mardi 26 novembre 2013

Haut-de-forme et géologie



Détail de l'aquarelle de Woolford (1821) reproduite plus bas. À droite, haut juché et coiffé d'un haut-de-forme noir : le premier géologue de l'Outaouais. Source : Toronto public library.


Dans mon dernier billet, j'ai mis en ligne une aquarelle de Woolford représentant les chutes de la Grande Chaudière sur l'Outaouais, à Hull (Gatineau, Québec).

Outre celle d'être l'une des plus anciennes représentations des chutes – elle date de 1821 –, cette aquarelle a une autre particularité. On y voit le premier géologue – ou paléontologue – de la région. Le personnage à droite, celui au chapeau haut-de-forme noir, reste indifférent aux spectateurs et, debout sur une étroite corniche formée par une strate résistante à l'érosion, examine le calcaire d'une autre corniche de la falaise.

On distingue mal ce qu'il fait : il n'a ni marteau de géologue, ni boussole, ni sac à échantillons. Et pourtant, il est engagé dans ce qui semble un examen approfondi de la roche ou des fossiles qu'elle recèle.

Cet homme au chapeau noir est l'ancêtre de tous les géologues et paléontologues, amateurs ou professionnels, qui se sont succédés en Outaouais.

À ce titre, ce prédécesseur anonyme mérite sa place dans le blogue. Nous lui levons notre chapeau, haut-de-forme ou pas.



John Elliott Woolford, Part of the Chaudiere Falls, near Wright's Town (Ottawa, Ontario [sic]), 1821. La scène représente la Grande Chaudière, à Hull (Québec), dont seule la rive sud, non visible ici, est à «Ottawa, Ontario». (La rive visible à droite est la rive québécoise, au nord.) Toronto public library.
Woolford est aussi l'auteur du «pot-de-fleurs» (billet du 5 déc. 2012).


John Elliott Woolford (1778-1866) «était peintre paysagiste et architecte. La période qu´il a passée au Canada au service de Lord Dalhousie est la plus féconde de sa carrière artistique. Dans ses œuvres, il célèbre le caractère pittoresque des paysages canadiens.» (Musée des beaux-arts du Canada)

dimanche 24 novembre 2013

Les Chaudières de l'Outaouais à Toronto


Merci à Roger Latour de Flora Urbana qui s'est à nouveau soucié d’enrichir le contenu de ce blogue.

Roger m’a transmis cette collection de représentations des chutes des Chaudières, sur la rivière des Outaouais, conservée à la Bibliothèque publique de Toronto (BPT).

Plusieurs de ces œuvres sont connues. Il y en au aussi plusieurs inédites, du moins pour moi.

Les titres et les légendes placent les chutes à Ottawa, en Ontario. C’est un peu excessif dans la mesure où la Petite Chaudière est toute entière à Hull, au Québec, tandis que seule la rive sud de la Grande Chaudière se trouve en Ontario. (Notez que la frontière interprovinciale des cartes de Google est fausse en amont des chutes. Voir mon billet du 4 mai 2013.)

Après deux interventions de ce genre (voir billet précédent), le titre de lecteur du mois est à présent presque assuré à M. Latour.



Les chutes esquissées...





Deux esquisses au crayon de George Harlow White (1876). Le titre choisi par la BPT, «Chaudiere Falls, Ottawa (Ontario)» n'est pas tout à fait exact comme je l'explique plus haut dans le texte. La première esquisse représente la Grande Chaudière tandis que la seconde montre la Petite Chaudière. Toronto public library.


... et géométrisées



John Elliott Woolford, Part of the Chaudiere Falls, near Wright's Town (Ottawa, Ontario [sic]). La scène représente la Petite Grande (oups !) Chaudière, à Hull (Québec), dont seule la rive sud, non visible ici, est à «Ottawa, Ontario». (La rive visible à droite est la rive québécoise, au nord.) Je ne suis pas certain que les bancs de calcaire de la rivière des Outaouais aient jamais présenté des formes si épurées. Dans cette aquarelle datée de 1821, Woolford stylise quelque peu la réalité et prend presque 100 ans d'avance sur l'avènement du cubisme. Toronto public library. 

Ajout (25 nov. 2013). – Woolford est aussi l'auteur du «pot-de-fleurs» (billet du 5 déc. 2012).


