mercredi 21 mars 2012
Hors sujet : arc de brouillard
Fantôme diurne ? Ange gardien manquant de discrétion ? Non, arc-en-ciel blanc ou arc de brouillard.
Ou quand vous marchez dans le brouillard et qu'un arc-en-ciel blanc vous suit en demeurant toujours à la même distance.
Ce météore se forme à l'opposé du soleil, comme un arc-en-ciel, mais à partir de gouttelettes d'eau minuscules (moins de 100 micromètres). La lumière, très peu décomposée, demeure blanche. (Voir Wikiki.)
C'est d'un très bel effet.
Pont Cartier-Macdonald, entre Gatineau et Ottawa, 21 mars 2012.
Libellés :
31G/05,
Arc de brouillard,
Hors-sujet
Pays/territoire :
Pont Macdonald-Cartier, Gatineau, QC, Canada
samedi 17 mars 2012
Lac Beauchamp : mise à jour de l'historique
Petite mise à jour concernant l'histoire de la carrière du lac Beauchamp, à Gatineau : voir tout en bas de cet ancien billet.
Grès du lac Beauchamp : minuscules trains de fractures de broutage laissés par des fragments de roches trainés par les glaciers. La progression de la glace s'est faite du NW vers le SE, le côté convexe des croissants pointant vers l'amont du mouvement. Voir ce billet pour explications.
Cette surface rocheuse n'a pratiquement pas été altérée depuis le départ de glaciers il y a 12 000 ans. De fins détails sont encore visibles. La cassure est survenue après l'impression des marques dans le grès. (Photo 15 octobre 2011 : il faisait beau, ciel bleu avec passages nuageux...)
Cette surface rocheuse n'a pratiquement pas été altérée depuis le départ de glaciers il y a 12 000 ans. De fins détails sont encore visibles. La cassure est survenue après l'impression des marques dans le grès. (Photo 15 octobre 2011 : il faisait beau, ciel bleu avec passages nuageux...)
dimanche 11 mars 2012
Histoire minière de l'Outaouais III
Suite de la «Partie II».
LES CARRIÈRES (2012)
Les calcaires et dolomies* ordoviciens affleurent le long de la rivière des Outaouais, de Thurso à Fort-Coulonge et, en particulier, à Hull et Aylmer (aujourd'hui Gatineau). La région leur doit la «pierre grise» si caractéristique qui a servi à édifier murets, maisons, collèges, églises et bâtiments publics. Aujourd'hui, on en fait de la pierre concassée (quatre carrières à Gatineau).
* Calcaire magnésien.
Dès le XIXe siècle, on a exploité le grès cambro-ordovicien dans la région de Montebello et de Papineauville et le manoir Louis-Joseph Papineau a été construit avec cette pierre. Au lac Beauchamp, à Gatineau, comme il a été mentionné à la «Partie II», le grès, broyé sur place, a produit de la silice pour l'industrie du verre dans les années 1930 et 1940.
Le granit est exploité dans les Laurentides (Brownsburg) et près de Mont-Laurier (Guénette) depuis le début du XXe siècle. Le marbre dolomitique précambrien (distinct de la dolomie ordovicienne) de Portage-du-Fort a servi, au XIXe siècle, à répondre aux besoins locaux, de même que la pierre de petites carrières ailleurs dans l'Outaouais (voir carte). Des carrières sont actives à Labelle (gneiss) et à Mirabelle (granit).
ACTIVITÉ ACTUELLE
Texte original de 1998, mises à jour (2012) entre [crochets]. Cette méthode de révision peut manquer de subtilité, mais elle a l'avantage de donner une épaisseur temporelle à ce qui prétendait n'offrir à l'origine qu'un instantané.
L’industrie des mines et de l’extraction de la pierre, qui employait 700 salariés entre 1940 et 1950, s'efface au point de presque disparaitre durant les années 1970 en Outaouais. [En 2009, le secteurs des mines n'offrait du travail qu'à 76 personnes dans cette région. Les Laurentides s'en tirent mieux, pour la même année, avec 318 emplois (MRNF ; 2011).]
La mine Saint-Aimé-du-lac-des-Îles, l’une des seules mines de graphite en Amérique du Nord [et l'unique au Canada], ouverte en 1989 au sud de Mont-Laurier (Stratmin Graphite inc., [devenue Timcal Canada Inc. en 2002, emploie à elle seule 55 personnes (Marquis ; 2011)]. On y extrait le graphite contenu en paillettes dans du marbre.
La Golden Calumet Exploration a entrepris des forages sur le site de l'ancienne mine de zinc-plomb-argent-or New Calumet, dans l’île du Grand Calumet, qu'elle envisage de rouvrir pour ses réserves en or et en argent. [2012 : aucune suite appréciable, mais Nantel (2006) indique que le cas de cette mine est «à évaluer».]
Des gîtes et des indices de zinc et plomb ont justifié l'entreprise de travaux d’exploration dans la région de Gracefield-Maniwaki, de Mont-Laurier et de L’Ascension. La prospection du graphite se concentre dans la région de Hull-Buckingham [Gatineau aujourd'hui], de Mont-Laurier et de Lachute. Le potentiel d’anciennes mines est réévalué et de nouveaux indices de graphite ont été découverts (région de Buckingham, de Saint-Jovite et de Bouchette). On prospecte la wollastonite au nord de Hull [Gatineau], dans la région de Grenville, de Saint-Jovite et de Saint-Sauveur. Des gîtes de diopside, dans la région de l’île du Grand Calumet, de Wakefield et de Lost River, sont étudiés. [Tout ceci : aucune suite appréciable (2012).]
La région de l’ancienne mine Renzy de cuivre-nickel suscite un intérêt nouveau pour son potentiel en platine et en cobalt. Certains terrains considérés comme stériles du point de vue minier, en particulier un complexe gneissique dans la réserve faunique Papineau-Labelle, pourraient abriter des sulfures massifs (chalcopyrite) porteurs de cuivre. Leur contexte serait aussi favorable à la présence d’or. C’est là plusieurs régions jusqu’ici négligées qui s’offrent à la prospection. [2012 : aucune suite appréciable et, de toute façon, quelle est l'idée d'aller prospecter dans une réserve faunique ?]
Des indices d’uranium, de thorium et de molybdène sont étudiés dans la région de Maniwaki - Grand-Remous et dans le Pontiac. Des indices de terres rares se trouvent dans la région de Maniwaki-Gracefield [ainsi qu'au nord de Gatineau (Stelmine Canada ltée)]. [2012 : aucune suite appréciable, mais la prospection de l'uranium rencontre de fortes oppositions de la part des populations locales. (Voir plus bas, texte et liens, ainsi que carte ci-haut.)]
[Nantel (2006) souligne le potentiel en uranium, molybdène, zinc, cuivre, nickel et en or du Pontiac.]
[2012 : Des microdiamants et des minéraux indicateurs de la présence de diamants ont été découverts dans les sédiments glaciaires près du lac Bryson, en 1992. Des recherches ont été entreprises afin de repérer une lamproïte, roche mafique potentiellement diamantifère. L'entreprise semble avoir été abandonnée, faute de résultats prometteurs.]
CONCLUSION GÉNÉRALE (2012)
En Outaouais, les activités d'exploration se concentrent sur la prospection du cuivre, du zinc et des terres rares.
Dans la région des Laurentides, l’exploration pour le cuivre-nickel et les terres rares se poursuit. Les recherches pour l’uranium et les minéralisations en fer-cuivre-or de type IOCG (Iron oxyde-Copper-Gold : voir Wikiki, comme d'habitude), qui ont eu cours ces dernières années, sont pratiquement abandonnées.
Après avoir été à la fin du XIXe siècle la principale région minière au pays, l'Outaouais et les Laurentides, avec moins de 0,5 % des dépenses en travaux d’exploration et de mise en valeur au Québec en 2009, font figure de parents pauvres (MRNF ; 2011).
Est-ce si grave ?
Il n'est pas certain que tous s'accordent à présent pour considérer les gisements minéraux comme une richesse. L'exploitation minière amène avec elle son lot de problèmes environnementaux et la seule prospection rencontre souvent une farouche opposition de la part de la population qui a l'impression, pas si fausse que ça, que la loi, au Québec, favorise l'industrie au détriment du simple citoyen qui, à la limite, n'est propriétaire que de la couche de poussière superficielle sur son terrain, le sous-sol, bien de la Couronne, étant accessible à qui veut le «miner». (Voir par exemple ces sites Internet : lien et lien.) L'opposition se cristallise (sans jeu de mots) surtout autour du cas de l'uranium. La petite taille des gisements, leur faible teneur et leur dispersion cause problème : en compliquant la découverte de gîtes exploitables (du point de vue des compagnies minières), en éparpillant la prospection et l'éventuelle production sur un large territoire (du point de vue des habitants du dit territoire)...
