Ajout (22 janv. 2015)
Hydro-Québec a répondu a ma requête. Voir plus bas le passage en rouge.Ajout (28 janv. 2015)
Mais voir le Rapport de la CSST qui décrit les cavernes et failles dans le socle calcaire des Chaudières (billet du 28 janv. 2015).Carte d'Austin (1882 ; détail). Au centre, le tourbillon du Trou-du-Diable («Devil Hole») ; rivière des Outaouais, Hull (Gatineau), au Québec. La ligne irrégulière, à gauche, qui coupe l'image de haut en bas, est la chute de la Petite Chaudière. Le nord est à ± 2 heures.
Titre original : Plan of the Lower Village of Hull, shewing its position relative to the city of Ottawa, the property of the heirs of the late Ruggles Wright Esquire. Surveyed by A.W. Austin, C.E., P.L. Surveyor. W.C. Chewett & Co. Lith. Toronto (1882). Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4126312. (Télécharger le pdf depuis le site de BAC.)
Photo © Google. Même site, cent trente ans plus tard.
1. Centrale Hull-1 (Hydro-Québec) ; 2. Centrale Hull-2 (Hydro-Québec ; hors photo) ; 3. Centrale Eddy ; 4. Ancien moulin à papier «A», Eddy ; 5. Ancienne fabrique d'allumettes et de seaux Eddy ; 6. Ancien complexe Eddy. TdD. Trou-du-Diable. À droite : pont de la Chaudière (rue Eddy), à Gatineau (Québec). Les centrales Hull-1 et Eddy sont érigées sur la chute de la Petite Chaudière.
Demande de renseignements adressée à Hydro-Québec en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels (RLRQ, c. A-2.1), 4 décembre 2014.
L'affaire suit son cours et a déjà franchi les premières étapes. Le texte qui suit est une version adaptée pour le blogue de ma demande.
Objet : demande d’information sur le lieu-dit le Trou-du-Diable, centrales Hull-1 et Hull-2, Gatineau
Numéro de confirmation de la demande initiale d’information : [...]
[...]
Je suis membre de la Société d’histoire de l’Outaouais (SHO) et je tiens un blogue sur la géologie de la région de Gatineau (geo-outaouais.blogspot.ca). Depuis quelques temps, je mène des recherches personnelles sur le lieu-dit le Trou-du-Diable situé entre la centrale Hull-1 et le pont de la Chaudière, à Gatineau, sur la rivière des Outaouais. La centrale elle-même est construite sur la chute de la Petite Chaudière. (Voir carte et photo, plus haut.)
Plusieurs témoignages datant du XIXe siècle affirment qu’il existait au fond de la rivière une caverne ou un passage quelconque qui évacuait une partie des eaux qui tombaient de la Petite Chaudière, chute sur laquelle a été construite la centrale Hull-1.
Les premiers témoignages sur le Trou-du-Diable émanent de Bouchette (1797-1841), l’arpenteur bien connu, et de John MacTaggart (1791-1830), ingénieur qui a travaillé à la construction du premier pont de la Chaudière (Union Bridge). Ces personnes, par leur profession, tendaient vers une description exacte des choses et ne se seraient pas aventuré à propager des légendes ou des à peu près. (Annexe, plus bas.)
Si, par la suite, le folklore s’est emparé du phénomène et que les anecdotes plus ou moins sérieuses se sont accumulées à propos du Trou-du-Diable, cela n’affaiblit en rien la validité des premiers témoignages.
L’idée d’un passage sous la rivière peut paraître de prime abord invraisemblable. Signalons pourtant qu’il existe effectivement un réseau de cavernes long de plus de 10 km sous la rivière des Outaouais près de l’Île aux Allumettes («Ottawa River Caves»). Les spéléologues les connaissent bien. Jacques Schroeder (UQÀM) date leur formation de l’époque glaciaire (ref. plus bas).
Bref, j'en arrive à ma demande d'information peut s’articuler selon les points suivants :
- Est-ce que Hydro-Québec confirmer ou infirmer l’existence d’un passage, d’une caverne ou d’un gouffre dans le lit de l’Outaouais à l’aplomb du Trou-du-Diable ? ;
- Est-il possible d’obtenir une carte du fond de la rivière à cet endroit (les cartes bathymétriques ne donnent aucun renseignement pour cette zone) ? ;
- Serait-il possible de visiter des centrales Hull-1 et Hull-2 et de rencontrer le personnel et la direction ?
