dimanche 25 février 2018

Parc Fontaine, à Hull, en 1941



Parc Flora (ou Fontaine), Hull, Qc, après 1941, Henri Masson. Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4404182.

La rue en pente serait la rue Laval, montant vers le sud, d'après des photos aériennes que j'ai pu examiner.  

Pour plus de renseignements sur le parc Fontaine, sur le site du lac Flora, asséché et comblé, ce lien vers d'autres billets de ce blogue.


© Google. Les choses ont un peu changé et la pente de la rue Laval semble un peu moins abrupte.

samedi 24 février 2018

Un réacteur nucléaire à Ottawa ?



Station de pompage (« bunker ») sur la rive de l'Outaouais, à Ottawa, dans la lumière d'un soleil couchant. Elle a été construite en 1969-70 pour alimenter le circuit de refroidissement du réacteur nucléaire de Tunney' Pasture. Photo tirée de Ottawa Rewind.


J'ai trouvé ceci en visitant le (très intéressant) site Ottawa Rewind :

THE NUCLEAR REACTOR THAT WAS ONCE AT TUNNEY’S PASTURE

Une traduction plus immédiatement compréhensible pour les gens de l'extérieur serait :

UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE À OTTAWA.

Un réacteur atomique à Ottawa ? L'histoire semble sérieuse.

Autres liens :
Capital Gems
http://www.capitalgems.ca/ottawa-round-bunker.html

Ottawa Rewind
DEBUNKING THE BUNKER (AND OTTAWA’S NUCLEAR REACTOR)
https://ottawarewind.com/2014/08/19/debunking-the-bunker-and-ottawas-nuclear-reactor/

slowpoke nuclear reactor site ottawa ontario canada
https://www.youtube.com/watch?v=rVeBJYj8o64


Je me souviens de la construction du « bunker ». Quand j'étais petit, je l'apercevais de la plage Moussette, à Hull, de l'autre côté de la rivière des Outaouais. Il avait effectivement l'air d'un fortin. À un km de distance par dessus la rivière, il me semblait appartenir à un lointain inaccessible, ce qui était se créer du mystère à bon marché.

Quand j'ai pu suffisamment m'éloigner à vélo de la maison, il a été la destination d'une de mes premières expéditions.

Ce n'était finalement qu'une banale station de pompage, encore qu'elle offrait un belvédère intéressant sur la rivière (avec, renversement des perspectives, vue sur la plage d'où je l'avais longtemps observé). Pourtant, même aujourd'hui, ce patibulaire bunker conserve pour moi son aura (radioactive ?).

La station était destinée à alimenter en eau de refroidissement le réacteur nucléaire de Tunney's Pasture.

Mon instinct ne m'avait pas trompé. Il y avait bien un mystère dans cette station de pompage.

Mais lisez l'article dans Ottawa Rewind pour en savoir plus.

vendredi 23 février 2018

Le canal oublié du lac Leamy, Qc : fin ?


Mise au point - Important (3 mai 2019)

Depuis la parution de la série de billets sur le « canal oublié du lac Leamy », j'ai rédigé un article sur le sujet qui est sommaire du numéro 11 de la revue Hier Encore paru en avril 2019 (Lessard, 2019).
La primeur de l'article est pour les lecteurs de la revue. Désolé, je ne le reprendrai pas ici ! Mais comme je ne voudrais pas laisser en toute connaissance de cause des erreurs dans mon blogue, je résume ici l'essentiel des nouveautés contenues dans mon article.
En bref. - Le lac Leamy est relié à la rivière Gatineau par un étroit canal de moins de 300 m de longueur, inauguré en 1865. Ce canal est souvent confondu avec le « Old Canal » de 1848, long de 700 m, creusé à l’est du lac, aujourd’hui désaffecté et coupé par un parking.

Chronologie

  • 1848 : on creuse un canal qui joint la Gatineau à l’entrée de la décharge du lac Leamy (Gatineau Pond) pour le transit du bois flottant ; le canal passe à l’est du lac (Old Canal sur les vieilles cartes). Il a été désaffecté et comblé au XXe siècle. Il n’existe plus que sous forme de vestiges envahis par les bois et coupé par un parking ;
  • Vers 1854 : Andrew Leamy construit un moulin à vapeur sur la rive du lac ;
  • 1864-65 : « En mai 1864, selon Thériault (1994, p. 33 ), l’accumulation de billots transportés par la Gatineau alors que le lac Leamy est encore gelé rompt l’estacade qui doit les diriger vers notre Vieux-Canal. Un second canal, long de 270 m, traversant un terrain de deux acres, don d’Andrew Leamy, est inauguré en 1865. » (Lessard, 2019, selon Thériault, 1994.) Ce second canal (New Canal sur les vieilles cartes), au Nord du lac, est celui qui subsiste de nos jours. Il est souvent pris pour le premier, le Old Canal de 1848. L’erreur remonte sans doute à Brault (1948 et 1950) dont les travaux ont souvent été repris par d’autres historiens.

J'ai adressé une note à la Commission de toponymie du Québec afin qu'elle corrige sa notice sur le lac Leamy où le canal actuel (le court, celui de moins 300 m, qui date de 1865) est pris pour le canal de 1848 (le long, 700 m, datant de 1848), aujourd'hui disparu.