MISE À JOUR (13 mars 2012)
Juste au moment où je termine ce billet, le nouveau rapport annuel sur les activités minières au Québec est publié.
En voici l'essentiel en deux extraits :
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
Carte modifiée de : Jacob et Ledoux (2003). Elle donne une bonne idée de l'étendue des affleurements du calcaire et de la dolomie ordoviciens ainsi que du grès cambro-ordovicien en Outaouais (bleu foncé).
LES CARRIÈRES (2012)
Les calcaires et dolomies* ordoviciens affleurent le long de la rivière des Outaouais, de Thurso à Fort-Coulonge et, en particulier, à Hull et Aylmer (aujourd'hui Gatineau). La région leur doit la «pierre grise» si caractéristique qui a servi à édifier murets, maisons, collèges, églises et bâtiments publics. Aujourd'hui, on en fait de la pierre concassée (quatre carrières à Gatineau).
* Calcaire magnésien.
Dès le XIXe siècle, on a exploité le grès cambro-ordovicien dans la région de Montebello et de Papineauville et le manoir Louis-Joseph Papineau a été construit avec cette pierre. Au lac Beauchamp, à Gatineau, comme il a été mentionné à la «Partie II», le grès, broyé sur place, a produit de la silice pour l'industrie du verre dans les années 1930 et 1940.
Le granit est exploité dans les Laurentides (Brownsburg) et près de Mont-Laurier (Guénette) depuis le début du XXe siècle. Le marbre dolomitique précambrien (distinct de la dolomie ordovicienne) de Portage-du-Fort a servi, au XIXe siècle, à répondre aux besoins locaux, de même que la pierre de petites carrières ailleurs dans l'Outaouais (voir carte). Des carrières sont actives à Labelle (gneiss) et à Mirabelle (granit).
ACTIVITÉ ACTUELLE
Texte original de 1998, mises à jour (2012) entre [crochets]. Cette méthode de révision peut manquer de subtilité, mais elle a l'avantage de donner une épaisseur temporelle à ce qui prétendait n'offrir à l'origine qu'un instantané.
L’industrie des mines et de l’extraction de la pierre, qui employait 700 salariés entre 1940 et 1950, s'efface au point de presque disparaitre durant les années 1970 en Outaouais. [En 2009, le secteurs des mines n'offrait du travail qu'à 76 personnes dans cette région. Les Laurentides s'en tirent mieux, pour la même année, avec 318 emplois (MRNF ; 2011).]
La mine Saint-Aimé-du-lac-des-Îles, l’une des seules mines de graphite en Amérique du Nord [et l'unique au Canada], ouverte en 1989 au sud de Mont-Laurier (Stratmin Graphite inc., [devenue Timcal Canada Inc. en 2002, emploie à elle seule 55 personnes (Marquis ; 2011)]. On y extrait le graphite contenu en paillettes dans du marbre.
La Golden Calumet Exploration a entrepris des forages sur le site de l'ancienne mine de zinc-plomb-argent-or New Calumet, dans l’île du Grand Calumet, qu'elle envisage de rouvrir pour ses réserves en or et en argent. [2012 : aucune suite appréciable, mais Nantel (2006) indique que le cas de cette mine est «à évaluer».]
Des gîtes et des indices de zinc et plomb ont justifié l'entreprise de travaux d’exploration dans la région de Gracefield-Maniwaki, de Mont-Laurier et de L’Ascension. La prospection du graphite se concentre dans la région de Hull-Buckingham [Gatineau aujourd'hui], de Mont-Laurier et de Lachute. Le potentiel d’anciennes mines est réévalué et de nouveaux indices de graphite ont été découverts (région de Buckingham, de Saint-Jovite et de Bouchette). On prospecte la wollastonite au nord de Hull [Gatineau], dans la région de Grenville, de Saint-Jovite et de Saint-Sauveur. Des gîtes de diopside, dans la région de l’île du Grand Calumet, de Wakefield et de Lost River, sont étudiés. [Tout ceci : aucune suite appréciable (2012).]
La région de l’ancienne mine Renzy de cuivre-nickel suscite un intérêt nouveau pour son potentiel en platine et en cobalt. Certains terrains considérés comme stériles du point de vue minier, en particulier un complexe gneissique dans la réserve faunique Papineau-Labelle, pourraient abriter des sulfures massifs (chalcopyrite) porteurs de cuivre. Leur contexte serait aussi favorable à la présence d’or. C’est là plusieurs régions jusqu’ici négligées qui s’offrent à la prospection. [2012 : aucune suite appréciable et, de toute façon, quelle est l'idée d'aller prospecter dans une réserve faunique ?]
Nantel (2006) : l'uranium, claims et travaux, dans le Pontiac. À rapprocher de la carte de Lamothe (2009) placée dans le deuxième billet de cette série.
Des indices d’uranium, de thorium et de molybdène sont étudiés dans la région de Maniwaki - Grand-Remous et dans le Pontiac. Des indices de terres rares se trouvent dans la région de Maniwaki-Gracefield [ainsi qu'au nord de Gatineau (Stelmine Canada ltée)]. [2012 : aucune suite appréciable, mais la prospection de l'uranium rencontre de fortes oppositions de la part des populations locales. (Voir plus bas, texte et liens, ainsi que carte ci-haut.)]
[Nantel (2006) souligne le potentiel en uranium, molybdène, zinc, cuivre, nickel et en or du Pontiac.]
[2012 : Des microdiamants et des minéraux indicateurs de la présence de diamants ont été découverts dans les sédiments glaciaires près du lac Bryson, en 1992. Des recherches ont été entreprises afin de repérer une lamproïte, roche mafique potentiellement diamantifère. L'entreprise semble avoir été abandonnée, faute de résultats prometteurs.]
CONCLUSION GÉNÉRALE (2012)
En Outaouais, les activités d'exploration se concentrent sur la prospection du cuivre, du zinc et des terres rares.
Dans la région des Laurentides, l’exploration pour le cuivre-nickel et les terres rares se poursuit. Les recherches pour l’uranium et les minéralisations en fer-cuivre-or de type IOCG (Iron oxyde-Copper-Gold : voir Wikiki, comme d'habitude), qui ont eu cours ces dernières années, sont pratiquement abandonnées.
«[...] les dépenses d’exploration pour l’uranium sont passées [au Québec] de 1,4 M$ en 2004 à 48 M$ en 2009 [...] L’exploration pour certaines substances que le Québec ne produit pas à l’heure actuelle a aussi commencé à apparaître, particulièrement pour les éléments des terres rares (ÉTR) et le lithium. L’utilité de ces substances, notamment dans les produits de haute technologie et les piles rechargeables, jumelée à une demande croissante et à des craintes quant à l’approvisionnement, expliquent cet intérêt croissant.» (MRNF ; 2011)
Après avoir été à la fin du XIXe siècle la principale région minière au pays, l'Outaouais et les Laurentides, avec moins de 0,5 % des dépenses en travaux d’exploration et de mise en valeur au Québec en 2009, font figure de parents pauvres (MRNF ; 2011).
Est-ce si grave ?
Il n'est pas certain que tous s'accordent à présent pour considérer les gisements minéraux comme une richesse. L'exploitation minière amène avec elle son lot de problèmes environnementaux et la seule prospection rencontre souvent une farouche opposition de la part de la population qui a l'impression, pas si fausse que ça, que la loi, au Québec, favorise l'industrie au détriment du simple citoyen qui, à la limite, n'est propriétaire que de la couche de poussière superficielle sur son terrain, le sous-sol, bien de la Couronne, étant accessible à qui veut le «miner». (Voir par exemple ces sites Internet : lien et lien.) L'opposition se cristallise (sans jeu de mots) surtout autour du cas de l'uranium. La petite taille des gisements, leur faible teneur et leur dispersion cause problème : en compliquant la découverte de gîtes exploitables (du point de vue des compagnies minières), en éparpillant la prospection et l'éventuelle production sur un large territoire (du point de vue des habitants du dit territoire)...
MISE À JOUR (13 mars 2012)
Juste au moment où je termine ce billet, le nouveau rapport annuel sur les activités minières au Québec est publié.
