vendredi 30 janvier 2015

Les Chaudières et l'arpenteur


Une transcription de cette description des chutes des Chaudières et du Trou-du-Diable a déjà été publiée dans ce blogue (billet du 30 déc. 2014 notamment). Elle a l'avantage d'avoir été rédigé alors que l'endroit était encore à son état natif, ou presque. Joseph Bouchette, son auteur, était un arpenteur, et, de toute évidence, il savait voir la topographie.

Voici maintenant pour référence le texte original (ou plutôt son image).

Extrait de Bouchette (1831), à propos de la «caverne» (Trou-du-Diable) de la chute de la Petite Chaudière, dans The British dominions in North America, or, A topographical and statistical description of the provinces of Lower and Upper Canada, New Brunswick, Nova Scotia, the Islands of Newfoundland, Prince Edward, and Cape Breton [microform] : including considerations on land-granting and emigration : to which are annexed, statistical tables and tables of distances, &c. (1832)

(Note. – La page titre du volume porte l'année 1831 ; les références donnent 1832 comme date de publication.)

Le volume est accessible et téléchargeable ici.




Ajout (31 janv. 2015)

Tant qu'à montrer l'original, autant reprendre la transcription (cf. billet du 30 déc. 2014, lien plus haut), sur laquelle je peux intervenir. Bouchette décrit la Grande et la Petite Chaudière (Great et Little Kettle) ; ici, c'est seulement la Petite qui nous intéresse :


Joseph Bouchette (transcription)

«Above the falls the river is about 500 yards [455 m] wide, and its scenery is agreeably embellished by small grove-clad islets, rising here and there amidst the waters as they gently ripple by or rush on with more or less violence, to the vortex of the Great and Little Chaudière. The bed of the river is composed of horizontal strata of limestone, and the chute is produced by its deep and sudden subsidence, forming broken, irregular, and extraordinary chasms, one of which is called the Great, and the other, the Little Kettle or Chaudière. The former derives its name from its semicircular form and the volume of water it involves; but the latter bears no similitude to justify its appellation, the waters being precipitated into a broad, elongated, and straight fissure, extending in an oblique position north-west of the Great Kettle, and being thus strikingly contrasted with it.

The principal falls are 60 feet [18 m] high, and their width is measured by a chord of 212 feet [65 m]. They are situated near the centre of the river, and attract by their forcible indraught a considerable proportion of the waters, which, strongly compressed by the circular shape of the rock that forms the boiling recipient, descend in heavy torrents, struggling violently to escape, and rising in spay-clouds which constantly conceal the lower half of the falls, and ascend at irregular intervals in revolving columns much above the summit of the cataract.

The Little Chaudière may without much difficulty be approached from the Lower Canada shore, and the spectator, standing on a level with the top of the fall and on the brink of the yawning gap into which the floods are headlong plunged, surveys the whole length of chute and the depths of a cavern. A considerable portion of the waters of the falls necessarily escapes subterraneously after their precipitation, as much greater volume is impelled over the rock than finds a visible issue. Indeed this fact is not peculiar to the Little Chaudière, but is one of those curious characters of this part of the Ottawa of which other singular instances are observed; the waters in various places being swallowed by deep but narrow rents and fissures, leaving their natural bed almost dry, to dash on through some subterranean passage that defies the search of the explorer.»

Source de la transcription : Francine Brousseau, Historique du nouvel emplacement du Musée national de l’Homme à Hull, Musée nationaux du Canada, coll. Mercure, Histoire no 38, Ottawa, 1984, p. 11 et 15. (J’ai rétabli quelques coquilles d’après le pdf du texte original : J. Bouchette, The British Dominions in North America [...], p. 191-192.])



jeudi 29 janvier 2015

Suite impromptue au billet de la veille


Il me semble que la possibilité d'un réseau de cavernes sous la rivière des Outaouais, à Hull, aurait dû soulever depuis longtemps un grand intérêt dans la population ou, du moins, alimenter la curiosité et susciter quelques tentatives de résolution du mystère.

Ben non.

mercredi 28 janvier 2015

La Grande Caverne aux Chaudières


Carte modifiée de © Google. À gauche, barrage et chute de la Grande Chaudière sur l'Outaouais, à Hull (Gatineau, Québec). GC* : position approximative de la grande caverne (lire texte qui suit). Cette position est donnée d'après un Rapport de la CSST (2002 ; Annexe 1, plan no 1). L'orientation et la situation de la caverne la place dans le prolongement d'une longue faille NNW qui coupe la plate-forme calcaire immédiatement au sud. J'avais déjà remarqué cette faille qui semble liée au tronçon sud du ruisseau de la Brasserie (voir mon billet du 1er mars 2014). Le Trou-du-Diable, tout près de la grande caverne, se trouve sur la même plate-forme calcaire que celle-ci.


