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vendredi 30 juillet 2021
mercredi 28 juillet 2021
Calcaire faillé dans l'Île-de-Hull (suite)
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mercredi 30 décembre 2020
L'île Hull à Ottawa ?
L'île Hull, à Hull (Gatineau), le 7 juillet 2014, en face de l'Île-de-Hull (ne pas confondre !). Le saule n'a pas résisté à la crue historique de 2017 (voir billet du 11 sept. 2019, « Désolation sur l'île Hull ».)
La photo a été prise depuis le belvédère derrière la Cour suprême, à Ottawa.
Les mouettes manquent à l'appel (lire l'article pour saisir l'allusion.)
L'habitude d'agir avec désinvolture lorsqu'il s'agit de créer ou de manipuler les cartes semble décidément bien implantée.
Dans un billet publié le 31 mai 2020 (« Frontière Gatineau-Ottawa déplacée ? »), je dénonçais cette manie qu'avaient prise les éditeurs et diffuseurs de cartes (Google et autres) de faire flotter la frontière Québec-Ontario dans la rivière des Outaouais sans égards aux conventions reconnues et acceptées. Il leur arrive de la faire dériver au point que des îles changent de province - toujours à l'avantage de l'Ontario. Leur sens de l'initiative (ou leur sans-gêne) va jusqu'à débaptiser d'autorité des îles qui ont pourtant des toponymes reconnus (voir billet du 6 juin 2020, « Comment Isaac est devenu Kate sans cesser d'être île »).
Pour tout cette discussion, prière de vous référez aux cartes reproduites plus bas.
On peut ajouter à ces annexions sournoises et à ces changements de noms intempestifs le cas de l'île Hull, île québécoise entre l'Île-de-Hull (ne pas confondre !), à Gatineau, et le promontoire de la Cour suprême, à Ottawa. Anciennement nommée Lone Pine Island (voir billet du 19 avril 2014), elle est depuis longtemps identifié sous le toponyme île Hull sur les cartes topographiques officielles. (Notez que si ce toponyme n'est pas reconnu par la Commission de toponymie du Québec ni inclus dans la base de données toponymiques du Canada, le fait qu'il apparaisse sur les cartes éditées par le gouvernement du Canada lui donne une légitimité certaine.)
Des éditeurs de cartes modernes l'ont renommée Île aux Mouettes - ce qui est descriptif, sans conteste, et tout à fait juste, du moins une partie de l'année, mais néanmoins abusif puisqu'elle a déjà un nom - ; dans certains cas, la frontière est déplacée vers le nord ce qui annexe l'île Hull à l'Ontario.
Un morceau de Hull dans Ottawa ?... Et combien d'îles dans l'Outaouais pourraient se décrire comme « île aux Mouettes » ?... Presque toutes.
Une certaine légèreté semble décidément présider à l'édition des cartes privées (Google et autres, pour ne pas les nommer), souvent reprises par les autorités publiques. Je pourrais multiplier les démonstrations pour illustrer mon propos. Je me suis limité ici qu'à un nombre restreint d'exemples.
Lors de la parution de mon billet du 31 mai 2020 (lien plus haut), Luc Villemaire m'a transmis un document rédigé sous la direction de l’arpenteur géomètre Marie Boutin, Intégrité du territoire Québécois. (J'en ai fait mention par un ajout dans le billet.) Selon ce document, la question de la frontière Québec-Ontario entre Hull et Ottawa est bien réglée :
« Le segment [de la frontière Québec-Ontario] de l'Outaouais est une frontière bien délimitée que les provinces n'ont pas mis en doute. En effet, les textes sont clairs, valides et précis (aussi bien les textes de lois que les levés d'arpentages); la limite est '' le milieu du chenal principal de la rivière des Outaouais ''. Il reste cependant que cette limite interprovinciale devrait être démarquée de façon définitive. »
Il reste aussi aux éditeurs de cartes à se mettre au courant de cette « frontière bien délimitée que les provinces n'ont pas mis en doute »...
Je renonce à contacter Google, l'ayant déjà fait sans obtenir la moindre réponse (voir le billet du 4 mai 2013, intitulé « Courbe immotivée »).
Carte bathymétrique de l'Outaouais (détail) : carte « officielle » s'il en est. L'île Hull, au centre, est bel et bien du côté québécois de la frontière (ligne tiretée noire).
Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario. Carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02.
Détail de l'Ottawa Topographic Map (OTM) de l'Université Carleton d'Ottawa, saisie d'écran, juin 2020. Aucun reproche à formuler à l'encontre de ce travail. La frontière Québec-Ontario est correctement reportée. IH (blanc) : île Hull, en partie noyée sous les eaux en crue de la rivière ; elle est bien au Québec.
Détail de la même Ottawa Topographic Map (OTM) de l'Université Carleton d'Ottawa, sans la couche de la photo satellite, saisie d'écran, juin 2020. L'île Hull est débaptisée « Île aux Mouettes » (à droite) et le tracé abusivement rectiligne de la frontière la place en Ontario. Ironiquement, l'île est nommée mais non représentée...
Comme si ce n'était pas assez, tout le secteur des Chaudières passe en Ontario : comparez avec le détail précédant et avec la carte de Google plus bas. (Voir billet du 31 mai 2020, « Frontière Gatineau-Ottawa déplacée ? ».)
La légende de la carte contient ce passage : « CAD and GIS files are available for direct download. Files were originally downloaded in April 2016 from the City of Ottawa Open Data Website. »
Carte provenant de l'application Topo Maps Canada de David Crawshay (détail, saisie d'écran juin 2020.) Frontière Québc-Ontario incorrecte au milieu de la rivière des Outaouais.
Elle utilise le même fond que la carte de l'OTM, plus haut. Les erreurs se perpétuent et se répandent ainsi...
Carte : 1913. - Version en couleur d'une carte de 1902. Lone Pine Id (détail encadré à droite) : actuelle ile Hull. Qu'importe son nom, l'île est située du côté québécois de la frontière, à Hull.
Carte photographiée à main levée, distorsions possibles. Twentheth Century Map City of Ottawa and Vicinity. 600 f./inch. A.S. Woodburn, Ottawa, 1913 (détail).
Carte topographique du gouvernement du Canada : 1923-1925. - J'ai identifié l'île Hull par IH en rouge ; toujours en rouge, j'ai souligné des segments de la frontière Québec-Ontario : l'ìle Hull est bien au Québec.
Carte topographique : 1971. - Hull I(sland), du côté québécois de la frontière.
Carte topographique : 1976. - Île Hull (francisée), du côté québécois de la frontière. Même secteur que la carte de 1971.
Atlas de la Ville de Gatineau, saisie d'écran, juin 2020. La frontière Québec-Ontario passe au sud de l'île Hull (à droite, anonyme sur la carte).
Carte Google (2013). - J'ai corrigé la frontière en rouge (au centre). (Voir le billet du 4 mai 2013, intitulé « Courbe immotivée »). L'île Hull, à droite (sans nom), est au Québec. Google est exact sur ce point...
L'île Hull a longtemps porté le nom de Lone Pine Island. Et pourquoi pas Two Pines Island ? Elle est au milieu de la rivière, à droite. Ottawa (Byrown) avant le Parlement : Edmund Willoughby Sewell (1800-1890), (titre original :) View of Barrack Hill and the Ottawa River at Bytown (Ottawa), ca. 1843-1859, huile sur toile. Bibliothèque et Archives Canada, C-011047, no MIKAN 2837003
Vue de l'Outaouais depuis la Colline du Parlement (vers 1922). - L'île Hull, à droite, plus verte qu'aujourd'hui, mais quand même privée de son (ses) pin(s) solitaire(s). Le pont de la Chaudière, à la droite du centre de la photo.
Anonyme, vers 1922, plaque sèche à la gélatine, MP-0000.25.176, © Musée McCord.
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dimanche 31 mai 2020
Frontière Gatineau-Ottawa déplacée ? (AJOUTS)
Ce billet a une suite : billet du 30 déc. 2020, « L'île Hull à Ottawa ? »
Le contenu de ce billet a été relayé en partie par A.B.C. Stratégies (Médiation culturelle : « Columbo 1806 », etc.) sur Facebook. A.B.C. Stratégies est aussi sur Twitter : @Columbo1806. Je ne suis pas sur Facebook, par contre, je suis sur Twitter sous @HLessard7.
AJOUT no 1 (31 mai 2020). - Luc Villemaire m'a transmis le document rédigé sous la direction de l’arpenteur géomètre Marie Boutin, Intégrité du territoire Québécois. Selon ce document, la question de la frontière Québec-Ontario entre Hull et Ottawa semble bien réglée :
« Le segment [de la frontière Québec-Ontario] de l'Outaouais est une frontière bien délimitée que les provinces n'ont pas mis en doute. En effet, les textes sont clairs, valides et précis (aussi bien les textes de lois que les levés d'arpentages); la limite est '' le milieu du chenal principal de la rivière des Outaouais ''. Il reste cependant que cette limite interprovinciale devrait être démarquée de façon définitive. »
J'ajouterai la remarque suivante. - Il demeure que la frontière Gatineau (Hull)-Ottawa se promène souvent d'une carte à l'autre et qu'elle partage la Grande Chaudière en proportions variables entre les deux provinces. On observe aussi une tendance récente à remonter la frontière au nord pour placer toute la Grande Chaudière en Ontario (cf. les deux cartes, AJOUT no 3, à la fin du billet).
Ceci risque d'implanter de fausses perceptions dans le public même si, du point de vue des institutions, il n'y a pas de problème ou de contestation. C'est d'autant plus périlleux que le secteur est en développement (Zibi). Les nouveaux arrivants auront l'impression de s'établir à Ottawa... Peut-être, en effet, faudrait-il que la frontière soit « démarquée de façon définitive ».
(Fin de l'ajout, début du contenu régulier.)
