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vendredi 7 juillet 2017

Eozoon canadense : hier et aujourd'hui (ajout)




Deux photos prises au même endroit à 104 ans d'intervalle.
Couleur, Brian Fisher, juillet 2017. - Route 321, à Côte-St-Pierre, municipalité de St-André-Avellin, au nord du petit lac Charlebois, QC. L'Eozoon canadense affleure dans les collines de marbre à l'ouest (à gauche) de la route. À droite : gneiss dioritique (?) sur le bord de la route
Noir et blanc, J. Stansfield, 1913 (réf. plus bas). - La «route 321» au début du XXe s., au nord du lac Allard (aujourd'hui lac Charlebois). La maison blanche, à droite, est celle de Gilbert Lavigne.


Intro

Suite aux billet du 23 mai 2107 et du 3 février 2017 à propos de l'Eozoon canadense. L'Eozoon canadense, un pseudofossile, a été découvert en 1863 dans un marbre précambrien (province de Grenville, 1 milliard d'années et plus) à Côte-St-Pierre, municipalité de St-André-Avellin, QC. Pendant quelques décennies, l'Eozoon de Côte-St-Pierre a joui d'une célébrité mondiale jusqu'à ce que sa véritable origine, minérale et non organique, soit reconnue.


Brian Fisher, de Ripon, près de St-André-Avellin, m'a envoyé une nouvelle photo de la route 321. Elle serait l'équivalent moderne de celle publiée en 1913 par J. Stansfield (voir «Intro»).

M. Fisher a pris soin de cadrer sa photo pour qu'elle corresponde au plus près à celle de 1913. Le premier poteau, à droite (photo couleur) est planté tout près de l'endroit où poussait l'arbre devant la maison de Gilbert Lavigne (photo noir et blanc). M. Fisher croit que la grange de la ferme Blais au sommet de la côte est la même d'aujourd'hui (voir «Ajout», plus bas). En face du deuxième poteau, on peut voir l'ancien chemin qui a mène au sommet de la colline où se trouve les affleurements de l'Eozoon.

Selon M. Fisher, qui tient ses renseignements de Paulette Dambremont, la ferme de M. Lavigne aurait brûlé vers 1955. Une maison plus petite a été construite à sa place.

Référence

J. Stansfield, 1913. «Mineral Deposit of the Ottawa district, Excursion A10», in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa : excursions A6, A7, A8, A10, A11, Ottawa : Government Printing Bureau, 1913, 162 p. (with maps). http://www.biodiversitylibrary.org/ia/guidebooksofexcu03inte#page/5/mode/1up


AJOUT (7 juillet 2017)


Détails. - Selon M. Fisher, la grange de M. Blais existant aujourd'hui était déjà visible sur la photo de 1913. Elle est au dessus du X blanc sur ces deux détails (1913 et 2017) :




Croix no 1 : endroit où M. Fisher a pris la photo de la route 321 (le nord est à gauche) ; croix no 2 : grange de M. Blais (X blanc sur les détails qui précèdent). Le chemin Blais, visible à gauche, qui double la route principale, la 321, correspondrait à l'ancien chemin tel qu'il était en 1913. (Document transmis par M. Fisher ; cliquer sur l'image pour la voir à sa pleine grandeur). Photo © Google.

mardi 23 mai 2017

Eozoon canadense : suite (ajouts)


Suite : voir billet du 7 juillet 2017.


Fig. 1. - Google Street, saisie d'écran : Brian Fisher (2017). Route 321, à Côte-St-Pierre, municipalité de St-André-Avellin, au nord du petit lac Charlebois, QC. L'Eozoon canadense affleure dans les collines de marbre à l'ouest (à gauche) de la route. À droite : gneiss dioritique (?) sur le bord de la route.


Introduction

Suite au billet du 3 février 2017, «L'Eozoon canadense à Côte-St-Pierre». L'Eozoon canadense, un pseudofossile, a été découvert en 1863 dans un marbre précambrien (province de Grenville, 1 milliard d'années et plus) à Côte-St-Pierre, municipalité de St-André-Avellin, au NE de Gatineau, QC. Pendant quelques années, l'Eozoon, et Côte-St-Pierre avec, a joui d'une célébrité mondiale. Voir mon billet de février (lien plus haut).


Brian Fisher, de Ripon, près de St-André-Avellin, m'a envoyé cette vue de la route 321 prise dans Google Street (fig. 1). Elle serait l'équivalent moderne de la photo publiée en 1913 par Stansfield (fig. 2), photo que j'avais reprise dans mon billet du 3 février 2017 (lien dans l'introduction).

Puisque nous en sommes à l’exhumation du passé, M. Fisher, qui tient ses renseignements de Paulette Dambremont, m'apprend en outre que la ferme d'un certain G. Lavigne, visible sur la photo de 1913 ainsi que sur une carte publiée trois ans plus tard (fig. 4), existait encore dans les années 1960-1970.

Je trouve toute cette histoire très touchante. Une carte et une photo du début du XXe s. montrent la ferme d'un certain G. Lavigne ; 100 ans plus tard, des habitants de la région se posent des questions sur ce personnage. Jusqu'ici, je n'avais obtenu sur lui que des renseignements très imprécis. Je savais que la propriété avait été vendue et n'appartenait plus aux descendants de monsieur Lavigne. Voilà que Mme Dambremont et M. Fisher viennent m'aider à compléter le puzzle. Il reste plusieurs autres morceaux à découvrir.

