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mardi 1 décembre 2015

Marbre et mise en plis


Pour faire plaisir à qui de droit, voici quelques inclusions tenaces qu'un peu de patience nous permettra de découvrir au fur et à mesure que l'érosion grignotera le marbre soluble qui les contient. Quelques millénaires devraient suffire.

Voir le billet du 28 oct. 2015 et suivre les liens pour en savoir plus.

Voir également le billet du 8 nov. 2015 sur le site du pont de pierre du Lac-des-Trente-et-Un-Milles où j'ai pris ces photos le 7 nov. 2015.



1a. Inclusion résistante dans un marbre poli par l'eau courante.



1b. Coupe des replis.



2a. Lits silicatés verts dans le marbre blanchâtre. Le marbre s'est introduit entre les lits (à droite).



2b. Même inclusion, vue par l'extrémité : un W style bubble gum.



3. Le chiffonnage de mes inclusions sont moins élaborés que celui des quelques échantillons remontés du fond d'un lac des Laurentides par Jean-Louis Courteau (voir aussi le premier des liens plus haut). Il y a quand même similitude dans le style de mise en plis : des M et des W. Lorsque l'eau attaque le marbre au fond d'un lac, en l'absence de vagues et à l'abri des aléas de la vie à l'air libre, les inclusions ne se brisent pas au fur et à mesure que l'érosion les dégage. Photo © Jean-Louis Courteau.




4. Nodule silicaté résistant faisant saillie à la surface du marbre.

dimanche 8 novembre 2015

Ponts de pierre dans la vallée de la Gatineau


1.  Perte de la Kazabazua, route 105, au nord de Gatineau (Québec) ; la rivière s'engouffre dans un pont naturel sculpté dans le marbre. Photo 7 nov. 2015.
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Résumé

Phénomène karstique : ponts de pierre dans le marbre de la vallée de la Gatineau.
Localisation
  • Kazabazua, route 105, env. 1,5 km au sud de la jonction avec la route 301 (Québec). 31F/16 ; 45.942499, -76.006031
  • Lac du Pont-de-Pierre et la Baie Noire du Lac-des-Trente-et-Un-Milles, Déléage (Québec). 31J/ 5 ; 46.317514, -75.787520


Tournée des ponts de pierre dans la vallée de la Gatineau en Outaouais, résultat de l'érosion du marbre par l'eau courante.

Le marbre, âgé d'un milliard d'années et plus, appartient à la province de Grenville (voir le billet du 20 nov. 2009 sur l'histoire géologique de l'Outaouais). L'eau courante dissout peu à peu la roche, y sculpte des cannelures et creuse des conduits sous la surface en exploitant les joints et les failles.

Voir le billet du 2 juillet 2014, «Kazabazua sous le marbre» pour plus de détail. Voir également le complément daté du 4 juillet 2014.

Photos : 7 novembre 2015.


2. L'un des ponts de pierre du Lac-des-Trente-et-un-Milles. Au loin, le lac du Pont-de-Pierre où le ruisseau prend sa source. Les ponts constitueraient les restes de la toiture effondrée d'une caverne.



3. L'eau passe vraiment sous la roche.



4. Autre pont, en descendant le courant.


5. Voyez les cannelure creusées dans le marbre par la cascade, en aval des ponts de pierre.


6. Un chaos de blocs obstrue presque la cascade.


7. Autres cannelures dans le marbre.


8. Ça bouillonne.


9. La cascade tombe dans le «bain tourbillon», selon l’appellation locale. Il s'agit d'une marmite dont la profondeur dépasse les 3 m. À l'avant-plan, inclusions sombres dans le marbre surgissant par dissolution de la roche.
(Ajout, 8 nov. 2015). Sur des photos prises alors que l'eau est plus basse, on se rend mieux compte que la cascade se déverse dans le bain par deux gouttières séparées par une paroi de pierre. L'histoire ne dit pas si c'est pour permettre de doser l'eau froide et l'eau chaude dans la baignoire. Voir les photos dans le site de la Municipalité de Déléage et de la Municipalité régionale de comté (MRC) de La Vallée-de-la-Gatineau.

samedi 11 décembre 2010

Dissolution à Gatineau : suite

Photo 1096. Marbre chargé d’enclaves de granite et de gneiss. La roche est traversée par de multiples réseaux entrecroisés de ravines. Des enclaves volumineuses forment un massif à gauche. (Juin 2010)

LOCALISATION
Gatineau (Québec) ; rive gauche de la rivière Gatineau, au N du pont Alonzo-Wright (secteur de l'île Marguerite).
SNRC 31G/05
Le site est sous les eaux de la rivière Gatineau une partie de l'année. L'endroit, interdit d’accès, présente un danger certain (variations brusques du niveau de l'eau causées par l'activité du barrage Chelsea en amont).

