samedi 25 mai 2019

Édifice à identifier



Appel à tous.

J'ai pu identifier la majorité des éléments qui figurent sur ce tableau de Henri Masson peint vers 1945-1951 (voir billet précédent pour plus de détails.)

La carrière ennoyée au premier plan est la carrière Wright ; l'église, à l'horizon, à droite (A), est l'ancienne église St-Joseph, sur le boulevard du même nom, à l'emplacement de la cathédrale construite en 1951.

Les maisons s'élèvent sur la rue Lois et sur boulevard St-Joseph. La rue Monseigneur-Beaudoin (rue Beaudoin à l'époque) monte vers l'église.

Ma question concerne le grand édifice marqué par le B à la gauche (au sud) de l'église. Il s'élève à la hauteur de l'actuel « 4 Taschereau », ou à peu près. Deux étages, un fronton triangulaire, deux ailes, de nombreuses fenêtres. Le faîte de l'édifice n'est pas surmonté d'une croix, contrairement à l'église. Il s'agirait donc d'un édifice civil. Une école ? (Même si forcément confessionnelles, à l'époque, elles n'étaient pas nécessairement surmontées d'une croix.)

Je n'ai rien trouvé concernant cet édifice.

Sur la rue Amherst, Brault, dans la carte de son livre sur l'histoire de Hull, place une « Rés. des religieuses » qui existe encore (Chartwell). Mais cet édifice, orienté est-ouest, est trop au sud et ne ressemble pas à celui qui figure dans le tableau. Avec le terrain de l'église, c'est le seul élément inscrit sur la carte dans ce secteur.

Si vous savez quelque chose...

Référence

Lucien Brault (1950) - Hull 1800-1950. Presses de l'Université d'Ottawa.


La même image, sans annotation. Je déteste de plus en plus devoir « barbouiller » les documents.

Détail

vendredi 24 mai 2019

La carrière Wright ennoyée, Hull, Qc, vers 1945-1950 (ajout)


Il y a une suite (billet suivant, 25 mai 2019).




Voici deux tableaux du peintre Henri Masson (1907-1996, merci Wikiki) intitulées toutes deux Carrière en banlieue de Hull. (Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4404301 et 4404114.) Ils ne sont pas datés, mais on peut risquer  1945-1951. Tout semble indiquer qu'il s'agit de la même carrière ennoyée, cadrée en deux tableaux. Le nord est à droite et nous regardons vers l'ouest.

Je ne dispose que de ces photos en noir et blanc mises en ligne par BAC. La carrière est l'une des exploitations de pierre calcaire ouvertes autrefois entre la rive ouest du ruisseau de la Brasserie et le boulevard St-Joseph. Il s'agit plus précisément de la Wright and Company, ou Wright Crushed Stone Co, Ltd., selon les époques. La Wright était en effet située dans l'axe de l'église St-Joseph dont on aperçoit la croix à l'horizon du second tableau, entre les toits des maisons.

On peut comparer le fronton triangulaire portant la croix et surmontant une grande porte de la photo de l'église St-Joseph en 1947 avec sa représentation sur le second tableau. Si on clique sur l'image pour l'agrandir, on constate que le peintre a représenté l'ombre des pierres qui composent la façade. Le clocheton, au sud de l'église, visible sur la photo, est caché par les maisons sur le tableau. L'actuelle cathédrale, plus haute et plus imposante, a été construite en 1951. La rue qui monte directement vers l'église sur le tableau serait la rue Monseigneur-Beaudoin. Tout ceci est décidément très ecclésiastique !

La carrière représentée pourrait également être celle de la Laurentian Stone Co., Ltd, située immédiatement au sud de la Wrigth. Mais sa position par rapport à l'église ne convient pas avec ce que montre le tableau.

Selon G. Machado (voir billet du 1er sept. 2017, lien plus bas), en 1945, la carrière Wright était ennoyée et la Laurentian encore en exploitation - ce qui apporte un autre argument contre la possibilité que ce soit cette dernière qui soit représentée. On peut donc supposer que les tableaux ont été réalisés entre 1945 et la construction de l'actuelle cathédrale, en 1951. Un titre un peu plus précis et l'inscription d'une date aurait écarté bien des équivoques...

La carrière est aujourd'hui couverte par un parking (billet du 1er sept. 2017).


