mercredi 20 juillet 2011

Mine Forsyth à Gatineau : quatrième billet (plus ajout et ajout bis)

AVERTISSEMENT. — Le site est dangereux (risques de chutes et de noyade), les clôtures qui «sécurisent» l'endroit sont parfois en très piètre état. Ne pas y aller seul, ne pas laisser les enfants sans surveillance.

Pour le plaisir de la comparaison, un détail d'une carte du secteur de la mine Forsyth datant de 1958 correspondant à la zone reproduite sur la carte plus récente (1969) que j'ai utilisée dans mes précédents billets.

N'oublions pas que la géologie est une science d'interprétation. Si la carte de Guilloux (1969) semble plus schématique, néglige certains éléments discrets présents sur la carte de Machamer (1958), le jeu des failles y apparaît plus complexe (et convaincant ?).

À ceux qui s'étonneraient des (légères) dissemblances entre les deux cartes, disons que le but premier d'une carte géologique est d'être en elle-même un problème géologique... Plus sérieusement, l'échelle de la carte a son importance, la façon de regrouper ou de séparer des lithologies apparentées aussi, de même que la nécessaire simplification du pullulement des données, les variations de la nomenclature, les extrapolations à partir d'affleurements isolés, le temps imparti pour exécuter le travail, le développement des routes et chemins qui rendent aisément accessibles de nouveaux secteurs, etc. Tout cela explique les désaccords qui peuvent exister entre des cartes d'une même région réalisées par des auteurs différents.  

(Rien ne vous interdit de cliquer sur les images pour les afficher à leur pleine grandeur.)




MINE FORSYTH : CARTE DE GUILLOUX (1969)
Complément à la légende
X : puits et bâtiments (voir photos qui ouvrent le billet du 18 juillet).
X' : entrée du tunnel.
L'eulysite, en noir massif, est le minerai de fer (magnétite) recherché.


MINE FORSYTH : DÉTAIL DE LA CARTE DE MACHAMER (1958)
Légende (adaptée)
Entre [crochets] : équivalences avec la carte de Guilloux (1969)


Limestone [Marbre et roches calco-silicatées]
Interbedded limestone & schist [Non représentés]
Schist [Skarn à diopside et à scapolite]
Quartzite, gneiss & granite* [Quartzite à biotite]
Magnetite* [Eulysite ?]
Quartz veins* [Non représentées]
Pegmatites* [Non représentées]
Amphibolites [Incluses dans «Marbre et roches calco-silicatées»]


X et X' : voir la carte de Guilloux (1969), plus haut.


* Ces lithologies se distinguent mal par leurs couleurs trop semblables. 
Il faut interpréter la carte, au risque de se tromper...

DÉTAIL DE LA LÉGENDE DE LA CARTE DE MACHAMER (1958)


On constate immédiatement, sur la carte de 1958 l'absence des bâtiments et du puits visibles sur celle de 1969 (X). Le puits creusé dans la carrière à ciel ouvert figure uniquement sur la carte de 1958. L'entrée du tunnel (X') est présente sur les deux cartes.

Je vais aller à la chasse aux dates et aux évènements afin de tenter d'expliquer la présence ou l'absence de ces ouvrages selon la carte consultée. (Voir «Ajout», plus bas.)

Références
Guilloux L., 1969 — Étude pétrogénétique et métallogénique du gisement de magnétite de Forsyth et de son enveloppe, Hull, province de Québec, Canada. Thèse de IIIe cycle, Université de Grenoble.
Machamer, J.F., 1958 — Geological Map : Hull Township, Province of Quebec. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, GM 17611, 1/200


Ajout (20 juillet 2011). — Les sources relatives à la mine Forsyth sont souvent partielles et entachées d'ambiguïtés. La question de l'âge des ouvrages et des objets abandonnés est difficile à trancher. Considérez ce court texte comme une tentative de mettre un ordre provisoire dans le fouillis des différentes données. 

Une partie de mes problèmes proviennent du fait que si mon texte de 1998 (voir mon «Historique») a été bâti à partir de sources fiables (disponibles sur demande), je ne sais plus, tant d'années plus tard, de laquelle provient telle ou telle affirmation. Bref, c'est comme si je devais refaire le travail.

Trève de considérations, allons-y par ordre chronologique :

  • Le puits à l'intérieur de la carrière daterait de la période 1855-1870. Il s'agirait d'un puits d'extraction de 50 m de profondeur. Il apparait sur la carte de Machamer (1958) ; bizarrement, celle de Guilloux (1969) l'omet. (Source, mon «Historique», 1998, lien plus haut.)
  • Durant la période 1901-1918, un second puits de 36 mètres par où on accédait à une galerie longue de 27 mètres a été creusé. (Source, mon «Historique», 1998, lien plus haut.)
  • Le tunnel, le puits et les bâtiments au S de la carrière dateraient de 1958-1959 (source disponible sur demande). Ces travaux  n'avaient qu'un objectif exploratoire, celui de préciser l'extension du gisement en profondeur. (Voir Coupe et sections dans ce billet.) Ceci expliquerait que ces ouvrages, à l'exception de l'entrée du tunnel, n'apparaissent pas sur le plan de Machamer (1958). On peut cependant se demander s'il ne s'agit pas d'une restauration et d'un agrandissement du «second puits» et la galerie de la prériode 1901.

À mon avis très humble, la berline abandonnée daterait, au plus loin, des derniers travaux amorcés dans les années cinquante. Sauf une impression de «modernité» et de «bonne conservation» (tout étant relatif), je n'ai rien pour érayer cet avis.

Bref : tout cela est à revoir.


Ajout (24 juillet 2011). — Pièce à ajouter au dossier «Documents contradictoires publiés à propos de la mine Forsyth ou Comment ne plus s'y retrouver».


Cliquer sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.



* : berline abandonnée (position approximative)
ROUTE : chemin de la Mine


Malgré leur aspect schématique, les cartes de Boivin (1985) sont fiables. Je ne sais comment arriver concilier celle-ci carte avec les cartes de Guilloux (1969) et de Machamer (1958). Sans doute que se sont succédés sur le site des bâtiments temporaires, ce qui expliquerait que cerains manquent ou soit en trop, selon la carte consultée.

La fiche descriptive de Boivin laisse entendre qu'à l'époque, la galerie (le «tunnel» sur les autres cartes) était accessible : «Ce site est très dangereux – éviter les excavations à ciel ouvert et la galerie.» (Page 22.) Cette remarque, à toute fin pratique, frappe d'interdiction de visite la mine Forsyth en entier...

Référence
Daniel J. Boivin, Roches et minéraux du Québec : guide d'excursion pour le collectionneur, Montréal, Conseil de développement du loisir scientifique, 1985, 142 pages.

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