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samedi 18 décembre 2021

Stromatolites et thrombolites de Westboro à Ottawa

Photo 1 (déc. 2011). - Qu'est-ce que cette grosse boule (à gauche) entre les strates de calcaire ? Un stromatolite errant ? Rive de l'Outaouais à Ottawa, près de la plage Westboro.


Petit hasard, du genre de ceux qui me font sourire.

Nehza et Dix (2012) et moi avons photographié séparément et en ignorant tout de nos existences mutuelles le même bout d'affleurement sur la rive de l'Outaouais à Ottawa, dans les environs de la plage Westboro.

La relecture de l'article de Nahza et Dix m'a fait rouvrir un dossier de vieilles photos prises dans le secteur. C'est ainsi que j'ai fait découvert la coïncidence, laquelle n'avait rien d'inévitable. Que tout le monde photographie le Rocher Percé ou les chutes du Niagara est une chose ; qu'un bout de strates calcaires perdu dans les broussailles attire l'attention de personnes qui ne se sont pas consultées en est une autre.

Selon Nehza et Dix, l'affleurement offre une belle vue en coupe d'un banc de stromatolites noduleux (photos nos 2 et 3). D'autres, tel Christopher Brett, parlent plutôt de thrombolites (section plus bas). Pour éviter les équivoques, j'emploie pour la suite la terminologie adoptée par M. Brett.


« Un stromatolithe ou stromatolite (du grec strôma, tapis, et lithos, pierre) est une roche calcaire et/ou une structure marine biogénique et organique laminée double-couche (On parle aussi parfois de « thrombolite »). » (Wikipédia (version périmée), citée par Termium.)


Photo 2 - Coupe d'un banc de stromatolites nodulaires (nodular stromatolites) ou de thrombolites dans un calcaire de la Formation de Pamelia à Ottawa, près de la plage Westboro ; figure 8E (retouchée) de Nehza et Dix (2012).
Note. - Les autres photos du billet sont de moi.

Photo 3 (nov. 2013). - Même affleurement qu'a la photo no 2, photographié de façon tout à fait fortuite par votre serviteur. On remarque l'empilement des masses grises des thrombolites. (Voir aussi photo no 5.)


Ces stromatolites en larges dômes (photos nos 1 et 6) et ces thrombolites prolongent le domaine des stromatolites du Transitway dont j'ai déjà parlé (liens paragraphes suivants), lesquels sont les jumeaux de ceux, bien connus, qui affleurent du côté québécois de la rivière et qui ont d'ailleurs été inscrits parmi les Sites géologiques exceptionnels du Québec (liens par. suivants). 

LIENS (articles du présent blogue)

Stromatolites du pont champlain à Gatineau

  1. 15 oct. 2013, « Stromatolites exceptionnels (enfin !) »
  2. 11 mars 2013, « Stromatolites exceptionnels (presque !) »
  3. 24 nov. 2009, « Stromatolites, suite »
  4. 8 nov. 2009, « Colonie de stromatolites à Gatineau »

Stromatolites du Transitway à Ottawa


Photos 4 (nov. 2013). - Vue générale de l'affleurement de la photo no 3.


Photos 5 (nov. 2013). - Dômes ou galettes de thrombolites (et de stromatolites ?) gris dans le calcaire, même secteur que la photo no 4. Ces structures me font penser à celles observées à la carrière Lang à Ottawa (billets des 10 et 16 nov. 2013).


Thrombolites

Le blogue « Fossils and Geology of Lanark County, Ontario » de Christopher Brett signale la présence de thrombolites aux côtés des stromatolites près de Westboro dans un billet mis en ligne récemment : 

Les thrombolites s'apparentent aux stromatolites par leurs agents d'édification, les cyanobactéries. Les thrombolites sont des structures à microtexture coagulées, dépourvues de lamines internes caractéristiques des stromatolites, édifiées par des cyanobactéries dans des calcaires sublittoraux. (Mon adaptation de la définition de A. Allaby et M. Allaby, Oxford Dictionnary of Earth Sciences, 1999.)

« What is less well known is that fossil thrombolites are also visible along the Ottawa River. While thrombolites and stromatolites are both microbial structures, stromatolites have a layered structure while thrombolites lack the layers and have a clotted structure. Most who write on stromatolites and thrombolites assign the presence of the structures to different facies, where the growth of the two structures was regulated by different microbial assemblages in response to changes in environmental factors including sea levels. » (Blogue de Christopher Brett)

Le billet de M. Brett, en plus d'une abondante bibliographie, contient aussi des données très intéressantes sur les stromatolites du pont Champlain à Gatineau. Comme son titre l'indique, le blogue de M. Brett s'intéresse avant tout aux fossiles, sujet où je me sens perpétuellement débutant. C'est un excellent site à consulter si le sujet  - les fossiles, mais aussi la stratigraphie et la géologie en général - vous intéresse.