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CARTE 1. - Atlas de la Ville de Gatineau (Québec), saisie d'écran retouchée (en rouge), 30 mai 2020. La frontière Québec-Ontario est en gris sombre ; elle passe à l'extrémité sud du barrage en hémicycle des Chaudières (en rouge) dans la rivière des Outaouais. Son tracé entre les provinces est demeuré inchangé sur les cartes depuis les débuts du XXe siècle (voir cartes 3 et 4B). |
CARTE 2. - Atlas de la Ville d'Ottawa (Ontario), saisie d'écran retouchée (en rouge), 30 mai 2020.
La frontière Québec-Ontario (ligne pâle ; ne pas tenir compte des hachures bleues) a été remontée vers le nord, ce qui place presque tout le barrage (arc de cercle tireté rouge) ainsi que le chenal en aval de ce dernier en Ontario.
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Projet de lettre de demande de renseignements que je compte adresser aux maires des villes de Gatineau et d'Ottawa ainsi qu'à mes deux députés (j'habite Gatineau).
Depuis un certain temps, je remarque que les cartes, tant les cartes officielles que celles de provenances et d'utilités diverses, placent la chute de la Grande Chaudière et le barrage en hémicycle la surmontant à Ottawa, en Ontario, alors que les deux sont situés du côté québécois de la frontière, à Gatineau (Hull).
Hydro-Québec a vendu la centrale Hull-2, au nord du barrage, à Hydro-Ottawa en 2016. Mais cette transaction n'a été accompagnée d'aucune cession de terrain du Québec à l'Ontario, me semble-t-il (voir les documents dont les liens sont à l'Annexe 1).
L'Atlas de la Ville de Gatineau reproduit fidèlement le tracé de la frontière tel qu'il figure sur les cartes depuis le début du XXe siècle (voir cartes 1, 3 et 4B pour ce tracé). La Ville a conservé l'intégralité de son territoire, et la Province aussi.
Par contre, dans l'Atlas en ligne de la Ville d'Ottawa, la frontière Québec-Ontario a été remontée vers le nord de façon à ce que la majeure partie de la Grande Chaudière et du barrage tombent à l'intérieur des limites de la Ville d'Ottawa (carte 2).
Je pourrais multiplier les exemples. Je préfère ne pas allonger le billet et limiter le nombre d'images. Voyez les cartes 4A et 4B, plus bas (Annexe 2). En fait, la plupart des éditeurs de cartes (à la notable exception de Google Map) ont adopté un tracé semblable à celui de la Ville d'Ottawa ou, pire (ou mieux ?), reportent la frontière encore plus au nord (carte 4A). C'est à se demander si nous ne sommes pas devant un cas d'annexion rampante...
Notez que le barrage en hémicycle et la centrale Hull-2 sont toujours situés au Québec dans les répertoires de références :
- Centrale Hull-2 : Musée canadien de l'Histoire.
- Répertoire du patrimoine culturel du Québec : Aménagement hydroélectrique de Hull-2.
Entre toutes ces cartes, laquelle croire ? Peut-être pourrez-vous répondre à mes questions ? (L'AJOUT no 1 répond en partie à ces questions.)
- Y a-t-il eu une modification de la frontière entre l'Ontario et le Québec (et entre Ottawa et Gatineau) suite à la vente par Hydro-Québec de la centrale Hull-2 à Hydro-Ottawa ?
- Si oui, y a-t-il eu une entente officielle à cet effet ? Une annonce publique ?
- Les provinces (et à plus forte raison, les villes) ont-elles le pouvoir de modifier leurs frontières ?
- Finalement, le tracé de la frontière Québec-Ontario à cet endroit est-il bien établi ou ne possède-t-il qu'un caractère informel ?
Merci,
Henri Lessard
Gatineau
AJOUT no 2 (31 mai 2020)
En fait, la consultation d'autres cartes montrent que la frontière Québec-Ontario aux Chaudières peut varier d'un document à l'autre. J'ai surtout travaillé avec les cartes topographiques du Canada, les considérant comme plus fiables. Il semble donc que la frontière ne soit pas fixée aux Chaudières, ce qui autorise à la placer plus ou moins au nord ou au sud, selon sa fantaisie. Peut-être faudrait-il préciser son tracé une fois pour toute ?
Annexe 1 : quelques liens
- Communiqué d'Hydro-Québec, 20 juin 2016.
- Paul Gaboury, « Hydro Ottawa achète la centrale Hull 2, » Le Droit, 20 juin 2016.
- Charles-Antoine Gagnon, « Deux centrales centenaires rebranchées au réseau d’Hydro Ottawa, » Le Droit, 24 janvier 2020.
- Énergie Ottawa : chute des Chaudières.
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CARTE 3. - Détail retouché (en rouge) d'une carte du Rapport Holt (1915).
Rivière des Outaouais, entre Hull (aujourd'hui Gatineau), au nord, et Ottawa, au sud. Source : Edward H. Bennett (consult.), Report of the Federal Plan Comission a General Plan for the Cities of Ottawa and the Hull, 1915. Cette image est tirée du billet du 4 mai 2013 intitulé « Courbe immotivée ».
La frontière Québec-Ontario (partiellement surlignée en rouge) s'incurve pour passer au sud de l'île Russell (j'ai ajouté le R et les hachures rouges) et couper le barrage en hémicycle (surligné en rouge vif) à son extrémité sud, le plaçant ainsi, lui et le chenal en aval, presque tout entier au Québec.
(L'île Russell n'existe plus, ce qui fait paraître aujourd'hui la courbe de la frontière comme le résultat d'un inexplicable caprice du cartographe.)
Cette carte a l'avantage d'être lisible et assez ancienne pour établir que le tracé de la frontière entre Gatineau (Hull) et Ottawa tel qu'encore représenté dans l'Atlas de la Ville de Gatineau remonte à une époque suffisamment reculée pour être un fait bien établi.
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Annexe 2 : deux exemples récents en un
Je pourrais afficher plusieurs cartes pour appuyer mes dires, mais ce serait trop allonger la démonstration. Je me contenterai d'afficher deux autres exemples. Ils proviennent de l'Ottawa Topographic Map de l'Université Carleton d'Ottawa (cartes 4A et 4B).Ces cartes (en fait deux affichages différents de la même carte interactive) montrent pour le moins un certain flottement dans l'usage. Sur la carte 4A, la frontière Québec-Ontario passe au nord de la Grande Chaudière et du barrage en hémicycle pour les annexer en totalité au territoire ontarien. Sur la carte 4B, version de la même carte sur un fond de photo satellite (couche de la carte qui n'a pas été mise à jour ?), la frontière passe au milieu
La frontière entre le Québec et l'Ontario au milieu de la rivière des Outaouais, fixe depuis le début du XXe siècle, semble devenue bien flottante...
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CARTE 4A. - Ottawa Topographic Map, Université Carleton (Ottawa), version plan urbain, saisie d'écran non retouchée, 30 mai 2020. (Ne pas tenir compte des délimitations en rouge.)
La frontière Québec-Ontario (tirets très pâles) dans la rivière de l'Outaouais place la totalité de la Grande Chaudière et du barrage en hémicycle en Ontario. Cette carte est encore plus gloutonne que la carte 2 !
La légende de la carte contient ce passage : « CAD and GIS files are available for direct download. Files were originally downloaded in April 2016 from the City of Ottawa Open Data Website. » Le changement prédate donc la vente de la centrale Hull-2 à Hydro-Ottawa, en juin 2016... (Voir le communiqué d'Hydro-Québec en annexe 1.)
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AJOUT no 3 (31 mai 2020)
Contre ma volonté exprimée plus haut, j'allonge cet article de deux autres exemples récents. Il s'agit de cartes provenant de l'application Topo Maps Canada de David Crawshay.
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lundi 2 avril 2018
Que reste-t-il du Vieux-Hull ?
Alors qu'une nouvelle menace plane sur le Vieux-Hull – érection possible d'un couple de tours géantes – deux livres arrivent à point pour nous rafraîchir la mémoire ou tout simplement nous faire prendre conscience du voile d'ignorance que nous jetons sur notre propre patrimoine. (Si le mot ignorance vous semble exagéré, je l’assume pour ma part.)
(Voir mon billet du 16 mars 2018).
« ... entre 1969 et 1974, le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau adoptait un décret pour construire dans le Vieux-Hull le complexe de la Place-du-Portage pour y construire des édifices afin d'y loger des milliers de fonctionnaires fédéraux. Au coeur de cette guerre pour l'unité nationale, 1500 maisons et commerces sont démolis et 5000 résidents du centre-ville de Hull sont expropriés. » (Hugues Théorêt, « Dehors tout le monde ! », Hier encore, no 3, 2011, p. 10-16.)
Des commerces prospères ont disparu, des familles n'ont pas trouvé à se reloger. À cela s'est ajouté des incendies fort opportuns qui ont détruit des édifices patrimoniaux : l'église Notre-Dame-de-Grâce (12 sept. 1971), l'Hôtel-de-Ville (28-29 octobre 1970)...
Que reste-t-il du Vieux-Hull ?
Le Quartier du Musée : histoire et architecture
Michelle Guitard
Les Presses de l'Université d'Ottawa
ISBN 978-276032-674-3
320 pages, 39,95 $ (papier)
Il subsiste dans le Vieux-Hull une enclave à peu près épargnée par les expropriations, démolitions, percées d'autoroutes et incendies – même le Grand Feu de 1900 (site de l'historien Raymond Ouimet) n’a pas osé y toucher. Il s’agit du Quartier du Musée – d’après le Musée canadien de l’histoire, inauguré en 1989. (Qu’il me soit permis de trouver ironique de nommer un quartier historique d’après une construction récente élevée à ses dépens.)
« Première paroisse catholique française de Hull, avec ses bâtiments institutionnels, résidentiels et commerciaux, le Quartier du Musée regroupe un ensemble de références socioéconomiques et historiques, plus particulièrement pour la société catholique et canadienne-française de la région. Un des rares témoins de la Ville de Hull d’avant 1900, son patrimoine bâti ancien reflète l’adaptation des divers courants architecturaux de la région de la capitale nationale du Canada : 53 des bâtiments de ce quartier datent d’avant 1910, alors que 44 d’entre eux précèdent l’incendie de 1900. » (Extrait de la quatrième de couverture.)
