements, on y décrivaient deux crêtes de dépôts meubles, ou deux moraine-like ridges, orientées est-ouest, et situées exactement à l'endroit où il le fallait, du moins de mon point de vue.



Fig. 2. – Site 1. Blocs de calcaire plats ou allongés utilisés dans un vieux mur, boulevard des Allumettières, à Hull (Gatineau). Noter la patine brunâtre et l'aspect sub-arrondi. À gauche, un bloc a été scié pour laisser place au muret du trottoir (détail fig. 8). La patine et surtout l'émoussé écartent la possibilité qu'ils aient été extraits d'une des carrières autrefois exploitées à Hull. Dans ce cas, leur aspect aurait été plus anguleux, et sans doute plus frais. (Nov. 2012.)
...


La crête sud, la plus longue, haute de 4 m et d'une largeur qui atteignait 60 m, s'étendait en segments discontinus à partir de la rue Saint-Rédempteur* (Chaudiere Street à l'époque) jusqu'au nord du lac Flora (actuel parc Fontaine) (voir fig. 1). Elle était composée de blocs de calcaire plats et anguleux, empilés en couches inclinées vers le sud, surmontant l'argile marine et le till glaciaire.

* Le nom de cette rue n'apparaît pas sur la carte : il s'agit de la rue à l'ouest de la rue Eddy.

L'autre crête, 60 m au nord, constituée de blocs erratiques arrondis provenant du Bouclier canadien proche (gneiss, granite), s'étendait vers l'est à partir du ruisseau de la Brasserie. Wilson (1898) signale d'autres crêtes semblables à celle-ci au nord de l'île, mais sans préciser d'avantage.

«These ridges [les crêtes nord et sud] can be traced across the portion of the city north of Lake Flora and are conspicuous features in this area (Ells, 1901, p. 18G)



Fig. 3. – Site 2. Blocs de calcaire révélés par la démolition d'une maison. (Juillet 2013.)
...



Fig. 4. – Site 2. Les blocs les plus volumineux doivent atteindre, à vue de nez, 3 m de long. Je ne peux évidemment pas jurer qu'ils sont bien ceux de la moraine sud ni que, avenant que ce soit la cas, qu'ils n'aient pas été dérangés de leur position primitive avant d'apparaître ainsi au grand jour. Résultat du démantèlement d'un élément du socle par la machinerie ? Il y aurait partout des éclats frais et anguleux... (Juillet 2013.)
...


Boulevard éponyme

Le tracé de la crête sud se confond à peu près avec celui du boulevard des Allumettières (jusqu'à récemment boulevard Saint-Laurent). Autant dire que tout est détruit et nivelé... L'autre, au nord, est sur le site d'une ancienne carrière exploitée dans la première moitié du XXe siècle (P6 sur ma carte des carrières, billet du 10 juillet 2013, lien plus haut). L'endroit est à présent une sorte de parking, au sud de l'aréna Robert-Guertin. Là encore, il serait vain d'espérer retrouver quelque chose.

Les photos aériennes les plus anciennes que j'ai pu consulter sont déjà trop tardives (1925, 1930) et aucune carte, géologique, topographique ou autre, ne montre quoi que ce soit de particulier à l'emplacement des crêtes-moraines.

Les moraines étant demeurées anonymes, je les baptise Moraines des Allumettières. Ce boulevard éponyme distribue décidément son toponyme à de multiples trouvailles géologiques (cf. billets sur la Marmite des allumettières et la Faille des Allumettières.)



Fig. 5. – Site 2. Le bloc central fait un peu moins de 2 m de large. Il semble y avoir plus d'une génération de blocs sur le site. Une, à patine chamois, présente des contours émoussés (fig. 7), et une autre, visible ici, aux surfaces raboteuses et aux coins anguleux, a conservé le gris original du calcaire sous une couche de saleté. (Juillet 2013.)
...


Les blocs calcaire, plats, pouvaient mesurer jusqu'à 3 m de long et presque autant de large, selon Wilson (1898) qui les décrits comme anguleux. Ils étaient d'origine locale (calcaire Trenton et Black River) et avaient peu «circulé», étant donné l'absence d'usure.

