Mise au point, 12 octobre 2019. - Le mystère de l'îlot est-il résolu ? Des travaux au barrage Carillon et de faibles précipitations expliqueraient son apparition au nord de l'île Hull, dans l'Outaouais. Voir Ajout, à la fin du billet.
Photo 1. Île Hull dans l'Outaouais : un îlot satellite a surgi dans ses parages. Photo prise de l'arrière de la Cour suprême à Ottawa (voir carte 2), le 4 octobre 2019 ; vue vers le nord, vers Gatineau au Québec.
Localisation
Île Hull, à Gatineau, dans la rivière des Outaouais, sous la falaise de la Cour suprême. (Ne pas confondre avec sa grande voisine, l'Île-de-Hull, quartier de la ville de Hull (Gatineau).)45.424513, -75.706967
Autres billets à consulter sur l'île Hull
- 11 sept. 2019, « Désolation sur l'île Hull »
- 19 avril 2014, « Côté botanique de la question »
- 1 août 2014, « Les Chaudières : discussion privée »
- 7 mai 2017, « Le saule et la crue »
- 8 juin 2017, « Feu le saule de la rivière »
Quand une partie du lit d'une rivière surgit à l'air libre, on assiste à la naissance d'une île, non ?
C'est la première fois à ma connaissance qu'une partie de l'extension de la plate-forme calcaire de l'île Hull* émerge à l'écart de ses rives. Le niveau de la rivière a fluctué entre 41,2 m et 41,3 m fin septembre, début octobre, ce qui n'est pas exceptionnel (CPRRO). L'émergence de ce nouvel îlot ne peut s'expliquer que par des circonstances nouvelles.
* À ne pas confondre avec l'Île-de-Hull voisine !
Les assises de l'îlot sont à 1,8 m de profondeur d'après le niveau de référence des eaux (40,8 m ; voir cartes marines 1 et 2). En tenant compte du niveau actuel de la rivière donnée au paragraphe précédent, la profondeur de ces assises sont présentement de 2,2 à 2,3 m.
C'est plus que la hauteur d'un être humain. À cette profondeur, le lit de la rivière devrait demeurer invisible. Ça a été le cas jusqu'ici ; l'îlot de cet automne n'est jamais apparu sur aucune carte ou photo (à ma connaissance du moins). Noter cependant que des prémisses se sont faits remarquer dès cet été (photo 5).
Les valeurs ci-haut sont données par les isobathes sur la carte marine (en bleu). Des mesures ponctuelles (en noir) nuancent le tableau. On remarque ainsi, au nord de l'îlot, entre l'île Hull et la rive gatinoise, une petite zone profonde de seulement 0,6 m. Au sud-ouest de l'île Hull, une mesure ponctuelle donne 0,9 m de profondeur. Accordons libéralement une profondeur de 0,6 m aux assises de l'îlot. Avec le niveau de la rivière ces derniers jours, la profondeur des assises de l'îlot serait donc de 1,0 m à 1,1 m. J'aurais de l'eau jusqu'au nombril si je me tenais à cet endroit.
L'îlot semble plutôt constitué d'une accumulation de débris (photo 2). Est-ce que la dernière crue exceptionnelle, celle du printemps 2019 (qui a suivi de peu celle de 2017 ; billets du 7 mai et du 8 juin 2017) est responsable de cette accumulation capable d'arrêter les billots à la dérive ? La force des eaux a-t-elle été suffisante pour les accumuler sur une hauteur de plus d'un m ?
D'après la carte marine, il aurait suffit pourtant qu'ils soient poussés un peu plus loin pour qu'ils déboulent à un niveau plus profond, sous l'isobathe de 1,8 m (2,1 à 3,4 m sous le niveau de référence) et disparaissent sous l'eau et de la vue ! Pourquoi le courant des eaux gonflées du printemps aurait-il abandonnés ces débris juste là, au bord de la pente ?
Histoire à suivre.
Photo 2. Gros plan de la partie est (aval) de l'île Hull ; le nouvel îlot, tout proche. On remarque les débris rocheux sur l'île Hull (voir billet du 11 sept. dernier.) Les débris qui auraient pu être poussés vers l'aval (vers l'est) en dehors de l'île Hull par la crue du printemps seraient tombés dans des eaux trop profondes pour qu'ils demeurent visibles (voir les cartes).
Photo 3. Agrandissement de la photo 2. Le nouvel îlot au large de l'île Hull semble en partie constitué ou recouvert de débris rocheux accumulés.
Photo 4. Situation « normale » antérieure à cet été ; 5 novembre 2015. L'eau est calme et sans ride aucune au dessus du futur îlot. Rien ne trouble l'écoulement des eaux.
Carte 1. L'île Hull est au centre. Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario, carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02 (détail).
Carte 2. Détail de la carte 2. L'astérisque rouge indique la position approximative du nouvel îlot, sur le bord de l'isobathe de 1,8 m ; le X rouge, l'endroit d'où les photos 1 à 4 ont été prises, derrière la Cour suprême du Canada. Les assises de l'îlot sont sur une une extension de la plate-forme de l'île Hull de 1,8 m de profondeur, d'après le niveau de référence de 40,8 m. Comme le niveau de la rivière fin septembre, début octobre n'est pas descendu plus bas que 41,2 m, la profondeur minimale de cette extension était de 2,2 m.
Photo 5. L'île Hull et son îlot satellite (sous le X rouge) vus de la Pointe Nepean, à Ottawa. Les prémisses de l'îlot étaient déjà visibles cet été. Photo 6 septembre 2019 : l'îlot commençait tout juste à poindre.
AJOUT (12 oct. 2019)
Photo 6. - Inukshuk sur l'île Hull. Photo 11 octobre 2019, prise à bord de l'aqua-taxi qui relie les berges de l'Outaouais entre le musée de l'Histoire, à Gatineau, et la Colline du Parlement, à Ottawa.
Travaux et faibles précipitations réduisent le niveau de la rivière des Outaouais
Radio-Canada, avec les informations d’Alexandra Angers, 10 octobre 2019. Lien.« De nombreux habitants de la région de Gatineau ont remarqué depuis quelques jours le faible niveau de la rivière des Outaouais. Cette situation s’explique en partie par des travaux d’Hydro-Québec et un manque de précipitations.
Hydro-Québec effectue depuis la mi-septembre des travaux de forage à la centrale de Carillon. Pour le dernier volet, il a fallu réduire samedi dernier [5 octobre] le niveau de la rivière.
Ces travaux seront terminés en fin de journée vendredi [12 octobre]. Le niveau de la rivière devrait alors récupérer progressivement environ 20 cm. »
L`îlot au nord de l'île Hull a commencé à pointer hors de l'eau dès le mois de juillet, si je peux me fier à ma mémoire. Les oiseaux avaient dès cette date pris l'habitude de se poser sur le lacet rocheux qui affleurait déjà. La faiblesse des précipitations de la fin de l'été n'explique donc pas à elle seule son apparition, ni les travaux au barrage Carillon. D'ailleurs, la photo 1 a été prise le 4 octobre, avant le début des travaux du dernier volet, le 5 octobre.
Photo 7. - 31 juillet 2019. Les prémisses de l'îlot servaient au repos des oiseaux..
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