samedi 16 juillet 2016

Néotectonisme dans le parc de la Gatineau ?



Carte 1. Position du Joint Plane Chasm, modifié de Wilson, 1956, p. 19.
J'ai ajouté en rouge le tracé approx. de la promenade du parc de la Gatineau ainsi que quelques indications ; le sentier en pointillé correspond au sentier no 1 actuel (voir carte 2). Dike : dike de diabase ; Erratic : bloc erratique de Chelsea dont j'ai parlé ailleurs dans ce blogue.


Ceci est un message privé. Les informations qu'il contient sont destinées à quelqu'un qui saura les utiliser telles que je les laisse, sans commentaire. Les non-destinataires (sept milliards et quelques de personnes) sont gentiment priés de passer leur chemin.

1. Large Chasm de Wilson, 1956 (parc de la Gatineau) : plan météorisé ou faille ?

« Great joint planes weathered to large chasms (Wilson, 1956, p. 19). »
J'ai visité la « crevasse » il y a une quinzaine d'années. Tout ce que je peux dire en attendant meilleur examen, c'est qu'elle avait été comblée et se présentait sous forme d'une tranchée peu profonde (moins de 2 m).


2. Gaping fracture de Machamer, 1959 (parc de la Gatineau) : même remarque

« The second fault lies about 800 feet north of the base line on line 2300 West. It is marked by a gaping fracture in the rock which can be traced for about 200 feet along strike. This fracture could be a solution cavity, but this is considered a remote possibility because there are no similar features anywhere in the area. If this gash does mark a fault, the movement must have occurred fairly recently, because the crevice is not filled with debris. Such recent fault movement is probably related to earthquake tremors which are thought to have originated someplace in the general vicinity (Machamer, p. 36, c'est moi qui souligne). » (800 pi = 245 m ; 200 pi = 60 m.)

La seule faille sur la carte de Machamer dont la position coïncide avec ces données se trouve dans le marbre, près du contact avec une syénite*. D'orientation NW, elle plonge abruptement (75°) vers le SW. On pourrait la repérer dans les collines au nord de la jonction des pistes 15 et 25 du parc de la Gatineau, au sud du chemin de la Mine (carte 2). Je donne ces indications, tirées de l'interprétation du texte et de la carte de Machamer, sous toutes réserves. Les politiques de sécurité du parc de la Gatineau ont probablement mené au comblement de cette seconde crevasse. Comme elle se trouve dans le marbre, un phénomène karstique ne peut pas être écarté pour expliquer sa genèse.

* Syénite sur la carte de Machamer ; le document qu'elle accompagne précise qu'il s'agit de quartzite, gneiss et granites (incluant syénites) réunis en une seule unité, en fait, une migmatite lit-par-lit. Cette longue description me paraît plus conforme à ce qui est observé sur le terrain.


Références


Carte 2. Commision de la capitale nationale, Carte des sentiers d'été du parc de la Gatineau, 2016 (détail modifié). 
1. Bloc erratique, près du Joint Plane Chasm de Wilson (voir carte 1) ;
2. Faille de Machamer.
1 et 2 : positions approximatives.
Le quadrillage de la carte est N-S ; chaque rectangle mesure approx. 1,3 km x 1,9 km.

mardi 12 juillet 2016

Carte postale : Low, 1948




Low, QC : pour contrer la canicule annoncée, quoi de mieux qu'un rappel de l'hiver ?

À l'endos de la carte-postale, le correspondant a daté son message du 29 juillet 1948 (le cachet de la poste corrobore). Autrement, le document ne porte ni copyright ni indication de date.

On devine la surface gelée de la Gatineau au loin.

Internet est fort peu bavard sur le Paugan Inn de Low.