Je disais dans l'introduction que Côte-St-Pierre avait bénéficié d'une renommée mondiale avant que l'affaire de l'Eozoon canadense ne soit éventée (le fameux fossile précambrien n'en était pas un). Témoin de cette célébrité : c'est une carte publiée en 1916 par un Allemand (Rothpletz ; fig. 4) qui identifie la ferme de G. Lavigne. Sans ce savant Teuton, qui ici aurait pensé ressusciter ce personnage ? Ajout (24 mai 2017). - On aimerait savoir si monsieur Lavigne était au courant de sa célébrité mondiale ? Et quel prénom se cache sous l'initiale G. ? Gaston, Georges, Gérald, Gratien, Grégoire, Gustave...) Ajout 25 mai 2017. - Il s'agit de Gilbert Lavigne (Rothpletz, 1916, p. 27, 29, 53 et planche V). Il est aussi quiestion d'un certain Napoléaon Lavigne. J'ignore s'il s'agit de ce Gilbert et de ce Napoléon*.

* Il était facile de découvrir ces noms en consultant le texte d'où j'avais tiré la fig. 4. Cependant, en février dernier, lorsque j'avais fait mes recherches sur l'Eozoon, le fichier du texte, un pdf téléchargeable, était de maniement délicat (Rothpletz, 1916 ; voir Références). Il se téléchargeait difficilement, s'affichait laborieusement et avait tendance à se fermer sans préavis. Je m'étais estimé heureux dans ces conditions de pouvoir réaliser la saisie d'écran qui m'a donné la carte de la fig. 4. De plus, le texte (plus de 100 pages) est en allemand. Aujourd'hui, ne me demandez pas pourquoi, le pdf, téléchargé à nouveau, se comporte normalement - je précise que je n'ai pas changé de matériel informatique depuis février - et j'ai pu enfin le parcourir à l'aise - mais non le lire, ne connaissant pas l'allemand.



Fig. 2. - Stansfield (1913). La «route 321» au début du XXe s., au nord du lac Allard (aujourd'hui lac Charlebois) : comparez avec la fig. 1. L'Eozoon se trouve dans la colline à gauche de marbre (à l'ouest) du chemin. La maison blanche, à droite, serait celle de G. Lavigne (voir fig. 4)



Fig. 3. - Google Street, saisie d'écran votre serviteur, 3 févr. 2017. J'avais cru que cette vue correspondait à celle de la photo de Stansfield (1913 ; fig. 2) de 1913. Apparemment, je m'étais trompé. M. Fisher (fig. 1) suppose que la photo originale a été prise plus au nord, approx. à la hauteur de l'actuelle grange au toit rouillé, visible à droite de la route.



Fig. 4. - Rothpletz (1916). Carte géologique de Côte-St-Pierre. Elle correspond à celle de Stansfield, plus lisible (fig. 5), et je je ne l'aurais pas reproduite dans mon billet du 3 février dernier sans un petit détail pittoresque, la ferme d'un certain G. Lavigne (L). Ajout (25 mai 2017) - G pour Gilbert.

Légende : ajouts par rapport à Stansfield (voir fig. 5) : Quartzit : quartzite ; Marmor : marbre ; Gabbro de Rothpletz : diorite de Stansfield ; Kalstein : calcaire ; Quelle : source ; Schacht : arbre. Le gneiss visible à droite (à l'est) de la route sur la fig. 1 correspond sans doute à l'affleurement visible ici au sud de la ferme de G. Lavigne.



Fig. 5. - Stansfield (1913) : occurence d'Eozoon canadense à Côte-St-Pierre, QC, au N de Ripon. Quelques éléments de la légende : E : Eozoon ; A : Asbestos (amiante) : Limestone : marbre ; Lac Allard : lac Charlebois d'aujourd'hui ; le chemin correspond à la route 321 moderne.
En comparant avec la fig. 4, il est facile de repérer la ferme de G. Lavigne (rectangle noir).


Références

  • Rothpletz, August, 1916, Über die systematische Deutung und die stratigraphische Stellung der ältesten Versteinerungen Europas und Nordamerikas mit besonderer Berücksichtigung der Cryptozoen und Oolithe. II. Über Cryptozoon, Eozoon, und Atikokania; Abhandl. Bayer. Akad. Wiss., Math-Physik. Kl., vol. 28, no 4, 92 p. http://www.zobodat.at/pdf/Abhandlungen-Akademie-Bayern_28_0001-0092.pdf
  • J. Stansfield, 1913. «Mineral Deposit of the Ottawa district, Excursion A10», in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa : excursions A6, A7, A8, A10, A11, Ottawa : Government Printing Bureau, 1913, 162 p. (with maps). http://www.biodiversitylibrary.org/ia/guidebooksofexcu03inte#page/5/mode/1up

vendredi 3 février 2017

L'Eozoon canadense à Côte-St-Pierre (corrections)


Voir suite : billet du 23 mai 2017.

