samedi 30 septembre 2017

Plis et plongements dans un marbre (revu)


Billet réécrit le 19 octobre 2017, le lendemain d'un retour sur le site (première visite : 27 août 2017). Cette nouvelle version apporte quelques précisions qui manquaient à l'originale sans modifier le fond du texte.


Photo 1. - Partie ouest d'une tranchée de route dans un marbre gris. Route 366, face au lac Barnes, en Outaouais, env. 2 km à l'est de Ladysmith.
De gauche à droite (de l'ouest vers l' est) : plis déversé dans le marbre souligné par de minces lits d'amphibolites noires précédemment isoclinalement plissées (voir photo 8) ; large filon oblique de granite gris clair ; marbre, à nouveau. La suite (partie est) de la tranchée : photo 2.



Photo 2. - Partie est de la même tranchée de route. Le dyke oblique de granite gris clair de la photo 1 passe au dessus de bandes de marbre contenant de minces lits d'amphibolites noires. Notez le plis isoclinal dans le lit noir, en haut, à droite. Au centre de la photo, en bas : boudins de granite gris clair (photo 3) ; à droite : inclusion d'un gabbro(?) recoupé par du granite gris clair (photo 7).


Résumé

Marbre contenant des inclusions mafiques et granitiques. Les plis et dislocations ont enregistré le transport vers l'ouest de compartiments de l'écorce terrestre il y a plus d'un milliard d'années dans la province de Grenville du Bouclier canadien.
Localisation
Route 366, face au lac Barnes, en Outaouais, env. 2 km à l'est de Ladysmith (60 km au NW du centre-ville de Gatineau, Qc).


Cette tranchée de route dans le marbre est toute neuve, en tout cas très récente. En témoigne l'éclat du marbre blanc. Kretz (1977, p. 27) signale en effet que le marbre dolomitique est d'un blanc éclatant en cassure fraîche, ce qui est le cas ici*. L'affleurement mériterait à plus d'un titre de figurer dans les guides géologiques de la région. Pas seulement parce qu'il est frais, mais surtout par l'aperçu qu'il donne sur l'histoire tectonique de la région.
* L'éclat du marbre n'est pas un indice infaillible. Cependant, le contraste entre les bandes grises et blanches souligne les contraintes tectoniques subies par la roche, et c'est ce qui m'importe ici. 

On reconnaît sans mal le marbre, gris ou blanc se (marbre calcitique ou dolomitique). Les intrusions noires sont des amphibolites (gabbro +/-métamorphisé), très fréquentes dans les marbres et les gneiss de la région. Un grand filon de granite gris clair coupe la tranchée de bas en haut. La tectonique a travaillé les roches de façon très différente de part et d'autre du filon de granite (photos 1-2) :

À l'ouest (photo 1), de minces lits d'amphibolites (en boir) dans un marbre gris sont pris dans un plis déversé pointant vers l'ouest. On note que les amphibolites ont d'abord été plissées de façon serrée (plis isoclinal) avant d'être reprises par le plis déversé (photos 1 et 8).

À l'est (photo 2), le rubanement du marbre blanc et gris plonge vers l'ouest ; les amphibolites sont étirées et plissées. Notez le plis isoclinal dans une amphibolite noire et boudinées (photo 4).

On retrouve inclus dans le marbre, côté est, un train de boudins de granite gris clair (photo 3) et de gabbro(?) (photo 7). Le gabbro a été recoupé par du granite gris clair avant d'être incorporé dans le marbre. J'ignore à quel point tous les granites clairs rencontrés ici sont apparentés, mais ils se ressemblent énormément. (Pour un observateur non averti, le granite gris et le marbre gris sont faciles à confondre.)

Il y a clairement discontinuité de style tectonique de part et d'autre du filon oblique de granite gris clair. Ce dernier recoupe à la fois le rubanement du marbre de la partie est et le plis déversé de la partie ouest. Aucun signe de déformation ou d’amorce de rupture n'est apparent dans le filon de granite massif, ses bords demeurant nets et parallèles. On observe toutefois un rubanement interne parallèle à ses bords. Enfin, à l'ouest, on observe nul boudin de granite ou de gabbro, mais ce peut être un hasard.