Les stromatolites et thrombolites de la rivière des Outaouais et du Transitway affleurent dans un calcaire de la Formation de Pamelia (Ordovicien supérieur, 458-443 millions d'années) (Nehza et Dix, 2012) du Groupe d'Ottawa. Ces structures florissaient dans des eaux peu profondes, près du littoral. Leur présence signale donc l'existence d'un ancien bord de mer dans la région.

Source 

  • Odette Nehza, George R. Dix, « Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario) », Revue canadienne des sciences de la Terre, 2012, vol. 49, no 10, p. 1177-1199, https://doi.org/10.1139/e2012-048
 

Photo 6 (nov. 2013). - Dômes de stromatolites qui bossèlent une strate de calcaire près de la plage Westboro, à Ottawa.


Photo 7  (déc. 2011). - Plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.



Photo 8 (déc. 2011). - Autre vue du plancher de thrombolites ? Rive de l'Outaouais, près de la plage Westboro.


Photo 9 (oct. 2011). - Il n'y a pas que des stromatolites et des thrombolites près de la plage Westboro ; cône de céphalopode et ces terriers fossiles. La pièce de 2 dollars canadiens vaut deux dollars (of course) ou deux cents cents, et mesure 28 mm de diamètre.


mercredi 26 juillet 2017

Adieu, stromatopores de la promenade Sussex



Fig. 1. - Deux stromatopores datant de l'Ordovicien (485-443 Ma), promenade Sussex, à Ottawa, révélés par l'altération du calcaire. Photo 28 janv. 2012. Voir fig. 2a et 2b.


Ce blogue a eu l'occasion déjà de déplorer des disparitions. Celle des pagaies du monument des Voyageurs (13 juillet 2017), du saule de l'Île-Hull (8 juin 2017) et de la falaise de calcaire du boulevard Maisonneuve (20 mai 2014), toutes ayant eu pour cadre la Ville de Hull (Gatineau). En voici une nouvelle, d'une moindre ampleur, touchant la Ville d'Ottawa cette fois.

Les stromatopores de la façade du 459, promenade Sussex, à Ottawa (voir le billet du 1er nov. 2012 pour en savoir un peu plus sur ces fossiles), préservés jusqu'à récemment dans un calcaire ordovicien (485-443 Ma), n'ont pas survécu aux travaux de restauration qui se tiennent cet été. J'ignore si les vieilles pierres ont été remplacées ou si on s'est contenté de retravailler leur surface (je penche pour la première hypothèse : comparez les fig. 3 et 4). Le résultat dans les deux cas est le même : les stromatopores ont disparus. La perte n'est pas immense au point de vue scientifique. C'est un deuil strictement personnel, ces charmants fossiles étaient devenus des points de repère familiers dans mes promenades.

Le 457-459 Sussex fait partie des bâtiments patrimoniaux de la Ville d'Ottawa. Il a été construit en 1850 par l'architecte King Arnoldi. L'édifice avait vocation d'accueillir des commerces et des bureaux. Il est propriété de la Commission de la capitale nationale (CCN) depuis 1961. (Voir Wikipedia (l'édifice porte le no 4715) et Lieux patrimoniaux du Canada.)

La pierre calcaire abonde à Ottawa et les environs, les carrières étaient nombreuses autrefois (voir le billet du 9 sept. 2015 sur les carrières à Hull). On a utilisé le calcaire local pour construire les édifices de la promenade Sussex. Je me demande cependant d'où provient le calcaire neuf utilisé pour la restauration. Je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il a été plus simple de le faire venir d'ailleurs. C'est comme si le Sahara importait du sable. Quant à interroger la CCN... La Commission semble avoir les Portugaises ensablées quand je m'adresse à elle.

Savez-vous que le site de l'Eozoon canadense est menacé par un développement domiciliaire ? (Voir billet du 3 févr. 2017.) La suite dans un prochain billet.



Fig. 2a. - Gros plan du gros stromatopore en dôme de la fig. 1. Largeur de l'individu : env. 20 cm. La rouille a dû contribuer à la desquamation du calcaire et à la mise au jour du fossile.



