vendredi 17 mai 2013

Séisme de Shawville


Épicentre du séisme de Shawville, 17 mai 2013, 9 h 43, magn. 5,2.
© Ressources naturelles Canada


Nous sortons temporairement notre Blogue-au-Bois-dormant de sa torpeur pour annoncer qu’un séisme de magnitude 5,2 (échelle de Richter) a secoué l’Outaouais à 9 h 43 ce matin. L’épicentre était situé à 18 km au NE de Shawville (Québec). L'hypocentre, ou foyer, a été calculé à 14 km de profondeur.

Une réplique de magnitude 4,1 dont l’épicentre était situé à 20 km au NE de Shawville s’est produite à 9 h 53.

Voir le site de Ressources naturelles Canada :

Voir aussi :

  • Article du Citizen d’Ottawa ;
  • Article du Droit d'Ottawa.


Comparaisons

Le hasard a voulu que je me trouve à Ottawa, exactement au même endroit que lors du séisme de 5,0 du 23 juin 2010 (voir le billets de l’époque), ce qui facilite les comparaisons. L’intensité a été beaucoup moindre cette fois. Les vibrations, assez faibles, ont duré une trentaine de secondes et rien n’a bougé autour de moi, contrairement à ce qui s’était passé en 2010. Les documents papiers entreposés dans des boîtes disposées sur des étagères avaient alors émis un bruissement continu pendant les secousses. Une sorte de shu-shu-shu. Quelle anecdote passionnante !....

La réplique de 9 h 53 ne m’a pas échappée. Elle était beaucoup plus faible que l’événement initial et n’a pas duré plus de 10 secondes.


Évidemment, tout ceci (durée, intensité) est un peu subjectif. Voir le site des Ressources naturelles Canada pour faire le plein d'objectivité. (Liens plus haut).

On ne rapporte aucun dégât.

lundi 6 mai 2013

Disparitions durables : suite no 2


Note. – Pour des raisons de droits de reproduction, je ne peux maintenir en ligne les images de la première partie de ce billet. Plutôt que de le supprimer en entier, ce qui causerait des problèmes avec d'autres qui y sont reliés, je le conserve tel qu'il était, mais sans les problématiques photos. Il vous suffit de croire mes descriptions sur parole...



Une île à 1,8 m sous la surface de l'eau

L'«île du Parlement» à Ottawa, ou étape de la disparition d'un morceau de terre sous les eaux de la rivière des Outaouais. (Île no 5 dans le billet du 1er avril 2013 (voir en particulier les ajouts 5, 6 et 7 apportés au billet le 5 avril 2014) ; voir aussi celui du 22 avril 2013.)



1965 [photo supprimée]

Île ou excroissance verdoyante accrochée à la berge de la rivière des Outaouais. Partie ouest de la Colline du Parlement, à droite.



1965 (détail) [photo supprimée]

Un chenal semble séparer l'île de la rive, ce qui nous rappelle la configuration reproduite par Robert Théberge-Trépanier dans son tableau (voir billet du 22 avril, lien au début du présent billet).



1991 [photo supprimée]

Île submergée, pelée jusqu'à l'os – ou à la pierre : on distingue (détail, plus bas) sous la couche d'eau les diaclases (ou joints) du socle calcaire qui se croisent selon les directions NW et NE.



1991 (détail) [photo supprimée]

L'existence de cette île, presqu'île ou péninsule, tout dépendant du niveau de l'eau, s'explique par un plateau rocheux de forme triangulaire accroché à la rive et qui s'élargit sous l'eau par une excroissance à 1,8 m de profondeur. Cf. carte marine du ministère des Pêches et des Océans).



2002 [photo supprimée]

La rive a été aménagée et régularisée. Des blocs de calcaire forment une digue continue. Plus de trace de l'île.



2007 [photo supprimée]

Vue plus nette. La situation n'a pas fondamentalement changée depuis.




William Notman, Barrack Hill, vers 1860, sels d'argent sur papier monté sur carton - papier albuminé, 7,3 x 7 cm, don de M. James Geoffrey Notman, N-0000.193.280.1, © Musée McCord.


Ca 1860

Le niveau de la rivière, très bas, révèle l'étendue de la plate-forme calcaire qui prolonge la rive. Des diaclases (joints) découpent les surfaces les plus proches. Voir les photos du billet du 22 avril 2013 pour des épisodes plus verdoyants de l'existence de cette île - plate-forme - péninsule (lien plus haut).