Sources
BRAULT, Lucien. Histoire de la Pointe-Gatineau : 1807-1947. Montréal, École industrielle des Sourds-Muets, 1948, 182p.
BRAULT, Lucien. Hull 1800-1950. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1950, 262p.
LESSARD, Henri, « Le canal oublié du lac Leamy », Hier Encore, no 11, 2019, p. 24-28.
THÉRIAULT, Benoit, Étude de potentiel archéologique du Parc du lac Leamy volet historique : recherche sur l’occupation euro-canadienne du Parc du lac Leamy à Hull 1800-1960. Musée Canadien des Civilisations, 92f., 1994.

À partir d'ici, billet original de 2018 :


Suite des deux billets précédents :
22 févr. 2018, « Le canal oublié du lac Leamy, Qc : suite »
19 févr. 2018, « Le canal oublié du lac Leamy, Gatineau, Qc »

Tous les éléments et acteurs mentionnés dans ce qui suit sont présentés dans ces deux billets. Je vais tâcher d'éviter de multiplier les références et les renvois. Je vous prie de vous référer à ces premiers billets pour prendre connaissance de toute l'affaire.


Maintenant que j'ai mis en ligne des textes farcis de questions et lardés d'hypothèses contradictoires, je trouve enfin ce que je cherchais. L'ensemble de l'exposé risque de présenter un aspect un peu confus, c'est une sorte de work in progress qui arrive cahin-caha à son état d'achèvement (?)

En résumé :

Il y avait bien deux canaux au lac Leamy (Gatineau, Qc). Je les ai baptisés, faute de mieux, « canal Nord » et « canal Est ». Ce dernier a été construit par le gouvernement en 1848 à la demande des exploitants forestiers (voir billet du 19 février 2018).

En fait foi cette CARTE 1, jumelle d'une autre mise en ligne dans mon billet du 22 février 2018. Son titre est on ne peu plus clair (je souligne) : « Revised plan shewing the land taken by Government at the Gatineau For the use of the works. John A. Snow. Provl Land Surveyor. Hull, June 25th 1853. » Le canal que l'on aperçoit sur la CARTE 1 (à la droite du lac) correspond à mon « canal Est ».

Quant à la CARTE 2, datée de 1884, elle montre deux canaux : un « Old Canal » (« canal Est »), et un « New Canal », qui correspond à mon « canal Nord », creusé par Andrew Leamy. On y voit aussi le « Leamy's Old Steam Mill », celui détruit par une explosion de sa chaudière. Il a été érigé très logiquement à l'embouchure du canal de Leamy (« canal Nord »). C'est à cet endroit que le situaient Hughson et Bond (1987) (carte 1 du billet du 19 févr. 2018). J'ai un moment douté de ces auteurs, d'autres sources me laissant penser que le moulin avait été construit sur la rive sud du lac. Qu'ils me pardonnent mon incrédulité.

Cette dernière carte est un trésor pour l'amateur d'histoire de l'Outaouais tant elle contient des détails. Il faudrait des années pour épuiser ses ressources.

Le New Canal (« canal Nord ») est encore en usage pour la navigation de plaisance et fait partie du chenal de navigation du lac Leamy (lien), relié depuis 1996 au lac de la Carrière (ancienne carrière de la Canada Cement). L'autre, le Old Canal, est désafecté et est facile (trop ?) à escamoter du paysage et des esprits. Voir les deux billets précédents pour plus de détails.

(Désolé si je suis compliqué à suivre...)



CARTE 1. - Revised plan shewing the land taken by Government at the Gatineau For the use of the works. John A. Snow. Provl Land Surveyor. Hull, June 25th 1853. No MIKAN 4126338. Bibliothèque et Archives Canada.
J'ai accentué le contraste pour améliorer la lisibilité. Le premier canal, coloré en bleu pâle (mon « canal Est », est visible à l'est du lac (Pond). (J'ai publié une carte semblable semblable dans le billet du 22 févr. 2018.)



CARTE 2. - Plan of the government works at the mouth of the Gatineau River. Surveyed by W.J. Macdonald. P.L.S. Ottawa, Dec. 6th 1884. J.H. Roy. No MIKAN 4133993. Bibliothèque et Archives Canada.
Voir les détails qui suivent.



CARTE 2 (détail). - Voir détail suivant.



CARTE 2 (détail). - De gauche à droite : « New Canal » (mon « canal Nord ») ; « Leamy's Old Steam Mill » ; « Old Canal » mon (« canal Est »). Le Old Canal est systématiquement négligé par les historiens qui décrivent le site, comme si seul le New Canal avait existé. L'écluse au nord du canal n'existe plus ; le pont piétonnier actuel est à l'embouchure du canal.


Ajout (23 févr. 2018)


Comparaison entre la carte de 1884 et une photo satellite (© Google). 
Le nord est à env. 11 h (40 degrés à gauche).
A : une digue (?) sur la carte semble correspondre à la ligne du rivage actuel, une île dans la Gatineau s'allonge parallèlement au rivage ; B : écluse du New Canal (« canal Nord »), aujourd'hui disparue ; C : la pointe actuelle du rivage semble s'avancer d'avantage dans le lac au sud de la position de l'ancienne scierie à vapeur (Leamy's Old Steam Mill) ; D : le sentier actuel semble suivre de près l'ancien rivage à l'est de la scierie ; E : l'embouchure du Old Canal (« canal Est ») et tout le canal avec sont aujourd'hui recouverts par un bois.

