vendredi 27 janvier 2017

Mine Back-Wallingford : un chemin de contournement ?


Mine Back-Wallingford, Glen Almond, QC. Photo © Daniel Dostie


Mine Back-Wallingford, Glen Almond, QC. Photo © Daniel Dostie


Mine Back-Wallingford, Glen Almond, QC. Photo © Daniel Dostie



Cette dernière photo pour donner une idée de l'échelle des proportions (comparez avec la première). Tirée de : André E. Lalonde, Université d’Ottawa, et Richard Charlebois, CLD Papineau, La mine Back-Wallingford : Un projet géotouristique dans la MRC de Papineau, s.d.


La nouvelle m'avait échappé à l'époque. La fièvre du temps des fêtes, sans doute. J'en ai pris connaissance grâce à deux tweets récents de l'Association des propriétaires du lac Simon.

(Les photos, sauf la dernière, sont de Daniel Dostie (merci !), versions réduites des fichiers originaux.)


Un chemin de contournement pour mener à la mine Back-Wallingford ?



« Si un promoteur souhaite transformer la mine désaffectée Wallingford-Back en site récréotouristique, il devra procéder à l'aménagement d'un chemin de contournement et convaincre la population locale du bien-fondé de son projet. » (Benoît Sabourin, LeDroit, 22 décembre 2016)


« En imposant cette condition, les responsables municipaux veulent surtout préserver la qualité de vie des citoyens. L'été dernier, de nombreuses personnes avaient envahi les lieux, après la diffusion d'un reportage, largement partagé sur Internet. » (Radio-Canada, 23 décembre 2016)

Voir les autres billets du blogue sur le même sujet.

Photogénique marbre de Cantley


Photo © Richard Perron, 2016
Marbre sculpté de Cantley (QC), photo © Richard Perron, déc. 2016.
Le marbre a été creusé par un torrent qui s'écoulait sous la glace lors de la dernière glaciation. L'eau s'écoulait du nord (droite) vers le sud (gauche). Un obstacle résistant dans le marbre (inclusion silicieuse au dessus de l'appareil photo) a fait obstacle au courant et a préservé de son action érosive une bande de roche à son aval.

Billets sur le même sujet


Pour en savoir et en voir plus sur Richard Perron et son travail :
E-Portfolio : RichardPerron.ca
Photos : www.flickr.com/perronr
www.facebook.com/RichardPerronPortrait

mercredi 25 janvier 2017

Singularités des Montagnes-Noires de Ripon : suite



Fig. 1. Détail modifié de Pelletier (1927) ; légende adaptée
Late Precambrian
[Ligne rouge] Diabase
Earley Precambrian
[Gris] Pg Pegmatite
Batholithic intrusives:
[Ocre] m2 Grey granite-gneiss : remplacé par les ?
Buckingham Series:
[Mauve] v1 Gabbro or gabbro-diorite (massive intrusions)
Grenville Series:
[Bleu] g2 With predominent quartzite and granet-sillimanite gneiss
[Bleu] g1 With predominent crystalline limestone [marbre]
Lac Noir : ajouté pour clarifier la carte, mais j'ignore quel nom il portait à l'époque (1927).


Ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à la conférence de Daniel Picard sur la «Singularités des Montagnes-Noires de Ripon» qui s'est tenue à Ripon (of course), pourront se rattraper avec la reprise. Rendez vous à la Cabane en bois rond, près du cégep de Hull, campus Gabrielle-Roy, vendredi 3 février 2017, 9 h 30 - 10 h 30 a.m. Voir mon billet du 22 déc. 2016 pour plus de détails.

À propos de ces Montagnes-Noires, j'ai affirmé un peu imprudemment, dans ce billet de décembre, que Faessler (1948) avait été le premier à cartographier ou à reconnaître le pluton des Montagnes-Noires, près de Ripon (QC).

Pelletier, vingt ans plus tôt (1927), avait pourtant déjà soupçonné l'existence du pluton dans la «highest elevation in the district» (p. 63). Je connaissais l'existence de son travail, disponible depuis peu dans Internet. Je viens tout juste de télécharger sa thèse de maîtrise.

En fait, Pelletier n'a fait qu'effleurer le bord oriental des Montagnes-Noires, de sorte que la forme et l'extension du pluton ne se laissent pas deviner sur sa carte (Fig. 1). Comparez avec celle de Faessler (Fig. 3).

