jeudi 26 juillet 2018

Les noms du lac Beauchamp


Il y a une suite (billet du 28 juillet 2018).


Fig. 1. - Le lac Beauchamp (à droite) et la Ottawa Silica and Sandstone Co. en 1934.
L.H. Cole et R.K. Carnochan, Mines Branch Investigations of Mineral Resources and the Mining Industry, 1932 : Silica Deposit Near Gatineau Point, Quebec, Depart. of Mines, Canada Mines Branch, Report No. 735, 1934, Fig. 1.


Quelqu'un me demande si je connais l'origine du nom du lac Beauchamp à Gatineau. Tout ce que je sais, tout ce que je peux apporter comme réponse, c'est la succession des noms que le lac a porté au long du XXe s : lac anonyme, Wabassi Lake, lac Beauchamp (voir la liste par années plus bas). Le toponyme du ruisseau qui prend sa source au lac pour se jeter dans l'Outaouais a varié de Wabassee à Wabassi (comme le lac) avant de revenir à Wabassee pour s'y fixer.

Si la Commission de toponymie du Québec ignore l'origine du nom du lac Beauchamp, elle est plus prolixe sur celui du ruisseau Wabassee : « Ce nom de lieu d'origine amérindienne de la nation algonquine signifie cygne blanc. Ce nom paraît sur une carte datant de 1944. » Selon mes recherches, le toponyme apparaît cependant dès 1901 (voir plus bas à l'entrée « 1901 »). (Je viens d'envoyer un courriel à la Commission, inutile de la contacter pour la mettre au courant.) (Ajout, 1er août 2018 : la Commission de toponymie, très rapide, a modifié sa notice sur le ruisseau.)

À consulter pour plus de détails sur le choix du toponyme Beauchamp : Jean-Guy Ouimet, « L'origine du nom du lac Beauchamp », Hier encore, no 10, 2018, p. 27-32. (Numéro présentement en kiosque.) 
Je résume ici très succinctement l’article de Ouimet. - Le lac pourrait devoir son nom à Hormidas Beauchamp (1851-1927) qui fut secrétaire-trésorier de la municipalité du canton de Templeton, de Templeton-Est et de Templeton-Ouest en plus d’avoir été marguiller de la paroisse Ste-Rose-de-Lima (où est situé le lac). Son frère Nephtalie (1852-1929) a été conseiller puis maire de Templeton-Est.
Une carte de 1836 porte les noms des familles Beauchamp et Sanscartier sur le lot 14 du Rang I du canton. (Précisons que le lac est situé moitié dans le lot 15 (partie ouest) et moitié dans le lot 14 (partie est).)
Michel Beauchamp puis Jean-Baptiste, son frère cadet, ont été propriétaires de la partie ouest du lot 14 (14B). Jean-Baptiste a été inspecteur des fossés et des clôtures, des chemins puis de l’eau.
En 1867, le compte rendu d’une séance du conseil de la municipalité du canton de Templeton mentionne une « Beauchamp Hill ».)

Voir aussi le billet de mon blogue du 8 janvier 2011, « Lac Beauchamp : un peu d'histoire »

À propos de la géologie du lac Beauchamp, consulter mon billet du 23 janvier 2011, « Lac Beauchamp : un milliard d'années inscrites dans la roche »



Lac Beauchamp et ruisseau Wabassee, Gatineau : évolution des toponymes

(Pour obtenir les cartes dont la date est suivie d'un astérisque*, se rendre au site GEOSCAN et effectuer une recherche simple à partir du numéro de la carte, 714 ou 1506A par exemple.)

1901*
Lac anonyme et Wabassee Brook
Ells R.W., Ami H.M., 1901 — Geological map of the city of Ottawa and vicinity, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 714, échelle : 1:63 360.
(Étrange que le ruisseau ait été baptisé mais pas le lac où il prend sa source.)

1915*
Lac et ruisseau anonymes
W.A. Johnston, 1915 — Ottawa, Carleton and Ottawa Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 1662, 1 feuille (1/63 360).

