mardi 29 avril 2014

Courbe immotivée (reprise, ou suite)



Fig. 1. – Détail d'une carte du Rapport Holt (1915). Rivière des Outaouais, entre Hull (aujourd'hui Gatineau), au nord, et Ottawa, au sud.


Message envoyé à Madame ou Monsieur Google (29 avril 2014).

Bonjour,

Il y a une erreur dans vos cartes touchant le tracé de la frontière entre les villes de Gatineau (Québec) et d'Ottawa (Ontario), au Canada. La frontière passe bien au milieu de la rivière des Outaouais, comme vous le montrez.

Cependant, entre les points suivants (approx.)

45.417431,-75.728159 (Est) et 45.418516,-75.721507 (Ouest)

au lieu de suivre une ligne droite comme le montrent vos cartes, la frontière devrait s'infléchir vers le sud avant de remonter au nord.

La frontière passait autrefois au sud d'une île maintenant disparue, l'île Russell. L'île était en entier au Québec et sa disparition n'a pas pour autant modifié le tracé de la frontière.

Dans mon blogue, j'ai déjà exposé le problème dans un ancien billet («Courbe immotivée», 4 mai 2013). Vous y trouverez des éléments pour appuyer mes dires.

Merci.



Fig. 2. – Carte de la Commission du District fédéral (1957) : détail couvrant le même secteur que celui de la fig. 1. Le R indique la position de l'île Russell, déjà disparue à cette époque. La frontière Québec-Ontario persiste à dessiner une boucle comme pour éviter de couper l'île.



Fig. 3. – Version retouchée de la carte de la fig. 1 ; j'ai surligné en rouge le tracé de la frontière Québec-Ontario (qui n'a pas changé depuis 1915) ainsi que les contours de l'île Russell (R).



Fig. 4. – © Google, saisie d'écran ; les couleurs ont été avivées pour une meilleure lisibilité. En rouge, j'ai corrigé à la main de façon maladroite et approximative le tracé de la frontière Québec-Ontario.



Fig. 5. – La carte topographique «officielle» de Ressources naturelles Canada, version actuellement distribuée. Le R, comme toujours, indique la position de l'île Russell.



Fig. 6. – © Bing. Je ne veux faire de peine à personne, mais Bing, lui, reporte correctement la frontière...


Et c'est pas tout. L'île Young et d'autres îlots voisins en amont de l'ex-île Russell sont aussi passées subrepticement du côté ontarien de la frontière (fig. 4)...



Références

  • Anonyme, La Capitale nationale : plan d'Ottawa et des environs et du parc de la Gatineau / The National Capital: Map of Ottawa and Environs and Gatineau Park, 4e éd. / Fourth ed., Service de l'information, Commission du District fédéral / Information Division, Federal District Commission, 1957.
  • Edward H. Bennett (consult.), Report of the Federal Plan Comission a General Plan for the Cities of Ottawa and the Hull, 1915 (version en ligne).
  • Ottawa, Ontario - Quebec / Ottawa, Ontario - Québec, Centre d'information topographique; Cartes topographiques de Ressources naturelles Canada 31G/5, (éd. 11) 1998; 1 feuille

samedi 19 avril 2014

Côté botanique de la question (Ajout : les réponses)


Fig. 1. L'île Hull, entre Gatineau et Ottawa, 24 août 2013. Quel est l'arbre qui y pousse ?


J'aimerais emprunter à mes innombrables lecteurs (innombrés serait plus juste, je ne les ai jamais comptés) quelques parcelles de leurs lumières.

Au milieu de l'Outaouais, entre Ottawa et Gatineau, se trouve l'île Hull (à ne pas confondre avec l'Île-de-Hull, ou Vieux-Hull, quartier de l'actuelle ville de Gatineau), plate plate-forme de calcaire que les cartes laissent le plus souvent anonyme. Au XIXe s., elle portait parfois le nom de Lone Pine Island (fig. 5). À juger d'après certaines gravures ou peintures de l'époque, le nom de Two Pines Island lui aurait aussi convenu (fig. 6) – de nos jours, l'île aux Mouettes lui siérait bien, mais,dans la mesure où toutes les îles du secteur pourraient le porter, ce toponyme ne serait pas très distinctif.

L'île disparaît pratiquement au printemps, à la crue des eaux (fig. 2), et s'élargit à mesure que le niveau de la rivière baisse.

Les plus anciennes cartes (1831, fig. 7) montrent une plate-forme rocheuse désolée très semblable à l'île d'aujourd'hui. Toutefois, ce point reste à confirmer.

Depuis 2002 pour le moins, un arbre pousse sur l'île. Je devine qu'il s'agit d'une espèce pouvant s'accommoder de l'absence de sol et dont les racines peuvent supporter d'être plongées dans l'eau chaque crue printannière.

Ma première question est : de quelle espèce d'arbre s'agit-il (fig. 1-4) ?

Dans quelle mesure la présence de cet arbre implique-t-elle un changement par rapport à la situation au XIXe s. ? Autrement dit, (deuxième question) les pins pourraient-ils pousser sur l'île telle qu'elle est de nos jours (pas de sol, inondation printanière) ? Si la réponse est négative (voici qu'une troisième question est engendrée), quelles sortes de conditions devaient prévaloir autrefois pour que les pins croissent dans l'île ?

Je vous saurai gré d'une reconnaissance durable (les reconnaissances éternelles sont hors de portée d'un humain) pour vos réponses. Je travaille à un projet et il m'importe d'éclaircir la question de cette île.


 Fig. 2. L'île Hull vue sous la Cour suprême. 4 mai 2013.


 Fig. 3. Même point de vue depuis la rive québécoise, 20 juillet 2013.


Fig. 4. Détail de la photo précédente.


Fig. 5. L'île (à droite) a porté aussi le nom de Lone Pine Island. Lithographie de Hunter, 1855. Titre original : View from Barrack Hill: Ottawa City, Canada. Saisie d'écran à partir de Google Books.



Fig. 6. Et pourquoi pas Two Pines Island ? L'île est au milieu de la rivière, à droite. Ottawa (Byrown) avant le Parlement : Edmund Willoughby Sewell (1800-1890), (titre original :) View of Barrack Hill and the Ottawa River at Bytown (Ottawa), ca. 1843-1859, huile sur toile. Bibliothèque et Archives Canada, C-011047, no MIKAN 2837003


Fig. 7. L'île Hull en 1831. Attention, le nord est en bas ! D'après cette ancienne carte, elle était encore plus désolée en 1831 qu'elle ne l'est de nos jours. Mais le document est sujet à interprétation. John Burrows, titre original : Upper and Lower Bytown, showing Lots and Streets (détail), 1831, Bibliothèque et Archives Canada, CARTO12353, No MIKAN 4135481.


Ajout (21 avril 2014)

Du savoir et de l'amabilité de mes lectrices-lecteurs, j'ai pu tirer les renseignements suivants* :

(Mais d'abord, une mise au point : les photos de l'île Hull dans le billet sont des vues de la partie ouest de l'île (fig. 1-3). Quand le niveau de l'eau atteint un certain point, la dépression qui coupe l'île par son milieu est envahie par l'eau et on se retrouve avec une île double. Au plus fort des crues, seul le sommet de la partie ouest émerge, et encore (fig. 2)).

  • L'arbre que je cherchais à identifier (fig. 1-3) serait un saule, personne ne l'affirme de façon péremptoire, mais tous le suggère spontanément ;
  • Je croyais que tous les saules pleuraient ; celui de l'île est sans doute un saule macho qui retient ses larmes. Un dur, quoi, même si, de nature flexible, les saules résistent de ce fait aux passages des glaces lors des crues. Arbres à croissance rapide, les saules peuvent s'accommoder d'un sol rocheux et ils ne craignent pas les inondations périodiques ;
  • Le pin solitaire ou doublé qui occupait l'île autrefois (fig. 5-6) serait un échantillon du pin local, le pin blanc, variété ou espèce aimant les sols humides. Par contre, s’ils s’accommodent d’un sol peu profond et peuvent aussi pousser dans le roc, les pins (blancs ou autres) ne supportent pas les inondations périodiques ;
  • On en conclut que l'île Hull était autrefois épargnée par les crues printanières. Le niveau de la rivière devait être plus bas au XIXe s. ;
  • On a aussi émis l'hypothèse que les pins aient en réalité été des représentants du thuya occidental, indicateur de sous-sol calcaire ordovicien (ce qui est le cas de l'île Hull), moins vulnérable aux effets des inondations. Je n'ose rien affirmer ;
  • Les reproductions de Hunter et Sewell (fig. 5-6)  montrent une île étroite et fuselée. Même si la dépression qui la coupe encore aujourd'hui est bien reproduite sur la lithographie de Hunter (fig. 5), son île et celle de Sewell, surtout, très haute et aux berges «en escaliers», ne ressemblent pas à la plate-forme qu'elle est au moins depuis 1860, à en juger d'après d'autres images (fig. 8) ;
  • Ma conclusion sera donc une question : l'île Hull a-t-elle été arasée ou aplatie au vers 1860, la rendant plus vulnérable aux crues printanières, ce qui aurait amené la fin du règne du pin blanc à sa surface ?

* Je les remercie infiniment !

Voir le billet du 25 juillet 2014.


Fig. 8 (ajout 21 avril 2014). – L'île Hull, beaucoup plus plate que dans les reproductions de Hunter et Sewell (fig. 5 et 6). William Notman, Rivière des Outaouais depuis Barrack Hill (future Colline du Parlement), ca 1860. Sels d'argent sur papier monté sur carton - papier albuminé, 7,3 x 7 cm. Don de James Geoffrey Notman, N-0000.193.282.1, © Musée McCord.

vendredi 18 avril 2014

Mégarides à Ottawa


Jeux d'enfants dans le sable ?... (© Google)


Résumé

Rides de vagues dans un calcaire ordovicien à Ottawa.
Localisation
Au sud du Musée canadien de la guerre et de la promenade Sir-John-A-Macdonald, à l'est de la rue Booth
45.414645,-75.715735
Billet sur le même sujet dans le blogue 
«Sur le bloc, la plage», 24 mai 2012


Il suffit que le site soit tout près de chez moi pour que je ne le découvre que sur le tard. Dans le cadre des travaux d'assainissement (lire : décontamination) des plaines LeBreton, la Commission de la capitale nationale (CCN) a fait décaper l'an dernier un terrain au sud du Musée canadien de la guerre, à Ottawa (lien CCN).

Le socle calcaire* a été mis à nu et de belles ondulations à sa surface trahissent l'action des vagues qui agitaient les eaux au fond desquelles les sédiments se déposaient. Le terme mégarides employé dans le titre est un peu exagéré, les proportions observées ici n'ayant rien exagérées ou d'inhabituelles, mais il est amusant de constater que vues d'un satellite, les rides LeBreton ressemblent comme deux gouttes d'eau à celles, plus petites, qui se retrouvent dans le grès**, à Hog's Back, 5 km au sud (photos plus bas).

On change d'échelle, tout reste pareil.

* Calcaire de la Formation d'Ottawa, Ordovicien moyen, 470-460 millions d'années.
** Grès et shale de la formation de Rockcliffe, Ordovicien moyen aussi.

Distinguo

Pour distinguer les rides créées par un courant au fond de l'eau (rides de courant) de celles qui résultent de l'action des vagues (rides de houle ou rides d'oscillation), il suffit d'examiner la chose d'un point de vue géométrie.

Les rides de courant sont asymétriques. Dans le sens du courant, on observe une pente douce coupée par une courte pente abrupte.

Les rides d'oscillation ont des flancs symétriques entretenus par la houle à la surface.

