vendredi 29 juin 2018

Hors sujet : pots de fleurs




On a les pots de fleurs qu'on peut : plantes poussant dans des trous forés dans une diorite à Kanata, ON.

La vie est une grande opportuniste, on ne le dira jamais assez.

Elle dévore la roche par les racines. Place aux jeunes pousses.



Sinon, on peut apprécier le fini du poli glaciaire de la roche.

jeudi 28 juin 2018

Hors sujet : nuages au cordeau



Bandes nuageuses rectilignes s'étirant d'ouest en ouest (ou l'inverse) au dessus de Kanata (Ottawa, ON), le 23 juin 2018. Des barbules cisaillent la mince bande sombre supérieure (contraste accentué).


Drôles de nuages étirés d'un horizon à l'autre au dessus d'Eaglesons Corners (Kanata, banlieue d'Ottawa), le 23 juin dernier.

Je les ai aperçus en descendant de l'autobus, vers 14 h 20. Ils ont persisté au moins pendant une demi heure (voir dernière photo).

Trop étroits pour des être stratus, trop minces pour des cumulus, trop bas et trop opaques pour des cirrus : c'étaient quoi ? La formation se composait de bandes parallèles plus ou moins diffuses et plus ou moins sombres, sous le plafond des stratus. Des barbules faisaient comme des dents de scie sur l'une des bandes (cisaillements ?). 

Une traînée d'avion ? Non plus. D'autres bandes semblables, moins marquées, étaient visibles plus au nord.

Si vous savez comment on aligne les nuages au cordeau, communiquez avec moi...



Le chemin March, sur lequel circule les autos, orienté N-S (N à droite), donne l'orientation de la bande nuageuse, grosso modo perpendiculaire à la route. Elle s'étirait d'un horizon...



... à...



... l'autre.



Gros plan sur les barbules (contraste accentué).



Une demi heure plus tard, vers 14 h 50, le nuage persistait dans sa forme (vue vers le nord, chemin Coulbourn Forced). Peu après, il s'est dissipé comme le ciel s'éclaircissait.

mardi 12 juin 2018

Roche intrusive (pyroxénite) dans le calcaire ordovicien, à Hull ?


Calcaire ordovicien de la formation Black River (Trenton), promenade du Lac-des-Fées, Hull (Gatineau), QC. Un calcaire grossier (à clastes et bioclastes) contient un élément flottant d'un lit plus fin. Photo 8 déc. 2013.


Résumé

On aurait trouvé une pyroxénite intrusive dans un calcaire ordovicien de la plate-forme du Saint-Laurent, à Hull, QC. La présence de cette pyroxénite dans cet horizon stratigraphique est étonnante (si confirmée).


Le sol et le sous-sol de l’Outaouais sont bien connus. 

On peut comparer la région à un gâteau. Découpez-en un morceau, vous verrez de bas en haut, sur la tranche (MA = millions d'années) :


  • Le gâteau lui-même (partie la plus substantielle) figure ici le Bouclier canadien, formé de roches métamorphiques et plutoniques âgées de plus d’un milliard d’années ;
  • Le glaçage, en surface, incomplet ou entamé, correspond aux sédiments de la plate-forme du Saint-Laurent (grès, calcaires et schistes) datant du Cambrien tardif (515 -485 Ma) et de l'Ordovicien (485-444 Ma) ;
  • Le tout est saupoudré de sucre en poudre pour tenir lieu de la mince couverture de sédiments meubles glaciaires et d’argile de la mer de Champlain qui recouvre le gâteau et la glaçage.


Voilà de quoi notre gâteau est fait.

Pour être complet, il faudrait compter avec les dykes d'une carbonatite liée aux Montérégiennes qui recoupent le calcaire ordovicien, à Ottawa (carrière Blackburn), datant de 110-120 Ma (Hogarth et al., 1988). (Intrusion minuscule.) Toutes les autres roches intrusives de l'Outaouais et au-delà sont antérieures au dépôt du calcaire : dykes de diabase qui recoupent le Bouclier (600 Ma) ; pluton de Grenville-Chatham (530 ma), toujours dans le Bouclier, etc.

Pour les dates, voir mon billet du 5 déc. 2015, « Tableau des temps géologiques : Gatineau et ses environs ».

Tout enrichissement de la stratigraphie, toute irruption d'un nouvel ingrédient dans le gâteau serait une révolution.

Or, voilà que je tombe par hasard sur un rapport de forage vieux de vingt ans qui fait état d’une roche intrusive (une pyroxénite, roche plutonique mafique) dans le calcaire ordovicien, à Hull (Les laboratoires Gatineau, 1998).

Qu’est-ce que fait une pyroxénite à cet endroit ? Comment a-t-elle pris place dans le calcaire ? À quelle suite ou série plutonique l'assimiler ?

