vendredi 23 décembre 2011

Remplissez le blanc



Pour le temps des Fêtes, faites vos vœux !

Voici une carte de vœux en blanc, ou plutôt une carte de vœux suspendus à trois points de suspension. 

Remplacez les «...» de la carte par ce qui vous plaira : biens matériels ou spirituels, êtres ou voyages. (On peut cumuler.)

Et, dans le pire des cas, avec elle, au moins vous aurez eu votre Noël blanc*!...

* Ce blanc (et noir) est quand même, notez-le bien, en RGB...

samedi 19 novembre 2011

Stromatolites : une faille dans l'explication

Carte : Williams et al., 1984. (Commission géologique de l'Ontario (CGO).)
Failles qui découpent le socle rocheux de la région d'Ottawa. (Si le territoire québécois semble vierge de toute fracture, c'est qu'il s'agit d'une carte publiée par le gouvernement de l'Ontario. Malheureusement, les données disponibles pour la portion du Québec représentée ici datent considérablement. Mais, qu'on ne s'illusionne pas, le Québec n'est pas moins craquelé !...) 



Voir le billet du 18 déc. 2021, « Stromatolites et thrombolites de Westboro à Ottawa »

J'ai déjà écrit que le socle rocheux de notre région est parcouru de failles nombreuses (voir mon billet sur la Faille des Allumetières). Le sujet à lui seul mériterait qu'un billet lui soit consacré, mais, pour l'instant, j'aimerais compléter ma série de posts sur les stromatolites de Gatineau (lien) et d'Ottawa (lien, lien) en tentant de répondre à une question tout simple : pourquoi apparaissent-ils brusquement et pourquoi disparaissent-ils de même ?

Sans détailler la carte ou sa légende (ce qui nous mènerait trop loin), on peut remarquer (détail de la carte, plus bas) que la section du Transitway où affleurent des stromatolites est comprise entre, grosso modo la rivière des Outaouais (à l'W), et une faille (à l'E).

Carte : modifiée de Williams et al., 1984 
Légende (adaptée) 
A : stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (voir ce billet) ; 
B et trait orangé : station Dominion du Transitway ; section du Transitway, à Ottawa, où des stromatolites sont visibles ; 
X : faille, Transitway, à l'W de l'ave Parkdale (indiquée par la flèche, voir photos plus bas). 
(Note : l'élaboration de cette carte a précédé de peu la construction du Transitway. J'ai surimposé au document le tracé de la section actuelle du Transitway entre la station Dominion (B) et la faille.)

Ordovicien moyen (472-461 millions d'années)* 
7 : formation de Bobcaygeon ; calcarénite, calcaire 
6 : formation de Gull River ; dolomie, calcaire, shale, grès 

* Les stromatolites se trouvent donc dans la formation 6 (Ordovicien moyen) ; d'autres sources placent ceux de Gatineau (A) dans la formation de Pamelia (Groupe d'Ottawa), de l'Ordovicien inférieur (488-472 millions d'années) supérieur (458-443 million d'années). Ne me demandez pas de trancher un débat entre stratigraphistes diplômés...


À l'E de la faille rehaussée en rouge (celle de gauche), le compartiment de l'écorce terrestre s'est affaissé** ; les stromatolites existent, mais sont sans doute encore plusieurs m sous le niveau de la surface du socle rocheux. À l'W de la station Dominion du Transitway (B), l'érosion a réduit le roc de plusieurs m sous le niveau des stromatolites. Entre ces deux bornes (station et faille), la surface du socle coïncide avec le niveau des stromatolites. De quel beau hasard nous bénéficions !

** Ce qu'indique les petite flèches rehaussées en rouge : elles pointes vers le compartiment affaissé.

Si on prolonge les failles vers le NW, vers Gatineau (Québec), on remarque que les stromatolites du pont Champlain (A), quoique affleurant plus ou moins au niveau de l'eau, appartiennent au compartiment abaissé. L'effondrement de ce compartiment s'est fait de guingois : la pointe SE est plus enfoncée*** que sa partie NW. À cet endroit (A), l'érosion a effectué juste le travail qu'il fallait pour rejoindre les stromatolites. (Une autre hypothèse serait qu'il existe deux couches de stromatolites distinctes...) D'après la carte topographique, les points A et B sont près de la ligne des 60 m d'altitude, le B un peu plus haut, le A un peu plus bas.