En voici l'essentiel en deux extraits :
«Trois projets [...] de cartographie à l’échelle de 1/50 000 de dépôts quaternaires ciblent les régions de la Montérégie, de la Capitale-Nationale et de l’Outaouais.» (MRNF ; 2012, p. 24)
«En 2011, les travaux d’exploration pour le zinc se sont poursuivis dans la région de l’Outaouais et ceux pour le cuivre, le niobium ainsi que les éléments de terres rares, dans la région des Laurentides. Plusieurs projets ont été abandonnés ou suspendus à la suite de l’introduction dans le projet de loi no 14 de l’article 91 interdisant l’exploration minière sur les territoires affectés à la villégiature. D’autres projets sont à l’étape de consultation auprès des communautés autochtones, des municipalités ou des propriétaires fonciers. En fin d’année, quatre sociétés ont acquis plusieurs propriétés de graphite en Outaouais et dans les Laurentides. Le regain d’intérêt pour cette substance vient de ses nouvelles applications, notamment dans les domaines des piles (batteries au lithium-ion, piles à combustible), de l’énergie solaire et de l’énergie nucléaire. Le marché du graphite pour les usages traditionnels comme l’acier et l’industrie automobile est aussi en hausse. Cet intérêt explique en partie l’augmentation de 32 % du nombre de claims dans les Laurentides en 2011, comparativement aux données de 2010. Au total, 3976 claims étaient en vigueur en Outaouais en 2011, ce qui représente une augmentation de 49 % par rapport à 2010 [...]. Une partie des nouveaux claims ont été enregistrés pour l’exploration du cuivre, du nickel et des éléments de terres rares.» (MRNF ; 2012, p.39)
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
- Avramtchev, L., 1992 – Carte minérale de la région de Montréal - Mont-Laurier. Québec, ministère de l'Énergie et des Ressources, PRO 90-05, carte (1/2 000 000).
- Blanchard, R, 1949 – «Études canadiennes (Troisième série). III. Les pays de l'Ottawa.» Revue de géographie alpine, 1949, tome 37, n°2. p. 135-272. doi : 10.3406/rga.1949.5460
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1949_num_37_2_5460 - Boivin, D., 1985 – Roches et minéraux du Québec – Guide d’excursions pour le collectionneur. Conseil de développement du loisir scientifique, Montréal, 142 p.
- Collectif, 1938 – Le Nord de l’Outaouais. Le Droit, Ottawa, 396 p.
- Direction de la géologie, ministère des Richesses naturelles du Québec, 1997 – Rapport sur les activités d’exploration minière au Québec. DV 98-01, 90 p.
- Dresser, J.A., Denis, T.C., 1951 – Géologie du Québec, volume III – Géologie économique. Min. des Mines, Québec, RG-20, 641 p.
- Fletcher, K., 1998 – Promenades historiques dans le Parc de la Gatineau. Trad. Renaud, A. et Charlebois-Renaud, M.-A., Chesley House Publications, Quyon (Québec), 148 p.
- Fontanel, P., 1924 – Minéraux et roches du Canada. Imprimerie du Messager, Montréal, 430 p.
- Girault, J., Ledoux, R., 1991 – Guide pratique d’identification des minéraux. Publications du Québec, 114 p.
- Hébert, Y., 1988 – Inventaire des minéraux industriels de la région de Wakefield. MÉRQ, DP 87-21, 47 p., avec une carte au 1:50 000.
- Hogarth, D.D., 1962 – «A guide to the geology of the Gatineau-Lièvre district.» The Can. Field-Nat., v. 76, no 1, 55 p.
- Hogarth D.D., Moore J.M., dans : Baird D.M. (compil. et édit.), 1972 — Géologie de la région de la Capitale nationale. Commision géologique du Canada, livret guide bilingue, 24e congr. géol.
- Hogarth, D.D., 1975 – Pioneer mines of the Gatineau region, Quebec. Town Beavers, Publishers Reg’d, 44 p.
- Hogarth, D.D., 1998 – «Stanislas Franchot and his Buckingham Mines.» Up the Gatineau!, vol. 24, p. 16-23.
- Jacob, H.-L., Ledoux, R., 2003 – Les pierres à bâtir dans les constructions anciennes au Québec. Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des parcs, GT 2003-01, 18 p.
- Jacob, H.-L., Nantel, S., 1990 – «L’exploration et la mise en valeur des minéraux industriles dans la Province de Grenville, Québec, dans les années 80.» CIMB, vol. 83, no 934, février 1990, p. 84-91.
- Lamothe, D., 2009 – Uranium dans l'environnement secondaire et minéralisations uranifères. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, carte (1/2 000 000).
- Landry, B., Mercier, M., 1992 – Notions de géologie avec exemples du Québec. Modulo Éditeur, 3e éd., Montréal.
- MRNF, R., dir., Rapport sur les activités minières au Québec : 2010. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, DV 2011-01.
- MRNF, R., dir., Rapport sur les activités minières au Québec : 2011. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, DV 2011-02.
- Nantel, S. (dir.), Madore, L.., Lamothe, D., 2006 – Activités d’exploration, gîtes minéraux et potentiel minéral - MRC de Pontiac. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (diaporama téléchargé).
- Sabina, A.P., 1986 – Roches et minéraux du collectionneur, Buckingham - Mont- Laurier-Grenville, Québec ; Hawkesbury-Ottawa, Ontario. CGC, rapp. div. 33, 96 p.
- Sabina, A.P., 1987 – Roches et minéraux du collectionneur; Hull-Maniwaki, Québec ; Ottawa-Peterborough, Ontario. CGC, rapp. div. 41, 187 p.
- Tremblay, P., Corriveau, L., Daignault, R.-A., 1996 – Si la Terre m’était contée ; géologie de la réserve faunique de Papineau-Labelle. INRS-Géoressources, 64 p.
- Van Velthuizen, J., 1998 – The Gow (Blackburn Mine, Cantley, Québec). Gratitude Press Canada, 214 p., reliure spirale.
jeudi 8 mars 2012
Séismes et tout le tremblement (ajouts)
Ressources naturelles Canada rend disponible au téléchargement une série de documents sur les séismes au Canada.
Rendez-vous ici et cliquez sur «Nouveautés du SST» dans le menu «La librairie de la CGC», à droite.
Les documents en question ont été publiés le 8 mars 2012. Après un certain temps, ils disparaîtront des nouveautés et il faudra faire une recherche par GEOSCAN pour les localiser.
On y trouve des choses comme Seismic hazard analysis for Montreal, The 2010 Val-des-Bois Quebec earthquake (le lien de la version française était défectueux quand j'ai voulu l'activer), Local site effects in Ottawa, etc.
Voir aussi mes billets sur le séisme de Val-des-Bois.
AJOUT (9 mars 2012). — Je me suis peut-être emballé trop vite. Plusieurs de ces documents datent de quelques années et, pour certains, je les avais déjà. Mais ça n'altère en rien leur intérêt.
AJOUT (10 mars 2012). — Camembert éclaté très instructif. Notez qu'il a été publié avant le séisme de juin 2010 à Val-des-Bois.
Rendez-vous ici et cliquez sur «Nouveautés du SST» dans le menu «La librairie de la CGC», à droite.
Les documents en question ont été publiés le 8 mars 2012. Après un certain temps, ils disparaîtront des nouveautés et il faudra faire une recherche par GEOSCAN pour les localiser.
On y trouve des choses comme Seismic hazard analysis for Montreal, The 2010 Val-des-Bois Quebec earthquake (le lien de la version française était défectueux quand j'ai voulu l'activer), Local site effects in Ottawa, etc.
Zone sismique de l'ouest du Québec et le séisme de Val-des-Bois, 23 juin 2010.
Tiré de : EARTH SCIENCES SECTOR, GENERAL INFORMATION PRODUCT 72,
The 2010 Val-des-Bois Quebec earthquake, Canadian Hazard Information Service, 2010
The 2010 Val-des-Bois Quebec earthquake, Canadian Hazard Information Service, 2010
Voir aussi mes billets sur le séisme de Val-des-Bois.
AJOUT (9 mars 2012). — Je me suis peut-être emballé trop vite. Plusieurs de ces documents datent de quelques années et, pour certains, je les avais déjà. Mais ça n'altère en rien leur intérêt.
AJOUT (10 mars 2012). — Camembert éclaté très instructif. Notez qu'il a été publié avant le séisme de juin 2010 à Val-des-Bois.
EARTH SCIENCES SECTOR, GENERAL INFORMATION PRODUCT 66,
Deaggregation of seismic hazard for selected Canadian cities, Halchuk, S; Adams, J, 2004
Deaggregation of seismic hazard for selected Canadian cities, Halchuk, S; Adams, J, 2004
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mercredi 7 mars 2012
Histoire minière de l'Outaouais II
Suite de la «Partie I».
LES MINES
Les mines sont énumérées dans l’ordre approximatif du début de l’exploitation des minéraux. Voir le billet «Géolo-chronologie» pour le contexte géologique.