L'ouvrage de Michelle Guitard tient à la fois du guide et de l'encyclopédie. On voit passer les générations par l’énumération des legs, des ventes et les changements de vocation des bâtiments.
Mme Guitard fait un sort à l'expression « maison allumette ». Il faudrait parler de maison de style hullois, variété du style néo-gothique victorien de la fin du XIXe s. « La maison hulloise, avec sa structure de bois autoportante et son pignon sur rue, s'épanouit dans l'Outaouais. (p. 15)». Ce style s'est développée aux États-Unis et se à Ottawa, dans les cantons de l'Est et au Nouveau-Brunswick.
L'expression fait image, elle est passée dans l’usage. Il est vrai qu'elle donne mauvaise presse à un style illustré par des maisons de qualité.
Je revois les maisons de mon quartier d'un autre oeil depuis que j'ai ce livre.
La ville allumette : une enquête de Judith Allison
Maureen Martineau
vlb éditeur
ISBN 978-2-89649-732-4
392 pages, 29,95 $ (papier)
Son roman policier La ville allumette (quand je disais que l’expression fait image et est passée dans l’usage…) met en vedette la sergente-détective Judith Allison, venue en Outaouais suivre un stage de formation en contre-terrorisme de la Gendarmerie royale. Un stage pratique, et pas seulement théorique !
Les liens entre les personnages tissent un réseau complexe et imprévu. Maureen Martineau n’y va pas à l’économie, les intrigues se déploient sur plusieurs niveaux (parler ici de l’intrigue au singulier serait injuste). De vraies allumettes de la E.B. Eddy y tiennent un rôle (cf. le site les Trésors du Patrimoines).
« Alors même qu'il est un fugitif traqué, l'activiste Jacob Lebleu prépare des attentats contre Jean-Marc Courville, un promoteur immobilier sans scrupule aux projets mégalomanes. Ce dernier a notamment dans sa mire l'île de Hull et la dernière « maison allumette » de la rue Falardeau, épargnée par les grues de son père en 1969. Cette année-là, près de 6000 résidents aux moyens modestes avaient été expropriés. Lebleu, originaire de la région, ne l'a pas oublié. » (Extrait de la quatrième de couverture.)
Inuits, Algonquins, Hullois, promoteurs et parias, policiers et éco-terroristes, les Allumettières de jadis (site les Trésors du Patrimoines) (par l'entremise d'une surprenante relique) se croisent et s’entrecroisent. Le roman y trouve une épaisseur historique et humaine indéniable.
L’une des qualités principales de ce roman est d’ailleurs de nous présenter des personnages complexes, personne n’en sort tout à fait blanc.
J’ai l’habitude de lire des romans dont l’action se passe ailleurs : Montréal, Prague, Bombay ou même la planète Mars. Pour la première fois, j’ai entre les mains un roman qui décrit des endroits qui me sont familiers, qui sont sous mes yeux chaque jour ou presque. Même le tunnel de l’ancienne gare Union d’Ottawa, fermée en 1966, fait resurgir de vieux souvenirs d’enfant…
Je ne vous raconte pas la fin, je ne voudrais pas ouvrir les vannes à l’indiscrétion.
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Hull,
Ottawa
Pays/territoire :
Hull, Gatineau, QC, Canada
vendredi 5 février 2016
Qui a façonné l'Île-de-Hull ? (Ajouts)
FIG. 1. – Île-de-Hull
Annotations et graphisme © Henri Lessard, Carte : Atlas du Canada
CE : chute du château d'eau (Brasseurs du Temps) ; Cg et Cp : chutes de la Grande et de la Petite Chaudière (Lessard, billet du 1er janv. 2013) ; FA : «faille des Allumettières» (Lessard, 29 nov. 2009) ; FM : «faille Montcalm» (Lessard, 1er janv. 2013, d'après Wilson, 1938) ; TdD : Trou-du-Diable ; 3c : ancien réseau hydrographique (Lessard, 10 août 2013) ; 5a (lignes bleue fines) : sillons (réseau hydrographique sous-glaciaire ?, Lessard, 10 août 2013) ; 5b : ancien lac aux Vairons (Minnow Lake) ; 5c : ancien lac Flora ; 6a : rapides ; 8a : «marmite des Allumettières» (Lessard, 7 nov. 2009) ; ligne bleue tiretée + Q : Quaternaire (lettre selon l'épaisseur des dépôts : 3 m, 9 m et 15 m) ; ligne rouge brisée : contrôle tectonique du ruisseau de la Brasserie et des chutes de la Chaudière (Cg et Cp) (Lessard, 1er janv. 2013 et 1er mars 2014) ; la petite ligne rouge donne la position originelle de la Cg ; ligne noire pointillée : NE de l'élargissement de la rivière avant le goulot des Chaudières ; ligne jaune transparente : alignement de la FA, du ruisseau de la Brasserie et de la Cg ; transparents ocres : sous les 50 m : baie sèche et hypothétique ancien réseau hydrographique (voir 3c) ; transparents rouges : collines (60 m et plus). Les plans d'eau au NW sont artificiels (ex-carrière Canada Cement).
Ceci est la énième version d'une carte modifiée à maintes reprises dans ce blogue. Tous les items ne figurent pas dans chaque version, d'où des lacunes dans la numérotation.
Les LIENS dans le texte conduisent vers d'autres billets du blogue. Les billets à consulter en priorité sont ceux du 10 août 2013, «Île-de-Hull (Gatineau) : guide géologique», et du 1er mars 2014, «Ruisseau de la Brasserie : contrôle tectonique».
Une bonne proportion du contenu de ce billet est constituée d'hypothèses personnelles. Je m'appuie cependant sur des travaux reconnus, mes propres observations et une sorte de «bon sens géologique» pour les avancer.
Plusieurs carrières ont été exploitées dans l'Île, surtout dans la première moitié du XXe s. L’école Normale Saint-Joseph de Hull, par exemple, a été construite en 1908 avec la pierre extraite d’une carrière située entre la rue de Carillon et le ruisseau de la Brasserie (LIEN).
Toute l'Île a été touchée par l'urbanisation, mais pas au point d'oblitérer l'essentiel de ces traits d'origine. Les autoroutes, au nord, ont cependant recouvert l'ancien paysage sous leurs remblais et le ruisseau de la Brasserie a partout été altéré par l'activité humaine (encaissement ou remplissage des rives, accumulation de blocs de calcaire et de béton, égouts passant sous le lit, etc.).
On verra à la section 6 que le SW de l'Île agit comme un seuil (53 m - 48,5 m) d'où les eaux de l'Outaouais tombent par deux chutes en empruntant des trajets à angle droit l'un de l'autre : celui de la rivière elle-même, vers le NE, par la chute de la Grande Chaudière, et celui du ruisseau, vers le NW, jusqu'à la chute du château d'eau (CE). En aval des chutes, les rives de l'Île, on le verra aussi, se tiennent à une altitude uniforme de ± 43 m.
* Que je baptise ainsi par commodité.
L'altitude de la colline Wright reste comparable, même si inférieure, à celle de l'escarpement sur l'autre rive de la rivière, à Ottawa (la Colline du Parlement atteint plus de 80 m). Les collines de l'Île-de-Hull sont les reliquats émoussés d'un plateau érodé dont le front, à une époque du Tertiaire, devait s'avancer plus loin au nord et se joindre à l'autre plateau qui, à l'ouest et au nord de l'Île, monte régulièrement en direction du NW, vers le Bouclier canadien. À moins de 1,5 km au NW de l'Île, à l'intérieur encore du compartiment faillé auquel elle appartient, l'altitude atteint les 90 m.
Une coupe N-S de l'Île de Hull montre une vallée ou un bassin immédiatement au nord de la colline Wright. Ce creux, sous l'escarpement E-W, amplifie encore cet accident topographique (fig. 3). L'épais tapis de sédiments du Quaternaire (9 m) au nord de la colline masque et adoucie la topographie locale. Avec ou sans ces dépôts, le relief de l'Île conserve sa pente vers le nord.
* J'ai supprimé (8 févr. 2016) ces hypothétiques ruisselets de la carte de la fig. 1 que je trouvais trop chargée. Avec le vide laissé par leur absence, l'ampleur de la baie laissée sans emploi n'en devient que plus apparent. Suivre le lien vers le billet du 7 nov. 2015 pour plus de détails.
En aval de la chute de la Grande Chaudière et des rapides du ruisseau, les rives de l'Île se tiennent sous l'altitude des ± 43 m (avec variations saisonnières de plus ou moins 2 m). L'Outaouais, en amont de la Grande Chaudière, est à 53 m ; à leur entrée dans le ruisseau, ses eaux passent par un barrage-vanne sous lequel le niveau est de 51 m. En aval du barrage de la centrale hydroélectrique du château d'eau (CE)*, le niveau tombe à 46 m, puis à 43 m en aval des rapides. Les deux chutes marquent donc la bordure d'une sorte de seuil entre les «hautes» et «basses» eaux.
* Aujourd'hui Les Brasseurs du Temps. La centrale hydroélectrique, inaugurée en 1917, est inactive depuis 1971.
Entre la source et l'embouchure, le dénivelé du lit du ruisseau est de 12 m. Sous le barrage-vanne du boul. Taché, le lit se trouve à 49,1 m ; il est à 48,5 m à la rue Montcalm, à 45,7 en bas de la chute du château d'eau. À la hauteur de l'aréna Robert-Guertin, le lit descend à 41,1 m pour remonter à 43,9 m aux rapides. En aval de ceux-ci, il descend à 38,1 m pour remonter à 40,5 m au pont Fournier. À son embouchure, selon la carte marine, le niveau du lit du ruisseau est à 37,1 m.
Les ruptures les plus brusques se trouvent sous le barrage-vanne du boul. Taché (1,5 m), au château d'eau (5,2 m dont 2,75 pour la seule chute) et aux rapides (3,4 m). La profondeur du ruisseau passe de 1 à 2 m au sud jusqu'à 4 m sur les dépôts quaternaires.
(Les données sur le niveau des eaux et le lit du ruisseau proviennent de sources disparates qu'il est difficile de concilier exactement. Le principal document consulté est Vézina et al., 1976.)