Ceux que j'ai vu pourraient être décrits comme sub-arrondis - arrondis (site 1) à sub-anguleux et anguleux (site 2). Les pierres étaient peut-être plus variées que ne l'affirmait Wilson sur la foi d'une coupe unique (plus bas) ou les blocs du site 1 ne proviennent pas de la moraine, contrairement à mon hypothèse.



Désordre dans la stratigraphie ?

Wilson (1898) donne une coupe de la «moraine-like ridge» sud :


  • 5) Blocs de calcaire + sable et gravier + quelques blocs arrondis de granite, etc. : 2,4 m
  • 4) Sable fin + gravier : 0,6 m
  • 3) Argile Leda bleuâtre [mer de Champlain] : 0,4 m
  • 2) Argile à blocaux [till glaciaire] : 0,9 m
  • 1) Socle calcaire poli (stries glaciaires S60°E) : 0 m
  • Total : 4,3 m


L'embêtant est de voir les blocs de calcaire de la moraine (5) qu'on supposerait appartenir au till glaciaire (2) surmonter le sable (plage ?) et l'argile de la mer de Champlain (4 et 3), lesquels surmontent, comme il se doit, le till glaciaire. Comme les blocs devraient normalement être en position 3 ou, même, inclus dans la couche 2, il faut supposer que leur accumulation est un événement non seulement postérieur au retrait des glaces (il y a 12 000 ans dans la région), mais aussi au départ des eaux de la mer de Champlain (il y a 10 000 ans, toujours dans la région).

Wilson suppose, pour expliquer cette anomalie, un retour du glacier (retour non documenté par ailleurs en cet endroit) ou l'action d'une embâcle de glace sur l'ancêtre de l'Outaouais, plus volumineux que la rivière actuelle, après le départ des eaux marines (voir billet du 7 nov. 2009 sur la Marmite des Allumettières, lien plus haut).

NOTE (24 août 2013). – L'hypothèse que les blocs des sites décrits ici proviennent de la moraine sud m'avait semblé raisonnablement étayée par deux arguments. D'abord, la proximité des deux sites avec la moraine sud – sans parler de la possibilité qu'ils aient été recouverts par la moraine, étant donné le flou sur son emplacement exact et sa largeur (60 m) –, ensuite, le fait, affirmé par la carte 1506A de la CGC (Richard, 1982), que le till les dépôts glaciaire quaternaires ne dépassaient pas deux  un mètre dans l'Île-de-Hull, ce qui fait une couverture un peu mince pour contenir de si gros blocs. Le second argument était un peu fragile, j'en convenais déjà moi-même – rien n'empêche la présence de gros blocs disséminés dans un till mince –, est rendu caduc par le fait que d'autres cartes, de la CGC ou d'autres organismes, indiquent, au contraire, que les dépôts quaternaires (non divisés, mais surtout till et sables du proto-Outaouais) peuvent atteindre jusqu'à 3 dans le secteur des moraines et, localement, 9 m. (Voir le billet du 10 août 2013.)
Ceci n'infirme pas nécessairement mon hypothèse. Rien n'empêche que les blocs puissent provenir de la moraine sud, mais celle-ci n'apparaît plus comme la source unique et obligatoire de gros morceaux de calcaire.
Réf. S.H. Richard, 1982 – Surficial geology, Ottawa, Ontario-Québec / Geologie de surface, Ottawa, Ontario-Québec. Commission géologique du Canada, carte série «A», 1506A, 1 feuille (1/50 000).



Fig. 6. – Site 2. Des blocs sub-arrondis encore en place sont visibles au fond. Bien sûr, rien ne prouve qu'ils soient à leur emplacement primitif, tels qu'ils étaient dans la moraine sud (s'ils proviennent bien d'elle).... (Photo juillet 2013.)
...


La crête nord, où se sont accumulés des blocs arrondis de gneiss et de granite provenant du Bouclier canadien tout proche (à 4 km au NW), ne cause aucun casse-tête d'ordre stratigraphique et ferait une moraine frontale* convaincante. Wilson précise que deux excroissances s'en échappaient à angle droit, vers le sud. Autant de détails qu'on ne pourra jamais vérifier.

