samedi 11 décembre 2010

Dissolution à Gatineau : suite

Photo 1096. Marbre chargé d’enclaves de granite et de gneiss. La roche est traversée par de multiples réseaux entrecroisés de ravines. Des enclaves volumineuses forment un massif à gauche. (Juin 2010)

LOCALISATION
Gatineau (Québec) ; rive gauche de la rivière Gatineau, au N du pont Alonzo-Wright (secteur de l'île Marguerite).
SNRC 31G/05
Le site est sous les eaux de la rivière Gatineau une partie de l'année. L'endroit, interdit d’accès, présente un danger certain (variations brusques du niveau de l'eau causées par l'activité du barrage Chelsea en amont).

CONTEXTE GÉOLOGIQUE
Marbre de la province de Grenville ; roches vieilles d'un milliard d'années (voir Géolo-chronologie) ; érosion par l’eau courante, érosion différentielle.

INTRODUCTION
Billets précédents consacrés au même site : ici et ici. Les consulter pour plus de détails.

RAPPEL, RÉSUMÉ ET MÊME TOUT LE CORPS DU TEXTE EN TROIS BREFS PARAGRAPHES
Un marbre chargé d'inclusions résistantes (granite, gneiss) est exposé le long de la Gatineau. Les billets précédents parlaient du surgissement progressif de ces inclusions par dissolution du marbre que l'eau courante gruge à petit feu (ça se dit?). Aujourd'hui, je voudrais traiter de phénomènes d'érosion d'une autre nature.

Des ravines plus ou moins profondes traversent le marbre. Il n'est pas toujours évident d'attribuer leur présence à la canalisation du courant le long de certains trajets. En effet, la plupart, loin d'observer une quelconque direction favorisée, s'entrecroisent et semblent plutôt le résultat de l’élargissement par érosion de fractures rectilignes. On peut observer une progression, depuis les larges ravines aux bords arrondis jusqu’aux minces failles, nettes, aux arêtes tranchantes ou à peine émoussées.

Rappelons que la couleur rose-ocre du marbre (autrement de couleur blanche) est due à une altération superficielle.

CONCLUSION
L'aspect rectilignes de ces ravines, leurs bords parallèles indiquent qu'il s'agit de fractures attaquées de façon préférentielle par l'érosion (dissolution du marbre par les eaux courantes). La direction du courant, la structure du marbre (dont le rubanement est orienté NE), sont des phénomènes secondaires de ce point de vue, les failles, ou fractures, accélérant l'érosion selon certaines lignes.

PHOTOS
Toutes les photos : juin 2010

Photo 1066. Ravine serpentant dans la partie relativement libre d'enclaves d'un marbre. Phénomène fréquent partout sur le site, la rivière attaque le marbre par en dessous (bas de la photo, à gauche de la boussole). Ce travail explique(?) la fracture tardive, parallèle au rivage, par effondrement de la frange ainsi sapée. Noter les marmites.

Photo 1067. Détail de la photo précédente. La ravine contourne une enclave sombre tandis que la fracture tardive recoupe celle-là sans affecter celle-ci. En fait constituée d'un chapelet de marmites allongées, cette ravine est probablement(?) le résultat de la canalisation de l'eau de la Gatineau (le courant va de «haut» en «bas»), au contraire des autres illustrées dans ce billet. 

Photo 1069. Détail, encore. Autres fractures ± «fraîches».

Photo 1093. Érosion différentielle du marbre selon le degré de résistance des rubans ; ébauches de marmites (flaques circulaires).

Ajout (26 février 2012). – Lorsque l'action du ruissellement s'exerce sur une large surface, on observe le développement de rainures parallèles séparées par des arêtes vives, perpendiculaires à la rive et s'évasant vers le haut. (Source : Aubert de la Rüe, E., 1953, Rapport géologique 50 : région de Kensington, comtés de Gatineau et de Labelle. Québec, ministère des Mines, 1953, 50 pages, cartes 919 et 920 (1/63 360)) 

Le rubanement du marbre à l'île Marguerite, perpendiculaire à la rivière Gatineau, a facilité le développement de structures plus ou moins semblables (photo 1093).


Photo 1099. Coude : exploitation de fractures par l'érosion.

Photo 1189. Ravines entrecroisées (voir photo 1096, au début du billet), et marmites (à droite).


Photos 1103-1104. Dalle de marbre fracturée.
Déterminer l'âge relatif des cassures en fonction du degré d'usure de chacune.

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