À la hauteur de la rue Montcalm, la faille Montcalm (FM)*, coupe le ruisseau à l'un de ses coudes. Il en résulte une dénivellation de 5 m, mise à profit, comme on l'a vu, par la centrale du château d'eau.
* Cartographiée par Wilson (1938), nommée ainsi par moi pour des raisons de commodité (LIEN).
Le tronçon amont du ruisseau, sous la chute du château d'eau, est aligné sur la faille des Allumettières (FA*). Cette faille et le tronçon amont du ruisseau dessinent un axe qui se confond, au sud, avec le goulot percé par les chutes des Chaudières (ligne jaune transparente). (Hypothèse personnelle.) Sauf la faille des Allumettières, aucune faille cartographiée ne coïncide avec le lit du ruisseau. Rien, à cet égard, ne prouve que la faille des Allumettières se poursuive au-delà du point où elle rencontre (croise ?) la faille Montcalm (voir fig. 1).
* Faille des Allumettières : nommée et décrite par moi.
Le même calcaire affleure partout dans l'Île et sur les deux rives du ruisseau. Si des failles ont fait bouger des compartiments du socle, les déplacements, à l'intérieur du compartiment dont fait partie l'Île, n'ont pas dû être trop considérables. (Le basculement des strates calcaires sur le passage de la faille Montcalm sont décrits ailleurs dans le blogue : LIEN.)
(Voir ajout du 13 mai 2018 à la Section 8.)
Mesurée depuis la ligne des 60 m, à l'ouest, jusqu'à celle des 50 m, à l'est, la vallée du ruisseau varie en largeur de 150 m à 500 m. La rive ouest du ruisseau est en effet plus haute et mieux conservée que la rive est. À l'ouest, la ligne des 60 m ondule sans interruption vers le nord au-delà du ruisseau lui-même et rejoint, à l'ouest du lac Leamy, une épaisse couche d'argile de la mer de Champlain (section 8). Dans l'Île, la ligne des 60 m se ferme sur elle-même pour dessiner les contours des collines.
Selon Allard (1977), le ruisseau de la Brasserie serait un bras préglaciaire de l'Outaouais. Si cette hypothèse est bonne, on peut faire remarquer que l'érosion glaciaire ne semble pas avoir retouché la partie en eau du ruisseau où les coudes anguleux se succèdent à peu de distance. L'écoulement d'un glacier aurait régularisé ces obstacles à son avance – sans parler de la chute de château d'eau. Pour la vallée elle-même, les choses sont peut-être différentes. La chute et les coudes seraient-ils post-glaciaires ? (Hypothèse personnelle.)
Les cartes ne permettent pas d'affirmer que la baie au nord de l'Île-de-Hull appartient ou pas à cette vallée enfouie. La vallée du ruisseau de la Brasserie, du moins son rebord ouest, se perd au nord sous l'argile marine et rejoint ainsi à son tour la vallée enfouie de la Gatineau sans qu'il soit possible de dire, là encore, quelles relations existent entre ces deux vallées.
Une faille E-W, nommée ici faille du lac Leamy, passe au nord de l'Île (FLL ; fig. 2). Son trajet la fait croiser la vallée enfouie à l'embouchure de la Gatineau, mais la multiplicité des failles dans la région et les inévitables coïncidences qui en résultent empêchent de tirer des conclusions trop péremptoires de cette rencontre. Il n'y a aucun lien univoque et automatique entre les failles et le relief.
AJOUT (13 mai 2018)
Le delta de la Gatineau s'étend à partir du lac Leamy sur un terrain où l'argile Champlain a été atténuée par l'érosion fluviatile. À l'origine, le delta se trouvait plus de 2 km au sud de sa position actuelle. Il a migré vers le nord à mesure que l'Outaouais abandonnait d'autres sédiments en amont du delta déjà constitué. L'embouchure de la Gatineau a suivi ce mouvement ; ainsi, le lac Leamy et sa décharge vers l'Outaouais se trouvent sur le trajet d'un ancien lit de la Gatineau. Des chenaux successifs de la Gatineau ont laissé leur empreinte dans la plaine alluviale à l'est du lac. Le ruisseau de la Brasserie devait donc à l'origine couler du sud au nord directement vers le delta primitif de la Gatineau, sans son détour actuel vers l'est (sujet d'un article à venir).
Voir :
DE BOUTRAY, Bernard - 1998, « Étude préliminaire de la géomorphologie du secteur du Lac Leamy par interprétation des couvertures aériennes en noir et blanc et infra rouge ». Contributions 1998 à la mise en valeur du parc du Lac-Leamy, Hull, Société d’histoire de l’Outaouais, recueil de compte-rendu de recherche, Université du Québec à Montréal, Département des Sciences de la Terre, n.p.
Voir aussi :
LALIBERTÉ, Marcel - 2000. Synthèse : Recherches archéologiques dans le Parc du Lac-Leamy 1993-1999, Écomusée de Hull, 163 p.
L'escarpement de la colline Wright se termine à l'ouest, rue Saint-Rédempteur, par un court segment orienté N-S, en face du parc Sainte-Bernadette (ligne noire dentée coudée). Il est parallèle à la rive est du lac, taillée dans flanc abrupt de la colline.
On peut noter que les tranchées du secteur Morin sont plus ou moins dans la continuité de la faille des Allumettières. Une marmite, pour laquelle l'hypothèse d'un torrent sous-glaciaire a été évoquée par des géologues (Sharpe et Pugin, 2007 ; voir ce LIEN), s'est d'ailleurs développée dans la zone de faiblesse qu'est la faille (8a ; marmite des Allumettières*).
* Marmite et faille des Allumettières : nommées et décrites par moi. Pour les autres failles de l'Île, ce LIEN.
Une moraine (LIEN) ou des segments de moraines coupaient l'Île d'est en ouest depuis le ruisseau de la Brasserie jusqu'au nord du lac Flora (Wilson, 1898). La construction de l'ancien boulevard Saint-Laurent et de son successeur, l'actuel boulevard des Allumettières, a réduit à néant les chances d'en retrouver des vestiges.
(Le bloc découpé par ces failles qui délimitent le compartiment affaissé dépasse les dimensions de l'Île-de-Hull (fig. 2) ; sans le ruisseau et sans l'Outaouais, l'Île n'aurait aucune individualité géographique dans ce bloc. La FHG et la FLL se prolongent en Ontario.)
Il est tentant cependant d'attribuer la chute du château d'eau à un rejet récent (Holocène) de la faille Montcalm, mais celle-ci traverse hauts et bas sans se faire autrement remarquer. Notons malgré tout que le bassin du lac aux Vairons est situé au croisement de la faille Montcalm, des sillons de la rue Morin et de l'escarpement Wrigth. (Observations personnelles.)
Le délabrement de la surface de l'Île-de-Hull, avec ses collines résiduelles et sa vaste baie, évoque une surface ayant subi une attaque prolongée, en tout cas efficace, de l'érosion. À l'inverse, la netteté de la découpe de certains traits topographiques – les tronçons du ruisseau et leurs coudes anguleux, le rebord de sa rive ouest, l'escarpement de la colline Wright (encore plus considérable si on lui ajoute le bassin à son pied (fig. 3)), la chute du château d'eau et celles des Chaudières (étudiées dans un autre billet LIEN), les contours mêmes de l'Île, possède tous les traits d'une topographie plus «neuve». (Observations personnelles.)
La préservation de la rive à l'ouest et au NW du ruisseau de la Brasserie (ligne des 60 m), de même que la plus haute altitude du plateau à l'ouest, contrastent avec l'attaque du relief à l'est où la colline Wright se dresse comme un vestige isolé d'une ancienne surface ; du sommet de la colline Wright au rivage de l'Île, une couche de calcaire de 28 m au moins a été emportée par l'érosion. C'est comme si les deux rives du ruisseau n'avaient pas connue la même histoire. (Observations personnelles.)
La chute de la Grande Chaudière est une création récente ; on sait qu’elle a reculé de 400 m depuis sa naissance (petite ligne rouge ; Goldthwait et al., 1913 ; Johnston, 1917 ; LIEN). Le proto-Outaouais a déblayé l'Île, en partie ou totalement, de ses dépôts quaternaires. Du point de vue géologique et topographique, sauf intervention humaine et le recul de la Grande Chaudière, rien n'a changé depuis 4700 ans. L’exploitation des failles et joints a créé un réseau de passages et de cavernes dans le socle calcaire sous les chutes des Chaudières. Les légendes du Trou-du-Diable (TdD) ne sont pas que des légendes. La documentation à ce sujet existe, mais elle est peu accessible :
Établir une chronologie rigoureuse du développement de la topographie me semble périlleux. Je n'ose pas utiliser l'épithète néotectonique, mais un rejeu récent de certaines failles me semble difficile à écarter pour expliquer certains traits anguleux et linéaires du relief, comme seuil de la chute du château d'eau. Les géologues s'entendent pour dire que l'essentiel de la topographie régionale date du Tertiaire (avant les glaciations), par le jeu normal de l'érosion sur le continent. L'escarpement du Parlement, la colline de la rue Wright existaient déjà avant que la venue des glaces. Cependant, des traits secondaires du relief (le ruisseau, les chutes, etc.) échappent peut-être à ce constat. (Réflexions personnelles.)
La ligne des 60 m à l'ouest du ruisseau dessine probablement la vallée N-S du cours d'eau originel. Cette vallée se perd au nord sous l'argile de la mer de Champlain qui comble et masque la vallée enfouie de la Gatineau sans qu'il soit possible de dire quelles relations existent entre ces deux vallées. Toutes deux sont antérieures, en tout cas, au dépôt de l'argile marine (sont-elles glaciaires ?, pré-glaciares ?). On peut reprendre les mêmes observations à propos de la baie au nord de l'Île.
Certains éléments de la topographie pourraient remonter à des torrents sous-glaciaires (bassin rocheux du lac aux Vairons, tranchées du secteur Morin, marmite des Allumettières). Le lac Flora, au lit vaseux, est peut-être un kettle. Mais le creux du socle (fig. 3) qui l'accueille, sous les dépôts quaternaires de son bassin, a été aussi, selon moi, créé par un torrent sous-glaciaire.