Dans sa partie supérieure, les différentes parties de l'affleurement présentent une attitude plus homogène, le flanc supérieur du plis déversé, le filon oblique de granite gris clair et le rubanement du marbre prenant une allure concordante à plongement vers l'ouest. C'est à se demander si le plis déversé n'est pas le résultat du décollement de la partie ouest le long du filon oblique. Le fait que les lits d'amphibolites noires sur le flanc supérieur du plis déversé montrent des plis isoclinaux pareils à ceux visibles à l'est amène à penser que ce plis est tardif, qu'il a repris des éléments déjà plissés de façon serrée.

Les déformations et ruptures visibles ici ont enregistré le transport de compartiments de la croûte terrestre vers l'ouest durant l'orogénie de la province de Grenville il y a plus d'un milliard d'années.

Toutes les photos datent du 27 août 2017.


Références

  • Kretz R., 1977 — Fort-Coulonge - Otter Lake - Kazabazua area. MRNQ, DPV 514, 309 p., with 4 maps, 1:63 630 to 1:7 920.
  • Kretz R., 1997 — Metamorphic crystallization: Exemples from the Ottawa Valley and the Laurentian Highlands. GAC/MAC, Joint Ann. Meet., Ottawa, 1997, field trip guidebook A6, 28 p.




Photo 3. - Un boudin de granite gris clair (visible au bas de la photo 2) dans le marbre ; au dessus, replis d'un mince lit mafique (amphibolite) boudiné.



Photo 4. - Plis isoclinal dans une amphibolite noire. (Voir photos 5-6.)



Photo 5. - Plis et boudinage dans une amphibolite au dessus d'un budin de granite gris clair : gros plan de la photo 4.



Photo 6. - Gros plan des inclusions sombres de la photo 4.



Photo 7. - Détail d'un gabbro (?) non métamorphisé, recoupé, avant d'être inclus dans le marbre, par un granite gris clair. L'inclusion est visible en bas, à droite, de la photo 2.



Photo 8 (ajout 30 sept. 2017). - Plis isoclinaux sur le flanc du plis déversé (photo 1).

mercredi 27 septembre 2017

Vidéos, roches et gemmes, par Philippe Belley



Philippe M. Belley, Spinel and Forsterite crystals at the Parker mine, Québec.


Philippe M. Belley, du Département de Sciences de la Terre, l'Océan, et l'Atmosphère, Université de Colombie-Britannique, a publié beaucoup d'articles sur la géologie d'ici et d'ailleurs au pays (Nunavut, Colombie-Britannique). Il vient de rendre disponible par You Tube des vidéos sur la chaîne « Geology of Gems & Minerals ».

Honte à moi, lors de nos premiers contacts par courriels, je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j'avais déjà cité un de ses articles dans mon blogue (billet du 2 janv. 2017, « Calcite bleue et orangée le long de l'autoroute 5, Chelsea et Wakefield, QC »). Au moins, je me souvenais avoir souvent vu son nom au cours de mes recherches périodiques dans Internet. Philippe est présent sur Mindat et il figure souvent au sommaire de revues spécialisées comme Canadian Mineralogist et Rocks and Minerals.

Philippe est aussi un collectionneur de cristaux - ce que je ne suis pas, je fais de la géologie en marchant et en photographiant. Il collectionne aussi les gemmes (voir vidéo plus bas), sans en tailler lui-même.

Je vous invite vivement à regarder ses vidéos et à lire ses articles. Le contenu de ses vidéos est accessible au grand public ; ses articles sont plus techniques et s'adressent à un lectorat scientifique. J'avoue que leur niveau me dépasse souvent, mais il est possible, quand un sujet nous intéresse, de faire soi-même sa propre vulgarisation et de tirer profit de textes très avancés. Bref, allez-y voir ! Pour apprendre sur la géologie de l'Outaouais (et d'ailleurs), et pour apprendre à identifier les minéraux.



