mercredi 24 juillet 2019

Joli bloc à Kanata (ajout)



Photo 1A. - Pelouse bien décorée - eh non, je ne parle pas des fleurs. Une gneiss mélanocrate (noir) est recoupé par un granite gris gneissique ; tous deux ont été recoupés ensuite par un granite rose plus grossier. Kanata (Ottawa), juillet 2019. Voir AJOUT pour autre interprétation, plus probable.


Belle pierre à Kanata, banlieue d'Ottawa, à l'entrée de Petra Private. (Petra, c'est un nom prédestiné.)

Certaines personnes ont le bon goût de ne pas jeter ou ensevelir les pierres extraites ou dévoilées par les travaux de construction. La chose est particulièrement fréquente à Kanata. À quand le prix de la ville la plus « roche » ?

Le bloc, qu'on aperçoit à l'entré de la rue Petra depuis l'avenue Kanata, montre un gneiss mélanocrate (noir) recoupé par un granite gris gneissique : des rubans et des « lacets » noirs flottent, emportés par le granite. Des plissements verticaux (selon la disposition actuelle du bloc) affectent à la fois le granite gris et ses enclaves noires (voir photos 2A,B). Le tout a été recoupé ensuite par un granite orangé plus grossier, tardif. (Le bloc étant sur un terrain privé, je n'ai pas pu l'examiner avec toute l'attention qu'il méritait.)

AJOUT (12 sept. 2019)

On peut interpréter les choses différemment. Il s'agirait d'un gneiss granitique (ou antérieurement granitisé ?) lardé de filons mélanocrates qui l'ont envahi. L'ensemble aurait ensuite été plissé et puis finalement recoupé par le granite rose grossier. Les plis des filons mélanocrates font penser à ceux recoupant un marbre au lac Barnes, plus au nord (Québec). Voir billet du 30 sept. 2017.



Photo 1B. - Détail de la photo 1A. Des lambeaux de gneiss noir, parfois réduits à l'épaisseur d'une feuille, sont emportés par le granite gris, gneissique lui aussi. Le granite rose, tardif, est plus grossier.



Photo 2A. - Autre vue.



Photo 2B. - Détail de la photo 2A. Lambeaux de gneiss noir plissés en accordéon, à droite, indices de pressions verticales (selon la disposition actuelle du bloc), perpendiculaires aux longs rubans. Le granite gris a subi les mêmes pressions que les enclaves noires.



Photo 3. - Autre vue.



Photo 4. - Des roches semblables, encore en place, existent dans les environs immédiats. Lambeaux de gneiss sombre dans le granite orangé. Voyez le lit blanc plissé formant une sorte de C à l'envers, à droite. Photo juillet 2016.



Photo 5. - Vue rapprochée de l'affleurement de la photo 4. Gneiss noir recoupé par granite gris (bien visible en haut à droite) ; granite rose grossier recoupant ces deux derniers. Les mêmes ingrédients que dans le bloc de la photo 1A,B, dans des proportions différentes. Ici, le granite rose l'emporte. On peut même dire qu'il emporte tout ! Photo juillet 2016.

dimanche 14 juillet 2019

Jetée de pierre dans le ruisseau de la Brasserie, à Hull (QC).



Partie nord de l'Île-de-Hull en 1925. Ressources naturelles Canada, Photothèque nationale de l'air, photo HA67, no 60, 4 nov. 1925 (détail). Le quai dans le ruisseau de la Brasserie (en haut) est bien visible (structure rectiligne anguleuse en haut à droite). En bas à gauche, intersection des boulevards Sacré-Coeur (E-W) et Montclair (N-S). Le pont du boul. Fournier en haut à droite (aujourd'hui pont double). Voir la carte à la fin du billet.


J'ai enfin pu accéder au quai de pierre dans le ruisseau de la Brasserie, à Hull (QC).

Le quai constitue le vestige solitaire d'un projet de développement datant du début du XXe siècle. Le nord de l'Île-de-Hull devait accueillir un quartier résidentiel - le quartier Dupuisville (voir la carte à la fin du billet). Le plan des rues était déjà tracé. Le projet prévoyait en outre l'implantation d'une usine de transformation des résidus de bois des scieries locales en alcool. Un quai, le long du ruisseau de la Brasserie, avait déjà été construit. Sauf cet ouvrage dont des vestiges sont encore visibles, rien de tout ça n'a connu un début de réalisation. J'en suis encore à chercher les raisons de cet abandon. Peut-être sont-elles liées à un autre projet avorté, celui du canal de la baie Georgienne, sur les mêmes terrains (billet du 20 févr. 2019 ; suivre les liens qu'il contient). Le nord de l'Île-de-Hull est demeuré plus ou moins abandonné jusqu'à la construction de l'autoroute 5 dans les années 1960.