John Burrows, titre original : Upper and Lower Bytown, showing Lots and Streets (détail), 1831, CARTO12353, No MIKAN 4135481, Bibliothèque et Archives Canada

1831

La carte (attention ! le nord est en bas) montre une péninsule dans Brewary (sic) Bay, à l'ouest de Barrack Hill, dans un creux de la cuesta qui se dresse face à la rivière. De fait, une Brewary (resic) se trouvait bien à l'ouest de la future Colline du Parlement (détail, plus bas). Si ce n'était du risque de confusion avec le notoirement connu ruisseau de la Brasserie (Brewery Creek, à l'origine), à Hull (Gatineau), ce serait un nom tout trouvé pour cette presqu'île anonyme. Les fortifications sur la colline, partiellement visibles à gauche, n'ont jamais été construites. L'île en bas est l'île Hull (no 6 dans le billet du 1er avril 2013, lien au début du billet).



Détail du détail.
...


Référence

  • Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario, carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02.



Ajout (19 mai 2013)

Pour compenser la disparition des photos «interdites», cette image de notre île, ou prolongement de la rive, à une époque plus verte de son existence (à gauche). Voir billet du 22 avril pour d'autres verdures (lien plus haut). (À droite, l'île Hull, verte elle aussi, no 6 dans le billet du 1er avril 2013, lien plus haut.)


Anonyme, vers 1922, plaque sèche à la gélatine, 8 x 10 cm, don de Mr. Stanley G. Triggs, MP-0000.25.176, © Musée McCord.

Ajout (13 avril 2014)

À l'examen des photos aériennes «interdites», on doute que l'hypothèse la plus plausible à première vue pour expliquer la disparition de l'île, celle invoquant la mise en eau du barrage Carillon (1965 1962 [correction 6 août 2014]), soit la bonne*. En 1965, l'île existe toujours, et apparaît couverte de la végétation dense et continue (arbustes ?) qu'on lui voit sur d'autres représentations. Un mince bras d'eau la sépare de la rive. Autrement, elle serait une péninsule étirée vers le NE (cf. «Ajout» du 20 mai 2013). Sur la même photo, l'île Hull, à un peu plus de 200 m en amont, au milieu de la rivière, se porte beaucoup plus mal. Presque nue, sauf quelques touffes d'herbes ici et là, elle est scindée en deux îlots par l'eau qui a inondé la vallée qui la coupe au centre.
* Voir la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais.
En 1999, l'île Hull, en de meilleures circonstances pour elle, émerge en entier. Or, pas de trace de l'île du Parlement, qui pourtant devrait être plus encline à se montrer au soleil. Il faut donc supposer que le barrage Carillon a haussé le niveau de l'eau pour l'île du Parlement tandis qu'il l'a baissé ou l'a maintenu inchangé pour l'île Hull... (Les autres photos prises après 2002 ne permettent pas d'en affirmer davantage, sinon que l'île Hull est généralement plus verte qu'en 1965. L'arbre qui y pousse et s'y maintient d'année en année semble devient apparent sur les photos aériennes en 2002.)


Quatre vues sur les Chaudières

Billet retiré.

samedi 4 mai 2013

Gatineau-Ottawa : courbe immotivée ?


Fig. 1. Détail d'une carte du Rapport Holt (1915). Rivière des Outaouais, entre Hull (aujourd'hui Gatineau), au nord, et Ottawa, au sud. Le secteur des Chaudières, objet ici de tant de développements depuis  quelques mois, est à droite. (À ce sujet, voir notamment le billet du 1er janv. 2013.)
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Hoquet ?

La frontière Québec-Ontario passe entre Gatineau (Hull) et Ottawa au milieu de la rivière des Outaouais.

Banal, je ne vous apprends rien.

Immédiatement en amont du barrage de la Chaudière, le tracé de la frontière effectue une curieuse courbe vers le sud, comme si le géographe avait eu le hoquet en la dessinant. Ce curieux détour - pour entourer ou éviter quoi ? - semble aussi immotivé qu’incongru (fig. 2).


Fig. 2. – Carte de la Commission du District fédéral (1957) : détail couvrant le même secteur que celui de la fig. 1. Le R indique la position de l'île Russell, déjà disparue à cette époque. La frontière Québec-Ontario persiste à dessiner une boucle comme pour éviter de couper l'île.
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Remontons dans le temps

Autrefois, existait au nord de cette boucle une île, l’île Russell. Depuis au moins les années 1950 (revoir la fig. 2), il n'y a plus que de l'eau à l'endroit où se trouvait cette île. (J'ignore encore la date et les raisons de cette disparition ; à ce sujet, voir le billet «Disparitions durables».)