Selon le rapport, une étude des sols et du roc entre la rue Demontigny et la promenade du Lac-des-Fées rédigée en vue de la réalisation du futur boulevard des Allumettières (axe McConnell-Laramée), le socle rocheux du secteur est constitué de calcaire à grain fin de la formation Black River (Trenton), interlité de calcaire argileux et de shale argileux. Rien que du banal, rien que de l'attendu. Rien pour faire sursauter. Sauf cette roche dure, cet « intrusif verdâtre » rencontré dans la partie partie supérieure d'un forage (forage F4), entre 1,25 m à 1,50 m de profondeur. Le contact intrusif-calcaire est bien défini, cependant, l'orientation du contact n'est pas définie.

Le forage F4 a été réalisé à l'angle des rues Demontigny et Laramée (cette dernière absorbée depuis par le boulevard des Allumettières). En lame mince, l'intrusif se révèle équigranulaire (grains 0,5-1,0 mm), et est constitué à 75 % d'orthopyroxène (hypersthène) et de clinopyroxène (augite) en proportions égales. Le 25 % restant est composé de quartz, de calcite et de minéraux argileux [altérés ?] « Nous sommes donc en présence d'une pyroxénite. » (p. 13)

Le rapport de forage, rédigé avant l'examen de lame mince, est moins affirmatif. Il signale, à la profondeur de 1,25 m à 1,50 m sous la surface : « Calcaire vert grenu, minces horizons dolomitique (sic) (présence de cristaux). » La nature de la roche verte n'avait donc pas d'emblée été reconnue. Mais une identification sur le terrain est toujours sujette à caution et peut être revue après plus ample examen en laboratoire.

Si cette roche est bien ce qu'en disent les Laboratoires Gatineau, il est étonnant que sa découverte n'ait pas fait plus de bruit.  

Quelle est cette pyroxénite ? À quelle suite magmatique l'assimiler ?

La présence de cette pyroxénite dans notre calcaire ordovicien n'est pas une impossibilité ; simplement, telle chose n'a jamais été observée. Comme pour faciliter les choses, les Laboratoires Gatineau ne semblent plus exister. Je doute que des échantillons aient été conservés.


Références

  • Donald D. Hogarth, Peter Rushforth, Robert H. McCorkell, 1988 - « The Blackburn Carbonatites, Near Ottawa, Ontario: Dykes With Fluidized Emplacement. » Canadian Mineralogist, vol.26, pp. 377-390. http://rruff.info/doclib/cm/vol26/CM26_377.pdf
  • Les Laboratoires Gatineau, 1998. Étude de caractérisation des sols et du roc : boulevard St-Laurent - Laramée, Hull - secteur DeMontigny au Lac-des-Fées. Projet 20-6672-8385-A - Rapport final. Gouvernement du Québec, Ministère des Transports.


mercredi 6 juin 2018

Stabat Arbor vous attend !





Voici (primeur !) que je viens vous annoncer la parution de Stabat Arbor : volume I, de Roger Latour, aux Éditions Flora Urbana. (La parution date d'avril ; quelques semaines, ce n'est rien dans la vie d'un livre - ou d'un arbre, de l'avis même de Gutenberg. Il s'agit donc bien d'une primeur.)


Allons au plus pressé - au plus important : les liens !







Description de l'ouvrage sur iTunes

Premier livre d’une série sur les arbres en milieu urbain et péri-urbain. Ce livre vise à mieux faire connaître les érables, les ormes et les cerisiers à racème. Tant les espèces indigènes que les espèces exotiques sont présentées avec tous les détails permettant de bien les identifier. Le livre souhaite aussi encourager la protection du patrimoine arboricole de nos villes.
Prix : 11,99 $

Enfin, soulignons-le pour éviter les méprises : il s'agit d'un livre disponible uniquement en version numérique.





Roger Latour est l'auteur du blogue Flora Urbana : pérégrinations à la découverte de la biodiversité et des paysages de l'île de Montréal et au-delà. friches, arbres, phénologie, écologie urbaine, orchidées, verdissement, aménagement.





Notre avis (pluriel de modestie, vous l'avez compris)

Ce livre est un monument de patience, de méticulosité et de connaissances. C'est aussi un monument élevé à l'amour des arbres en général, de nos arbres en particulier, ceux de nos villes, de nos parcs et de nos rues. Les exemples sont montréalais (les arbres ne poussent pas dans la noosphère mais s'entêtent à prendre racine à des endroits précis), cependant les descriptions, les cartes et le texte permettent à quiconque habite l'est de l'Amérique du Nord d'utiliser le livre comme un guide d'identification. Ainsi que proclame l'auteur dans son avant-propos, il faut aller à la rencontre des arbres, les arbres « sont là où ils sont : Stabat Arbor. Il faut aler les voir sur place, souvent seulement au coin de la rue. »





Visuellement, le livre est une réussite. La découpe des photos de spécimens, la mise en page, l'ensemble de l'ouvrage est d'une clarté et d'une luminosité remarquable. Pour avoir oeuvré dans le domaine, je suis ébahi par la somme de travail que représente Stabat Arbor. Pensez, il ne fallait pas rater la pousse des bourgeons, l'éclosion des fleurs, le mûrissement des fruits, photographier, documenter et dater tout ça...

