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lundi 5 décembre 2022

La caverne Pooley à Ottawa

© Andrew King, Ottawa Rewind

La géologie de la région nous réserve encore des surprises. Témoin cette caverne Pooley en plein centre-ville d'Ottawa. Qui en a entendu parler ? Partant de la cathédrale Christ Church sur le plateau de l'escarpement de la rue Commissionner, elle se jette - ou se jetait - dans un chenal de la rivière des Outaouais sous le pont Pooley, près de la station de pompage de la rue Fleet (au sud du musée de la Guerre). J'ai appris son existence par le site Ottawa Rewind d'Andrew King. Un extrait de son billet, The Legend of Pooley’s Cave (c'est moi qui souligne) :

The “Park of The Provinces” [Jardin des Provinces et des Territoires, rue Wellignton] was built over what was once Brading’s Brewery. And just around the corner from that was a remarkable natural feature of a cavern that stretched east under Sparks Street for apparently more than 200 feet [60 m] all the way to Christ Church Cathedral. This legend originated from the 1800’s and described a “natural wonder” and a room of stalagmites and stalactites that were “beautiful beyond description”. But not a single mention or trace exists today of this incredible underground feature in the heart of the Nation’s Capital. [...] Upon entering the cave, a natural tunnel headed in an easterly direction towards Christ Church Cathedral. Traveling 75 feet [23 m] in a stooped position through the tunnel, it was then said that one had to go on hands and knees for another 40 feet [12 m]. Here, the tunnel widened into a room about 40 feet by 60 feet [18 m x 12 m] where stalagmites and stalactites appeared. Other descriptions mention a running waterfall inside the cave. So, this all sounds pretty cool but where would this be now and would it still possibly be there?

L'ancienne Brading’s Brewery puisait son eau à la caverne et les compagnies de boissons gazeuses Pure Spring et Crush Beverages auraient fait de même jusqu'en 1963, selon Andrew King.

Photo 1. - © Henri Lessard, avril 2014

Toujours selon M. King, les restes de l'intrigante tour érigée sur le trajet présumé de la caverne, au pied de l'escarpement de la rue Commissioner, derrière le parc des Provinces et des Territoires (photo 1), laissent sourdre un bruit d'eau courante (rushing water). L'ouverture de la tour, au sommet, a été bétonnée. 
Elle pourrait faire partie des aménagements qui de puiser l'eau de la caverne. (J'ai pris la photo en avril 2014 sans me douter le moins du monde de la signification possible de cet ouvrage qui m'intriguait.)

Photo 2. - © Henri Lessard, 4 déc. 2022

Mais une station de pompage des eaux usées voisine la tour (édifice cubique sur la photo 2) et des installations d'accès aux égouts se trouve à ses pieds. L'affichette « Sanitary Sewer /Égoût sanitaire » (en vert sur la photo 1) et les relents qui flottent dans l'air chassent les derniers doutes sur la nature du glouglou. Ce n'était pas le chant cristallin d'une eau de source qui s'entendait, mais l'écoulement des eaux usées dans des canalisations... Est-ce que l'on aurait utilisé le boyau que fournissait la caverne et les aménagements de la Brasserie ou de la Pure Spring pour installer les canalisations du quartier ? (Hypothèse personnelle.)

D'autres cavernes

Dans son état original, la caverne Pooley aurait pu faire concurrence à la caverne Laflèche de Wakefield (voir ce billet dans mon blogue) avec sa grande salle de 18 m x 12 m, ses stalagmites et ses stalactites. La caverne Laflèche traverse un marbre précambrien vieux de plus d'un milliard d'années. La caverne Pooley s'est attaqué à un calcaire ordovicien, à moitié plus jeune (444-485 millions d'années). Marbre ou calcaire, c'est le même matériau, le même minéral : la calcite, érodable et soluble.