J’espère qu’il sera possible de satisfaire à ma curiosité ou, du moins, de me fournir quelques pistes d'explications.
Veuillez recevoir, Madame, mes salutations distinguées.
Henri Lessard
[...]
Gatineau
Blogue geo-outaouais.blogspot.ca
Réponses d'Hydro-Québec, datée du 8 janvier 2015 (extrait) :
«En réponse aux points 1 et 2 de votre demande, nous vous informons qu'Hydro-Québec ne peut statuer sur l'existence d'un passage, d'une caverne ou d'un gouffre dans le lit de la rivière des Outaouais puisque aucune étude n'a été effectuée à cet effet. Également, Hydro-Québec ne détient aucune carte spécifique du fond de cette rivière. / Quant au point 3, nous vous indiquons qu'Hydro-Québec n'organise aucune visite publique de la centrale Hull-2.» [Remarque : les points 2 et 3 ont été inversés dans la réponse.]
Référence
Jacques Schroeder (UQAM), «Les cavernes : un patrimoine gravé par le temps», dans : Gilbert Prichonnet et Michel A. Bouchard (éditeurs), Actes du premier colloque du Patrimoine géologique du Québec, MB 2004-05, p. 77-84, Gouvernement du Québec, 2004.p. j.
Annexe. Descriptions du Trou-du-DiableAnnexe 1
Le Trou du Diable : descriptions
Textes tirés du billet du 7 octobre 2013 du blogue Géo-Outaouais, «Le Trou du Diable : persuasion par compilation». Certains passages ont été mis en gras :Les références sont données à la fin de chaque passage cité.
1826
John McTaggart, ingénieur
«En 1826, l’ingénieur John McTaggart qui avait travaillé à la construction du premier pont sur les Chaudières, a rapporté qu’à un certain endroit [cf, le Trou-du-Diable] il a fait des sondages jusqu’à 300 pieds [90 m] de profondeur sans atteindre le fond de la rivière.»Source : Joseph Jolicœur, Histoire anecdotique de Hull, La Société historique de l’ouest du Québec, Inc., 1977, p 38.
1823
Philemon Wright, fondateur de Hull
« À son état naturel, sans barrage comprimant l'eau, sans moulin en appauvrissant le volume, la chute était beaucoup plus pittoresque qu'aujourd'hui. La description suivante de la Chaudière, par Wright, nous donne une autre idée de la chute que celle que nous en avons actuellement :'' La Chûte [sic] Columbia qui avoisine le village du Township de Hull, est de nature curieuse. Une chaîne de rocher, qui s'étend d'un bord à l'autre de la rivière, force l'eau de tomber perpendiculairement de la hauteur de trente pieds ; et au haut de cette chûte se trouvent trois isles, dont l'une sépare le cours d'eau et fait qu'une quatrième partie de cette eau s'éloigne, tant soit peu, de son cours naturel et vient se décharger dans un abîme immense, lequel a été sondé jusqu'à la profondeur de 113 pieds ; cette eau se perd ensuite dans les entrailles de la terre, et personne n'a pu dé-couvrir où finalement cette eau se décharge. Cette chute offre d'immenses cavernes, de forme irrégulière, et d'environ trente pieds de profondeur ; le nombre de rochers et cavernes qui s'y rencontrent est très considérable. Les lits et couches varient et sont de forme curieuse et rare.
Cette caverne entraîne vers elle aux hautes eaux du printemps une quantité d'arbres et autres bois ; et il est surprenant de voir avec quelle vélocité ces bois tournent à l'entour du gouffre, et ce par la force de l'eau qui forme et rassemble une quantité prodigieuse d'écume et brisans, de l'épaisseur de six ou huit pieds.'' (Journal, Assemblée législative, Bas-Canada, 1823-1824, appendice R). » (Brault, p. 24, note 8.)
Source : Lucien Brault, Hull 1800-1950, Éditions Université d'Ottawa, 1950, 266 p. + carte pliée.
