PRENDRE DU RECUL
Cantley (Québec), route 307, juillet 2007 (le «1995», en haut à gauche, correspond à un numéro de fichier). Colline formée de paragneiss sombres envahis par des granites roses ou blancs (voir cet ancien billet d'où cette photo est extraite). La situation semble un peu confuse. On peut parler, dans ce genre d'invasion granitique, d'une migmatite, roche où l'hôte et le «survenant» se mêlent de façon intime en restant chacun reconnaissable.
© Google Earth.
Sur cette vue qui date du 10 juin 2004, la géologie de la colline apparaît dans route sa simplicité. Les taches claires des sills (ou lits) de granite les plus larges dessinent sur le fond sombre des paragneiss des lignes blanches en pointillé (migmatite lit-par-lit). La structure de l'ensemble est clairement NW-SE, conforme aux contours en plan de la colline. La position du X noir correspond à celle du X blanc de la première photo.
Sur cette vue qui date du 10 juin 2004, la géologie de la colline apparaît dans route sa simplicité. Les taches claires des sills (ou lits) de granite les plus larges dessinent sur le fond sombre des paragneiss des lignes blanches en pointillé (migmatite lit-par-lit). La structure de l'ensemble est clairement NW-SE, conforme aux contours en plan de la colline. La position du X noir correspond à celle du X blanc de la première photo.
Pour comprendre, parfois, suffit de prendre un peu de recul.
Ou d'altitude...
LOCALISATION
SNRC 31G/12
Sablière à Cantley (Québec). Route 307 (Montée de la Source), au Nord du chemin St-Andrew ; côté Est de la route.
Propr. : Les Entreprises Vetel Ltée, accès interdit, danger de chutes et d'éboulements.
AJOUT DE DERNIÈRE MINUTE
Les roches du sites ont déjà été décrites par Bellemare (2000) :
«Dans la partie sud-ouest de la carrière, on retrouve une roche calcosilicatée, foliée (gneiss), migmatisée (20-30%), à grain variant de fin à moyen, de couleur noir grisâtre, localement verdâtre. Elle contient surtout du feldspath plagioclase, un peu de quartz et 25 % de minéraux mafiques (amphibole, pyroxène et mica). La migmatite est de couleur rose orangé à rose blanchâtre, à grain variant de moyen à grossier, contenant surtout des feldspaths et du quartz. Le gneiss est coupé localement de matériel granitique lui donnant l'aspect d'une brèche.
Dans la partie nord-est de la carrière, en plus de la roche calcosilicatée, on note la présence de paragneiss à biotite, d'aspect rouillé, de quartzite et d'amphibolite. Toutes ces roches sont coupées par des dykes de composition granitique à grain variant de grossier à pegmatitique, de couleur brun orangé, contenant des feldspaths et du quartz bleu.
[...] La roche est coupée de plusieurs dykes cisaillés et altérés, marqués par une altération (épidotisation, carbonatation et pyritisation parfois massive) qui affecte aussi l'encaissant. Dans la partie sud-ouest de la carrière, on note la présence de niveaux décimétriques contenant surtout de la biotite.»
APPEL À TOUS
J'ai l'impression que cette description s'applique à la carrière ouverte à l'extrémité NW de la colline représentée sur la photo qui, en fait, est cadrée exactement comme si j'avais voulu cacher son existence à mes lecteurs. Bellemare ne mentionne pas le marbre, qui affleure au SE de la colline (voir mon ancien billet sur le sujet, lien déjà donné au début de ce billet). Notez que je n'ai jamais visité cette carrière que je n'ai aperçue que de la route, le site étant interdit.
Autrefois, dans les années 1990, la colline était plus impressionnante. La partie nord n'avait pas été «repaysagée». À la base de l'escarpement, l'imposant sill de granite orangé marqué par un X sur les photos allait en suivant la pente des gneiss et s'élevait vers le nord. Il contenait une enclave de gneiss suspendue, large de plusieurs m, et cisaillée, c.-à-d. coupée en deux parties tirées chacune dans un sens. Le plan de cisaillement, à ce qu'il me semble, suivait la pente du sill. Tout cela est maintenant caché par le sable et les arbustes censés agrémenter l'aspect du site. Je donne ces détails de mémoire, sous toute réserve.
