Note. – Selon un lecteur, la crocidolite décrite ici serait de l'antigorite bleue, une forme de serpentine. (Voir le commentaire dans ce billet.)
Fig. 1. Fénite de Perkins (Val-des-Monts), en Outaouais, au nord de Gatineau (Québec). Amphibole sodique bleue (arfvedsonite), feldspath potassique orangé (microcline), calcite ou dolomite blanchâtre ; le noir est du mica (phlogopite?). La pièce d'un dollar canadien, échangeable indifféremment contre quatre vingt-cinq cents ou quatre trente sous, a un diamètre de 26,5 mm.
En bref
Murs de crocidolite? dans des métasédiments à Cantley (Québec) ; province de Grenville du Bouclier canadien (1 milliard d'années).Localisation
Chemin Ste-Élizabeth, Cantley (Québec)
45.540454,-75.744129
Rue Noémie, Cantley (Québec)
45.541882,-75.75084
31G/12
Liens (dans ce blogue)
«Intraordinaire à Cantley», 21 nov. 2013
«Miroir de faille», 14 juill. 2012
«Chelsea : dykes et brèches de calcite», 6 nov. 2012
Photos
Chemin Ste-Élzabeth : juillet 2007
Rue Noémie : nov. 2012
«Les murs bleus de Cantley». Ça pourrait être le titre d'un roman Arlequin. Plus prosaïquement, je désigne ainsi les plans recouverts de crocidolite? bleue qui recoupent des métasédiments (quartzite ou paragneiss) à Cantley, au nord de Gatineau (Québec).
La crocidolite est une amphibole sodique, justement surnommée «amiante bleue»*. Dans le cas des murs décrits ici, il pourrait s'agir d'un autre type d'amphibole et je donne cette identification sous toutes réserves. La crocidolite? du chemin Ste-Élizabeth (fig. 5-8) se défait en fibres, mais aussi en tiges ou en lames longues de plusieurs cm ayant une consistance à la fois souple et cassante. Celle de la rue Noémie (fig. 2-4) a une couleur gris-vert qui ne doit pas nous alarmer : un même minéral peut se présenter sous des variétés de différentes teintes. Le titre du billet devrait donc être «Les murs bleus (ou verts) de Cantley».
* La crocidolite est «utilisée dans l'industrie, [elle est] hautement toxique, [et] provoque le cancer du poumon et le mésothéliome (cancer de la plèvre supérieure).» (Voir Wikiki.) En pleine nature, en gros cristaux pas très volatiles, il n'y a aucun danger.
Peut-être y a-t-il un lien entre les murs et la présence de plutons de granite gneissique à proximité de chacun d'eux (voir billet du 21 nov. 2013, lien plus haut) ? Peut-être s'agit-il de croissance de cristaux sur le plan d'un miroir de faille (slickenslides ; voir billet du 14 juillet, lien plus haut) ? Dans tous les cas, on a l'impression d'une croissance minérale le long d'un plan qui pourrait bien en effet être la trace d'une faille.
Enfin, nous ne voyons que les vestiges ou la bordure d'un corps qui devait avoir une certaine épaisseur.
L'amphibole bleue, le feldspath potassique orangé (microcline) ainsi que la présence d'hématite rappellent les fénites** (voir le billet du 6 nov. 2012) observées ailleurs à Cantley et à l'est de la municipalité, à Perkins (Val-des-Monts) (Hogarth et al., 1987). Un élément important de ces fénites est l'arfvedsonite, un autre type d'amphibole sodique bleue qui se cristallise sous forme de petites aiguilles (cristaux aciculaires) parallèles ou enchevêtrées (voir fig. 1). On trouve aussi d'autres amphiboles sodiques, telle la riébeckite (dont la crocidolite est d'ailleurs la variété fibreuse) et la richtérite.
** Fénite : roche hôte modifiée par diffusion ou imprégnation (métasomatisme) suite à l'introduction d'une roche ignée alcaline ou d'une carbonatite.
Je ne suis pas minéralogiste et l'analyse chimique de mes échantillons est hors de ma portée. Les amphiboles bleues et vertes de Cantley, qu'elles soient fibreuses ou aciculaires, sont des manifestations d'un type de magmatisme rare qui se manifeste par des intrusions de fluides alcalins et de carbonatites, roches ignées composées de carbonates – minéralogiquement, c'est un peu comme du marbre fondu. Ici, nous avons non pas la roche intrusive, mais plutôt le résultat de son assimilation par les roches encaissantes (fénite). Selon toute vraisemblance, les fluides ont été canalisés par des fractures.
Fénites, carbonatites, minéraux alcalins, amphiboles aux noms imprononçables... Faute de trouver un moyen élégant de le boucler, je devrai soit renoncer à publier ce billet à moitié cuit, soit promettre de revenir sur le sujet.
Devinez quelle option j'ai prise.
Fig. 2. Rue Noémie, à Cantley (Québec) : mur de crocidolite? gris-vert. En rouge sombre : hématite.
Fig. 3. Gros plan de la fig. 2.
Fig. 4. Rue Noémie, Cantley. Le mur de crocidolite, discordant par rapport au paragneiss rubanés à gauche (au nord). L'affleurement est en marge d'un pluton de granite (monzonite quartzifère), au sud. Voir la fig. 8 du billet du 21 nov. 2013 (lien plus haut).
Fig. 5. Chemin Ste-Élizabeth (Cantley). Autre mur de crocidolite? dans (ou sur) un quartzite blanc. Le feldspath orangé semble recouper la crocidolite (voir fig. 8). L'orientation des cristaux de crocidolite est verticale, comme dans le cas de la rue Noémie.
Fig. 6. Autre vue de la fig. 5. La crocidolite est est aussi nommée amiante bleue. Le surnom semble bien s'appliquer ici. Des filons de feldspath orangé recoupent la crocidolite (voir fig. 8).
Fig 7. Gros plan de la crocidolite? du chemin Ste-Élizabeth. On dirait une sorte de plumage un peu mal en point...
Fig. 7 bis (ajout après mise en ligne). Détail de la fig. 7. Aspect effiloché et esquilleux de la crocidolite.
Fig. 8. Détail de la fig. 6. Du rouge (hématite), comme dans le cas de la fig. 2 ; le feldspath orangé recoupe la crocidolite.
«Les murs bleus de Cantley». Ça pourrait être le titre d'un roman Arlequin.
RépondreSupprimerSavoureux, une fois de plus!!!
Joyeuses fêtes Henri!
Rock on! (la pognes-tu?!)
En fait, c'est un billet très mal documenté : je n'ai jamais lu de roman Arlequin.
SupprimerDès que j'aurais compris la fin de ton message, je répondrai en conséquence. Mais je suis zéro pour les devinettes.
Sinon, joyeuses fêtes à toi aussi !