*** D'ailleurs, sans élaborer, on remarque que la pointe SE de compartiment conserve un reste de la formation no 7, plus récente que la 6 qu'elle recouvre. Plus au N, on atteint les niveau plus profonds de la formation 6.

L'apparition et la disparition soudaine des stromatolites s'expliquent donc par un jeu conjugué de la tectonique et de l'érosion. Bref, il y a une faille et une lacune dans l'explication !...

Resterait à délimiter l'extension exact de la surface primitivement colonisée par les stromatolites...


Faille dans le calcaire (X orangé sur le détail de la carte de Williams et al. (1984)) ; Transitway, à l'W de l'avenue Parkdale. À gauche (W) : formation de Gull River ; dolomie, calcaire, shale, grès ; à droite (E) : formation de Bobcaygeon ; calcarénite, calcaire.
Le « pli » de l'autobus articulé épouse la cassure de l'écorce terrestre : pure coïncidence ! Photo 22 octobre 2011.

Détail de la faille. Le compartiment de droite (à l'E) s'est affaissé par rapport à celui de gauche, ainsi que l'indique le retroussement des lits. Photo 22 octobre 2011.

Référence (au singulier, puisqu'il n'y en a qu'une)
  • Williams, D.A., Rae, A.M., and Wolf, R.R. 1984; Paleozoic Geology of the Ottawa Area, Southern Ontario, Ontario Geological Survey, Map P.2716, Geological Series-Preliminary Map, scale 1:50 000. Geology 1982.


Ajout, 28 septembre 2012

Voir le billet du 27 septembre 2012 à propos d'un article qui traite des stromatolites de l'est de l'Ontario en général et de ceux du Transitway et du pont Champlain en particulier. Il apparaît, entre autres, que deux niveaux de stromatolites sont visibles au Transitway.

mardi 1 novembre 2011

Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite

Examinant l’ensemble des photos des affleurements calcaires que j’ai rapportées de ma sortie de samedile long d’une section du Transitway (route réservée aux autobus) à Ottawa, je me suis rendu compte que les stromatolites, loin de se limiter aux affleurements de la station Dominion, abondaient dans le secteur. Simplement, ces autres stromatolites sont inaccessibles, le Transitway étant interdit d’accès (sauf aux stations, of course.)

Transitway, à Ottawa, à l'ouest de la passerelle de l'avenue Churchill (voir carte, plus bas). 
Les «coussins» clairs des stromatolites surmontent les strates de calcaire gris. 
(Photo 29 oct. 2011.)

Détail de la photo précédente. À gauche, la structure feuilletée du dôme d'un stromatolite 
est bien visible.

À mon crédit, s’il faut excuser ou expliquer ma cécité sélective de samedi, tenons compte du fait que les roches sédimentaires m’intéressent peu ; je cherchais, sur les parois rocheuses de la tranchée occupée par le Transitway, des failles ou des plissements, des évidences de tectonique qui aurait dérangé l’empilement monotone de couches horizontales de calcaire gris*. Ajoutez à cela que prendre des photos à travers les clôtures grillagées qui entourent le Transitway complique la tâche de l’intendance et accapare, même durant les heures pourtant sereines d'un samedi après-midi, une portion non négligeable de la patience et de la bonne volonté du géologue-photographe du dimanche...  

* J’ai trouvé ces évidences, mais je ne sais pas si elles valent la peine de rédiger un billet à leur propos.


Section du transitway entre la passerelle de l'avenue Roosevelt et celle de l'avenue Churchill, 
au loin. Vue vers le NE. Les dômes des stromatolites coiffent les murailles de la tranchée 
à la manière du glaçage ondulé d'un gâteau. L'égalité du niveau de base des stromatolites 
semble parfaite, tout comme l'horizontalité des strates de calcaire. (Photo 29 oct. 2011.)


Sur les présentes photos, les stromatolites forment une couche continue au sommet des murs de la tranchée du Transitway et s’étendent plus de 400 cents mètres à l’E de la station Dominion, jusqu’à la passerelle Churchill (voir cartes plus bas). Bien sûr, rien n’exclue que la surface recouverte de stromatolite soit plus étendue.

Outre l’horizontalité de la ligne de base des stromatolites, l’uniformité de la hauteur de ces dômes biominéraux est remarquable.