À voir dans le blogue

Hors du blogue





AJOUT (25 mai 2019)

La pierre calcaire qui a servi à la construction de l'église St-Joseph et de la cathédrale qui l'a remplacée était exploitée localement*. Si la pierre ayant servi à l'église St-Joseph a pu, mais pas obligatoirement, provenir de la carrière Wright (Goudge (1935) nous apprend que la carrière avait déjà produit de la pierre à bâtir*), ce n'est pas le cas pour la cathédrale construite alors que la carrière était ennoyée. Je n'ai aucune donnée qui me permettrait de répondre à ces questions.
* Voir billet du 1er 9 sept. 2015, lien plus haut.



Photo Le Droit, 26 août 2018, l'église Notre-Dame-de-l'Île [sic : église St-Joseph], en 1947. Courtoisie, fonds Champlain Marcil, BANQ.) La photo a été prise depuis le boulevard St-Joseph.
La façade regarde vers l'est, le nord est à droite. Le clocheton au sud de l'église, est masqué par des maisons sur le second tableau de Henri Masson.

samedi 11 mai 2019

Canal de drainage du lac Flora : MàJ


Mise à jour de mon billet du 1er juin 2017 sur le canal de drainage du lac Flora à Hull, QC. Je ne reprends pas l'exposé ici, prière de vous y reporter.

On peut cliquer sur les images pour les voir à leur pleine grandeur.



Carte 1a. - Partie de l'Île-de-Hull en 1887. Le lac Flora est à la gauche ; à droite : la rivière des Outaouais. Détail de : Map of the City of Ottawa, P. Ontario, and the City of Hull, P. Quebec, and Their Adjacent Suburbs. Compiled by John A. Snow and Son, Provincial Land Surveyors and C.E.ng's from Personal Surveys and Official Records. Scale 660 Feet to One Inch (1887).
Le quadrillage des rues est approx. N-S et E-W. Photo de la carte prise à main levée, distorsions possibles.



Carte 1b. - Le possible canal de drainage est surligné en rouge.



Photo 1a. - Même secteur, 1925. Le lac Flora, asséché, n'est plus qu'une tache grise. Des sections du canal de drainage du lac Flora sont visibles (voir photo 1b).
Ressources naturelles Canada, Photothèque nationale de l'air, photo HA67, no 60, 4 nov. 1925 (détail).



Photo 1b. - La partie recourbée du canal partant du lac, est surlignée par une ligne noire pleine. L'extrémité du canal débouchant dans la rivière des Outaouais correspond peut-être à une structure rectiligne surlignée elle aussi par une ligne pleine. La résolution de la photo ne permet cependant pas d'être affirmatif sur ce dernier point. Le reste du canal, à travers les rues et les terrains bâtis, n'est pas visible. Son trajet est représenté par une ligne noire tiretée.
La partie plus pâle, en bas de la photo, n'est pas couverte par la carte 1a-1b.
Le pont Alexandra et le chemin de fer qui l'emprunte pour traverser l'Île-de-Hull datent de 1898-1900. Voir le billet du 25 août 2017, « Ruisseau de la Brasserie : chronologie ».

mardi 30 avril 2019

Crues de 2017 et de 2019 à Hull (Gatineau) : comparaison (ajout)



Quai de la navette-taxi, derrière le Musée canadien de l'Histoire, tout près de la marina de Hull (Gatineau, Qc). (Photo reprise plus bas.)


Le 7 mai 2017, lors de la grande crue, le niveau de l'Outaouais était monté à jusqu'à 45,20 m à la marina de Hull (Gatineau, Qc), selon la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO).

La crue de 2019 promet, exploit qu'on aurait cru (sans jeu de mots !) impossible, de dépasser en ampleur celle de 2017.

Qu'en est-il pour l'instant ? Disposons-nous des points de référence ?

Voyez ces photos prises au quai de la navette-taxi, derrière le Musée canadien de l'Histoire, à Gatineau, tout près de la marina de Hull, à l'ombre du pont Alexandra. (Voir le billet du 6 mai 2017, « L'Outaouais à un cm de la crue record de 1974 ») La navette assure la liaison entre le Musée et la Colline du Parlement, sur l'autre rive de l'Outaouais, à Ottawa (On). 



6 mai 2017, vers 20 h 00. Niveau observé le même jour : 45,10 m (CPRRO). La marina de Hull (Gatineau), où ces mesures sont prises, est sur la même rive, de l'autre côté du pont Alexandra. La rampe et l'affiche du quai de la navette-taxi dépassent seules des eaux. (Les niveaux quotidiens enregistrés ne correspondent pas nécessairement à ceux qui prévalaient à l'heure où les photos ont été prises.)