Le calcaire ordovicien de la région s'avère décidément parcouru de crevasses et semés de vides. En vrac, on peut mentionner la caverne Cardinal dans l'est d'Ottawa, le réseau de couloirs creusés sous le lit de l'Outaouais à Pembrooke (ce billet), le « vide » dans le roc sous l'île Lemieux (ce billet), celui près du barrage des Chaudières (ce billet), sans oublier la caverne de Rockland (ce billet). Je me suis d'ailleurs laissé dire que les travaux de construction du quartier Zibi aux chutes des Chaudières avaient été compliqué par des effondrements causés par des vides insoupçonnés dans le socle rocheux. Et je ne parle pas du légendaire Trou du Diable, toujours aux Chaudières (ce billet).

Il y a quelques années, j'ai été prendre des photos dans le secteur de l'escarpement de la rue Commissioner, sans soupçonner l'existence d'une caverne. Comme elle semble avoir été oblitérée du paysage, j'ai des excuses de ne rien avoir deviné. La caverne Pooley s'ouvrait sur le plateau, près de la cathédrale Christ Church (altitude 72 m), passait apparemment sous l'escarpement et se jetait dans un chenal de l'Outaouais en aval du pont Poorley (44 m), soit une dénivellation de 28 m pour une longueur d'environ 350 255 m.

Murée, effacée, oubliée. Triste sort que celui de de la caverne Pooley... La grande salle et une partie du couloir existent peut-être encore sous terre ? Quand on pense aux dégâts que les générations de curieux ont infligés à la caverne Laflèche, je crois que la Pooley, ou ce qu'il en reste, est peut-être mieux préservée ainsi.

L'âge de la caverne (ajout)

Une note pour terminer. Les stalagmites et ses stalactites ne se forment pas en quelques mois ou quelques années. La caverne Pooley a donc plusieurs siècles (millénaires ?) d'âge. Une eau courante (eau de fonte des glaciers) ou encore l'eau salée de la mer de Champlain n'auraient pas permis la formation de stalactites et de stalagmites. La caverne, dans l'état encore intacte où on l'a décrite au XIXe s., existait depuis au plus 10 000 ans, époque du départ des eaux de la mer de Champlain. Par contre, il est possible que le conduit originel ait été creusé par l'eau de fonte des glaciers de la dernière glaciation il y a 12 000 ans et plus. (Hypothèses personnelles.)

samedi 18 décembre 2021

Stromatolites et thrombolites de Westboro à Ottawa

Photo 1 (déc. 2011). - Qu'est-ce que cette grosse boule (à gauche) entre les strates de calcaire ? Un stromatolite errant ? Rive de l'Outaouais à Ottawa, près de la plage Westboro.


Petit hasard, du genre de ceux qui me font sourire.

Nehza et Dix (2012) et moi avons photographié séparément et en ignorant tout de nos existences mutuelles le même bout d'affleurement sur la rive de l'Outaouais à Ottawa, dans les environs de la plage Westboro.

La relecture de l'article de Nahza et Dix m'a fait rouvrir un dossier de vieilles photos prises dans le secteur. C'est ainsi que j'ai fait découvert la coïncidence, laquelle n'avait rien d'inévitable. Que tout le monde photographie le Rocher Percé ou les chutes du Niagara est une chose ; qu'un bout de strates calcaires perdu dans les broussailles attire l'attention de personnes qui ne se sont pas consultées en est une autre.

Selon Nehza et Dix, l'affleurement offre une belle vue en coupe d'un banc de stromatolites noduleux (photos nos 2 et 3). D'autres, tel Christopher Brett, parlent plutôt de thrombolites (section plus bas). Pour éviter les équivoques, j'emploie pour la suite la terminologie adoptée par M. Brett.


« Un stromatolithe ou stromatolite (du grec strôma, tapis, et lithos, pierre) est une roche calcaire et/ou une structure marine biogénique et organique laminée double-couche (On parle aussi parfois de « thrombolite »). » (Wikipédia (version périmée), citée par Termium.)