1920*
Wabassi L(ake) et Wabassi Brook
Wilson, M. E., 1920   Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec. Commission géologique du Canada, carte 1691, 1 feuille (1/63 360).

1934 (voir figure 1) ; la carte date en fait de 1932
Beauchamp Lake et Wabassee Creek
L.H. Cole et R.K. Carnochan, 1934   « Mines Branch Investigations of Mineral Resources and the Mining Industry, 1932 : Silica Deposit Near Gatineau Point, Quebec. » Depart. of Mines, Canada Mines Branch, Report No. 735, 1934, Fig. 1.

1935
Beauchamp Lake
Carte topographique, 31G/5, 1/63 360, 1935, un mille au pouce (détail).

1938*
Beauchamp Lake
A.E. Wilson, 1938 — Ottawa Sheet, East Half, Carleton and Hull Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 413A, 1 feuille (1/,63 360).

1982*
Lac Beauchamp
Richard, S H, 1982 — Surficial geology, Ottawa, Ontario-Québec / Géologie de surface, Ottawa, Ontario-Québec. Commission géologique du Canada, cartes 1506A, 1 feuille. [1/50 000]


Autres éléments à verser au dossier
Lac de la Mine (de mica)
Le lac est parfois désigné par « les anciens » sous le nom de lac de la Mine. À ce que je sache, il s'agit d'une appellation informelle que je n'ai rencontrée dans aucun document, textes ou cartes. D'ailleurs, il n'y a jamais eu de mine au lac Beauchamp, seulement une carrière de grès (silice), ce qui est différent. On m'a souvent parlé de la présence d'une mine de mica au lac. Là encore, je dois contredire la rumeur populaire : il n'y a jamais eu de mine de mica au lac ou près du lac. Il a existé une carrière de feldspath vers 1900, au nord du lac, dans une colline au sud du boul. St-René. Mais, encore une fois, une carrière n'est pas une mine (et le feldspath n'est pas du mica).
Voir mon billet du 4 août 2017, « Carrière de feldspath perdue et retrouvée à Gatineau ». Voir aussi mon billet du 8 janvier 2011, « Lac Beauchamp : un peu d'histoire »



Forme du lac
Les cartes de 1901 à 1920 montrent un lac Beauchamp différent de celui que nous connaissons. Il affiche affecte la forme d'une amande et ne se prolonge pas au sud de sa jonction avec le ruisseau Wabassee. En 1932, le lac a pris sa forme actuelle, coudée par une excroissance au sud de la jonction avec le ruisseau. Je n'ai pas de données sur les années 1921-1933.
Voir les détails de deux cartes dans mon billet du 8 janvier 2011, « Lac Beauchamp : un peu d'histoire ».
Voir plus bas figures 2 et 3.
Ajout (27 juillet 2018)
Selon une photo aérienne, le lac avait déjà sa forme actuelle en 1927. Source : J.-F. Sabourin et associés, Plan de gestion environnementale — Lac Beauchamp : Ville de Gatineau. Rapport final, 29 février 2016, préparé pour le Service de l’environnement de la Ville de Gatineau, Plan 1, p. 8.
Voir la suite dans le billet du 28 juillet 2018.


Seconde carrière à l'est du lac Beauchamp ?
Voir mon billet du 6 octobre 2013, « Grès de Nepean à Gatineau : inexcusable »


Source d'eau au lac
Voir mon billet du 23 novembre 2014, « Discordance du lac Beauchamp : source négligée »


Le moulin du lac Beauchamp
Voir mon billet du 20 février 2011, « Lac Beauchamp : le moulin »




Figure 2. - La forme du lac Beauchamp en 1920.
Détail modifié de : Wilson, M. E., 1920, Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec. Commission géologique du Canada, carte 1691.
Le nom originel du lac sur la carte est Wabassi Lake - noter aussi le Wabassi Brook. (J'ai ajouté les inscriptions Lac Beauchamp, Rivière des Outaouais et Baie McCLaurin).



