Photo © Jean-Louis Courteau, 2012 |
1. Des crêtes et «pieux» un «rouleau» : éléments résistants dans le marbre dissous par les eaux du lac Tremblant.
Note. – Des corrections et des remaniements (mots rayés, retouches [entre crochets] et «Ajout» à la fin du billet) ont été apportés au texte le 13 août 2012.
Fabuleux paysage sous-marin que Jean-Louis Courteau nous révèle. Courez aller y voir tout de suite (et n'oubliez pas de revenir ici ensuite). Jean-Louis vous promènera de la Mongolie éprouvée au lac Tremblant dans les Laurentides où vivent d'immortelles hydres. Tout ça, c'est est sérieux, de l'authentique, du féérique (moins enchanteur toutefois pour les Mongols, les touladis et autres ouananiches).
L'atmosphère est fantasmagorique (en autant que l'on puisse parler d'atmosphère sous l'eau, bien sûr).
Photo © Jean-Louis Courteau, 2012. |
2. Des pieux*, des planches qui surgissent du fond du lac comme la charpente d'une épave. Mais non, tout ça est minéral et naturel. Le rubanement du marbre est visible sur le «plancher» (lignes et saillies parallèles). Remarquez la taille, la même, qu'atteignent les deux grands éléments.
[* Des pieux ? non, des rouleaux, plutôt.]
[* Des pieux ? non, des rouleaux, plutôt.]
Résumé
Marbre du lac Tremblant, province de Grenville (un milliard d'années) du Bouclier canadien, culbuté par les forces tectoniques de façon à ce que son rubannement se présente à la verticale. Poli par les glaciers qui ont quitté le secteur il y a 10 000 ans, le marbre se dissout peu à peu sous les eaux du lac Tremblant. La disparition du marbre laisse en relief les lits ou rubans verticaux plus résistants, parfois rompus («plaques») ou repliés sur eux-mêmes («rouleaux»).
Marbre du lac Tremblant, province de Grenville (un milliard d'années) du Bouclier canadien, culbuté par les forces tectoniques de façon à ce que son rubannement se présente à la verticale. Poli par les glaciers qui ont quitté le secteur il y a 10 000 ans, le marbre se dissout peu à peu sous les eaux du lac Tremblant. La disparition du marbre laisse en relief les lits ou rubans verticaux plus résistants, parfois rompus («plaques») ou repliés sur eux-mêmes («rouleaux»).
Le lac Tremblant est traversé par une bande de marbre (calcaire, calcaire cristallin) rubanné ; quelques lits plus résistants à l'érosion forment des lignes de crêtes parallèles (photos 1 et 2), ce qui est banal.
Moins banales sont les «plaques» non moins parallèles (photos 2, 3 et 7), hautes de plusieurs cm (max. 75 cm, à l'estime) qui jaillissent du roc en compagnie de
C'est une vraie radiographie du marbre que nous offre le fond de ce lac.
Ces inclusions résistantes à l'érosion (gneiss, quartzite ou granite ?) que les forces tectoniques avaient bien auparavant redressées dans une position verticale, ont été dégagées par la dissolution graduelle du marbre. Il est difficile d'imaginer que cette dissolution ait eu lieu à une époque (hypohétique, je le précise) où des courants auraient accéléré l'érosion du marbre : ces fragiles structures ont eu besoin de calme pour subsister à leur lente mise au jour. («Jour» tamisé par les eaux du lac, of course.)
Photo © Jean-Louis Courteau, 2012 |
3. Lits résistants dans le marbre, peu à peu dégagés par la dissolution de ce dernier et peu à peu encroûtés et désagrégés à leur tour. On remarque les inclusions ne dépassent pas une certaine hauteur, plus ou moins la même d'une photo à l'autre. Le sommet de ces inclusions représente peut-être le niveau originel de la roche avant que ne débute la lente dissolution du marbre.
Si les «plaques» sont reliquats de lits plus durs dans le marbre ou d'intrusions concordantes dans celui-ci, les
Quelques-uns de ces
Il serait intéressant de chercher des indices de l'orientation de la structure des roches de l'endroit : rubanement et gneissosité (orientation des surfaces planes), éventuelles linéations (orientation des éléments allongés). Après tout, le lac Tremblant est situé dans un couloir (zone de cisaillement de Labelle-Kinonge) où, il y a un petit milliard d'années, se sont concentrées les effets des forces tectoniques qui ont façonné cette portion du Bouclier canadien. [Passage remanié.]