Fig. 3. – Version retouchée de la carte de la fig. 1 ; j'ai surligné en rouge le tracé de la frontière Québec-Ontario ainsi que les contours de l'île Russell (R).
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L'île Russell appartenait tout entière au Québec (fig. 3). La frontière interprovinciale passait donc au sud de ce morceau de terre et sa disparition n’a rien changé à l’affaire. Les îles s'en vont, les frontières demeurent (fig. 2, encore).

La frontière Québec-Ontario n'a pas été déplacée par la nouvelle configuration et il est amusant de voir qu'elle fait toujours un détour vers le sud comme pour contourner... Pour contourner quoi ?

— Ben, l’île qui n’est plus là !

Google Map semble avoir été complètement dérouté par cette courbe immotivée. Sur ces cartes, la frontière a été régularisée. Elle se poursuit, droite, dessinée à la règle, effaçant la courbe, et coupant à travers l'île Russell (en supposant qu'elle soit encore là). Voir la fig. 4.


Fig. 4. – © Google, saisie d'écran ; les couleurs ont été avivées pour une meilleure lisibilité. En rouge, j'ai corrigé à la main de façon maladroite et approximative le tracé de la frontière Québec-Ontario.
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La Ville de Gatineau et le gouvernement du Québec lui-même utilisent Google Map dans de nombreux sites : carte géologique interactive du Québec, sites géologiques exceptionnels, Commission de toponymie du Québec..., bref,nous entérinons ainsi une carte qui nous prive de la possession de quelques dizaines de mètres carrés (en surface) et cube (en profondeur) d’eau et de territoire.

La Ville d'Ottawa se montre cependant très fair-play, refusant d'utiliser un tracé qui agrandit son territoire (fig. 5).


Fig. 5. – La Ville d'Ottawa, elle, utilise le bon tracé. Admirons le fair-play. Le R blanc : île Russell. Note. – Pour des raisons de droits de reproduction, je ne peux maintenir en ligne l'image qui apparaissait ici. Jusqu'à ce que j'en trouve une autre, faudra me croire sur parole.
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Fig. 6. – Détail de la carte d'Austin (1882). L'île Russell à gauche apparaît dédoublée.
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Gageure

En préparant les cartes affichées ici j'ai constaté que l'île Young et d'autres îlots voisins en amont de l'ex-île Russell étaient aussi passées subrepticement du côté ontarien de la frontière (fig.4)...

Google est devenu une référence pour beaucoup de gens, même les gouvernements et les municipalités, on l'a vu, trouvent plus commode d'utiliser ses cartes, ce qui leur confère presque un statut officiel.

Le problème est que l'information n'y est peut-être pas toujours aussi fiable qu'on aimerait le croire.

Gageons qu'on trouvera d'autres erreurs du même acabit tout le long de la rivière des Outaouais...


Fig. 7. – La carte topographique «officielle» de Ressources naturelles Canada . Le R, comme toujours, indique la position de l'île Russell.
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Références

  • Anonyme, La Capitale nationale : plan d'Ottawa et des environs et du parc de la Gatineau / The National Capital: Map of Ottawa and Environs and Gatineau Park, 4e éd. / Fourth ed., Service de l'information, Commission du District fédéral / Information Division, Federal District Commission, 1957.
  • A.W. Austin, C.E., P.L. Surveyor, Plan of the Lower Village of Hull, shewing its position relative to the city of Ottawa, the property of the heirs of the late Ruggles Wright Esquire, Toronto, Chewett & Co. Lith., 1882. Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4126312. http://data2.archives.ca/nmc/n0020966.pdf
  • Edward H. Bennett (consult.), Report of the Federal Plan Comission a General Plan for the Cities of Ottawa and the Hull, 1915
  • Ottawa, Ontario - Quebec / Ottawa, Ontario - Québec, Centre d'information topographique; Cartes topographiques de Ressources naturelles Canada 31G/5, (éd. 11) 1998; 1 feuille


Post-scriptum

Les trois points (...) qui apparaissent sous les images et leurs légendes dans beaucoup de mes récents billets : c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour éviter que le texte qui suit une image s'obstine à rester coller à celle-ci. Ils n'ont aucune autre fonction.