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jeudi 26 juillet 2012

Nodules sans commentaires


Nodules calcareux trouvés dans l'argile de la mer de Champlain, à Ottawa, sur les rives de l'Outaouais, entre l'embouchure du ruisseau Green et le parc Hiawatha. (Pour localisation, voir à la toute fin du billet, sous «PAYS/TERRITOIRE», le lien vers la carte Google.)


Nodules calcareux fusionnés.


Nodule fixé à un bloc de gneiss qui s'écaillait, ce qui a permis de prélever sans problème cet échantillon. (Le bloc a moins bien résisté à son séjour prolongé (10 000 ans, voir passage cité plus bas) dans l'argile que le tout petit nodule...)


Un des intérêts de ces nodules est de contenir (parfois) des restes de la faune de la fin de la dernière glaciation, il y a 10 000 ans : coquilles de mollusques, squelettes de poissons, d'oiseaux ou d'une grenouille (voir le second des liens, plus bas), etc.

Comme ces photos n'avaient pour but que de montrer à quelqu'un à quoi ces nodules pouvaient ressembler, il n'y aura pas d'autres commentaires.

Quand même, ne soyons pas chiches, voici deux liens :

 «Un squelette bien préservé d'une grenouille léopard (Rana pipiens) a été trouvé dans un nodule calcaire, collecté près de Eardley, Québec. De tels nodules apparaissant dans la région d'Ottawa datent de la phase du delta d'Ottawa de la mer de Champlain, il y a environ 10 000 ans avant le Présent; on peut y trouver aussi des vestiges de poissons, oiseaux, mammifères, coquilles de mollusques marins et autres invertébrés et plantes. Les analyses palynologiques de la matrice accompagnant le spécimen suggèrent soit : (1) que la région où vivait cette grenouille était dominée par des communautés forestières, ou (2) si on présume que ce spécimen est issu d'une grande étendue d'eau, dans ce cas le milieu était composé de communautés d'herbe et arbuste avec des arbres sporadiques. C'est la première fois que l'on décrit un amphibien dans les dépôts de la mer de Champlain. Le spécimen indique la présence d'une prairie herbeuse à proximité du littoral.»

AJOUT (même journée). – Un lien encore :


dimanche 15 novembre 2009

D'un blog à l'autre

Photo (pour une fois non numérotée). – Escarpement d'Eardley, à Gatineau (Québec). Cet important phénomène géologique semble dispaître sous un vert camouflage. Ah ! le «végétal irrégulier», comme disait Baudelaire...

J'ai toujours eu une sorte de penchant (lire : tendresse) pour les terrains vagues, les champs en friches, les paysages de bric et de broc ou coexistent le béton, la broussaille et la graminée. Pourtant, je ne connais rien à la botanique, urbaine ou champêtre : je sais distinguer les pissenlits (facile, on en voit tant) des baobabs (facile, on n'en voit jamais), c'est à peu près tout.

Malgré ces handicaps, quand je visite certains blogues (voir mon «Profil»), je lis, je vois et je reste cloué à mon écran. Des images reviennent à ma mémoire – j'ai grandi en ville, à une époque où on laissait les enfants jouer dehors. Je débusque le brin d'herbe anarchiste au fond des parkings, le long des voies ferrées, à l'ombre des usines désaffectées et jusque derrière le revêtement craquelé du dépanneur du coin. Sans oublier l'arbuste squatteur, nomade et ubiquiste, les arbres, et les grands arbres, à l'étroit ou à l'aise, dans leur ruelle ou leur parc.

Le nom des plantes reste encore pour moi une langue étrangère, mais je découvre dans ces blogues une extrême attention aux petites choses qui en disent beaucoup, à la nature sous toutes ses formes. J'y découvre de la passion et du savoir.

Je crois aussi que l'art nous apprend à voir et à apprécier la réalité.

Sans la végétation, d'abord Gaïa serait un peu toute nue, sans même une feuille de vigne pour se vêtir ; ensuite, il n'y aurait pas de géologues, amateurs ou non.

Les chutes de Luskville (addendum)


Mise en page revue le 20 janv. 2016.




Dans la série des billets (presque) sans chronologie, définitions ou références...


Les chutes de Luskville, sur le flanc de l'escarpement d'Eardley (photo 578, entre les deux collines), se trouvent à quelques km à l'Ouest de Gatineau (Québec). La photo 584 montre l'une de ces chutes, la plus basse, presque au niveau de la plaine, au pied de l'escarpement (point 2 sur le panneau explicatif installé par la Commission de la capitale nationale). La photo 597 a été prise quelques dizaines de m au dessus de la chute (point 3 du panneau), d'une plate-forme où le panorama nous fait découvrir la plaine que traverse la rivière des Outaouais, au loin (à la droite de l'image).