Fig. 1. - Spécimen d’Eozoon canadense recueilli par William Logan (photo tirée de ce document de Bibliothèque et Archives Canada). Source : Ressources naturelles Canada/2005-081. © Ressources naturelles Canada. Photo : Fournie à titre gracieux par Ressources naturelles Canada. nlc-10629.
[...] c'est dans cette région que se trouve la côte (sic) St-Pierre, endroit rendu fameux dans le monde des géologues par l'Eozoon Canadense (sic), cet hypothétique fossile précambrien que les anciens géologues venaient chercher dans les calcaires cristallins [marbres] serpentineux de cet endroit. Certains auteurs soutiennent que l'Eozoon Canadense n'est pas un reste organique, mais tout simplement une association minérale où des couches de calcite ou de diopside alternent avec des couches de serpentine; ces couches étant souvent courbées et plissées peuvent donner l'impression d'une structure due à un certain organisme.» (Faessler, 1948, p. 8-9.)


Résumé

Eozoon canadense : pseudofossile découvert en 1863 dans un marbre précambrien (province de Grenville, 1 milliard d'années et plus).

Localisation

Côte-St-Pierre, au nord de Saint-André-Avellin, route 321, collines au NW du lac Charlebois (Québec). CORRECTION (8 févr. 2017). - J'avais cru qu'on trouvait l'Eozoon sur le territoire de Ripon. On m'a aimablement corrigé : il est à l'intérieur des limites de St-André-Avellin, dans la Petite-Nation. Non seulement le plus vieil habitant de Ripon n'a jamais vécu, mais il n'est pas domicilié dans le village...



Qui, en Outaouais, a entendu parlé de l'Eozoon canadense ? Qui sait que le village de Côte-Saint-Pierre, au nord de Saint-André-Avellin, a été, entre 1860 et 1900, le point focal de l'attention des géologues et des paléontologues du monde entier ? Même Darwin, dans son Origine des Espèces (4e édition, 1866), toucha mot de Côte-Saint-Pierre. On tenait, avec l’Eozoon canadense, l’une des plus grandes découvertes géologique de l’époque.

La raison d'un tel enthousiasme tenait en une banale alternance de serpentine verte et de calcite blanche survenant dans un marbre précambrien, trop vieux pour renfermer quelque traces de vie que ce soit (voir Fig. 1). Rien que du banal à première vue, rien pour ameuter les foules ou les géologues.

Un examen d’échantillons au microscope changea le point de vue. On était certain d'avoir d'avoir sous les yeux les restes fossilisés d'une forme de vie primitive. Le nom choisi pour l'organisme, Eozoon canadense, signifie d'ailleurs «aube de la vie au Canada» (poétique, non ?) Cet Eozoon, un foraminifère, croyait-on, tapissait les fonds marins où il édifiait des structures mamelonnées qui n’était pas sans évoquer les stromatopores plus récents (voir ces billets). Le tout aurait été enfoui puis métamorphisé (recristalisé à chaud sous pression) avant que l'érosion ne ramène l'Eozoon à la lumière du jour. Et c'est ainsi que nous découvrons ces édifices faits d'une succession de bandes blanches (calcite) et vertes (serpentine). [Paragraphe retouché le 4 févr. 2016.]

On avait remarqué dès avant 1858 d’autres formations semblables dans la région, en Ontario et au Québec. Cependant, l'affleurement type, celui qui fut le mieux étudié et le plus discuté, reste celui de Côte-Saint-Pierre, découvert en 1863.

Passé le premier enthousiasme, quelques voix discordantes se firent entendre. Ni le marbre ni la serpentine ne sont choses rares. Dans la région, en tout cas, la serpentine, toujours associée aux marbres, abonde. L'affleurement de Côte-Saint-Pierre n'avait au fond rien d'exceptionnel. L’Eozoon, ou plutôt sa structure feuilletée, pouvait bien être le résultat de processus prenant place durant le métamorphisme régional. Le débat entre le clan des partisans d’une origine biogénique et ceux qui tablaient sur des processus inertes fut long et acrimonieux. En 1900, le cause était entendue, en faveur de ces derniers. La découverte de structures semblables à celles de l’Eozoon canadense dans des calcaires du Vésuve apporta un argument décisif à leur parti. Les souvenirs de la controverse étaient encore assez vifs en 1913 pour que les organisateurs du Congrès international de géologie qui se tenait au Canada incluent le site de Côte-Saint-Pierre dans leur programme d’excursions (Stansfield, 1913).

Je ne tenterai pas ici de résumer le débat ou à en nommer les protagonistes, sauf ceux que la rédaction de ce billet m’oblige à citer. Ça allongerait indument mon texte et seul l’aspect géologique de la question m’intéresse. Voyez les documents en «Références» si l’historique de la controverse vous intéresse.

Stanfield (1913) décrit la géologie du site, au sud de Côte-Saint-Pierre, dans des collines situées à l'ouest du chemin qui longeait le lac Allard (lac Charlebois de nos jours). (Voir Fig. 2.) On avait, de l'ouest vers l'est :


  • Diorite (gabbro en périphérie et une syénite-diorite quartzifère autre part) ;
  • Roche à diopside vert pâle ou blanc (diopsidite) ;
  • Eozoon canadense ;
  • Serpentinite (ophicalcite) ;
  • Marbre impur normal à mica. (Stansfiled néglige de mentionner la présence de bandes de marbre dolomitique (magnésien) dans le marbre.)