Pour ajouter à la malchance, Pelletier a omis d'inscrire sur sa carte le code lithologique qui aurait permis d'identifier le type de roche qui forme le pluton. D'après la couleur et les autres affleurements tout autour, ce serait possiblement du «m2», soit du gneiss granitique gris.

Je n'ai pas encore lu le texte de Pelletier (1927). C'est un travail ancien, en partie obsolète dans sa nomenclature («Série de Buckingham», etc.) mais ses cartes sont détaillées, ses descriptions d'affleurements sont toujours valables et, pour l'amateur qui pratique la géologie au raz des pâquerettes, à la fois instructives et très évocatrices.

Selon M. Picard, les Montagnes-Noires doivent leur nom à un incendie qui ravagea le secteur en 1903 et qui aurait noirci le massif. La Commission de toponymie du Québec n'a aucune donnée sur l'origine du nom. Moi qui croyait que c'était à cause de la couleur de la roche, longtemps identifiée comme du gabbro sur les cartes, d'après celle de Faessler (1948). Le gabbro est en effet une roche particulièrement sombre (voir Fig. 2).



Fig. 2. I) Syénite claire et J) sombre gabbro du «pluton des Montagnes Noires» de Corriveau (1991, p. 95). La teinte noire du gabbro (du moins en cassure fraîche), expliquerait-il le nom du massif ? Les barres noires en bas des photos : 1 cm.

Historique de la description géologique du pluton des Montagnes-Noires

Pelletier, 1927 (Fig. 1) : anonyme et non cartographié en entier

  • Roches granitiques grises (?) ; 
  • Classées parmi les intrusions batholitiques ;
  • Le pluton n'est pas nommé ; Pelletier n'a relevé que la bordure orientale du pluton.


Faessler, 1948 (Fig. 3) : «roches des montagnes Noires»

  • Gabbros et norites dans la moitié orientale des «montagnes Noires» (p. 17) ; il s'agit de roches basiques de la série de Buckingham (terme obsolète), unité 4 sur la carte de Faessler (Fig. 3) ;
  • Le massif des «montagnes Noires», hors du pluton de gabbro, comprend des roches rouges de Pine Hill (terme obsolète), unité 5 sur la carte, très répandues dans toute la région (p. 7) ;
  • Le pluton de gabbro-norite a une forme de larme, la pointe vers le sud ; il n'est nommé que de façon informelle.

Par la suite, jusqu'aux travaux de Corriveau (1991), les cartes de compilation suivent Faessler et assignent le gabbro au pluton qui demeure anonyme.


Dimroth, 1966 : une bulle anonyme (Fig. 4)

  • Carte structurale montrant le pluton des Montagnes-Noires comme une entité circulaire anonyme.


Corriveau, 1991 (Fig. 2) : «Montagnes Noires pluton»

  • Gabbro, au sud, et syénite et syénite quartzifère, au nord ; le pluton appartient à la suite de Kensington-Skootamatta (1075-1090 millions d'années (Ma) ;
  • Âge du pluton : 1077 Ma ;
  • Le pluton est baptisé («Montagnes Noires pluton») ;
  • Le pluton s'étend vers l'ouest pour englober les «roches granitiques rouges» (syénites de Corriveau) qui y étaient exclues par Faessler (1948).


Corriveau, 2013 (Fig. 5) : «pluton de Montagne Noire»

  • Monzonite et diorite (p. 73) ; cœur de diorite quartzifère excentré vers le sud (en creux) et bordure de syénite quartzifère sur les marges W, N et E (en relief) (p. 138) ;
  • Le pluton appartient à la suite de Kensington-Skootamatta (1075-1090 Ma) ;
  • Âge du pluton : 1077 Ma ;
  • Désigné sous le nom de «pluton de Montagne Noire».



Fig. 3. Détail de la carte de Faessler (1948). Le pluton des «montagnes Noires» (gabbros et norites), de forme ovale, est au centre de l'image (unité 4, Faessler, p. 17). Notez le Lac-en-Cœur dans l'angle sud-ouest de la carte. Cliquez sur l'image pour la voir à sa pleine grandeur. (Les altitudes sont en pieds.) Des roches granitiques rouges (p. 7), qui appartiennent au massif et s'étendent au delà du massif (unité 5), sont hors des limites du pluton.