Photo 2 - Coupe d'un banc de stromatolites nodulaires (nodular stromatolites) ou de thrombolites dans un calcaire de la Formation de Pamelia à Ottawa, près de la plage Westboro ; figure 8E (retouchée) de Nehza et Dix (2012).
Note. - Les autres photos du billet sont de moi.

Photo 3 (nov. 2013). - Même affleurement qu'a la photo no 2, photographié de façon tout à fait fortuite par votre serviteur. On remarque l'empilement des masses grises des thrombolites. (Voir aussi photo no 5.)


Ces stromatolites en larges dômes (photos nos 1 et 6) et ces thrombolites prolongent le domaine des stromatolites du Transitway dont j'ai déjà parlé (liens paragraphes suivants), lesquels sont les jumeaux de ceux, bien connus, qui affleurent du côté québécois de la rivière et qui ont d'ailleurs été inscrits parmi les Sites géologiques exceptionnels du Québec (liens par. suivants). 

LIENS (articles du présent blogue)

Stromatolites du pont champlain à Gatineau

  1. 15 oct. 2013, « Stromatolites exceptionnels (enfin !) »
  2. 11 mars 2013, « Stromatolites exceptionnels (presque !) »
  3. 24 nov. 2009, « Stromatolites, suite »
  4. 8 nov. 2009, « Colonie de stromatolites à Gatineau »

Stromatolites du Transitway à Ottawa


Photos 4 (nov. 2013). - Vue générale de l'affleurement de la photo no 3.


Photos 5 (nov. 2013). - Dômes ou galettes de thrombolites (et de stromatolites ?) gris dans le calcaire, même secteur que la photo no 4. Ces structures me font penser à celles observées à la carrière Lang à Ottawa (billets des 10 et 16 nov. 2013).


Thrombolites

Le blogue « Fossils and Geology of Lanark County, Ontario » de Christopher Brett signale la présence de thrombolites aux côtés des stromatolites près de Westboro dans un billet mis en ligne récemment : 

Les thrombolites s'apparentent aux stromatolites par leurs agents d'édification, les cyanobactéries. Les thrombolites sont des structures à microtexture coagulées, dépourvues de lamines internes caractéristiques des stromatolites, édifiées par des cyanobactéries dans des calcaires sublittoraux. (Mon adaptation de la définition de A. Allaby et M. Allaby, Oxford Dictionnary of Earth Sciences, 1999.)

« What is less well known is that fossil thrombolites are also visible along the Ottawa River. While thrombolites and stromatolites are both microbial structures, stromatolites have a layered structure while thrombolites lack the layers and have a clotted structure. Most who write on stromatolites and thrombolites assign the presence of the structures to different facies, where the growth of the two structures was regulated by different microbial assemblages in response to changes in environmental factors including sea levels. » (Blogue de Christopher Brett)

Le billet de M. Brett, en plus d'une abondante bibliographie, contient aussi des données très intéressantes sur les stromatolites du pont Champlain à Gatineau. Comme son titre l'indique, le blogue de M. Brett s'intéresse avant tout aux fossiles, sujet où je me sens perpétuellement débutant. C'est un excellent site à consulter si le sujet  - les fossiles, mais aussi la stratigraphie et la géologie en général - vous intéresse.

Les stromatolites et thrombolites de la rivière des Outaouais et du Transitway affleurent dans un calcaire de la Formation de Pamelia (Ordovicien supérieur, 458-443 millions d'années) (Nehza et Dix, 2012) du Groupe d'Ottawa. Ces structures florissaient dans des eaux peu profondes, près du littoral. Leur présence signale donc l'existence d'un ancien bord de mer dans la région.

Source 

  • Odette Nehza, George R. Dix, « Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario) », Revue canadienne des sciences de la Terre, 2012, vol. 49, no 10, p. 1177-1199, https://doi.org/10.1139/e2012-048
 

Photo 6 (nov. 2013). - Dômes de stromatolites qui bossèlent une strate de calcaire près de la plage Westboro, à Ottawa.