* Moraine frontale : accumulation de débris sur le front d'un glacier construite lors d'une pause de la glace dans son retrait.



Fig. 7. – Site 2. Gros plan à travers la clôture. Tout ça n'a pas l'air tout neuf... (Juillet 2013.)
...


L'utilité des travaux récents

Sharpe et Pugin (2007 ; stop 3, p. 20-26) ont décrit un champ de blocs de calcaire (1-1,5 m) épars à l'est d'Ottawa. Même si leur histoire semble compliquée (par ex., un épisode d'érosion par les eaux sous-glaciaires*), ils reposent entre le till et l'argile de la mer de Champlain (et sont à l'air libre là où l'argile a été érodée), et non pas sur cette dernière au dessus d'elle.

* L'hypothèse d'un épisode d'érosion par des torrents sous-glaciaires a été évoquée pour expliquer la formation de la Marmite des Allumettières. (Voir le billet du 7 nov. 2009, lien plus haut.)

Une énigme en chasse une autre

Si l'énigme de la présence de blocs de calcaire près du boulevard des Allumettières semble peut-être résolue, celle de leur position au dessus de l'argile de la mer de Champlain persiste.

Il arrive qu'on ne résolve pas tout à fait un mystère, on ne fait que l'enrichir. Ou le compliquer. Pour continuer à en parler...


Références

  • Ells, R.W., «Report on the Geology and Natural Resources of the Area included in the Map of the City of Ottawa and Vicinity», GSC, Annual Report, Part C., Vol. XII, no. 741, 1901.
  • D. Sharpe et A. Pugin, Glaciated terrain and erosional features related to a proposed regional unconformity in Eastern Ontario: Field trip Guide Book, GSC, Open File 5596, 2007, 44 p.
  • Wilson W.J., «Notes on the Pleistocene Geology of a Few Places in the Ottawa Valley», The Ottawa Naturalist, vol. XI, March 1898, no. 12, p. 209-220.

Ajout (23 juillet 2013)


Fig. 8. – Site 1. Non, il ne s'agit pas de ce qu'on appelle une coupe géologique. Il fallait laisser place au trottoir neuf du boulevard des Allumettières et à la gens piétonnière (dont je fais partie). (Nov. 2012.)
...


Ajout (24 juillet 2013)

Curieux ces trois blocs pris dans le mur mitoyen des fondations, comme des museaux qui dépassent du béton (X rouges). Ils ont été coupés au raz du mur depuis – voir la figure 5.


Fig. 9 – Site 2. Photo déc. 2012.
...


dimanche 25 novembre 2012

Paysage pré-glaciations (ajouts, ajouts et rajouts)


Avertissement. – Ce billet est une compilation menée au petit bonheur de documents de sources diverses sur un sujet particulier. Il ne s'agit pas d'un exposé et nulle volonté de synthèse n'a guidé son élaboration. Une version mieux ordonnée viendra quand la nécessité de faire le ménage s'imposera.


Fig. 1A. Tirée de Middleton (2004).


Encore un petit billet pour répondre à un lecteur :

«Peut-on reconstituer le paysage des Laurentides d'avant les grandes glaciations du Quaternaire ?»

Réponse. — La reconstitution du paysage pré-glaciation laurentien ne mobilise pas beaucoup de monde. Il faut des originaux comme vous et moi pour s'intéresser à la question.

Voici, malgré tout, quelques pistes pour vous aider.

(Note. – Je profite de l'occasion pour me confectionner par ce billet une bibliographie informelle mais commode sur cette question qui m'intéresse particulièrement. Ce billet été augmenté et étoffé à plusieurs reprises après sa mise en ligne sans que son aspect, portant les stigmates conjugués de l'improvisation et de la précipitation, ne soit amendé. Les «AJOUTS» ne sont pas signalés. )


1A) Voir Middleton (Geoscience, 2004), p. 54, pour le drainage préglaciaire des Grands Lacs ; l'article reproduit la carte de Spencer (1890) reproduite au début de ce billet et qui reste l'une des plus à jour, c'est dire à quel point le sujet n'est plus d'actualité depuis longtemps*.