Si quelqu'un a des photos de ces migmatites datant d'avant l'an 2000, je serais heureux de pouvoir les examiner.
Référence
Yves Bellemare, 2000, Inventaire des carrières de pierre, région du sud-ouest du Québec (SNRC 031F, 031G, 031K et 031H/13), ministère des Ressources naturelles, Québec, MB 2000-01, 176 pages, 3 cartes
Un site privé? Vraiment, vraiment dommage c'est digne de l'étiquette "Tas de Roche National" ou quelque chose comme ça. Blague à part, c'est un site extraordinaire, curieusement exotique. Merci de me le faire connaître.
RépondreSupprimerAh ! Monsieur, je ne veux pas froisser l'ami de la chlorophylle toujours en éveil en vous, mais si on n'avait pas eu quelque part l'idée «d'esthétiser» le site en y faisant pousser de la... végétation, il serait encore dans l'état beaucoup plus impressionnant qui était le sien jadis.
RépondreSupprimerCe vandalisme vert à caractère lithosphobique est orchestré par l'Hôtel de Ville elle-même, sinon en personne.
Mr. de Ville est vilain. L'herbe et ses défenseurs devraient à l'occasion céder un peu de terrain et ployer... Ici certainement! Quel beau site.
RépondreSupprimerIl faut nuancer la situation.
SupprimerLe Plan d’urbanisme de la ville de Cantley (2005) contient un passage sur l'impact visuel des carrières et sablières visibles depuis la route, p. 41 (le gras dans les passages cités est de moi) :
«L’impact visuel [des carrières et sablières] sur le paysage semble le plus décrié, surtout lorsque l’exploitation se fait en bordure d’une route et qu’aucun couvert végétal ne masque l’aire d’exploitation. Ainsi, les sites exploités en bordure des routes achalandées ou des circuits touristiques sont les plus dommageables pour la qualité de nos paysages, particulièrement lorsqu’ils sont visibles sur une grande distance. C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’une attention particulière doit être portée aux sites visibles de la montée de la Source [soit la route 307 qui passe devant les migmatites]. Par contre, la restauration de sites, une fois l’exploitation terminée, peut atténuer grandement les impacts négatifs de certains sites, particulièrement pour les carrières et sablières qui ne présentent pas de déformations importantes par rapport à l’état naturel du terrain environnant.»
Lien :
http://www.cantley.ca/fichiers%20pdf/urbanisme/plan%20urbanisme%20version%20finale%20aout2005.pdf
MAIS il contient aussi les recommandations suivantes (p. 55) :
«6.4 Valoriser les affleurements et les escarpements rocheux situés à l'ouest et à l’est de la montée de la Source, entre les chemins Holmes et St-Andrew*, en y constituant un parc géologique qui permettra la pratique d’activités éducatives et récréatives légères, voire un théâtre en plein-air.
6.5 Favoriser la création d’un circuit récréotouristique de type champêtre à quatre pôles, intégrant : a) l’axe patrimonial du chemin Ste-Élisabeth; b) le parc géologique de la montée de la Source; c) le chemin champêtre du Mont-des-Cascades et le paysage environnant; d) les équipements récréatifs du Mont-Cascades.»
M. de Ville n'est peut-être pas si vilain après tout, et ne semble pas l'ennemi inconditionnel des roches. Disons que son document est légèrement ambigüe.
* Les «affleurements et les escarpements rocheux» en question sont décrits dans des billets de ce blogue :
http://geo-outaouais.blogspot.ca/2009/11/en-cours-de-redaction-inacheve.html
http://geo-outaouais.blogspot.ca/2009/11/marbres-sculptes-par-les-glaciers.html