Photo 7  (déc. 2011). - Plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.



Photo 8 (déc. 2011). - Autre vue du plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.


Photo 9 (oct. 2011). - Il n'y a pas que des stromatolites et des thrombolites près de la plage Westboro ; cône de céphalopode et ces terriers fossiles. La pièce de 2 dollars canadiens vaut deux dollars (of course) ou deux cents cents, et mesure 28 mm de diamètre.


mardi 13 octobre 2020

Brique écossaise du lac Leamy (AJOUT)

Photo Paul Paquette, lac Leamy, Gatineau QC, 2017.
Cette demi-brique a été découverte par M. Paul Paquette au lac Leamy (Gatineau QC), à l'endroit où s'élevait le moulin à vapeur de la scierie d'Andrew Leamy (1854-1874 ; voir billet du 6 août 2020 ; « Le canal oublié du lac Leamy ».)

L
a brique portait une marque de son fabriquant. Seule la fin des trois lignes de l'inscription était lisible :

... ENT
... (W?)N & SON
...LEY


M. Paquette a aussitôt fait le lien avec les briques réfractaires importées d'Écosse trouvées sur le site voisin de l'ancien moulin à vapeur de la Gilmour & Hughson, au parc Jacques-Cartier (1873-1933 ; voir billet du 21 sept. 2020, « Les briques écossaises de la Gilmour ».

L'Écosse a longtemps été une grande productrice de briques réfractaires. Elles étaient recherchées pour leur qualité et les commandes affluaient de partout au monde. Le Château Frontenac par exemple se pare d'un « revêtement mural de brique de Glenboig orangée [1]. » À propos de la briquerie de Glenboig, justement, on dit ceci : « C'était la plus grande manufacture de briques réfractaires au monde à la fin du XIXe s. et les GLENBOIG ont été exportées dans presque tous les pays industrialisés (ma traduction) [2]. »

J'ai consulté le site Internet de Cranston, Scotland's Brick Industry, consacré, comme son nom l'indique, à l'industrie de la brique en Écosse. N'ayant pu trouver parmi sa nomenclature de briques une qui corresponde à celle de M. Paquette, j'ai envoyé un courriel à M. Cranston pour lui demander d'éclaircir la question.

[1]. - « Lieux patrimoniaux du Canada », http://www.historicplaces.ca/fr/rep-reg/place-lieu.aspx?id=1320, consulté le 4 mars 2017.
[2]. - « It was the largest fireclay company in the world at the end of the 19th century and GLENBOIG firebricks were being exported to nearly every industrial country in the world. » http://www.scottishbrickhistory.co.uk/glenboig-3/, consulté le 4 sept. 2016.

Voici la réponse de M. Cranston, venue par courriel, texte et photo :

Photo Mark Cranston.
« Yes indeed your brick is Scottish and would have read "Patent R Brown & Son, Paisley''. 

Robert Brown was a very influential businessman in the Paisley, Glasgow area and he was also the Provost of Paisley for a number of years.

He owned several brickworks in the area, Ferguslie Fireclay Works, Shortroods Brick and Tile Works and the Caledonian Brick and Drain Pipe Works. »

Bref, la brique de M. Paquette est bien d'origine et de fabrication écossaise. Celle de M. Cranston est toutefois plus photogénique que la sienne...

La brique du lac Leamy et de celles de la Gilmour pourraient cependant provenir de remplissages récents (après 1950). Mais comme elles ont été trouvées à l'endroit où se sont élevés autrefois des moulins à vapeur, j'accorde un poids relatif à cette hypothèse. Les briques ont toutes les chances d'être des reliques de ces anciens moulins.

Elles ont traversé l'Atlantique pour servir quelque part à quelque chose avant d'être répandues au sol ! Il serait intéressant de savoir s'il y a eu d'autres moulins à vapeur dans la région. Sujet à explorer...

