mercredi 20 décembre 2017

Roche de l'année 2017 et voeux de circonstance



Trachyte de la suite ignée de Robitaille, à L'Ange-Gardien, Qc. Échantillon recueilli en novembre 2017 sur le bord de l'autoroute 50, au NE de Buckingham, Qc, au N du chemin Doherty. Hauteur : 13 cm.


Il a fallu à Michel-Ange 1 275 329 coups de marteau pour sculpter son David ; un seul m'a suffi pour réaliser ce chef-d'oeuvre (image).

D'une unique percussion (les géologues sont des percussionnistes qui s'ignorent), j'ai réussi à produire quelque chose qui ressemble à s'y méprendre à un biface de l'Acheuléen - ce qui, du même coup, vous offre un voyage dans le temps au Paléolithique inférieur, à l'époque d'Homo heidelbergensis et autres ergaster.

La photo ne rend pas justice au velouté de la texture de la roche. Elle est en réalité d'un noir de suie, d'un noir profond et satiné, quelque chose comme une soie qui boirait la lumière. Le grain est très fin, si fin qu'il est non perceptible, même à la loupe. On dit de ce genre de roches qu'elles sont aphanatiques (phanéritiques dans le cas contraire.) Quelques phénocristaux de feldspath d'un mm sont cependant visibles ici et là.

Le choc du marteau s'est propagé en fracturant la masse rocheuse selon des paliers bien visibles par le jeu des ombres ; le coup a été donné à la base, suivant le grand axe de l'échantillon. Une arête suit d'ailleurs cette ligne en formant une saillie de bas en haut de la roche, comme une nervure. On ne peut pas parler dans le sens strict de cassures conchoïdales, comme celles d'une obsidienne, mais presque.

Il s'agit d'une lave de la suite ignée de Robitaille (SIR) dont j'ai parlé dans mon billet du 16 novembre 2017 («Volcanisme à L'Ange-Gardien, QC»). Je l'ai recueillie sur le bord de l'autoroute 50, dans les tranchées au N du chemin Doherty, à L'Ange-Gardien, près de Buckingham. Elle est âgée de 1060 millions d'années et se porte bien. Selon la carte géologique, il s'agirait d'une trachyte. Je cherchais à obtenir un échantillon gros comme le pouce (c'est assez pour un examen à la maison). Je n'ai pas pu résister à l'élégance de cet éclat arraché à la falaise.

À propos (ou plutôt hors de propos) : joyeux Noël et bonne année ! Comme mes vœux vous arrivent par l'entremise de L'Ange-Gardien, Qc, je présume que vous les recevrez de bonne grâce !



Autre vue de la trachyte.

mardi 5 décembre 2017

Au-delà du paysage : Des Laurentides aux basses-terres du Saint-Laurent



Au-delà du paysage : Des Laurentides aux basses-terres du Saint-Laurent.


Un très bon livre, un très beau livre, signé Bernard Lauriol, professeur de géologie du Quaternaire à l'Université d'Ottawa. Un ouvrage qui va devenir indispensable à qui s'intéresse à la géologie et à l'histoire du paysage des Laurentides et des basses-terres du Saint-Laurent (deux entités dont l'Outaouais fait partie).

Les photos, signées Pierre Bertrand, sont magnifiques. Avec le texte de Bernard Lauriol, elles concourent à faire de cet album un livre complet que l'on conservera dans sa bibliothèque.

L'enchaînement de courts chapitres rend la lecture agréable. L'esprit de synthèse qui a présidé à leur rédaction plaira tant aux pros qu'aux amateurs, sans compter les nombreux curieux qui se posent des tas de questions sur le paysage. Pourquoi des collines ici, une vallée là-bas, du sable à cet endroit, de l'argile à un autre, du granite un peu plus loin, puis du calcaire ?...

L'histoire de l'Outaouais, l'histoire profonde, à commencé il y a plus d'un milliard d'années avec la chaîne de montagnes de Grenville (les collines de la Gatineau et des Laurentides actuelles en sont les racines révélées par l'érosion) et se continue de nos jours alors que nous vivons pour la plupart dans les plaines d'argile laissées par la mer de Champlain il y a 10 600 ans. Suivez les étapes de cette histoire à travers les roches, les minéraux, les fossiles, les mines et les glissements de terrain...

Au-delà du paysage : Des Laurentides aux basses-terres du Saint-Laurent est publié par les Éditions Vents d'Ouest, de Gatineau.

Les mêmes auteurs avaient publié Eaux, glaces et cavernes en 2014.



4e de couverture

« La beauté se cache dans les détails. C'est ce que permet de découvrir AU-DELA DU PAYSAGE. Des Laurentides aux basses-terres du Saint-Laurent.

Bernard Lauriol et Pierre Bertrand, qui nous avaient donné il y a quelques années Eaux, glaces et cavernes, nous proposent aujourd'hui de regarder ce qui se cache dans un paysage. Leur terrain de prédilection s'étend, en Outaouais, du Pontiac à la Petite-Nation. Mais, plus qu'un parcours régional, c'est, en mots et en images, l'histoire géologique des Laurentides et des basses-terres du Saint-Laurent qu'ils nous brossent, en moins de deux cents pages.


Avec les auteurs, vous visiterez les lieux occupés il y a 6500 ans par des peuples venus des grandes plaines nord-américaines, puis cartographiés au début du XVIIe siècle par les explorateurs français. Vous découvrirez les vestiges du passé minier de l'Outaouais. Et surtout, au-delà de l'histoire, au-delà des paysages, les auteurs vous convieront à admirer affleurements de marbre et de gneiss, cristaux de rutile et d'apatite, blocs erratiques et fresques rupestres, marmites de géant et pierres de fée, vestiges préhistoriques et fossiles d'animaux ayant fréquenté nos forêts et nos rivières.


Un texte riche d'images qui vous enchanteront et vous permettront de saisir l'histoire et la beauté d'un paysage. »



Métadonnées

TITRE : Au-delà du paysage : Des Laurentides aux basses-terres du Saint-Laurent
Éditeur : VENTS D'OUEST
Auteurs : Bertrand, Pierre - Lauriol, Bernard
Collection : Asticou
Type : Souple
Date de publication : 2017/11/21
Nombre de pages : 163
PAPIER : 39,95 $
PDF NUMÉRIQUE : 24,95 $
ISBN : 9782895376057

vendredi 1 décembre 2017

D'immenses galeries prolongent la caverne de Saint-Léonard, à Montréal



Deux spéléologues marchent dans la grotte du parc Pie-XII à Saint-Léonard. Photo : Radio-Canada/Société québécoise de spéléologie. Source : Ici Radio-Canada.


« D'immenses galeries découvertes sous un parc de Saint-Léonard

Des galeries souterraines qui s'étirent sur 200 mètres. Des stalactites, des plans d'eau cristalline, de spectaculaires coulées de calcite. L'une des découvertes les plus importantes de l'histoire de la spéléologie québécoise a été annoncée aujourd'hui. Et, fait inusité, elle se trouve directement sous la ville de Montréal.

Les spéléologues Daniel Caron et Luc Le Blanc ont découvert que ce qu'on connaissait de la modeste caverne de Saint-Léonard, qui attire les visiteurs depuis des décennies dans l'arrondissement du même nom, n'était en fait qu'un hors-d'oeuvre. En creusant à peine un mètre dans le calcaire du fond de la caverne, les deux hommes ont mis à jour de nouvelles salles bien plus grandes et impressionnantes. Celles-ci s'étendent sous le parc Pie-XII et même sous les maisons et les rues avoisinantes. [...]

La plupart des grottes sont creusées par de l'eau qui dissout le roc, mais la caverne de Saint-Léonard est d'un tout autre type. C'est le poids des glaciers, il y a plus de 15 000 ans, qui a provoqué une fracture du roc. » (Philippe Mercure, La Presse, 1er déc. 2017)

Ce genre de cavernes, dites glaciotectoniques, dont le plan est habituellement en dents de scie, ont été créées lors de la dernière glaciation. Les cavernes de Saint-Léonard (les « anciennes », déjà connues, et les galeries nouvellement découvertes) en sont des exemples-types. La pression de la glace en progression a disloqué et déformé la roche, créant des vides au-dessus desquelles des dalles de roches ont pu coulisser, entraînées par le glacier. Les strates horizontales du calcaire qui forment le socle de l'île de Montréal étaient toutes désignées pour offrir une prise facile à ce type de poussée latérale. Fractures, dalles coulissées : tout ceci explique les murs verticaux et le toit plat des cavernes de ce type. 



Références


  • Jacques Schroeder, «Les cavernes : un patrimoine gravé dans le temps», in : G. Prichonnet et M.A. Bouchard, Actes du premier colloque du Patrimoine géologique du Québec, Montréal, 8-9 sept. 2000, MRNQ, MB 2004-05, 2004, p. 77-84.
  • Site de la Société québécoise de spéléologie.


jeudi 16 novembre 2017

Volcanisme à L'Ange-Gardien, QC


Autres billets sur la géologie de l'autoroute 50 en Outaouais.


Géologie de l'autoroute 50 à L'Ange-Gardien, à l'E de Buckingham. Modifié de SIGÉOM, Système d'information géominière du Québec, carte interactive (lien)*.
Quaternaire : Q
Protérozoïque supérieur : diabase I3B, 600 Ma (millions d'années)
Protérozoïque moyen : suite volcano-plutonique de Robitaille (SIR), 1060 Ma : désignées par les codes en (rob...)** ; province de Grenville, 1200 Ma : marbre M13 et paragneiss M4.
Lignes tiretées : failles ; Tour HQ : tour de communication d'Hydro-Québec ; *VB : viaduc du chemin Belter ; X-X' : tranchée de l'autoroute 50 considérée ici.
*Les formations de la carte SIGÉOM sont tirées de Hogarth (s.d.), ** de même que les codes des roches de la SIR (« rob... ») que j'ai adaptés pour les besoins du billet.


Résumé

Roches volcano-plutoniques potassiques de la suite ignée de Robitaille (1060 Ma), à Buckingham et L'Ange-Gardien, Qc, en discordance sur la province de Grenville du Bouclier canadien (métamorphisme 1200 Ma).


La section la plus spectaculaire de l'autoroute 50 en Outaouais est située sans conteste à L'Ange-Gardien, immédiatement à l'E de Buckingham. Entre les chemins Belter et Doherty, la route est au fond d'une tranchée escarpée dont les murs, qui atteignent 30 m de hauteur, donnent aux automobilistes l'impression de s'engager dans un canyon. La tour de communication d'Hydro-Québec, au sud de la paroi E, constitue un point de repère familier aux gens de la région.

La tranchée, orientée N-S, a été percée dans une colline constituée de roches volcaniques demeurées intactes depuis leur épanchement, il y a plus d'un milliard d'années.

Ces laves appartiennent à la Suite ignée de Robitaille (SIR ; voir Hogart ; s.d., 2007, 1997). Elles affleurent en une bande NNE discontinue, coupée de failles, depuis Buckingham jusqu'à Mayo.

L'ancienneté de la SIR se déduit du simple examen de ses relations avec les roches voisines. Les laves de la SIR se sont écoulées sur le Bouclier canadien — ou sa subdivision locale, la province de Grenville, dont le métamorphisme remonte à environ 1200 Ma (Ma : million d'années). Les roches du Grenville et de la SIR sont toutes deux découpées par des dykes de diabase verticaux âgés de 600 Ma (voir billet sur l'histoire géologique de l'Outaouais). Entre ces deux dates extrêmes, 1200 et 600 Ma, la marge est grande ! Des études ont permis de dater directement la SIR et de lui donner un âge de 1060 Ma, compatible avec les données du terrain. Le trait distinctif le plus immédiat de la SIR est l'absence des pegmatites granitiques et syénitiques, alors qu'elles sont omniprésentes dans les roches du Grenville.