Fig. 2b. - Gros plan du petit stromatopore de la fig. 1. 



Fig. 3. - État des lieux le 28 janv. 2012. Les stromatopores sont au centre de la photo.



Fig. 4a. - État des lieux le 25 juillet 2017. La vieille pierre a été remplacée par neuve, fraîchement bouchardée.



Fig. 5. - Le 457-459 promenade Sussex, Ottawa. Photo Margaret Coleman, Canadian Parks Service, 1988.


AJOUT (8 mai 2019)
459, prom. Sussex, 6 mai 2019.


La pierre qui portait le stromatopore est marquée d'un X. Photo 6 mai 2019.

samedi 16 novembre 2013

Retour à la carrière Lang's


Fig. 1. Clair : stromatolites(?) et «other curved shapes of uncertain origin» 
de Fryson (lien plus haut). Sombre : calcaire à stratifications obliques.
(Photo 9 nov. 2013)



Résumé et liens

Stromatolites(?..., etc.) dans un calcaire bioclastique ordovicien (490-445 millions d'années) aux stratifications entrecroisées, à Ottawa.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Voir billet (ce blogue) sur le même site
«Stromatolites ?...», 10 nov. 2013
  Autres billets (ce blogue) sur les stromatolites
«Colonie de stromatolites à Gatineau», 8 nov. 2009
«Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite», 1er nov. 2011
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)




Je ne peux me détacher des photos que j'ai ramenées de la carrière Lang's, à Ottawa.

La question de l'identification des ces entités ductiles à l'aspect amiboïde (sauf respect que je leur dois) fossilisées dans le calcaire n'a pas progressé, du moins pas autant que je l'aurais espéré. J'ai mon idée, déjà exprimée dans mon billet du 10 novembre (lien plus haut, dans «Résumé»).

En attendant le fin mot, reste que l'examen des photos révèle des paysages fascinants. À suivre...


Fig. 2. Vue rapprochée du mur de calcaire de la fig. 1.


Fig. 3. Gros plan sur la fig. 2. Cratères arrondis et rouille interne.


Fig. 4. Zoom encore plus rapproché sur la fig. 2. Intérieur rouillé révélé par la chute d'une «croûte» de la pierre. Ça me rappelle la photo d'une autre formation non identifiée (stromatolite ou stromatopore) : voir les deux premières photos de cet ancien billet.


Fig. 5. Nouveau détail de la fig. 2. Les sillons obliques parallèles sont des joints ou fractures creusés par l'érosion. Des débris de fossiles (bioclastes) se sont déposés en couches ou ont rempli les interstices entre les grands éléments aux formes souples. Identifications à venir.


Fig. 6. Vue rapprochée de la fig. précédente. Amas de sédiments s'étaent adapté à l'espace disponible entre les «curved shapes» de Fyson (lien plus haut).


Fig. 7. Gros plan des stromatolites(?) de la fig. 9 du billet du 10 nov. 2013 (lien plus haut). Au dessus, les stratifications du calcaire. (Photo 9 nov. 2013)


Fig. 8. Pour comparaison avec les fig. 1 et 2. © P.-A. Bourque. Légende originale : «Empilement de stromatopores globulaires formant pratiquement 80% de la roche. Un tel empilement se retrouve en général dans la partie arrière-récifale. Silurien de Gotland.» La comparaison des autres stromatopores illustrés par Bourque avec le stromatolite(?) de la fig. 7 montre la difficulté qu'il peut y avoir de distinguer à coup sûr entre stromatolites et stromatopores.

dimanche 10 novembre 2013

Stromatolites ? et aveu d'ignorance (ajouts)


Fig. 1. Détail d'un méli-mélo ordovicien à la carrière Lang's, à Ottawa. Le blanc : graffiti. (Photo 9 nov. 2013)


Résumé

Stromatolites(?..., etc.) dans un calcaire bioclastique ordovicien (490-445 millions d'années) aux stratifications entrecroisées, à Ottawa.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Autre billet (ce blogue) sur le même site
«Démolition méthodique», 9 nov. 2013
Autres billets (ce blogue) sur les stromatolites
«Colonie de stromatolites à Gatineau», 8 nov. 2009
«Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite», 1er nov. 2011
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)
Photos
9 novembre 2013, sauf mention contraire.