Ce n'est pas tout, il y a encore d'autres œuvres à découvrir à la BPT (lien plus haut).

samedi 23 novembre 2013

Canal Rideau : hier et aujourd'hui



Une des écluses du canal rideau, à Ottawa, sous la rue Wellington, à l'est du Parlement. Au second plan, l'ancien pont des sapeurs (1827-1911, démoli en 1912 ; des vestiges sont encore visibles). L'image provient d'une série de gravures disponible ici. (Le lien conduit à une liste de fichiers ; celui de notre gravure : RIDEAU3.JPG.) Le site ne fournit pas de précision sur l'auteur et la date. Pour le second point, je peux tenter une approximation : ère post-crinolines, fin XIXe s., début du XXe. ? (On peut pas dire que je me mouille beaucoup...)



Même endroit, début du XXIe s. (28 oct. 2013, pour être plus précis). Amusant de voir à quel point l'essentiel n'a pas changé en 100 ans.

La gravure a de toute évidence été réalisée d'après une photo. Les mêmes contraintes liées à la configuration des lieux et à l'obligation de réussir un bon cadrage ont fait que je me suis planté tout naturellement au même endroit que mon anonyme prédécesseur pour prendre mes photos. (En fait, j'aurais voulu me placer davantage à droite, mais le panneau, qui n'existait pas à l'époque, aurait masqué la scène.) Je me demande si c'est toujours la même roue – animée à l'huile de bras – qui actionne les panneaux de l'écluse depuis l'époque de la gravure ?

Merci à Roger Latour, de Flora Urbana, de m'avoir révélé cette série de gravures.

jeudi 21 novembre 2013

Intraordinaire à Cantley


Fig. 1. Quartzite et paragneiss rubanés parcourus de veines de quartz concordantes (parallèles au rubanement) ou discordantes (recoupant le rubanement). Le miroir de la boussole pointe vers le nord. Signe particulier. – Cet affleurement est parfaitement banal.





Résumé et contexte géologique

Quartzite et paragneiss rubanés et plissés à Cantley (Québec) ; province de Grenville du Bouclier canadien (âge : un milliard d'années)
Localisation
Chemin Noémie, Cantley (Québec)
45.541882,-75.75084
31G/12
Lien
Billet (ce blogue) sur un affleurement semblable : «Filons à Cantley», 14 juillet 2010.
Photos
24 novembre 2012


Par définition, la banalité doit dominer. Si tout était exceptionnel, tout, du même coup, deviendrait banal.

Autrement dit, si l'Univers était un spaghetti, il y aurait plus de pâte que de sauce, de viande et de piments.

Pour reconnaître l'extraordinaire, il faut se familiariser avec le banal, le tout-venant, le staple, l'anodin, l'ordinaire et même l'intraordinaire. D'où la description de cet affleurement du nord de Gatineau qui illustre l'aspect de la « pâte » qui constitue l'armature de la section de la Province de Grenville où nous habitons (voir « Résumé et contexte géologique », plus haut.)

J'exagère à peine en disant que c'est l'affleurement par défaut des collines de l'Outaouais. Il n'y a rien là pour étonner qui que ce soit. 

Et c'est ce qui m'intéresse ici, le non étonnant. La nature des choses, sans froufrous, ni flaflas, ni chichis.

(En fait, il y aurait quand même quelques autres affleurements types à illustrer. Celui-là, par exemple, manque de marbre, aussi très typique.)

Le quartzite de Cantely est un très vieux sable métamorphisé (recristallisé) dans les profondeurs de l'écorce terrestre il y a un milliard d'années ; le paragneiss, lui, provient de sédiments argileux qui alternaient avec le sable. Le tout a été froissé et comprimé, les strates s'en sont trouvées redressées (fig. 7) ; le granite, roche magmatique (en fusion, donc), a envahi les formations. Des intrusions tardives fluides (hydrothermales) ont apporté leur dernière touche par d'ubiquistes filons de quartz gris ou blanc qui ont rempli les fractures. Des centaines de millions d'années plus tard, l'érosion a amené les couches profondes de l'écorce terrestre à la surface, à temps pour qu'elles se fassent polir par les glaciers du Quaternaire, fondus il y a 12 000 ans. Le profil bas et arrondi de l'affleurement est un vestige que nous leur devons (roche moutonnée).