Figure 3. - La forme du lac Beauchamp en 1932 (publiée en 1934) : le lac s'est agrandi vers le sud, en bas du point de jonction avec le Wabassee Creek.
Détail de : L.H. Cole et R.K. Carnochan, « Mines Branch Investigations of Mineral Resources and the Mining Industry, 1932 : Silica Deposit Near Gatineau Point, Quebec. » Depart. of Mines, Canada Mines Branch, Report No. 735, 1934, Fig. 1.

samedi 14 juillet 2018

Discordance Bouclier canadien et plate-forme du Saint-Laurent à Kanata (Ottawa, ON)


Ce billet, paru le 14 juillet 2018, a été entièrement remanié le 28 et le 29 août 2018.



Photo 1. - Discordance Bouclier canadien - plate-forme du Saint-Laurent à Kanata (Ottawa, ON), chemin Old Second Line, intersection promenade Terry Fox.
À gauche (sud), paragneiss et quartzite, province de Grenville (Bouclier canadien), plus d'un milliard d'années (Protérozoïque) ;
À droite (nord), grès de la formation de March ou de Nepean, plate-forme du Saint-Laurent, env. 500 Ma (millions d'années ; Paléozoïque).

Le grès s'est constitué par la consolidation de sables déposés au bord de la mer alors que le continent dérivait à la hauteur de l'équateur il y a 500 Ma.
Avant l'attaque de l'érosion, le grès s'étendait aussi sur la partie découverte du Bouclier. Il s'agirait du grès de Nepean, déposé directement sur le Bouclier. Il y aurait continuité physique entre le nord et le sud (ligne tiretée ondulée).
Il pourrait cependant s'agir du grès de la formation de March qui s'est déposé sur le grès de Nepean ; dans ce cas, il faut supposer qu'une faille sépare le Bouclier de la plate-forme. Cette dernière aurait été abaissée pour amener le grès de March à la hauteur du Bouclier. Il y aurait donc rupture, ou contact de faille (ligne tireté verticale).
Dans la première hypothèse, la stratification du grès épouse le relief du Bouclier sur lequel il s'est déposé. Dans la seconde, il a été probablement retroussé par son mouvement vers le bas.
Le contact (continu ou faillé) entre le Bouclier et la plate-forme du Saint-Laurent est malheureusement caché sous le mort-terrain.
Photo : 11 juillet 2018 ; visée vers le SW.


Autres billets sur le même sujet





Ce qu'il faut savoir. - Il y a environ 500 Ma (Ma = 1 million d'années), notre continent - le Bouclier canadien -, en dérive sous l'équateur, a été progressivement envahi par la mer. Il s'y est déposé une couche de sédiment dont la plate-forme du Saint-Laurent (qui s'étend de Terre-Neuve jusqu'à l'ouest de Gatineau) n'est plus qu'un reliquat. En effet, après 350 Ma, le continent, émergeant des eaux, a été attaqué par l'érosion qui l'a débarrassé peu à peu de sa couverture sédimentaire. Dans la région de Gatineau et Ottawa, le grès de la formation de Nepean, déposé directement sur le continent, affleure en marge des parties dénudées du Bouclier. 


Découverte d'un nouvel affleurement de la discordance Protérozoïque/Paléozoïque (env. 500 Ma) dans la région.


Le mot découverte est peut-être un peu exagéré. L'affleurement (photo 1) n'existait pas en 2008, il était par contre visible en 2011. Je ne peux préciser d'avantage. Il est apparu lors du prolongement de la promenade Terry Fox, à Kanata (Ottawa, ON). La découverte, pour ma part, remonte au 11 juillet 2018.


Affleurements du chemin Old Second Line

Le chemin Old Second Line coupe à travers deux entités géologiques (photo 1) :



  • À gauche (sud), paragneiss et quartzite de la province de Grenville, Bouclier canadien (Protérozoïque) ; plus d'un milliard d'années ;
  • À droite (nord), grès de la plate-forme du Saint-Laurent (Paléozoïque), ca 500 Ma.