C'est le guide géologique de l'est d'Ottawa rédigé par Fyson (2004 ; lien plus haut) qui m'a amené à visiter la carrière Lang's. Au sommet de la muraille orientale, on trouve des stromatolites(?..., etc.) qui ne manquent pas, ma fois, d'une certaine allure. Ils forment une couche d'un peu moins d'un m d'épaisseur dans un calcaire ordovicien (490-445 millions d'années). La teinte claire des stromatolites(?..., etc.) et leur structure complexe tranchent avec l'empilement des lamines sombres du calcaire bioclastique grossier qui les recouvre. Les grains, ou bioclastes (morceaux de fossiles brisés) du calcaire comblent les inégalités de la surface supérieure des stromatolites(?..., etc.) et emplissent les interstices qui subsistent entre eux. Ajouter à tout ça quelques coraux isolés.

Des stratifications entrecroisées dans le calcaire ont enregistré les changements de direction des courants soumarins.

«Stromatolite fossils marked by curved, upwardly convex laminations. [...] These and other curved shapes of uncertain origin lie within fine to coarsely fragmental bioclastic limestone.» (Fryson, légende de sa photo no 15, lien plus haut ; le gras est de moi. Voir aussi la fig. 9 du présent billet.)

Les «other curved shapes of uncertain origin» m'embêtent un peu. Je fais mes premiers pas dans le domaine des fossiles – mes sujets de prédilection sont les roches métamorphiques et les déformations tectoniques – aussi, je n'ose pas trop gloser sur ces entités qui dessinent un si bel ensemble convoluté (fig. 2 et 3). Alors, que sont ces autres formes courbes, des stromatopores ? (Voir cet ancien billet.) Ou ?...

Quand les sources mieux informées que lui sèchent devant le problème, que peut le novice ?

Si quelqu'un de plus savant que moi en ce domaine (pas difficile à trouver) savait de quoi tout ça retourne, je lui serait très reconnaissant de rédiger un petit commentaire à ce billet.

J'hésitais à parler de la carrière Lang's parce que je savais que mes descriptions ne seraient pas à la hauteur de l'intérêt du site. Mais on ne risque pas de commettre trop de bêtises en montant quelque chose ou en signalant son existence. Par contre, je dois semer le texte du présent billet de points d'interrogation envahissants.

J'avoue être émerveillé par cette muraille de formes de vie proliférantes où l'on peut surprendre le jeu des courants marins, le roulement de particules transportés par des tempêtes vieilles d'un demi milliard d'années.

Ce qui remet nos petites tempêtes dans un verre d'eau à leur juste place.


Clarification (13 nov. 2013)

«Les stromatoporoïdés (on dit plus simplement stromatopores) sont des organismes aujourd'hui disparus et dont l'affinité biologique a longtemps intrigué les paléontologues. On les a considérés comme des hydrozoaires, des cnidaires ou même des stromatolites, mais aujourd'hui il y a un assez fort concensus [sic] pour les considérer comme un groupe particulier d'éponges, les calcispongiaires, éponges au squelette massivement calcifié.» (Source : P.-A. Bourque.)

Voyez la sixième photo de la page de Bourque («Empilement de stromatopores globulaires...») et comparez avec les fig. 2 et 3 de ce billet.

Les stromatopores sont des organismes benthiques à structure en feuillets qui les rend, du moins à mes yeux, parfois difficiles à distinguer des stromatolites, édifiés par un empilement de lamines successives (voir liens sur les stromatolites dans «Résumé».)

La seule source qui traite de la carrière Lang's (Williams et Telford, 1986), outre celle utilisée pour rédiger le présent billet (Fryson, 2004), décrit un calcaire bioclastique parcouru de stratifications entrecroisées et contenant des stromatoporoïdés.

Les «curved shapes of uncertain origin» de Fryson seraient-ils les stromatoporoïdés de Williams et Telford ? Finalement, y a-t-il aussi de vétitables stromatolites à la carrière Lang’s ? Je n'ose pas me prononcer. Mais le calcaire de la carrière Lang's est assigné par Williams et Telford à la formation de Bobcaygeon, la seule de la région d'Ottawa à contenir des stromatopores (Williams et al., 1992). Elle contient aussi des stromatolites, sans que ce soit un trait distinctif cependant.

Réf. : Williams, D. and P.G. Telford, 1986. Paleozoic Geology of the Ottawa Area. Geological Association of Canada, Mineralogical Association of Canada, Canadian Geophysical Union, Joint Annual Meeting, Ottawa '86, Field Trip 8: Guidebook, 25 p. (Carrière Lang's : site 4-2A.)