CONTEXTE GÉOLOGIQUE
Marbre de la province de Grenville ; roches vieilles d'un milliard d'années (voir Géolo-chronologie) ; érosion par l’eau courante, érosion différentielle.

INTRODUCTION
Billets précédents consacrés au même site : ici et ici. Les consulter pour plus de détails.

RAPPEL, RÉSUMÉ ET MÊME TOUT LE CORPS DU TEXTE EN TROIS BREFS PARAGRAPHES
Un marbre chargé d'inclusions résistantes (granite, gneiss) est exposé le long de la Gatineau. Les billets précédents parlaient du surgissement progressif de ces inclusions par dissolution du marbre que l'eau courante gruge à petit feu (ça se dit?). Aujourd'hui, je voudrais traiter de phénomènes d'érosion d'une autre nature.

Des ravines plus ou moins profondes traversent le marbre. Il n'est pas toujours évident d'attribuer leur présence à la canalisation du courant le long de certains trajets. En effet, la plupart, loin d'observer une quelconque direction favorisée, s'entrecroisent et semblent plutôt le résultat de l’élargissement par érosion de fractures rectilignes. On peut observer une progression, depuis les larges ravines aux bords arrondis jusqu’aux minces failles, nettes, aux arêtes tranchantes ou à peine émoussées.

Rappelons que la couleur rose-ocre du marbre (autrement de couleur blanche) est due à une altération superficielle.

CONCLUSION
L'aspect rectilignes de ces ravines, leurs bords parallèles indiquent qu'il s'agit de fractures attaquées de façon préférentielle par l'érosion (dissolution du marbre par les eaux courantes). La direction du courant, la structure du marbre (dont le rubanement est orienté NE), sont des phénomènes secondaires de ce point de vue, les failles, ou fractures, accélérant l'érosion selon certaines lignes.

PHOTOS
Toutes les photos : juin 2010

Photo 1066. Ravine serpentant dans la partie relativement libre d'enclaves d'un marbre. Phénomène fréquent partout sur le site, la rivière attaque le marbre par en dessous (bas de la photo, à gauche de la boussole). Ce travail explique(?) la fracture tardive, parallèle au rivage, par effondrement de la frange ainsi sapée. Noter les marmites.

Photo 1067. Détail de la photo précédente. La ravine contourne une enclave sombre tandis que la fracture tardive recoupe celle-là sans affecter celle-ci. En fait constituée d'un chapelet de marmites allongées, cette ravine est probablement(?) le résultat de la canalisation de l'eau de la Gatineau (le courant va de «haut» en «bas»), au contraire des autres illustrées dans ce billet. 

Photo 1069. Détail, encore. Autres fractures ± «fraîches».

Photo 1093. Érosion différentielle du marbre selon le degré de résistance des rubans ; ébauches de marmites (flaques circulaires).

Ajout (26 février 2012). – Lorsque l'action du ruissellement s'exerce sur une large surface, on observe le développement de rainures parallèles séparées par des arêtes vives, perpendiculaires à la rive et s'évasant vers le haut. (Source : Aubert de la Rüe, E., 1953, Rapport géologique 50 : région de Kensington, comtés de Gatineau et de Labelle. Québec, ministère des Mines, 1953, 50 pages, cartes 919 et 920 (1/63 360)) 

Le rubanement du marbre à l'île Marguerite, perpendiculaire à la rivière Gatineau, a facilité le développement de structures plus ou moins semblables (photo 1093).


Photo 1099. Coude : exploitation de fractures par l'érosion.

Photo 1189. Ravines entrecroisées (voir photo 1096, au début du billet), et marmites (à droite).