Le chemin escalade le flanc nord d'un éperon du Bouclier canadien dominant la plate-forme du Saint-Laurent. Le Bouclier forme à cet endroit un plateau allongé NW-SE - l'escarpement de Carp -, au sud de la rivière des Outaouais. (Graben d'Ottawa-Bonnechère, voir billet du 20 nov. 2009.)

Au sud du plateau, la frontière Bouclier - plate-forme est marquée par la faille Hazeldean, orientée NW-SE (cartes 1-3).

Pour ce qui est du secteur qui nous intéresse, la limite nord du plateau, les avis divergent. Si l'on se fie à certains travaux (carte 3), la frontière dessine le contour de ce qui subsiste de la couche sédimentaire autour du plateau décapé par l'érosion ; si l'on se fie à d'autres (carte 2), une faille, contrepartie nord de la faille Hazeldean, sépare le plateau de la plate-forme.

L'affleurement du chemin Old Second Line permet-il de trancher la question : faille ou pas faille ? L'érosion, en plus de dégager le Bouclier, a arasé tout relief conséquent hérité d'une hypothétique faille.

Wilson (1946 ; carte 3) et Kirwan (1962 ; carte 1) ne supposent aucune faille au nord du plateau. Au chemin Old Second Line, le grès de la formation de Nepean, déposé directement sur le Bouclier, apparaît sur la frange de ce dernier dégagée par l'érosion.

Selon Williams et al. (1984 ; carte 2), nous aurions plutôt affaire au grès de la formation de March, lequel s'est déposé sur celui de la formation de Nepean. Les considération sur l'érosion restent les mêmes, la différence essentielle ici est que le contact Bouclier/plate-forme est en fait une rupture au sens propre, une faille (photo 1), miroir de celle d'Hazeldean. 

Une complication est apportée par le fait que le grès de la formation de March ressemble à celui de la formation de Nepean sur lequel il s'est déposé et que les deux peuvent être facilement confondus.


Slickensides


Le 18 juillet dernier, après la mise en ligne du présent billet, j'ai remarqué lors d'une seconde excursions des slickensides du côté est du chemin, à l'extrémité sud de l'affleurement de grès. Les slickensides sont des striations qui enregistrent le glissement par à-coup des compartiments rocheux de part et d'autre d'une faille (photos 4-5) (voir le billet du 14 juillet 2012). L'orientation de la faille ainsi révélée est grosso modo ENE tandis que les slickensides semblent bien indiquer un mouvement relatif oblique (vers l'ouest et vers le bas) par rapport au Bouclier. (Ceci reste à confirmer.)

J'ai observé d'autres slickensides, au milieu du banc de grès, plus au nord, côté est du chemin. (Dans ce cas, les slickensides indiquent un mouvement vertical. Je n'a pas pu faire de lien entre les slickensides et les failles de part et d'autre du chemin.) Étant donné le grand nombre de failles qui découpent la région, ces découvertes ne constituent pas un événement. Mais elles apportent un soutient à ceux qui supposent l'existence d'une faille sur le flanc nord du plateau. Ceci d'autant plus que l'orientation du plan de faille, ENE, ainsi que l'affaissement du compartiment nord correspondent à ce qui relevé sur la carte de Williams (1984) à cet endroit (carte 2).

Les cartes 2 et 3 donnent la stratigraphie locale.


Dunes et conclusion


Les stratifications entrecroisées qui se dessinent sur le grès (photo 3b) représentent sans doute d'anciennes dunes sous-marines édifiées les unes sur les autres par les courants (à vérifier). L'endroit constituait sans doute la destination rêvée il y a 500 Ma. Plage déserte, personne pour vous importuner. Mais aucune végétation, aucun palmier pour vous donner de l'ombre.

Le retroussement des strates de grès (photo 1) et la présence de slickenslides pèsent fortement en faveur de la présence d'une faille coupant le chemin Old Second Line.