Williams, D.A., P.G. Telford, A.D. McCracken and F.R. Brunton, 1992. Cambrian-Ordovician Geology of the Ottawa Region. Geological Association of Canada, Canadian Museum of Nature, CPC-II Ottawa '92, Canadian Paleontology Conference, Field Trip Guidebook No. 2, 51 p.


Fig. 2. Les stromatolites(?..., etc.) dessinant leurs
convolutions sous les stratifications entrecroisées du calcaire bioclastique.


Fig. 3. La couche de stromatolites(?) et des «other curved shapes of uncertain origin» se poursuit sur plusieurs m. J'ai pris les photos sur une petite corniche de moins d'un m de large qui longe la formation des stromatolites au sommet de la falaise (voir fig. 7). Dans un pareil cas, prendre assez de recul pour saisir un large panorama présente un certain danger.


Fig. 4. Détail rapproché des stratifications entrecroisées en haut (changements dans la direction des courants marins).


Fig. 5. Autre détail.


Fig. 6. Stratifications entrecroisées soulignées ou recoupées ici et là par l'érosion le long de lignes de faiblesse.


Fig. 7. Falaise est de la carrière Lang's. Au sommet, à droite : mur d'où proviennent les photos : on aperçoit la zone claire des stromatolites(?..., etc.), etc. de la fig. 2. (Photo 3 déc. 2011)


Fig. 8. Carte topo de 1963 montrant la carrière Lang's, au centre (échelle 1/20 000). L'artère, au sud, est le chemin de Montréal ; l'hôpital Montfort est à gauche. Les courbes de niveau sont en pieds (300 pieds = 90 m).




Fig. 9 (ajout après mise en ligne du billet). Selon Fryson, les structures convexes vers le haut (soulignées en rouge dans la vignette) sont des stromatolites. Pour «le reste», il s'agit, toujours selon Fryson, de ««curved shapes of uncertain origin». Cette photo communique avec le coin inférieur gauche de la fig. 6.

mardi 15 octobre 2013

Stromatolites exceptionnels (enfin !)


Stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (Québec). Paysage (officiellement) exceptionnel ! (Photo Henri Lessard, 27 mai 2010)
...


Enfin !

Les stromatolites du pont Champlain, à Gatineau, font leur entrée parmi les sites géologiques exceptionnels du Québec (SGE).

Exceptionnel et protégés. On n'y construira pas un quai, un stand à patates frites, on n'y plantera pas un pylone et on n'y étendra pas l'asphalte d'un parking, pour se limiter à quelques outrages possibles.

À leur propos, voir ces billets, dans ce blogue :

Colonie de stromatolites à Gatineau (8 nov. 2009)

Stromatolites exceptionnels (presque !) (11 mars 2013)

«Un site géologique exceptionnel est un terrain dont les caractéristiques géologiques, géomorphologiques, paysagères ou biologiques présentent un intérêt du point de vue de l'enseignement, de la recherche scientifique ou de la conservation et qui mérite d'être protégé en raison notamment d'une menace, de sa rareté ou de sa vulnérabilité.» (Sites géologiques exceptionnels du Québec (SGE))

«Selon le MRNF, cette formation de stromatolites, qui représentent la plus ancienne forme de vie fossilisée sur Terre serait, «une des plus belles au pays».» (Patricia Lanteigne, LaRevue, 14 octobre 2013, «Un site géologique jugé «exceptionnel» à Gatineau»)

«Le site géologique des Stromatolites-de-la-Rivière-des-Outaouais se situe en bordure de la rivière des Outaouais près du pont Champlain. Ce site présente un remarquable étalage de constructions stromatolitiques fossilisées. Certains auteurs qualifient cette agglomération comme l’une des plus belles au pays. Visible lorsque le niveau d’eau est bas, soit en période estivale sèche ou à l’automne, cet affleurement expose une multitude de monticules, datés de plus de 450 millions d’années, dont la plupart des sommets ont été tronqués par le passage des glaciers lors de la dernière glaciation.» (Fiche des «Stromatolites des la rivière des Outaouais», site des SGE)


Gros plan des stromatolites. (Photo Henri Lessard, 21 oct. 2007)
...


J'ai été de ceux qui ont appuyé la candidature de quelques sites de la région. Merci à Daniel Martel, du MRNQ, que l'occultation totale de l'Outaouais dans le catalogue des SGE a poussé à agir et à susciter des initiatives (voir billet du 11 mars 2013, lien plus haut). Je sais que d'autres personnes ont proposé d'autres sites, ou les mêmes que «les miens». (Pour celui des stromatolites, je n'y suis pour rien dans sa bonne fortune, les choses étaient déjà en marche quand j'ai commencé à m'impliquer.) Beaucoup de gens ont de bonnes raisons de se réjouir aujourd'hui.