Voir le billet du 11 février 2019 pour plus de détail sur le quai et le quartier Dupuisville (ainsi que des cartes et d'autres photos). Suivre les liens qu'il contient.


Note (20190715). - J'ai d'abord utilisé les termes jetée, digue, mur ou chaussée pour désigner cette structure linéaire dans les eaux du ruisseau, ignorant sa véritable nature. Le terme quai convient mieux (billet du 11 févr. 2019, lien plus haut). Je corrige donc mes textes en conséquence. Il est trop tard cependant pour changer les titres des billets.

L'ouvrage devait servir de quai à l'usine en plus de faciliter son accès par voie d'eau. La mort du projet l'a privée de toute utilité. Il demeure dans le paysage, totalement ignoré. À ma connaissance, je suis le premier à rassembler des données éparses sur cette structure ; même les cartes topographiques présentent comme chose naturelle le dessin rectiligne de la rive droite du ruisseau en amont du pont du boulevard Fournier. Le quai, jouant aussi le rôle de barrage, a pourtant permis de combler une large baie que traversent sans s'en douter les automobilistes qui empruntent l'autoroute 5 au nord de l'Île-de-Hull (billet du 11 févr. 2019, lien plus haut).

J'ai profité du fait que le niveau des eaux est suffisamment bas ces derniers temps pour accéder au quai à pied sec. (Pour atteindre la jetée, il faut traverser des bretelles de l'autoroute et le bois qui longe la rive.)

Je m'attendais à quelque chose de mieux structuré. Il s'agit d'un simple amoncellement de pierres calcaires plates, sans nul ciment ou mortier, ni coffrage pour les contenir. Le limon (ou la boue) remplit les interstices, ce qui n'empêche pas que de les pierres en surface demeurent libres. L'herbe pousse dans ce terreau, assez étendu par endroit pour masquer les pierres. Je me demande si le terreau et les racines des herbes ne contribuent pas à consolider l'ensemble. Il est vrai que le courant n'est pas très fort à cet endroit, près de l'embouchure du ruisseau.

L'eau étant assez opaque, je n'ai pas pu voir comment l'amoncellement se présente en profondeur. Le quai n'émerge du ruisseau que par section, de longs segments ne sont plus visibles. Les parties intactes résistent tout de même depuis plus de 100 ans aux assauts du temps.

Photos : 11 et 14 juillet 2019


Deux segments du quai de pierre dans le ruisseau de la Brasserie (Hull, QC), près de son embouchure dans l'Outaouais, depuis le pont du boulevard Fournier.



Autre point de vue. Visée vers l'est ouest : le quai originel se poursuivait plus loin (voir billet du 20 févr. 2019, lien plus haut dans le texte).



Le quai, in situ. Le calcaire local a servi à son édification. Aucun ciment ou mortier ne retient les pierres. Étonnant qu'elles tiennent en place après plus de 100 ans. À l'arrière plan, les deux ponts des voies du boulevard Fournier.





Autre point de vue.



Ici, la boue recouvre les pierres. Le quai pourrait disparaître progressivement de la vue.



Détail.



On a utilisé une pierre forée. Beaucoup de petits éclats doivent provenir de l'action du gel. Le courant n'est pas fort dans le ruisseau, près de l'embouchure, on peut se demander à quel rythme il emporte les petits fragments.



Une vieille brique. Fait-elle partie des matériaux d'origine ? (Voir billet du 4 sept. 2016 sur les briques écossaises de la Gilmour.)



Aucun ciment, mais tout tient en place.



Galets arrondis. Font-ils partie des matériaux d'origine ?



De nombreux débris de béton sont visibles sur la rive.


Le quartier Dupuisville projeté (1908) et jamais réalisé, sauf le quai (surlignée en rouge) dans le [BreweryCreek, ou ruisseau de la Brasserie. Les rues selon le quadrillage nord-sud n'ont jamais été construites. Comparez avec la photo aérienne du début du billet. Le pont du boulevard Fournier est à droite, à l'extrémité est de la jetée. La carte n'indique cependant pas où aurait pris place l'usine de production d'alcool de bois.
Source de la carte : Cinq-Mars, Ernest E., 1908 – Hull, son origine, ses progrès, son avenir. Éditeurs Bérubé frères.