On peut évidemment se demander aussi si cette colonie de stromatolites n'est pas reliée à celle qui affleure de l'autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau, immédiatement au N (stromatolites du pont Champlain, à Gatineau : suivre le lien pour plus de détails), de l'autre côté de la rivière des Outaouais (voir cartes.)

L’observation que j’avais reportée dans mon dernier billet, à savoir que les stromatolites avaient «poussé» sur un fond marin parfaitement plat, se confirme à la vision de ces photos. S’il existe une pente, elle est imperceptible, et si les stromatolites semblent plus bas (et donc accessibles) à la station Dominion, c'est l’effet de l’élévation du niveau de la chaussée à cet endroit.  


Transitway, station Dominion ( B sur la carte satellite Google, plus bas) : vue vers la passerelle 
Roosevelt et Churchill, au fond ; la chaussée se rehausse en s'approchant de la station, ce qui
place les stromatolites (visibles à gauche) au niveau des yeux et même plus bas... 
(Voir billet précédent ; photo 29 oct. 2011.)


© Google, 2011. En A, stromatolites du pont Champlain, à Gatineau (voir ce billet) ; 
en B, station Dominion du Transitway, à Ottawa ; la ligne blanche indique la portion 
du Transitway où l'on trouve des stromatolites. L'extension de la zone couverte par 
les stromatolites reste à déterminer. (Cliquer sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.)


© Google, 2011. En rouge : section du Transitway où l'on trouve des stromatolites. 
Arrêts de la station Dominion au sud-ouest (B sur la carte satellite de Google) et 
passerelle de l'avenue Churchill au nord-est. (Cliquer sur la carte pour l'afficher 
à sa pleine grandeur et pour, peut-être, parvenir à lire quelque chose...)
Ajout 13 nov. 2011. – Une faille normale orientée NW-SE découpe le calcaire un peu à l'est 
de la ligne rouge ; le compartiment abaissé est à l'est de la faille. Ce jeu de la tectonique 
explique l'apparition (ou la disparition, selon le point de vue...) si soudaine des stromatolites. 
À l'ouest de la ligne rouge, vers la rivière, l'érosion a réduit de plusieurs m sous le niveau 
des stromatolites le socle calcaire. (Plus de détails dans un prochain billet.)


Station Dominion du Transitway, à Ottawa : 
l'accès du Transitway est interdite et les 
stromatolites, sauf ceux tout près de la station, 
sont inaccessibles.


Ajout, 28 septembre 2012
Voir le billet du 27 septembre 2012 à propos d'un article qui traite des stromatolites de l'est de l'Ontario en général et de ceux du Transitway et du pont Champlain en particulier. Il apparaît, entre autres, que deux niveaux de stromatolites sont visibles au Transitway.

samedi 29 octobre 2011

Stromatolites du Transitway, à Ottawa

Stromatolite vu en coupe. La structure en dôme, la succession des feuillets, sont bien visibles.
Ottawa (Transitway, jonction avec la prom. de l'Outaouais), 29 oct. 2011.


J'ai découvert* aujourd'hui à Ottawa un nouvel affleurement de stromatolites, plus de 2 km au sud des stromatolites du pont Champlain (Gatineau) dont j'ai déjà parlé (lien billet principal ; voir aussi ce texte, bien «sérieux», en anglais).

* La découverte en question est très relative, en tout cas très personnelle. Je ne suis sûrement pas le premier à les avoir aperçus.

Stromatolite, Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.


Localisation
Station d'autobus Dominion, jonction de la promenade de l'Outaouais et du Transitway. Noter qu'une partie des affleurements intéressants est située dans la partie interdite d'accès aux piétons du Transitway (voies pour autobus) et ne peuvent s'admirer que de loin. Utilisez le zoom de votre appareil photo, «ils» font respecter l'interdiction...

Succession de «coussins» de stromatolites ; sous la ligne blanche, 
les strates de calcaire sur lesquelles ils se sont édifiés. 
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.

Pour comparaison, reprise d'une photo des stromatolites 
du pont Champlain, à Gatineau (oct. 2007).
Peu d'eau, mais que de dômes !

Toujours pour comparaison, quelques stromatolites 
du pont Champlain, à Gatineau (oct. 2007), encore. 
Vue en plan de la structure feuilletée.