Ce site (lien) explique et illustre la différence entre les deux types de rides.


 ... On hésite encore à décider (© Google).


Au raz du sol, les proportions s'évaluent plus facilement. Rides de vagues dans un calcaire ordovicien, plaines LeBreton, Ottawa. (Photo 18 avril 2014.)


Idem, d'un autre angle.


Vue rapprochée. (Photo 18 avril 2014.)


Autres vagues fossilisées, dans le grès, à Hog's Back (Ottawa). (Photo juillet 2007.)


Rides de vagues dans le grès, à Hog's Back (Ottawa). Sans le contexte, les proportions sont difficiles à déterminer. (Photo juillet 2007.)


Accès pas très permis...

samedi 5 avril 2014

Calcaire faillé dans le Vieux-Hull (ajouts)


Île-de-Hull (Vieux-Hull)
Annotations © Henri Lessard, 2014, fond de provenance inconnue.
CC : chutes des Chaudières ; F : failles anonymes (Wilson, 1938) ; FA : faille des Allumettières (Lessard, 2009) ; FM : failles Montcalm (selon Wilson, 1938) ; MA : marmite des Allumettières (Lessard, 2009) ; 1 : chantier de construction angle Eddy et Wellington (photos 3 et 4) ; 2 : strates inclinées (photo 5).


Résumé

Strates de calcaire ordovicien basculées par le passage d'une faille.
Localisation
Près de l'angle des rues Eddy et Wright Wellington, Hull (Gatineau, QC).
45.42665,-75.719758
Billets reliés
« Marmite des Allumettières », 7 nov. 2009
« Faille des Allumettières », 29 nov. 2009
« Chutes des Chaudières : description et origine », 1er janv. 2013
« Île-de-Hull (Gatineau) : guide géologique », 10 août 2013


Les strates du calcaire ordovicien (env. 460 Ma) de l'Île-de-Hull et des Chaudières, l'ai-je assez répété, affleurent dans l'attitude où elles étaient lorsqu'elles se sont accumulées au fond d'une mer peu profonde, c.-à-d. en couches horizontales successives (photos 1 et 2).


Photo 1. – Rebord de la Grande Chaudière à Hull, visée vers le SW. La perspective donne un faux semblant d'inclinaison à ces strates de calcaires pourtant horizontales.
William James Topley, Chaudière Falls from [Chaudière] bridge. c 1873-1875.
PA-008350, Bibliothèque et Archives Canada


Photo 2. – Même pièce de roche que ci-haut, 140 ans plus tard, et d'un autre angle. (Photo août 2013)


J'ajoutais « sauf là où les failles ont disloqué le calcaire ». À ces endroits, des compartiments du socle ont été basculés et les strates ont des attitudes obliques (photo 5).

Traînant tout ce savoir en tête partout avec moi, je n'ai donc aucune excuse à la surprise que m'a causé la découverte de strates inclinées à différents angles dans un chantier de construction du Vieux-Hull, à l'angle des rues Eddy et Wellington (1 sur la carte ; photos 3-4).

De retour chez moi, consultant mes cartes, j'ai pu constater que la faille Montcalm (FM sur la carte ; voir billet du 10 août 2013, lien plus haut) passe immédiatement au N de l'endroit où les excaveuses ont creusé le roc pour aménager les fondations d'un nouvel édifice. Tous s'explique et rendre dans l'ordre, rien d'anormal ou d'exceptionnel : les strates inclinées de la rue Eddy marquent le passage d'une faille cartographiée depuis longtemps (Wilson, 1938). Un jeune adage (il ne sont pas tous vieux) affirme que la carte n'est pas le territoire. Pourtant, on ne pouvait espérer meilleure concordance entre les deux que dans ce cas.

L'inclinaison des strates indique que le compartiment au SW de la faille Montcalm s'est effondré relativement à celui au NE. (Ajout 12 juillet 2021) - Pour être plus clair : inclinaison des strates vers le S et vers l'W.)