Références


  • Kirwan J.L., 1962 — «Geology of part of the township of March, Huntley and Nepean, Carleton county, Ontario», Canadian Field Naturalist, vol. 76, p. 108-115).
  • Williams, D.A., Rae, A.M., and Wolf, R.R. 1984 — Paleozoic Geology of the Ottawa Area, Southern Ontario, Ontario Geological Survey, Map P.2716, Geological Series-Preliminary Map, 1:50 000. Geology 1982.
  • Wilson A.E., 1946 — Geology of the Ottawa-St. Lawrence Lowland, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada (CGC), Mémoire 241, 66 p. (+ cartes 413A et 414A, 1:50 000).






Photo 2. - Paragneiss rubané.
La photo a été prise quelques mètres au sud des couches de grès (photo 1). La structure du paragneiss, presque verticale, et orientée grosso modo est-ouest, contraste avec la stratification du grès, jamais éloignée de l'horizontal. Photo 11 juillet 2018.



Photo 3a. - Côté est de l'intersection, entièrement composé de grès de Nepean ou de March. Les slickensides des photos 4-6 se trouvent à l'extrémité sud de l'affleurement, à droite. Photo 11 juillet 2018.



Photo 3b. - Détail de la photo 3a.
La stratification entrecroisée dans le grès (probablement édifiée par la progression de dunes sous-marines) est bien visible. Photo 11 juillet 2018.


Les cartes : cliquer sur les images pour les afficher à leur pleine grandeur.



Carte 1. - Kirwan J.L., 1962
J'ai placé le X rouge à la position de l'affleurement du chemin Old Second Line, au contact du Bouclier (Precambrian ; Grenville Series ; no 3 sur la carte) et de la plate-forme du Saint-Laurent (Paleozoic ; Nepean Formation ; no 7). La faille Hazeldean (Hazeldean Fault) serpente à travers la carte, au sud (ligne grasse).


Cartes 2 et 3. - Secteur du chemin Second Old Line, avant la construction de la promenade Terry Fox.
En haut. - Williams et al., carte 2716 (1984 ; détail). Le cercle rouge donne la position de l'affleurement étudié.
Légende (secteur étudié uniquement)
Paléozoïque : plate-forme du Saint-Laurent
3. Formation de March : grès quartzeux, dolomie sableuse et dolomie
2. Formation de Nepean : grès
Ligne en zigzags : faille
Protérozoïque : province de Grenville, Bouclier canadien
P€ : gneiss, marbre, etc.
J'ai surligné en jaune des segments de la faille Hazeldean (au sud) et de la faille du chemin Old Second Line (au nord). Les petites flèches le long des lignes de faille pointent vers le compartiment abaissé ; j'ai repris en rouge celles de la faille du chemin Old Second Line (compartiment nord abaissé).

En bas. - Wilson, carte 414A (1946 ; détail). Le cercle bleudonne la position de l'affleurement étudié.
Légende (secteur étudié uniquement)
Paléozoïque : plate-forme du Saint-Laurent
3 (gris). Formation de March : grès quartzeux, dolomie sableuse et dolomie
2 (gris-violet). Formation de Nepean : grès
Discordance d'érosion
Protérozoïque : province de Grenville, Bouclier canadien
1 (rouge) : gneiss, marbre, etc.



Photo 4a. - Slickensides ou marques parallèles laissées sur la roche par la friction le long d'une faille. Le grès, roche rugueuse (on peut normalement sentir les grains de sable dont il est composé sous le doigt) est ici recristallisé et offre un fini remarquablement lisse. Visée vers le nord. Photo 18 juillet 2018.



Photo 4b. - Détail de la photo précédente. Les slickensides s'empilent en escalier. Le mouvement du grès s'est fait obliquement, du haut vers le bas, d'après les gradins des slikenslides. Photo 18 juillet 2018.



Photo 5. - Surface du grès couverte par les slickensides (faille), côté E du chemin Second Old Line. Visée vers le nord. Photo 18 juillet 2018.



Photo 6. - Même affleurement que sur la photo précédente. La surface couverte de slikenslide oblique ici vers le NW. Visée vers le SE. Photo 18 juillet 2018.



Photo 7a. - Autre surface marquée de slickenslides à l'intérieur même du banc de grès, côté ouest du chemin Second Old Line. Ici, les slickenslides indiquent un mouvement vertical, ou légèrement incliné vers l'est. Je n'a pas pu faire de lien entre les slickenslides et les failles des deux côtés du chemin. Photo 20 juillet 2018.