Il était tentant à la lumière de cette cartographie d'interpréter la présence de la diopsidite et de la serpentinite comme le résultat du métamorphisme de contact dans un marbre magnésien silicieux envahi par une diorite en fusion. La structure feuilletée de l'Eozoon canadense ne serait que la conséquence du comportement contrasté de minéraux soumis à des conditions extrêmes de pressions et de températures. Dernière étape du processus, la serpentinisation du diopside (silicate magnésien) par altération hydrothermale.

Dawson (1888), au contraire, plaçait la couche de l'Eozoon dans le marbre et réduisait la diopsidite à des concrétions ou des masses de diopside dans le même marbre (Fig. 4). Selon la coupe la plus détaillée que donnait Dawson (p. 8), on avait, toujours de l’ouest vers l’est :


  • Diorite grossière et une bande de gneiss ; direction NE, pendage abrupt vers le SE ;
  • Marbre traversé par des veines de chrysotile (ou amiante : «Asbestos» sur la carte de Stanfield) renfermant des masses de pyroxène (diopside de Stanfiled) et l’Eozoon en spécimens imparfaits ;
  • Marbre et dolomie grossiers ;
  • Marbre à serpentine (serpentinite ou ophicalcite de Stansfield) contenant les spécimens parfaits de l’Eozoon ;
  • Marbre renfermant de larges concrétions de serpentine + une bande de fins spécimens de l’Eozoon ;
  • Marbre avec concrétions et bandes interrompues de serpentine et de pyroxène ; fragments de l’Eozoon ; présence avec et au dessus de l’Eozoon de bandes de dolomie ;
  • Marbre blanc laminé recoupé par des veines de chrysotile ;
  • Marbre laminé à bandes de serpentine.

Ainsi, Dawson minimisait l'influence de la diorite sur le marbre et sur la genèse de l'Eozoon. On peut croire que c'est son erreur initiale (prendre l'Eozoon pour un organisme fossile) qui l'a empêché de tirer les conséquences de la géologie du site.

Pour la petite histoire de la région : la découverte et la cueillette d'échantillons de l’Eozoon avait été facilité par l'existence d'une carrière abandonnée. On y avait exploité le rock cotton, ou serpentine fibreuse, ou chrysotile, ou asbestos, ou, pour en finir, amiante. Le minéral servait dans les pièces de machines à vapeur. (Dawson, 1875, p. 22.)

La controverse autour de l'Eozoon est toujours d'actualité. En 1997, Trzcienski et Hofmann ont établi que les structures fines de l’Eozoon, les canaux et tubuli, qui avaient achevé de convaincre Dawson (et d’autres) de la nature biologique des édifices, relevaient de phénomènes d’exsolution (ségrégation) entre la dolomite et la calcite durant le métamorphisme.

La méprise en était une de bonne foi, les supporteurs de l’Eozoon canadense étaient tous des scientifiques capables. Il est facile de juger après la fermeture des dossiers, quand l’évidence est devenue… évidente ! De véritables fossiles précambriens furent bien découverts au Canada, mais plus tard. Ceci est une autre histoire.

Qui se souvient ?..., disais-je au début du billet. Pour consolider la mémoire, pourquoi pas un panneau explicatif pour rappeler qu'autrefois, le plus ancien citoyen du pays, l'Eozoon canadnese, domicilié à Côte-Saint-Pierre, a été, le temps de deux ou trois générations humaines, une célébrité mondiale (du moins dans le cercle des géologues et naturalistes) ?


Fig. 2. - Stansfield (1913) : occurence d'Eozoon canadense à Côte-St-Pierre, QC, au N de Ripon. Quelques éléments de la légende : E : Eozoon ; A : Asbestos (amiante) : Limestone : marbre ; Lac Allard : lac Charlebois d'aujourd'hui ; le chemin correspond à la route 321 moderne.


«Entre la roche à diopside [Diopside rock de la carte] et le marbre normal [Grenville limestone], se place une zone de serpentine [Serpentine limestone] dont la largeur varie de 3 à 30 m. À cet endroit, la serpentine et de la calcite montrent une disposition quelconque telle qu’en montre une ophicalcite normale, sauf en un ou deux points où elles évoluent vers ce qu’on a appelé l’Eozoon canadense.» (Stansfield, p. 98, mon adaptation.)


Fig. 3. - Rothpletz (1916). Sa carte reprend pour l'essentiel celle de Stansfield (Fig. 2) et je je ne l'aurais pas reproduite sans un petit détail pittoresque, la ferme d'un certain G. Lavigne (L) (Ajout (25 mai 2017) : il s'agit d'un Gilbert Lavigne, voir billet du 23 mai 2017.)  Légende : ajouts par rapport à Stansfield : Quartzit : quartzite ; Marmor : marbre ; Gabbro de Rothpletz : diorite de Stansfield ; Kalstein : calcaire ; Quelle : source ; Schacht : arbre.


Fig. 4. - Dawson (1888). SE à gauche, NW à droite. Même site, géologie plus simple : de gauche à droite on a : d) marbre ; a) bande de gneiss ; b) marbre et dolomie contenant une bande de l'Eozoon ; c) diorite et gneiss. Les roches à serpentine et à diopside de Stansfiled qui faisaient écran entre le marbre et la diorite n'apparaissent pas ici.