Un autre exemple d'un ensemble quartzite-paragneiss et granite(s) a déjà été décrit plus en détail dans le billet du 14 juillet 2010 (lien plus haut).

Le résultat global est beaucoup de quartz : celui du quartzite (sable métamorphisé) ; celui, plus ou moins abondant, des granites (roches magmatiques) et celui des filons de quartz (manifestations hydrothermales tardives). On me dira que le sable, au bout du compte, provient de l'érosion de granites encore plus anciens, ce qui complète la boucle

C'est ainsi que s'est formé le socle de notre continent. Nous marchons sur du banal quartz* recyclé

* Et quelques autres minéraux, bien sûr.

(Voir aussi ce billet : «Sea, Sex and Zinc», 7 juillet 2012.)


Fig. 1 bis (ajout 22 nov. 2013). Détail de la fig. 1. Noter les filons de quartz envahissant le quartzite : concordants (grisâtre) ou discordants (blanc laiteux).


Fig. 2. Quartzite (clair) et paragneiss (plus sombes) rubanés recoupés par un filon discordant de granite orangé qui est lui-même recoupé (à droite) par une «virgule» de quartz blanc. La pièce de 2 dollars canadiens, au centre, vaut deux cents cents canadiens, et mesure 28 mm de diamètre.


Fig. 3. Lentilles de paragneiss dans le quartzite. Veine de quartz blanc en bas. Les cristaux les plus blancs sont cependant ceux de la neige automnale...


Fig. 4. Dans la bande centrale de quartzite blanc, on devine une intrusion indistincte et peu contrastée de granite rose pâle et blanche.


Fig. 5. Plis dans l'ensemble quartzite-paragneiss. Visée vers le NNW (cf. la boussole, en haut, à gauche).


Fig. 6. Autre vue du pli. Un filon de quartz le recoupe (Q). Le paragneiss vert sombre, coin supérieur gauche sombre, forme une bande qui longe le quartzite.


Fig. 7. Roches redressées : revoici le paragneiss vert sombre (fig. 6), parcouru de lits concordants de granite orangé, en coupe.


Fig. 8. Granite gris (monzonite quartzifère, selon la carte géologique) qui recoupe le quartzite-paragneiss, au sud de l'affleurement. Le granite gris est lui-même envahi par du granite orangé.

samedi 16 novembre 2013

Retour à la carrière Lang's


Fig. 1. Clair : stromatolites(?) et «other curved shapes of uncertain origin» 
de Fryson (lien plus haut). Sombre : calcaire à stratifications obliques.
(Photo 9 nov. 2013)



Résumé et liens

Stromatolites(?..., etc.) dans un calcaire bioclastique ordovicien (490-445 millions d'années) aux stratifications entrecroisées, à Ottawa.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Voir billet (ce blogue) sur le même site
«Stromatolites ?...», 10 nov. 2013
  Autres billets (ce blogue) sur les stromatolites
«Colonie de stromatolites à Gatineau», 8 nov. 2009
«Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite», 1er nov. 2011
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)




Je ne peux me détacher des photos que j'ai ramenées de la carrière Lang's, à Ottawa.

La question de l'identification des ces entités ductiles à l'aspect amiboïde (sauf respect que je leur dois) fossilisées dans le calcaire n'a pas progressé, du moins pas autant que je l'aurais espéré. J'ai mon idée, déjà exprimée dans mon billet du 10 novembre (lien plus haut, dans «Résumé»).

En attendant le fin mot, reste que l'examen des photos révèle des paysages fascinants. À suivre...


Fig. 2. Vue rapprochée du mur de calcaire de la fig. 1.


Fig. 3. Gros plan sur la fig. 2. Cratères arrondis et rouille interne.


Fig. 4. Zoom encore plus rapproché sur la fig. 2. Intérieur rouillé révélé par la chute d'une «croûte» de la pierre. Ça me rappelle la photo d'une autre formation non identifiée (stromatolite ou stromatopore) : voir les deux premières photos de cet ancien billet.


Fig. 5. Nouveau détail de la fig. 2. Les sillons obliques parallèles sont des joints ou fractures creusés par l'érosion. Des débris de fossiles (bioclastes) se sont déposés en couches ou ont rempli les interstices entre les grands éléments aux formes souples. Identifications à venir.


Fig. 6. Vue rapprochée de la fig. précédente. Amas de sédiments s'étaent adapté à l'espace disponible entre les «curved shapes» de Fyson (lien plus haut).