La chute du château d'eau serait-elle une manifestation isolée de néotectonisme ? L'hypothèse vaut qu'on l'examine.
Alignements. – Il faut faire remarquer la coïncidence qui aligne la faille des Allumettières, l'axe du tronçon amont du ruisseau, le rétrécissement de l'Outaouais et les chutes des Chaudières. Toutes ces structures participent à un réseau complexe de failles ou de joints (Hypothèses personnelles.) La chute du château d'eau, faut-il encore le dire, est une manifestation de la faille Montcalm. Répétons cependant qu'il n'y a aucun lien obligatoire ou univoque entre le relief et les failles.
L'eau trouve toujours dans le socle une ligne de faiblesse orientée dans la bonne direction. Si, par exemple, les joints qu'elle a exploités pour creuser les tronçons rectilignes du ruisseau sont présents partout dans le secteur, il faut cependant remarquer que des réseaux ENE et WNW n'ont pas été exploités par le cours d'eau.
Au-delà de l'Île. – Au sud, de l'autre côté de la rivière, la faille Hull-Gloucester et l'alignement décrit plus haut convergent pour se prolonger dans la vallée qui accueille le lac Dow's, à Ottawa, en passant par l'élargissement de l'Outaouais en amont des Chaudières*.
* Ajout (11 févr. 2016). – Il a été possible de repérer, masquée par les sédiments du Quaternaire, une série de fractures d'orientation NW dans le socle paléozoïque sous le campus de l'Université Carleton, à Ottawa. Des chenaux érodés dans le roc, vestiges d'un ancien cours d'eau, leur sont associés. Ces structures sont dans l'axe de la vallée rocheuse qui s'étend au nord du campus à partir du lac Dow's, laquelle vallée, à son tour, suit le parcours d'une faille régionale majeure, la faille [Hull-]Gloucester, d'orientation NW. (C'est moi qui souligne : on est toujours content d'obtenir une confirmation de ses intuitions !) Source : Wilson, Heather C., 1990. The hydrogeology of the Carleton University campus, Ottawa, Ontario. Carleton University, Thesis, M.Sc. LIEN pour la thèse.
Arrivé à ce stade, tant au nord qu'au sud, il faudrait considérer les choses à une échelle plus vaste. On se demande à quoi ressemblerait le secteur de l'Île-de-Hull si l'Outaouais, après la glaciation, avait récupéré son ancien lit, plus au sud (LIEN).
Enfin, pour répondre à la question qui sert de titre à ce billet, «Qui a façonné l'Île-de-Hull ?», nous répondrons : «L'érosion.» L'érosion aérienne et fluviatile avant le Quaternaire, sous un climat plus chaud (LIEN), l'érosion glaciaire et fluviatile durant le Quaternaire, sans que je puisse trop m'avancer pour quantifier la part de l'une et de l'autre. La tectonique (failles, joints) a orienté ou aidé le travail des agents érosifs qui ont, cependant, souvent fait fi de ses manifestations. Pensons que la faille Montcalm traverse les hauts et les bas de l'Île sans se faire remarquer ailleurs qu'à la chute du château d'eau (et peut-être aussi des sillons de la rue Morin).
La tectonique offre, l'érosion dispose. Et efface beaucoup. Reste à savoir pourquoi ses effets ont été plus profonds dans l'Île que dans ses environs immédiats.
FIG. 2. – Modifié de Sandford et Arnott (2010). Traits noirs épais : failles ; blanc : Bouclier canadien ; couleurs : plate-forme du Saint-Laurent (grès, dolomie et calcaire, shales) ; ÎdH et contour rouge : Île-de-Hull ; FA : «faille des Allumettières» ; FHG : faille Hull-Gloucester ; FLL : «faille du lac Leamy» ; FM : «faille Montclam» ; Q et ligne bleue tiretée : dépôts les plus épais d'argile marine et de sédiments du Quaternaire. Les petits traits terminés par un cercle le long des failles sont du côté abaissé de la faille. L'Île-de-Hull est à l'extrémité NW d'une écaille délimitée par la FLL et la FHG et qui se prolonge vers le SE. Sans le ruisseau de la Brasserie, elle n'aurait aucune existence propre.
FIG. 3. – A. Coupe S-N de l'Île-de-Hull passant par le centre du parc Fontaine (ancien lac Flora), modifiée de L'Atelier de l'Urbanisme Georges Robert (1965). L'échelle verticale est 20 fois exagérée (d'après mes calculs). La photocopie du rapport disponible à la Bibliothèque municipale de Gatineau d'où cette reproduction est tirée n'est pas fameuse, comme on le constate. J'ai refait la typographie en ajoutant quelques détails, notamment la ligne horizontale qui traverse la coupe («N.d.l.r.?») pour indiquer le niveau (minimum) de la rivière, laquelle se tient approx. entre 135 et 147 pieds (41 et 45 m). Les altitudes sont en pieds : 220 pi. = 67 m ; 200 pi. = 61 m ; 180 pi. = 55 m ; 160 pi. = 49 m ; 140 pi. = 43 m ; 120 pi. = 37 m.
Le calcaire du groupe de Trenton (Ordovicien moyen et supérieur, 458 - 444 Ma) forme le socle de l'Île. L'argile silteuse a été déposée par la mer de Champlain (ou par le delta de la Gatineau : voir section 8) ; bizarrement, le till glaciaire qui devrait se trouver entre le socle calcaire et l'argile n'apparaît pas (mais le texte semble indiquer que des «boulders« et des «cailloux» (blocs et galets) sont inclus dans l'unité du calcaire de Trenton). Le sable et gravier sont des sédiments laissés par le proto-Outaouais. Le parc Fontaine est sur le site d'un ancien lac (le lac Flora), comblé vers 1911 («Remblayage»). (Les données sur la «Terre noire» manquent.) L'escarpement sur le flanc nord de la colline devrait, me semble-t-il, rendre la pente plus abrupte à cet endroit.
B. La même coupe (d'après A), en silhouette et comprimée en altitude (à 10 % de sa valeur en A) afin de donner une meilleure idée du relief réel. Les sédiments sont en orangés, le socle calcaire en noir.
C. Comme en B, avec les proportions exactes (échelle des altitudes réduite à 5 % de sa valeur en A). Vu ainsi, le relief semble vraiment insignifiant. À pied, et même en voiture, il est parfaitement perceptible !
Les LIENS dans le texte conduisent vers d'autres billets du blogue. Les billets à consulter en priorité sont ceux du 10 août 2013, «Île-de-Hull (Gatineau) : guide géologique», et du 1er mars 2014, «Ruisseau de la Brasserie : contrôle tectonique».
1. Résumé
L'Île-de-Hull, à Gatineau (Québec), est située à l'extrémité NW d'une écaille de calcaire ordovicien abaissée par rapport aux compartiments voisins. L'Île est cernée par la rivière des Outaouais et le ruisseau de la Brasserie. Des traits d'une attaque profonde par l'érosion (collines reliques d'une ancienne surface, baie évasée à sec) et des traits mieux préservés, que nous supposons plus récents (tronçons linéaires et anguleux du ruisseau de la Brasserie, escarpement est-ouest) coexistent dans l'Île. Des fosses allongées, un lac au bassin rocheux pourraient être des vestiges de torrents sous-glaciaires.Une bonne proportion du contenu de ce billet est constituée d'hypothèses personnelles. Je m'appuie cependant sur des travaux reconnus, mes propres observations et une sorte de «bon sens géologique» pour les avancer.
2. Contexte géologique
L'Île-de-Hull (Gatineau, Québec) fait partie de la plate-forme du Saint-Laurent. Le Bouclier canadien, sur lequel les sédiments de la plate-forme se sont déposés au Cambro-ordovicien (env. 500-440 Ma), affleure à quelques km au nord de l'Île. Le socle de l'Île est partout constitué de calcaire dont les strates ont conservé leur attitude horizontale primitive, sauf près des failles où elles s'inclinent vers le bloc abaissé (fig. 2). Ces failles, liées au graben d'Ottawa-Bonnechère, ont connu plusieurs épisodes d'activation du Paléozoïque jusqu'au Mésozoïque ; leur dernier rejeux remonte à il y a entre 176 et 148 Ma (pendant le Jurassique) (LIEN). Par rapport aux autres compartiments faillés à l'ouest et au nord, celui de l'Île est affaissé. Outre les failles, des réseaux de joints ou de diaclases découpent le calcaire. Les géologues s'entendent pour dire que les traits principaux de la topographie régionale est un héritage direct du Tertiaire (avant les glaciations du Quaternaire). Des sédiments du Quaternaire - till glaciaire (avant 12 000 ans), argile de la mer de Champlain (avant 10 000 ans) - recouvrent la majeure partie du nord de l'Île. Avant de se réduire à ses proportions actuelles il y a 4700 ans, l'Outaouais a nettoyé l'Île d'une partie de ses sédiments glaciaires et marins, laissant affleurer le socle calcaire.Plusieurs carrières ont été exploitées dans l'Île, surtout dans la première moitié du XXe s. L’école Normale Saint-Joseph de Hull, par exemple, a été construite en 1908 avec la pierre extraite d’une carrière située entre la rue de Carillon et le ruisseau de la Brasserie (LIEN).
3. L'Île
L'Île-de-Hull forme un rectangle de plus de 2 km x 1,5 km. À l'ouest et au nord, l'Île est bordée par le ruisseau de la Brasserie et par l'Outaouais, au sud et à l'est. Dans un sens, le ruisseau n'étant qu'un bras de la rivière, on peut dire que l'Île est toute entière baignée par l'Outaouais. La rivière prend contact avec l'Île, dans son angle SW, sous les chutes des Chaudières (Cg et Cp). À cet endroit, l'Outaouais débouche d'un élargissement de son lit (ligne noire tiretée) par plusieurs chenaux parallèles, dont celui des chutes. En aval, la rivière se bute à l'escarpement qui, sur la rive droite, l'oblige à faire un coude vers le nord (cf. Colline du Parlement).Toute l'Île a été touchée par l'urbanisation, mais pas au point d'oblitérer l'essentiel de ces traits d'origine. Les autoroutes, au nord, ont cependant recouvert l'ancien paysage sous leurs remblais et le ruisseau de la Brasserie a partout été altéré par l'activité humaine (encaissement ou remplissage des rives, accumulation de blocs de calcaire et de béton, égouts passant sous le lit, etc.).