Légende simplifiée ; nomenclature des «séries» en partie obsolète
  • Quaternaire
Jaune. - Dépôts de surface (mer de Champlain)
  • Précambrien
Violet. - Dyke de diabase
Série de Morin : 5 Ocre. - Pine Hill : granite et syénite ; 4 Ocre pâle. - Buckingham : gabbro, norite, mangérite et diorite quartzifère
Série de Grenville : 1 Bleu. - Marbre, paragneiss, quartzite.

Fig. 4. Carte structurale de la région entre la Gatineau et la Petite-Nation (modifié de Dimroth, 1966). Le pluton des Montagnes-Noires (j'ai ajouté le «MN»), anonyme sur la carte, apparaît pour la première fois dans sa forme circulaire.



Fig. 5. Extrait de Corriveau (2013, fig. 50)
M : Montagne Noire ; 47 : autre pluton non relié.
B) Données altimétriques (régions élevées en clair) : le pluton de Montagne Noire (M) est formé d'un croissant de syénite (en blanc, élevé) et d'une masse de diorite (gris, zones plus basses) ;
D) Signatures aéromagnétique et radar superposées.
Le pluton de Corriveau s'étend plus vers l'ouest que celui de Faessler (Fig. 3), presque jusqu'à toucher le Lac-en-Cœur (angle sud-ouest des images) et semble donc contenir l'unité 5 (granite et syénite ; migmatite) en plus de l'unité 4 (gabbro, etc.).


Références

  • Corriveau L., 1991, Lithotectonic studies in the Central Metasedimentary Belt of the southwestern Grenville Province: Plutonic assemblages as indicators of tectonic setting. Commission géologique du Canada, recherches en cours, étude 91‑1C : 89‑98.
  • Corriveau, Louise., 2013. Architecture de la ceinture métasédimentaire centrale au Québec, Province de Grenville : un exemple de l'analyse de terrains de métamorphisme élévé; Commision géologique du Canada, Bulletin 586, 251 p. doi: 10.4095/226449
  • Dimroth E., 1966. «Deformation in the Grenville Province between Gatineau and the Petite-Nation river.» Neues Jahrbuch für Mineralogie-Abhandlubgen, 105 : 93‑109.
  • Faessler, Carl. Rapport géologique 33. Région du lac Simon. Comté de Papineau. Québec, Ministère des Mines, Service de la carte géologique, 1948. 33 p., avec carte 638 (1/63 360).
  • Pelletier, Rene A., Geology of the Thurso area, Quebec and Ontario, "Thesis, submitted in part requirement for the degree of Doctor of Philosophie, at McGill University, Montreal, 1927,  http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=140685&local_base=GEN01-MCG02

samedi 21 janvier 2017

Marbre de Thurso et de Ripon



Photo 1. Légende originale (Pelletier, 1927) : Closely folded Grenville limestone [marbre], in railway cutting north of Ripon, Quebec.  
Parties sombres : le marbre ; parties claires : inclusions plissées plus résistantes à l'érosion ressortant en relief. Au nord de Ripon, le chemin de fer passait à l'ouest de la route 317 moderne et longeait le lac Vert (lac Viceroy actuel).


Billet pour le plaisir (le mien).

Je cherchais depuis longtemps la thèse de Pelletier (1927) sur la géologie de Thurso. McGill l'ayant rendue disponible par Internet, j'ai pu enfin mettre une main avide, quoique virtuelle, dessus.

Je ne l'ai encore que parcouru. C'est un travail ancien, en partie obsolète dans sa nomenclature («Série de Buckingham», etc.), mais ses cartes sont détaillées, ses descriptions d'affleurements toujours valables ; pour l'amateur qui, comme moi, pratique la géologie au raz des pâquerettes, tout ça demeure à la fois instructif et très évocateur.

Le marbre des photos appartient à la province de Grenville et est âgé de plus d'un milliard d'années. Voir Corriveau (2013) pour plus de détails.



Photo 2. Marbre gris, de la même formation que celui de la photo 1 (jonction 317 et autoroute 50, entre Thurso et Ripon, juillet 2009). Les plis et le démembrement des inclusions sombres révèlent les mouvements de fluage qui ont affecté le marbre. Celui-ci, récemment percé pour une bretelle de l'autoroute, montre une surface encore fraîche et claire.


Photo 3. À quelques m de la tranchée de la photo 2 (juillet 2009). Marbre météorisé (en sombre), en retrait par rapport à ses inclusions résistantes.