Rappel
Les stromatolithes sont des édifices minéraux (calcaire) construits par des colonies bactériennes marines, telles les cyanobactéries. Ils prennent la forme d'une accumulation de minces feuillets biominéraux successifs. Ceux de la région se retrouvent dans une formation calcaire dite du groupe d'Ottawa, datant de l'Ordovicien inférieur (488-461 472 millions d'années). (Correction 19 nov. 2011.)

Un détail de cette photo ouvre le billet. Sous les stromatolites 
plus ou moins bien conservés, les strates de calcaire.
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.


Plan, plat et coupe
Dans le cas du site du pont Champlain, à Gatineau, on voit les stromatolites en plan, sur une vaste surface plate ; ceux d'Ottawa se présentent en coupe de chaque côté d'une route (Tansitway) et la structure en mille-feuilles de ces dômes est nettement visible. On peut même voir le socle de calcaire sur lequel ils se sont édifiés.

Stromatolites. Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.

Vestiges du dôme de deux stromatolites. 
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.
(Pièce de monnaie : 1 $ ; 27 mm.)


Ces stromatolites, ceux de Gatineau et leurs voisins d'Ottawa, se sont développés sur un plancher marin remarquablement plat. (D'après la carte topographique, ils sont près de la ligne des 60 m d'altitude.)

L'Outaouais coule entre les sites de Gatineau et d'Ottawa. Il serait intéressant de chercher à connaître leur extension et de voir s'ils faisaient partie de la même colonie. Malheureusement, dans le cas des stromatolites du Transitway, la couche de calcaire à laquelle ils appartiennent ne semble pas se prolonger au-delà du site, l'érosion ayant déjà accompli son travail. Ajout, 1er nov. 2011.Voir le billet suivant pour un petit bémol...
  

Dôme de gauche...,

... celui de droite...,

... et les voisins mitoyens réunis. 
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.


Ajout, 28 septembre 2012
Voir le billet du 27 septembre 2012 à propos d'un article qui traite des stromatolites de l'est de l'Ontario en général et de ceux du Transitway et du pont Champlain en particulier. Il apparaît, entre autres, que deux niveaux de stromatolites sont visibles au Transitway.

samedi 22 octobre 2011

Lac Beauchamp : nouvelle mise à jour

Décidément, c'est la saison des mises à jours pour le lac Beauchamp (voir le billet précédant). L'an dernier, j'écrivais les lignes que voici en légende de la photo suivante (voir ces billets, ici et ici, pour un exposé complet) :


Détail de la discordance entre le Précambrien (en bas, un milliard d'années) et le Paléozoïque (en haut, 500 millions d'années), lac Beauchamp, Gatineau. Entre les deux, une bande orangée, semée de galets : reliquat du sol meuble qui recouvraient notre continent il y a 500 millions d'années, avant le dépôt du grès. Photo : Henri Lessard, juillet 2007.

En haut (Paléozoïque) : grès de Nepean (sable consolidé), qui présente ici le caractère d'un conglomérat : il est truffé de galets qui lui donnent une apparence grêlée.
En bas (Précambrien) : granite gneissique, de teinte claire.
Entre les deux : bande d'une matière friable, couleur orangée, semée, elle aussi, de galets, et dont on se demande s'il faut la rattacher au grès ou au granite. Tout indique qu'il s'agirait d'un paléosol («ancien sol») qui remonterait à l’époque précédant immédiatement la déposition du sable (grès). Si cette hypothèse se vérifiait, la substance friable constituerait le reliquat du sol meuble qui recouvrait le continent il y a plus de 500 millions d'années.


Je m'étais contenté d'avancer une hypothèse concernant la nauture de la «bande orangée», sans pouvoir avancer de preuves ou de document à l'appui pour l'étayer. Plusieurs sources consultées mentionnaient la profonde altération du granite gneissique (météorisation), mais sans relier cette altération à la matière friable qui surmontait ce granite.

Mais voici que je tombe sur ces lignes que nous devons à Quentin Gall, géologue consultant et professeur, dans son ouvrage sur les buildings et les pierres de taille d'Ottawa :

The weathering of the Precambrian rocks led to the development of a paleosol (ancien soil). Perhaps the best local exposure of the paleosol is in Parc du Lac Beauchamp, Gatineau, where it can be seen developed on Precambrian gneiss and buried beneath Paleozoic sandstone (Nepean Formation) (p. 11).