Chronologie


  • 1200 Ma : province de Grenville, métamorphisme régional ;
  • 1060 Ma : SIR, effusion et intrusion ;
  • 600 Ma : dykes de diabase recoupant les roches du SIR et du Grenville ;
  • 500 Ma : début du dépôt des sédiments de la plate-forme du Saint-Laurent.



Volcanisme sans volcans

Les laves de la SIR se sont épanchées à partir de fissures et de failles. Il ne faut donc pas imaginer le paysage de l'Outaouais au Précambrien agrémenté d'un chapelet de volcans ! La finesse du grain, des structures d'écoulement, la présence d'amygdales (vacuoles en forme d’amande) remplies de carbonates et de bombes volcaniques ont permis de reconnaître le caractère effusif, ou volcanique, d'une partie de la SIR. Les dykes et les roches à grain plus grossier sont considérées comme intrusives, ou plutoniques, c.-à-d. consolidées sous la surface, en sills et plutons, dans l'empilement des laves. La SIR a donc un caractère mixte, volcano-plutonique.

La variété des roches générée par la SIR est très grande ; latite et trachyte pour les roches volcaniques ; lamprophyre, monzodiorite et syénite à feldspath alcalin pour les roches plutoniques. On rencontre aussi des carbonatites, des dolomies qui résultent du métasomatisme des abondants marbres calcitiques locaux par des fluides volcaniques et des brèches à phlogopite-calcite.

Les minéraux prédominants de la SIR sont la phlogopite et les feldspaths. Le clinopyroxène est commun, ainsi qu'une amphibole calcique. La suite est caractérisée par sa haute teneur en potassium et on peut parler d'une suite ultrapotassique, mais ces considérations nous amèneraient trop loin du cadre de ce petit billet si on les suivait.

Des lambeaux de roches volcaniques (des latites) apparentées à la SIR se retrouvent jusqu'à Saint-André-Avellin, 30 km à l'E de Buckingham.


L'autoroute 50

Que peut-on distinguer de la SIR depuis la chaussée de la 50, à l'E de Buckingham ?

Suite de Robitaille (Protérozoïque moyen ; 1060 Ma)
  • Roches volcaniques grises (trachyte) occupées par des filons et des poches de carbonates (fig. 2-8) ;
  • Dolomie rose (marbre métasomatisé) (fig. 5-6) ;
  • Lamprophyre sombre (au sud).
Roche tardive (600 Ma)
  • Dyke de diabase gris, large de 35 m. Il recoupe la tranchée à angle droit et est visible des deux côtés de l'autoroute (fig. 7-8).


Il faut un œil exercé, ou averti, pour distinguer les marges rectilignes et parfaitement verticales du dyke de diabase dont la teinte grise se fond dans celle, grise aussi, de la trachyte (fig. 7-8). (Un autre dyke de diabase, large d'un m et légèrement tordu, recoupe la trachyte à 35 m au N du grand dyke.)

Pour un amateur (moi, par exemple), tenter de faire la distinction entre toutes les catégories de roches cartographiées par Hogarth est une entreprise périlleuse (et la fig. 1 ne montre qu'un détail de sa carte). Faute de mieux, j'ai réparti pour mon usage personnel les roches de la SIR en deux catégories, toutes deux massives :


  • Roches noires aphanatiques (au grain indistinct, trop fin) : volcaniques ;
  • Roches phanéritiques ou grenues (au grain apparent), de teintes grises variées, contenant des phénocristaux de feldspath et de mica : volcaniques ou plutoniques, selon le grain, fin ou moyen.