Ajout (28 févr. 2018)



Vue un peu plus large.
La légende de A à E est la même que celle de la carte précédente (E a été abaissé). 2 (détail) de mon billet du 23 février dernier (lien plus haut).
E' : embouchure de l'Old Canal (« canal Est ») : aujourd'hui désaffecté, il est dans un boisé et coupé par un parking ; F : décharge du lac Leamy (ruisseau Leamy) ; G : ouverture de l'ancien ruisseau intermittent qui se déversait dans le ruisseau de la Brasserie ; maintenant coupé par l'autoroute 50 ; H : chemin (sur photo Google) semblant suivre la limite des lots ; I : plage actuelle ; LC : lac de la Carrière (ancienne carrière de la Canada Cement) ; RG : riv. Gatineau. Flèches pointillées : sens du courant vers la riv. des Outaouais.

jeudi 22 février 2018

Le canal oublié du lac Leamy, Qc : suite


Mise au point - Important (3 mai 2019)

Depuis la parution de la série de billets sur le « canal oublié du lac Leamy », j'ai rédigé un article sur le sujet qui est sommaire du numéro 11 de la revue Hier Encore paru en avril 2019 (Lessard, 2019).
La primeur de l'article est pour les lecteurs de la revue. Désolé, je ne le reprendrai pas ici ! Mais comme je ne voudrais pas laisser en toute connaissance de cause des erreurs dans mon blogue, je résume ici l'essentiel des nouveautés contenues dans mon article.
En bref. - Le lac Leamy est relié à la rivière Gatineau par un étroit canal de moins de 300 m de longueur, inauguré en 1865. Ce canal est souvent confondu avec le « Old Canal » de 1848, long de 700 m, creusé à l’est du lac, aujourd’hui désaffecté et coupé par un parking.

Chronologie

  • 1848 : on creuse un canal qui joint la Gatineau à l’entrée de la décharge du lac Leamy (Gatineau Pond) pour le transit du bois flottant ; le canal passe à l’est du lac (Old Canal sur les vieilles cartes). Il a été désaffecté et comblé au XXe siècle. Il n’existe plus que sous forme de vestiges envahis par les bois et coupé par un parking ;
  • Vers 1854 : Andrew Leamy construit un moulin à vapeur sur la rive du lac ;
  • 1864-65 : « En mai 1864, selon Thériault (1994, p. 33 ), l’accumulation de billots transportés par la Gatineau alors que le lac Leamy est encore gelé rompt l’estacade qui doit les diriger vers notre Vieux-Canal. Un second canal, long de 270 m, traversant un terrain de deux acres, don d’Andrew Leamy, est inauguré en 1865. » (Lessard, 2019, selon Thériault, 1994.) Ce second canal (New Canal sur les vieilles cartes), au Nord du lac, est celui qui subsiste de nos jours. Il est souvent pris pour le premier, le Old Canal de 1848. L’erreur remonte sans doute à Brault (1948 et 1950) dont les travaux ont souvent été repris par d’autres historiens.

J'ai adressé une note à la Commission de toponymie du Québec afin qu'elle corrige sa notice sur le lac Leamy où le canal actuel (le court, celui de moins 300 m, qui date de 1865) est pris pour le canal de 1848 (le long, 700 m, datant de 1848), aujourd'hui disparu.

Sources
BRAULT, Lucien. Histoire de la Pointe-Gatineau : 1807-1947. Montréal, École industrielle des Sourds-Muets, 1948, 182p.
BRAULT, Lucien. Hull 1800-1950. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1950, 262p.
LESSARD, Henri, « Le canal oublié du lac Leamy », Hier Encore, no 11, 2019, p. 24-28.
THÉRIAULT, Benoit, Étude de potentiel archéologique du Parc du lac Leamy volet historique : recherche sur l’occupation euro-canadienne du Parc du lac Leamy à Hull 1800-1960. Musée Canadien des Civilisations, 92f., 1994.

À partir d'ici, billet original de 2018 :

Ce billet étant une suite, autant commencer par la lecture de la première partie : billet du 19 févr. 2018.

Il y a une suite à cette suite (une fin ?) : billet du 23 févr. 2018.



Photo 1. - Secteur du lac Leamy à Hull (Gatineau), 1954. Le nord est à moins de 2 h.
Photothèque nationale de l'air (PNA), photo A13986-9, 14 mai 1954, 1/10 000 (détail).
Légende adaptée de la carte 2 du billet précédent :
CE : « canal Est » ; CN : « canal Nord » ; D : décharge du lac Leamy (ou ruisseau Leamy) ; RB : ruisseau de la Brasserie ; RI : ancien ruisselet intermittent (maintenant toujours à sec) ; RO : rivière des Outaouais. Les amas blancs sur les rivières sont des billes de bois rassemblées pour flottage. Entre guillemets : mes appellations.


Carte 1a. - Région du lac Leamy, Gatineau, Qc : relief par lidar.
Même légende que la carte précédente, avec ajout :
CE : « canal Est » ; CN : « canal Nord » ; D : décharge du lac Leamy (ou ruisseau Leamy) : P : parking du parc du lac Leamy ; RB : ruisseau de la Brasserie ; RI + ligne pointillée : ruisseau intermittent maintenant coupé du RB par l'autoroute.
Le « canal Est » subsiste toujours dans la topographie. Il est coupé en deux par le parking du parc : voir carte 1b. Le canal entre le lac Leamy et le lac de la Carrière est artificiel et récent (1996).
Entre guillemets : mes appellations.
Carte à partir de levés LiDAR, Direction des inventaires forestiers du ministère des Forêts, de la Faune et des Parc. (J'ai exagéré le contraste.)