Est-ce une sorte d'aboutissement, la fin ou le nouveau départ d'une longue saga ? La lumière au bout de la caverne ? Depuis deux ans, accordant créance à des textes remontant au début du XIXe siècle, je cherche des preuves de l'existence de cavernes ou de passages sous les chutes des Chaudières, à Gatineau, dans le socle calcaire de la rivière des Outaouais, au lieu dit le Trou-du-Diable. À ceux qui s'étonneraient : il existe un réseau de cavernes long de plusieurs km sous la rivière, bien documenté et bien cartographié, à Pembroke (cf. billet du 15 janv. 2013).

Voir mon billet du 30 déc. 2014 consacré au même sujet avec les réponses d'Hydro-Québec, propriétaire de la centrale Hull-2 (voir photo satellite Google), à ma demande d'information à propos de ces insaisissables cavernes et passages. Résumons les dires d'Hydro-Québec : ils ne savent rien et n'ont aucune documentation à ce propos...

Or...,

 ... or, il existe bel et bien des failles et des cavernes aux Chaudières. C'est connu, su et documenté, malgré ce que laisse entendre Hydro-Québec. Si je peux être si péremptoire, c'est grâce à un rapport public de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST). Merci à Jean-Louis Courteau qui m'a révélé son existence.

Même si ce qui est décrit dans le rapport de la CSST concerne la centrale Hull-2, plus de cent m au sud du Trou-du-Diable, il n'en reste pas moins que la possibilité de cavernes et de conduits sous l'eau à travers le socle calcaire sous les chutes des Chaudières (et ailleurs dans la rivière) ne peut plus être niée. Et que les rapports géologiques qui les décrivent existent aussi (et pas d'hier), contrairement à ce qu'assurait Hydro-Québec...


Extrait du rapport de la CSST (2002 ; p. 16-17) (le gras est de moi) :

«En référence aux informations provenant des documents d'Hydro-Québec [...], la nature de la fondation du bassin en bief d'amont de la centrale Hull 2 peut se résumer comme suit :

En terme géologique, la fondation d'amont est composée principalement de formations de calcaire sédimentaire à stratification horizontale. Les lits de calcaire sont d'épaisseur variant de quelques centimètres à quelques décimètres et sont intercalés et alternés par de minces couches (< 1 cm) feuilletées de schiste [sic : shale] friable. Le calcaire est traversé et entrecoupé assez régulièrement par des joints et des structures tectoniques sub-verticaux de grande portée (en surface comme en profondeur).

Tout comme dans d'autres secteurs de la Rivière des Outaouais, il existe au site Hull 2 un réseau d'intercommunication et d'écoulement souterrain assez développé à travers les grandes et les petites fractures et cavernes ouvertes dans le roc. On signale notamment la présence :

– d'une caverne principale dont l'entrée d'environ 2 m de large, se trouve approximativement au milieu du bassin. Cette caverne est accompagnée d'un réseau de petites cavernes situées sous le barrage ;
– d'un réseau de petites fractures et de petites cavernes inter-communicantes localisées directement en amont de la prise d'eau du pilier no 4 et du déversoir auxiliaire.

Le phénomène de la formation des cavernes et de leur agrandissement progressif est principalement dû aux actions répétitives des rivières souterraines. Ces actions sont de double nature : chimique telle que la dissolution du calcaire lui-même, et mécanique comme l'érosion, le fractionnement et l'effritement progressifs, ce qui conduit au relief et à la géomorphologie décrits ci-haut.»


Éléments de l'Annexe 1 (Rapport géologique)

On précise dans l'Annexe 1 que les directions des joints sub-verticaux qui découpent le calcaire sont N 65° à 75° W et N 40° E, le second étant moins développé. L'entrée de la «caverne principale» est «une fosse béante d'environ 5' de large x 65' de long x 25' de haut». [1,5 m x 20 m x 8 m.] «De toute évidence, cette caverne se prolonge au-delà du barrage déversoir selon une orientation N 20° O, plus ou moins.» (Voir, pour la direction des joints, le billet du 1er janv. 2013.)

Références

CSST, Rapport d'enquête d'accident : accident mortel survenu à une scaphandrière le 30 novembre 2000 au barrage de la centrale Hull 2 d'Hydro-Québec à Hull, no CAEQ 4911, cote EN-003323, 2002
Le rapport et les annexes sont disponibles en ligne :
http://centredoc.csst.qc.ca/pdf/ed003323.pdf
http://centredoc.csst.qc.ca/pdf/ad003323.pdf

Annexe 1 : extraits de Division Géomécanique, Géologie et Géotechnique, [Hydro-Québec], Rapport géologique et géotechnique de fin des travaux de réfection : année 1978, décembre 1978 (noms des auteurs biffés).