Fig. 5. - Stansfield (1913). La «route 321» au début du XXe s., au nord du lac Allard (aujourd'hui lac Charlebois). L'Eozoon se trouve dans la colline à gauche (au NW à l'ouest) du chemin. Ajout (25 mai 2017) : la maison blanche, selon M. Fisher et Mme Dambremont, serait celle de Gilbert Lavigne qui apparaît sur la fig. 3, voir billet du 23 mai 2017


Fig. 6. - Approximativement le même endroit que la fig. 5. Le secteur a un peu changé en 100 ans. Photo : Google. Ajout (24 mai 2017). - La photo de la fig. 5 a été prise en réalité un peu plus au nord. Voir la contribution de Brian Fisher, de Ripon, à ce blogue dans le billet du 23 mai 2017.


Fig. ajoutée (8 févr. 2017). - Détail de la carte de Faessler (1948). À cette échelle, les bandes de diopsidite et de serpentinite sont confondues dans le marbre.
Légende simplifiée
Jaune : Quaternaire
Grenville
1 (bleu) marbre ; 4 (ocre) gabbro, diorite et syénite ; 5 (pâle) syénite et granite.
Les routes 317 et 321 modernes sont indiquées ; l'Eozoon est dans le marbre (bleu), au NW du lac Allard (lac Charlebois d'aujourd'hui). Les lignes au crayon de plomb font partie du fichier original.


Références

  • Dawson, J. W. (1865). «On the structure of certain organic remains in the Laurentian limestones of Canada». Quart. J. Geol. Soc. 21: 51–59. doi:10.1144/GSL.JGS.1865.021.01-02.12 https://dx.doi.org/10.1144%2FGSL.JGS.1865.021.01-02.12
  • John William, Sir Dawson, [1875], Life's Dawn on Earth : Being the history of the oldest known fossil remains, and their relations to geological time and to the development of the animal kingdom. London, Hodder & Stoughton, 27, Paternoster Row. MDCCCLXXV. Butler & Tanner. The Selwood Printing Works, Frome, and London.
  • Sir J. William Dawson, 1888. On Specimens of Eozoon Canadense and Their Geological and Other Relations. Peter Redpath Museum, McGill University, Montreal, 106 pages.
  • Sir J. William Dawson, 1893. Some Salient Points in the Science of the Earth, Montreal, W. Drysdale And Co., with forthy-six illustrations, 500 p.
  • Faessler, Carl. Rapport géologique 33. Région du lac Simon. Comté de Papineau. Québec, Ministère des Mines, Service de la carte géologique, 1948. 33 p., avec carte 638 (1/63 360). 
  • Fossils and Geology of Lanark County, Ontario, 29 avril 2016, «A specimen of Eozoon Canadense at the Matheson House Museum in Perth, Ontario». http://fossilslanark.blogspot.ca/2016/04/a-specimen-of-eozoon-canadense-at.html
  • Hofmann, H.J., 2004. «Precambrian fossils in Quebec», in: G. Prichonnet and M.A.Bouchard (éd.), Actes du premier colloque du patrimoine géologique du Québec, Géologie Québec, MB 2004-05, p. 109-113.
  • Hofmann, H J, 1971. Precambrian fossils, pseudofossils and problematica in Canada, Commission géologique du Canada, Bulletin 189, 146 pages (5 feuilles), doi:10.4095/123948
  • Rothpletz, August, 1916, Über die systematische Deutung und die stratigraphische Stellung der ältesten Versteinerungen Europas und Nordamerikas mit besonderer Berücksichtigung der Cryptozoen und Oolithe. II. Über Cryptozoon, Eozoon, und Atikokania; Abhandl. Bayer. Akad. Wiss., Math-Physik. Kl., vol. 28, no 4, 92 p. http://www.zobodat.at/pdf/Abhandlungen-Akademie-Bayern_28_0001-0092.pdf
  • J. Stansfield, 1913. «Mineral Deposit of the Ottawa district, Excursion A10», in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa : excursions A6, A7, A8, A10, A11, Ottawa : Government Printing Bureau, 1913, 162 p. (with maps). http://www.biodiversitylibrary.org/ia/guidebooksofexcu03inte#page/5/mode/1up
  • Trzcienski, W.E., Jr., Hofmann, H.J., and Poirier, G., 1997. Inquest of the metamorphic pseudofossil Eozoon canadense in marbles of the Grenville Supergroup, Quebec: pressure- temperature conditions for the so-called canals, Geological Association of Canada-Mineralogical Association of Canada, Joint Annual Meetings, Abstracts, 22, A-149

mercredi 25 janvier 2017

Singularités des Montagnes-Noires de Ripon : suite



Fig. 1. Détail modifié de Pelletier (1927) ; légende adaptée
Late Precambrian
[Ligne rouge] Diabase
Earley Precambrian
[Gris] Pg Pegmatite
Batholithic intrusives:
[Ocre] m2 Grey granite-gneiss : remplacé par les ?
Buckingham Series:
[Mauve] v1 Gabbro or gabbro-diorite (massive intrusions)
Grenville Series:
[Bleu] g2 With predominent quartzite and granet-sillimanite gneiss
[Bleu] g1 With predominent crystalline limestone [marbre]
Lac Noir : ajouté pour clarifier la carte, mais j'ignore quel nom il portait à l'époque (1927).


Ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à la conférence de Daniel Picard sur la «Singularités des Montagnes-Noires de Ripon» qui s'est tenue à Ripon (of course), pourront se rattraper avec la reprise. Rendez vous à la Cabane en bois rond, près du cégep de Hull, campus Gabrielle-Roy, vendredi 3 février 2017, 9 h 30 - 10 h 30 a.m. Voir mon billet du 22 déc. 2016 pour plus de détails.

À propos de ces Montagnes-Noires, j'ai affirmé un peu imprudemment, dans ce billet de décembre, que Faessler (1948) avait été le premier à cartographier ou à reconnaître le pluton des Montagnes-Noires, près de Ripon (QC).

Pelletier, vingt ans plus tôt (1927), avait pourtant déjà soupçonné l'existence du pluton dans la «highest elevation in the district» (p. 63). Je connaissais l'existence de son travail, disponible depuis peu dans Internet. Je viens tout juste de télécharger sa thèse de maîtrise.

En fait, Pelletier n'a fait qu'effleurer le bord oriental des Montagnes-Noires, de sorte que la forme et l'extension du pluton ne se laissent pas deviner sur sa carte (Fig. 1). Comparez avec celle de Faessler (Fig. 3).

Pour ajouter à la malchance, Pelletier a omis d'inscrire sur sa carte le code lithologique qui aurait permis d'identifier le type de roche qui forme le pluton. D'après la couleur et les autres affleurements tout autour, ce serait possiblement du «m2», soit du gneiss granitique gris.

Je n'ai pas encore lu le texte de Pelletier (1927). C'est un travail ancien, en partie obsolète dans sa nomenclature («Série de Buckingham», etc.) mais ses cartes sont détaillées, ses descriptions d'affleurements sont toujours valables et, pour l'amateur qui pratique la géologie au raz des pâquerettes, à la fois instructives et très évocatrices.

Selon M. Picard, les Montagnes-Noires doivent leur nom à un incendie qui ravagea le secteur en 1903 et qui aurait noirci le massif. La Commission de toponymie du Québec n'a aucune donnée sur l'origine du nom. Moi qui croyait que c'était à cause de la couleur de la roche, longtemps identifiée comme du gabbro sur les cartes, d'après celle de Faessler (1948). Le gabbro est en effet une roche particulièrement sombre (voir Fig. 2).



Fig. 2. I) Syénite claire et J) sombre gabbro du «pluton des Montagnes Noires» de Corriveau (1991, p. 95). La teinte noire du gabbro (du moins en cassure fraîche), expliquerait-il le nom du massif ? Les barres noires en bas des photos : 1 cm.

Historique de la description géologique du pluton des Montagnes-Noires

Pelletier, 1927 (Fig. 1) : anonyme et non cartographié en entier

  • Roches granitiques grises (?) ; 
  • Classées parmi les intrusions batholitiques ;
  • Le pluton n'est pas nommé ; Pelletier n'a relevé que la bordure orientale du pluton.


Faessler, 1948 (Fig. 3) : «roches des montagnes Noires»

  • Gabbros et norites dans la moitié orientale des «montagnes Noires» (p. 17) ; il s'agit de roches basiques de la série de Buckingham (terme obsolète), unité 4 sur la carte de Faessler (Fig. 3) ;
  • Le massif des «montagnes Noires», hors du pluton de gabbro, comprend des roches rouges de Pine Hill (terme obsolète), unité 5 sur la carte, très répandues dans toute la région (p. 7) ;
  • Le pluton de gabbro-norite a une forme de larme, la pointe vers le sud ; il n'est nommé que de façon informelle.

Par la suite, jusqu'aux travaux de Corriveau (1991), les cartes de compilation suivent Faessler et assignent le gabbro au pluton qui demeure anonyme.


Dimroth, 1966 : une bulle anonyme (Fig. 4)

  • Carte structurale montrant le pluton des Montagnes-Noires comme une entité circulaire anonyme.


Corriveau, 1991 (Fig. 2) : «Montagnes Noires pluton»

  • Gabbro, au sud, et syénite et syénite quartzifère, au nord ; le pluton appartient à la suite de Kensington-Skootamatta (1075-1090 millions d'années (Ma) ;
  • Âge du pluton : 1077 Ma ;
  • Le pluton est baptisé («Montagnes Noires pluton») ;
  • Le pluton s'étend vers l'ouest pour englober les «roches granitiques rouges» (syénites de Corriveau) qui y étaient exclues par Faessler (1948).


Corriveau, 2013 (Fig. 5) : «pluton de Montagne Noire»

  • Monzonite et diorite (p. 73) ; cœur de diorite quartzifère excentré vers le sud (en creux) et bordure de syénite quartzifère sur les marges W, N et E (en relief) (p. 138) ;
  • Le pluton appartient à la suite de Kensington-Skootamatta (1075-1090 Ma) ;
  • Âge du pluton : 1077 Ma ;
  • Désigné sous le nom de «pluton de Montagne Noire».