Fig. 7. Gros plan des stromatolites(?) de la fig. 9 du billet du 10 nov. 2013 (lien plus haut). Au dessus, les stratifications du calcaire. (Photo 9 nov. 2013)


Fig. 8. Pour comparaison avec les fig. 1 et 2. © P.-A. Bourque. Légende originale : «Empilement de stromatopores globulaires formant pratiquement 80% de la roche. Un tel empilement se retrouve en général dans la partie arrière-récifale. Silurien de Gotland.» La comparaison des autres stromatopores illustrés par Bourque avec le stromatolite(?) de la fig. 7 montre la difficulté qu'il peut y avoir de distinguer à coup sûr entre stromatolites et stromatopores.

dimanche 10 novembre 2013

Stromatolites ? et aveu d'ignorance (ajouts)


Fig. 1. Détail d'un méli-mélo ordovicien à la carrière Lang's, à Ottawa. Le blanc : graffiti. (Photo 9 nov. 2013)


Résumé

Stromatolites(?..., etc.) dans un calcaire bioclastique ordovicien (490-445 millions d'années) aux stratifications entrecroisées, à Ottawa.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Autre billet (ce blogue) sur le même site
«Démolition méthodique», 9 nov. 2013
Autres billets (ce blogue) sur les stromatolites
«Colonie de stromatolites à Gatineau», 8 nov. 2009
«Stromatolites du Transitway, à Ottawa : suite», 1er nov. 2011
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)
Photos
9 novembre 2013, sauf mention contraire.



C'est le guide géologique de l'est d'Ottawa rédigé par Fyson (2004 ; lien plus haut) qui m'a amené à visiter la carrière Lang's. Au sommet de la muraille orientale, on trouve des stromatolites(?..., etc.) qui ne manquent pas, ma fois, d'une certaine allure. Ils forment une couche d'un peu moins d'un m d'épaisseur dans un calcaire ordovicien (490-445 millions d'années). La teinte claire des stromatolites(?..., etc.) et leur structure complexe tranchent avec l'empilement des lamines sombres du calcaire bioclastique grossier qui les recouvre. Les grains, ou bioclastes (morceaux de fossiles brisés) du calcaire comblent les inégalités de la surface supérieure des stromatolites(?..., etc.) et emplissent les interstices qui subsistent entre eux. Ajouter à tout ça quelques coraux isolés.

Des stratifications entrecroisées dans le calcaire ont enregistré les changements de direction des courants soumarins.

«Stromatolite fossils marked by curved, upwardly convex laminations. [...] These and other curved shapes of uncertain origin lie within fine to coarsely fragmental bioclastic limestone.» (Fryson, légende de sa photo no 15, lien plus haut ; le gras est de moi. Voir aussi la fig. 9 du présent billet.)

Les «other curved shapes of uncertain origin» m'embêtent un peu. Je fais mes premiers pas dans le domaine des fossiles – mes sujets de prédilection sont les roches métamorphiques et les déformations tectoniques – aussi, je n'ose pas trop gloser sur ces entités qui dessinent un si bel ensemble convoluté (fig. 2 et 3). Alors, que sont ces autres formes courbes, des stromatopores ? (Voir cet ancien billet.) Ou ?...

Quand les sources mieux informées que lui sèchent devant le problème, que peut le novice ?

Si quelqu'un de plus savant que moi en ce domaine (pas difficile à trouver) savait de quoi tout ça retourne, je lui serait très reconnaissant de rédiger un petit commentaire à ce billet.

J'hésitais à parler de la carrière Lang's parce que je savais que mes descriptions ne seraient pas à la hauteur de l'intérêt du site. Mais on ne risque pas de commettre trop de bêtises en montant quelque chose ou en signalant son existence. Par contre, je dois semer le texte du présent billet de points d'interrogation envahissants.

J'avoue être émerveillé par cette muraille de formes de vie proliférantes où l'on peut surprendre le jeu des courants marins, le roulement de particules transportés par des tempêtes vieilles d'un demi milliard d'années.

Ce qui remet nos petites tempêtes dans un verre d'eau à leur juste place.