Détail de la photo du 6 mai 2017. Fluctuat nec mergitur ? L'écusson sur le toit du bateau porte l'inscription TAXI, un peu floue ici (voir photo du 3 mai 2019).



7 mai 2017, vers 15 h 40. Le niveau maximum de la crue a été atteint ce jour-là : 45,20 m (CPRRO). Qui a envie de chanter Yellow Submarine ?...



30 avril 2019, à 15 h 58 h. Même endroit. Niveau atteint : 45,17 m (CPRRO).



30 avril 2019 : détail.


Ajout (3 mai 2019)


3 mai 2019 à 13 h 30. Niveau des eaux (à 17 h 00) : 45,04 m. Il était à 45,17 m, à 8 h 00 le 2 mai, et à 45,07 m en fin de journée. « Le pic à la marina de Hull a été observé mercredi après-midi [1er mai] à 45,18 m (CPRRO). Le niveau de l’eau dans ce secteur a baissé de 7 cm, jeudi. » (Le Droit, 3 mai 2019). Fluctuat nec mergitur à nouveau !

dimanche 24 février 2019

Hull et le canal de la Baie Georgienne : suite


Légende pour les trois figures
CC : chutes des Chaudières ; CSJ : cimetière Saint-James ; ÉsÎ : école second. de l'Île ; IN : Imprimerie nationale ; LC : lac de la Carrière ; MA : marmite des Allumettières (LIEN) ; MM : manège militaire de Salaberry ; PB : parc Brébeuf ; PbF : pont du boul. Fournier ; PC : pont Champlain ; RB : ruisseau de la Brasserie ; RO : rivière des Outaouais ; RPC : rapides de la Petite Chaudière ; RR : rapides Remic ; SPC : stromatolites du pont Champlain (LIEN) ; UPEP : usine de production d'eau potable (du secteur Hull) ; UQO : Université du Québec en Outaouais.
Ces cartes modifiées sont sous mon copyright.

Fig. 1. - Le trajet du canal de la Baie Georgienne, tel que prévu en 1909, superposé à une carte récente de Hull. En mauve pâle : le canal ; en rouge pâle : le barrage prévu sur l'Outaouais ; ligne rouge vif : limite des terrains inondés (195 pieds ou 59,4 m, arrondis à 60 m). J'ai ajouté le Rapibus (ligne grise mince) qui ne figurait pas sur la carte. Fond de carte : origine inconnue.
Cliquer sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.


Rappel - résumé

Selon les plans et devis d'un rapport du ministère des Travaux publics déposés en 1909 à Ottawa (voir « Référence »), le canal de la Baie Georgienne devait traverser la ville de Hull, au Québec. La raison d'être de cet ambitieux projet, rappelons-le, était d'offrir un lien direct entre Montréal et les Grands Lacs par une voie navigable passant par l'Outaouais, la Mattawa, le lac Nipissing et la rivière des Français. Le canal devait ainsi aboutir à la Baie Georgienne, dans le lac Huron. Un siècle de réclamations et d'initiatives tant privées que gouvernementales allait trouver sa conclusion.

Voir les billets précédents pour plus de détails :




Le canal n'a jamais connu même un début de réalisation (voir billet du 20 février 2019). On peut cependant se demander à quoi aurait ressemblé la ville de Hull si le projet avait été mené à terme. Les cartes (fig. 1, 2 et 3) montrent le trajet du canal à travers la ville ainsi que la position du barrage sur l'Outaouais. Ce dernier était destiné à offrir une rivière-réservoir propice à la navigation jusqu'au barrage du lac des Chats, en amont. Une partie des rives de la rivière aurait disparue sous l'eau du réservoir.

Un grand nombre de bâtiments et d'édifices auraient dû être construits ailleurs qu'à leur emplacement actuel. L'Île-de-Hull aurait été coupée en deux par le canal et le réseau routier aurait été pensé selon des contraintes totalement différentes de celles qui ont prévalu jusqu'à aujourd'hui. En fait, tout l'urbanisme aurait pris un visage imprévu.

Place au canal

Imaginons-nous à la barre d'un navire qui remonterait le canal de la Baie Georgienne à contre-courant, de l'est vers l'ouest, de Montréal vers le lac Huron. (Je donne entre parenthèse les dates de construction ; en gras, les sigles et couleurs utilisées sur les cartes.)