Les photos des trocs de différents âges d'une même espèce permettent de constater que les arbres, comme les humains, débutent tout lisses dans la vie avant de s'entourer d'une écorce rugueuse. (Réflexion personnelle, nous sommes encore dans « Notre avis ».)

Il s'agit d'un véritable herbier sur iPad.





Des cartes et des photos anciennes ou récentes permettent de suivre l'évolution de la population arborée à Montréal dans différents parcs.

Le livre se termine sur un requiem sur l'état « du plus bel ensemble d'arbres patrimoniaux à Montréal : l'alignement des peupliers de Caroline du Parc La Fontaine. »





Et tant qu'à aller faire un tour sur iTunes, profitez-en pour jeter un coup d'oeil sur les autres publications de Roger Latour.

vendredi 1 juin 2018

Dépôts meubles de l'Île-de-Hull (suite)


Tentatives de « clarifier » les cartes du rapport de Théberge sur les dépôts meubles du Quaternaire dans l'Île-de-Hull (1986) : voir le billet du 27 mai 2018, « Pas de «A» pour la 1506A ». Les documents utilisés ici sont des bleus qui accompagnent la version papier du rapport.

La superposition de lignes (contours, courbes de niveau, isobathes, formations géologiques, etc.) et de masses de même couleur rend ces cartes difficiles à déchiffrer. Je m'étais contenté jusqu'ici de la version numérique du rapport, accompagné de cartes haut contraste en noir et blanc, encore moins lisibles que les bleus (billet du 27 mai). J'ai repassé en rouge du mieux que j'ai pu les contours des formations géologiques ; ainsi, certaines courbes ne sont pas fermées.

Les deux cartes (géologie et aptitudes des sols) se complètent mutuellement. Je n'ai pas repassé les isobathes des dépôts meubles, ni les escarpement dans la roche en place (Carte 1). L'entreprise aurait été aussi longue qu'hasardeuse. Voir la carte de Bélanger (billet du 27 mai), pour les dépôts meubles et la mienne (5 févr. 2016, « Qui a façonné l'Île-de-Hull ? »), pour les escarpements.

Le but de tout ça est d'obtenir une carte lisible des sédiments meubles dans l'Île-de-Hull et de bien établir que, contrairement à ce q'affirme la carte 1506A de la Commission géologique du Canada, l'Île n'est pas dépourvue de couches significatives des sédiments quaternaires (voir billet précédent).


Référence
Théberge, J. 1986 – Cartographie géotechnique dans la région de Gatineau-Aylmer-Hull. Ministère de l’énergie et des ressources du Québec, MB 86-43. [Avec cartes au 1/20 000.]




1986 : Théberge (détail) : Carte 1. Géomorphologie, géologie et épaisseur des dépôts meubles. Gatineau-Hull-Aylmer.) 
(Photo prise à main levée, distorsions possibles.)
Légende (adaptée)
Récent
10. Dépôts organiques. - Humus et tourbe des régions mal drainés, marécageuses et tourbières.
9. Dépôts fluviatiles. - Gravier sable, silt, silt argileux, matière organique sur la plaine inondable.
Dépôts du proto-Outaouais
Dépôts fluviatiles de chenaux abandonnés. - 8. Silt argileux, silt et lentilles de sable recouvrant le faciès d'eau profonde de l'argile de la mer de Champlain. - 7. Sables lités moyens jaune clair, remaniés localement en dunes de petite taille.
Dépôts glaciaires
1. - Till de fond, mélange hétérogène de matériaux allant de l'argile à de gros blocs, généralement sableux.
Roche en place
R. - Calcaire, dolomie, grès et shale du Paléozoïque : affleurements tabulaires dénudés, recouverts localement d'au plus 2 m de dépôts meubles.

1986 : Théberge (détail) : Carte 5. Aptitude des sols - Gatineau-Hull-Aylmer.
(Photo prise à main levée, distorsions possibles.)
Comme il s'agit d'une carte des caractéristiques mécaniques des sols, plusieurs couches stratigraphiques peuvent se retrouver dans une même unité. J'ai transformé le bleu en sépia, espérant gagner en lisibilité.
Légende (adaptée)
1C. - Till ; roc à moins de 3 m sous la surface.
2B. - Till ; roc à plus de 6 m de profondeur.
3A. - Dépôts meubles variés, moins de 3 m ; till, sable, gravier, argile desséchée.
3B. - Roc affleurant ou sous des dépôts meubles de moins d'un m.
4B. - Sable fin à grossier, 6 m et plus, reposant sur l'argile.
5A. - Argile consolidée ; roc, till ou dépôt granulaire à 3-6 m. L'argile peut-être couverte par moins de 2 m de sable.
5B. - Comme 5A, roc à plus de 6 m de profondeur.
6A. - Remblai hétérogène [artificiel] de plus de 3 m.