Clarification (13 nov. 2013)

«Les stromatoporoïdés (on dit plus simplement stromatopores) sont des organismes aujourd'hui disparus et dont l'affinité biologique a longtemps intrigué les paléontologues. On les a considérés comme des hydrozoaires, des cnidaires ou même des stromatolites, mais aujourd'hui il y a un assez fort concensus [sic] pour les considérer comme un groupe particulier d'éponges, les calcispongiaires, éponges au squelette massivement calcifié.» (Source : P.-A. Bourque.)

Voyez la sixième photo de la page de Bourque («Empilement de stromatopores globulaires...») et comparez avec les fig. 2 et 3 de ce billet.

Les stromatopores sont des organismes benthiques à structure en feuillets qui les rend, du moins à mes yeux, parfois difficiles à distinguer des stromatolites, édifiés par un empilement de lamines successives (voir liens sur les stromatolites dans «Résumé».)

La seule source qui traite de la carrière Lang's (Williams et Telford, 1986), outre celle utilisée pour rédiger le présent billet (Fryson, 2004), décrit un calcaire bioclastique parcouru de stratifications entrecroisées et contenant des stromatoporoïdés.

Les «curved shapes of uncertain origin» de Fryson seraient-ils les stromatoporoïdés de Williams et Telford ? Finalement, y a-t-il aussi de vétitables stromatolites à la carrière Lang’s ? Je n'ose pas me prononcer. Mais le calcaire de la carrière Lang's est assigné par Williams et Telford à la formation de Bobcaygeon, la seule de la région d'Ottawa à contenir des stromatopores (Williams et al., 1992). Elle contient aussi des stromatolites, sans que ce soit un trait distinctif cependant.

Réf. : Williams, D. and P.G. Telford, 1986. Paleozoic Geology of the Ottawa Area. Geological Association of Canada, Mineralogical Association of Canada, Canadian Geophysical Union, Joint Annual Meeting, Ottawa '86, Field Trip 8: Guidebook, 25 p. (Carrière Lang's : site 4-2A.)

Williams, D.A., P.G. Telford, A.D. McCracken and F.R. Brunton, 1992. Cambrian-Ordovician Geology of the Ottawa Region. Geological Association of Canada, Canadian Museum of Nature, CPC-II Ottawa '92, Canadian Paleontology Conference, Field Trip Guidebook No. 2, 51 p.


Fig. 2. Les stromatolites(?..., etc.) dessinant leurs
convolutions sous les stratifications entrecroisées du calcaire bioclastique.


Fig. 3. La couche de stromatolites(?) et des «other curved shapes of uncertain origin» se poursuit sur plusieurs m. J'ai pris les photos sur une petite corniche de moins d'un m de large qui longe la formation des stromatolites au sommet de la falaise (voir fig. 7). Dans un pareil cas, prendre assez de recul pour saisir un large panorama présente un certain danger.


Fig. 4. Détail rapproché des stratifications entrecroisées en haut (changements dans la direction des courants marins).


Fig. 5. Autre détail.


Fig. 6. Stratifications entrecroisées soulignées ou recoupées ici et là par l'érosion le long de lignes de faiblesse.


Fig. 7. Falaise est de la carrière Lang's. Au sommet, à droite : mur d'où proviennent les photos : on aperçoit la zone claire des stromatolites(?..., etc.), etc. de la fig. 2. (Photo 3 déc. 2011)


Fig. 8. Carte topo de 1963 montrant la carrière Lang's, au centre (échelle 1/20 000). L'artère, au sud, est le chemin de Montréal ; l'hôpital Montfort est à gauche. Les courbes de niveau sont en pieds (300 pieds = 90 m).




Fig. 9 (ajout après mise en ligne du billet). Selon Fryson, les structures convexes vers le haut (soulignées en rouge dans la vignette) sont des stromatolites. Pour «le reste», il s'agit, toujours selon Fryson, de ««curved shapes of uncertain origin». Cette photo communique avec le coin inférieur gauche de la fig. 6.

samedi 9 novembre 2013

Démolition méthodique


Construction en pierre calcaire de la carrière Lang's, à Ottawa. Je n'ai malheureusement pas de photo qui la montre en entier. L'autre extrémité du bâtiment était dans un état de conservation symétrique. (Photo 3 déc. 2012)
...

L'état dans lequel je l'ai trouvée aujourd'hui. Avouons que le travail de démolition a été proprement mené : tous les débris ont été rangé à l'intérieur des «murs». Style pré-préfabriqué incontestablement daté, et même vieillot. Le seuil en calcaire a manifestement été pré-usiné sur place. (Photo 9 nov. 2013)
...


