Parc du lac Beauchamp : supplément
Voir ce
post pour le contexte («affleurement de la discordance»).
Voir aussi le site Internet officiel du
parc du Lac-Beauchamp.
Deux cartes anciennes
Voici un détail de deux cartes ramenées à la même échelle et cadrant le même secteur autour du lac Beauchamp. De notables changements dans la forme du lac semblent s'être produits entre 1920 (carte en couleurs, de M.E. Wilson) et 1934 (carte en noir et blanc, de Cole et Carnochan). En particulier, la pointe sud-ouest du plan d'eau a été prolongée vers le sud, en relation, probablement, avec l'exploitation d'une carrière de silice (Ottawa Silica and Sansdstone Co). Le quadrillage des rangs et des lots diffère d'une carte à l'autre, ce qui complique les comparaisons.
Note : Nepean et Potsdam
Dans mes autres posts consacré au secteur, il est habituellement fait mention du grès de Nepean. La
formation de Nepean (son nom dans l'échelle stratigraphique) qui continue à nous intéresser ici, fait partie du
groupe de Potsdam. Dans un contexte local restreint, ces subtilités de la nomenclature peuvent être négligées et les deux termes considérés comme équivalents.
À l'évidence, Cole et Carnochan ont reproduit les contours de la carte de Wilson pour figurer les affleurement du groupe de Potsdam sur la leur.
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1934
Détail modifié de : L.H. Cole et R.K. Carnochan, Mines Branch Investigations of Mineral Resources and the Mining Industry, 1932 : Silica Deposit Near Gatineau Point, Quebec, Depart. of Mines, Canada Mines Branch, Report No. 735, 1934, Fig. 1. |
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1920
Détail modifié de : Wilson, M. E., 1920, Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec, Commission géologique du Canada, carte 1691. (Il s'agit de la carte géologique du secteur la plus récente qui existe. Les autres publiées depuis n'en sont que des adaptations.) |
Légende toponymique (en italique, noms actuels)
Lac Wabassi :
lac Beauchamp ; Scarf Road :
boul. Labrosse ; Au S du lac Beauchamp :
boul. Maloney Est rue Notre-Dame ; À l'E du lac Beauchamp :
boul. Lorrain
Astérisque blanc : position approximative de l'«affleurement de la discordance» (
voir ce post). Des changements dans la forme du lac après la publication de la carte compliquent la localisation exacte de l'affleurement.
Légende géologique (adaptée)
QUATERNAIRE
10 000 ans ;
jaune très pâle (se confondant avec le fond jauni du papier) : argile, sable et graviers de la mer de Champlain ;
12 000 ans ;
jaune vif : argile à blocaux, blocs, gravier et sable (till glaciaire) ;
PALÉOZOÏQUE
515 000 000 - 480 000 000 d'années (Cambrien moyen - Ordovicien inférieur) ;
brun : grès de Nepean, conglomérat (Potsdam) ;
vert foncé : calcaire (Beekmantown) ;
PROTÉROZOÏQUE
1 000 000 000 et plus (Protérozoïque) ; Bouclier canadien (province de Grenville) :
bleu pâle : paragneiss à grenat et quarzite ;
vert pâle : syénite, gabbro, etc., à pyroxène ;
bleu foncé : marbre ;
rose : granite, pegmatite).
HISTOIRE
«Avant de devenir un parc récréatif, le lac Beauchamp était connu comme le lac de La Mine en raison de la mine de silice qui a été en exploitation durant les années 1930 et 40*. Cette mine exploitait le grès quartzeux dans des petites carrières à l’extrémité sud du lac. Le minerai était amené dans des wagonnets sur rail tirés par des chevaux vers l’usine de broyage et de concassage qui était située à l’endroit où se trouve le pavillon actuel. Le quartz, composant 95 % du grès quartzeux, était séparé des autres minéraux pour former un sable de silice pur et amené vers le chemin de fer pour se rendre à Montréal où il servait à la fabrication de verre. Les déchets, ou minéraux autres que le quartz, étaient rejetés au pied de l’usine et formèrent la plage de sable servant présentement à la baignade.
La mine de silice cessa ses activités à la fin de la deuxième guerre mondiale car elle n’était plus rentable, le lac Beauchamp devint donc le dépotoir de la ville de Gatineau. La ville y a enfoui et brûlé des déchets jusque vers les années 1970. Le brûlage des déchets est responsable de la couleur noirâtre des parois rocheuses. C’est ensuite que le parc est devenu un endroit récréatif.»
Extrait de : Centre d'Interprétation de la géologie du Grenville, Plan de développement intégré : sites et circuits du patrimoine naturel de la région de l'Outaouais
, 2003, p. 96.
* D'après la carte de Cole et Carnochan (plus haut), il s'agirait de la Ottawa Silica and Sandstone Co.
AJOUT (17 mars 2012). — Quelques éléments «nouveaux» à verser au dossier (Maurice, 1973) :
Le grès du lac Beauchamp a été exploité de 1927 à 1930 par la Canada Glass Sand Ltd et, de 1931 à 1941, par la Ottawa Silica and Sandstone Ltd. Après des travaux menés quelques mois en 1942 par l'Industrial Sands and Minerals Corporation, le site est abandonné. Une reprise des opérations est tentée en 1949 par l'Ottawa Silica & Rock Wool Ltd qui, malgré d'importantes sommes investies dans le but de faciliter le broyage du grès, n'a laissé traces d'aucune production.
La roche était réduite en sable qui était vendu pour servir au sablage au jet ou pour la fabrication de moules dans les fonderies. Le grès se caractérisait par sa haute teneur en silice (of course...), mais aurait gagné à être nettoyé des sulfures de fer qui le contaminaient.
RÉFÉRENCE
- Maurice, O.D., 1973 – Annotated list of occurences of Industrial Minerals and Building Materials in Quebec. MER, DP 184, 580 pages