Enfin, précisons que la rédaction du rapport de la CSST découle du décès à la centrale Hull-2, le 30 novembre 2000, d'une plongeuse qui avait été happée lors d'une plongée d'inspection commandée par Hydro-Québec par le courant qui s'engouffrait dans la «grande caverne». La plongeuse était demeurée coincée au fond de la rivière près de la structure du barrage sans pouvoir s'extirper de la bouche de la caverne. Lire le rapport pour plus de détails.

samedi 24 janvier 2015

Draperies sous-marines, Lac-des-Seize-Îles


© Jean-Louis Courteau 2014







Draperies lacustres : lits ou filons de roches résistantes (quartzite, granite ou gneiss) dégagés du marbre par lente dissolution de ce dernier. Lac-des-Seizes-Îles dans les Laurentides, au nord-ouest de Montréal. Photo © Jean-Louis Courteau, 2014.




Même sujet :
Blogue Aquadelic de Jean-Louis Courteau
Le jardin des immortelles

Dans ce blogue :
11 août 2012, «Lac Tremblant : radiographie du marbre»
17 janv. 2015, «Plis et vieilles guenilles : la merveille»
29 oct. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite et persévérance»
26 oct. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite»
28 sept. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles»
16 oct. 2012, «Lac Tremblant : retour au fond des choses»

jeudi 22 janvier 2015

Le Trou-du-Diable aux Chaudières : les réponses d'Hydro-Québec


Le 4 décembre 2014, j'ai adressé à Hydro-Québec une demande d'information concernant le Trou-du-Diable, aux Chaudières, à Gatineau, près des centrales Hull-1 et Hull-2.

La réponse d'Hydro-Québec, datée du 8 janvier 2015, m'a été livrée par le facteur le 13 du même mois.

Pour en prendre connaissance, rendez-vous au billet du 30 décembre 2014 («Trou-du-Diable aux Chaudières : demande de renseignements»).


Le Trou-du-Diable à Gatineau, bien paisible, à se demander ce qui doit dormir au fond de l'eau pour que l'endroit ait reçu un tel nom... Photo 21 juin 2014.

mercredi 21 janvier 2015

Ruisseau de la Brasserie : session d'information


Je retransmets le message pour la cause. Je ne fais pas partie des personnes qui organisent l'événement. Pour plus de détails, voir à www.ottawariverkeeper.ca.


samedi 17 janvier 2015

Plis et vieilles guenilles : la merveille


Qu'est-ce ? Vous pouvez en dire ce que vous voulez, ça ne froissera pas la chose.


Résumé

Inclusions silicieuses résistantes dégagées par dissolution du marbre qui les contient dans les lacs des Laurentides. Elles révèlent par leur surgissement la tectonique du marbre (marbre de la province géologique du Grenville, Bouclier canadien, âgé de plus d'un milliard d'années).
Billet consacré au même sujet, blogue Aquadelic de Jean-Louis Courteau
Le jardin des immortelles
Billets consacrés au même sujet (dans ce blogue; le plus important est placé en premier)
11 août 2012, «Lac Tremblant : radiographie du marbre»
29 oct. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite et persévérance»
26 oct. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite»
28 sept. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles»
16 oct. 2012, «Lac Tremblant : retour au fond des choses»


Qu'est-ce au juste, que cette... chose ? Une pièce de chamois qui a servi à astiquer le casque de Goliath ? Ou à nettoyer le monocle du cyclope ? Le cuir d'un buffle blindé ? Le pan d'une veste pare-silex du Paléolithique ?

Vous ne voyez pas ?

Réponse : c'est une merveille.


Dans son milieu naturel, la chose (ou ses semblables) ont meilleure allure. Lits ou filons de roches silicieuses plissées dégagées par dissolution du marbre qui les contient. Lac-des-Seize-Îles dans les Laurentides. Photo © Jean-Louis Courteau, 2014.


Ce rectangle tout plissé de roche – un granite ou un quartzite – revient de loin. Il a toute une histoire.

Loin dans le temps, mais aussi loin – ou profond – dans l'espace.

Il s'est formé il y a plus d'un milliard d'années, à plusieurs km de profondeur à l'intérieur de l'écorce terrestre. Les pressions tectoniques ont plissé et trituré le banc de marbre à l'intérieur duquel il avait trouvé place. Notre granite/quartzite a pris un pli, même plusieurs ; bons ou mauvais plis, il les a conservé jusqu'à aujourd'hui.

Je passe rapidement les millions d'années, les centaines de millions d'années. L'érosion amène le marbre tout près de la surface. Les glaciations du Quaternaire rabotent et polissent le socle continental. Les glaces, il y a 10 000 ans, se retirent, l'eau s'installe dans un bassin de marbre poli. Voici bientôt un joli lac, entouré de feuillus et de conifères. Au fond, l'eau dissous peu à peu la calcite (le marbre, quoi) ; les inclusions siliceuses – granite, quartzite et gneiss –, résistantes, font saillie et sont peu à peu dégagées.