Philippe M. Belley, Graphite Crystals and Gem Diopside in Québec.


Quelques autres liens


vendredi 15 septembre 2017

La carrière Wright à Hull et la CCN






Détail annoté d'une carte publiée dans la brochure Planning Canada's National Capital publiée par la Commission du district fédéral (CDF) en 1948.
RB : ruisseau de la Brasserie ; RO : rivière des Outaouais.
Carrières de calcaire
G1 : carrière Wright ; G2 : carrière Laurentian ; P9 : carrière de la Canada Cement ; P6 et U5 : autres carrières.
P : Parlement (pour situer les choses).
Le parc Jacques-Cartier (angle NE de l'Île-de-Hull) est limité à l'époque aux terrains de la Gilmour and Hughson (voir ces billets) ; le parc du lac Flora (au centre de l'Île ; parc Fontaine depuis 1936 : voir ce billet), amputé de sa partie à l'est de la rue Laval.
Pour les carrières de calcaire dans Hull, voir le billet du 9 sept. 2015, « Calcaires hullois : des cartes et des lacunes » (suivre aussi les liens qu'il contient.


Je viens de dénicher chez un bouquiniste un exemplaire de la brochure Planning Canada's National Capital : An Introduction To The National Capital Plan, publiée par la Commission du district fédéral (CDF) en 1948, en préparation au Rapport Gréber (voir ce billet).

(La CDF est l'ancêtre de la Commission de la capitale nationale.)

La brochure montre, page 33, une carte de la région d'Ottawa et Hull. Par un détail, elle est curieusement en lien avec mon billet du 1er sept. 2017 sur la carrière de calcaire Wright. Intitulée Map showing the FDC's responsabilities in the Urban Area, la carte est très schématique. Elle laisse par exemple la région du lac Leamy en blanc, comme si ce dernier n'existait pas. Il est d'autant plus curieux, considérant cette omission de taille, d'y voir figurer la carrière Wright, à nul titre pourtant un élément proéminente du paysage, sous forme d'un lac fermé (G1). Les auteurs n'ont pas cru nécessaire d'inclure la carrière de la Canada Cement (P9), plus vaste et autrement plus visible. Ils auraient pu ne pas négliger la U5, comparable en dimensions à la carrière Wright et ennoyée elle aussi depuis au moins 1925. Tout ceci rend la présence la carrière Wright sur la carte incompréhensible. 

La question se pose d'autant plus que la carrière ne fait pas partie des propriétés de la Commission. C'est un détail inutile au milieu d'une carte qui ne décrit que l'essentiel.  

La date de publication de la brochure, 1948, peut induire en erreur. La carte a sans doute été dessinée plusieurs années auparavant. En effet, un indice trahit son âge. L'île du ruisseau de la Brasserie (RB) au sud du pont de la rue Montcalm y figure alors qu'elle était disparue avec les travaux de bétonisation des rives en 1938 (voir ce billet). La carte avait donc 10 ans de retard sur la réalité. Le site Ottawa Passé & Présent nous apprend que c'est justement en 1938 que Jacques Gréber reçut le mandat d'élaborer ce qui allait devenir son Projet d'aménagement de la capitale nationale (mieux connu sous le nom de Rapport Gréber). La Deuxième Guerre mondiale bouleversa l'échéancier. La plupart des photos qui figurent dans le Rapport datent d'ailleurs de 1938.

Ceci peut expliquer l'anachronisme de la carte de la page 33. Autre incongruité, le « parc du lac Flora » (au centre de l'Île-de-Hull), sur le site du lac asséché, était le parc Fontaine depuis 1936 (Ouimet, 2017).

La carrière Wright figure aussi sur une carte imprimée en 3e de couverture de la brochure. Donc, sa présence sur la carte à l'intérieur n'est pas accidentelle ; (re)donc, elle est intentionnelle. C'est à se demander si la CDF ne comptait pas l'aménager et l'intégrer à ses plans ? Gérer un lac artificiel entre un boulevard et une voie ferrée, enclavé dans un quartier résidentiel et industriel, n'aurait pas constitué une tâche aisée. Mais on aurait pu parler, avec 50 ans d'avance, de lac de la Carrière...


