dimanche 10 mars 2013

Hunter et la chasse aux marmites à Hull (Ajouts)


Voir la suite, publiée le 9 juillet 2013.


Hunter (1855). Légende originale :
Natural curiosity, Ottawa River, Canada.
Two miles above Chaudière Falls, on the Hull side.
Trois marmites côte à côte dans des strates de calcaire ordovicien, à Hull (Québec)

Si ce n'était de la légende sous la gravure («Natural curiosity, Ottawa river, Canada. Two miles 
above Chaudière Falls, on the Hull side»), on croirait qu'il s'agit des «three of these extraordinary 
wells close to one another» du Témiscamingue décrit par Hunter (cité plus bas).
(Saisie d'écran à partir d'un pdf disponible par Google Books.)


Hunter (1855) décrit des marmites creusées dans la roche près du bord de la rivière des Outaouais, à Hull, deux milles (3,2 km) en amont des chutes des Chaudières. Il ne précise pas d'avantage leur emplacement, mais indique bien qu'il s'agit d'un phénomène commun. On aurait aimé en savoir plus !...

Il attribue la formation de ces marmites à l'usure répétée de la roche en place (calcaire) par des blocs erratiques («boulders of a far harder rock»). Chaque années, les eaux des crues printanières auraient «animé» ces pierres, prises dans des dépressions naturelles. Ainsi se seraient creusés peu à peu ces puits cylindriques. Le plus large, à droite de la lithographie, doit bien atteindre les 4 m de diamètre (version «texte» ajoutée à la fin du billet) :


Hunter (1855), p. 19. 
Saisie d'écran à partir d'un pdf disponible par Google Books (lien plus haut).


«The geological formation in the neighborhood of Ottawa is the tertiary, and the rock known as ''Trenton limestone''.» Aujourd'hui, on dirait plutôt que ces roches datent du Paléozoïque (et non du Tertiaire !). Le Trenton, lui, peut encore tenir. Notez que l'on trouve aussi dans les mêmes parages des shales et du grès.

Si j'interprète bien le texte de Hunter, les blocs erratiques étaient toujours au fond des puits qu'ils ont eux-mêmes creusés. 

Pour autant que je sache, c'est la seule mention de la présence de cette batterie de trois marmites à Hull (aujourd'hui Gatineau). Que leur est-il arrivé après le passage de Hunter ?  

Trois virgule deux km en amont des chutes des Chaudières, ça nous amène tout près sinon exactement à l'endroit des stromatolites du pont Champlain dont j'ai déjà parlés. La zone est moité sauvage, moitié urbanisée, ces trois marmites peuvent très bien se retrouver sous l'asphalte du boulevard Lucerne ou avoir servi de pots de fleurs à des arbres qui les auraient démantelées en étendant leurs racines. Voyez sur la lithographie le bouleau qui poussait déjà dans celle de gauche. La biosphère prend vraiment ses aises au dépend de la lithosphère. Quel sans-gêne ! 

Avis aux amateurs, avec le départ de la neige, la chasse aux marmites va bientôt s'ouvrir...

Ces marmites «riveraines» ont probablement une origine glaciaire (billet sur la Marmite des Allumettières, à Gatineau, plus à l'intérieur des terres) ou même pré-glaciaire (voir ce billet sur les marmites de Guelph – lesquelles semblent d'ailleurs ressembler davantage à celle de Hunter), contrairement à ce que supposait Hunter qui mentionne encore les marmites bien connues du Témiscamingue.  


Ajout (1)

11 mars 2013. – Les marmites du Témiscamingue ont «écréées par le passage torrentiel de cours d'eau sous-glaciaires chargés de sédiments fins et de particules grossières.» (Source : Sites géologiques exceptionnels du Québec ; lien et lien.) Ceci met à mal l'hypothèse de l'origine post-glaciaire des marmites hulloises.

Ajout (2)

13 mars 2013. – Version texte du passage cité de Hunter :

«As a curiosity, and particularly so to a geologist, we have given a plate representing a curious natural phenomenon, which is not uncommon on the Ottawa. The geological formation in the neighborhood of Ottawa is the tertiary, and the rock known as "Trenton limestone." But the river brings down, or at least in years gone by, has brought down, most probably imbedded in ice, huge boulders of a far harder rock; the current has carried these boulders towards the shore, and the waters receding have left them deposited on the softer rocks of the river side; it would appear that wherever these hard boulders have rested in a slight natural hollow, the high waters of succeeding spring, throughout a long period of years, have converted them into gigantic borers, grinding and grinding, until they have buried themselves fathoms deep in the solid rock. On the Upper Ottawa, near Lake Temiscaming, the writer of these pages found three of these extraordinary wells close to one another, at a considerable distance from the highest level to which the Ottawa now rises, the deepest of which was at least sixty feet, and about five feet in diameter, the "borer" or boulder still lying in the bottom. There were no means of descending the "well" to ascertain the character of the intrusive boulder (Hunter, 1855, p. 19).» 



Référence

  • William S. Hunter (Jr.), Hunter's Ottawa scenery, in the Vicinity of Ottawa City, Canada. Ottawa, Wm. S. Hunter Jr., 1855. (Lithographies J.H. Bufford, Boston.)

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