Le site des stromatolites du pont Champlain («Stromatolites de la rivière des Outaouais», pour utiliser l'appellation des SGE) est le donc premier de l'Outaouais à être classé. (Voir carte des SGE, lien plus haut.) Plusieurs autres sont à l'étape «site proposé». On leur souhaite de passer rapidement à l'étape suivante, «site en consultation» pour accéder à leur tour au statut de site exceptionnel.

Ce billet, qui a débuté par «enfin», se termine donc sur les mots «à suivre...»

lundi 11 mars 2013

Stromatolites exceptionnels (presque !)


Stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (oct. 2007), dans un calcaire ordovicien.
J'ai tellement publié de photos de ces stromatolites que m'assurer que celles que j'affiche ici 
sont inédites prendraient trop de temps. Alors, les (re)voici.


Les stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (voir mon billet du 8 nov. 2009), sont enfin presque classés parmi les sites géologiques exceptionnels (SGE) du Québec !

«Enfin presque», qu'est-ce à dire ?  

En fait, leur statut est à présent celui d'un «site en consultation». Une fiche descriptive (pdf) est déjà disponible par le site (difficile de ne pas répéter ce mot !) Internet du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF).

C'est une grande victoire pour ceux qui s'inquiétaient de la préservation de ces stromatolites réellement exceptionnels.

Extrait de la fiche descriptive :

«Le site géologique des Stromatolites-de-la-Rivière-des-Outaouais* [...] présente un remarquable étalage de constructions stromatolitiques fossilisées. Certains auteurs qualifient cette agglomération comme l’une des plus belles au pays. Visible lorsque le niveau d’eau est bas, soit en période estivale sèche ou à l’automne, cet affleurement expose une multitude de monticules, datés de plus de 450 millions d’années, dont la plupart des sommets ont été tronqués par le passage des glaciers lors de la dernière glaciation**.

Issues de l’accumulation de cyanobactéries, les stromatolites représentent la plus ancienne forme de vie fossilisée sur la planète. Ces structures sont reconnues pour occuper les environnements marins intertidaux en milieu tropical.»

* Tel sera leur nom officiel.
**  J'avais moi aussi écrit quelque chose de semblable à l'époque. Je nuancerais aujourd'hui. La surface rocheuse que nous observons n'est probablement plus exactement celle que les glacier nous ont laissée. L'érosion, l'intervention humaine ont dû la retoucher à un certain degré.


Octobre 2012.


Mai 2010.


J'ai appris la nouvelle de la «promotion» de nos stromatolites par hasard en visitant le site du MRNF du Québec (lien plus haut). Mon dernier survol de la page des SGE remonte à plusieurs mois. L'Outaouais apparaissait encore sur la carte des SGE du Québec comme un désert sans intérêt.

Je suis d'autant plus heureux de ces développements qu'entre novembre 2010 et février 2011 j'avais collaboré à la rédaction de fiches de propositions de SGE pour l'Outaouais. La plupart de nos propositions sont maintenant affichées sous l'appellation «Sites proposés». (Étape qui précède celle de «Site à l'étude» qui mène – on l'espère – à l'inscription définitive parmi les SGE.) Ces propositions concernent la discordance du lac Beauchamp, la sablière de Cantley, la marmite des Allumettières* (ainsi nommée par votre serviteur), la mine Back-Wallingford** de Buckingham et d'autres que je préfère ne pas nommer tant que rien d'officiel ne sera annoncé à leur sujet. Comme par hasard, plusieurs de ces sites sont de ceux mis en évidence dans la page «Principaux sites» de ce blogue.

* La carte des SGE met erronément le mot marmite au pluriel.
** Et non «Black» comme il est indiqué sur la carte des SGE.

Pour ce qui est des stromatolites, par contre, je n'ai aucun mérite. À l'époque, on m'avait dit que le dossier était déjà avancé et qu'il était inutile de rédiger une proposition pour ce site

C'est donc un bravo dénué de tout soupçon d'auto-congratulation que je peux prononcer !




Détail de la carte des SGE, MRNF du Québec (lien plus haut).
Le site des stromatolites est en bas, à gauche.


