dimanche 7 octobre 2012

Chelsea : recoupements


Carte : modifiée du MRNF du Québec

Légende
QUATERNAIRE
Q : sable, gravier, silt, till [et argile de la mer de Champlain]

PROTÉROZOÏQUE MOYEN, PROVINCE DE GRENVILLE
I2D : syénite et I2J : diorite (batholite de Wakefield)
I1Fa : aplite, pegmatite
M13 : marbre
M12 : quartzite
M 7 : gneiss à pyroxène
M3 : orthogneiss et migmatite
Astérisque noir (signalé par la flèche) : site décrit.
Trait épais (noir) : autoroute 5
Trait mince (noir) : route 105
Échelle : quadrillage 2 km x 2 km



Aujourd'hui, dimanche de l'Action de grâce, visite non prévue à un granite qui n'avait jamais attiré mon attention outre mesure.

LOCALISATION
SNRC 31G/12
Autoroute 5, Chelsea (Québec), sortie Tulip Valley.


CONTEXTE GÉOLOGIQUE LOCAL
Bordure du batholite de syénite-diorite de Wakefield mis en place dans des métasédiments du groupe de Grenville (paragneiss, quartzite et marbre). Du granite, des pegmatites recoupent le tout. On trouve dans la région des filons de calcite-apatite-phlogopite (dans les métasédiments), des carbonatites, dont celle du lac Meech, et des fénites (Hogarth, 1997). La syénite et la diorite sont ± gneissiques dans le secteur.


 Diorite grise recoupée par un granite rouge. Le grain du granite varie de moyen à grossier (dans ce dernier cas, on parle d'une pegmatite). Des fragments de la diorite sont engouffrés dans le granite. (Photo 7 octobre 2012. Désolé pour la qualité de l'éclairage...)


Relations de recoupement
Mine de rien, c'est la bousculade, presque la promiscuité. Combien de roches se sont disputé cet emplacement ?

Il y a d'abord les métasédiments locaux, non visibles sur les photos ; est venue ensuite la diorite sombre, masse de magma qui s'est installée aux dépens des métasédiments (voir «Note», plus bas). Un granite rouge brique à tourmaline s'est ensuite pointé, découpant la diorite à l'emporte pièce et engouffrant des fragments de celle-ci. Finalement, des intrusions de quartz-calcite-pyrite ont recoupé le granite.

Récapitulons :

Métasédiments + diorite + granite + quartz-calcite-pyrite... 

Nous voilà devant un affleurement organisé en poupées gigognes. La roche est dans la roche qui est dans la roche qui est...

Si tout cela vous laisse de pierre, prendre conscience qu'il n'y a pas que les feuilles des arbres qui arborent un beau rouge en cette saison, le granite aussi peut être d'une couleur splendide. En plus, ce caractère flamboyant a l'avantage de durer toute l'année. Bon, j'avoue que, l'hiver, sous la neige...

D'autres intrusions de calcite, avec ou sans quartz, se trouvent dans le secteur. J'en ai déjà parlées : voyez les dernières photos de ce billet. 


 Détail du granite à tourmaline (minéral noir). Les taches gris clair sont du quartz (constituant du granite, avec le feldspath-K rouge) et le minéral rose pâle est de la calcite (ou dolomite ?). (Photo 7 octobre 2012.)


 Détail du détail ci-haut. Je n'ose pas trop m'avancer quant à l'ordre de cristallisation ou d'installation de tous ces minéraux.


Filon de quartz-calcite-pyrite recoupant le granite rouge. La calcite (couleur crème ici) contient des fragments du granite. Comme le quartz du filon semble identique au quartz constituant du granite (composé de feldspath-K et de quartz), je me demande s'il ne s'agirait pas d'une mise en place tardive des dernières réserves de silice du magma ? Reste à expliquer la provenance de la calcite... D'autres intrusions de calcite dans le secteurs ont déjà été décrites dans ce blogue, certaines associant aussi quartz, calcite et pyrite. Sujet à développer... (Photo 7 octobre 2012.)


Détail de la photo précédente. On remarque une «lamination» dans le quartz, parallèle au bord du filon. La pyrite (éclat métallique, dans la calcite crème) est bien reconnaissable.  


Autres intrusions de calcite dans le secteur
(Voir ce billet.)


Calcite claire repoussant une calcite grise chargée d'impuretés, les deux variétés portant de multiples xénolites. Chelsea, autoroute 5. Voir cet ancien billet. Photo (à l'époque, je les numérotais, quelle patience j'avais...) 17 juin 2000.  


 Filon de calcite à fluorine violette recoupant un gneiss (syénite ?). Un liseré de minéraux formés de l'interaction de la calcite avec la roche hôte (diopside ?), souligne les bords du filon. Voir cet ancien billet. Photo 17 juin 2000.


NOTE
Selon la carte reproduite plus haut, la diorite (I2J) affleurerait au SE et au NE du site décrit ici et la roche en place serait de plutôt une syénite (I2D) dont des variétés grises existent dans la région. Les cartes géologiques n'étant pas toujours exactes au mètre ou à la dizaine de mètres près (les affleurements le long de la A5 n'existaient pas lorsque la carte qui a servi à l'élaboration celle utilisée dans ce billet a été dressée ; voir Béland, 1977), je crois qu'il s'agit plutôt de diorite. Mais diorite/syénite gneissique et paragneiss ne sont pas toujours faciles à distinguer...


TRAVAUX CITÉS
  • BÉLAND R., Région de Wakefield : rapport final. MRNQ, DP-461, 1977, 91 p., avec une carte (1/63 360).
  • HOGARTH D.D., Carbonatites, fenites and associated phenomena near Ottawa. GAC/MAC, Joint Annual Meeting, Ottawa, Field Trip Guidebook A4, 1997, 21 p.
  • Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Québec, Compilation géologique - WAKEFIELD, carte CGSIGEOM31GC011, 1/50 000 (SNRC 31G12)

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