Fig. 3. Détail de la carte de Faessler (1948). Le pluton des «montagnes Noires» (gabbros et norites), de forme ovale, est au centre de l'image (unité 4, Faessler, p. 17). Notez le Lac-en-Cœur dans l'angle sud-ouest de la carte. Cliquez sur l'image pour la voir à sa pleine grandeur. (Les altitudes sont en pieds.) Des roches granitiques rouges (p. 7), qui appartiennent au massif et s'étendent au delà du massif (unité 5), sont hors des limites du pluton.

Légende simplifiée ; nomenclature des «séries» en partie obsolète
  • Quaternaire
Jaune. - Dépôts de surface (mer de Champlain)
  • Précambrien
Violet. - Dyke de diabase
Série de Morin : 5 Ocre. - Pine Hill : granite et syénite ; 4 Ocre pâle. - Buckingham : gabbro, norite, mangérite et diorite quartzifère
Série de Grenville : 1 Bleu. - Marbre, paragneiss, quartzite.

Fig. 4. Carte structurale de la région entre la Gatineau et la Petite-Nation (modifié de Dimroth, 1966). Le pluton des Montagnes-Noires (j'ai ajouté le «MN»), anonyme sur la carte, apparaît pour la première fois dans sa forme circulaire.



Fig. 5. Extrait de Corriveau (2013, fig. 50)
M : Montagne Noire ; 47 : autre pluton non relié.
B) Données altimétriques (régions élevées en clair) : le pluton de Montagne Noire (M) est formé d'un croissant de syénite (en blanc, élevé) et d'une masse de diorite (gris, zones plus basses) ;
D) Signatures aéromagnétique et radar superposées.
Le pluton de Corriveau s'étend plus vers l'ouest que celui de Faessler (Fig. 3), presque jusqu'à toucher le Lac-en-Cœur (angle sud-ouest des images) et semble donc contenir l'unité 5 (granite et syénite ; migmatite) en plus de l'unité 4 (gabbro, etc.).


Références

  • Corriveau L., 1991, Lithotectonic studies in the Central Metasedimentary Belt of the southwestern Grenville Province: Plutonic assemblages as indicators of tectonic setting. Commission géologique du Canada, recherches en cours, étude 91‑1C : 89‑98.
  • Corriveau, Louise., 2013. Architecture de la ceinture métasédimentaire centrale au Québec, Province de Grenville : un exemple de l'analyse de terrains de métamorphisme élévé; Commision géologique du Canada, Bulletin 586, 251 p. doi: 10.4095/226449
  • Dimroth E., 1966. «Deformation in the Grenville Province between Gatineau and the Petite-Nation river.» Neues Jahrbuch für Mineralogie-Abhandlubgen, 105 : 93‑109.
  • Faessler, Carl. Rapport géologique 33. Région du lac Simon. Comté de Papineau. Québec, Ministère des Mines, Service de la carte géologique, 1948. 33 p., avec carte 638 (1/63 360).
  • Pelletier, Rene A., Geology of the Thurso area, Quebec and Ontario, "Thesis, submitted in part requirement for the degree of Doctor of Philosophie, at McGill University, Montreal, 1927,  http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=140685&local_base=GEN01-MCG02

samedi 21 janvier 2017

Marbre de Thurso et de Ripon



Photo 1. Légende originale (Pelletier, 1927) : Closely folded Grenville limestone [marbre], in railway cutting north of Ripon, Quebec.  
Parties sombres : le marbre ; parties claires : inclusions plissées plus résistantes à l'érosion ressortant en relief. Au nord de Ripon, le chemin de fer passait à l'ouest de la route 317 moderne et longeait le lac Vert (lac Viceroy actuel).


Billet pour le plaisir (le mien).

Je cherchais depuis longtemps la thèse de Pelletier (1927) sur la géologie de Thurso. McGill l'ayant rendue disponible par Internet, j'ai pu enfin mettre une main avide, quoique virtuelle, dessus.

Je ne l'ai encore que parcouru. C'est un travail ancien, en partie obsolète dans sa nomenclature («Série de Buckingham», etc.), mais ses cartes sont détaillées, ses descriptions d'affleurements toujours valables ; pour l'amateur qui, comme moi, pratique la géologie au raz des pâquerettes, tout ça demeure à la fois instructif et très évocateur.

Le marbre des photos appartient à la province de Grenville et est âgé de plus d'un milliard d'années. Voir Corriveau (2013) pour plus de détails.



Photo 2. Marbre gris, de la même formation que celui de la photo 1 (jonction 317 et autoroute 50, entre Thurso et Ripon, juillet 2009). Les plis et le démembrement des inclusions sombres révèlent les mouvements de fluage qui ont affecté le marbre. Celui-ci, récemment percé pour une bretelle de l'autoroute, montre une surface encore fraîche et claire.


Photo 3. À quelques m de la tranchée de la photo 2 (juillet 2009). Marbre météorisé (en sombre), en retrait par rapport à ses inclusions résistantes.