* Voir cependant les sections 7 et 8.

1B) Cartes du réseau hydrographique supposé de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent durant le Tertiaire (-65 millions à -2.6 millions d'années).


Fig. 1B
G : position approximative de Gatineau.
Modifié de Grabau, 1913 et 1924.


Le retrait par érosion des sédiments du Paléozoïque avait formé une cuesta, ancêtre de l'escarpement du Niagara. Les rivières, qui trouvaient leur source dans le Bouclier canadien («Laurentian Old-Land») coulaient vers le SW. Les Grands Lacs actuels sont figurés en pointillé. Ce schéma, considéré maintenant comme obsolète, semble une variante de la carte de Spencer.

Source : Amadeus W. Grabau, Principles of Stratigraphy : Volume Two, Dover Publications, Inc., New York, 1964 (réimpr. de l'édition de 1924, par A.G. Seiler, New York. Comme il m'est impossible de photocopier ou de scanner les pages de mon exemplaire sans briser la reliure, j'ai pris ces images dans le pdf de la version d'A.G. Seiler and Company (New York, 1913), au site de la BHL (Biodiversity Heritage Library).


1C) Carte des chenaux pré-glaciaires de l'Outaouais. Très vieux travail (1901), jamais contredit à ma connaissance. Source : R. W. Ells, «Ancient Channels of the Ottawa River», The Ottawa Naturalist, vol. XV, no 1, avril 1901, p. 17-30, avec une carte. Disponible dans Internet.



Fig. 1 C. Détails de Ells (1901).
Légende
_ _ _ _ _ : ancien chenal (pré-glaciaire) de l'Outaouais ; 
_ ._ ._ ._ : ligne de partage des eaux (Height of Land) ;
Hull : aujourd'hui Gatineau.



2A) Quelque chose de plus tangible et de plus local (et de plus récent) : existe-t-il encore au Québec des morceaux de sol datant d'avant les glaciations ? Il semble que oui : «Les altérités du bouclier canadien : premier bilan d’une campagne de reconnaissance», de Mireille Bouchard et Alain Godard (1984), dans : Géographie physique et Quaternaire, vol. 38, no 2, p. 149-163.

2B) Voir aussi, mais moins accessible : Mireille Bouchard, Serge Jolicœur et Jean-Pierre Peulvast (2007), «Altération et évolution géomorphologique du bouclier canadien dans le sud-ouest du Québec», in : Du continent au bassin versant. Théories et pratiques en géographie physique (Hommage au professeur Alain Godard), Presses Universitaires Blaise-Pascal, p. 39-54.



Fig. 2A. Modifiée (lettrage retouché) de Bouchard, Jolicœur et Peulvast (2007).
Paléosurfaces de la bordure des Laurentides au nord de Montréal» entre les lacs Écho au SE et Tibériade au NW, en passant par le Mont-Tremblant («Montagne-Tremblante»).
(Cliquer sur l'image pour qu'elle s'affiche à sa pleine grandeur.)


2C) Excellent article de la même série dont le résumé et les images sont désormais (au moins depuis le 19 avril 2013) accessibles gratuitement :

Mireille Bouchard, Serge Jolicoeur, «Chemical weathering studies in relation to geomorphological research in southeastern Canada», Geomorphology, vol. 32, nos 3–4, mars 2000, pages 213–238.

http://dx.doi.org/10.1016/S0169-555X(99)00098-7
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169555X99000987



Fig. 2C. St. Lawrence Lowlands (from Mont Tremblant to Saint-Jérôme, southwestern Québec).»
Bouchard et Jolicœur (2000)


3) Outre la coupe reproduite ci-dessus, des sources qui traitent de la région du Mont-Tremblant qui vous intéresseront sans doute plus particulièrement, cher lecteur à l'origine de ce billet :

De Brigitte Poirier et Robert-André Daigneault, «La mise en valeur du patrimoine géologique du Sentier national du Québec dans les Laurentides», Le Naturaliste Canadien, vol. 135, no 1, hiver 2011, p. 45-55. PDF téléchargeable gratuitement.