Vers 2012, des plongeurs plongent explorer les lacs des Laurentides. Ils en rapportent des photos de paysages fantastiques. Des rouleaux de pierre, pareils à des pieux, sortent de la roche, des murs se dressent, des draperies ondulent - ou plutôt n'ondulent plus, elles ont pris leur plis il y a  longtemps.

Ces paysages lacustres (ou sous-lacustres) sont à peu près totalement ignorés. Il doit s'en trouver partout dans les Laurentides et en Outaouais, partout où il y a du marbre.

C'est un scandale que ces merveilles soient soit si peu connues. Comme elles reposent au fond des eaux, il y a peu de chance que la publicité autour de leur existence ne les exposent au vandales !

Ce morceau de silicates rouillé m'a été apporté par Jean-Louis Courteau qui l'a ramassé au fond du Lac-des-Seize-Îles, au NW de Montréal, dans les Laurentides. (Voir, en autres, les billets d'octobre 2014, liens plus haut.)

Il figure à une place de choix dans mes collections. Qui d'entre vous, chers lecteurs, a eu le privilège de tenir en main une plaque de roche qui s'est fait froisser à plus de vingt km sous terre ? Qui ?


Je manque d'indices – et, disons-le, d'expertise – pour interpréter la coupure nette entre la partie rouillée et la partie noire (manganèse?).


Quel beau pli serré !


Comptez les plis et replis à droite, contre mon petit doigt.


C'est vraiment de la pierre. Infroissable - ou plutôt, indéfroissable !


La nature de la roche est difficile à déterminer avec certitude. Filon de granite ? Lit de quartzite ? La roche (d'après un autre échantillon) est silicieuse, rouillée, et contient des grains de sphène(?) et de diopside(?). Ces deux minéraux se rencontrent souvent dans les granites qui interagissent avec le marbre.


C'est pas son meilleur profil.


Gênant que la mise au point soit faite sur le mur du fond plutôt que sur l'échantillon... Je suis très mal installé pour la photographie.


Photos suivantes : fond du lac Tremblant dans les Laurentides (photos © Jean Louis Courteau, Le jardin des immortelles, blogue Aquadelic). Exemples de paysages créés par dissolution du marbre : les piquets et les murs sont des inclusions insolubles que la quiétude des profondeurs lacustres préserve des bris et des ruptures.





jeudi 15 janvier 2015

La caverne Laflèche en 1869


Résumé

Première description de la caverne Laflèche, à Val-des-Monts (Québec), par Grant (1869).
Exploitant actuel
Arbraska Laflèche
Localisation
Près de Wilson's Corner, au nord de Gatineau (Québec) :
255, route Principale - route 307 Nord, Val-des-Monts, Québec J8N 4B7
45.646593, -75.791761
Voir le billet précédent (14 janv. 2015).


Grant, en 1869, a été le premier à fournir une description correcte de la caverne Laflèche, nommée alors la Wakefield Cave. Il a eu la chance de pouvoir l'explorer avant que l'activité humaine, pas toujours déployée de correcte façon, ne la détériore. Le texte de Grant a donc une importance à la fois historique et scientifique.

Les passages que je reproduis ici sont ceux qui concernent la caverne. Pour ne pas trop alourdir le billet, j'ai coupé les considérations de Grant sur l'histoire géologique de la région.

J'avais d'abord été porte à négliger le témoignage de Grant. Une des premières phrases de son texte m'avait fait sursauter :

«At the base of the mountain is a small lake, which discharges into the Gatineau River through a mountain gorge of exquisite beauty.»  (P. 15-16)

Très invitante description. Sauf que la Gatineau est 8 km à l'ouest du lac en question (actuel lac Armida, ancien lac Pélissier), lac qui se vide, par l'entremise du ruisseau Pélissier, dans le lac McGregor, 8 km à l'est de la caverne. Ce dernier lac vide ses eaux dans la Blanche, affluent de l'Outaouais.

Notons aussi que le Pellesier dont parle Grant était plutôt monsieur Pélissier, propriétaire du terrain où se trouvait la caverne. Il a laissé son nom à la caverne, qui a porté aussi autrefois le nom de caverne Pélissier, au lac déjà évoqué, aujourd'hui le lac Armida, et au ruisseau Pélissier qui, lui, a conservé son nom.