Dans le cas de la faille des Allumettières, décrite et cartographiée par votre serviteur (billet du 29 nov. 2009, lien plus haut), c'est le contraire : le compartiment au NE s'est effondré.

Ça casse en tout sens !



Photo 3a. – Paroi  Est (visée vers l'E depuis la rue Eddy, site 1 sur la carte ) ; strates inclinées dans le calcaire disloqué. (Photo 5 avril 2014)


Photo 3b. – Même photo, avec partie au contraste accentué. La ligne blanche qui souligne l'attitude des strates montre trois inclinaisons différentes avec une pente générale apparente vers le S (des traits blancs verticaux séparent les segments à l'endroit des rupture de pente).


Photo 4a. – Angle des parois E et S (visée vers le SE depuis la rue Eddy, site 1 sur la carte) (Photo 5 avril 2014.)


Photo 4b. – Même photo, avec partie au contraste accentué ; pente apparente vers l'W. L'inclinaison générale des strates, d'après les deux coupes (photos 3 et 4), est ± vers le SW. (Photo 5 avril 2014.)


Photo 5. – Strates basculées par la faille Montcalm (2 sur la carte). Les strates, ici aussi, s'inclinent vers le SW. (Photo janv. 2012.)


Référence

  • A.E. Wilson, 1938 – Ottawa Sheet, East Half, Carleton and Hull Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 413A, 1 feuille (1/,63 360).

Ajout (6 avril 2014)


Le site est entouré d'installations de sécurité et anti-bruit plutôt opaques. J'ai quand même pu prendre de nouvelles photos, ce qui nous donne un aperçu de l'orientation des strates calcaires pour les quatre points cardinaux.


Ajout 1. – Visée vers le SW, vers l'angle des rues Eddy et Wellington ; paroi S (à gauche) et paroi W (à droite). Les states de la paroi W ont conservé leur assise horizontale. (Photo 6 avril 2014.)


Ajout 2. – Paroi N. Au contraire de la paroi S, aucune pente apparente notable vers l'W. Un rejet mineur à gauche, dérange la continuité des strates. À droite, le roc apparait disloqué le long d'une ligne verticale. (Photo 6 avril 2014.)

Ajout 3. – Gros plan, paroi N.

Ajout (2 mai 2014 ; plus bas)



Ajout 4a. – Paroi S. Une faille oblique m'avait échappé. Elle était pourtant visible sur les photos antérieures. (Photo 18 avril 2014.)


Ajout 4b. – La faille soulignée. Que bâtit-on sur un socle aussi fracturé ? Question idiote : le socle est fracturé partout !


mercredi 2 avril 2014

Cantley se développe...


Photo 1. Gneiss granitisé, ou migmatisé ; l'intrusion du granite rose a désorganisé et disloqué le gneiss (au centre) : la migmatite tourne ici à l'agmatite (aspect bréchique). Sablière Hogan, à Cantley (Québec) : site 1 sur la photo 2. (Juillet 2007.)
À la droite de la photo : sa petite jumelle.


Résumé

L'auteur prouve encore une fois qu'il aime chialer.
Localisation
Sablière au sud du chemin Hogan, à Cantley, au nord de Gatineau (Québec). (Ne pas confondre avec la sablière un peu à l'ouest, près de la route 307)
45.57051,-75.7621
Contexte géologique
Gneiss ± migmatisés (granitisés) âgés d'un milliard d'années, province de Grenville du Bouclier canadien. Le site est recouvert du sable et du gravier d'un cône alluvial subaquatique qui débouchait des glaces en retrait dans la mer de Champlain, il y a moins de 12 000 ans.
Autres billets reliés à des sites du même secteur
«Migmatites de Cantley», 7 nov. 2009
«Marbres sculptés de Cantley», 11 nov. 2009
(D'autres liens dans le texte.)