Les glaciers qui ont autrefois recouvert la région ont laissé derrière eux des reliefs nettoyés de leurs aspérités. Les roches à l'avant-plan de la photo 597 sont un vestiges directs de l'action des glaciers, comme l'indiquent leurs formes douces et arrondies.





L'escarpement a entier été recouvert par les glaciers et n'a pas échappé à leur action érosive – revoyez le profil arrondi des collines de la photo 578.





Le type de roche qui prédomine à cet endroit de l'escarpement d'Eardley est la syénite (roche apparentée au granite). Les surfaces (photo 597) paraissent piquetées, comme vérolées. Les minéraux les plus friables et les plus altérables (ici, de la hornblende surtout) ont disparus, laissant des surfaces semées de petites dépression. Je présume que l'altération et la disparition de ces minéraux est postérieur au polissage glaciaire. On constate même que la roche pèle : la syénite se débite par plaque, elle se desquame en «pelure d'oignon».





La photo 599 (prise au dessus du point 3) semble révéler un plan rapproché de la peau d'un vieil éléphant... Même surface rugueuse qu'à la photo 597, même adoucissement, moins accompli toutefois. La syénite est parcourue de diaclases, c'est à dire de cassures sans rupture ni déplacement du roc.


Retour à la chute, la photo 597 : un mur de syénite vertical, au rebord cassant, des surfaces lisses. Cette paroi est postérieure aux glaciations et aux altérations qui ont piquetées ailleurs la surface de la syénite, sans parler de ses «pelures d'oignons».

Les glaciers ont libéré la région il y a 12 000 ans. La cassure dans le roc qui a donné naissance à la chute de la photo 584 date donc de moins de 12 000 ans. Nous devinons qu'elle ne s'est pas produite «hier». Je dispose d'une belle marge d'erreur au cas où on me poserait la question : «Quand s'est produite cette cassure ?»

En fait, la réponse, un peu embarrassée, est : «Je ne sais pas.» Encore heureux qu'on ne me demande pas comment s'est produite cette cassure... Une diaclase qui aurait cédé ? Sous l'action du gel sans doute. Où sont les débris de l'éboulement ? – mais il y a tant de blocs de roche à cet endroit...

Dernier coup d'œil aux photos ; le cliché 579 (détail de la photo 578) montre que les parois abruptes sont fréquentes sur l'escarpement. Sans doute autant d'effondrements post-glaciaires ?





Si vous pensez détenir le fin mot de cette histoire, je vous le laisse volontiers...


Photos : juillet 2009.



Notes et références, malgré tout...

Hogarth et Moore écrivaient en 1972 que des veines de calcite traversaient la syénite et que la dissolution de l'une d'elles avait causé un éboulement sur l'escarpement d'Eardley en 1960, à un endroit situé quelques km au Sud-Est des chutes Luskville. Ils précisaient qu'il en subsistait encore des traces visibles. Je n'ai jamais vu ces traces et je n'ai jamais entendu parlé de cet éboulement ni d'aucun autre sur l'escarpement. [Voir, au sujet de cet éboulement, le billet du 6 févr. 2014.]


  • Hogarth D.D., Moore J.M., dans : Baird D.M. (compil. et édit.), 1972 — Géologie de la région de la Capitale nationale. Commision géologique du Canada, livret guide bilingue, 24e congr. géol. internat., Montréal, excursions B23 à B27, 2 fois 36 p.

Un article que j'ai récemment déniché traite justement de ce problème, l'existence de parois abruptes sur les flancs «arrondies» de collines touchées par l'érosion glaciaire. L'auteur démontre que la formation de ces abrupts par éboulements a commencé dès le départ des glaciers et se poursuit de nos jours :


  • Jean-Claude Lasserre, «Les pentes raides de la vallée de la rivière du Nord – Étude de versants-échantillons.» Dans : Cahiers de géographie du Québec, vol. 10, n° 19, 1965, p. 73-88. Version numérique : http://id.erudit.org/iderudit/020564ar



Addendum (15 nov. 2009)





Une preuve de l'origine post-glaciaire de l'altération des surfaces : la syénite est aussi altérée dans ses parties mises au jour par le «pelage» que dans ses parties laissées en place (photo 597a : gros plan du cliché 597).

On peut même se demander si la surface originellement polie par le glacier n'a pas déjà été pelée... Mais il y aurait dans ce cas plusieurs niveaux de «pelures» et ça ne semble pas être le cas.

La roche semble s'altérer en surface et, simultanément (et au même rythme), par l'infiltration d'eau dans des fractures parallèles à ses contours qui préparent la formation des plaques.