Résumé

On annonce un billet prochain sur la carrière de calcaire Lang's, à Ottawa en déplorant la destruction d'un vieux bâtiment.
Localisation
Carrière Lang's, Ottawa ON, angle chemin Lang's et Greenhill Way
45.447135,-75.636441
Lien (vers un autre site Internet)
Manor Park: Geology, par W.K. Fyson (site 2G)



Je n'ai pas d'attestation sûre de l'existence de la carrière Lang's à Ottawa avant 1963 (cf. carte topo). Mais elle existe depuis bien avant cette époque même si je ne peux la dater avec précision. C'est une petite carrière, très modeste comparée aux autres, aujourd'hui comblées et «bâties», qui ont été exploitées dans le secteur à partir de la première moitié du XXe s.

Jusqu'à récemment, on trouvait encore les murs d'une petite construction à l'entrée de la carrière. Plus de toit, une seule pièce, bâtie en pierre calcaire éminemment locale (of course). Par je ne sais quelle négligence, je n'en ai jamais pris de bonnes photos. Sans m'y connaître beaucoup en la matière, il me semble qu'on n'élève plus de construction de cet appareil depuis une centaine d'années.

Une photo aérienne datant de 1965* montre déjà les quatre murs ouverts aux quatre vents.

* Droits de reproduction interdits, je ne peux donc pas l'afficher ici.

En septembre 2012, la maisonnette existait toujours (cf. vue Google Street, plus bas).


Autre vue. (Photo 9 nov. 2013)
...


Est-ce que les murs menaçaient de s'effondrer ? Si c'est le cas, on a, avec beaucoup de soins, mis un terme au péril. Qui est ce «on» ? Les gens du quartier ?, la Ville ?

À ce que je sache, aucun développement n'est prévu sur le terrain de la carrière. Le zonage n'admet que des constructions résidentielles. Est-ce que quelqu'un aimerait ériger sa maison à cet endroit précis afin d'avoir une vue sur un fond de carrière de sa cuisine ?

Je ne trouve aucune bonne raison qui justifie qu'on se soit – non pas sauvagement, puisque le travail a été proprement mené (cf. deuxième et troisième photos) –, mais résolument et méthodiquement attaqué à cette maisonnette qui ne dérangeait personne. Même qu'elle ajoutait un certain cachet à la carrière tout aussi abandonnée que la maison qui veillait sur elle.

Je parlerai une autre fois des mérites (géologiques) de la carrière Lang's (en attendant, voir «lien connexe», plus haut, qui mène à un guide géologique du quartier rédigé par W.K. Fyson). (C'est fait : voir le billet du 10 nov. 2013.)


Carte topo de 1963 montrant la carrière Lang's, au centre (échelle 1/20 000). L'artère, au sud, est le chemin de Montréal ; l'hôpital Montfort est à gauche. Les courbes de niveau sont en pieds (300 pieds = 90 m).
...


Calcaire fossilifère de la construction (et de la carrière). (Photo 3 déc. 2012)
...



Cette vue de © Google Street datant de septembre 2012 est la plus récente que j'aie montrant la maisonnette encore debout (lignes rouges).
...

dimanche 3 novembre 2013

Mine Blackburn à Cantley (ajout)


Mine Blackburn, à Cantley, QC. Calcite rose et apatite turquoise. Le coupe-vent bleu fait ce qu'il peut pour s'harmoniser avec la trouvaille. (Photo 3 nov. 2013.)


Résumé

L'auteur entonne le couplet convenu sur le temps qui passe et la destruction des paysages familiers.
Localisation
Ancienne mine Blackburn (mica et apatite), chemin Blackburn, à Cantley (Québec), au nord de Gatineau.
45.555575,-75.791245
Pour en savoir plus : voir le billet du 7 mars 2012 (exploitation du mica (phlogopite) et de l'apatite). Voir aussi le billet «Skarns : article recyclé», 16 février 2012.