Je n'ose tracer la ligne pour partager les roches grenues entre les volcaniques et les plutoniques. En l'absence de renseignements autorisés, j'aurais classé toutes les grenues dans la vaste famille des syénites*. Il existe d'ailleurs une syénite orangée tout à fait reconnaissable à l'extrémité N de la tranchée.
Ajout (28 nov. 2017) - J’ai jeté un coup d’œil à d’anciens travaux sur le secteur considéré ici. Dans une carte accompagnant un article publié par Lafleur et Hogarth en 1981, la section X-X’ de la tranchée de la future autoroute 50 se situe dans une zone presque entièrement composé de syénite à biotite (roche plutonique). Elle ne croise qu’une mince bande de trachyandésite (roche volcanique) de moins de 100 m de largeur au S du point X’. La carte de Lafleur et Hogarth date de bien avant la construction de l’autoroute 50 et les travaux sur la géologie du secteur n’était pas aussi avancés en 1981 qu’aujourd’hui. Il serait donc injuste de les juger en fonction de l’état actuel de nos connaissances (et il existe plusieurs systèmes de classement des roches ignées). Elle montre du moins que ma position (classer les roches grenues de la tranchée, exceptés la dolomie et la diabase, parmi les syénites à phénocristaux) est tout à fait défendable.


Problème de niveau

L'élément le plus intriguant de ce tableau est que les roches volcaniques du SIR reposent directement sur le Bouclier (province de Grenville), qui devait donc être érodé au niveau actuel il y a plus d'un milliard d'années. Or, c'est sur ce même niveau que se sont déposés les sédiments de la plate-forme du Saint-Laurent (grès, calcaires, schistes) à partir de 500 Ma (voir le billet sur la discordance Bouclier/plate-forme au lac Beauchamp, 23 janv. 2011). Que cette surface et les laves de la SIR qu'elle porte se soit préservés entre 1060 Ma et 500 Ma est pour le moins surprenant.

Autre complication, plusieurs plutons qui affleurent aujourd'hui à la surface se sont mis en place à l'intérieur de la croûte terrestre avant, pendant et après l'épisode de la SIR. On peut prendre comme exemple, le pluton des Montagnes-Noires à Ripon (voir billets sur les Montagnes-Noires), 28 km au NE de Buckingham, âgé de 1075 Ma. Aucune faille connue ne peut expliquer ce décalage. Hogarth (s.d.) avance d'ailleurs l'hypothèse que le la RIS serait l'expression en surface des plutons de la suite à laquelle les Montagnes-Noires appartiennent. Le caractère potassique des deux suites autorise ce rapprochement.

On peut supposer qu'une couverture sédimentaire dont il ne reste aucune trace a préservé les laves. Elle aurait été érodée avant le dépôt des sédiments de la plate-forme du Saint-Laurent, il y a 500 Ma. Il a été aussi suggéré que l'effondrement de blocs faillés auraient soustraites la SIR à l'action de l'érosion, mais les évidences qui avaient été avancées pour soutenir cet hypothèse paraissent maintenant moins fortes. 

Mes excuses à M. Hogarth dont j'ai résumé les travaux de façon si succinte. Veuillez vous reporter à ses publications (voir « Références ») pour en savoir plus, notamment sur le caractère potassique et même ultrapotassique de la SIR qui fait son originalité. Mais ces considérations très techniques n'ont pas leur place dans ce court billet.


Références

  • D.D. Hogarth, s.d. — Rocks Of The Mason - Buckingham - Mayo Area, With Emphasis On Mesoproterozoic Igneous Types, GM 63238 (SNRC 31G11), 27 p., 1 plan.
  • D.D. Hogart et Robin Michel J.L., 2007 — « Strontium in Feldspars of High-K Proterozoic Igneous Rocks of the Robitaille Suite, Buckingham, Québec. » The Canadian Mineralogist, vol. 45, p. 1293-1306.
  • D.D. Hogarth, 1997 — Carbonatites, fenites and associated phenomena near Ottawa. GAC/MAC, Joint Ann. Meet., Ottawa, 1997, field trip guidebook A4, 21 p.
  • Lafleur J., Hogarth D.D., 1981 — « Cambro-Proterozoic volcanism near Buckingham, Québec. » Revue canadienne des sciences de la Terre,  18 :  1817-1823.
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Fig. 2. - Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur E, au N). — Filon de carbonate pâle dans la trachyte. Photo 18 nov. 2012.