Références

  • Corriveau, Louise., 2013. Architecture de la ceinture métasédimentaire centrale au Québec, Province de Grenville : un exemple de l'analyse de terrains de métamorphisme élévé; Commision géologique du Canada, Bulletin 586, 251 p. doi: 10.4095/226449 
  • Pelletier, Rene A., Geology of the Thurso area, Quebec and Ontario, "Thesis, submitted in part requirement for the degree of Doctor of Philosophie, at McGill University, Montreal, 1927.  http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=140685&local_base=GEN01-MCG02

jeudi 19 janvier 2017

Île-de-Hull : sable et graviers


Île-de-Hull, 1952. «Fig. 10 - Stony sandy soil formed on Pleistocene river gravel at the corner of Carillon and St. [sic] Streets about a quarter mile east of Brewery Creek in Ward 2.» Tiré de Brown (1952, p. 7). La seule rue St-... qu'aurait pu croiser la rue de Carillon à l'époque est l'ancienne rue Saint-Laurent, actuel boul. des Allumettières : l'affleurement est donc détruit (m'étonnerait d'ailleurs qu'il reste une seule parcelle de sol non bouleversée en profondeur ou simplement non recouverte dans l'Île).


Voici l'un des pires documents visuels de tout le blogue. Mais les renseignements sur les sédiments du Quaternaire dans l'Île-de-Hull sont si rares que je ne peux faire autrement que de lui réserver une place.

La photo date de 1952. Johnston, en 1917, avait déjà cartographié une partie des dépôts du Quaternaire dans l'Île. Les cartes plus récentes sont encore moins parlantes, quand elles ne sont pas fausses (cf. carte 1506A, voir billet du 7 sept. 2013.)

Ces graviers et ces sables proviennent de l'ancêtre géant de l'Outaouais, tel qu'il a coulé après le retrait des eaux de la mer de Champlain. À une époque, l'Île-de-Hull était sous la rivière !... Voir le billet du 1er février 2014


Détail de la carte de Jonhston (1917), repris du billet du 7 nov. 2015.
(Vert) : Quaternaire, Recent : River gravels (Stony sand).
(Rose) : Bedrock outcrop. 
La photo de Brown (1952) a probablement été prise dans la partie sud de la bande verte.

Références

  • Brown, Roger J. E., An urban geographic study of the city of Hull, 1952, 88 p. "A thesis presented in accordance with the accordance with the requirements of the degree bachelor of arts in the University of Toronto, 1952"
  • W.A. Johnston, 1917 – Pleistocene and Recent Deposits in the Vicinity of Ottawa, With a Description of the Soils. Commission géologique du Canada, Mémoires 101, 69 p., avec carte 1662 (1/63 360).

lundi 2 janvier 2017

Calcite bleue et orangée le long de l'autoroute 5, Chelsea et Wakefield, QC (MàJ)


Intrusion de calcite rose. Wakefield, QC, autoroute 5, juillet 2016.


Localisation

SNRC 31G/12
Autoroute 5, Chelsea et Wakefiled (Québec) ; nouvelle section N.

Note

Le sujet de cette mise à jour - l'origine de filons de calcite recoupant des roches calco-silicatées et des gneiss de l'autoroute 5 à Chelsea et Wakefield, QC - a déjà été l'objet de plusieurs billets. Je n'en reprends pas ici l'exposé, veuillez consulter les billets suivants :
Voir aussi :
  • Billets (4) sur le prolongement de l'autoroute 5 (suivre les liens d'un billet à l'autre à partir de celui du 6 janvier 2010).
Un petit mot cependant sur le contexte géologique ; les roches de Chelsea et Wakefield font partie de la province de Grenville (plus d'un milliard d'années) du Bouclier canadien : batholite de syénite-diorite de Wakefield, métasédiments du groupe de Grenville (marbre et roches calco-silicatée, paragneiss, quartzite). Du granite, des pegmatites recoupent le tout, ainsi que des filons ou dykes de calcite.


Il y a du nouveau dans le dossier des intrusions (filons, dykes ou poches) de calcite orangée dans les roches métamorphiques et plutoniques de Chelsea et de Wakefield, le long de l'autoroute 5.