Mais c'est assez pinailler ! Ces coquilles mises à part, le texte Grant est plein de détails qui raviront les naturalistes de la région. Il permet de reconstituer l'image de la caverne, encore intacte. Grant décrit les passages, la Grand Chamber, s'étonne de l'absence d'accumulation de gaz carbonique dans l'air de la caverne, parle des des stalactites et des stalagmites, de la calcite à la consistance de fromage qui recouvre les parois (moonmilk, mondmilch ou lait de lune ? – voir Wikipedia, deux fois).

Référence

Grant, J.A., 1869, «Superficial Geology of the Valley of the Ottawa and the Wakefield Cave», Transactions of Ottawa Natural History Society, [22 p.].








mercredi 14 janvier 2015

La caverne Laflèche au fil des ans


Fig. 1. Ancienne entrée de la caverne Laflèche,
11 janvier 2015. Comparer avec la fig. 2.


Résumé

Descriptions et plans de la caverne Laflèche, à Val-des-Monts (Québec).
Exploitant
Arbraska Laflèche
Localisation
Près de Wilson's Corner, au nord de Gatineau (Québec) :
255, route Principale - route 307 Nord, Val-des-Monts, Québec J8N 4B7 (C'est la première fois que je vois une caverne avec un numéro civique...)
45.646593, -75.791761

Suite : billet du 15 janv. 2015.


La caverne Laflèche (Wakefield Cave, caverne Pélissier), au nord de Gatineau (Québec), n'était, de façon inexplicable, jamais apparue au sommaire de ce blogue. En janvier 2015, j'ai eu la chance de la visiter en compagnie de Bernard Lauriol, professeur titulaire au département de géographie de l'Université d'Ottawa. Monsieur Lauriol est l'auteur de travaux nombreux sur les cavernes et l'érosion du marbre (cf. billet du 12 juillet 2012) ainsi que du tout récent livre Eaux, glaces et cavernes, illustré par les photos de Pierre Bertrand (billet du 2 oct. 2014).

Je parlerai prochainement de cette visite guidée ; pour l'instant, je me contente de mettre en ligne différents documents rédigés depuis sa découverte en 1865. Longtemps considérée comme la plus longue caverne du Bouclier canadien, la caverne Laflèche demeure l'une des plus connue et des plus facilement accessible. Elle a pris place dans une colline de marbre de la province de Grenville du Bouclier canadien (plus d'un milliard d'années).

La caverne est aujourd'hui propriété d'Arbraska Laflèche qui organise des visites guidées de la caverne, mais aussi des parcours dans les arbres, des rallyes et offre des «tyroliennes extrêmes» ! Je vous conseille fortement le détour, seul, en couple ou avec les enfants. Vous serez bien accueillis, les guides sont sympathiques et d'un enthousiasme toujours renouvelé.

(Avis de déclaration de conflits d'intérêts : j'ai eu droit à un chocolat chaud et une galette, au chalet d'accueil, après ma visite gratuite, ce qui entache sérieusement mon objectivité.)


Les images...



Fig. 2. Grant (1869)
...


Fig. 3. Grant (1869)
...


Fig. 4. Schroeder et Desmarais (1988). La coupe est orientée dans le sens opposé de celle de la fig. 3. On reconnaît l'entrée et la grande chambre au centre de la colline sur les deux représentations.
...


Fig. 5. Modifié d'Arbraska Laflèche (panneau à l'extérieur de la caverne : la photo peut avoir distordue les proportions).
...


... et les textes

Grant : The Wakefield Cave (1869)

Le texte de Grant (1869) sur la Wakefield Cave est trop long pour être reproduit ici. Je trouverai un moyen pour le rendre disponible en ligne. En attendant, j'en extrais pour le blogue les deux gravures qui l'illustrent. (Voir le billet du 15 janvier 2015 pour le texte de Grant.)


Benjamin Sulte (1875) : La Caverne de Wakefield

«En 1875, Sulte avait publié en brochure un récit intitulé la Caverne de Wakefield, comté d'Ottawa [1] ; il y racontait la visite qu'il avait faite de cette caverne située en territoire québécois et connue seulement de quelques citoyens d'Ottawa. Le propriétaire de «cette merveille de la nature», un dénommé Pélissier, était l'un des colons qui avaient commencé à s'y intéresser en 1866-1867. Ces curieux avaient d'abord entrevu au flanc de la montagne «une espèce d'arcade ou de haute porte cochère, terminée par un enfoncement dans le rocher qui présentait à l'intérieur une cave fraîche et éclairée de six pieds de haut sur un carré de quinze pieds.» Quelques-uns de ces curieux, dont le propriétaire du terrain, avaient exploré une partie de la cave par la suite, mais les origines de la caverne étaient restées mystérieuses.

