lundi 20 décembre 2010

Météorisation : exemple islandais

Joints dans un marbre élargis par érosion. (Gatineau, Québec, juin 2010)


Je n'ai déniché cette étude (lien) dont je présente un extrait plus bas qu'après avoir publié mes billets sur les lichens de Kanata et le marbre de la rivière Gatineau. Elle concerne la météorisation postglaciaire de basaltes islandais et certains paramètres qui y sont considérés, dont l'haloclastie*, ne jouent aucun rôle dans notre région, mais, d'un point de vue plus large, les conclusions de l'auteur de cette étude sur la météorisation postglaciaire en «milieux froids», particulièrement sur l’importance des joints, voies d'accès privilégiées de la météorisation, et des agents biogéniques (lichens, par exemple) sont applicables, avec toutes les précautions et réserves qui s'imposent, à la partie tempérée du Bouclier canadien que nous habitons. De mon point de vue, c'est la confirmation (recherchée depuis longtemps) que les surfaces météorisées du Bouclier canadien ont bien été développées à partir du poli glaciaire.



Gneiss vert (en creux), quartzite blanc, et granite rose recoupant les deux premiers. Le gneiss météorisé forme piscine entre les parois abruptes du quartzite et du granite qui, eux, ont conservé leur «poli glaciaire». (Cantley, Québec, juillet 2010.)


EXTRAIT
Samuel ETIENNE. «Processus et vitesses de météorisation postglaciaire de surfaces basaltiques dans le sud de l’Islande», manuscrit de l’auteur, publié dans Environnements périglaciaires, vol. 24, no 8, 1999, p. 63-75. Pdf disponible dans Internet gratuitement.

Après avoir été longtemps dénigrés, les processus biogéniques se voient attribuer un rôle de plus en plus important dans la météorisation des milieux froids [...]. Parmi les organismes impliqués, les lichens ont catalysé une grande partie des recherches récentes [...] une des actions les plus significatives des lichens dans les roches basiques est l'extraction et la libération du fer qui entraîne une augmentation de la porosité de surface sur quelques millimètres, ainsi que nous l'avons observé [...] Ce processus agit strictement en surface : lorsque le plan rocheux poli est faiblement couvert (quelques centimètres d'épaisseur) par des dépôts superficiels, les lichens sont absents, la météorisation est nulle, le poli lisse et brillant ; en revanche, dès que la mise à l'affleurement est totale, la colonisation végétale (champignons, lichens) démarre et la météorisation (augmentation de la rugosité de surface) ne tarde pas à suivre [...]. La dégradation biogénique est plus efficace au niveau des fissures et des cupules car ce sont les sites privilégiés d’installation et de développement des lichens, microchampignons et autres bactéries [...]. Par ailleurs, il est clair qu'une couverture superficielle déliquescente ne suffit pas à bloquer l'onde de gel et ne saurait inhiber la microgélifraction. La microgélifraction reste inefficace tant que les surfaces polies sont couvertes parce que l'état initial des surfaces d'abrasion glaciaire ne lui est pas favorable ; une préparation préalable à sa mise en action est indispensable et il est de plus en plus évident que les processus biogéniques se posent en acteurs incontournables.

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