On a vu dans le billet précédent que le lac Leamy a été relié vers 1850 par deux canaux à la rivière Gatineau. Les textes que j'ai consultés ne parlent toujours que d’un seul canal, sans le décrire, ce qui nous laisse chaque fois dans l'ignorance duquel il est question. La position du moulin (ou scierie) à vapeur qu’Andrew Leamy a érigé vers 1853 pourrait nous aider à y voir plus clair. Selon les sources, il est tantôt sur la rive nord du lac, à l’embouchure du « canal Nord* », tantôt sur la rive sud, près de l'embouchure du « canal Est* ». (Billet précédent pour plus de détails, lien plus haut.) Selon la Commission de la capitale nationale (CCN), qui gère le parc du Lac-Leamy, le moulin était à l'embouchure du « canal Nord » (photo 5). (AJOUT : le moulin a bien été érigé à l'embouchure du « canal Nord » ; voir billet du 23 févr. 2018.)

* Entre guillemets : mes appellations, employées pour clarifier l'exposé, en l'absence de toponymes acceptés.

Est-ce que nos historiens se seraient laissés abuser par le fait qu’il n’y a plus qu’un seul canal apparent, le « canal Nord », aujourd'hui relié à la voie navigable du Lac-Leamy, et que chacun l’a pris pour celui dont parlait les sources qu'il consultait ? Il existe donc bien un canal oublié au lac Leamy, le « canal Est » (voir cartes). Il a pourtant continué de figurer sur les cartes topographiques jusqu'en 1964.

Il demeure d'évidents vestiges du « canal Est » dans la topographie (cartes 1a et 1b) : fossé linéaire bordé ou non de talus, embouchure au sud du lac, etc. Le lit du canal est semé d'arbres qui ne se distinguent pas de ceux des boisés qu'il traverse, preuve qu'il n'est plus en eau depuis longtemps, sauf son embouchure, encore susceptible d'être inondée. J'ai pu suivre le canal (22 févr. 2108) sur la plus grande partie de son parcours. Les photos que j'en ai prises ne sont guère parlantes, la couverture neigeuse offrant trop peu de contraste pour saisir la topographie. Je préfère ne pas les afficher.

Il serait donc temps de cesser de parler du canal du lac Leamy.


Héritage

Après la fonte des glaces il y a 12 000 ans et le retrait de la mer de Champlain il y a 10 000 ans, l’Outaouais, dont le débit était beaucoup abondant (plus de 200 fois le débit actuel ; voir billet du 8 mars 2016) s'écoulait sur le site de l’actuel lac Leamy. La marque de plusieurs chenaux (naturels) abandonnés, orientés vers l'est est encore visible entre le lac et l'Outaouais (carte 1b).

La décharge du lac Leamy, ou ruisseau Leamy, ne serait que l'un de ces chenaux, annexé par le lac. La Gatineau, à la hauteur du lac Leamy, s'incurve pour adopter une attitude parallèle à celle des chenaux. Elle s'est peut-être contenté, à mesure que l'Outaouais se retirait pour atteindre son volume actuel, de suivre et de creuser l'un des chenaux délaissés. (Voir ces billets de « géologie fiction » du 1er février et du 11 mars 2014.)

Le lac Leamy et le réseau hydrographique environnant sont donc l'héritage direct de l'époque glaciaire. Ce système, en particulier à l'est du lac, repose sur une épaisse couche de sédiments quaternaire et récents. La profondeur du lac, près de 16 m, lui permet-elle d'atteindre le socle rocheux ? Le roc affleure près de ses berges, au sud, vers l'ancienne carrière de calcaire (lac de la Carrière).



Carte 1b. - Détail de la carte 1. Le trajet de « canal Est », coupé par le parking, est bien visible à la droite du lac.
À l'est du lac, subsistent encore les traces de bras abandonnés de la rivières des Outaouais. La décharge du lac et même le cours de la Gatineau (et le dernier tronçon du ruisseau de la Brasserie, non visible ici) sont parallèles à ces anciens bras.
La décharge du lac ayant été canalisée vers 1850 lors du creusement du « canal Est » (billet précédent, lien plus haut), sa régularité et son ampleur ne reflètent peut-être pas son allure primitive.
Carte à partir de levés LiDAR, Direction des inventaires forestiers du ministère des Forêts, de la Faune et des Parc. (J'ai exagéré le contraste.)



Photo 2. - Le « canal Est », au nord du parking (voir Carte 1) ; visée vers l'est. On reconnaît un fossé peuplé d'arbres comme les terrains aux alentours, les talus qui le bordent. Photo 22 février 2018.



Photo 3. - Le « canal Nord », depuis le pont qui l'enjambe, visée vers le nord, vers la Gatineau. Photo 22 févr. 2018.



Photo 4. - Le lac Leamy, depuis le pont qui enjambe le « canal Nord », et l'embouchure de ce dernier, visée vers le sud, avec pêcheurs sur glace. Photo 22 févr. 2018.



Photo 5. - Panneau d'interprétation de la CCN sur le bord du lac. Le texte indique que la scierie (ou moulin) d'Andrew Leamy était situé à l'embouchure du canal (mon « canal Nord »). Il ne parle pas d'un autre canal.
« Un canal de 213 mètres fut creusé afin de relier la rivière Gatineau à la scierie Leamy (à l'embouchure intérieure de la rivière [Sic : il faudrait lire : « à l'embouchure intérieure du canal», la version anglaise (originale ?) étant correcte.] ). »
Cliquer sur l'image pour l'afficher à sa pleine grandeur.
Photo 22 févr. 2018.