Fer
Mines Forsyth et Baldwin. — (Voir la série de billets que j'ai consacrés à la mine Forsyth.) Le gisement de magnétite Forsyth, à Hull (Gatineau), près de l’actuel boulevard Cité-des-Jeunes, a été découvert en 1801 lors des travaux d’arpentage qui suivirent l’établissement de Philemon Wright* par l’effet que la masse de fer avait sur les boussoles qu’elle faussait. Ce n’est qu’après que son fils Ruggles Wright eut vendu la propriété à la Forsyth and Company of Pennsylvania, en 1854, que de véritables travaux commencèrent. Dès la fin de cette année, quelques centaines de tonnes du minerai étaient extraites et une partie était expédiée à Pittsburg alimenter les fourneaux de la compagnie. Entre 1854 et 1860, 15 000 tonnes de minerai furent expédiées à Cleveland, en Ohio.
* Fondateur des premiers établissements dans le canton de Hull.
Un chemin privé, le futur chemin Freeman, fut tracé pour acheminer le minerai jusqu’à un embarcadère sur la rivière Gatineau. De là, il était expédié vers Kingston, par le canal Rideau, puis vers Cleveland. La mine employait une douzaine d’hommes qui pouvaient extraire jusqu’à 1300 tonnes par mois.
En 1862, les activités cessent, la mine ne pouvant concurrencer la mine de Newborough, située près de canal Rideau et dont le fer pouvait être transporté à moindre frais.
La Canada Iron Mining and Manufacturing Company devient propriétaire de la mine en 1866. Elle fait ériger un haut fourneau destiné à la production de fonte à Ironside, près de l’embarcadère, en 1867. Mal utilisé, il était hors d’usage l’année suivante. Le Grand Feu de 1870, qui ravagea la forêt depuis Breckenridge* jusqu’au nord de Hull, rasa les installations d’Ironside, ainsi qu'une cinquantaine de maisons où vivaient les ouvriers de la mine avec leur famille.
* Localité sur l'Outaouais, 18 km à l'ouest d'Ironside.
Après l’incendie, un groupe de six entrepreneurs des États-Unis et de la région achètent la mine et fondent la Forsyth Mining Company. Sous la direction de Alanson H. Baldwin, d’Ottawa, la compagnie acquière en 1871 des lots de la famille Pink, sur lesquels se trouve un autre gisement, plus petit, connu depuis sous le nom de mine Baldwin.
En 1872, une machine à vapeur vient faciliter les travaux de forage. Le travail continue à se faire en grande partie à la main (ou plutôt à la pioche...) On utilisait la dynamite, tout récemment inventée (1866). L’extraction se faisait dans une tranchée à ciel ouvert qui menait à un puits de 50 mètres de profondeur.
Le minerai continuait à prendre la direction de Cleveland, via Kingston. Entre 1871 et 1874, la mine Forsyth produisit 35 000 tonnes de minerai, tandis que la mine Baldwin en produisait 3 000.
Mais les droits de la famille Pink sur les terrains vendus par elle étaient contestables. Une action en justice, menée par John Stuart, d’Ottawa, est tranchée en 1877 en faveur de ce dernier et prive la compagnie des terrains « Pink » et donc de la mine Baldwin.
Les gisements sont abandonnés. En 1901, la Forsyth and Company remet la mine Forsyth en exploitation jusqu’en 1918. On creuse un second puits de 36 mètres par où on accédait à une galerie longue de 27 mètres.
Des sondages effectués en 1958-1959 ont permis d’estimer à 4 250 000 tonnes les réserves de minerai jusqu’à une profondeur de 200 m. La teneur en fer du minerai dépasse les 50 %.
En 1976-1977, on envisagea de rouvrir la mine Forsyth, dans l’espoir de garder active une partie des installations de transformation de la mine Hilton, fermée pour cause d’épuisement du minerai (voir plus bas).
Aujourd’hui, il ne subsiste de visible des mines Forsyth et Baldwin que des tranchées et des puits condamnés. Près du sentier qui mène à la tranchée principale, à partir du boulevard Cité-des-Jeunes, se trouve un wagonnet abandonné, couvert de rouille.
Mine Haycock. — Découvert en 1865, le gisement d’hématite-illménite Haycock, à Cantley, à l’ouest de la montée Paiement, n’a été exploité qu’une courte période de temps, de 1872 à 1876. Des rails en bois, d’une longueur de 10 km, reliait la mine à la rivière Gatineau. L'importance du gisement avait été grossièrement surévaluée par les promoteurs.
(Les mines Forsyth et Haycock sont nées durant la grande période de construction de chemins de fer en Amérique du Nord, entre 1850 et 1875. La fin de cette période, la baisse du prix du fer et surtout la découverte de meilleurs gisements ailleurs au Canada, expliquent leur abandon.)
Mine Hilton (mine Bristol). — Cette mine de magnétite de la région de Shawville a connu deux vies avant de fermer, le minerai étant épuisé. Le fer de la mine Bristol (1873 à 1894) – la principale mine de ce métal au Canada à l'époque – a été exporté en Belgique, en Angleterre et en Pennsylvanie. Cinquante-sept millions de tonnes de minerai de fer ont été extraites de la mine Hilton (1956-1977).
Il existe aussi dans l’Outaouais des gisements de magnétite zincifère (voir section «Zinc-plomb»).
Apatite et mica (phlogopite)
(Voir ce billet récent sur la géologie de ces gisements.) Vers 1870, on entreprenait l’exploitation des innombrables gisements d’apatite (de fluorapatite, pour être plus précis) qui parsèment le territoire de l’Outaouais. Plusieurs mines furent ouvertes dans la région inférieure des rivières Gatineau et du Lièvre (cantons de Hull, Templeton et Portland), au coût d’investissements considérables, avec pour résultat de faire de la région le centre minier le plus actif au pays. Le travail s’effectuait à ciel ouvert, dans des tranchées, ou par des galeries souterraines. On rapporte qu’un cristal parfait d’apatite, d’un poids de 320 kg, long de 215 cm et large de 120, a été un jour découvert. On échoua à le dégager intact.
L'apatite, minéral de la famille des phosphates, servait à l'industrie chimique et à la préparation de fertilisants.
Pendant une courte période, on pu croire que l'Outaouais deviendrait le principal exportateur de phosphate au monde. En 1885, année faste, 28 5000 tonnes de phosphate furent extraites et convoyées par 2000 mineurs et ouvriers. La mise en valeur des gisements de Floride et d'Afrique du Nord, autrement plus vastes et aisés à exploiter, brisa l'euphorie. En 1892, la plupart des mines étaient fermées ou converties à l'exploitation du mica.
Le mica apparut en effet comme la solution de rechange idéale : les deux minéraux, apatite et mica, étant associés dans les mêmes veines. Ironie suprême : l’usine de traitement de phosphate de Masson (1903-1932), ainsi que celle établie en 1897 à Buckingham, durent importer de Floride la totalité de leur matière première !
Après 1895, les gisements d’apatite furent donc exploités pour la phlogopite, ou mica ambré, traitée jusqu’alors comme un déchet. En effet, seule la muscovite (mica blanc) était considérée comme un matériau utilisable. Après que la phlogopite locale eût prouvé qu’elle égalait la muscovite, comme isolant notamment, son extraction et son exportation pût commencer, sans cesser d’être en butte à la concurrence de la muscovite indienne et de la phlogopite de Madagascar. La production de mica atteint son apogée vers 1910 et déclina après 1928.
La mine Blackburn, connu aussi sous le noms de mine Vavasour, et ouverte en 1878 à Cantley, fut déjà la plus importante mine de mica en occident. (Voir coupes et plan plus bas.) En 1881, 500 personnes travaillaient, à la mine elle-même ou aux ateliers de traitement du mica. C’est aussi la plus profonde des mines de la région : une des tranchées atteignait 200 m de profondeur. La mine cessa ses activités en 1964. Sa fermeture mit un terme à l’exploitation du mica en Outaouais.
Parmi les autres mines d’apatite-mica de la région, on peut mentionner la mine Nellie et Blanche (Cantley) ; les mines Wallingford* et Blackburn (Perkins) ; la mine High Rock (nord de Notre-Dame-de-la-Salette) et la mine Emerald (nord de Buckingham). Les apatites vertes de la mine Yates, près de Otter Lake, sont particulièrement renommées. À la mine Villeneuve (voir section consacrée au feldspath), on trouve de la muscovite, ou mica blanc, qu’on exploita de 1889 à 1898, puis en 1908-1909. Un cristal de muscovite, mesurant 75 cm par 55 cm et pesant 130 kg y fut extrait. Il contenait du mica pour une valeur de 500 $ (de l’époque). La carrière Leduc, mieux connue pour ses tourmalines, a produit de la lépidolite, un mica contenant du lithium.
* Ne pas confondre avec la mine Back ou Wallingford (feldspath), située à Glen Almond, au nord de Buckingham, et dont nous parlerons plus bas.