Photo 7b. - L'orientation de la surface faillée est ENE, conforme à la faille relevée sur la carte de Williams et al. (1984) (carte 2). Photo 20 juillet 2018.



Photo 7 c. - La faille en entier. La surface photographiée en 7a et b est à la droite de la plante verte au premier plan. Photo 20 juillet 2018.

vendredi 29 juin 2018

Hors sujet : pots de fleurs




On a les pots de fleurs qu'on peut : plantes poussant dans des trous forés dans une diorite à Kanata, ON.

La vie est une grande opportuniste, on ne le dira jamais assez.

Elle dévore la roche par les racines. Place aux jeunes pousses.



Sinon, on peut apprécier le fini du poli glaciaire de la roche.

jeudi 28 juin 2018

Hors sujet : nuages au cordeau



Bandes nuageuses rectilignes s'étirant d'ouest en ouest (ou l'inverse) au dessus de Kanata (Ottawa, ON), le 23 juin 2018. Des barbules cisaillent la mince bande sombre supérieure (contraste accentué).


Drôles de nuages étirés d'un horizon à l'autre au dessus d'Eaglesons Corners (Kanata, banlieue d'Ottawa), le 23 juin dernier.

Je les ai aperçus en descendant de l'autobus, vers 14 h 20. Ils ont persisté au moins pendant une demi heure (voir dernière photo).

Trop étroits pour des être stratus, trop minces pour des cumulus, trop bas et trop opaques pour des cirrus : c'étaient quoi ? La formation se composait de bandes parallèles plus ou moins diffuses et plus ou moins sombres, sous le plafond des stratus. Des barbules faisaient comme des dents de scie sur l'une des bandes (cisaillements ?). 

Une traînée d'avion ? Non plus. D'autres bandes semblables, moins marquées, étaient visibles plus au nord.

Si vous savez comment on aligne les nuages au cordeau, communiquez avec moi...



Le chemin March, sur lequel circule les autos, orienté N-S (N à droite), donne l'orientation de la bande nuageuse, grosso modo perpendiculaire à la route. Elle s'étirait d'un horizon...



... à...



... l'autre.



Gros plan sur les barbules (contraste accentué).



Une demi heure plus tard, vers 14 h 50, le nuage persistait dans sa forme (vue vers le nord, chemin Coulbourn Forced). Peu après, il s'est dissipé comme le ciel s'éclaircissait.

mardi 12 juin 2018

Roche intrusive (pyroxénite) dans le calcaire ordovicien, à Hull ?


Calcaire ordovicien de la formation Black River (Trenton), promenade du Lac-des-Fées, Hull (Gatineau), QC. Un calcaire grossier (à clastes et bioclastes) contient un élément flottant d'un lit plus fin. Photo 8 déc. 2013.


Résumé

On aurait trouvé une pyroxénite intrusive dans un calcaire ordovicien de la plate-forme du Saint-Laurent, à Hull, QC. La présence de cette pyroxénite dans cet horizon stratigraphique est étonnante (si confirmée).


Le sol et le sous-sol de l’Outaouais sont bien connus. 

On peut comparer la région à un gâteau. Découpez-en un morceau, vous verrez de bas en haut, sur la tranche (MA = millions d'années) :


  • Le gâteau lui-même (partie la plus substantielle) figure ici le Bouclier canadien, formé de roches métamorphiques et plutoniques âgées de plus d’un milliard d’années ;
  • Le glaçage, en surface, incomplet ou entamé, correspond aux sédiments de la plate-forme du Saint-Laurent (grès, calcaires et schistes) datant du Cambrien tardif (515 -485 Ma) et de l'Ordovicien (485-444 Ma) ;
  • Le tout est saupoudré de sucre en poudre pour tenir lieu de la mince couverture de sédiments meubles glaciaires et d’argile de la mer de Champlain qui recouvre le gâteau et la glaçage.