Voir aussi : Poirier, Brigitte (2008), Identification, évaluation et sélection de géosites potentiels le long du sentier national du Québec dans la MRC des Laurentides : une contribution à l'offre écotouristique régionale des municipalités de Labelle et de La Conception, mémoire (thèse de maîtrise en géographie), Univ. de Montréal. PDF téléchargeable. Nous en tirons ce court extrait qui nous a charmé (p. 48) :

«L'évolution géomorphologique des paysages du Bouclier canadien a été très peu étudiée au Canada.»

Ben tiens, qu'est-ce que je disais plus haut ? (Voir aussi section 8.)


4) Saviez-vous que si la dernière glaciations avait été moins intenses, le visage politique de l'Amérique du Nord aurait été différent tout en étant plus français ? Voir «What If? The Ice Ages Had Been A Little Less Icy?», Steven Dutch (2006). Il s'agit d'une vision à l'échelle continentale, ne cherchez pas là un aperçu au ras des pâquerettes de votre arrière-cours dans les Laurentides...

«If a northern route across Ohio [by St. Lawrence] suggested by some authors were re-established after ice retreat, the headwaters of the St. Lawrence would have been in North Carolina. In this scenario, the axis of transportation west of the Appalachians would be northward. With access from Canada so much easier, this region might have remained solidly Canadian, possibly even French. The Thirteen Colonies might have remained hemmed in along the Atlantic coast. » (Dutch, 2006)



Fig. 4. Tirée de Dutch (2006).


«The map above shows how present drainage systems might be different in the counterfactual world [c.-à-d. en supposant que les glaciations aient été moins puissantes]. With no blockage of the ancestral Hudson Bay-Mississippi drainage divide at high elevations, plus less infilling of valleys by glacial deposits, it would have been far easier for the ancestral upper Missouri River to re-establish its course into Canada. The area shown in orange would be lost to the Mississippi drainage system. The area shown in green is a minimal estimate of drainage to the St. Lawrence that would not have been diverted. The Ohio River is discussed below. Magenta indicates areas around the present Great Lakes that might have remained connected to the Mississippi drainage had the Great Lakes not been excavated. This area is highly speculative but is intended to suggest that not all the drainage diversions were one-way. The Mississippi gained drainages from Pleistocene diversions, but also may have lost drainages.» (Dutch, 2006)

5) Carte du drainage de l'Amérique du Nord avant le Quaternaire ; Plummer (2007), Physical Geology and the Environment :



Fig. 5. Modifiée de Plummer (2007).
Réseaux hydrographiques de l'Amérique du Nord avant et après les glaciations.
Comparez avec la carte de la section 4. La provenance des cartes de Plummer (2007) doit être la
même que celle de la carte de la section 9.


(Mon résumé du texte de Plummer (2007)). Les Grands Lacs sont un exemple d'érosion glaciaire intensive. Leur bassin, excavé dans le socle rocheux, atteint des profondeurs situées sous le niveau de la mer. Pour les créer, les glaciers ont repris et approfondi des vallées fluviales, artères d'un réseau hydrographique pré-Quaternaire*. Des sections de ces anciennes vallées, masquées ailleurs par les sédiments glaciaires, sont visibles ça et là (voir cependant Cunhai Guo au point 7, à propos de ces «anciennes vallées fluviales».)

* (Quaternaire : 2,59 millions d'années-aujourd'hui ; Âge des glaciations et de la naissance de l'humanité.)

(Mes commentaires à propos des deux cartes ci-haut). Le Mississippi s'est agrandi au dépend d'une partie du bassin du Saint-Laurent et a capturé des segments d'un réseau hydrographique, maintenant disparu amoindri, qui s'écoulait dans l'océan par la baie d'Hudson et le détroit du même nom. L'actuel Mackenzie, au NW, a dévié vers le NW une autre partie de ce réseau démembré.