Une fois passé devant la bouche du ruisseau Leamy, notre navire quitterait les eaux libres de l'Outaouais pour emprunter le canal allongé dans l'embouchure du ruisseau de la Brasserie (RB). Le pont du boul. Fournier (PbF) ne nous gênerait aucunement, puisque le plans prévoyaient sa destruction et son remplacement par un autre, 500 m en amont (« Bascule Bridge », fig. 2). Nous n'aurions plus qu'à laisser le canal nous conduire, conservant notre cap SW, à travers une baie, aujourd'hui comblée et occupée par l'autoroute 5 (1964). Là, au nord de l'Imprimerie nationale (IN ; 1954), le canal nous ferait couper à travers l'angle NW de l'Île-de-Hull. Écornant l'Imprimerie, il passerait au nord de l'intersection Sacré-Coeur - St-Rédempteur, écornerait à son tour l'école secondaire de l'Île (ÉsÎ ; 1976) pour traverser à nouveau le ruisseau de la Brasserie et quitter l'Île-de-Hull.

Une fois sur la rive opposée, le canal s'infléchirait vers le SSW, interdisant la construction de l'autoroute 50 (1988) sur son parcours actuel, pour traverser la rue Montcalm à l'ouest de la voie du Rapibus (ligne grise ; 2013). Il aurait, auparavant, manqué de détruire la marmite du boul. des Allumettières (MA ; 2007 : LIEN).

Poursuivant sa route sans dévier, le canal, et nous avec, passerait par le Manège militaire de Salaberry (MM ; 1938) et couperait le boul. A.-Taché à l'est du boul. St-Joseph. Finalement, il déboucherait dans la rivière à l'entrée de la baie Squaw (dite baie des Tout-Nus quand j'étais petit), après être passé au sud de la colline de l'Université du Québec en Outaouais (UQO) et du cimetière Saint-James (CSJ).

Nous nous retrouverions enfin en eaux libres, immédiatement en amont d'un barrage construit sur le chapelet d'îles entre la baie Squaw et Lazy Bay, en Ontario. Cet ouvrage assurerait l'égalité du niveau des eaux jusqu'au barrage suivant, 55 km plus loin en amont, au lac des Chats. Une navigation paisible en perspective.

Place au réservoir

Outre l'effacement des îles, la construction du barrage entraînerait la disparition sous les eaux du réservoir des terrains de l'usine de production d'eau potable du secteur Hull, à Val-Tétreau (UPEP), la plage du parc Moussette à l'est du parc Brébeuf et son sentier des explorateurs (LIEN et LIEN) (PB) dans le même quartier. Finis les rapides Remic (RR) et de la Petite Chaudière (RPC). À la place, nous aurions eu un lac plat, un long fleuve tranquille. Adieu les stromatolites du pont Champlain (SPC ; LIEN). Adieu aussi aux plages de Britannia et de Westboro, à Ottawa. Ç'aurait été le prix à payer pour que Hull devienne un « port de mer »... (voir billet du 14 févr. 2019).

Je ne donne pas ici la position des écluses (« LOCKS ») Hull 1 et 2, la description de la déviation des voies ferrées déviées, l'énumération des ponts déplacés et remplacés par des ponts à bascule (« Bascule Bridges »), et autres détails techniques. Voyez la fig. 2.


Conclusion

On peut de demander si, avec une ville de Hull scindée par le canal et devenue partie intégrante d'une voie de communication interprovinciale, l'idée d'un district fédéral englobant les villes de Hull et d'Ottawa n'aurait pas reçu une impulsion considérable.

Mais je fais là de la politique fiction.


Référence


  • Department of Public Works, Canada. Georgian Bay Ship Canal; report upon survey, with plans and estimates of cost, 1908. [Publié en] 1909.




Fig. 2. - Le canal de la Baie Georgienne selon les plans de 1909, détail modifié. Les flèches rouges pointent la ligne (en bleu) des 195 pieds (59,4 m) qui marque la limite des terrains inondés en amont du barrage sur l'Outaouais (« DAM »).
Cliquer sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.


Fig. 3. - Le trajet du canal de la Baie Georgienne, tel que prévu en 1909, superposé à une carte récente de Hull. En mauve pâle : le canal ; en rouge pâle : le barrage prévu sur l'Outaouais ; ligne bleu-mauve pâle : limite des terrains inondés (60 m, pour les 59,4 m de la fig. 2) et les eaux du réservoir en amont du barrage sont en bleu. Fond de carte RNC, Atlas du Canada.
Cliquer sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.