Ce qu'en montrait le Rapport Gréber

Les cartes du peuplement de la région publiées dans le Rapport Gréber (1950) permettent de suivre la transformation du secteur du lac Leamy à de larges intervalles de temps. (Voir le billet du 6 juillet 2017, « Gatineau et Ottawa : cartes et anachronismes ».) La grande échelle de ces cartes oblige à la prudence quant à leur interprétation.
Jacques Gréber, 1950, Projet d’aménagement de la capitale nationale. Imprimeur du Roi. Disponible en ligne : https://qshare.queensu.ca/Users01/gordond/planningcanadascapital/greber1950/index.htm



  • Cartes de 1810 et de 1835. - La décharge du lac Leamy apparaît comme un mince ruisseau. Le lac est indépendant.
  • Carte de 1845. - Apparition du « canal Est » ; la décharge du lac a été élargie sur toute sa longueur. Occupation de la rive sud du lac près de la bouche du canal, à l'entrée de la décharge.
  • Absent des cartes : « canal Nord », creusé vers 1853. Il n'apparaît inexplicablement que sur la carte de 1912.
  • Carte de 1865. - Même situation que sur la carte de 1845.
  • Carte de 1876. - Disparition du point de peuplement ou d'occupation au sud du lac...
  • Carte de 1890. - ... qui réapparaît ici.
  • Carte de 1912. - Ouverture du « canal Nord » (sûrement une erreur : il date de 1853, voir le texte). Disparition du point de peuplement ou d'occupation au sud du lac.
  • Cartes de 1925 et de 1945 (la dernière). - Situation inchangée. Les deux canaux subsistent.




Documents d'archives

Au moment de mettre ce billet en ligne, j'ai découvert ces documents visuels dans le site de Bibliothèque et Archives Canada. Les images disponibles gratuitement en ligne ne sont pas très détaillées. D'ici à ce que j'en obtienne de meilleurs fichiers, si toutefois je décide de les commander, nous devrons nous en contenter.


Photo 6. - Titre original : Gilmour & Hughson Ltd.'s Lumbering Activities in Ottawa and Outaouais, ca. 1910 - "Gilmour & Hughson Ltd. showing use of Leamy's Lake outlet for storage of overflow logs".
No MIKAN 5006559. Bibliothèque et Archives Canada.



Carte 3. - Le lac Leamy est identifié sous le nom de Gatineau Pond. Un seul canal est visible (mon « canal Est »). Noter l'embranchement du canal près de son embouchure, détail qui figure sur quelques cartes ultérieures. Titre original : Land to be purchased from Ruggles Wright, 1850... (Gatineau Pond) Leamy Lake area.
No MIKAN 4126298. Bibliothèque et Archives Canada.



Carte 4. - Les deux canaux apparaissent sur cette carte de la fin du XIXe s.
Titre original : Part of City of Hull. Quebec. 28 Nov. 1881 (Signed) E. E. Taché, Assistant Commissioner of Crown Lands. To accompany J. R. Roy's report re. Leamy's claim, dated 5th July 1909.
No MIKAN 4138191. Bibliothèque et Archives Canada.

lundi 19 février 2018

Le canal oublié du lac Leamy, Gatineau, Qc


Mise au point - Important (3 mai 2019)

Depuis la parution de la série de billets sur le « canal oublié du lac Leamy », j'ai rédigé un article sur le sujet qui est sommaire du numéro 11 de la revue Hier Encore paru en avril 2019 (Lessard, 2019).
La primeur de l'article est pour les lecteurs de la revue. Désolé, je ne le reprendrai pas ici ! Mais comme je ne voudrais pas laisser en toute connaissance de cause des erreurs dans mon blogue, je résume ici l'essentiel des nouveautés contenues dans mon article.
En bref. - Le lac Leamy est relié à la rivière Gatineau par un étroit canal de moins de 300 m de longueur, inauguré en 1865. Ce canal est souvent confondu avec le « Old Canal » de 1848, long de 700 m, creusé à l’est du lac, aujourd’hui désaffecté et coupé par un parking.

Chronologie

  • 1848 : on creuse un canal qui joint la Gatineau à l’entrée de la décharge du lac Leamy (Gatineau Pond) pour le transit du bois flottant ; le canal passe à l’est du lac (Old Canal sur les vieilles cartes). Il a été désaffecté et comblé au XXe siècle. Il n’existe plus que sous forme de vestiges envahis par les bois et coupé par un parking ;
  • Vers 1854 : Andrew Leamy construit un moulin à vapeur sur la rive du lac ;
  • 1864-65 : « En mai 1864, selon Thériault (1994, p. 33 ), l’accumulation de billots transportés par la Gatineau alors que le lac Leamy est encore gelé rompt l’estacade qui doit les diriger vers notre Vieux-Canal. Un second canal, long de 270 m, traversant un terrain de deux acres, don d’Andrew Leamy, est inauguré en 1865. » (Lessard, 2019, selon Thériault, 1994.) Ce second canal (New Canal sur les vieilles cartes), au Nord du lac, est celui qui subsiste de nos jours. Il est souvent pris pour le premier, le Old Canal de 1848. L’erreur remonte sans doute à Brault (1948 et 1950) dont les travaux ont souvent été repris par d’autres historiens.

J'ai adressé une note à la Commission de toponymie du Québec afin qu'elle corrige sa notice sur le lac Leamy où le canal actuel (le court, celui de moins 300 m, qui date de 1865) est pris pour le canal de 1848 (le long, 700 m, datant de 1848), aujourd'hui disparu.