Voilà de quoi notre gâteau est fait.

Pour être complet, il faudrait compter avec les dykes d'une carbonatite liée aux Montérégiennes qui recoupent le calcaire ordovicien, à Ottawa (carrière Blackburn), datant de 110-120 Ma (Hogarth et al., 1988). (Intrusion minuscule.) Toutes les autres roches intrusives de l'Outaouais et au-delà sont antérieures au dépôt du calcaire : dykes de diabase qui recoupent le Bouclier (600 Ma) ; pluton de Grenville-Chatham (530 ma), toujours dans le Bouclier, etc.

Pour les dates, voir mon billet du 5 déc. 2015, « Tableau des temps géologiques : Gatineau et ses environs ».

Tout enrichissement de la stratigraphie, toute irruption d'un nouvel ingrédient dans le gâteau serait une révolution.

Or, voilà que je tombe par hasard sur un rapport de forage vieux de vingt ans qui fait état d’une roche intrusive (une pyroxénite, roche plutonique mafique) dans le calcaire ordovicien, à Hull (Les laboratoires Gatineau, 1998).

Qu’est-ce que fait une pyroxénite à cet endroit ? Comment a-t-elle pris place dans le calcaire ? À quelle suite ou série plutonique l'assimiler ?

Selon le rapport, une étude des sols et du roc entre la rue Demontigny et la promenade du Lac-des-Fées rédigée en vue de la réalisation du futur boulevard des Allumettières (axe McConnell-Laramée), le socle rocheux du secteur est constitué de calcaire à grain fin de la formation Black River (Trenton), interlité de calcaire argileux et de shale argileux. Rien que du banal, rien que de l'attendu. Rien pour faire sursauter. Sauf cette roche dure, cet « intrusif verdâtre » rencontré dans la partie partie supérieure d'un forage (forage F4), entre 1,25 m à 1,50 m de profondeur. Le contact intrusif-calcaire est bien défini, cependant, l'orientation du contact n'est pas définie.

Le forage F4 a été réalisé à l'angle des rues Demontigny et Laramée (cette dernière absorbée depuis par le boulevard des Allumettières). En lame mince, l'intrusif se révèle équigranulaire (grains 0,5-1,0 mm), et est constitué à 75 % d'orthopyroxène (hypersthène) et de clinopyroxène (augite) en proportions égales. Le 25 % restant est composé de quartz, de calcite et de minéraux argileux [altérés ?] « Nous sommes donc en présence d'une pyroxénite. » (p. 13)

Le rapport de forage, rédigé avant l'examen de lame mince, est moins affirmatif. Il signale, à la profondeur de 1,25 m à 1,50 m sous la surface : « Calcaire vert grenu, minces horizons dolomitique (sic) (présence de cristaux). » La nature de la roche verte n'avait donc pas d'emblée été reconnue. Mais une identification sur le terrain est toujours sujette à caution et peut être revue après plus ample examen en laboratoire.

Si cette roche est bien ce qu'en disent les Laboratoires Gatineau, il est étonnant que sa découverte n'ait pas fait plus de bruit.  

Quelle est cette pyroxénite ? À quelle suite magmatique l'assimiler ?

La présence de cette pyroxénite dans notre calcaire ordovicien n'est pas une impossibilité ; simplement, telle chose n'a jamais été observée. Comme pour faciliter les choses, les Laboratoires Gatineau ne semblent plus exister. Je doute que des échantillons aient été conservés.


Références

  • Donald D. Hogarth, Peter Rushforth, Robert H. McCorkell, 1988 - « The Blackburn Carbonatites, Near Ottawa, Ontario: Dykes With Fluidized Emplacement. » Canadian Mineralogist, vol.26, pp. 377-390. http://rruff.info/doclib/cm/vol26/CM26_377.pdf
  • Les Laboratoires Gatineau, 1998. Étude de caractérisation des sols et du roc : boulevard St-Laurent - Laramée, Hull - secteur DeMontigny au Lac-des-Fées. Projet 20-6672-8385-A - Rapport final. Gouvernement du Québec, Ministère des Transports.