6) Pour une vision (temporellement) plus profonde :

«Calcul de l’érosion à long terme en région de socle autour de grands astroblèmes du Québec et de France», Géographie physique et Quaternaire, vol. 60, n° 2, 2006, p. 131-148, Jean-Philippe Degeai et Jean-Pierre Peulvast (2006).



Fig. 6. Tirée de Degeai et Peulvast (2006).
On voit les Montérégiennes être peu à peu dégagées par l'érosion (à droite).


7A) À propos des «vallées enfouies» du sud de l'Ontario, souvent interprétées comme des vestiges du réseau hydrographique préglaciations, voir : Cunhai Gao, «Buried bedrock valleys and glacial and subglacial meltwater erosion in southern Ontario, Canada». Canadian Journal of Earth Sciences, 2011, 48(5): 801-818, 10.1139/e10-104 (article payant).

Voici un résumé personnel de l'article : On a relevé plusieurs vallées dans le socle rocheux (Paléozoïque) du sud de l'Ontario sous les sédiments glaciaires. Diverses hypothèses ont été avancées pour expliquer leur formation, la plus connue étant qu'il s'agirait des reliques d'un réseau hydrographique datant d'avant les glaciations. Gao (2011), au contraire, favoriserait plutôt celle voulant que ces vallées aient été creusées sous les glaciers par l'eau de fonte*.

* À ce sujet, voir mes billets suivants : lien, et lien.

En particulier, la fosse Laurentienne qui, à l'est de l'escarpement du Niagara relie la baie Georgienne au lac Ontario (voir la carte de Spencer au début du billet), aurait été excavée par érosion mécanique par les glaces (comme les Grands Lacs, du reste) et aucun vestige d'un réseau hydrographique préglaciation ne saurait s'y trouver.

Le socle du sud de l'Ontario a été fortement modifié par le passage des glaces et l'idée que, sous les sédiments meubles, se trouve un paysage préglaciaire simplement retouché par les glaciations est à abandonner.

7B) En accès libre, les mêmes travaux : Cunhai Gao : Origin of regional buried bedrock valleys in the Great Lakes region: a case study in southern Ontario.



Fig. 7B. Tirée de Gao (2011) ; vallées incises dans
le socle rocheux, sud de l'Ontario, selon différents auteurs.


8) En complément de la partie 7, voir aussi, de Sharpe et Russell (2004), téléchargeable gratuitement (of course) dans GéoGratis : Basin Analysis Applied to Modelling Buried Valleys in the Great Lakes Basin :

«More than a 100 years after Spencer (~1890)* inferred that a Tertiary Laurentian river network played a key formative role in shaping the Great Lakes basin, no clear idea of the geometry, extent and the sedimentary fill in any buried valley in southern Ontario has been established.» (Sharpe et Russell, 2004.)

* Voir section 1A et B.

9) Encore une reconstitution du drainage pré-glaciaire de l'Amérique du Nord. Sources :


  • Duk-Rodkin, A., and Hughes, O.L., 1994 – «Tertiary-Quaternary drainage of the pre-glacial MacKenzie River basin». Quaternary International, v. 22–23, p. 221–241, doi: 10.1016/1040-6182(94)90015-9.
  • James W. Sears, 2013 – «Late Oligocene–early Miocene Grand Canyon: A Canadian connection?» GSA Today, v. 23, no 11, doi: 10.1130/GSATG178A.1. (Article ici, pdf ou html.)



Fig. 9. Tirée de Sears (2013), reprise de Duk-Rodkin et Hughes (1994).
Earley Oligocene = 34 - 28 Ma.
Légende générale, pour cette carte et les autres dans Sears (2013). 1—Cypress Hills and Wood Mountain; 2—Upper Missouri River; 3—Eastern Great Basin rift; 4—Early Grand Canyon; HB—Hudson Bay; HS—Hudson Strait; LCL—Lewis and Clark Line; NAMC—Northwest Atlantic Mid-Ocean Channel; RG—Rio Grande; RMT—Rocky Mountain Trench; S SASK—South Saskatchewan River; U. COLO—Upper Colorado River.


Bonnes lectures !