Bref, j'avais vu juste. Avoir raison une fois rachète combien d'erreurs ?


Référence (au singulier, il n'y en a qu'une seule)
Quentin Gall, A Walking Guide. Ottawa's Building and Monuments Stones. Geological Association of Canada, Miscellaneoua Publication 7, 152 pages, 2009 (ISBN 978-1-897095-41-6), (reliure en spirale

Le live est disponible notamment World of Maps, à Ottawa, au prix de 19,50 $ (publicité bénévole et spontanée). On peut aussi le commander à l'Association géologique du Canada (AGC/GAC).

Ajout (2 juin 2018) : autre point de vue. - Selon Théberge (1986), au lac Beauchamp, le grès de la Formation de Nepean repose en discordance sur une syénite blanche. « La zone de contact est formée de roc de très mauvaise qualité. Sous un mince lit de grès de la Formation de Nepean contenant des galets sub-arrondis, on retrouve un niveau d'environ 2 m d'épaisseur de roc altéré. Au sommet de ce niveau apparaît un horizon meuble de 6-8 cm formé de minéraux d'altération gris et verdâtre (fragments de roche altérée, minéraux argileux) provenant de la désintégration par hydrolyse de la syénite. Sous cet horizon, la syénite est altérée et friable sur 1,5-2 m et l'intensité de l'altération diminue avec la profondeur. » (p. 22-23 ; c'est moi qui souligne.) Brandon (1961) souligne que les joints à la base et au sommet du grès de Nepean facilitent la circulation des eaux souterraines.
Sources
Brandon, L.V. 1961 - Rapport préliminaire sur l'hydrogéologie de la région d'Ottawa-Hull, Ontario et Québec. Commission géologique du Canada, Étude 60-23, 19 p. (carte 31-1960 et 4 fig.)
Théberge, J. 1986 - Cartographie géotechnique dans la région de Gatineau-Aylmer-Hull. MERQ, MB 86-43, 200 p. + cartes.

dimanche 18 septembre 2011

L'Outaouais secoué

L'événement est passé inaperçu chez moi, mais l'Outaouais a été secoué par un séisme de magnitude 4,1, aujourd'hui, dimanche 18 septembre, à 15 h 19.

L'épicentre était situé près de Thurso, à l'Est de Gatineau.

Voir cet entrefilet pour en savoir (à peine) plus.

N'ayant pas d'image pour illustrer cette nouvelle, je remets en ligne celle-ci. Cliquer sur l'image pour obtenir une version plus grande. Tiré de : Baird D.M., 1968 — Guide to the Geology and Scenery of the National Capital Area. Commission géologique du Canada, rapports divers no 15, 188 p.

Thurso, c'est pas le village natal de Guy Lafleur ?

AJOUT (18 sept. 2011, 19 h 10). – J'ai remplacé l'image qui s'affichait mal en grand format. Est-ce mieux ?
Voir aussi, à la page «Séismes Canada», Ressources naturelles Canada». (Ce lien, si le premier ne fonctionne plus : http://earthquakescanada.nrcan.gc.ca/index-fra.php.)
(Les séismes sont-ils une ressource naturelle ?)

lundi 5 septembre 2011

Patrimoine, calcaire et houblon

Photo empruntée au site Internet des Brasseurs du Temps.

Dans un billet récent ma fois un peu inutile et même tout à fait gratuit, j'ai évoqué, à l'occasion des travaux de canalisation en cours le long du ruisseau de la Brasserie, la solidité du socle calcaire sur lequel est bâti une partie de la ville de Hull (Gatineau).

Parmi toute les caractéristiques de notre bon vieux calcaire ordovicien vieux de plus de 440 millions d'années, on peut désormais y ajouter l'«houblonophilie». Le calcaire est en effet l'ami de la bière. Je l'ignorais ; je vous l'apprends.

La suppression d'un pan du socle, lors de ces travaux, a en effet mis en péril la brasserie des Brasseurs du Temps, sise dans le plus que centenaire édifice de l'ancien chateau d'eau du ruisseau de la Brasserie.

Voir cet article de Mathieu Bélanger sur le sujet dans Le Droit du 3 septembre 2011.

Alors, patrimoine, calcaire et houblon, même combat ?