On verra à la section 6 que le SW de l'Île agit comme un seuil (53 m - 48,5 m) d'où les eaux de l'Outaouais tombent par deux chutes en empruntant des trajets à angle droit l'un de l'autre : celui de la rivière elle-même, vers le NE, par la chute de la Grande Chaudière, et celui du ruisseau, vers le NW, jusqu'à la chute du château d'eau (CE). En aval des chutes, les rives de l'Île, on le verra aussi, se tiennent à une altitude uniforme de ± 43 m.
4. Le relief
Le point culminant (71 m) se trouve sur la «colline de la rue Wright»*, au sud de l'Île. Celle-ci, en effet, présente une topographie à rebours de la topographie régionale ; au lieu de s'abaisser vers le sud, vers la vallée de l’Outaouais, le relief s'abaisse vers le nord. Une autre colline, moins élevée (64 m), constitue un satellite au NW de la première. (Les collines sont en transparent rouge sur la fig. 1.) Un escarpement E-W (ligne noire dentée) marque la rupture entre la colline de la rue Wright et le plateau au nord qui constitue les deux tiers de l'Île.* Que je baptise ainsi par commodité.
L'altitude de la colline Wright reste comparable, même si inférieure, à celle de l'escarpement sur l'autre rive de la rivière, à Ottawa (la Colline du Parlement atteint plus de 80 m). Les collines de l'Île-de-Hull sont les reliquats émoussés d'un plateau érodé dont le front, à une époque du Tertiaire, devait s'avancer plus loin au nord et se joindre à l'autre plateau qui, à l'ouest et au nord de l'Île, monte régulièrement en direction du NW, vers le Bouclier canadien. À moins de 1,5 km au NW de l'Île, à l'intérieur encore du compartiment faillé auquel elle appartient, l'altitude atteint les 90 m.
Une coupe N-S de l'Île de Hull montre une vallée ou un bassin immédiatement au nord de la colline Wright. Ce creux, sous l'escarpement E-W, amplifie encore cet accident topographique (fig. 3). L'épais tapis de sédiments du Quaternaire (9 m) au nord de la colline masque et adoucie la topographie locale. Avec ou sans ces dépôts, le relief de l'Île conserve sa pente vers le nord.
5. La baie sèche
Une grande baie (transparent ocre au nord) échancre le plateau de l'Île qui s’abaisse ainsi en amphithéâtre vers le nord. Cette baie, à sec et sans emploi, trop vaste pour les dimensions de l'Île, et faite comme pour recueillir et canaliser les eaux, est une anomalie, du moins une curiosité. Le ruisseau, en s'écoulant vers l'est, passe devant la baie comme devant un accident de terrain fortuit. (Voir cependant billet du 7 nov. 2015 à propos d'hypothétiques ruisselets*.) (Hypothèses personnelles.)* J'ai supprimé (8 févr. 2016) ces hypothétiques ruisselets de la carte de la fig. 1 que je trouvais trop chargée. Avec le vide laissé par leur absence, l'ampleur de la baie laissée sans emploi n'en devient que plus apparent. Suivre le lien vers le billet du 7 nov. 2015 pour plus de détails.
6. Le ruisseau de la Brasserie
À l'ouest de l'Île, le ruisseau de la Brasserie aboute des sections rectilignes qui se succèdent par brusques changements de direction (LIEN) (ligne rouge brisée). L'érosion fluviatile a exploité de façon préférentielle des réseaux de diaclases qui découpent le socle (NNW, NNE et NE). Les eaux du ruisseau, venant de l'Outaouais, s'écoulent d'abord vers le nord avant de bifurquer vers l'est pour retourner à la rivière en incisant le tapis de sédiments quaternaires au nord de l'Île (Q ; argile de la mer de Champlain et minces dépôts plus récents ; fig. 1 et 2). Par contraste avec les sections dans le socle calcaire, les rives à cet endroit présentent des allures irrégulières. Avant d'aborder ce dernier tronçon, le ruisseau fait des rapides (6a) en franchissant un sursaut rocheux.En aval de la chute de la Grande Chaudière et des rapides du ruisseau, les rives de l'Île se tiennent sous l'altitude des ± 43 m (avec variations saisonnières de plus ou moins 2 m). L'Outaouais, en amont de la Grande Chaudière, est à 53 m ; à leur entrée dans le ruisseau, ses eaux passent par un barrage-vanne sous lequel le niveau est de 51 m. En aval du barrage de la centrale hydroélectrique du château d'eau (CE)*, le niveau tombe à 46 m, puis à 43 m en aval des rapides. Les deux chutes marquent donc la bordure d'une sorte de seuil entre les «hautes» et «basses» eaux.
* Aujourd'hui Les Brasseurs du Temps. La centrale hydroélectrique, inaugurée en 1917, est inactive depuis 1971.
Entre la source et l'embouchure, le dénivelé du lit du ruisseau est de 12 m. Sous le barrage-vanne du boul. Taché, le lit se trouve à 49,1 m ; il est à 48,5 m à la rue Montcalm, à 45,7 en bas de la chute du château d'eau. À la hauteur de l'aréna Robert-Guertin, le lit descend à 41,1 m pour remonter à 43,9 m aux rapides. En aval de ceux-ci, il descend à 38,1 m pour remonter à 40,5 m au pont Fournier. À son embouchure, selon la carte marine, le niveau du lit du ruisseau est à 37,1 m.
Les ruptures les plus brusques se trouvent sous le barrage-vanne du boul. Taché (1,5 m), au château d'eau (5,2 m dont 2,75 pour la seule chute) et aux rapides (3,4 m). La profondeur du ruisseau passe de 1 à 2 m au sud jusqu'à 4 m sur les dépôts quaternaires.
(Les données sur le niveau des eaux et le lit du ruisseau proviennent de sources disparates qu'il est difficile de concilier exactement. Le principal document consulté est Vézina et al., 1976.)
À la hauteur de la rue Montcalm, la faille Montcalm (FM)*, coupe le ruisseau à l'un de ses coudes. Il en résulte une dénivellation de 5 m, mise à profit, comme on l'a vu, par la centrale du château d'eau.
* Cartographiée par Wilson (1938), nommée ainsi par moi pour des raisons de commodité (LIEN).
Le tronçon amont du ruisseau, sous la chute du château d'eau, est aligné sur la faille des Allumettières (FA*). Cette faille et le tronçon amont du ruisseau dessinent un axe qui se confond, au sud, avec le goulot percé par les chutes des Chaudières (ligne jaune transparente). (Hypothèse personnelle.) Sauf la faille des Allumettières, aucune faille cartographiée ne coïncide avec le lit du ruisseau. Rien, à cet égard, ne prouve que la faille des Allumettières se poursuive au-delà du point où elle rencontre (croise ?) la faille Montcalm (voir fig. 1).
* Faille des Allumettières : nommée et décrite par moi.
Le même calcaire affleure partout dans l'Île et sur les deux rives du ruisseau. Si des failles ont fait bouger des compartiments du socle, les déplacements, à l'intérieur du compartiment dont fait partie l'Île, n'ont pas dû être trop considérables. (Le basculement des strates calcaires sur le passage de la faille Montcalm sont décrits ailleurs dans le blogue : LIEN.)
(Voir ajout du 13 mai 2018 à la Section 8.)
7. La vallée du ruisseau
Il faut distinguer le ruisseau lui-même, large de 20 à 90 m, qui zigzague de façon anguleuse et la vallée, plus ample, et orientée N-S.Mesurée depuis la ligne des 60 m, à l'ouest, jusqu'à celle des 50 m, à l'est, la vallée du ruisseau varie en largeur de 150 m à 500 m. La rive ouest du ruisseau est en effet plus haute et mieux conservée que la rive est. À l'ouest, la ligne des 60 m ondule sans interruption vers le nord au-delà du ruisseau lui-même et rejoint, à l'ouest du lac Leamy, une épaisse couche d'argile de la mer de Champlain (section 8). Dans l'Île, la ligne des 60 m se ferme sur elle-même pour dessiner les contours des collines.
Selon Allard (1977), le ruisseau de la Brasserie serait un bras préglaciaire de l'Outaouais. Si cette hypothèse est bonne, on peut faire remarquer que l'érosion glaciaire ne semble pas avoir retouché la partie en eau du ruisseau où les coudes anguleux se succèdent à peu de distance. L'écoulement d'un glacier aurait régularisé ces obstacles à son avance – sans parler de la chute de château d'eau. Pour la vallée elle-même, les choses sont peut-être différentes. La chute et les coudes seraient-ils post-glaciaires ? (Hypothèse personnelle.)
8. La vallée enfouie de la Gatineau
La Gatineau, en aval du barrage Chelsea (au nord de Gatineau), parcoure les 9 km qui la séparent de l'Outaouais en incisant l'argile marine qui remplit une vallée rocheuse (Q sur fig. 1 et 2). L'épaisseur du manteau d'argile atteint 75 m sous le chemin Freeman (Gatineau). Au lac Leamy, au nord de l'Île-de-Hull, près de l'embouchure de la Gatineau, elle n'est plus que de l'ordre de 25 m. Cette vallée enfouie est probablement d'origine préglaciaire – ce qui n'exclue pas des retouches subséquentes par les glaciers. La question n'est cependant abordée par aucun texte.Les cartes ne permettent pas d'affirmer que la baie au nord de l'Île-de-Hull appartient ou pas à cette vallée enfouie. La vallée du ruisseau de la Brasserie, du moins son rebord ouest, se perd au nord sous l'argile marine et rejoint ainsi à son tour la vallée enfouie de la Gatineau sans qu'il soit possible de dire, là encore, quelles relations existent entre ces deux vallées.