Bibliographie


  • The Federal District Commission, Planning Canada's National Capital : An Introduction To The National Capital Plan. Prepared by The Information Committee of the National Capital Planning Commitee, Grenville W. Goodwin, chairman, Walter Bowker, director of information; designed and produced by The National Film Board of Canada; november 1948; 48 p.
  • Jacques Gréber, 1950, Projet d’aménagement de la capitale nationale. Imprimeur du Roi. Disponible en ligne : https://qshare.queensu.ca/Users01/gordond/planningcanadascapital/greber1950/index.htm
  • Raymond, Ouimet, « Le parc Fontaine raconté : la petite histoire du parc Fontaine, ancien lac Flora », conférence, 17 août 2017, 19 h, organisée par Gatineau plein air, parc Fontaine, rue Charlevoix, Gatineau, QC.

vendredi 1 septembre 2017

Topographie hulloise : ancienne carrière Wright (billet réécrit)


AJOUT (13 sept. 2017)
Gabriel Machado m'a communiqué quelques précisions sur la carrière Wright. Voir à la fin du texte.

Billet mis en ligne le 1er sept. 2017, réécrit en entier le 11 sept.

À voir : billet du blogue sur les carrières de calcaire à Hull :
9 sept. 2015, « Calcaires hullois : des cartes et des lacunes » (suivre aussi les liens qu'il contient).

Sorte de suite, billet du 24 mai 2019, « La carrière Wright ennoyée, Hull, Qc, vers 1945-1950 ».

La carrière Wrigth, à Hull : un billet réécrit en entier...

Je m'étais en partie fié pour écrire la première version de ce billet sur un site Internet (GeoOttawa ; aucun lien avec Géo-Outaouais) qui offre la possibilité de superposer des photos aériennes de différentes époques à la carte actuelle de la région. Les seules vues aériennes disponibles qui montrent la carrière Wright datent de 1928.

Or, je me suis rendu compte après coup (c.-à-d. après publication de la version initiale du présent billet) que le site ne réalisait pas une superposition exacte des photos de 1928 avec la carte moderne. Le décalage, moins de 50 m, était assez important pour invalider mes propos.

Je ne jette la pierre à personne. J'aurais dû me rendre compte de l'erreur immédiatement. Faute avouée est entièrement pardonnée, surtout quand les torts sont partagés, non ? Il me reste à réparer les dégâts.


Non, je ne jette la pierre à personne.
Petit cristal de pyroxène (Lac-à-la-Perdrix, Qc)

Et à revenir sur mes propos...

Dans sa première version, ce billet affirmait que la carrière Wright continuait à faire sentir son influence sur la topographie de la ville. La dénivellation entre la façade du bâtiment du CISSSO, rue Lois, et le parking, à l'arrière, était censé représenter le rebord de l'ancienne carrière.

Il aurait fallu lire (il aurait fallu écrire) :

La carrière Wright coïncide avec le parking situé derrière le bâtiment du CISSSO, rue Lois ; la carrière a été comblée et ne se remarque plus dans le paysage ; la dénivellation entre la rue Lois et le parking derrière le bâtiment, soulignée par un mur de soutènement, ne correspond pas au rebord de la carrière comme je l'avais cru ; il correspond plutôt à la pente naturelle du terrain qui s'incline vers le ruisseau de la Brasserie ou à l'escarpement qui figure sur les cartes topographiques de 1908/1918* jusqu'à celle de 1956/1958. (Voir « Complément », plus bas.) Jusqu'à quel point l'escarpement et la topographie naturelle des lieux ont été modifiés par l'activité humaine, c'est un point que je ne peux préciser pour le moment.
* Cartes topo : date de cueillette des données/date de publication.