Sulte essaie d'y voir clair. Il commence son récit en décrivant la géologie des Laurentides au pied desquelles se trouve la caverne. Il décrit ensuite la cave. Elle est «propre comme un sou neuf», lavée qu'elle a été par le travail des eaux qui en ont fait un passage jadis avant de former le lac Pélissier [2] qui dort deux cents pieds plus bas entre de hautes montagnes, tandis qu'un autre lac se cacherait sous la caverne, dans un passage inférieur, avant de se déverser dans le lac Pélissier. Les fées et les loups-garous n'y ont eu rien à faire comme certains l'avaient cru...» (Texte tiré de Dionne ; 2000.)

Notes ajoutées

[1] Montréal, la Compagnie Burland-Desbarats, 1875, 28 pages.
[2] Le lac Armida, au pied de la colline qui héberge la caverne Laflèche, s'est donc déjà appelé le lac Pélissier, comme nous l'avons vu plus haut. La caverne Laflèche est dans de nombreuses source anciennes nommée caverne Pélissier.


Béland (1955, p. 75-77) : la Caverne Laflèche

«La caverne Laflèche, à un mille et demi au nord de Wilson Corners est l'une des attractions touristiques du pays. Elle est située près d'un petit lac, dans un banc de calcaire [marbre] Grenville. Le calcaire est rempli de fragments de gneiss et de pegmatite de toutes formes et grosseurs auxquels les exploitants de la caverne attribuent des noms et des origines des plus fantaisistes. [Note. – Il s’agit des exploitants de l’époque (1955), et non pas des exploitants actuels !]

L'entrée de la caverne, à 100 pieds environ au-dessus du niveau du lac, donne sur un couloir qui s'élargit progressivement en une chambre mesurant une centaine de pieds de longueur par vingt pieds de largeur. La voûte, au point le plus élevé, doit être à une vingtaine de pieds au-dessus du plancher, et on y voit poindre des racines d'arbres. Cette chambre se prolonge à son autre extrémité par un couloir tortueux qui aboutit à un puits vertical dont la profondeur est de 95 pieds. Le long des parois s'ouvrent de petites niches et des couloirs très étroits, à demi remplis de graviers bien triés d'origine fluviatile. Le fond du puits est rempli d'eau mais on y distingue l'ouverture d'un couloir en direction du lac et qui communique probablement avec ce dernier car la mare d'eau au fond du puits monte et baisse en même temps que le niveau du lac.

Les parois des couloirs et ouvertures sont lisses : on y remarque ici et là des revêtements et des cordons stalactitiques. Les seules aspérités considérables sont des fragments de gneiss qui pendent des voutes ou font saillie le long des murs.

Lors de sa découverte en 1865, la caverne était à demi remplie de graviers, et les couloirs étaient presque complètement obstrués. On a depuis dégagé les principaux couloirs et installé un système d'éclairage et des escaliers permettant de parcourir la caverne en toute sécurité. La longueur totale des couloirs accessibles, y compris la grande chambre mais non le puits vertical, est d'environ 400 pieds.

Cette caverne a été évidemment creusée par les eaux qui s'infiltraient le long des joints et des fissures et dissolvaient lentement le calcaire. Les premières cavités furent occupées et agrandies par une rivière souterraine qui y amena des sables et des graviers. Les couloirs furent obstrués quand le niveau de base de la rivière souterraine fut élevé, au moment sans doute où des cours d'eau gonflés par la fonte des glaciers empruntaient la vallée du petit lac pour se rendre à la mer Champlain. La caverne serait pré-Champlain, et probablement pré-glaciaire.»


Hogarth (1962)

Fig. 6. Hogarth (1962). Les stalactites sont les cordons stalactitiques de Béland (1955).
...


Schroeder et Desmarais (1988) : avec la mer de Champlain...

«Avec 402 mètres de développement, la Caverne Laflèche est la plus longue grotte connue du Bouclier canadien. Elle est située au nord d'Ottawa dans une petite lentille de marbre entourée de gneiss de la province de Grenville, région qui a été couverte par les inlandsis du Pléistocène. La morphologie de la grotte suggère qu'elle est apparue par dissolution en régime noyé, bien qu'elle soit aujourd'hui inactive et perchée au-dessus de la nappe aquifère. Elle a ensuite fonctionné comme un piège en contact avec l'extérieur par 4 ouvertures perchées au sommet des versants et a été complètement colmatée par des dépôts détritiques qui ont été ensuite partiellement évacués. Ces sédiments consistent en sables divers, graviers et blocs stratifiés, qui ont été injectés dans la grotte en 3 phases à caractère glaciaire ou fluvioglaciaire. La dernière phase détritique est concomitante de la transgression marine postglaciaire datée dans la région à 12 200 ans. Une importante encoche de dissolution horizontale découverte dans la grotte à 239 m a.n.m. est attribuée à cette mer transgressive -- dite de Champlain --, relevant ainsi son niveau local de 26 mètres. Enfin durant l'Holocène, les eaux d'infiltration ont surtout construit des coulées calcitiques interstratifiées de sables grossiers, ce qui les rend très vulnérables à la gélivation fort efficace depuis le creusement d'une galerie artificielle à la base du réseau.» (Résumé de l'article.)