C'était une honnête sablière qui ne faisait de mal à personne. En juillet 2007, j'y ai pris des photos des gneiss et des migmatites qui composent les roches moutonnées mises au jour par l'exploitation du sable. Depuis, aucune occasion de revisiter le site que j'avais exploré à fond, me semblait-il, ne s'est présentée. Le blogue lui a consacré deux billets vite faits et pas très substantiels (en déc. 2009 et en juillet 2011). La sablière et le gneiss méritaient mieux. Après tout, c'est là que j'ai trouvé ce qui me sert de photo d'identité pour le blogue (photo 1).

Un survol de l'endroit par Google Map vient de me révéler que la sablière est cernée par les développements immobiliers. Avoir su, j'y serais allé pour les vues panoramiques que j'avais négligé de prendre en 2007, accaparé que j'étais par le gneiss.

Cantley se développe et plusieurs sites d'intérêt géologiques disparaissent. (Voir le billet du 3 nov. 2013.) On se demande si les nouveaux voisins de la sablière vont prendre soin d'elle ? Certains, après tout, prennent soin de «leurs roches» (billet du 14 juillet 2010).

Je cherche une morale ou une conclusion à cette affaire. La seule chose que je trouve est : vive le développement tant que vous voudrez, mais ne saccagez pas mes terrains de jeux.


Référence

Sharpe D. et Pugin A., Glaciated terrain and erosional features related to a proposed regional unconformity in Eastern Ontario: Field trip Guide Book, GSC, Open File 5596, 2007, 44 pages. [Le guide traite surtout des marbres sculptés par les torrents sous-glaciaires, plus au nord, mais un même esker a alimenté des cônes alluviaux subaquatiques (sable et gravier) aux deux endroits.]


Photo 2. Chemin Hogan en haut ; la sablière, passablement reverdie (centre droit), est cernée par de nouvelles rues que je viens tout juste de découvrir. 1 : photos 1, 3-5, 8 ; 2 : photos 6-7. © Google.


Photo 3. Gneiss gris envahi par un granite rose concordant. Le filon de granite fait un coude discordant pour passer d'un niveau à un autre : à la faveur d'une faille scellée par l'intrusion ? Vue vers l'est ; site no 1 sur la photo 2. (Juillet 2007.)


Photo 4. Même site que photo 3, autre angle. Dos arrondi d'une roche moutonnée, polie par les glaciers. La boussole : son miroir pointe vers le N. (Juillet 2007.)


Photo 5. Site 1 de la photo 2. © Google.


Photo 6. Site 2 de la photo 2. © Google.


Photo 7. Gneiss migmatisé (migmatite lit-par-lit). Site 2 sur la photo 2. Le granite (rose) prend une teinte blanche au contact du gneiss (gris). Boussole : le miroir pointe vers le N. (Juillet 2007.)


Photo 8. Détail du «coude» de la photo 3. Le granite rose coupe de gneiss de façon tranchée et diffuse à la fois. (Juillet 2007.)

mardi 1 avril 2014

Ruisseau de la Brasserie : contrôle tectonique (suite)


D'autres images pour enrichir le dossier de l'influence du socle rocheux sur le trajet du ruisseau de la Brasserie à Hull (Gatineau, Québec). Voir le billet du premier mars 2014 pour plus de renseignements.

Ces photos semblent prouver que ma boussole est bien ajustée et que je sais m'en servir. La satisfaction de publier ce rassurant constat n'annonce pas un changement de régime du blogue qui entend conserver la vitesse de croisière réduite qu'il a adoptée. (Un jour, j'apprendrai à faire des phrases simples, je fais pas exprès d'alambiquer les choses, je le jure !)


Ruisseau de la Brasserie, secteur des rapides. Les diaclases, ou joints, qui découpent le socle calcaire sont bien visibles. Photo © Google Earth.

Détail de la vue ci-haut. La rose des vents de l'orientation des joints a été dessinée d'après des mesures à la boussole prises au sol. Apparemment, mesures et réalité s'accordent bien. Ouf ! Photo © Google Earth.