Une version réduite de ce texte est parue dans : Edgar Boutet, journal Le Droit, Ottawa, 29 mars 1958, repris dans Asticou, cahier no 37, décembre 1987, p. 23-24.
1832
Joseph Bouchette, arpenteur, officier de marine
«Above the falls the river is about 500 yards [455 m] wide, and its scenery is agreeably embellished by small grove-clad islets, rising here and there amidst the waters as they gently ripple by or rush on with more or less violence, to the vortex of the Great and Little Chaudière. The bed of the river is composed of horizontal strata of limestone, and the chute is produced by its deep and sudden subsidence, forming broken, irregular, and extraordinary chasms, one of which is called the Great, and the other, the Little Kettle or Chaudière. The former derives its name from its semicircular form and the volume of water it involves; but the latter bears no similitude to justify its appellation, the waters being precipitated into a broad, elongated, and straight fissure, extending in an oblique position north-west of the Great Kettle, and being thus strikingly contrasted with it.The principal falls are 60 feet [18 m] high, and their width is measured by a chord of 212 feet [65 m]. They are situated near the centre of the river, and attract by their forcible indraught a considerable proportion of the waters, which, strongly compressed by the circular shape of the rock that forms the boiling recipient, descend in heavy torrents, struggling violently to escape, and rising in spay-clouds which constantly conceal the lower half of the falls, and ascend at irregular intervals in revolving columns much above the summit of the cataract.
The Little Chaudière may without much difficulty be approached from the Lower Canada shore, and the spectator, standing on a level with the top of the fall and on the brink of the yawning gap into which the floods are headlong plunged, surveys the whole length of chute and the depths of a cavern. A considerable portion of the waters of the falls necessarily escapes subterraneously after their precipitation, as much greater volume is impelled over the rock than finds a visible issue. Indeed this fact is not peculiar to the Little Chaudière, but is one of those curious characters of this part of the Ottawa of which other singular instances are observed; the waters in various places being swallowed by deep but narrow rents and fissures, leaving their natural bed almost dry, to dash on through some subterranean passage that defies the search of the explorer.»
Source : Francine Brousseau, Historique du nouvel emplacement du Musée national de l’Homme à Hull, Musée nationaux du Canada, coll. Mercure, Histoire no 38, Ottawa, 1984, p. 11 et 15. (J’ai rétabli quelques coquilles d’après un pdf du texte original : J. Bouchette, The British Dominions in North America [...], p. 191-192.])
1890
En septembre 1890 un remous se forme dans l’amas de bran de scie et de planches qui tourbillonne à la surface du gouffre qui soudainement se vide partiellement. Mais jamais depuis le «Trou du diable» s’est ainsi vidé.»Source : Edgar Boutet, journal Le Droit, Ottawa, 29 mars 1958, repris dans Asticou, cahier no 37, décembre 1987, p. 23-24.
1940
«Au cours de l’été 1940, Aimé Lapointe, plongeur renommé de Wrightville [quartier de Hull], est descendu à une profondeur de 75 pieds [23 m] dans le [Trou du Diable] qu’il a pu explorer à loisir jusqu’à l’endroit où se trouvait l’automobile dans lequel [sic] il a trouvé le cadavre de Gorman Edwards, d’Ottawa.»Source : Joseph Jolicœur, Histoire anecdotique de Hull, La Société historique de l’ouest du Québec, Inc., 1977, p. 56.
2004
Pierre-Louis Lapointe, historien
«Car il s’agit bien de trois chutes d’eau; la Grande Chaudière, la Petite Chaudière et le trou du Diable, surtout, dont les eaux, emprisonnées dans un repli escarpé de la rivière, tournent sans fin, tourbillonnant et entraînant comme dans un entonnoir tout ce qui a le malheur d’être aspiré par son siphon. Un passage souterrain évacue ces eaux, qui surgissent plus loin, en aval, au fond de la rivière.»Source : Pierre-Louis Lapointe, L’île de Hull : une promenade dans le temps, coll. «100 ans noir sur blanc», Les Éditions GID, 2004, p. 38.
Installations de l'ancienne papetière Eddy (à droite), jusqu'à récemment Domtar, maintenant Windmill Development Group, Ltd., et de la centrale Eddy