D'abord, un article parus dans Rocks & Minerals (Bellay, Picard et al., 2016). Il est amusant (de mon point de vue) de voir les auteurs afficher une perplexité au moins égale à la mienne quand à la nature exacte de ces dykes de calcite :


«Some researchers (Sinaei-Esfahani 2013; Schumann and Martin 2016) suggest that the calcite veins and pods at Highway 5 are carbonate intrusives derived from local melting of regional marble related to influx of a mixed crustand-mantle-derived alkaline fluid, a hypothesis propounded to be supported by carbon/oxygen isotope and textural evidence. Although it is strongly possible that some degree of local calcite melting occurs at these metamorphic conditions (see Lentz 1999), the evidence presented in the studies could just as easily be interpreted as metamorphic and/or metasomatic, but this is beyond the scope of this article.» (Bellay, Picard et al., 2016, p. 560.)

C'est, en peu de mots, résumer toute la question. Déjà, d'autres études en étaient arrivés à la conclusion que les filons de calcite étaient des carbonatites dérivées de la fusion du marbre local au contact de fluides magmatiques d'origine profonde (voir aussi Martin et Sinai, 2012 ; de Fourestier, 2008 : billet du 6 nov. 2012). Cependant, la théorie la plus favorisée reste celle d'une origine métasomatique par interaction des paragneiss avec les abondants marbres régionaux. Ces interactions auraient conduit à la formation de roches calco-silicatées (ou skarns). La calcite résiduelle (marbre), plus ou moins mobilisée, se serait injectée ou concentrée en filons ou en masses informes. (Voir billet du 18 févr. 2012.) Selon Sinaei-Esfahani (2013), les filons de l'A5 sont datées de 980-1020 millions d'années.

(Et voilà que je suis en train de faire ce que j'avais justement affirmé ne pas vouloir faire : un exposé du problème. Il est difficile de savoir à partir de quel point les informations cessent d'être nécessaires pour devenir superflues.)

Ensuite, un compte-rendu de conférence (Schumann et Martin, 2016) qui traite d'un marbre bleu (calcite bleue) intriguant (Sinaei-Esfahani, 2013). Le titre de la conférence est sans équivoque : «Blue calcite in the Grenville Province: Evidence of melting» :


«There are indications that marble can melt in a post-collision tectonic environment like that in the Grenville province. Regionally developed temperatures and pressures are estimated to have been at least 750̊C and 7–8 kilobars in the Gatineau Park area, north of Ottawa (Canada). Our attention was focused on occurrences of blue marble along Highway 5, close to Old Chelsea and Wakefield, Quebec.» (Je passe les considérations très techniques pour en arriver à la conclusion des auteurs que le marbre bleu provient d'un «silicocarbonatitic melt of crustal origin».)

Alors, calcite d'origine métasomatique ou carbonatitique ? Dans les deux cas, les marbres locaux apportent l'élément prépondérant : la calcite. Tenter de conclure est au-delà des prétentions de ce blogue...

Et comme ces filons de calcite vieux d'un milliards d'années sont répandus de Mont-Laurier, QC, à Bancroft, ON (billet du 18 févr. 2012), le débat dépasse le cadre des territoires de Chelsea et de Wakefield.


Références

  • Philippe M. Belley, Michel Picard, Ralph Rowe & Glenn Poirier (2016). «Selected Finds from the Highway 5 Extension: Wakefield Area, Outaouais, Québec, Canada», Rocks & Minerals, 91:6, 558-569, DOI: 10.1080/00357529.2016.1217473 Lien : http://dx.doi.org/10.1080/00357529.2016.1217473
  • Dupuy, H., 1989, Géologie de la région de Wakefield-Cascades. Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, Québec, MB89-18, 1989, 14 pages, avec 1 carte (1/20 000).
  • Fourestier, J. de, Mineralogy of the Autoroute 5 extension, Chelsea, Quebec, Canada, 2008, rapport inédit.
  • Lentz, D. R. 1999. «Carbonatite genesis: A reexamination of the role of intrusion-related pneumatolytic skarn processes in limestone melting», Geology 27:335–38.
  • Martin, R.F. and Sinai, F. 2012. «Rheomorphic fenite and crustal carbonatites: new complications in the Grenville crust, Old Chelsea area, Quebec», abstract in Geological Association of Canada–Mineralogical Association of Canada, St. John’s 2012, Program with Abstracts, v.35, p.85.
  • Schumann, D., and R. F. Martin. 2016. «Blue calcite in the Grenville Province: Evidence of melting». Abstracts with program, Geological Society of America Annual Meeting, March 2016. Available online: https://gsa.confex.com/gsa/2016NE/webprogram/Paper272356.html.
  • Sinaei-Esfahani, F. 2013. Localized metasomatism of Grenvillian marble leading to its melting. MSc thesis, Department of Earth and Planetary Sciences, McGill University, Montreal. Lien : http://digitool.library.mcgill.ca/thesisfile117148.pdf



Roche hôte recoupée par des filons ou dykes felsiques rouge sombre ou orangés ; le tout est recoupé par un filon-dyke tardif de calcite d'un orangée plus clair (au centre). Wakefield, QC, autoroute 5, juillet 2016.