Les gisements d’apatite-phlogopite de la région sont aujourd’hui abandonnés, mais non épuisés. Ils ne sont plus fouillés que par les amateurs à la recherche de beaux cristaux.
Barite (ou barytine)
Cette substance a été exploitée à la mine Foley de Cantley, entre 1892-1903. De la galène, associée à la barite, à été extraite d’un gisement à l’ouest de Buckingham. On trouve aussi de la barite près de Quyon.
Feldspath et quartz (silicium)
La région de Buckingham, avec celle de Saint-Pierre-de-Wakefield, a déjà été le principal producteur de feldspath au Québec. L’exploitation de ce minéral remonte à 1889 (mine Villeneuve – feldspath et mica) et ne cessa que récemment, mais c’est dans les années 1920 qu’elle connu sa période la plus intense. Les gîtes se trouvaient dans des pegmatites, source, en plus du feldspath (microcline et l’orthoclase, des feldspaths potassiques), de silice (quartz).
Mentionnons les deux sites principaux, ceux de la mine Back ou Wallingford (1924-1971) et de la mine Derry (1920-1969), toutes deux à Glen Almond, au nord de Buckingham. Si la plupart des gisements étaient attaqués à ciel ouvert, on a recouru dans leurs cas à des puits et des galeries souterraines. Le feldspath dentaire (dental spar), de qualité supérieur – il s’agit de microcline blanche sans impureté –, sert à la fabrication de dents artificielles. Jusqu’en 1930, date de l’ouverture d’un atelier à Buckingham pour broyer le feldspath et le quartz, la totalité de la matière extraite était expédiée à l’état brut à l’étranger, en premier lieu aux États-Unis.
À la mine Back ainsi qu’à la mine Villeneuve, au nord de Notre-Dame-de-la-Salette, se trouve de la péristérite, variété de feldspath sodique (ou plagioclase) pouvant être utilisée comme pierre gemme. Depuis 2002, dans le même secteur, Dentsply Canada ltd opère la mine Othmer et exploite une pegmatite pour le feldspath potassique.
La carrière d’amazonite (microcline vert) du lac Blue Sea, au sud de Maniwaki, est bien connue des collectionneur de minéraux.
On a exploité de 1957 à 1977, au sud du réservoir Baskatong, un banc de quartzite pur connu sous le nom de Montagne-Blanche.
Durant les années 1930 et 1940, la carrière du lac Beauchamp, à Gatineau («lac de la Mine»), a produit, à partir du grès du groupe de Potsdam, du silice pur qui était acheminé à Montréal où il servait à la fabrication du verre. (Voir ce billet d'une série consacrée au lac Beauchamp.)
Deux mines de silicium sont actuellement actives dans les Laurentides, la mine Saint-Canut (Unimin Canada ltd), elle aussi dans le grès de Potsdam (Lac-des-Deux-Montagnes), et la mine Saint-Rémi-d'Amherst (Société minière Gerdin inc.), dans un quarzite précambrien.
Kaolin et silice
La mine Silice-Kaolin de Saint-Rémi a donné, entre 1911 et 1946, du kaolin et de la silice.
Graphite
Les débuts de l’extraction du graphite dans la région remontent à 1866. Son exploitation, comme celle du feldspath, s’est concentrée surtout dans la région de Buckingham (mine Walker – 1876-1896, 1906), sans atteindre cependant une ampleur comparable. Dès le début des années 1930, l’extraction du graphite allait à son déclin et fut abandonnée. Cette industrie n’avait pu supporter la concurrence du graphite de Madagascar et de Ceylan en conjonction avec une baisse de la demande.
L’une des seules mines de graphite en Amérique du Nord, et maintenant l'unique au Canada, s’est ouverte en 1989 à 25 km au sud de Mont-Laurier, à Saint-Aimé-du-lac-des-Îles. Il s’agit de la mine Lac-des-Îles (Stratmin Graphite Inc., Timcal Canada inc. depuis 2002), où travaillent environ 55 personnes. On extrait le graphite contenu en paillettes dans du marbre.
Magnésite
À 15 km au nord de Grenville, la mine Kilmar exploitait une dolomie magnésitique (1914-1992).
Molybdénite
Au cours des deux guerres mondiales, la mine Moss-Quyon a profité de la forte demande en molybdène, utilisé pour renforcer l’acier des canons. (Le nom Moss est l’acronyme de la formule chimique de la molybdénite : MoS2.) Mentionnons les travaux, aussi durant les deux guerres, à la mine Chaput-Payne, sous le site de l’actuel belvédère Champlain du parc de la Gatineau.
Zinc-plomb (argent et or)
La mine New Calumet, à l’île du Grand Calumet, est la seule de la région à avoir produit (un peu) d’or et d’argent. La présence de zinc et de plomb – les principaux métaux extraits – était connu depuis 1893, mais la mise en valeur du gisement ne débuta véritablement qu’à partir de 1943. La mine est fermée depuis 1968, mais ses réserves d’or et d’argent – qu’on s’emploie actuellement à évaluer – lui vaudront peut-être une nouvelle vie.
À l’est de l’île du Grand Calumet, près de Bryson, on a découvert en 1978 un gîte de magnétite zincifère. La région de Maniwaki-Gracefield compte aussi un bon nombre de gîtes de zinc et de magnétite zincifère.
Nickel-cuivre
Le gisement de la mine Renzy (50 km à l’ouest de Grand-Remous), découvert en 1955, a été exploité de 1969 à 1972 pour son cuivre et son nickel. Près de Sainte-Véronique, se trouve un indice de cuivre-nickel, associé à des traces d’or et de platine.
Brucite
Deux carrières au sud de Wakefield ont exploité un marbre chargé de brucite; les carrières Cross (1959-1968) et Maxwell (1942-1968). Les gisements ne sont pas épuisés.
Uranium
L’Outaouais compte un grand nombre de gîtes de minéraux radioactifs. Malgré une prospection intensive, aucune véritable exploitation n’a vu le jour, les gisements étant trop petits et dispersés. Ces gisements se concentrent dans une région comprise entre Gatineau et Otter Lake et dans le secteur Maniwaki - Grand Remous - Mont-Laurier (voir carte des gisements, plus bas).
La mine d’uranium Yates, en particulier, près de Otter Lake (Pontiac), a été le site de travaux en 1953, après la découvertes de minéraux radioactifs (thorianite, uranothorite, uranophane, allanite). Cette mine, d’où l’on a d’abord extrait de la phlogopite, est mieux connue des collectionneurs pour ses splendides cristaux d’apatites vertes.
Il est intéressant de noter la fréquente association des gîtes de minéraux radioactifs avec les pegmatites, les gîtes de molybdénite et/ou les veines de calcite-apatite-phlogopite.
En vrac : tourmaline, grenat, amiante
La tourmaline noire est fréquente dans la région, et les collectionneurs recherchent les cristaux bien développés. De la tourmaline verte pouvant être utilisée comme pierre gemme a été un court moment extraite de la carrière Leduc, à l’ouest du lac Saint-Pierre (en 1908). On a exploité dans la région de Labelle du grenat, utilisé comme abrasif. On trouve de petits gîtes d’amiante-chrysotile, près de Poltimore notamment, mais les gisements n’ont aucune valeur économique. Un petit gisement (découverte personnelle) se trouve également dans le parc de la Gatineau.
RÉFÉRENCES
Seuls les travaux explicitement cités dans cette partie figurent ici ; une liste complète des sources consultées se trouve dans la troisième et dernière partie de cette série (lien à la fin de ce billet).
L'Outaouais (et un peu plus) : ressources minérales Détail modifié de : Avramtchev, L. (1992). |
Légende (simplifiée)
Paléozoïque ; plate-forme du Saint-Laurent
Silurien : 15) Calcaire, shale, grès
Ordovicien : 14) Groupe de Chazy, de Black River, de Trenton, formation d'Utica : grès, dolomie, calcaire, schiste ; 13) Groupe de Beekmantown : dolomie, schiste, calcaire
Cambrien : 12) Groupe de Potsdam : conglomérat, grès
Protérozoïque ; province de Grenville*
11) Granite massif ; 10) Orthogneiss charnockitiques ; 9) Granitoïdes charnockitiques ou non, mangérite, jutonite ; 8) Gabbro ; 7) Anorthosite ; 6) Granodiorite, diorite ; 5) Marbre, roches calco-silicatées ; 4) Paragneiss, quartzite ; 3) Migmatites (à trame de 1 ou de 4) ; 2) Gneiss granodioritiques, granitiques, etc.; 1) Complexe gneissique (à hornblende)*
* L'ordre de numérotation n'implique ici aucune séquence temporelle.
Texte rédigé en 1998, mis à jour pour sa publication dans ce blogue
(voir la première partie, à la fois introduction et résumé).
(voir la première partie, à la fois introduction et résumé).
Note. — Dans cette série de textes, j'ai annexé à l'Outaouais les Laurentides, tant il est difficile de faire coïncider les divisions administratives et géologiques, ces deux régions se partageant la «ceinture centrale des métasédiments» (définie dans ce billet) de la province géologique de Grenville : il m'est apparu inopportun de diviser pour des raisons administratives ce que la géologie avait réuni...
LES MINES
Les mines sont énumérées dans l’ordre approximatif du début de l’exploitation des minéraux. Voir le billet «Géolo-chronologie» pour le contexte géologique.
Fer
Mines Forsyth et Baldwin. — (Voir la série de billets que j'ai consacrés à la mine Forsyth.) Le gisement de magnétite Forsyth, à Hull (Gatineau), près de l’actuel boulevard Cité-des-Jeunes, a été découvert en 1801 lors des travaux d’arpentage qui suivirent l’établissement de Philemon Wright* par l’effet que la masse de fer avait sur les boussoles qu’elle faussait. Ce n’est qu’après que son fils Ruggles Wright eut vendu la propriété à la Forsyth and Company of Pennsylvania, en 1854, que de véritables travaux commencèrent. Dès la fin de cette année, quelques centaines de tonnes du minerai étaient extraites et une partie était expédiée à Pittsburg alimenter les fourneaux de la compagnie. Entre 1854 et 1860, 15 000 tonnes de minerai furent expédiées à Cleveland, en Ohio.
* Fondateur des premiers établissements dans le canton de Hull.
Un chemin privé, le futur chemin Freeman, fut tracé pour acheminer le minerai jusqu’à un embarcadère sur la rivière Gatineau. De là, il était expédié vers Kingston, par le canal Rideau, puis vers Cleveland. La mine employait une douzaine d’hommes qui pouvaient extraire jusqu’à 1300 tonnes par mois.
En 1862, les activités cessent, la mine ne pouvant concurrencer la mine de Newborough, située près de canal Rideau et dont le fer pouvait être transporté à moindre frais.
La Canada Iron Mining and Manufacturing Company devient propriétaire de la mine en 1866. Elle fait ériger un haut fourneau destiné à la production de fonte à Ironside, près de l’embarcadère, en 1867. Mal utilisé, il était hors d’usage l’année suivante. Le Grand Feu de 1870, qui ravagea la forêt depuis Breckenridge* jusqu’au nord de Hull, rasa les installations d’Ironside, ainsi qu'une cinquantaine de maisons où vivaient les ouvriers de la mine avec leur famille.
* Localité sur l'Outaouais, 18 km à l'ouest d'Ironside.
Après l’incendie, un groupe de six entrepreneurs des États-Unis et de la région achètent la mine et fondent la Forsyth Mining Company. Sous la direction de Alanson H. Baldwin, d’Ottawa, la compagnie acquière en 1871 des lots de la famille Pink, sur lesquels se trouve un autre gisement, plus petit, connu depuis sous le nom de mine Baldwin.
En 1872, une machine à vapeur vient faciliter les travaux de forage. Le travail continue à se faire en grande partie à la main (ou plutôt à la pioche...) On utilisait la dynamite, tout récemment inventée (1866). L’extraction se faisait dans une tranchée à ciel ouvert qui menait à un puits de 50 mètres de profondeur.
Le minerai continuait à prendre la direction de Cleveland, via Kingston. Entre 1871 et 1874, la mine Forsyth produisit 35 000 tonnes de minerai, tandis que la mine Baldwin en produisait 3 000.
Mais les droits de la famille Pink sur les terrains vendus par elle étaient contestables. Une action en justice, menée par John Stuart, d’Ottawa, est tranchée en 1877 en faveur de ce dernier et prive la compagnie des terrains « Pink » et donc de la mine Baldwin.
Les gisements sont abandonnés. En 1901, la Forsyth and Company remet la mine Forsyth en exploitation jusqu’en 1918. On creuse un second puits de 36 mètres par où on accédait à une galerie longue de 27 mètres.
Des sondages effectués en 1958-1959 ont permis d’estimer à 4 250 000 tonnes les réserves de minerai jusqu’à une profondeur de 200 m. La teneur en fer du minerai dépasse les 50 %.
Mine Forsyth, Gatineau, été 2011. La nature reprend ses droits.
En 1976-1977, on envisagea de rouvrir la mine Forsyth, dans l’espoir de garder active une partie des installations de transformation de la mine Hilton, fermée pour cause d’épuisement du minerai (voir plus bas).
Aujourd’hui, il ne subsiste de visible des mines Forsyth et Baldwin que des tranchées et des puits condamnés. Près du sentier qui mène à la tranchée principale, à partir du boulevard Cité-des-Jeunes, se trouve un wagonnet abandonné, couvert de rouille.
Mine Haycock. — Découvert en 1865, le gisement d’hématite-illménite Haycock, à Cantley, à l’ouest de la montée Paiement, n’a été exploité qu’une courte période de temps, de 1872 à 1876. Des rails en bois, d’une longueur de 10 km, reliait la mine à la rivière Gatineau. L'importance du gisement avait été grossièrement surévaluée par les promoteurs.
(Les mines Forsyth et Haycock sont nées durant la grande période de construction de chemins de fer en Amérique du Nord, entre 1850 et 1875. La fin de cette période, la baisse du prix du fer et surtout la découverte de meilleurs gisements ailleurs au Canada, expliquent leur abandon.)
Mine Hilton (mine Bristol). — Cette mine de magnétite de la région de Shawville a connu deux vies avant de fermer, le minerai étant épuisé. Le fer de la mine Bristol (1873 à 1894) – la principale mine de ce métal au Canada à l'époque – a été exporté en Belgique, en Angleterre et en Pennsylvanie. Cinquante-sept millions de tonnes de minerai de fer ont été extraites de la mine Hilton (1956-1977).
Il existe aussi dans l’Outaouais des gisements de magnétite zincifère (voir section «Zinc-plomb»).
Apatite et mica (phlogopite)
(Voir ce billet récent sur la géologie de ces gisements.) Vers 1870, on entreprenait l’exploitation des innombrables gisements d’apatite (de fluorapatite, pour être plus précis) qui parsèment le territoire de l’Outaouais. Plusieurs mines furent ouvertes dans la région inférieure des rivières Gatineau et du Lièvre (cantons de Hull, Templeton et Portland), au coût d’investissements considérables, avec pour résultat de faire de la région le centre minier le plus actif au pays. Le travail s’effectuait à ciel ouvert, dans des tranchées, ou par des galeries souterraines. On rapporte qu’un cristal parfait d’apatite, d’un poids de 320 kg, long de 215 cm et large de 120, a été un jour découvert. On échoua à le dégager intact.
L'apatite, minéral de la famille des phosphates, servait à l'industrie chimique et à la préparation de fertilisants.
On trouve à l’Écomusée de Hull* un cristal de fluorapatite géant (environ 75 cm de long et 40 cm de large), parfaitement formé et dont l’une des terminaisons est intacte. Voici un extrait du texte qui l’accompagne :
Cristal de fluorapatite
Ce cristal est l’échantillon le plus célèbre de l’histoire minéralogique du Canada. Ce sont MM. Clarke et Leach qui l’ont trouvé lors d’opérations menées au début de janvier 1877 à la mine Comet, près de Wilson’s Corner dans le district Hull-Wakefield. M. W.A. Allan, d’Ottawa, en fit l’acquisition en 1884. L’échantillon fut montré lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878, à Londres en 1886, à Anvers en 1887, et peut-être de nouveau à l’Exposition de Paris en 1900.
En juillet 1877, on expédia ce cristal à Montréal pour qu’il soit envoyé par le bateau vapeur Como à l’Exposition de 1878 à Paris. Le capitaine jugea que le cristal, parfaitement formé et qui pesait 350 kg et mesurait 1,3 m de longueur, était de dimensions trop imposantes pour la cale du navire. À coups de marteau, il le réduisit à ses dimensions présentes, ce qui donna lieu à une action en justice, sans doute la première impliquant un échantillon minéralogique. Celle-ci fut intentée par M. George Millar, un mineur du lac McGregor.
Le cristal conservé ici est probablement le plus gros échantillon connu de son espèce. L’extraction de la fluorapatite pour utilisation comme fertilisant a grandement contribué au développement de l’économie et des infrastructures de la région de l’Outaouais.
J. Van Velthuizen
Minéralogiste
Note. — La partie inférieure de ce cristal a été restaurée par M. Jérémie Giles (directeur de l’Écomusée).
* L'Écomusée est fermé depuis 2004. J'ignore ce qu'il est advenu de cristal...