Schroeder (2004) : sans la mer de Champlain

(Mon résumé ; les éléments trop évidents décrits dans les autres textes ne sont pas repris ici.)

La caverne est composée de deux parties étagées réunies par un puits de 20 m de haut. Un réseau de conduits communique avec un plan d'eau au nord. Une encoche de dissolution horizontale à 239 m d'altitude montre que la caverne a déjà été occupée par un plan d'eau (un lac)*.

Chronologie
Vers 25 000 ans BP (fin du Wisconsinien moyen)
Création et remplissage de la caverne : les eaux sous pression à la base de l'inlandsis dissolvent le marbre par des joints et des failles. Il existe un réseau de fractures subverticales N-S et un réseau subhorizontal : le premier sert de patron pour le puits et un dôme au dessous de la grande salle tandis que le second contrôle la géométrie des conduits et des galeries) ; lorsque la pression diminue, les sédiments glaciaires s'accumulent.
Avant 11 000 ans BP
Les eaux sous-glaciaires creusent le plafond et créent des chenaux de voûtes avant, leur pression augmentant, de nettoyer la caverne de ses dépôts glaciaires.
La caverne est envahie par les eaux d'un lac glaciaire qui a précédé la mer de Champlain.
Vers 11000 ans BP
Mer de Champlain (qui n'atteint pas le site)*.
8400 ans BP
Injection de dépôts fluvio-glaciaires extérieurs par un flot de boue.

* Schroeder a donc abandonné son hypothèse de 1988 selon laquelle la mer de Champlain aurait envahie la caverne. Il attribuait à cette invasion l'encoche des 239 m.


Bernard Lauriol (2015)

Selon Bernard Lauriol (comm. personnelle, 2015), la caverne date du dernier interglaciaire, le Sangamonien (110 000 - 130 000 ans). Plus de détails dans un autre billet.


Références

  • Béland, René, Région de Wakefield : rapport final. MRNQ, DP-461, 1977 (rédigé et remis au Ministère en 1955), 91 p., avec une carte (1/63 360).
  • Dionne, René, Histoire de la littérature franco-ontarienne – Tome II, Les Éditions du Vermillon, Ottawa, 2000, pp. 95-96 (pagination d’après une épreuve préliminaire du livre).
  • Grant, J.A., 1869, «Superficial Geology of the Valley of the Ottawa and the Wakefield Cave», Transactions of Ottawa Natural History Society, [22 p.]. La partie consacrée à la Wakefield Cave commence à la p. 14.
  • Hogarth D.D., «A Guide to the Geology of the Gatineau-Lièvre district», in : The Canadian Field-Naturalist, vol. 76, no 1, p. 1-55, janv.-mars 1962.
  • Jacques Schroeder, «Les cavernes : un patrimoine gravé dans le temps», in : G. Prichonnet et M.A. Bouchard, Actes du premier colloque du Patrimoine géologique du Québec, Montréal, 8-9 sept. 2000, MRNQ, MB 2004-05, 2004, p. 77-84.
  • Jacques Schroeder & Luc Desmarais, «Morphologie et sédiments de la plus grande grotte du Bouclier canadien : la Caverne Laflèche, Québec», Annales de la Société géologique de Belgique [En ligne], vol. 111 (1988), fascicule 1 (Sédimentologie karstique), 173-182 URL : http://popups.ulg.ac.be/0037-9395/index.php?id=314

samedi 10 janvier 2015

Décompte des blocs de grès dans l'Île-de-Hull


Bloc d'un grès de Nepean rouillé près d'un bloc de calcaire gris, parc du Sentier de l'Ile, Gatineau, Québec). Photo 3 janv. 2015.


Résumé

Présence à première vue inexplicable de blocs de grès de Nepean dans le till glaciaire de l'Île-de-Hull, à Gatineau (Québec)
Localisation
Île-de-Hull, Gatineau (Québec)
45.433805, -75.717106
Autre billets consacrés au même sujet
19 nov. 2014, «Les chemins des erratiques»
8 nov. 2014, «Question aux pierres qui roulent»
15 juin 2014, «Erratique à rebours ?»
15 mars 2014, «Grès, gel et dégel»


Je poursuis, au gré de mes déplacements, le recensement des blocs de grès de Nepean que la dernière glaciation a dispersé dans l'Île-de-Hull. Impromptu, incomplet et condamné de toute façon à l'approximation dans la mesure où l'urbanisation a chamboulé le paysage primitif, ce décompte permet quand même de risquer quelques conclusions préliminaires. (Voir billet du 19 nov. 2014, lien plus haut.)