Cette carte, comme la précédente, provient d'un lot que mon (futur) père, obligé par son travail à se déplacer le long de la Gatineau de Hull à Maniwaki et de Maniwaki à Hull, a adressées (ce sont les cartes du lot qui ont été adressées, d'où l'accord du participe passé) à sa future (femme) - et donc ma (future) mère. La destinataire habitant chez ses parents, le contenu et le ton des messages sont parfaitement anodins.

dimanche 3 juillet 2016

Carte postale : Kazabazua, 1948




Je néglige un peu le blogue ces temps-ci. Pour montrer que je ne vous oublie pas, une carte postale tirée de nos (très informelles) archives familiales : la Kazabazua (rivière), à Kazabazua (localité), Qc. (Et non Kazubazua !)

La carte postale elle-même n'est pas datée et ne porte aucun copyright, mais le cachet de la poste est du 27 septembre 1948. La poste a parfois ses lenteurs, la carte ne vous parvient que maintenant.

mardi 26 avril 2016

Hors sujet : danger, Mère Nature méchante


Si j'en crois la Ville d'Ottawa, le seul endroit sécuritaire sur cette photo serait la surface de gneiss ; pour le reste, méfiez-vous du végétal ! (et encore, je ne tiens pas compte des insectes !) Ottawa, Goulbourn Forced Road, secteur de Kanata, 17 mai 2009.


Mère Nature ne rate jamais une occasion d'irriter l'épiderme, de piquer ou même de mordre la chair de quiconque est assez inconscient pour aller se promener en son sein. La Ville d'Ottawa, à qui la sécurité de ses citoyens tient à cœur, lance un avertissement au public :


« … when walking through dense vegetation, wear goggles, gloves, long pants and long-sleeved shirts. Thoroughly wash boots and gloves with soap and water before taking off your protective clothing. »

Le plus simple serait de visiter les bois en auto, comme dans les publicités télévisées... Voir l'article «City memo to nature lovers in Ottawa: Wear goggles, don't touch anything», par Tom Spears, Ottawa Citizen, 26 avril 2016.


mardi 29 mars 2016

Banquise en Outaouais


Suite du billet du 10 mars 2016.

Il y a une suite à ces billets : voir billet du 5 janv. 2018 + 12 février 2023.

Ajout (5 janv. 2018)

Il ne s'agit pas ici seulement de « glace d'eau », mais aussi de neige accumulée sur la glace « normale » de la rivière des Outaouais et consolidée par le gel.


17 février 2016. Ma plus ancienne photo du dôme de glace (depuis le pont Alexandra).

13 mars 2016. Presque un mois plus tard, la situation semble gelée.

18 mars 2016. Le dôme se rapproche lentement du pont Alexandra. Le Musée de l'Histoire du Canada à Gatineau en arrière-plan.

20 mars 2016. Quelques mètres encore. Le bombement du dôme est bien apparent sur cette photo. La Colline du Parlement à l'arrière-plan.

21 mars 2016. Situation stable.

22 mars 2016. Lentement mais sûrement.

26 mars 2016. La glace épaisse est disparue. La glace «normale« qui la suivait en amont a pris sa place.

26 mars 2016. Des éléments de la «banquise» entre le pont Alexandra (derrière nous) et le pont Cartier-MacDonald.
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J'emprunte le pont Alexandra entre Gatineau et Ottawa depuis des années et je n'ai jamais vu un tel phénomène.

Un dôme de glace s'est formé en amont du pont. De spectaculaires fractures ont résulté de cette surrection inusitée. La croûte glacée présentait une bonne épaisseur, au moins 3 m (estimation) pour les tranches révélées par les fractures. Le dôme a subsisté pendant plus d'un mois (je l'ai découvert le 17 février et ses derniers éléments sont passés sous le pont Alexandra le 25 mars) et sans qu'aucun affaissement notable n'en diminue la hauteur.

L'ensemble avait tout l'aspect d'un rift, avec failles, vallées encaissées, basculement de compartiments, etc. En amont du dôme, la rivière était partiellement couverte d'une glace «normale».