AJOUT (10 juillet 2012). — De source autorisée, j'apprends que le cristal est à présent au Musée canadien de la nature, à Ottawa. Malheureusement, il est aussi en miettes... Il semble qu'il ait mal supporté son déménagement. Son importance historique l'a préservé de finir à la poubelle. J'ignore quel genre de restauration est envisagée...
AJOUT (10 juillet 2012). — De source autorisée, j'apprends que le cristal est à présent au Musée canadien de la nature, à Ottawa. Malheureusement, il est aussi en miettes... Il semble qu'il ait mal supporté son déménagement. Son importance historique l'a préservé de finir à la poubelle. J'ignore quel genre de restauration est envisagée...
Pendant une courte période, on pu croire que l'Outaouais deviendrait le principal exportateur de phosphate au monde. En 1885, année faste, 28 5000 tonnes de phosphate furent extraites et convoyées par 2000 mineurs et ouvriers. La mise en valeur des gisements de Floride et d'Afrique du Nord, autrement plus vastes et aisés à exploiter, brisa l'euphorie. En 1892, la plupart des mines étaient fermées ou converties à l'exploitation du mica.
Le mica apparut en effet comme la solution de rechange idéale : les deux minéraux, apatite et mica, étant associés dans les mêmes veines. Ironie suprême : l’usine de traitement de phosphate de Masson (1903-1932), ainsi que celle établie en 1897 à Buckingham, durent importer de Floride la totalité de leur matière première !
Après 1895, les gisements d’apatite furent donc exploités pour la phlogopite, ou mica ambré, traitée jusqu’alors comme un déchet. En effet, seule la muscovite (mica blanc) était considérée comme un matériau utilisable. Après que la phlogopite locale eût prouvé qu’elle égalait la muscovite, comme isolant notamment, son extraction et son exportation pût commencer, sans cesser d’être en butte à la concurrence de la muscovite indienne et de la phlogopite de Madagascar. La production de mica atteint son apogée vers 1910 et déclina après 1928.
La mine Blackburn, connu aussi sous le noms de mine Vavasour, et ouverte en 1878 à Cantley, fut déjà la plus importante mine de mica en occident. (Voir coupes et plan plus bas.) En 1881, 500 personnes travaillaient, à la mine elle-même ou aux ateliers de traitement du mica. C’est aussi la plus profonde des mines de la région : une des tranchées atteignait 200 m de profondeur. La mine cessa ses activités en 1964. Sa fermeture mit un terme à l’exploitation du mica en Outaouais.
Coupes des galeries de la mine d'apatite-mica de Cantley. Modifié de Van Velthuizen (1998).
Géologie de la mine Blackburn de Cantley, en activité de 1878 à 1964, d'abord pour l'apatite, puis pour la phlogopite (mica). Carte tirée de Hogarth et al. (1972) ; couleurs, votre serviteur.
Parmi les autres mines d’apatite-mica de la région, on peut mentionner la mine Nellie et Blanche (Cantley) ; les mines Wallingford* et Blackburn (Perkins) ; la mine High Rock (nord de Notre-Dame-de-la-Salette) et la mine Emerald (nord de Buckingham). Les apatites vertes de la mine Yates, près de Otter Lake, sont particulièrement renommées. À la mine Villeneuve (voir section consacrée au feldspath), on trouve de la muscovite, ou mica blanc, qu’on exploita de 1889 à 1898, puis en 1908-1909. Un cristal de muscovite, mesurant 75 cm par 55 cm et pesant 130 kg y fut extrait. Il contenait du mica pour une valeur de 500 $ (de l’époque). La carrière Leduc, mieux connue pour ses tourmalines, a produit de la lépidolite, un mica contenant du lithium.
* Ne pas confondre avec la mine Back ou Wallingford (feldspath), située à Glen Almond, au nord de Buckingham, et dont nous parlerons plus bas.
Les gisements d’apatite-phlogopite de la région sont aujourd’hui abandonnés, mais non épuisés. Ils ne sont plus fouillés que par les amateurs à la recherche de beaux cristaux.
Barite (ou barytine)
Cette substance a été exploitée à la mine Foley de Cantley, entre 1892-1903. De la galène, associée à la barite, à été extraite d’un gisement à l’ouest de Buckingham. On trouve aussi de la barite près de Quyon.
Feldspath et quartz (silicium)
La région de Buckingham, avec celle de Saint-Pierre-de-Wakefield, a déjà été le principal producteur de feldspath au Québec. L’exploitation de ce minéral remonte à 1889 (mine Villeneuve – feldspath et mica) et ne cessa que récemment, mais c’est dans les années 1920 qu’elle connu sa période la plus intense. Les gîtes se trouvaient dans des pegmatites, source, en plus du feldspath (microcline et l’orthoclase, des feldspaths potassiques), de silice (quartz).
Mentionnons les deux sites principaux, ceux de la mine Back ou Wallingford (1924-1971) et de la mine Derry (1920-1969), toutes deux à Glen Almond, au nord de Buckingham. Si la plupart des gisements étaient attaqués à ciel ouvert, on a recouru dans leurs cas à des puits et des galeries souterraines. Le feldspath dentaire (dental spar), de qualité supérieur – il s’agit de microcline blanche sans impureté –, sert à la fabrication de dents artificielles. Jusqu’en 1930, date de l’ouverture d’un atelier à Buckingham pour broyer le feldspath et le quartz, la totalité de la matière extraite était expédiée à l’état brut à l’étranger, en premier lieu aux États-Unis.
À la mine Back ainsi qu’à la mine Villeneuve, au nord de Notre-Dame-de-la-Salette, se trouve de la péristérite, variété de feldspath sodique (ou plagioclase) pouvant être utilisée comme pierre gemme. Depuis 2002, dans le même secteur, Dentsply Canada ltd opère la mine Othmer et exploite une pegmatite pour le feldspath potassique.
La carrière d’amazonite (microcline vert) du lac Blue Sea, au sud de Maniwaki, est bien connue des collectionneur de minéraux.
On a exploité de 1957 à 1977, au sud du réservoir Baskatong, un banc de quartzite pur connu sous le nom de Montagne-Blanche.
Durant les années 1930 et 1940, la carrière du lac Beauchamp, à Gatineau («lac de la Mine»), a produit, à partir du grès du groupe de Potsdam, du silice pur qui était acheminé à Montréal où il servait à la fabrication du verre. (Voir ce billet d'une série consacrée au lac Beauchamp.)
Deux mines de silicium sont actuellement actives dans les Laurentides, la mine Saint-Canut (Unimin Canada ltd), elle aussi dans le grès de Potsdam (Lac-des-Deux-Montagnes), et la mine Saint-Rémi-d'Amherst (Société minière Gerdin inc.), dans un quarzite précambrien.
Kaolin et silice
La mine Silice-Kaolin de Saint-Rémi a donné, entre 1911 et 1946, du kaolin et de la silice.
Graphite
Les débuts de l’extraction du graphite dans la région remontent à 1866. Son exploitation, comme celle du feldspath, s’est concentrée surtout dans la région de Buckingham (mine Walker – 1876-1896, 1906), sans atteindre cependant une ampleur comparable. Dès le début des années 1930, l’extraction du graphite allait à son déclin et fut abandonnée. Cette industrie n’avait pu supporter la concurrence du graphite de Madagascar et de Ceylan en conjonction avec une baisse de la demande.
L’une des seules mines de graphite en Amérique du Nord, et maintenant l'unique au Canada, s’est ouverte en 1989 à 25 km au sud de Mont-Laurier, à Saint-Aimé-du-lac-des-Îles. Il s’agit de la mine Lac-des-Îles (Stratmin Graphite Inc., Timcal Canada inc. depuis 2002), où travaillent environ 55 personnes. On extrait le graphite contenu en paillettes dans du marbre.
Magnésite
À 15 km au nord de Grenville, la mine Kilmar exploitait une dolomie magnésitique (1914-1992).
Molybdénite
Au cours des deux guerres mondiales, la mine Moss-Quyon a profité de la forte demande en molybdène, utilisé pour renforcer l’acier des canons. (Le nom Moss est l’acronyme de la formule chimique de la molybdénite : MoS2.) Mentionnons les travaux, aussi durant les deux guerres, à la mine Chaput-Payne, sous le site de l’actuel belvédère Champlain du parc de la Gatineau.
Zinc-plomb (argent et or)
La mine New Calumet, à l’île du Grand Calumet, est la seule de la région à avoir produit (un peu) d’or et d’argent. La présence de zinc et de plomb – les principaux métaux extraits – était connu depuis 1893, mais la mise en valeur du gisement ne débuta véritablement qu’à partir de 1943. La mine est fermée depuis 1968, mais ses réserves d’or et d’argent – qu’on s’emploie actuellement à évaluer – lui vaudront peut-être une nouvelle vie.