Quelques liens sur le château d'eau du ruisseau de la Brasserie.
Site de la Ville de Gatineau ; le chateau d'eau est le no 18 de la liste ;
Site Patrimoine Outaouais (faire une recherche avec «château d'eau» et «Écomusée de Hull») ;
Site Lieux patrimoniaux du Canada ;
Site des Brasseurs du Temps (déjà donné plus haut).

Arrière de l'ancien chateau d'eau, ruisseau de la Brasserie, à Gatineau (14 août 2011). 
Il était couplé à une station hydro-électrique qui, comme le château, n'est plus utilisée depuis 1968. 
Le niveau très bas de l'eau permet de faire affleurer le socle calcaire sur la rive en face de nous (couches horizontales grises).

Les Brasseurs du Temps (14 août 2011). Les travaux de canalisation font un peu désordre, l'endroit présente un aspect un peu plus pimpant de coutume (voir la photo qui ouvre ce billet)...

vendredi 19 août 2011

Mine Forsyth et Ironside : le GRAO

AVERTISSEMENT. — Le site est dangereux (risques de chutes et de noyade), les clôtures qui «sécurisent» l'endroit sont parfois en très piètre état. Ne pas y aller seul, ne pas laisser les enfants sans surveillance.

Mine Forsyth, Gatineau. Puits, à l'extrémité W de la carrière principale.
(Photo : Henri Lessard, 19 juillet 2011.)
«La Canada Iron Mining and Manufacturing Company devient propriétaire de la mine [Forsyth] en 1866. Elle fait ériger un haut fourneau destiné à la production de fonte à Ironside, près de l’embarcadère, en 1867. Mais, mal utilisé, il était hors d’usage l’année suivante. Le grand feu de 1870, qui ravagea la forêt depuis Breckenridge jusqu’au nord de Hull, rasa les installations d’Ironside, avec une cinquantaine de maisons où vivaient les ouvriers de la mine avec leur famille.» (Tiré de mon billet du 16 juillet 2011.)

Le GRAO (Groupe de recherche archéologique de l'Outaouais) a pour  «objectif de faire de la recherche archéologique afin de faire connaître à tous le potentiel patrimonial historique et préhistorique de la région outaouaise et du Québec.»

Comme leur blogue a été créé le 6 mai dernier, je présume qu'il s'agit d'un tout nouvel organisme. Je viens littéralement de découvrir son existence, je ne peux donc vraiment pas vous en dire plus à son sujet pour l'instant.

Les 13 et 14 août derniers, le GRAO conviait la population «à participer aux fouilles archéologiques à l’endroit même où s’érigeait le village disparu d’Ironside[, à Hull]. En effet, cinq bâtiments ont été identifiés et sont reliés au village et aux activités métallurgiques résultant de l’exploitation de la mine de fer Forsyth dans la deuxième moitié du XIXe siècle.» (Voir cet article dans l'Info07 du 17 août 2011, ainsi que le vidéo qui l'accompagne.)

La mine Forsyth ? J'y ai consacré plusieurs billets récemment. J'ai malheureusement raté l'occasion d'aller visiter le site d'Ironside en compagnie des gens du GRAO. J'aurais pourtant aimé considérer les choses de l'autre extrémité du problème : après m'être intéressé à la mine, d'où était tiré le minerai, connaître le site d'Ironside d'où il était exporté par voie d'eau.

«Un chemin privé, le futur chemin Freeman, fut tracé [depuis la mine Forsyth] pour acheminer le minerai jusqu’à un embarcadère sur la rivière Gatineau [à Ironside]. De là, il était expédié vers Kingston, par le canal Rideau, puis vers Cleveland. » (Tiré de mon billet du 16 juillet 2011.)

Dans le passé, j'avais plusieurs fois tenté de repérer le site des installations et de l'embarcadère d'Ironside, au moins sur carte, sans succès. J'en étais venu à la conclusion qu'il n'en restait aucune trace. J'espère que le GRAO publiera bientôt le résultat de ses fouilles. Les «cinq bâtiments» évoqués plus haut m'intriguent énormément. Déjà, leur découverte est une nouvelle en soi .

Mais, après tout, archéologues et géologues ont les mêmes manies : gratter le sol et les vieilles pierres et se confronter à des échelles de temps immenses !...

lundi 8 août 2011

Pelures de granite

Desquamation d'un petit bloc erratique de granite gneissique. La roche se pèle comme un oignon...

Détail. La photo, un peu floue, a été accentuée. 