Notons que si les fondateurs de la Gimour étaient d'origine écossaisse, Andrew Leamy était d'origine irlandaise (voir mes deux billets cités plus haut).

Montage et retouches Henri Lessard © 2018.


Le lac Leamy : position du moulin à vapeur de la scierie d'Andrew Leamy, 1884 vs 2018.

1884 (carte)
A : Old Canal (datant de 1848); 
B : New Canal (datant de 1865); 
C : Leamy’s Old Steam Mill; 
D : décharge du Lac Leamy dans l’Outaouais; 
E : entrée du cours d’eau intermittent qui s’écoulait dans le ruisseau de la Brasserie; 
RG : rivière Gatineau; pointillé dans la Gatineau : estacades.
Modifié du Plan of the government works at the mouth of the Gatineau River. Surveyed by W.J. Macdonald. P.L.S. Ottawa, Dec. 6th 1884. J.H. Roy (détail).
No MIKAN 4133993, 
Bibliothèque et Archives Canada.


2018, photo satellite (© Google)
I : île dans la Gatineau ; 
LC : lac de la Carrière.

AJOUT (14 oct. 2020)

À propos de la possibilité de trouver des briques écossaises ailleurs dans la région, signalons celle trouvée à Rockland (ON) et dont parle le site Scotland's Brick and Tile Manufacturing Industry de Mark Cranston.

Il s'agit d'une Gartcraig Scotland No 6*. Elle a été trouvée par Helen Pace : « The brick we found in our yard in Rockland, Ontario, Canada », selon ses propres mots.

* Le site de la Gilmour a donné une Gartcraig Scotland No 1. (Voir le billet du billet du 21 sept. 2020, « Les briques écossaises de la Gilmour ».)

Gartcraig Scotland No 6.
Photo Helen Pace, Rockland ON, dans : 

Rockland est située à moins de 50 km à l'est de Gatineau, sur la rive droite de l'Outaouais, en Ontario. 

« In 1868, a young entrepreneur, William Cameron Edwards, decided to establish a sawmill at the McCaul point [Rockland]. [...] The woodmill owned by W. C. Edwards closed in 1926, as a result of the economic turmoil following the First World War. » (Wikipédia)

Le moulin à vapeur de Rockland a été la proie des flammes en 1875 pour être ensuite reconstruit*. 

* Hughson, John W. et Courtney C.J. Bond. Hurling Down The Pine. The story of the Wright, Gilmour and Hughson Families, Timber and Lumber Manufacturers in the Hull and Ottawa Region and on the Gatineau River, 1800-1920. Chelsea, Historical Society of the Gatineau, 1987, 3e édition, révisée, (1re éd. 1964), p. 51.

Moulin à scies (à vapeur) Edwards, à Rockland ON, en 1914. Au loin, la rivière des Outaouais et la Bouclier canadien, au Québec, sur la rive nord.

Source : Histoire de Rockalnd. E. Paul, 1914 ; don de John Conningham, Bibliothèque Publique de Clarence-Rockland, Digital Prescott Russell en Numérique.  

Le fait que ces briques réfractaires écossaises n'ont été rencontrées jusqu'ici que sur le site d'anciens moulins à vapeur conforte l'hypothèse qu'elles proviennent bien de ces moulins. Mais pourquoi tant de briques disparates pour trois moulins à vapeur ? La question, déjà posée dans le billet du billet du 21 sept. 2020 (« Les briques écossaises de la Gilmour ») n'a toujours pas trouvé de réponse satisfaisante. Le fait qu'ils aient souvent été incendiés et reconstruits explique peut-être en partie la variété des débris.

Brique après brique, nous arriverons bien à quelque chose...

samedi 14 septembre 2019

Hors sujet : archives informelles de la Cour suprême du Canada (suite)


Complément au dernier billet. Comme précédemment, du plus récent au plus ancien.