Le tout dernier bloc de grès recensé se trouve près de l'intersection des rues Saint-Étienne et Arthur-Guertin. Planté dans la pelouse du parc du Sentier de l'Île, lui-même créé à l'emplacement d'une ancienne ligne de chemin de fer, le bloc n'est sûrement pas en position originelle, là où les glaciers l'ont abandonné. Il porte quand même le total de blocs de son espèce recensés à... quatre.

(Cinq si l'on compte le bloc de grès calcareux du boul. Sacré-Cœur que je ne peux rattacher de façon certaine à aucune formation. Comme il s'agit d'une roche fragile, elle ne doit pas venir de loin. Voir billet du 15 mars 2015, lien plus haut.)

Ces quatre blocs de grès ne pèsent pas lourds face aux innombrables blocs de calcaire que l'on trouve dans l'Île. Tout approximatif que soit le décompte, on se dit que le grès de Nepean ne devait pas affleurer largement au nord de Hull à l'époque de la dernière glaciation. Il est difficile d'être plus précis à cet égard, l'argile de la mer de Champlain ayant recouvert la zone où le grès affleurait. (Voir la carte de Sandford et Arnott, 2010, billet du 2014, lien plus haut.)

C'est ce qui rend la présence de ces blocs incongrue dans l'Île-de-Hull : au premier abord, on se dit qu'ils ne devraient pas y être puisque le grès n'affleure pas au nord de l'Île ; ensuite, réflexion faite, on se dit que les affleurements sources, maintenant dissimulés sous la glaise, devaient être réduits, étant donné le faible nombre de blocs de grès rencontrés.

(Le grès de Nepean a donné plus de blocs au NW de l'Île-de-Hull, dans le parc de la Gatineau ; voir billet du 2014, lien plus haut.)

Je crois que la bande de grès de Nepeau au nord de Hull sur la carte de Sandford et Arnott, 2010 est exagérée (représentation idéale d'une bande plus régulière et continue qu'en réalité).

Pour l'instant, je n'ai parcouru qu'une partie du secteur de l'Île-de-Hull compris entre les boulevards Sacré-Cœur et des Allumettières. Affaire à suivre.


Échantillonnage représentatif du sous-sol urbanisé de l'Île-de-Hull : des blocs de calcaire, des blocs de calcaire, des des blocs de calcaire, des... Aucun grès. Photo juin 2014.

vendredi 2 janvier 2015

Marbre, rouille, boudins et lacets


Message privé ; il ne s'adresse pas à vous – sauf si vous êtes le «vous» à qui il s'adresse et qui d'ailleurs est un tu...

Après tout, un blogue est aussi un moyen de communication !

Photos : 29 oct. 1999


1. Inclusions d'un quartzite rouillé dans un marbre de la province de Grenville, à Chelsea (Québec). C'est, en version aérienne, ce que tu explores en mode lacustre et sous-aquatique.

2. Détail de la photo 1. Le boudinage (pincements) du ruban rouillé, au centre, n'a pas été mené jusqu'à la rupture en plusieurs fragments ou boudins.


3. Même endroit ; marbre gris rubané. Variation de l'amplitude des plis selon l'épaisseur des lits. Le lacet qui ondule, au centre de l'image, se donne beaucoup plus de mal que ses confrères plus épais et se contorsionne avec une évidente bonne volonté pour suivre la trajectoire commune. (En fait. il y a plus d'un lacet, dont un, parallèle au principal sans épouser chacune de ses ondulations et méandres.)

4. Détail de 3.

jeudi 1 janvier 2015

Mine Blackburn et souhaits quelconques



Mine de mica-apatite Blackburn, ou Vavasour, à Cantley (Québec), en 1942. Photo O. Lafontaine, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). (J'ai accentué les contrastes du document.)
E6,S7,SS1,P6299. Description dans BAnQ : Vavasour Mine-Blackburn Bross, Cantley / O. Lafontaine. - 1942.


Pour le premier jour de la deux mille quinzième année, une image que j'ai trouvée par hasard dans le site de la BAnQ et qui ne pourra jamais servir à transmettre de quelconques souhaits à quiconque, qu'importe l'occasion.

Quoique ?

Voir aussi le billet du 3 nov. 2013 sur la mine Blackburn (et suivre les liens).



Mine Blackburn (ou Vavasour) : géologie (Hogarth, 1972) ; couleurs : votre serviteur. La «roche à silicate calcique» est une métapyroxénite, ou un skarn ; les veines de mica-apatite, surlignées en rouge, recoupent les formations. On peut tenter de reconnaître les deux bâtiments de la photo.
Source : Hogarth D.D., Moore J.M., dans : Baird D.M. (compil. et édit.), 1972 — Géologie de la région de la Capitale nationale. Commision géologique du Canada, livret guide bilingue, 24e congr. géol.