Photos : parc de la Gatineau, piste no 1, à l'est de Chelsea, Québec (6 août 2011). 
Le repère, sur la carte de Google (voir fonction «Pays/territoire» en bas du billet), 
est placé de façon très approximative.

Fixation sur l'erratique : parc de la Gatineau (Québec)

Parc de la Gatineau, piste no 1, à l'ouest de Chelsea, dans le secteur du «gros bloc erratique». 
La végétation se fait prédatrice au détriment du roc sans défense. (6 août 2011.)


Depuis quelques temps, j'ai pris l'habitude de rédiger mes billets en même temps que je poursuis mes «réflexions». D'où la nécessité de pratiquer au fil de ce blogue l'art délicat du changement de cap par d'imperceptibles retouches successives. Le processus peut être un peu déstabilisant...

Et puisque je parle de retouches», voici quelques«réflexions» encore, histoire de vous déstabiliser tout à fait, au sujet du «gros bloc erratique» du parc de la Gatineau (suivre ce lien pour en savoir plus), au sud-ouest de Chelsea. Je vous les livre en vrac :
  • Les arbres qui encagent le bloc (photo qui suit) sont assez jeunes, quelques dizaines d’années tout au plus. On a l’impression que le terrain autour du bloc a été dégagé il y a «peu de temps», peut-être quelques dizaines d’années, justement...
Le «gros» bloc erratique du parc de la Gatineau, dans sa cage de bois très ajourée. (20 mai 2000.)

    • Le pourtour du bloc est jonché de débris plus ou moins enfoncés dans le sol meuble. Il est difficile de dater la chute de ces éclats. Aucun de ces délestages ne semble dater de la dernière pluie (nulle cassure fraîche de quelque conséquence observée) et on peut supposer qu'ils se sont échelonnées durant une assez longue période de temps : le bloc est à son endroit depuis, au minimum, une «assez longue période de temps»...
    • Les «ronds» de lichen croissent lentement, à vue de nez quelque chose comme 1 cm en dix ans (voir montage photo dans le billet d'hier). De larges surfaces du bloc, au N surtout, sont couvertes de lichens. Même si on suppose que ces plaques résultent de la coalescence de plusieurs petites ayant cru simultanément, on peut supposer encore que la bloc est «là» depuis, disons, belle lurette.
    • Le toit du bloc est rugueux, creusé de sillons, ce qui s'expliquerait mieux si cette surface avait été exposée au raz du sol durant une «assez longue période de temps». (Voir les photos qui suivent.) En effet, les flancs du bloc, généralement lisses et arrondis, ont conservé leur poli glaciaire, réserves faites du débitage par gros éclats évoqué plus haut. A-t-il connu des régimes d’érosion distincts : une époque où n’émergeait que le toit (érosion aérienne du toit), suivi d’une époque qui a vu le dégagement des ses flancs (érosion «par débitage», aidé par la fracturation du roc) ?

    Toit du bloc erratique du parc de la Gatineau. Les sillons sont les vestige d'un ancien épisode d'érosion aérienne qui a exploité la structure tortueuse du granite (érosion différentielle). Discrète présence du végétal. (6 août 2011.)

    Surface similaire, au ras du sol, mieux exploitée par la végétation. 
    Kanata Town Centre Core Park, Ottawa. (4 décembre 2010.)

    Gneiss rubané, exposé au ras du sol, à structure plus régulière que le granite du bloc (autre érosion différentielle). Kanata Town Centre Core Park, Ottawa. (4 décembre 2010.)

    • Le bloc, finalement, est trop bien conservé, nonobstant la question de l'évolution de son état au cour des dix dernière années. (Revoir ce billet et voir celui-ci.) Il aurait dû être rapidement transformé en jardinière, pot de fleurs ou marchepied pour les arbres. Le moindre bout de roche qui affleure dans le secteur (élément du socle ou bloc erratique) est aussitôt colonisé par les mousses, touffes d’herbe, arbustes et même des arbres qui finissent par atteindre d'aussi grandes dimensions que ceux qui plantent leurs racines dans un sol «normal» (photos qui suivent). Le toit du bloc, plat et rugueux, est le terrain idéal pour cette entreprise de verdissement accéléré. Or, sauf quelques petites herbes (qui n’existaient pas en 2000), le toit semble stérile.