Fig. 3. - Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur E, au N). — Autre filon de carbonate blanc dans la trachyte, sous une langue de dolomie rose ; d'autres filons blancs, plus discrets, parsèment la roche. Photo 18 nov. 2012.



Fig. 4. Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur W, au sud, face à la tour d'Hydro-Québec). — Filons et poches de carbonate rose dans la trachyte noire. Une amphibole bleue s'est développée au contact de la trachyte et de la poche de carbonate. Photo 11 nov. 2017.



Fig. 5. Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur W). — Dolomie rose et calcite(?) blanche dans la trachyte grise. © Google.



Fig. 6. Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur W). — Gros plan de la zone représentée en fig. 5. Un xénolite carré de trachyte est emporté par le filon de carbonate clair, à droite. Photo 11 nov. 2017.



Fig. 7. Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur E). — Contact franc et net entre la trachyte (1060 Ma ; à gauche) et le dyke de diabase (600 Ma ; à droite). Presque 500 Ma séparent ces deux roches. Voir fig. 8. Photo 18 nov. 2012.



Fig. 8. Tranchée de l'autoroute 50 à l'E de Buckingham (mur W). — Dyke de diabase large de 35 m recoupant la trachyte. Un indice : les lignes de forage se distinguent mieux (en clair) sur la diabase, au centre de la photo. © Google.



Fig. 9. À gauche : brèche de calcite grise cimentant des fragment d'une trachyte ; à droite :  trachyte entière, à grain fin ; notez les cassures conchoïdales. (Identification selon Hogarth ; s.d.). Rue Nadon (E), Buckingham (dans une zone immédiatement au S de la carte de la fig. 1). Ces échantillons ont été ramassés en 1999. L'affleurement n'est peut-être plus accessible, le secteur étant en bordure d'un quartier résidentiel. La pièce de 2 dollars canadiens mesure 28 mm de diamètre.

mercredi 8 novembre 2017

Tectonites, chevauchement et imbrication à Pembroke, ON



Fig. 1. (SITE 1). - Tectonites, failles de chevauchement dans des gneiss et du marbre, province de Grenville, route 17 (Transcanadienne) au SE de Pembroke (Ontario). Photo © Google.


Résumé

Tectonites dans des marbres, des gneiss droits et des amphibolites à Pembroke, Ontario ; province de Grenville du Bouclier canadien, 1,0 à 1,3 milliards d'années.
Localisation
SITE 1. - Tectonites (marbre et gneiss droits) de la route 17 (Transcanadienne) / Indian Road, SE de Pembroke.
SITE 2. - Tectonites (amphibolite et granite), White Water Road / Mud Lake Road / route 19, SE de Pembroke.
Autres billets du blogue sur des sujets apparentés :



L'affleurement du SITE 1 est une vedette dont une représentation schématique (fig. 2) a fait la couverture d'une publication de l'Association géologique du Canada (AGC/GAC) consacrée à la province de Grenville (Moore et al. (dir.), 1986). Le dessin a été repris par d'autres (ex. : Roberts, 1996). Il ne lui manquait que de faire les honneurs de ce blogue. Voilà qui est fait.

Les tectonites* des SITES 1 et 2 illustrent les déformations et les mouvements de grande ampleur qui se sont produits dans les profondeurs de la croûte terrestre durant l'orogenèse grenvilienne (Wikiki) il y a entre 1,0 et 1,2 milliard d'années. À l'instar de l’Himalaya, une chaîne de montagnes s'est édifiée par l'empilement de compartiments de la croûte terrestre ; leurs mouvements de chevauchement l'un par dessus l'autre ont produit des effets à toutes les échelles, de la centaine de km au mm, comme on peut le constater sur des affleurements que je vous présente. Au SITE 1, le marbre, roche ductile, a accumulés les plis en glissant sur une « rampe » de gneiss et d'amphibolite étirés à l'horizontal (A, dans fig. 2 et 3). Le marbre en est arrivé à se dépasser et se chevaucher lui-même (B, fig. 2 et 3).
* Tectonite. - Roche (dé)formée par des mouvements dans la croûte terrestre le long de lignes de cisaillement ou de failles et dont la structure reflète un écoulement continu et solide (ductile) de la matière.