Une faille E-W, nommée ici faille du lac Leamy, passe au nord de l'Île (FLL ; fig. 2). Son trajet la fait croiser la vallée enfouie à l'embouchure de la Gatineau, mais la multiplicité des failles dans la région et les inévitables coïncidences qui en résultent empêchent de tirer des conclusions trop péremptoires de cette rencontre. Il n'y a aucun lien univoque et automatique entre les failles et le relief.
AJOUT (13 mai 2018)
Le delta de la Gatineau s'étend à partir du lac Leamy sur un terrain où l'argile Champlain a été atténuée par l'érosion fluviatile. À l'origine, le delta se trouvait plus de 2 km au sud de sa position actuelle. Il a migré vers le nord à mesure que l'Outaouais abandonnait d'autres sédiments en amont du delta déjà constitué. L'embouchure de la Gatineau a suivi ce mouvement ; ainsi, le lac Leamy et sa décharge vers l'Outaouais se trouvent sur le trajet d'un ancien lit de la Gatineau. Des chenaux successifs de la Gatineau ont laissé leur empreinte dans la plaine alluviale à l'est du lac. Le ruisseau de la Brasserie devait donc à l'origine couler du sud au nord directement vers le delta primitif de la Gatineau, sans son détour actuel vers l'est (sujet d'un article à venir).
Voir :
DE BOUTRAY, Bernard - 1998, « Étude préliminaire de la géomorphologie du secteur du Lac Leamy par interprétation des couvertures aériennes en noir et blanc et infra rouge ». Contributions 1998 à la mise en valeur du parc du Lac-Leamy, Hull, Société d’histoire de l’Outaouais, recueil de compte-rendu de recherche, Université du Québec à Montréal, Département des Sciences de la Terre, n.p.
Voir aussi :
LALIBERTÉ, Marcel - 2000. Synthèse : Recherches archéologiques dans le Parc du Lac-Leamy 1993-1999, Écomusée de Hull, 163 p.
9. Sillons sous-glaciaires - lac aux Vairons
Des tranchées ou des sillons d'orientation NW-SE accueillaient autrefois des marécages dans le secteur de la rue Morin, à l'ouest de l'Île, près du ruisseau (5a). L'urbanisation a recouvert ces accidents de terrain sans les effacer complètement, témoin la dépression linéaire de la rue Morin. Ces tranchées interreliées formaient peut-être les éléments d'un réseau hydrographique qui aboutissait à une échancrure dans le flanc de la colline de la rue Wright pour remplir le lac aux Vairons (5b ; Minnow Lake) (LIEN). Ce lac, aujourd'hui remblayé et comblé (parc Sainte-Bernadette), aux rives rocheuses hautes de 9 m, pourrait, avec les tranchées de la rue Morin, être le résultat de l'érosion du calcaire par des torrents sous-glaciaires. Dans ce cas, le lac aux Vairons serait une gigantesque marmite (LIEN). (Tout ce paragraphe : observations et hypothèses personnelles.)L'escarpement de la colline Wright se termine à l'ouest, rue Saint-Rédempteur, par un court segment orienté N-S, en face du parc Sainte-Bernadette (ligne noire dentée coudée). Il est parallèle à la rive est du lac, taillée dans flanc abrupt de la colline.
On peut noter que les tranchées du secteur Morin sont plus ou moins dans la continuité de la faille des Allumettières. Une marmite, pour laquelle l'hypothèse d'un torrent sous-glaciaire a été évoquée par des géologues (Sharpe et Pugin, 2007 ; voir ce LIEN), s'est d'ailleurs développée dans la zone de faiblesse qu'est la faille (8a ; marmite des Allumettières*).
* Marmite et faille des Allumettières : nommées et décrites par moi. Pour les autres failles de l'Île, ce LIEN.
10. Le lac Flora et ses moraines
Avant d’être asséché et comblé vers 1911, le lac Flora (5c ; parc Fontaine) n’était plus qu’un marécage. Des sondages lui avaient donné 4 m d’eau stagnante et 11 m de vase. Je me demande s'il ne s'agissait pas d'un kettle développé dans les sédiments quaternaires au pied de l’escarpement (LIEN). (Hypothèse personnelle.) La coupe de l'Île de Hull de la fig. 3 montre le bassin (maintenant comblé) du lac dans le manteau de dépôts quaternaires remplissant une dépression du socle calcaire au nord de la colline Wright.Une moraine (LIEN) ou des segments de moraines coupaient l'Île d'est en ouest depuis le ruisseau de la Brasserie jusqu'au nord du lac Flora (Wilson, 1898). La construction de l'ancien boulevard Saint-Laurent et de son successeur, l'actuel boulevard des Allumettières, a réduit à néant les chances d'en retrouver des vestiges.
11. Ancien réseau hydrographique ?
À l'est de l’Île, on devine, dans les sédiments du Quaternaire, les vestiges d'un (hypothétique) réseau hydrographique qui, à une époque indéterminée, s'écoulait vers l'est et aboutissait à l'Outaouais à la hauteur du quai de Hull (3c et transparent ocre à l'est). Un bras de ce réseau aurait drainé le lac Flora. (LIEN) (Hypothèse personnelle.)12. Failles et chutes
La faille majeure régionale la plus proche de l'Île, la faille Hull-Gloucester (NW-SE) (FHG sur la fig. 2), passe 1 km à l'ouest de l'île. La faille du lac Leamy (FLL), au nord, est de moindre envergure. Pris entre ses deux failles qui se rencontrent au Lac-des-Fées (fig. 2), le bloc de l'Île-de-Hull s'est enfoncé relativement aux compartiments environnants. Comme l'effondrement s'est produit il y a 150 millions d'années et plus (section 2), l'érosion a eu le loisir d'effacer bien avant le Quaternaire tout relief important qui, dans l'Île et ses alentours, aurait pu résulter du jeu des failles.(Le bloc découpé par ces failles qui délimitent le compartiment affaissé dépasse les dimensions de l'Île-de-Hull (fig. 2) ; sans le ruisseau et sans l'Outaouais, l'Île n'aurait aucune individualité géographique dans ce bloc. La FHG et la FLL se prolongent en Ontario.)
Il est tentant cependant d'attribuer la chute du château d'eau à un rejet récent (Holocène) de la faille Montcalm, mais celle-ci traverse hauts et bas sans se faire autrement remarquer. Notons malgré tout que le bassin du lac aux Vairons est situé au croisement de la faille Montcalm, des sillons de la rue Morin et de l'escarpement Wrigth. (Observations personnelles.)
Le délabrement de la surface de l'Île-de-Hull, avec ses collines résiduelles et sa vaste baie, évoque une surface ayant subi une attaque prolongée, en tout cas efficace, de l'érosion. À l'inverse, la netteté de la découpe de certains traits topographiques – les tronçons du ruisseau et leurs coudes anguleux, le rebord de sa rive ouest, l'escarpement de la colline Wright (encore plus considérable si on lui ajoute le bassin à son pied (fig. 3)), la chute du château d'eau et celles des Chaudières (étudiées dans un autre billet LIEN), les contours mêmes de l'Île, possède tous les traits d'une topographie plus «neuve». (Observations personnelles.)
La préservation de la rive à l'ouest et au NW du ruisseau de la Brasserie (ligne des 60 m), de même que la plus haute altitude du plateau à l'ouest, contrastent avec l'attaque du relief à l'est où la colline Wright se dresse comme un vestige isolé d'une ancienne surface ; du sommet de la colline Wright au rivage de l'Île, une couche de calcaire de 28 m au moins a été emportée par l'érosion. C'est comme si les deux rives du ruisseau n'avaient pas connue la même histoire. (Observations personnelles.)
La chute de la Grande Chaudière est une création récente ; on sait qu’elle a reculé de 400 m depuis sa naissance (petite ligne rouge ; Goldthwait et al., 1913 ; Johnston, 1917 ; LIEN). Le proto-Outaouais a déblayé l'Île, en partie ou totalement, de ses dépôts quaternaires. Du point de vue géologique et topographique, sauf intervention humaine et le recul de la Grande Chaudière, rien n'a changé depuis 4700 ans. L’exploitation des failles et joints a créé un réseau de passages et de cavernes dans le socle calcaire sous les chutes des Chaudières. Les légendes du Trou-du-Diable (TdD) ne sont pas que des légendes. La documentation à ce sujet existe, mais elle est peu accessible :
«... un réseau d'intercommunication et d'écoulement souterrain assez développé à travers les grandes et les petites fractures et cavernes ouvertes dans le roc...» (LIEN)
Établir une chronologie rigoureuse du développement de la topographie me semble périlleux. Je n'ose pas utiliser l'épithète néotectonique, mais un rejeu récent de certaines failles me semble difficile à écarter pour expliquer certains traits anguleux et linéaires du relief, comme seuil de la chute du château d'eau. Les géologues s'entendent pour dire que l'essentiel de la topographie régionale date du Tertiaire (avant les glaciations), par le jeu normal de l'érosion sur le continent. L'escarpement du Parlement, la colline de la rue Wright existaient déjà avant que la venue des glaces. Cependant, des traits secondaires du relief (le ruisseau, les chutes, etc.) échappent peut-être à ce constat. (Réflexions personnelles.)
13. Conclusion (ou récapitulation)
Du vieux et du neuf. – Le délabrement de la surface de l'Île-de-Hull, avec ses collines résiduelles et sa vaste baie, évoque un relief ou une surface ayant subi une attaque ancienne et efficace de l'érosion. Hors de l'Île, les plateaux sont mieux conservés et dépassent en altitude les sommets de l'Île-de-Hull. À l'inverse, la netteté de la découpe de certains traits topographiques – les tronçons du ruisseau et leurs coudes anguleux, l'escarpement de la colline Wright, la chute du château d'eau et celles des Chaudières, les contours mêmes de l'Île, possède tous les traits d'une topographie plus «neuve».La ligne des 60 m à l'ouest du ruisseau dessine probablement la vallée N-S du cours d'eau originel. Cette vallée se perd au nord sous l'argile de la mer de Champlain qui comble et masque la vallée enfouie de la Gatineau sans qu'il soit possible de dire quelles relations existent entre ces deux vallées. Toutes deux sont antérieures, en tout cas, au dépôt de l'argile marine (sont-elles glaciaires ?, pré-glaciares ?). On peut reprendre les mêmes observations à propos de la baie au nord de l'Île.