Photo © Jean-Louis Courteau, 2012. |
4. Falaise de marbre laminé, libre de grosses inclusions, sauf la formation plissée sur le fond du lac, percée d'une arche.
Il serait intéressant aussi de «prendre des mesures», histoire de vérifier si les plus grandes inclusions ont toutes à peu près la même taille. Ceci nous permettrait d'évaluer le taux d'érosion du marbre à partir d'une hypothétique surface originale. [Cette remarque reste valable.]
Il n'est pas rare de constater des dénivelés de l'ordre de ceux qu'on observe ici entre le marbre dissous et ses inclusions résistantes. Le long de la Gatineau, l'érosion du marbre par l'eau courante atteint plus de 50 cm à certains endroits, près de la berge. Comme le socle rocheux du secteur est fréquemment exposé à l'air libre, les inclusions ne survivent pas longtemps intactes à leur exhumation.
Voir les nombreux billets que j'ai consacrés dans ce blogue à l'île Marguerite, à Gatineau, en particulier celui-ci. (Voir aussi photos 5a et 5b.)
5a. Inclusion sombre en voie d'exhumation, marbre de l'île Marguerite à Gatineau. Photo Henri Lessard, 2012.
5b. Marbre lardé d'inclusions résistantes plissées, île Marguerite, à Gatineau. Photo © Henri Lessard, 2010.
Photo © Jean-Louis Courteau, 2012 |
6. Inclusion résistante plissée dans le marbre, au fond du lac Tremblant.
À toi, Jean-Louis
L'explication de Jean-Louis est probablement la bonne : loin des perturbations humaines, animales, végétales et météorologiques (j'en oublie ?) ces fragiles structures ont subsisté en étant laissées en paix :
«S'il est très fréquent de voir des inclusions dans les marbres, il l'est vraiment moins d'en observer de cette forme et de cette taille ! Mais je suppose qu'ici, sous l'eau, à l'abri des tempêtes, du gel, des vandales, des accidents du monde d'en-haut, l'érosion du calcaire cristallin au fil des siècles, des millénaires, s'est faite tout doucement... Le temps que ça a dû prendre m'étourdit !» (Aquadelic)
«Le temps que ça a dû prendre» ? Dans le secteur du lac Tremblant, il s'est écoulé, entre le départ des glaciers et aujourd'hui, environ 10 000 ans.
Notons que le secteur est trop au nord pour avoir été touché par les eaux de l'ancienne mer de Champlain.
Conclusion
Pendant que vous ébahissez du spectacles des merveilles de la nature, moi, je vais réfléchir à un autre de ses aspects : les humains devraient-ils continuer de se reproduire comme de banals mammifères ou plutôt se satisfaire de se régénérer comme les immortelles hydres ? (Cf. le billet de Jean-Louis.)
Photo © Jean-Louis Courteau, 2012 |
7. Ce qui semble être un filon de granite (?) discordant recoupe comme une lame de rasoir le marbre et la «plaque» redressée. Bel exemple de radiographie ou de tomographie par soustraction de la matière soluble !
AJOUT (13 août 2012)
Rouleaux impérieux
Impérieuse mise au point. Les «pieux» ne sont pas des pieux. Selon Jean-Louis, qui a tenu à apporter cette précision, il s'agit de rouleaux dont la section horizontale ressemblerait à un U, un C ou un G.
Des biofilms recouvrent les surfaces (plus d'un cm sur les surfaces verticales, jusqu'à 8 cm sur les surfaces horizontales), ce qui contribue à l'illusion de cylindres pleins.
Croquis des «pieux», Jean-Louis Courteau (2012).
Déjà, sur les photos, il était clair que certains «pieux» n'étaient que des fragments de lits résistants plissés et enroulés sur eux-mêmes.
Je reviendrai plus tard avec un supplément d'information.
Photo © Jean-Louis Courteau, 2012 |
Au pied du grand «pieu» : un fragment boudiné (rompu) d'un lit résistant s'est enroulé sur lui-même et a pris la forme d'un C fermé. S'il était coupé en deux, le pieu se révélerait posséder une structure enroulé semblable. L'épaisse couche de biofilm qui recouvre tout contribue à l'illusion.
Gros plan du petit rouleau. Extrait du vidéo (capture d'écran) accompagnant le billet de Jean-Louis. Supplément d'information à venir.
Une suite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire