mardi 23 mai 2017

Eozoon canadense : suite (ajouts)


Suite : voir billet du 7 juillet 2017.


Fig. 1. - Google Street, saisie d'écran : Brian Fisher (2017). Route 321, à Côte-St-Pierre, municipalité de St-André-Avellin, au nord du petit lac Charlebois, QC. L'Eozoon canadense affleure dans les collines de marbre à l'ouest (à gauche) de la route. À droite : gneiss dioritique (?) sur le bord de la route.


Introduction

Suite au billet du 3 février 2017, «L'Eozoon canadense à Côte-St-Pierre». L'Eozoon canadense, un pseudofossile, a été découvert en 1863 dans un marbre précambrien (province de Grenville, 1 milliard d'années et plus) à Côte-St-Pierre, municipalité de St-André-Avellin, au NE de Gatineau, QC. Pendant quelques années, l'Eozoon, et Côte-St-Pierre avec, a joui d'une célébrité mondiale. Voir mon billet de février (lien plus haut).


Brian Fisher, de Ripon, près de St-André-Avellin, m'a envoyé cette vue de la route 321 prise dans Google Street (fig. 1). Elle serait l'équivalent moderne de la photo publiée en 1913 par Stansfield (fig. 2), photo que j'avais reprise dans mon billet du 3 février 2017 (lien dans l'introduction).

Puisque nous en sommes à l’exhumation du passé, M. Fisher, qui tient ses renseignements de Paulette Dambremont, m'apprend en outre que la ferme d'un certain G. Lavigne, visible sur la photo de 1913 ainsi que sur une carte publiée trois ans plus tard (fig. 4), existait encore dans les années 1960-1970.

Je trouve toute cette histoire très touchante. Une carte et une photo du début du XXe s. montrent la ferme d'un certain G. Lavigne ; 100 ans plus tard, des habitants de la région se posent des questions sur ce personnage. Jusqu'ici, je n'avais obtenu sur lui que des renseignements très imprécis. Je savais que la propriété avait été vendue et n'appartenait plus aux descendants de monsieur Lavigne. Voilà que Mme Dambremont et M. Fisher viennent m'aider à compléter le puzzle. Il reste plusieurs autres morceaux à découvrir.

Je disais dans l'introduction que Côte-St-Pierre avait bénéficié d'une renommée mondiale avant que l'affaire de l'Eozoon canadense ne soit éventée (le fameux fossile précambrien n'en était pas un). Témoin de cette célébrité : c'est une carte publiée en 1916 par un Allemand (Rothpletz ; fig. 4) qui identifie la ferme de G. Lavigne. Sans ce savant Teuton, qui ici aurait pensé ressusciter ce personnage ? Ajout (24 mai 2017). - On aimerait savoir si monsieur Lavigne était au courant de sa célébrité mondiale ? Et quel prénom se cache sous l'initiale G. ? Gaston, Georges, Gérald, Gratien, Grégoire, Gustave...) Ajout 25 mai 2017. - Il s'agit de Gilbert Lavigne (Rothpletz, 1916, p. 27, 29, 53 et planche V). Il est aussi quiestion d'un certain Napoléaon Lavigne. J'ignore s'il s'agit de ce Gilbert et de ce Napoléon*.

* Il était facile de découvrir ces noms en consultant le texte d'où j'avais tiré la fig. 4. Cependant, en février dernier, lorsque j'avais fait mes recherches sur l'Eozoon, le fichier du texte, un pdf téléchargeable, était de maniement délicat (Rothpletz, 1916 ; voir Références). Il se téléchargeait difficilement, s'affichait laborieusement et avait tendance à se fermer sans préavis. Je m'étais estimé heureux dans ces conditions de pouvoir réaliser la saisie d'écran qui m'a donné la carte de la fig. 4. De plus, le texte (plus de 100 pages) est en allemand. Aujourd'hui, ne me demandez pas pourquoi, le pdf, téléchargé à nouveau, se comporte normalement - je précise que je n'ai pas changé de matériel informatique depuis février - et j'ai pu enfin le parcourir à l'aise - mais non le lire, ne connaissant pas l'allemand.



Fig. 2. - Stansfield (1913). La «route 321» au début du XXe s., au nord du lac Allard (aujourd'hui lac Charlebois) : comparez avec la fig. 1. L'Eozoon se trouve dans la colline à gauche de marbre (à l'ouest) du chemin. La maison blanche, à droite, serait celle de G. Lavigne (voir fig. 4)



Fig. 3. - Google Street, saisie d'écran votre serviteur, 3 févr. 2017. J'avais cru que cette vue correspondait à celle de la photo de Stansfield (1913 ; fig. 2) de 1913. Apparemment, je m'étais trompé. M. Fisher (fig. 1) suppose que la photo originale a été prise plus au nord, approx. à la hauteur de l'actuelle grange au toit rouillé, visible à droite de la route.



Fig. 4. - Rothpletz (1916). Carte géologique de Côte-St-Pierre. Elle correspond à celle de Stansfield, plus lisible (fig. 5), et je je ne l'aurais pas reproduite dans mon billet du 3 février dernier sans un petit détail pittoresque, la ferme d'un certain G. Lavigne (L). Ajout (25 mai 2017) - G pour Gilbert.

Légende : ajouts par rapport à Stansfield (voir fig. 5) : Quartzit : quartzite ; Marmor : marbre ; Gabbro de Rothpletz : diorite de Stansfield ; Kalstein : calcaire ; Quelle : source ; Schacht : arbre. Le gneiss visible à droite (à l'est) de la route sur la fig. 1 correspond sans doute à l'affleurement visible ici au sud de la ferme de G. Lavigne.



Fig. 5. - Stansfield (1913) : occurence d'Eozoon canadense à Côte-St-Pierre, QC, au N de Ripon. Quelques éléments de la légende : E : Eozoon ; A : Asbestos (amiante) : Limestone : marbre ; Lac Allard : lac Charlebois d'aujourd'hui ; le chemin correspond à la route 321 moderne.
En comparant avec la fig. 4, il est facile de repérer la ferme de G. Lavigne (rectangle noir).


Références

  • Rothpletz, August, 1916, Über die systematische Deutung und die stratigraphische Stellung der ältesten Versteinerungen Europas und Nordamerikas mit besonderer Berücksichtigung der Cryptozoen und Oolithe. II. Über Cryptozoon, Eozoon, und Atikokania; Abhandl. Bayer. Akad. Wiss., Math-Physik. Kl., vol. 28, no 4, 92 p. http://www.zobodat.at/pdf/Abhandlungen-Akademie-Bayern_28_0001-0092.pdf
  • J. Stansfield, 1913. «Mineral Deposit of the Ottawa district, Excursion A10», in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa : excursions A6, A7, A8, A10, A11, Ottawa : Government Printing Bureau, 1913, 162 p. (with maps). http://www.biodiversitylibrary.org/ia/guidebooksofexcu03inte#page/5/mode/1up

lundi 8 mai 2017

La crue de 2017 : des castors et des chiffres


Pont au dessus du ruisseau de la Brasserie à son embouchure dans l'Outaouais, boul. Fournier, Gatineau, QC. Photos 5 sept. 2016 et 8 mai 2017. On est sans nouvelle de la famille Castor.


Quelques statistiques :


Crues records de l'Outaouais, à la marina de Hull (Gatineau)


Période de 1965 (mise en eaux du barrage Carillon) à aujourd'hui*
  • 45,20 m : 7 mai 2017
  • 44,91 m : 1974 (date non précisée davantage)
Période de 1940 à 1962 (selon les moyennes mensuelles)**
  • 44,55 m : année non disponible
Période de 1876 à 1947***
  • 45,48 m : 1909 (date non précisée davantage)


* CPRRO
** Estimation selon le graphique de Vaillancourt et al., 1995, reproduit dans le billet du 8 juin 2014.
*** Rapport Gréber (1950), référence complète dans le billet du 8 juin 2014.


Mêmes photos en grand.



dimanche 7 mai 2017

Le saule et la crue


Il y a une suite (ou une conclusion) : billet du 8 juin 2017.


Le saule de l'île Hull, dans l'Outaouais, sous la Cour suprême, vu de Hull (Gatineau), QC. Photo 4 mai 2013, en une crue plus clémente que celle de cette année.


Je suis comme un saule inconsolable. Mon arbre préféré a été emporté par la crue de l'Outaouais. Le 4 mai dernier, comme chaque printemps, il défiait encore les vagues, vaillant, les bourgeons déjà éclatés. Aujourd'hui, 7 mai, il n'est plus dans le paysage ; il n'est plus, point.

Il poussait sur l'île Hull, entre Ottawa et Hull (Gatineau).

(Attention à ne pas confondre l'île Hull (dans la rivière) et l'Île-de-Hull (quartier de la ville délimité par la rivière et le ruisseau de la Brasserie)).

Je suivais la croissance du saule depuis quelques années (voir ces anciens billets). Par l'examen de photos aériennes, j'en avais déduit qu'il existait depuis 2002. Distinguer, depuis des photos prises du haut des airs, un saule naissant des arbustes et autres herbes qui poussent sur l'île n'est pas chose aisée, et je donne cette date comme approximative.

Chaque printemps, l'île Hull était recouverte par la crue de l'Outaouais. Le saule tenait bon, les branches émergeant au dessus des vagues. Sans perdre de temps, il verdissait, même alors qu'il avait les pieds dans l'eau.

Cette année, la double crue, celle d'avril, déjà forte, et celle de mai, qui se poursuit et qui bat tous les records, semble avoir eu raison de lui.

C'est triste. Est-ce que l'île Hull va revenir à la nudité rocailleuse qui était la sienne avant l'an 2000 ?

Dernier espoir : le saule n'est peut-être que submergé : voir deux dernières photos du billet.



Le saule et l'île Hull le 7 juillet 2014. La photo a été prise depuis le belvédère derrière la Cour suprême.



7 mai 2017, depuis le même point de vue que pour la photo précédente. Les rapides signalent la position de l'île Hull. Le saule devrait émerger des vagues à la verticale du pylône qui se dresse sur la rive opposée (vers la gauche).



4 mai 2017 : le saule émergeait de l'Outaouais en crue. Photo prise depuis le pont Alexandra.



Détail de la photo précédente. Est-ce que la hausse du niveau de l'Outaouais, passée de 44,59 m (4 mai) à 45,16 m (7 mai à 16 h 00 (CRPPO)), soit une augmentation de 57 cm, pourrait laisser espérer que le saule n'est que submergé ?

samedi 6 mai 2017

L'Outaouais à un cm de la crue record de 1974 (ajouts)


Le débarcadère du bateau-taxi, derrière le Musée canadien de l'Histoire, à Gatineau, où l'on embarquait (et débarquait, of course) à pied sec, est fermé pour cause de trop d'eau. Niveau des eaux aujourd'hui 6 mai, à 12 h 00, selon la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO) : 44,90 m. Record : 44,91 m (1974). La Commission en prévoit 45,10 m...
(AJOUT). - Niveau de l'Outaouais le 6 mai à 24 h : 45,10 m ; le 7 à 16 h : 45,16 m. (Toutes les mesures : marina de Hull (Gatineau), près du Musée.)

Quai du bateau-taxi, derrière le Musée canadien de l'Histoire, à Gatineau, QC. 
Photo 6 mai 2017, vers 20 h 00.


Détail : Fluctuat nec mergitur.



7 mai 2017. vers 15 h 40. Niveau de la rivière à 16 h 00 : 45,16 m (CPRRO). Je ne sais pas pourquoi, j'ai envie d'écouter Yellow Submarine des Beatles...

mercredi 3 mai 2017

Bancs aquatiques à Gatineau


1er mai 2017 :  niveau des eaux de l'Outaouais à Hull (Gatineau), derrière le Musée canadien de l'Histoire : 44,05 m.
Deux bancs publics, presque submergés, sont visibles à gauche, entre deux arbres. 
Les vagues arbustes qui émergent avec peine de l'eau,  à droite, en bas de la photo, sont normalement 2 m au dessus du niveau de la rivière, au sommet d'une muraille de blocs rocheux (billet du 18 avril dernier).
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3 mai 2017 :  niveau des eaux : 44,49 m. Les deux bancs, totalement submergés, sont sous les arbres (et sous l'eau). 
AJOUT (4 mai 2017). - Le niveau des eaux le 3 mai à 24 h était de 44,56 m. Le lendemain à 14 h, il était demeuré à cette valeur.
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22 avril 2017 : niveaux des eaux de l'Outaouais près du pont Alexandra, à Gatineau : 44,00 m. On reconnait les deux bancs (et leur poubelle mitoyenne).
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Nos deux bancs avec vue sur l'Outaouais (ainsi que la poubelle qu'ils se partagent) au sud du pont Alexandra, derrière le Musée canadien de l'Histoire, ont disparu, submergés qu'ils sont par la montée des eaux de la rivière (voir le billet du 22 avril.) La crue des 19 et 20 avril dernier (44,08 m) leur avait laissé quelques cm hors de l'eau ; aujourd'hui, 3 mai, Les amoureux des bancs publics de Brassens devront passer leur chemin et chercher ailleurs un endroit où se bécoter. La rivière, à 15 h, avait atteint la cote des 44,49 m. Depuis 1965, date de la mise en eaux du barrage Carillon, cette valeur n'a été dépassée que deux fois : en 1974 (44,91 m) et en 1976 (44,74 m). (Voir le billet du 18 avril 2017.)

(Les niveaux de la rivière sont donnés par la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO)).   

«Tendance des conditions en rivière
Les niveaux d'eau dans la plupart des endroits le long de la rivière des Outaouais ont augmenté considérablement en réponse aux précipitations reçues des derniers jours. En raison des pluies importantes (15 à 40 mm) qui sont prévues sur l'ensemble du bassin versant à partir de vendredi, on prévoit des hausses importantes additionnelles des niveaux entre Pembroke et la région de Montréal. Selon ces prévisions, les niveaux de pointe devraient être atteints en début de semaine prochaine.» (Source : CRRRO, 3 mai 2017).

Sans commentaire...

AJOUT TARDIF (19 avril 2018)

Le maximum de la crue a été atteint le 7 mai à la marina de Hull : 45,20 m.


21 avril 2017 :  niveau des eaux de l'Outaouais à Hull (Gatineau) : 44,04 m.
Les deux bancs, presque submergés, sont au centre de la photo, à gauche. 
Les débris laissés par la crue des 19-20 avril (44,08 m) est visible au bord de l'eau.

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3 mai 2017 :  niveau des eaux de l'Outaouais à Hull (Gatineau), à 15 h : 44,49 m.
Les deux bancs, sous les arbres, sont submergés. 
La ligne de débris de la photo précédente est dépassée par la montée des eaux.
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