D'ailleurs, les photos aériennes de GeoOttawa ne montrent aucune carrière en 1965 et 1976, ce qui suppose qu'elle avait déjà été comblée à ces dates. C'est ce que corrobore, en gros, les cartes topographiques. Sur les éditions de 1956/1958 et 1960/1963 des cartes topographiques, la carrière apparaît ennoyée. Uyeno, dans un texte paru en 1974, affirme que la carrière était abandonnée et «actively filled in 1961». La carte topographique de 1968/1971 fait cependant réapparaître la carrière, à sec (et active ?). Elle disparaît définitivement des cartes en 1975/1976. À ces dates, ni la carrière ni les édifices actuels ne sont présents. Au lieu, on voit une sorte de terrain vague, des bâtiments épars, des autos stationnées.

D'ailleurs, pourquoi combler une carrière pour, une fois le terrain nivelé avec les environs, la vider pour y construire des bâtiments ?

Donc tout est conforme à la logique et au bon sens. Une carrière a existé, a été abandonnée et le terrain réutilisé pour être intégré au tissu urbain. La carrière Wright, active depuis au moins 1916 (voir « Historique »), a été abandonnée et noyée dans les années 1950 pour être finalement comblée dans les années 1960. 

N'empêche que passer par l'étape d'une carrière à ciel ouvert n'est pas la façon la plus rapide de construire ce qu'il y a de plus plat dans l'architecture urbaine moderne : un parking.


Historique


Les données sur la carrière Wright remontent au début du XXe siècle (Parks ; 1916). La Wrigth and Company produisait de la pierre concassée. Selon Goudge (1935), la Wright Crushed Stone Co. Ltd. produisait de la pierre concassée, de la pierre pour la production de pâte au bisulfite ; elle avait auparavant été exploitée pour la pierre à bâtir. Une autre carrière, la Laurentian Stone Co. Ltd., était exploitée au sud de la carrière Wright (photo 4 et carte 2). J'y reviendrai.


Complément : l'escarpement derrière la Caisse populaire


Un escarpement s'interposait entre la carrière et le boulevard St-Joseph, au moins jusqu'en 1956/1958 si l'on se fie aux cartes topographiques (voir carte 1). J’ignore s’il était naturel ou s’il constituait une extension du front de la carrière (je penche pour la première hypothèse). Dans un cas comme dans l'autre, il explique la dénivellation qui existe entre l’avant (boul. St-Joseph) et l’arrière (rue Lois) de la Caisse populaire. Notez que la vallée du ruisseau de la Brasserie s'étend jusqu'au boulevard St-Joseph et qu'il est conforme aux attentes de voir le terrain descendre de cette artère vers le cours d'eau, de l'ouest vers l'est. L'escarpement peut n'être qu'un élément de la vallée du ruisseau. 


AJOUT (13 sept. 2017)

Gabriel Machado m'a communiqué quelques précisions sur les carrières Wright et Laurentian. Je résume ici le contenu de deux courriels qu'il m'a envoyé :

Les deux carrières qui nous intéressent sont séparées par la rue Amherst. Au nord de celle-ci, la carrière Wright (G1 sur les cartes 1 et 2), traversée par la rue Émile-Bond (anciennement rue Cousineau) ; au sud, la carrière Laurentian, bordée à l'ouest par la rue Crémazie (G2 sur la carte 2).  (Les deux carrières sont visibles sur la photo 4.) En 1945, la carrière Wright était ennoyée et la Laurentian en exploitation. Toutes deux ont été remblayées avec des déchets domestiques entre 1960 et 1965, sans doute par la ville de Hull, mais les informations manquent à ce sujet. Le tout a été recouvert de terre et de pierres. Par la suite, les sites sont demeurés sans utilisation précise jusqu'en 2002, année où ils ont été aménagés en stationnements. Des puits d'évacuation de biogaz ont été installés au dessus des deux carrières. Il n'est pas possible de construire des bâtiments sur ces terrains, à moins d'engager beaucoup de frais. (Source : Gabriel Machado, sept. 2017)

Autres choses encore. J'ai découvert hier (12 sept.) une carte
montrant une carrière Wright ennoyée à l'intérieur d'une brochure de la Commission du district fédéral publiée en 1948 (la carrière Laurentian n'y apparaît pas). Les cartes topographiques, comme je l'indique plus haut dans le billet, montrent les deux carrières ennoyées en 1956/1958. Des photos aériennes, comme je l'indique aussi, datant de 1965 et 1976, montrent des terrains vagues semés de bâtiments épars et de parkings, ce qui indique que le site a eu une utilisation post-dépotoir avant de prendre l'allure actuelle.