Certains éléments de la topographie pourraient remonter à des torrents sous-glaciaires (bassin rocheux du lac aux Vairons, tranchées du secteur Morin, marmite des Allumettières). Le lac Flora, au lit vaseux, est peut-être un kettle. Mais le creux du socle (fig. 3) qui l'accueille, sous les dépôts quaternaires de son bassin, a été aussi, selon moi, créé par un torrent sous-glaciaire.
La chute du château d'eau serait-elle une manifestation isolée de néotectonisme ? L'hypothèse vaut qu'on l'examine.
Alignements. – Il faut faire remarquer la coïncidence qui aligne la faille des Allumettières, l'axe du tronçon amont du ruisseau, le rétrécissement de l'Outaouais et les chutes des Chaudières. Toutes ces structures participent à un réseau complexe de failles ou de joints (Hypothèses personnelles.) La chute du château d'eau, faut-il encore le dire, est une manifestation de la faille Montcalm. Répétons cependant qu'il n'y a aucun lien obligatoire ou univoque entre le relief et les failles.
L'eau trouve toujours dans le socle une ligne de faiblesse orientée dans la bonne direction. Si, par exemple, les joints qu'elle a exploités pour creuser les tronçons rectilignes du ruisseau sont présents partout dans le secteur, il faut cependant remarquer que des réseaux ENE et WNW n'ont pas été exploités par le cours d'eau.
Au-delà de l'Île. – Au sud, de l'autre côté de la rivière, la faille Hull-Gloucester et l'alignement décrit plus haut convergent pour se prolonger dans la vallée qui accueille le lac Dow's, à Ottawa, en passant par l'élargissement de l'Outaouais en amont des Chaudières*.
* Ajout (11 févr. 2016). – Il a été possible de repérer, masquée par les sédiments du Quaternaire, une série de fractures d'orientation NW dans le socle paléozoïque sous le campus de l'Université Carleton, à Ottawa. Des chenaux érodés dans le roc, vestiges d'un ancien cours d'eau, leur sont associés. Ces structures sont dans l'axe de la vallée rocheuse qui s'étend au nord du campus à partir du lac Dow's, laquelle vallée, à son tour, suit le parcours d'une faille régionale majeure, la faille [Hull-]Gloucester, d'orientation NW. (C'est moi qui souligne : on est toujours content d'obtenir une confirmation de ses intuitions !) Source : Wilson, Heather C., 1990. The hydrogeology of the Carleton University campus, Ottawa, Ontario. Carleton University, Thesis, M.Sc. LIEN pour la thèse.
Arrivé à ce stade, tant au nord qu'au sud, il faudrait considérer les choses à une échelle plus vaste. On se demande à quoi ressemblerait le secteur de l'Île-de-Hull si l'Outaouais, après la glaciation, avait récupéré son ancien lit, plus au sud (LIEN).
Enfin, pour répondre à la question qui sert de titre à ce billet, «Qui a façonné l'Île-de-Hull ?», nous répondrons : «L'érosion.» L'érosion aérienne et fluviatile avant le Quaternaire, sous un climat plus chaud (LIEN), l'érosion glaciaire et fluviatile durant le Quaternaire, sans que je puisse trop m'avancer pour quantifier la part de l'une et de l'autre. La tectonique (failles, joints) a orienté ou aidé le travail des agents érosifs qui ont, cependant, souvent fait fi de ses manifestations. Pensons que la faille Montcalm traverse les hauts et les bas de l'Île sans se faire remarquer ailleurs qu'à la chute du château d'eau (et peut-être aussi des sillons de la rue Morin).
La tectonique offre, l'érosion dispose. Et efface beaucoup. Reste à savoir pourquoi ses effets ont été plus profonds dans l'Île que dans ses environs immédiats.
14. La vraie fin
Il importe de souligner le caractère superfétatoire du ruisseau de la Brasserie. L'Outaouais aurait facilement pu se passer sans souffrir de ce mince bras (à peine un petit doigt !) qui lui distrait un court instant une part infime de ses eaux. Ceci me conforte dans l'idée que la vallée du ruisseau a précédé l'installation de l'Outaouais dans son lit actuel (LIEN). La vaste baie vacante, au nord, est sans proportion avec l'île qu'elle échancre.Références
- L'Atelier de l'Urbanisme Georges Robert, Reconnaissance et appréciation des conditions urbaines, Hull, 1965 : Rapport numéro 1, Trois-Rivières, 27 pages + plans.
- Atlas du Canada.
- Michel Allard, 1977 – Le rôle de la géomorphologie dans les inventaires bio-physiques : l’exemple de la région Gatineau-Lièvre. Univ. McGill, départ. de géographie, thèse (Ph.D.), 540 p.
- J.W. Goldthwait, J. Keele and W.A. Johnston, 1913 – «Excursion A10. Pleistocene : Montreal, Covey Hill and Ottawa», in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa (excursions A6, A7, A8, A10, A11), Ottawa. Government Printing Bureau, 162 p. (with maps).
- W.A. Johnston, 1917 – Pleistocene and Recent Deposits in the Vicinity of Ottawa, With a Description of the Soils. Commission géologique du Canada, Mémoires 101, 69 p., avec carte 1662 (1/63 360).
- B.V. Sanford et Arnott, R.W.C., 2010 – Stratigraphic and structural framework of the Potsdam Group in eastern Ontario, western Quebec, and northern New York State. Commission géologique du Canada, Bulletin 597, 2010, 83 p. (+ cartes).
- D. Sharpe et A. Pugin, Glaciated terrain and erosional features related to a proposed regional unconformity in Eastern Ontario: Field trip Guide Book, GSC, Open File 5596, 2007, 44 p.
- Sanford, B.V. et Arnott, R.W.C., Stratigraphic and structural framework of the Potsdam Group in eastern Ontario, western Quebec, and northern New York State, Commission géologique du Canada, Bulletin 597, 2010, 83 p. (+ cartes)
- Vézina, Fortier et Associés, Aménagement du ruisseau de la Brasserie, Citée de Hull, 1976.
- A.E. Wilson, 1938 – Ottawa Sheet, East Half, Carleton and Hull Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 413A, 1 feuille (1/,63 360).
- W.J. Wilson, 1898 – «Notes on the Pleistocene Geology of a Few Places in the Ottawa Valley», The Ottawa Naturalist, vol. XI, March 1898, no. 12, p. 209-220.
FIG. 2. – Modifié de Sandford et Arnott (2010). Traits noirs épais : failles ; blanc : Bouclier canadien ; couleurs : plate-forme du Saint-Laurent (grès, dolomie et calcaire, shales) ; ÎdH et contour rouge : Île-de-Hull ; FA : «faille des Allumettières» ; FHG : faille Hull-Gloucester ; FLL : «faille du lac Leamy» ; FM : «faille Montclam» ; Q et ligne bleue tiretée : dépôts les plus épais d'argile marine et de sédiments du Quaternaire. Les petits traits terminés par un cercle le long des failles sont du côté abaissé de la faille. L'Île-de-Hull est à l'extrémité NW d'une écaille délimitée par la FLL et la FHG et qui se prolonge vers le SE. Sans le ruisseau de la Brasserie, elle n'aurait aucune existence propre.
FIG. 3. – A. Coupe S-N de l'Île-de-Hull passant par le centre du parc Fontaine (ancien lac Flora), modifiée de L'Atelier de l'Urbanisme Georges Robert (1965). L'échelle verticale est 20 fois exagérée (d'après mes calculs). La photocopie du rapport disponible à la Bibliothèque municipale de Gatineau d'où cette reproduction est tirée n'est pas fameuse, comme on le constate. J'ai refait la typographie en ajoutant quelques détails, notamment la ligne horizontale qui traverse la coupe («N.d.l.r.?») pour indiquer le niveau (minimum) de la rivière, laquelle se tient approx. entre 135 et 147 pieds (41 et 45 m). Les altitudes sont en pieds : 220 pi. = 67 m ; 200 pi. = 61 m ; 180 pi. = 55 m ; 160 pi. = 49 m ; 140 pi. = 43 m ; 120 pi. = 37 m.
Le calcaire du groupe de Trenton (Ordovicien moyen et supérieur, 458 - 444 Ma) forme le socle de l'Île. L'argile silteuse a été déposée par la mer de Champlain (ou par le delta de la Gatineau : voir section 8) ; bizarrement, le till glaciaire qui devrait se trouver entre le socle calcaire et l'argile n'apparaît pas (mais le texte semble indiquer que des «boulders« et des «cailloux» (blocs et galets) sont inclus dans l'unité du calcaire de Trenton). Le sable et gravier sont des sédiments laissés par le proto-Outaouais. Le parc Fontaine est sur le site d'un ancien lac (le lac Flora), comblé vers 1911 («Remblayage»). (Les données sur la «Terre noire» manquent.) L'escarpement sur le flanc nord de la colline devrait, me semble-t-il, rendre la pente plus abrupte à cet endroit.
B. La même coupe (d'après A), en silhouette et comprimée en altitude (à 10 % de sa valeur en A) afin de donner une meilleure idée du relief réel. Les sédiments sont en orangés, le socle calcaire en noir.
C. Comme en B, avec les proportions exactes (échelle des altitudes réduite à 5 % de sa valeur en A). Vu ainsi, le relief semble vraiment insignifiant. À pied, et même en voiture, il est parfaitement perceptible !
Libellés :
31G/05,
Calcaire (Hull),
Chutes des Chaudières,
Faille des Allumettières,
Gatineau,
Hull,
Lac aux Vairons,
Lac Flora,
Lac Minnow,
Outaouais (Riv.),
Québec,
Ruisseau de la Brasserie
Pays/territoire :
District de Hull, Gatineau, QC, Canada
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