H.M.
G.B.
78



Dans un coeur percé d'une flèche :
LZ
+
BA
75



À défaut d'être finement ciselé, c'est franchement incisé :
KEN
CASEY
74
Volute décorative



Dans un coeur percé d'une flèche : début et fin d'un amour ?
1973 1982
J Z
L   7/24/82
J A
S
RIP Éros 1973-1982 ?

Faut une certaine fidélité pour revenir ajouter la date de la fin d'un amour au coeur qu'on a gravé plusieurs années plus tôt pour annoncer sa naissance à l'univers. Un peu de fatalisme aussi. (Les années sont au-dessus du J et du Z. Aussi, à la gauche du L : 7/24/82 (date de la rupture ?) La main qui a gravé les dates ne semble pas celle qui a gravé les lettres. En tout cas, elle y est allé avec un peu plus de délicatesse.)



Dans un grand coeur, avec de grandes capitales :
FRANK JEANNINE
1964



Mauvaise photo. Les parties blanches sont surexposées.
??
1963



En haut à gauche :
MK
1961 (?)
Le 1973 1982 en bas est traité par une autre photo.



H. EDEY
1960



Pas très lisible :
C.?
1955



Début et fin de l'idylle (5 sept. 1954-3 ? 1965) ?
M??g(r) H??er?
Ulrich Ruch
5.IX.54/3.?65



Illisible, sauf le coeur, mais ça semble bien ancien.

jeudi 12 septembre 2019

Hors sujet : archives informelles de la Cour suprême du Canada



RM
8/1981

Peu de gens le savent, mais il existe un belvédère à l'arrière du parking de la Cour suprême, à Ottawa. L'édifice est construit sur un plateau calcaire qui domine d'une hauteur d'environ 20 m la rivière des Outaouais. Je ne sais si la vue offerte depuis cette éminence est belle, mais vue il y a incontestablement : vue sur la rivière, l'île Hull (voir billet précédent), les usines et les buildings gouvernementaux sur la rive nord, à Gatineau, (Québec).

Un muret de pierre empêche les curieux de tomber en bas de la falaise. Des graffitis sont inscrits dans le grès tendre qui lui sert de matériau et d'une main souvent maladroite (zeugme). Plusieurs remontent à quelques décennies, certains sont plus vieux que moi, c'est dire ! Il faut croire que le rythme des inscriptions est assez lent, sinon les nouvelles auraient oblitéré les anciennes.

Je me suis employé (en marge de recherches plus sérieuses, évidemment) à répertorier les plus vénérables de ces graffitis, espérant mettre la main sur le plus ancien. Je crois l'avoir repéré, il date de 1947 (l'édifice a été construit en 1938-1940). Voyez les plus vieux de ces graffitis, le plus récent datant de 1981, disposés ici en ordre chronologique décroissant.

Je ne suis pas certain d'avoir toujours bien déchiffré les inscriptions sur lesquelles le temps est passé. Les patronymes, en particulier, peuvent donner lieu à plusieurs interprétations. Si vous pensez que je me suis trompé d'une manière ou d'une autre, laissez un commentaire. 

On notera la nette prédominance de l'anglais, en fait la seule langue présente dans tous les cas où il est possible de reconnaître la langue utilisée : comment, par exemple, deviner celle de l'auteur d'une telle inscription : RM 8/1981 ?



WE
4/16/76


Dans un drapeau en haut d'un mat (retranscription corrigée le 13 sept. 2019 à l'aide d'une nouvelle photo) :
CLAUDIA
G. GINIS
GREECE
AUG. 27-72



À l'envers :
ML
1972



ROBIN SARAH
'69'
Nous supposons qu'il ne s'agit que de l'indication de l'année. Sinon, voir Gainsbourg et Birkin :  69, année érotique.



Dans un coeur :
DOREEN
PAUL
BERNARD
SKEHEN
6 SEP 65



Dans un coeur :
PETE HALL
LOVES
DARLENE OWIER (OWLER ?)
MARCH 4(?) 1965



Vue sur l'île Hull, au milieu de la rivière des Outaouais. Voir billet précédent.