Sites géologiques exceptionnels

Extraits du site du MRNF du Québec :

«Un site géologique exceptionnel est un terrain dont les caractéristiques géologiques, géomorphologiques, paysagères ou biologiques présentent un intérêt du point de vue de l'enseignement, de la recherche scientifique ou de la conservation et qui mérite d'être protégé en raison notamment d'une menace, de sa rareté ou de sa vulnérabilité.»


La rumeur selon laquelle ces stromatolites 
peuvent conduire au ciel me paraît exagérée (oct. 2012).


jeudi 1 novembre 2012

Stromatolite, stromatopore ou stromato-stroumph ?


Stromatolite(s) et/ou stromatopore(s) exposés dans la pierre d'édifices à Ottawa (calcaire ordovicien, 488-444 millions d'années). Si quelqu'un pouvait m'éclairer sur la nature de ces fossiles bizarrement exhibés, parce que, dans certaines conditions, il n'est pas facile de distinguer entre stromatotruc et stromatochose...

Merci d'avance.


Deux stromato-choses, un grand, à gauche, et un petit, à droite. Ottawa, 459, promenade Sussex. (Photo 28 janvier 2012.)


Zoom sur le «grand» ; largeur : env. 20 cm.


Gros plan du «petit».


Ottawa, rue Cumberland, près de la rue Guigues. Outre le stromato-stroumph au centre, il semble y en avoir un autre, coupé en deux, sur le côté gauche de la pierre. (Photo 25 novembre 2011.)


Gros plan ; longueur : env. 8 cm. (Photo 1er novembre 2012.)

Liens
Stromatolites
http://geo-outaouais.blogspot.ca/search/label/Stromatolites
http://geo-outaouais.blogspot.ca/2009/11/colonie-de-stromatolites-gatineau.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stromatolithe
Stromatopores
http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s4/stromatopores.html
http://www.geoforum.fr/topic/22784-les-stromatopores-stromatoporoide-ou-stromatporoidea/


 Stromatolite du Transitway, à Ottawa (voir ce billet et suivre les liens qu'il contient). (Photo 29 octobre 2011.)

jeudi 27 septembre 2012

Stromatolites : du sérieux


Stromatolites du Transitway, à Ottawa. Photo © Henri Lessard, 29 octobre 2011. L'endroit correspond au site no 9 de Nehza et Dix (2012) ; voir en particulier leur photo 7D.


Mes stromatolites du pont Champlain à Gatineau et du Transitway à Ottawa font enfin l'objet d'une publication scientifique :

Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario), O. Nehza et G.R. Dix, 2012 ; résumé plus bas.

Je dis « mes » stromatolites», parce que je les ai un peu adoptés à force de les photographier et de les décrire. N'empêche que cet article, c'est du sérieux, en tout cas autre chose que mes petits billets...

On ne peut cependant nier que, durant presque un an (octobre 2011 à septembre 2012), ce blogue a détenu une exclusivité mondiale et même universelle (rien de moins) sur les stromatolites du Transitway d'Ottawa : en effet, les seules photos et descriptions disponibles se trouvaient ici, dans le blogue que vous consultez. (Moment de légitime fierté.)  

L'article en question est payant (25 $) et très très technique. Avis aux amateurs, faut vraiment être mordu. Il nous apprend que les stromatolites de l'est de l'Ontario datent de l'Ordovicien moyen et supérieur (soit 470-443 millions d'années). Comme la stratigraphie de l'Ordovicien dans la région est chose discutée, que la nomenclature change d'un auteur à l'autre, je préfère m'abstenir de tout développement. Ne soyez donc pas surpris si ces stromatolites semblent passer d'une formation à l'autre selon les auteurs ou les cartes consultés. Disons que selon Nehza et Dix, les stromatolites d'Ottawa et Gatineau surviennent à différents niveaux de la formation de Pamelia (shales, calcaire, dolomie) de l'ordovicien supérieur (458-443 millions d'années).

Voici le résumé de l'article (gratuit), à vous de décider s'il en vaut la dépense, le résumé à lui seul étant pour le moins complexe et aride... (Article retouché le 17 déc. 2021 : correction des dates des formations de l'Ordovicien.)


Stratigraphic restriction of stromatolites in a Middle and Upper Ordovician foreland-platform succession (Ottawa Embayment, eastern Ontario)
Odette Nehza, George R. Dix
Revue canadienne des sciences de la Terre, 10.1139/e2012-048
Article publié sur le Web le 27 septembre 2012, manuscrit reçu le 10 mars 2012 (primeur électronique, pagination non finale).

