Ce billet avait des problèmes d'affichage que j'espère avoir
réglé en justifiant tout le contenu à gauche (19 mars 2013).
Fig. 1. «Timber Channel at the Chaudiere Falls» (1829)
Titre original : Plan of the Proposed Improvements in the Timber Channel at the Chaudiere Falls By Lt. Col. By Commanding Royal Engineers. [Drafted by : John Burrows, Overseer of Works, E.D. John By, Lt. Colonel Royl. Engrs. Comg. Rideau Canal, 1st January 1829.]
Pour les toponymes : voir fig. 5.
Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4135485
http://data2.archives.ca/nmc/n0021865.pdf
On connaissait déjà le Trou du Diable, sous la chute de la Petite Chaudière (voir le billet du 27 déc. 2012), à Gatineau (respectivement H et A sur la fig. 2).
Fig. 2. Chute des Chaudières sur l'Outaouais
Détail annoté de la carte d'Austin (1882).
A. Petite Chaudière ; B. Grande Chaudière ; C. Barrage des Chaudières ; D. Tranchée des Chaudières ; entre D et M : «grand chenal» ; E. Escarpement Ouest ; F. Amphithéâtre et le «petit chenal» ; G. Escarpement Est ; H. Trou du Diable ; J. Îlot du «pot-de-fleurs» ; K. Baie (île Chaudière) ; L. Baie (île Victoria) et chute du chenal perdu + Trou du Diable no bis ; M. Péninsule (faille Montcalm). La ligne pointillée discontinue marque l'alignement de G, J, K et L.
La carte originale ne donnant que le nord magnétique (variable), le nord astronomique que j'indique ici ne peut être exact au degré près. Pour en savoir plus sur cette carte (et le secteur qu'elle décrit), voir le billet du premier janvier 2013.
Or, voici que je découvre qu'il en a existé un autre, dans le chenal perdu («Lost Channel»)*, entre les îles Chaudière et Victoria. Voyez de plus près la carte de By et Burrows (le L correspond à la même lettre sur la carte d'Austin en fig. 2) :
* Plus prosaïquement nommé sur les cartes modernes le canal de l'O.H.E.C. (Ottawa Hydro Electric Commission).
Fig. 3. Détail de la carte de By et Burrows en fig. 1.
En amont du pont : le mot «Falls». Le pont passe, au moins depuis 1882, en amont des chutes (fig. 2).
Fig. 4. Détail du détail de la carte de la carte de By et Burrows en fig. 1.
Le «Devil's Hole», second du secteur, après celui de la Petite Chaudière (H sur la fig. 2).
Ce n'est pas tout.
La carte de By et Burrows (détails en fig. 3 et 4), ainsi que d'autres de la même époque, montrent qu'une petite chute occupait la largeur du chenal perdu entre les îles Chaudière et Victoria (fig. 5). Le mot «Falls» lève tout équivoque. Il ne s'agit pas de rapides, mais bien, si modeste soit-elle, d'une chute, la différence étant parfois difficile à trancher sur ces anciennes cartes en l'absence d'indications claires.Décidément, c'est une cascade diabolique de tourbillons, chutes et autres chenaux – sans parler des chaudières et des pots-de-fleurs – dans un tout petit secteur. (Voir billet du premier janvier 2013.)
Ce Trou du Diable no bis n'a pas survécu aux multiples bouleversements qu'à subi le site depuis 1829, année du levé de la carte de By et Burrows. Le chenal naturel, comme les autres du secteur, a été canalisé et harnaché. (Fig. 7-9 ; voir aussi le billet du 7 mars 2013 sur la centrale de l’Ottawa Electric Railway Company, immédiatement à l'est du pont de la Chaudière.)
Ajout (24 avril 2013). La baie du Trou du Diable no bis existe toujours : le «water plant» de l'Ottawa Electric Railway Co. forme un bassin à ciel ouvert où se devine facilement ses contours. La centrale elle-même a été érigée sur la rive est de la baie. Voir billet du 7 mars 2013, lien paragraphe précédent, 3e photo.)