    Parc de la Gatineau, piste no 1, à l'ouest de Chelsea, dans le secteur du «gros bloc erratique» : 
    le moindre rocher est littéralement pris d'assaut par la végétation. 
    Le bloc erratique devrait, normalement, être dans cet état. 
    (Les deux photos : 6 août 2011.)


    Conclusion ?
    • Je crois que l'exposition du bloc est «relativement récente» et qu'il n'a pas été à l'air libre depuis la fin de la Glaciation (il y 12 000 ans dans le secteur) ou le départ des eaux de la mer de Champlain (achevé dans la région il y a 10 000 ans). Il s'agit bien d'un bloc erratique, abandonné par les glaciers, mais exhumé à une époque «récente». Je ne peux convertir cet adjectif en nombre d'années.
    • Je suspecte que ce «gros bloc» a été mis en valeur il y a quelques dizaines d'années et d'être entretenu depuis un «bon moment» par la CCN qui gère le parc de la Gatineau. (La plus ancienne mention du bloc remonte à 1956, avant la construction de la section de la promenade de la Gatineau qui passe tout près de lui : Wilson A.E., 1956 — «A guide to the geology of the Ottawa district.» Canadian Field-Naturalist, v. 70, no. 1, 68 p.)
    • Bref, il y a eu la déposition du bloc par les glaciers (-12 000 ans), l'érosion du toit (date indéterminée), l'exhumation du bloc et son débitage par développement de fractures (date indéterminée), le dégagement du terrain autour et la pousse des arbres qui l'encagent ainsi que la croissance de lichens (avant 1956 ?) et l'apparition de taches de champignons blancs (après l'an 2000, revoir mon billet du 6 août). De cette chaîne d'événements, le premier et le dernier maillon me semblent les seuls chronologiquement inattaquables.

    Voisin miniature de notre bloc erratique. Ce n'est pas très évident de s'y retrouver dans tout ce vert, mais plusieurs arbustes et plantes poussent sur le dessus de la roche. (6 août 2011.)

    Dessus du bloc (photo ci-haut). Jungle et fouillis. Qu'est-ce qui a empêché notre «gros bloc» de connaître le même sort ? (6 août 2011.)

    La mousse prospère ici. Les roches l'adoptent comme tenue de camouflage. Parc de la Gatineau, à quelques dizaines de m du «gros bloc erratique». (6 août 2011.)

    dimanche 7 août 2011

    Retour à l'erratique : seconde partie

    Bloc erratique du parc de la Gatineau, au sud de Chelsea (Québec). 
    Haut : 20 mai 2000 ; bas : 6 août 2011 (photo travaillée pour obtenir des couleurs plus justes). 
    Les traînées de pluie, à gauche, se sont accentuées quelque peu en plus de s'élargir. 
    Les sacs à dos, en bas à gauche, donnent l'échelle. 
    Documents repris de mon billet d'hier.


    J'ai retrouvé quelques vieilles photos du «gros bloc erratique» du parc de la Gatineau qui n'avaient pas encore été scannées. Elles me permettent de poursuivre un peu mieux la comparaison de l'état du bloc an 2000/an 2011, entreprise commencée ici (billet précédent ; voir aussi celui-ci.)

    Veuillez noter que la poussière fait partie intégrante de ces vieux documents et qu'il n'est pas plus question de les supprimer que de priver la Joconde de ses craquelures !


    20 mai 2000. Face nord, vue générale. Photo un peu forcée pour accentuer les contrastes.

    6 août 2011. Face nord, vue générale. Les plaques de lichens sont plus apparentes sur cette photo. Néanmoins, le voile blanchâtre qui recouvre le roc, à droite, semble bien nouveau.

    20 mai 2000. Face nord (détail).

    6 août 2011. Face nord (détail). Progression ou meilleure visibilité des plaques parasites ? Un peu des deux sans doute. Une multitude de petites taches nouvelles sont apparues. 

    Autre détail de la face nord (montage). Les «ronds» de lichens ont crû, de nouveaux sont apparues. L'aspect général a moins changé que je ne l'avais pensé au premier abord. À qui veut s'essayer, ce genre de document permettrait de calculer la vitesse de croissance des lichens.

    20 mai 2000. Face ouest. 

    6 août 2011. Face ouest. Pas de changement notable ici. 
    Apparition d'une des taches blanches au bas du bloc. D'autres sont visibles dans le billet d'hier.