La glace n'est peut-être pas plus épaisse que de coutume (j'avoue n'avoir pas de réponse sur le sujet pour le moment), mais quelque chose l'a soulevée, brisée, et maintenu les fragments «en l'air» pendant plus d'un mois. La croûte elle-même est le résultat de l'accumulation de couches de glace de neige blanche (ce qui est bien visible sur certaines photos). Je crois me souvenir qu'il a déjà neigé sur la rivière au cours des hivers passés sans que ce phénomène ne se produise.

Le dôme coïncidait avec une dépression profonde de plus de 11 m dans le lit de la rivière, le lit se tenant autrement entre 5 et 8 m. (Valeurs minimales, la rivière étant en crue, il faudrait ajouter +/- 1 m à ces profondeurs : voir la carte reproduite dans le billet du 10 mars 2016.) Un peu en amont du dôme (et donc de la dépression), un chenal naturel, profond de 9 à 23 m suit le dessin de la rive sud à partir du canal Rideau et passe sous le pont.

Une glace nouvelle (glace de neige ?), d'aspect grumeleux occupait les vallées et les intervalles entre les fragments de la «banquise». Ceux des fragments qui se trouvaient le plus en aval ont dérivé les premiers. On pouvait suivre leur descente de jour en jour. C'est ainsi qu'un morceau surnommé «la galette» par un ami est passé sous le pont dès le 14 mars (photos plus bas).

Le dôme lui-même s'est mis à dériver lentement à partir du 18 mars. Sans se presser : ce n'est que le 25 que les épaisses plaques de glace ont été remplacées en amont du pont par la glace «normale», plus mince, qui la suivait.

Le 26, une partie importante de la «banquise» était demeurée accrochée à la rive sud entre le pont Alexandra et le pont Cartier-MacDonald. J'ai pu voir un fragment isolé, jusque là immobile, se mettre en mouvement, descendre le courant sur quelques m, tourner sur lui-même pour finalement s'immobiliser. L'impression est que cet iceberg miniature s'était échouée sur le fond de la rivière. Le lit ayant une profondeur de 7 à 10 à cet endroit (même remarque que plus haut concernant les profondeurs), on a une idée de l'épaisseur de la partie non visible de la glace nécessaire à son ancrage.

Il faut noter que l'hiver n'a pas été des plus vigoureux. À quelques centaines de m en aval, il y avait pénurie de glace ! Le dynamitage annuel de la glace sur la Rideau, à Ottawa, a été annulé pour cause d'une «accumulation de glace inférieure à la normale» :


«Les opérations visant à dégager la glace sur la rivière Rideau [...] ont été annulées. En effet, divers facteurs environnementaux, notamment le temps clément et l’accumulation de glace inférieure à la normale pour ce temps de l’année, rendent le dynamitage inutile au-dessus des chutes Rideau à la hauteur du pont de la promenade Sussex.» (Ville d'Ottawa, 11 mars 2016 : http://ottawa.ca/fr/nouvelles/annulation-du-dynamitage-de-la-glace-sur-la-riviere-rideau)



Question / conclusion

Qu'est-ce qui a soulevé la glace à cet endroit particulier et a maintenu son dôme ancré sur place durant plus d'un mois ?


12 mars 2016. Soulèvement, rupture et basculements. Noter la faille qui se prolonge à partir des fragments de la croûte disloquée.

17 mars 2016. Tout l'ensemble s'est rapproché du pont Alexandra d'où les photos ont été prises.

21 mars 2016. Presque sous le pont : le gâteau à étages.

12 mars 2016. Avant le gâteau, il y avait eu la «galette».
Les éléments les plus en aval du dôme de glace ont dérivé les premiers.

13 mars 2016. Un peu plus près. La mince tige mesure 1,5 m.

14 mars 2016. Sous le pont.

12 mars 2016. Au sud du dôme, les plaques de glace minces se chevauchent sous la pression.

12 mars 2106. Au nord du dôme, la glace plie et forme un couple synclinal/anticlinal.
12 mars 2016. Fractures qui se prolongent vers l'aval.

17 mars 2016.

17 mars 2016. Détail.


Ajout (4 avril 2016). - Pour comparaison : l'allure «normale» de la glace sur la rivière (photo 14 avril 2015).