À l’est de l’île du Grand Calumet, près de Bryson, on a découvert en 1978 un gîte de magnétite zincifère. La région de Maniwaki-Gracefield compte aussi un bon nombre de gîtes de zinc et de magnétite zincifère.
Nickel-cuivre
Le gisement de la mine Renzy (50 km à l’ouest de Grand-Remous), découvert en 1955, a été exploité de 1969 à 1972 pour son cuivre et son nickel. Près de Sainte-Véronique, se trouve un indice de cuivre-nickel, associé à des traces d’or et de platine.
Brucite
Deux carrières au sud de Wakefield ont exploité un marbre chargé de brucite; les carrières Cross (1959-1968) et Maxwell (1942-1968). Les gisements ne sont pas épuisés.
Uranium
L’Outaouais compte un grand nombre de gîtes de minéraux radioactifs. Malgré une prospection intensive, aucune véritable exploitation n’a vu le jour, les gisements étant trop petits et dispersés. Ces gisements se concentrent dans une région comprise entre Gatineau et Otter Lake et dans le secteur Maniwaki - Grand Remous - Mont-Laurier (voir carte des gisements, plus bas).
La mine d’uranium Yates, en particulier, près de Otter Lake (Pontiac), a été le site de travaux en 1953, après la découvertes de minéraux radioactifs (thorianite, uranothorite, uranophane, allanite). Cette mine, d’où l’on a d’abord extrait de la phlogopite, est mieux connue des collectionneurs pour ses splendides cristaux d’apatites vertes.
Il est intéressant de noter la fréquente association des gîtes de minéraux radioactifs avec les pegmatites, les gîtes de molybdénite et/ou les veines de calcite-apatite-phlogopite.
Uranium : gisements et indices en Outaouais.
Détail modifié de Lamothe (2009)
Les sites 17, 18 et 19 correspondent à la mine Yates mentionnée plus haut dans le texte. J'ai ajouté quelques villes afin d'aider à situer les choses. Noter que la position de Maniwaki (M) est approximative par rapport aux gisements sur la route près de la ville.
En vrac : tourmaline, grenat, amiante
La tourmaline noire est fréquente dans la région, et les collectionneurs recherchent les cristaux bien développés. De la tourmaline verte pouvant être utilisée comme pierre gemme a été un court moment extraite de la carrière Leduc, à l’ouest du lac Saint-Pierre (en 1908). On a exploité dans la région de Labelle du grenat, utilisé comme abrasif. On trouve de petits gîtes d’amiante-chrysotile, près de Poltimore notamment, mais les gisements n’ont aucune valeur économique. Un petit gisement (découverte personnelle) se trouve également dans le parc de la Gatineau.
Les Expositions universelles
Divers minéraux et roches de l’Outaouais ont bénéficié de l’honneur d’être envoyés à l’étranger comme échantillons des richesses naturelles de la Colonie.
Ainsi, à l’Exposition internationale de Paris, en 1855, une tonne de minerai de la mine Forsyth pu être admirée (?) par les visiteurs. L’encadré plus haut traite du cristal de fluorapatite qui s’est promené d’Expostion universelle en Expostion universelle au XIXe siècle.
À la mine d’apatite High Rock, au nord de Notre-Dame-de-la-Salette, on trouve une syénite surnommée «roche léopard» à cause de cercles sombres riches en augite dessinant des motifs sur fond de feldspath orangé qui la font ressembler au pelage de cet animal. Des échantillons de cette roche furent montrés à l’Exposition universelle de Paris, en 1900.
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RÉFÉRENCES
Seuls les travaux explicitement cités dans cette partie figurent ici ; une liste complète des sources consultées se trouve dans la troisième et dernière partie de cette série (lien à la fin de ce billet).
- Avramtchev, L., 1992 – Carte minérale de la région de Montréal - Mont-Laurier. Québec, ministère de l'Énergie et des Ressources, PRO 90-05, carte (1/2 000 000).
- Hogarth D.D., Moore J.M., dans : Baird D.M. (compil. et édit.), 1972 — Géologie de la région de la Capitale nationale. Commision géologique du Canada, livret guide bilingue, 24e congr. géol.
- Lamothe, D., 2009 – Uranium dans l'environnement secondaire et minéralisations uranifères. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, carte (1/2 000 000).
- Van Velthuizen, J., 1998, The Gow (Blackburn Mine, Cantley, Québec). Gratitude Press Canada, 214 p., reliure spirale.
samedi 3 mars 2012
Histoire minière de l’Outaouais I : résumé
Plus de détails sur ce détail à la fin du billet. |
Premier d'une série de trois textes parus dans le défunt Bulletin du Club de minéralogie de l'Outaouais (CMO)*. Je les avais rédigés en vue du pow-wow des Clubs de minéralogie du Québec qui s’est tenue dans l’Outaouais sous l'égide du CMO, du 4 au 7 septembre 1998.
Ce premier extrait n'est en fait que le résumé des deux exposés qui vont suivre. Tel qu'il était à l'époque de sa rédaction, il me semble encore valable. La principale mise à jour que j'ai dû faire concerne les terres rares et la reprise de la prospection de l'uranium.
Précision d'ordre géographico-administrative : dans cette série de textes, j'ai annexé à l'Outaouais les Laurentides, tant il est difficile de faire coïncider les divisions administratives et géologiques, ces deux régions se partageant la «ceinture centrale des métasédiments» (définie dans ce billet) de la province géologique de Grenville : il m'est apparu inopportun de diviser pour des raisons administratives ce que la géologie avait réuni...
* Vol. 2, no 3, sept. 1998.
* Vol. 2, no 3, sept. 1998.
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De 1870 à 1890, l’Outaouais a été le centre minier le plus actif du pays. La mine Bristol, dans le Pontiac, fut un moment (1873-1894) la principale mine de fer au Canada. Cependant, le principal minéral exploité était l’apatite (phosphate) dont les gîtes parsèment l’Outaouais. À partir de 1890, les mines d’apatite connaissent un déclin rapide avec l’arrivée sur le marché du phosphate des vastes gisements américains.
L’industrie minière se tourne alors vers le mica (phlogopite) (1895-1965) qui prend le rôle dominant laissé par l’apatite, d’autant que ces deux minéraux se rencontrent au sein des mêmes gisements (filons de calcite-apatite-mica : voir le billet que je leur ai consacré). On met en valeur les gîtes de feldspath (1920-1970). Après 1930 toutefois, l’exploitation de ces minéraux entre dans une phase moins prospère.
Durant les années 1950, on a prospecté l’uranium sans découvrir parmi les nombreux gisements rencontrés aucun qui soit rentable.
Entre autres minéraux déjà exploités dans l’Outaouais, mentionnons le graphite, la brucite, la magnésite et le kaolin. De l’or et de l’argent, comme produits secondaires, ont été extraits de la mine de zinc et de plomb New Calumet (île du Grand Calumet).
Les années 1970 voient pratiquement disparaître l’industrie minière dans l’Outaouais. En 1989, s'est malgré tout ouvert au sud de Mont-Laurier la plus grande mine de graphite en activité de l’Amérique du Nord (mine Saint-Aimé-du-lac-des-Îles). Des carrières de pierre sont toujours actives (granit, dolomie, calcaire). On prospecte actuellement le zinc, le graphite et la wollastonite.
Depuis quelques années, on assiste à un regain de la prospection de l'uranium, ce qui ne va pas sans susciter une forte opposition parmi la population (lien externe). Certaines carbonatites immédiatement au nord de Gatineau ont attiré l'attention des compagnies minières par leur teneur en terre rares.
Détail de : Avramtchev, L. et Lebel-Drolet, S., coord., Gîtes minéraux du Québec : Laurentie-Saguenay, feuille Ottawa, 31G, carte M-326 (1/250 000), 1981. Les altitudes sont en pieds, non en mètres.
LÉGENDE (ADAPTÉE)
Minéralisations
- Substances métalliques – Fe : fer ; Mo : molybdène ; U : uranium
- Minéraux industriels – ap : apatite ; asb : asbestos ; ba : barytine ; br : brucite ; fd : feldspath ; gp : graphite ; mi : mica ; qz : quartz
- Matériaux de construction – gc : grès
Lithologies
- Plate-forme du Saint-Laurent – 6 ; dolomie, calcaire ; 5: calcaire, grès, shale ; 4 : dolomie ; 2 : grès
- Province de Grenville – G19 : granite ; G18 : syénite ; G17 : monzonite ; G10 : gabbro ; G7 : marbre et roche calcosilicatée ; G6 : quartzite ; G5 : paragneiss ; G4 : orthogneiss et migmatites
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