Mise à jour (7 nov. 2018)



Skarn (ou plutôt silicarbonatite d'origine crustale, pour utiliser la terminologie des auteurs cités) à calcite rose-saumon et apatite verte, mine Yates, près d'Otter-Lake, dans la municipalité régionale de comté de Pontiac, Qc. Photos : Darryl MacFarlane (à gauche) et John Betts (à droite), dans Schumann et Fourestier, 2017.



Nouvelles publications sur le sujet

(Ce qui suit est un résumé, en termes très peu techniques, pour mon usage personnel. Il exprime l'état de ma compréhension des choses ; pour des avis plus autorisés, voyez les travaux originaux - dans « Références », plus bas.)


Les « skarns » - silicarbonatites d'origine crustale dans la terminologie des auteurs - se sont mis en place dans la province de Grenville il y a un milliard d’années (998 et 1015 Ma : datation mine Yates à Otter Lake), durant une période d’accalmie qui a suivi un paroxysme tectonique. Le détachement (délamination) de la partie inférieure de croûte épaissie aurait favorisé une remonté de l'asthénosphère chaude. Le « fluxed silicacarbonatitic melt » à l'origine des « skarns » serait le résultat de la cristallisation de magmas générés par fusion partielle (anatexie) de la base de la croûte résiduelle. Tant le marbre que les gneiss profonds auraient contribué à la génération de magmas carbonatés et silicatés contemporains - dont les résultats sont les « skarns » et les omniprésentes pegmatites granitiques aujourd'hui observés. Les « skarns » ne seraient donc pas des... skarns, du moins au sens strict, c’est-à-dire le résultat du métamorphisme de contact entre un corps carbonaté et une roche magmatique, mais des carbonatites crustales - par opposition aux carbonatites mantelliques. « Rather than being part of the skarn, we interpret the pyroxenite as a cumulate formed of crystals than sank in the silicocarbonatitic melt. » (Martin, Schumann et Fourestier, 2017)


(D’un point de vue strictement personnel, ne tenant pas à m’immiscer dans un débat entre spécialistes, la nature grossière et massive de nombreux skarns (qu'importe le nom qu'on leur donne) et la présence de phénocristaux géants (par ex. d'apatite dans la calcite, voir photo) les rapprochent davantage des roches intrusives filoniennes, comme les pegmatites granitiques, justement, que des roches métamorphiques normales du voisinage, marbre et gneiss. Ces dernières, en effet, sont d’une granulométrie plus fine et d’une structure habituellement orientée (foliée ou rubanée).


Références
  • F. Martin, Robert & Schumann, Dirk & Fourestier, Jeffrey de. (2017). Globules of fluxed silicocarbonatitic melt at Otter Lake, Quebec: A new complication in the Grenville Province. Conference: GAC-MAC Kingston 2017, At Kingston, Ontario, Canada, Volume: Technical Program T2: The Metamorphic Architecture of Orogenic LIEN
  • F Martin, Robert & Schumann, Dirk & Fourestier, Jeffrey de. (2017). THE CLUSTERS OF ACCESSORY MINERALS IN GRENVILLE MARBLE CRYSTALIZED FROM GLOBULES OF MELT. Geological Society of Sri Lanka Public Lecture Series 2017, DOI:10.13140/RG.2.2.16937.85601 LIEN
  • F Martin, Robert & Schumann, Dirk & Fourestier, Jeffrey de. (2017). The clusters of accessory minerals in Grenville marble crystallized from globules of melt. Geological Society of Sri Lanka Public Lecture Series 2017, DOI:10.13140/RG.2.2.16937.85601 LIEN
  • Schumann, Dirk & F. Martin, Robert & Fourestier, Jeffrey de & Fuchs, Sebastian. (2017). Silicocarbonatite melt inclusions in fluorapatite from Otter Lake (Quebec): Evidence of carbonate melts in the Central Metasedimentary Belt of the Grenville Province. Conference: GAC-MAC Kingston 2017, At Kingston, Ontario, Canada, Volume: Technical Program T2: The Metamorphic Architecture of Orogenic Belts LIEN