Références

  • Corriveau, Louise., 2013. Architecture de la ceinture métasédimentaire centrale au Québec, Province de Grenville : un exemple de l'analyse de terrains de métamorphisme élévé; Commision géologique du Canada, Bulletin 586, 251 p. doi: 10.4095/226449 
  • Pelletier, Rene A., Geology of the Thurso area, Quebec and Ontario, "Thesis, submitted in part requirement for the degree of Doctor of Philosophie, at McGill University, Montreal, 1927.  http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=140685&local_base=GEN01-MCG02

jeudi 22 décembre 2016

Singularités des Montagnes-Noires de Ripon


Babillard


Conférence

Singularités des Montagnes-Noires de Ripon

par Daniel Picard


Deux endroits, deux dates :

1) Marché de Ripon, mercredi 11 janvier 2017, 19 h 00
Entrée : gratuite
Stationnement : gratuit


2) Cabane en bois rond, Gatineau, vendredi 3 février 2017, 
9 h 30 - 10 h 30 a.m.
«Conférences du vendredi de la Corpo»
Corporation des ainés de la cabane en bois rond
331, boul. Cité-des-jeunes, Gatineau (Québec) J8Y 6T3
Entrée : gratuite pour les membres de la Corpo, de l’ARO et de l’ANRF ; 5 $ pour les non-membres
Stationnement : gratuit
Téléphone : 819 776-6015
corpocabane@gmail.com
http://corpocabane.net


Sommaire

  • Quel est ce phénomène géologique peu connu qui s’est produit il y a des millions d’années et qui a donné ce qui s’appelle aujourd’hui les Montagnes-Noires de Ripon ?
  • Que nous dit la science pour expliquer ce phénomène? En quoi ce lieu est-il singulier?
  • Quelles sont les conséquences aujourd’hui de ce phénomène très ancien?
«Singularités des Montagnes-Noires». La première partie présente la description géologique des Montagnes-Noires : date de formation, caractéristique de la roche, des sommets, dynamique de formation, dimension, etc. La seconde partie présente des notions de géologie pour expliquer et faire comprendre ce qui s’est passé il y a plus de 500 millions d’années en plus de mettre en lumière certaines questions scientifiques pour lesquelles nous devons faire encore des recherches. La dernière partie encourage les participants à percevoir le massif des Montagnes-Noires comme un géosite d’exception à protéger et à mettre en valeur.
La présentation sera suivie d’échanges avec l’auditoire pour enrichir les connaissances transmises et assurer que l’information a bien été livrée.
Durée : environ 45 minutes.

* * *

Fin du communiqué. J'ajoute ici mon petit grain de sel. 
Note. - Cette partie est reprise et amplifiée dans le billet du 25 janvier 2017.
 


Cliquer sur la carte pour une vue plus détaillée. (Les altitudes sont en pieds.) 
Selon le texte du rapport qui accompagne cette carte, le pluton des Montagnes-Noires est constitué de gabbro et de norite (unité 4, Faessler, 1948, p. 17). Des roches granitiques rouges (p. 7), qui appartiennent au massif (unité 5), sont hors des limites du pluton.
Légende (simplifiée ; nomenclature des «séries» en partie obsolète)
  • Quaternaire
Jaune. - Dépôts de surface (mer de Champlain)
  • Précambrien
Violet. - Dyke de diabase
Série de Morin : 5 Ocre. - Pine Hill : granite et syénite ; 4 Ocre pâle. - Buckingham : gabbro, norite, mangérite et diorite quartzifère
Série de Grenville : 1 Bleu. - Marbre, paragneiss, quartzite.


Les Montagnes-Noires font partie de plutons (masses de magma) mis en place dans le Bouclier canadien depuis Mont-Laurier (QC) jusqu'en Ontario il y a 1090 à 1075 millions d'années. Le pluton des Montagnes-Noires («Mts. Noires», au centre de la carte) est composé de gabbro monzonite et de diorite (voir les «Ajouts», plus bas). Ripon se situe dans la partie droite de la carte, dans le Quaternaire (jaune).

Voyez le site Internet du parc des Montagnes-Noires de Ripon

AJOUTS (23 déc. 2016 et 23 janv. 2017) : monzonite et diorite

Selon des données plus récentes, le pluton de monzonite et de diorite de Montagne Noire (sic) est daté de 1077 millions d'années. (Voir Corriveau, 2013.) À noter : le pluton des Montagnes-Noires selon Corriveau s'étend d'avantage vers l'ouest que celui de Faessler (1948), ce qui lui donne un contour circulaire. Il comprend donc des roches que Faessler excluaient du pluton (unité 5 ; Pine Hill : granite et syénite, sur la carte de Faessler).

La monzonite et la diorite sont, grosso modo, des roches plus sombres et plus lourdes que le granite, mais moins que le gabbro.


AJOUT (30 déc. 2016) : références

  • Corriveau, Louise., 2013. Architecture de la ceinture métasédimentaire centrale au Québec, Province de Grenville : un exemple de l'analyse de terrains de métamorphisme élévé; Commision géologique du Canada, Bulletin 586, 251 p. doi: 10.4095/226449
  • Faessler, Carl. Rapport géologique 33. Région du lac Simon. Comté de Papineau. Québec, Ministère des Mines, Service de la carte géologique, 1948. 33 p., avec carte 638 (1/63 360).

AJOUT (23 janv. 2017)

D'ajout en ajout, de retouche en correction, ce texte a perdu un peu de sa cohérence. Une suite viendra mettre de l'ordre dans tout ça.