Dans le cas du SITE 2, situé 6 km à l'ouest du premier, l'étirement d'une amphibolite noire et de granite rose a créé un patron de lignes parallèles ± horizontales compliqué par de petits plis secondaires en « z ». Des filons horizontaux de granite tardif, rose lui aussi, sont venus ensuite brouiller le patron d'origine.


Références

  • J.M. Moore, A. Davidson, and A.J. Baer. (éd.), The Grenville Province. Geological Association of Canada, St. John's, Newfoundland, Canada : Geological Association of Canada, Dept. of Earth Sciences, Memorial University of Newfoundland, 1986, 358 p. Coll. « special paper », 31.
  • David C. Roberts, Geology: A Field Guide to Geology: Eastern North America. Boston, New York, Houghton Mifflin, 1996, 410 p. Coll. « Peterson Field Guides ».



SITE 1



Fig. 2 (SITE 1). - Tectonite de la route 17 (Transcanadienne), au SE de Pembroke, Ontario. Failles de chevauchement, décollement et transport vers l'ouest (vers la gauche), province de Grenville. Modifié de Moore et al. (1986) ; légende et annotations librement adaptées de ce dernier et de Roberts (1996 ; fig. 51).
A et B : failles de chevauchement ; 1 : gneiss droit quartzofeldspathique et amphibolite noire ; 2 : synclinal en « coin » dans le marbre ; 3 : anticlinal dans le même marbre ; 4 : bloc de gneiss flottant dans le marbre ; 5 : pegmatite tardive recoupant 1, 3 et 4 ; 6 : non identifié dans Roberts (1996).
La faille de chevauchement A sépare la « rampe » de gneiss (1) sur laquelle le marbre (2 + 3) a été transporté vers l'ouest ; une autre faille (B) s'est formée lorsque le marbre, en amont du mouvement, est passé par dessus le marbre, en aval (3 par dessus 2). Durant son mouvement vers l'ouest, le marbre a arraché et incorporé des blocs de gneiss (5).



Fig. 3 (SITE 1) - Partie de la tranchée de route représentée dans le schéma de la fig. 2 (mêmes annotations). Certaines surfaces sont à présent encroûtées et l'interprétation de l'affleurement est facilité par le recours au schéma. Photo © Google.



Fig. 4 (SITE 1). - Détail de l'affleurement de la route 17 (Transcanadienne), au SE de Pembroke. Photos 29 sept. 2013.



Fig. 5. (SITE 1) - Prolongement vers l'est de la fig. 4. Une zone plissée brisant la structure du gneiss est visible au centre de la photo (voir fig. 5). Photo 29 sept. 2013.



Fig. 6 (SITE 1). - Gros plan sur la zone plissée de la fig. 5. Photo 29 sept. 2013.


SITE 2



Fig. 7 (SITE 2). - Amphibolite et granite rose imbriqués et recoupés par des filons de granite rose tardifs. Route 19, croisement de White Water Road / Mud Lake Road, au SE de Pembroke, Ontario. NE à gauche, SW à droite. Photo © Google.



Fig. 8 (SITE 2). - Même site que la fig. 7, avec meilleure appréhension de l'affleurement en trois dimensions. La géométrie des structures, qui ne s'éloigne jamais de l'horizontale, fait penser à un empilement de crêpes. Photo © Google.



Fig. 9 (SITE 2). - Si les géologues sont de drôles de zèbres, c'est qu'il leur arrive d'avoir à démêler de drôles de zébrures. Gneiss granitique et une amphibolite noire imbriqués ; ils ont été recoupés par des filons tardifs de granite rose parallèles à la structure générale. Plis en « z » en haut, à droite. Photo 29 sept. 2013.


Fig. 10 (Site 2). - Filon de granite rose boudiné (rompu), en bas ; plis en accordéon à gauche. Photo 29 sept. 2013.