vendredi 4 décembre 2009

Marbre à structures de fluage, Chelsea (Québec)

1999-20. – Méli-mélo (terme peu technique) ; le marbre est brunâtre, le granite, ± rouillé, est blanc (une association qui devrait vous rappeler quelque chose, et encore autre chose). (Sept. 1999)

LOCALISATION
SNRC 31G/12
Sablière à Chelsea (Québec), route 105, face au chemin Mérédith ; côté NE de la route. Propriété privée.

INTRO
On associe spontanément le marbre à la Vénus de Milo, à Michel-Ange et aux couteux travaux de rénovations. C'est pourtant l'une des roches les plus communes de l'Outaouais – à peu près ce qu'on pourrait trouver de moins exotique.

Les roches des collines de l’Outaouais (province de Grenville, partie du bouclier canadien) ont été formées à plus de 20 km de profondeur dans un contexte de collisions entre continents. En même temps que des magmas les envahissaient ou les découpaient, elles ont subi massages et triturages, étirements jusqu’à la rupture. Ce dynamisme, figé, «pétrifié», depuis un milliard d’années, affleure à présent au grand jour.

MARBRE MOBILISÉ
Comparé aux autres roches qu'il côtoie (paragneiss, quartzite, granite, etc.), le marbre est ductile – sujet aux déformations souples, sans rupture ni fracture. Dans des conditions de hautes pressions, l'enveloppe rocheuse d'un banc de marbre agit un peu comme le tube vis-à-vis la pâte dentifrice : le tube se plisse, le marbre (pardon, la pâte dentifrice) se remue, fuit, s'accumule, flue et, ultimement, est éjecté.

Dans le processus (quittons la métaphore du tube de dentifrice) les couches de roches déjà incluses à l'origine dans le marbre se rompent ; la pâte, pardon, le marbre, charrie des débris (rubans de gneiss, boudins de granite) et les plisse (voir photo 00522 de ce billet, ou la photo 456 de ce billet encore). Il arrive qu'il s'injecte sous pression dans les formations voisines par le jeu des fractures et des entre-lits ; on dit que le marbre est mobilisé (voir par exemple l'intrusion de calcite de l'autoroute 5, à Chelsea, qui est un exemple possible de ce phénomène.)

PHOTOS
Description générale. – Marbre à graphite – variété plus que banale dans la région – emportant des blocs d'un granite blanc ± rouillé. Les traînées de graphite permettent de visualiser les «courants» dans le marbre et la dérive des débris qu'il charrie. Le graphite pulvérisé teinte le marbre d'un gris «plombé» plus ou moins accusé. Un peu comme des volutes de fumée, les lignes de graphite s'amincissent, s'épaississent, et contournent les obstacles.

1880. – Vue d'ensemble. Blocs de granite blancs ± rouillés transportés dans le marbre. Les traînées sombres (graphite) permettent de visualiser le comportement du marbre en train de fluer sous la pression. Le mouvement semble se faire vers la droite, vers le NE (juillet 2007).

1881. – Les volutes s'accrochent aux débris (en amont) et forment des filets qui se divisent pour les contourner (en aval) ; aspect fluide de la dynamique (sept. 1999 et juillet 2007).


Détail de 1999-26 et de 1881. – Deux fragments de granite «pincent» une traînée de graphite. Y a-t-il à gauche des fragments un rebond on en retroussement de la traînée ? (Juillet 2007)

1999-26.– Vue d'ensemble plus contrastée. Voyez les fragments anguleux qui se séparent, en bas à droite (sept. 1999).

1999-18. – Vue d'un affleurement tout proche, du type tortueux (sept. 1999).

2 commentaires:

  1. Bien écrit et clair, merci de lire pour nous cette "vieille photographie instantanée" et d'en faire un film animé. Un beau morceau de gâteau marbré!

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  2. «Gâteau marbré» ? C'est bête, mais je n'y avais même pas pensé. N'y mettez pas la dent, le marbre et le granite (surtout ce dernier), c'est du croquant !

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