Photos 1103-1104. Dalle de marbre fracturée.
Déterminer l'âge relatif des cassures en fonction du degré d'usure de chacune.

dimanche 20 juin 2010

Rideau pétrifié

Photo 1055. – Rideau pétrifié émergeant d'une masse rocheuse.
(Cette photo et celles qui suivent : 19 juin 2010.)

LOCALISATION
Gatineau (Québec), rive gauche de la rivière Gatineau, secteur de l'île Marguerite
31G/05
Le site est normalement sous les eaux de la rivière Gatineau une bonne partie de l'année. L'endroit présente un danger certain (variations brusques du niveau de l'eau causées par l'activité du barrage Chelsea en amont). Ne pas s'y rendre demeure une excellente idée.

CONTEXTE GÉOLOGIQUE
Marbre flué de la province de Grenville ; roches vieilles d'un milliard d'années. (Voir Géolo-chronologie.)

DESCRIPTION
Bande de gneiss (?) sombre dans un marbre blanc (le rose est dû à une altération superficielle). La bande de gneiss est plissotée ; la dissolution lente du marbre (érosion par l'eau courante) a dégagé le gneiss qui apparaît comme la bordure d'un rideau pétrifié émergeant de la pierre. (Non, ce n'est une tentative maladroite de faire de la poésie.) Une bête érosion mécanique (comme celle des glaciers) aurait tout arasé au même niveau sans discrimination.


Photos 1062 et 1062A. – Remarquez les cupules (flèches) sous les arches (ou anticlinaux, parlons savant) du gneiss, creusées par l'eau piégée tourbillonnant entre le marbre, roche soluble, et la voûte résistante. La rivière Gatineau coule à peu près dans la direction indiquée par les flèches.

Photo 1062B. – Gros plan du «rideau» et d'une cupule. Celle-ci s'est approfondie en progressant vers l'aval, sous le gneiss, et semble présenter deux niveaux.

Photo 1143. – Vous êtes prévenus.

Photo 1083. – Certains ont prétendu contrer la dérive des continents par des moyens extrêmement naïfs.


Ajout (15 octobre 2010)
Photo 1061. – À quelques cm des photos 1055 et 1062 : autre partie du «rideau» laissant un vide se développer sous ses replis. Le stylo est visible dans le coin supérieur droit de la photo 1062. (19 juin 2010)



Ajout (26 février 2012)

Quelques documents anciens provenant des rives du «lac-Trente-et-Un-Milles»*, 60 km au nord de l'île Marguerite. Ils qui me semblent éclairer d'une lumière nouvelle ce billet.


Le long des rives du lac des Trente et Un Milles, à l'est de Bouchette, les surfaces de marbre sont piquées d'une multitude de petites cavités circulaires à section conique, ou cupules, de 2,5 cm à 20 cm d'ouverture et de 10 cm à 13 cm de profondeur, parfois davantage (jusqu'à 30 cm). Ces cupules sont contenues entre les niveaux des basses et des hautes eaux. On peut en déduire que l'action du clapotis est l'agent responsable de cette forme d'érosion due à la dissolution du carbonate de calcium (Aubert de la Rüe, 1953).

Je n'ai pas observé de phénomènes exactement similaires à l'île Marguerite, cependant, on l'a vu, des cupules isolées se sont développées à plusieurs endroits, là où des obstacles entretiennent des tourbillons stationnaires.


Phénomène de dissolution dans les marbres. Rive ouest du lac des Trente et Un Milles.
Le manche d'un marteau (?), en haut, donne l'échelle.
(Aubert de la Rüe, 1953)

Cupules de dissolution dans le marbre sur une île du lac des Trente et Un Milles. 
Le marteau, en haut, au centre, donne l'échelle.
(Aubert de la Rüe, 1956)


RÉFÉRENCES DE CETTE PARTIE
  • Aubert de la Rüe, E., 1953, Rapport géologique 50 : région de Kensington, comtés de Gatineau et de Labelle. Québec, ministère des Mines, 50 pages, cartes 919 et 920 (1/63 360). 31J05.
  • Aubert de la Rüe, E., 1956, Rapport géologique 67 : région du lac Trente-et-un-Milles, districts électoraux de Papineau, de Labelle et de Gatineau. Québec, ministère des Mines, 42 pages, carte 921 (1/63 360). 31J04