Sources
BRAULT, Lucien. Histoire de la Pointe-Gatineau : 1807-1947. Montréal, École industrielle des Sourds-Muets, 1948, 182p.
BRAULT, Lucien. Hull 1800-1950. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1950, 262p.
LESSARD, Henri, « Le canal oublié du lac Leamy », Hier Encore, no 11, 2019, p. 24-28.
THÉRIAULT, Benoit, Étude de potentiel archéologique du Parc du lac Leamy volet historique : recherche sur l’occupation euro-canadienne du Parc du lac Leamy à Hull 1800-1960. Musée Canadien des Civilisations, 92f., 1994.

À partir d'ici, billet original de 2018 :


Ce billet a une suite  : billet du 22 février 2018, et même une conclusion (une fin ?)


CARTE 1. Détail, Anthony Swalwell, 1837 ou date ultérieure, dans Evans (1978).
En rouge, mes annotations. (Les mots entre guillemets : mes appellations).
1837 (encerclé) : date d'une transaction, pas nécessairement celle de la confection de la carte. Il n'est pas clair si le « canal Nord » a été ajouté après la réalisation du document. En effet, son tracé est interrompu pour ne pas rayer une inscription et il se confond avec celui d'un chemin (Road) ; de plus, le « canal Est » est ombré alors que le « canal Nord » est demeuré en blanc. Enfin, le « Boom » (estacade) qui retenait les billes de bois qui descendaient la Gatineau apparaît conçu pour les amener dans la courbe du « canal Est ». Il est aussi le seul des deux canaux à voir ses extrémités notées (A et B). Mon hypothèse est que le canal Nord a été dessiné après la confection de la carte. M : moulin (scierie) à vapeur d'Andrew Leamy (position selon Hughson et Bond (1987)).
Ne pas tenir compte des chiffres encerclés (en noir) qui sont des annotations d'Evans.


Résumé

Combien de canaux a compté le lac Leamy à Gatineau, QC ? Celui qui en cherche un en trouve deux, encore qu'il n'en reste plus qu'un seul de visible et en usage.


La position ou le rôle du lac Leamy dans le réseau hydrographique de la ville de Gatineau, au Québec, est pour le moins étrange (voir les cartes). Une partie des eaux de la rivière Gatineau qui, pour le reste, rejoignent l'Outaouais, 2 km à l'est, pénètre dans le lac par un canal au nord de ce dernier. Les eaux du lac s'écoulent ensuite par une décharge dont le cours est parallèle à celui de la Gatineau et rejoignent l'Outaouais à leur tour. En période de crues, il arrivait autrefois que le trop plein du lac se déverse dans le ruisseau de la Brasserie par un ruisselet intermittent aujourd'hui asséché, au sud du lac (RI sur la Carte 2). Le ruisseau de la Brasserie, on le sait, se jette aussi l'Outaouais.

Le bilan comptable des mouvements des eaux est facile à établir. Elles aboutissent toutes, directement ou non, à l'Outaouais, quasiment au même endroit. Les embouchures de la Gatineau, de la décharge du lac Leamy et du ruisseau de la Brasserie se succèdent en effet sur une distance de moins de 2 km (Carte 2).

Une partie de ce réseau est cependant artificiel. Le lac Leamy était en effet autrefois indépendant de la Gatineau.

Son petit canal à soi

Les canaux qui relient le lac Leamy à la Gatineau sont artificiels et datent des environs de 1850. Je dis bien « les canaux » puisqu'il y en a eu deux. Pour simplifier l'exposé, nommons-les « canal Nord » (déjà évoqué) et « canal Est » (Cartes). Le premier n'est plus utilisé aujourd'hui que pour la navigation de plaisance. Un petit pont l'enjambe et permet aux piétons et aux cyclistes d'emprunter la piste qui fait le tour du lac (parc du Lac-Leamy). Le second n'existe qu'à l'état de vestiges, on le verra plus loin, et n'est plus un acteur du réseau hydrographique.

S'il faut en croire Lucien Brault (1948), un canal a été creusé par le gouvernement pour répondre aux doléances adressées en 1848 par les exploitants forestiers. (Sans doute le gouvernement du Canada-Uni, ou une autorité subalterne, le texte de Brault ne l'indique pas.) Jusqu'alors, les billes de bois qui descendaient la Gatineau étaient assemblées en radeaux à son embouchure où une estacade les empêchait de poursuivre leur périple jusque dans l'Outaouais (à l'exemple du boom de la Carte 1). Il arrivait que l'estacade se rompe et le bois - et les profits avec - s'en allait au fil du courant. Le canal, selon Brault, procura un accès direct aux eaux du lac où il était possible d'assembler les radeaux en toute quiétude. La décharge naturelle du lac Leamy dans l'Outaouais fut canalisée pour faciliter leur descente vers l'Outaouais.

Wikipedia présente cependant une autre histoire :


« En 1853, [Andrew] Leamy a lancé sa propre entreprise en construisant une scierie à vapeur sur la rive sud du lac appelé Columbia Pond et devenu par la suite le Leamy Lake. Ensuite, Leamy a creusé un canal pour relier le lac à la Rivière Gatineau pour faciliter le transport de billes de bois à sa scierie. Le moulin, qui était la première scierie à vapeur dans la région – une des deux seules ayant jamais fonctionné – fut plus tard détruit par l'explosion de la chaudière à vapeur et n'a jamais été reconstruit. » (Les italiques sont de moi ; source : Wikipedia.)

Les deux récits s'ignorent mutuellement et chacun ne parle que d'un unique canal, de son petit canal à lui.

Trop de canaux ?