La mine Blackburn, connu aussi sous le noms de mine Vavasour, et ouverte en 1878 à Cantley, fut déjà la plus importante mine de mica en occident. (Voir coupes et plan plus bas.) En 1881, 500 personnes travaillaient, à la mine elle-même ou aux ateliers de traitement du mica. C’est aussi la plus profonde des mines de la région : une des tranchées atteignait 200 m de profondeur. La mine cessa ses activités en 1964. Sa fermeture mit un terme à l’exploitation du mica en Outaouais. (Tiré du billet «Histoire minière de l'Outaouais II», 7 mars 2012, lien plus haut.)

En vingt ans, j'ai visité la mine Blackburn à cinq reprises tout au plus.


Mine Blackburn : géologie (Hogarth, 1972) ; couleurs : votre serviteur. La «roche à silicate calcique» est une métapyroxénite, ou un skarn.


La première fois, c'était au début des années 1990. La mine était abandonnée depuis presque trente ans. Il suffisait de s'enfoncer dans le bois pour découvrir des tranchées étroites profondes de plusieurs mètres. J'ai jugé prudent de ne pas tenter la chance, craignant autant la descente que la remontée qui s'ensuivrait(?). Un énorme chien fou avait couru de loin pour... jouer avec moi. Très mauvais chien de garde qu'il faudrait dénoncer à ses propriétaires.

Lors de la seconde visite, dans la seconde moitié des années 1990, j'ai trouvé les tranchées comblées. Il restait les fondations des bâtiments de la mine (peut-être même une cabine, ma mémoire est floue sur ce point). Une vaste surface était couverte par des débris de roches roses (calcite) et vertes (pyroxénite) provenant sans doute des haldes*. Un collectionneur de cristaux ou de roches pouvaient encore espérer rapporter quelque chose de son expédition.

* Haldes : tas de roches stériles rejetées durant l'exploitation d'une mine.

J'y suis retourné à deux reprises en juin et juillet 2001, explorer les environs et faire des relevés aux pas et à la boussole.

Novembre 2013, le site est en développement : les rues sont tracées, les terrains vendus ou déjà construits. Les haldes de la mine servent de remblais aux rues et aux entrées de garage. Pour l'instant, la collecte de minéraux est encore possible, les observations aussi, mais, bientôt, tout sera pelousé et asphalté.

Le long du chemin Blackburn, les vieilles demeures campagnardes, les premiers pavillons de banlieue qui datent déjà de plus d'une génération ont été rejoints par de démesurées demeures de briques rosâtre. Les chiens sont tenus en laisse.

On n'arrête pas le progrès, l'étalement urbain ou l'oubli. Chacun son histoire, chacun ses regrets.


Galeries de la mine Blackburn, modifié de Van Velthuizen (1998).


Références

  • Hogarth D.D., Moore J.M., dans : Baird D.M. (compil. et édit.), 1972 — Géologie de la région de la Capitale nationale. Commision géologique du Canada, livret guide bilingue, 24e congr. géol.
  • Van Velthuizen, J., 1998, The Gow (Blackburn Mine, Cantley, Québec). Gratitude Press Canada, 214 p., reliure spirale.


«Roche à silicate calcique» verte (ici, du pyroxène) recoupée par un filon de calcite rose (cf. carte géologique plus haut). (Photo 3 nov. 2013.)


Livrets de mica (phlogopite) large de plus de 30 cm dans une masse de calcite semblable à celle de la photo plus haut. (Photo 3 nov. 2013.)


Plis dans le gneiss à biotite (cf. carte géologique). Débris de skarn et de calcite rose au sol. Les environs sont jonchés de feuillets et de paillettes de mica. (Photo 3 nov. 2013.)


Ajout (4 nov. 2013)

Vieille (1914) carte géologique de la mine Blackburn (dite aussi mine Nellis et Vavasour). La compréhension de la géologie ayant évolué, la légende est devenue en partie obsolète. Les contours des formations et la cartographie elle-même restent cependant valables. La carte a aussi un intérêt historique. Comparer avec la carte de Hogarth (1972), plus haut.



Mine Blackburn (ou Vavasour, ou Nellis, comme ici) à Cantley (Stanfield, 1914.) Les «mica-bearing veins» sont des filons de calcite rose contenant, outre le mica (phlogopite), de l'apatite.
Tirée de : J. Stanfield, 1914 — «Excursion A8 : gisements minéraux du district d'Ottawa», in : Excursions aux environs de Montréal et d'Ottawa. Commission géologique, Livret-guide no 3 (excursions A6, A7, A8, A10, A11), Ottawa, Imprimerie du Gouvernement, 1914.