Enfin, pour terminer, comme il existe beaucoup de carrières comblées dans la ville de Hull, j'aimerais savoir lesquelles ont servi ainsi de dépotoirs. Plusieurs de ces carrières sont aujourd'hui bâties.



Références

  • Goudge, M.F., 1935 – Limestones of Canada, Their Occurrence and Characteristics; Part III. Canada Mines Branch, Report 755, 278 pages, with maps 756 (Montréal) and 757 (Southern Québec) in pocket.
  • Parks, Wm.A., 1916 – Rapport sur les pierres de construction et d'ornement du Canada, vol. III, province de Québec. Ministère des Mines, Division des mines, rapport 389, 405 p.
  • Uyeno T.T., 1974 – Conodonts of the Hull Formation, Ottawa Group (Middle Ordovician), of the Ottawa-Hull area, Ontario and Québec. Commission géologique du Canada, Bull. 248.



Photo 1. - Carrière de calcaire de la Wright Crushed Stone Co, Ltd., rive gauche du ruisseau de la Brasserie, à Hull. Photo : Goudge, 1935. Vue vers le SE. La carrière était située rue Amherst, entre le boul. St-Joseph et le ruisseau. Correspond à G1 dans la carte du billet du 9 sept. 2015 (voir cartes 1 et 2). La carrière produisait de la pierre concassée, de la pierre pour la production de pâte au bisulfite ; elle avait auparavant été exploitée pour la pierre à bâtir.



Photo 2. - Le même site de nos jours, vue vers le NW : parking du CISSS (Centre Intégré de Santé et de Services Sociaux de l'Outaouais). La carrière est derrière le CISSSO, sous le parking. Le mur de soutènement sur la rue Lois, partie gauche de la photo, s'explique par la topographie du terrain qui s'incline vers l'est, vers le ruisseau de la Brasserie. Photo © Google.



Photo 3. - La carrière de calcaire Wrigth, à l'ouest (à gauche) du ruisseau de la Brasserie, en 1930 ; Photothèque nationale de l'air ( PNA), A2181-30 (détail). Dans le coin sud-est de la carrière, on reconnaît les rails qui rejoignent le fond de la carrière sur la photo 1. Le pont de chemin de fer sur le ruisseau sert maintenant à un sentier récréatif (derrière l'actuelle polyvalente de l'Île) ; l'autoroute 50 et le Rapibus longent aujourd'hui la rive ouest du ruisseau. Le nord est à env. 13 h.



Photo 4. - La carrière de calcaire Wrigth, vers le centre de la photo, en 1927 ; Photothèque nationale de l'air ( PNA), HA246-77 (détail). Le nord est à env. 14 h. De gauche à droite, le quadrilatère dessiné par les artères principales se compose de la rue Montcalm, du boul. St-Joseph, du boul. Montclair et de la rue St-Rédempteur. Une seconde carrière est visible au sud de la Wright : la carrière de la Laurentian Stone Co., Ltd, G2 sur la carte 2.




Carte 1. - Hull, sur l'Outaouais. Carte topographique, «Original survey 1923. Revised 1935.» (Détail annoté, courbes de niveau en pieds). La carrière Wright correspond au no G1 (pour les autres nos, voir le billet du 10 juillet 2013). La carrière apparaît ici doublée à l'ouest par un escarpement, naturel ou artificiel.



Carte 2. - Carte routière, 1964 (détail). Les nos (G1, U5...) correspondent à ceux visibles sur la carte 1, avec ajout de la G2 (Laurentian Stone Co., Ltd., Ottawa ; pierre concassée, four à chaux). La quarry G1 correspond à la carrière Wright, à l'angle Amherst et Crémazie. Le nord est à env. 13 h.