Brault écrit encore (1950) qu'Andrew Leamy, profitant des travaux entrepris par le gouvernement - l'établissement d'une estacade et le « creusage du chenal (p. 144) » - c'est moi qui souligne -, pour établir vers 1854 une scierie, ou moulin, sur la rive du lac qui portera son nom. Le moulin a été détruit par l'explosion de sa chaudière à vapeur vers 1885. À se fier uniquement aux textes de Brault, il n'y avait qu'un seul chenal ou canal au lac. Andrew Leamy, qui n'aurait pas eu à le creuser, n'aurait eu qu'à construire son moulin à son embouchure. Mais où était-il, au nord ou à l'est ?

Une carte dessinée à la main par le sous-arpenteur Swalwell, datée au plus haut de 1837 (d'après la date d'une transaction qui y est reportée, mais le document est postérieur), montre deux canaux. Une reproduction de la carte se trouve dans Evans (1978) (Carte 1). Le canal Nord y est indiqué par deux traits parallèles qui donnent l'impression d'avoir été ajoutés après coup : leur tracé s'interrompt pour ne pas rayer une inscription, le canal se confond avec un chemin (Road) tandis qu'il n'est pas autrement identifié. En comparaison, le canal Est est légendé (« Canal ») et semble en outre avoir été colorié. La reproduction de la carte dans Evans est en noir et blanc et il est difficile de distinguer les interventions manuscrites de ce dernier de ce qui appartient au document original. Evans précise cependant que le canal Nord est bien celui qui a été creusé par Leamy (Evans, p. 149 et 150).

Une carte de 1887 (Snow & Son) qualifie le canal Est de « Old canal ». Il aurait donc bien précédé le canal Nord. Malheureusement, la carte ne montre que la moitié sud du lac. Le canal Nord n'y figure donc pas. (La région du lac Leamy est rarement bien traitée dans les cartes du XIXe s., quand elle n'y est pas tout simplement ignorée.)

Deux canaux et un moulin ?

D'une part, le canal Est semble être le plus ancien des deux, conclusion qu'impose la carte de Snow & Son, tandis que le creusage d'un canal est précisément ce qui amena Andrew Leamy à construire sa scierie sur le bord du lac. D'autre part, Evans affirme que le canal Nord est le fruit de l'initiative de Leamy, ce que laisse précisément penser la carte de Swalwell. Les choses s'éclaircissent peut-être enfin. Le canal Est a été creusé en 1848 par le gouvernement qui répondait à l'appel des entrepreneurs forestiers et le canal Nord, le seul qui subsiste, rappelons-le, a été construit par Leamy vers 1853-1854.

Hughson et Bond (1987) placent très logiquement le moulin de Leamy sur la rive nord du lac, à l'embouchure de son canal. Mais le canal Est aurait été le mieux placé pour amener les billes au moulin de Leamy s'il avait été érigé au sud du lac, comme l'affirment Wikipedia et d'autres sources. Difficile de concilier les sources ! (AJOUT : le moulin a bien été érigé au nord, comme l'affirment Hughson et Bond, à l'emplacement reporté sur la Carte 1 ; voir le billet du 23 févr. 2018.)

Le canal Est apparaît une dernière fois sur une carte topographique en 1964 - mais les cartes antérieures négligeaient souvent de le figurer, indice de sa désaffectation. Le parking du parc du lac Leamy a été construit sur son parcours dans les années 1960 (parc du Lac-Leamy). Il reste des vestiges de ses extrémités nord et sud dans la topographie. (Subsiste-t-il partiellement recouvert sous terre et sous l'asphalte ? La saison ne me permet de vérifier.)

Ruisseau intermittent et carrière ennoyée

Dernière complication. À l'origine, lors des crues, les eaux du lac déversaient leur trop plein dans le ruisseau de la Brasserie par un ruisselet naturel intermittent, au sud (RI, Carte 2). Il est à sec depuis au moins 1912, semble-t-il. (Voir billet du 12 juin 2017, « Trait d'union lac Leamy - ruisseau de la Brasserie » et celui du 6 juillet 2017, « Gatineau et Ottawa : cartes et anachronismes ».)

Le canal Nord est encore en usage pour la navigation de plaisance et fait partie du chenal de navigation du lac Leamy (lien), relié depuis 1996 au lac de la Carrière (ancienne carrière de la Canada Cement).

Le lac Lemay n'a pas de bassin rocheux : il repose dans une épaisse couche de sédiments quaternaires, notamment d'argile de la mer de Champlain, qui comblent une vallée dans le socle (billet du 5 février 2016, « Qui a façonné l'Île-de-Hull ? » : voir paragr. 8). Il n'a pas dû être trop difficile de creuser les canaux dans ce tapis de sédiments meubles. Au sud du lac, le plateau rocheux affleure et les strates calcaires ont été exploitées durant plusieurs décennies. La carrière de l'ancienne Canada Cement est devenue le lac de la Carrière, intégré, on l'a vu, au chenal de navigation du lac Leamy.


Deux de trop ?

On ne peut s'empêcher de remarquer que trois affluents parallèles - la Gatineau, la décharge du lac Leamy et le ruisseau de la Brasserie, c'est beaucoup pour un seul endroit. Je me demande si le lac et sa décharge ne sont pas les vestiges du delta de la Gatineau à l'époque où, immédiatement après le départ des glaces, il y a 10 000 ans, la rivière avait un débit supérieur à celui de nos jours. L'épaisse couche d'argile marine que traverse la Gatineau à partir du pont Alonzo-Wright, 5 km en amont de son embouchure, a peut-être favorisé la multiplication de bras secondaires et la formation d'un lac résiduel : le lac Leamy ? (Hypothèse personnelle.) (AJOUT, 20 févr. 2018. - Hypothèse que je corrige tout de suite : le lac Leamy et les terrains entre le lac et l'Outaouais ont été modelés par l'Outaouais lui-même après le départ de la mer de Champlain, à l'époque où la rivière était beaucoup plus large qu'aujourd'hui. Un billet à venir en dira plus. En attendant, voir ces billets de « géologie fiction » du 1er février et du 11 mars 2014.)