Dans un coeur :
DON
FUCKE(D?)
COLEEN
6-1963
Coleen n'a pas démenti.



Dans un ovale (coeur ?) surmonté d'une croix :
AB
1947
7 SN
La plus ancienne date relevée.


5 novembre 1963. La Cour suprême du Canada, en bas à gauche, la rivière des Outaouais servant d'autoroute aux billes de bois. Le belvédère est la structure en demi-cercle derrière l'édifice. L'île Hull, qui apparaît dans une photo plus haut, est au centre, en haut du cliché (voir billet précédent). Source : Photothèque nationale de l'air (PNA), photo A18339-10, 5 nov. 1963.

mercredi 24 juillet 2019

Joli bloc à Kanata (ajout)



Photo 1A. - Pelouse bien décorée - eh non, je ne parle pas des fleurs. Une gneiss mélanocrate (noir) est recoupé par un granite gris gneissique ; tous deux ont été recoupés ensuite par un granite rose plus grossier. Kanata (Ottawa), juillet 2019. Voir AJOUT pour autre interprétation, plus probable.


Belle pierre à Kanata, banlieue d'Ottawa, à l'entrée de Petra Private. (Petra, c'est un nom prédestiné.)

Certaines personnes ont le bon goût de ne pas jeter ou ensevelir les pierres extraites ou dévoilées par les travaux de construction. La chose est particulièrement fréquente à Kanata. À quand le prix de la ville la plus « roche » ?

Le bloc, qu'on aperçoit à l'entré de la rue Petra depuis l'avenue Kanata, montre un gneiss mélanocrate (noir) recoupé par un granite gris gneissique : des rubans et des « lacets » noirs flottent, emportés par le granite. Des plissements verticaux (selon la disposition actuelle du bloc) affectent à la fois le granite gris et ses enclaves noires (voir photos 2A,B). Le tout a été recoupé ensuite par un granite orangé plus grossier, tardif. (Le bloc étant sur un terrain privé, je n'ai pas pu l'examiner avec toute l'attention qu'il méritait.)

AJOUT (12 sept. 2019)

On peut interpréter les choses différemment. Il s'agirait d'un gneiss granitique (ou antérieurement granitisé ?) lardé de filons mélanocrates qui l'ont envahi. L'ensemble aurait ensuite été plissé et puis finalement recoupé par le granite rose grossier. Les plis des filons mélanocrates font penser à ceux recoupant un marbre au lac Barnes, plus au nord (Québec). Voir billet du 30 sept. 2017.



Photo 1B. - Détail de la photo 1A. Des lambeaux de gneiss noir, parfois réduits à l'épaisseur d'une feuille, sont emportés par le granite gris, gneissique lui aussi. Le granite rose, tardif, est plus grossier.



Photo 2A. - Autre vue.



Photo 2B. - Détail de la photo 2A. Lambeaux de gneiss noir plissés en accordéon, à droite, indices de pressions verticales (selon la disposition actuelle du bloc), perpendiculaires aux longs rubans. Le granite gris a subi les mêmes pressions que les enclaves noires.



Photo 3. - Autre vue.



Photo 4. - Des roches semblables, encore en place, existent dans les environs immédiats. Lambeaux de gneiss sombre dans le granite orangé. Voyez le lit blanc plissé formant une sorte de C à l'envers, à droite. Photo juillet 2016.