(Sur les légendes et histoires de pêches qui entourent le Trou du Diable de la Petite Chaudière et la caverne qui siphonnait ce tourbillon, voir le billet du 15 décembre 2012.)
Fig. 5. Détail annoté de la carte de By et Burrows en fig. 1.
Le L selon la fig. 2. Le pont existe toujours, après avoir connu maints avatars (pont de la Chaudière).
Les toponymes ajoutés n'étaient pas nécessairement en usage à l'époque (1829).
Fig. 6. Détail de la carte d'Austin en fig. 2
Le «vrai» Trou du Diable, le seul qui semble être demeuré dans la mémoire collective. Les mots «Devil's Hole» se lisent au centre de l'image. Voir le billet du 3 février 2013 pour constater ce qu'il en est advenu.
Fig. 7
Fig. 8
(Fig. 7 et 8) écluses et digues sur le site du chenal perdu qui porte bien son nom (depuis le pont des Chaudières où ces photos ont été prises, il n'est pas possible de bien le voir). La chute et le Trou du Diable no bis n'ont pas survécu à tant de modernité. Ils devaient se trouver entre le pont et la centrale de l’Ottawa Electric Railway Company (l'édifice en brique rouge, voir mon billet du 7 mars). Photos 12 janvier 2013.
Fig. 9. Chenal perdu, section en amont du pont de la Chaudière, à la faveur d'une opportune éclipse de soleil (30 déc. 2012).
Conclusion
La présence de la chute du chenal perdu près du point L (fig. 2) confirme que «quelque chose» – quelque soit sa nature, faille ou joint – affecte le socle du site des Chaudières dans l'axe SSE de la Tranchée des Chaudières (D, fig. 2). Cette faille ou ces joints ne se révèlent vulnérables qu'aux atteintes de l'eau courante. Sur les île et la terre ferme, rien ne la signale.Voir le billet du premier janvier 2013 pour plus ample information (lien plus haut).
Références
- A.W. Austin, C.E., P.L. Surveyor, Plan of the Lower Village of Hull, shewing its position relative to the city of Ottawa, the property of the heirs of the late Ruggles Wright Esquire. Chewett & Co. Lith. Toronto, 1882. Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4126312. http://data2.archives.ca/nmc/n0020966.pdf
- Carte de Burrows et By : voir fig. 1.
Ajout (13 avril 2013)
Autre pièce au dossier :
Fig. 10. Titre original : Plan and Section of the Chaudiere Falls Ottawa River and the Line of Bridges over the same. [1830] John By, Lt. Colonel. Royl. Engrs. Comg. Rideau Canal. 8th July 1830. John Burrows, Overseer of Works.
Le nord est à droite.
Bibliothèque et Archives Canada, Microfiche NMC16833, CARTO12053, MIKAN 4135260
Fig. 11. Détail de la fig. 10. Contraste retouché et nord remis en haut.
Description du détail (fig. 11).
La chute et la baie (le L qui les signale sur les autres cartes n'a pas été reproduit ici) se remarquent d'elles-mêmes au centre de l'image (cf. fig 5). On observe de petites chutes ou de brefs rapides à la sortie des chenaux, à droite. Le chenal asséché, au sud, tout en bas, montre la configuration qui doit être celle des autres chenaux, avec le brusque dénivelé à son embouchure.Il est étrange que ces seuils, même modeste, ne se poursuivent pas en sol émergé, sur les îles et la rive. S'agirait-il de lignes de faiblesses dans le socle révélées uniquement par l'érosion fluviatile ?
L'impression générale est que toute la zone des îles constitue un plateau sur lequel la rivière a buté et qu'elle a découpé par des chenaux à défaut de pouvoir le contourner.
On pourrait m'opposer le peu de précision de ces cartes anciennes. Elles ont pourtant été faites avec tout le soin qu'il était nécessaire et possible d'y apporter. Les traits de la topographie sur lesquels j'attire l'attention n'existaient déjà plus quelques années après leur réalisation ; ces cartes demeurent l'unique témoignage de l'état des lieux avant que l'intervention humaine massive.
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