Qui dira que l'histoire de la région est pauvre ? On cherche un canal, on en trouve deux et, comme on ignore lequel est lequel, il y en a finalement deux de trop.


Lac Leamy à Gatineau, Qc. Carte © Google.
CE : canal Est (trajectoire corrigée le 23 févr. 2018 : en réalité, les ouvertures des canaux sur la Gatineau sont plus éloignées que sur la carte de Swalwell); CN : canal Nord ; D : décharge du lac Leamy ; LC : lac de la Carrière ; RB : ruisseau de la Brasserie ; RG : rivière Gatineau ; RI : ancien ruisseau intermittent maintenant à sec.

Références


  • Lucien Brault (1948) - Histoire de la Pointe-Gatineau : 1807-1947. Montréal : École industrielle des Sourd-Muets, 182 p.
  • Lucien Brault (1950) - Hull 1800-1950. Presses de l'Université d'Ottawa.
  • Patrick M. O. Evans (1978 ?) - The Wrights : a genealogical study of first settlers in Canada's National Capital Region, Ottawa : National Capital Commission, 255 p.
  • Hughson, John W. et Courtney C.J. Bond (1987) - Hurling Down The Pine. The story of the Wright, Gilmour and Hughson Families, Timber and Lumber Manufacturers in the Hull and Ottawa Region and on the Gatineau River, 1800-1920. Chelsea, Historical Society of the Gatineau, 3e édition, révisée, (1ère éd. 1964), 130 p.
  • John A. Snow and Son (1887) - Map of the City of Ottawa, P. Ontario, and the City of Hull, P. Quebec, and Their Adjacent Suburbs. Compiled by John A. Snow and Son, Provincial Land Surveyors and C.E.ng's from Personal Surveys and Official Records. Scale 660 Feet to One Inch.


jeudi 15 février 2018

Deux parutions sur l'histoire de la région.


Saviez-vous qu'avant Gatineau, il y avait eu... Gatineau ? Que pourriez-vous nous dire sur l'homme au nœud papillon qui aimait trop papillonner ? Deux parutions sur l'histoire de la région arrivent en librairie pour vous en apprendre plus sur ces questions. (Liens vers les maisons d'édition à la fin de la description de chaque titre.)



À l'ombre du moulin : une enfance à Gatineau (1934-1948)

Bernard Lacroix


Natif de Hull, Bernard Lacroix arrive à Gatineau en 1934 à l'âge d'un an et grandit dans le secteur de la rue Saint-André, alors surnommé « la cour du moulin », dans une des maisons de la Canadian International Paper (C.I.P.). Il y coule une enfance heureuse et se considère privilégié comme jeune garçon de pouvoir s'épanouir dans un environnement encore à l'état sauvage, à proximité de la belle et grande rivière des Outaouais, située à quelques centaines de pas de la maison.

L'usine de papier de la C.I.P. était omniprésente. « C'était comme une toile de fond. On savait qu'elle était là, mais on l'oubliait, on vivait avec elle, on fonctionnait avec elle. On avait la sensation qu'on lui appartenait, mais aussi qu'elle nous appartenait. Comme si on en avait possédé des parts. Virtuelles, bien sûr! »

Retraité de l'Université d'Ottawa depuis 1994, Bernard Lacroix a voulu raconter à sa façon son vécu dans une minuscule partie de la grande ville qu'est devenue Gatineau, et faire revivre un quartier disparu.

Société Pièce sur pièce, 2018, illustré, 132 pages, 14 $
ISBN 978-2-9813528-1-1





Tuxedo Kid : la beauté du diable

Raymond Ouimet


Voleur de moutons, coureur de jupons, avorteur amateur, voleur de banque… Léo-Rhéal Bertrand est un individu peu fréquentable. Il a pourtant tout pour réussir dans la vie: beauté, charisme, débrouillardise et sens de la musique. Depuis son adolescence, il fait résonner les cordes de son violon et le cœur des jeunes femmes dans les soirées dansantes.

Lorsque sa première épouse meurt noyée dans un étrange accident d'automobile, il réussit à semer le doute sur sa ­culpabilité. Pourra-t-il s'en sortir lorsqu'il sera accusé du meurtre de sa seconde femme, décédée dans l'incendie du chalet où le couple se trouvait pour un séjour de chasse ? Tuxedo Kid, cet homme qui se présente tiré à quatre épingles lors de son procès, a plus d'un tour dans son sac.

Raymond Ouimet fait revivre, avec sa plume vivante et efficace, le rythme endiablé du Québec des années 1930 aux années 1950, tout en se livrant à une enquête détaillée de ce qui fut l'une des affaires criminelles les plus médiatisées de l'époque.

Septentrion, 2018, illustré, 168 pages, 19,95 $
ISBN 9782894489178

Raymond Ouimet a travaillé dans de nombreux domaines : il a été conseiller municipal, président d'un centre d'archives et chroniqueur en histoire. Fondateur de la revue d'archives, d'histoire et de patrimoine Hier encore, il a publié au Septentrion L'Affaire des Crucifiés et Catherine de Baillon.