RÉSUMÉ
Les stromatolithes sont abondants et largement disséminés dans deux minces intervalles stratigraphiques de strates de l’Ordovicien moyen (Darriwilien) et supérieur (Turinien inférieur) de l’intérieur de l’avant-pays laurentien dans le rentrant d’Ottawa de l’est de l’Ontario. Ces marqueurs lithostratigraphiques coïncident avec l’inondation rapide d’origine tectonique de l’intérieur de l’avant-pays et pourraient représenter une réponse microbienne opportuniste à la charge en nutriments associée au remaniement marin peu profond (péritidal, infratidal) de systèmes terrestres ou côtiers riches en nutriments. Le reste de la séquence (Chatfieldien–Edenien) de plate-forme-avant-pays représente une sédimentation à plus grande profondeur en réponse à des taux accrus de subsidence le long de la marge laurentienne. Si les stromatolithes sont absents de ce milieu plus énergique, de la calcite d’origine microbienne est préservée sous forme de microincrustations d’allure cocciforme sur des débris squelettiques. Les stromatolithes d’âge darriwilien sont dolomitiques, sont trouvent dans la Formation de Carillon et font partie d’une séquence régionale de recouvrement transgressif (de plus de 200 km) de sédiments péritidaux mise en place au début de l’orogénèse taconique. Des dômes stromatolithiques stratiformes à imposants (2 m de diamètre) mais de faible relief contiennent des lamines rythmiques de dolomie microscopique riche et pauvre en inclusions regroupées par des surfaces d’érosion tachées d’oxydes de fer. Les dômes contiennent également des microstructures thrombolitiques. La distribution des lamines et des isotopes stables (C, O) suggère un équilibre entre la production abiotique et microbienne de carbonates, vraisemblablement influencée par la profondeur et la température de l’eau. Les stromatolithes d’âge turinien sont calcitiques et forment une mince ([inférieur à] 8 m*) unité biostromale infratidale d’envergure régionale (plus de 80 km) à la base de la Formation de Pamelia. Leur présence définit une transition verticale abrupte d’une séquence intra-bassin de roches silicoclastiques et carbonatées phosphatiques infratidales transgressives vers une séquence inter-bassin de mudstone calcaire péritidal. Des lamines arythmiques de packestone péloïde microbien, contenant possiblement des moules d’algues eucaryotes et, localement, des microstructures de spongiostromates évaporitiques, indiquent que la salinité et l’énergie étaient des contrôles majeurs de la sédimentation. L’association stromatolithes–?eucaryotes est semblable à certaines microstructures infratidales modernes et fait partie de la diversification des communautés récifales durant l’Ordovicien.

* Il m'a été impossible d'inscrire le symbole « inférieur à » sans avoir des problèmes avec les balises html.


Stromatolites du pont Champlain à Gatineau (lien au début du billet). © Photo Henri Lessard, octobre 2007. À l'époque, je prenais encore le temps de numéroter mes photos... 
L'endroit correspond au site no 8 de Nehza et Dix (2012) ; voir en particulier leur photo 7B.


Ajout, 28 sept. 2012, après lecture de l'article de Nehza et Dix (2012)

Les stromatolites calcitiques du pont Champlain et du Transitway se retrouvent dans la formation de Pamelia (Ordovicien supérieur, 458-443 millions d'années) de plate-forme du Saint-Laurent, rentrant d'Ottawa. Ils se sont développés dans des sédiments péritidaux. Il existe deux niveaux de stromatolites, séparés par moins de 2 mètres, ce qui confirme pour l'essentiel (à 2 mètres près...), les corrélations que j'avais tentées entre ceux du pont Champlain (niveau inférieur) et du Transitway (niveaux inférieur et supérieur).


Stromatolites du Transitway, à Ottawa, formation de Pamelia. Photo © Henri Lessard, 29 octobre 2011. Reprise (en entier) de la photo qui ouvre ce billet.
S : stromatolites du niveau supérieur (à droite du S, la partie montrée en détail au début de ce billet) ;
I : stromatolites du niveau inférieur : le dôme clair à la droite du I est sans doute l'un des stromatolites de ce niveau qui correspondent à ceux du pont Champlain, à Gatineau. Ces stromatolites du niveau inférieur du Transitway avaient échappé à mon attention. Il est vrai que je n'ai pas eu accès au parois, interdites au public, à l'inverse de Nehza et Dix qui on pu aller chatouiller ces stromatolites in situ...