Photo 5. - Vue rapprochée de l'affleurement de la photo 4. Gneiss noir recoupé par granite gris (bien visible en haut à droite) ; granite rose grossier recoupant ces deux derniers. Les mêmes ingrédients que dans le bloc de la photo 1A,B, dans des proportions différentes. Ici, le granite rose l'emporte. On peut même dire qu'il emporte tout ! Photo juillet 2016.

mardi 28 août 2018

Discordance Bouclier canadien et plate-forme du Saint-Laurent à Kanata : mise à jour



Photo 1. - Discordance Bouclier canadien - plate-forme du Saint-Laurent à Kanata (Ottawa, ON). Chemin Old Second Line, à l'intersection avec la promenade Terry Fox.
À gauche (sud), paragneiss et quartzite, province de Grenville (Bouclier canadien), plus d'un milliard d'années (Protérozoïque) ;
À droite (nord), grès de la formation de March ou de Nepean, plate-forme du Saint-Laurent, env. 500 millions d'années (Paléozoïque).
...
Pour la suite, suivre ce LIEN vers le billet du 14 juillet 2018.

J'ai réécrit mon billet du 14 juillet dernier pour qu'il tienne compte de nouveaux éléments. Il reste qu'il demeure peu satisfaisant. Conçu pour être une simple note à moi-même sous l'aspect d'une communication adressée à tous, j'ai dû multiplier les explications dont, personnellement, je ne sentais pas le besoin. Incomplètes et ajoutées après coup, elles alourdissent le billet, mais qu'y faire ? Je ne sais jamais exactement à qui je m'adresse. À ceux qui en savent moins que moi, autant que moi ou plus que moi ? Ceux qui en savent moins ne trouveront pas les explications qui leur manque ou ils ne les rencontreront pas sous la forme qu'il faudrait ; ceux qui en savent plus jugeront la chose simplette et étriquée. Tous s'accorderont sur le fait que le billet est illisible.

Je me retrouve donc devant la situation suivante : refaire encore le billet pour satisfaire tout le monde et moi-même ou laisser les choses en l'état.

Ces dilemmes - écrire en fonction d'un public bien défini, décider si je publie des notes ou des articles de vulgarisation - se posent depuis les débuts du blogue et je n'ai jamais pu les résoudre. 

Le résultat ? Des billets trop ou pas assez écrits...



mercredi 22 août 2018

La grenouille et le gneiss à grenat



Banal spécimen de paragneiss à grenat (le grenat est rouge). La photo a été prise dans un champ à Kanata (ouest d'Ottawa), à l'est de la promenade Terry-Fox et au nord du croissant de l'Escarpment (pas d'erreur, le nom est anglais). (Toutes les photos : 22 août 2018.)

L'intérêt de la paroi n'est pas seulement géologique. Une intruse s'est installée dans le cadre de mes prises de vue. Saurez-vous la repérer ? Voyez la photo suivante (le défi est plus facile que le jeu des 7 erreurs) :





Si vous ne voyez toujours pas, peut-être que vu sous cet angle :




Une petite grenouille impassible se confondait parfaitement avec la paroi rocheuse. Elle avait eu l'intelligence de se placer sur un fond blanc, là où elle passerait le plus facilement inaperçue. Elle a conservé son immobilité tout le temps de ma présence au point où j'ai été obligé de la bousculer un peu avec une brindille pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une esquille rocheuse prête à se détacher de la paroi. Madame (ou Monsieur) n'a pas daigner remuer un doigt ou un orteil. J'ai préféré ne plus l'importuner. 

La question est évidemment celle-ci : existe-t-il une espèce de grenouille adaptée à chaque type de roche ? (Et si quelqu'un sait à quelle espèce elle appartient, me le dire.)

AJOUT (26 août 2018)

« La grenouille est une rainette versicolore, disponible dans toutes les couleurs. » (Voir commentaire de Roger Latour.) S'il existe des rainettes de toutes les couleurs, choisissent-elles les surfaces où elles se posent en fonction de leur couleur ? (Se posent-elles où elles s'exposent le moins, quoi.)



L'affleurement entier.


Champ promis au développement immobilier. Ce paysage ne sera bientôt plus qu'un souvenir. L'affleurement à la grenouille est tout au fond, à droite de la colline, à l'aplomb du plus grand des sapins.



Détail. Une fois que sa présence a été relevée, la grenouille est bien visible, même à cette distance.