mercredi 26 avril 2017

Vrai-faux marécage à Gatineau


Marécage, angle des boulevards Cité-des-Jeunes et Saint-Raymond à Gatineau, QC. Photo 23 avril 2017.


Ce marécage (photo), à l'angle des boulevards Cité-des-Jeunes et Saint-Raymond (route 148) à Gatineau, m'a toujours semblé une incongruité dans le paysage. Bien sûr, un ruisseau le traverse pour se jeter dans le Lac-des-Fées, à moins d'un km au sud, mais l'existence de cette masse d'eau herbeuse en cet endroit précis faisait tiquer en moi je ne sais quel détecteur d'anomalies.

Il y a quelques années, faisant des recherches sur les anciennes carrières de calcaire de la Ville de Hull (Gatineau), j'ai découvert que la position du marécage coïncidait avec celle de l'une de ces exploitations abandonnées. Dans mon système de classification, elle portait le numéro de G6B (cartes ; suivre les liens). Le G était pour Goudge, auteur qui ne faisait que la mentionner en passant (1935) :


«... heavily bedded, pure, Trenton limestone is exposed in a low escarpment on both sides of the Mine road [boul. Cité-des-Jeunes] where at one time it has been quarried in small amount on the land of William Dennison on the west side of the road and north of the Hull cemetery.» (p. 66)

La carrière apparaît aussi sur la carte de Ells et Amy (1901), immédiatement au sud du petit ruisseau anonyme dont le marécage n'est qu'un élargissement. La carte étant schématique, on ne peut en tirer de conclusion définitive : l'eau a sans doute envahit la carrière après son abandon. Selon la carte, le calcaire était fossilifère. Les cartes récentes ne sont d'aucune utilité à qui voudrait pousser l'étude plus loin. La carte des sols de Johnston (1915) ne montre ni carrière ni marécage. Sur les cartes actuelles, dont celle de Google, le marécage est souvent représenté comme un petit lac long de plus de 100 m, orienté SW-NE.

Juste intuition de ma part ou simple hasard (hypothèse plus vraisemblable), le marécage semble bien une création humaine. Il n'est pas naturel, à la nuance près que la nature ayant repris ses droits, il s'est pratiquement fondu dans le paysage. Ne lui contestons pas le droit d'exister !

Notez qu'il existe un chemin Dennison un peu au nord, dans le parc de la Gatineau (piste 5). Sujet à creuser.


Détail annoté de Goudge (1935).
La carrière qui nous intéresse est la G6B. Pour une compréhension plus complète de la carte, voir le billet du 6 juillet 2013.


Carte des carrières de calcaire de la ville de Hull (Gatineau)
Le marécage (en bleu) coïncide avec la position de la carrière G6B, en haut à gauche. Pour les autres carrières : voir le billet du 6 juillet 2013. J'ai rectifié à main levée la frontière Québec/Ontario (en rouge, en bas) que Google trace de travers. (Voir billet du 4 mai 2013.)
Compilation Henri Lessard © 2013. Fond de la carte : © Google.



Mur de pierres sèches sur l'escarpement au sud du marécage. Est-ce que les pierres calcaires proviennent de l'ancienne carrière Dennison ? Le mur existait au moins en 1965 ; je n'ai pu descendre au-delà dans le temps. Photo 23 avril 2017.


Références

  • Ells R.W., Ami H.M., 1901 — Geological map of the city of Ottawa and vicinity, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, carte 714, échelle : 1:63 360.
  • Goudge, M.F., 1935 — Limestones of Canada, Their Occurrence and Characteristics; Part III. Canada Mines Branch, Report 755, 278 pages, with maps 756 (Montréal) and 757 (Southern Québec) in pocket.
  • W.A. Johnston, 1915 — Ottawa, Carleton and Ottawa Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, Carte géologique polychrome 1662, 1 feuille (1/63 360), doi:10.4095/107538

samedi 22 avril 2017

Sous le pont Alexandra (suite)


22 avril 2017 : pont Alexandra, à Gatineau. Les eaux de l'Outaouais se retirent, ainsi que le montre la ligne de débris. Au maximum de la crue, les 19 et 20 avril, les bancs étaient presque submergés (photos suivantes). L'accès aux bancs est toujours resté possible...


21 avril 2017. Vue depuis le pont Alexandra. L'un des bancs est visible dans l'eau, vers le centre de la photo. Le débarcadère, dont le sommet du parapet émerge plus loin, est aussi sous l'eau.


Les hauts et les bas de l'Outaouais sous le pont Alexandra, à Gatineau, derrière le Musée canadien de l'Histoire. Les niveaux de la rivière sont donnés par la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO). (Suite du billet du 18 avril.)


22 avril 2017. Même point de vue.


AJOUT (3 mai 2017)

Personne ne s'est rendu compte que, de sa publication le 22 avril 2017 jusqu'au 3 mai, ce billet était titré «Sous le pont Alexabdra»...



mardi 18 avril 2017

Sous le pont Alexandra


Les hauts et les bas de l'Outaouais sous le pont Alexandra, à Gatineau, derrière le Musée canadien de l'Histoire, mois après mois. Les niveaux de la rivière sont donnés par la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO).


15 mars 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 42,89 m.


2 avril 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 42,98 m.


17 mai 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 42,26 m.


16 juin 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,64 m.


21 juillet 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,33 m.


15 août 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,30 m.


14 septembre 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,28 m.


16 octobre 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,29 m.


19 novembre 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,30 m.


11 décembre 2016. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,56 m.


14 janvier 2017. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 41,89 m.


14 février 2017. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : 42,04 m.


16 mars 2017. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : non disponible.


15 avril 2017. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : non disponible. Niveau durant la journée : 43,56 m.


18 avril 2017. Niveau moyen de l'Outaouais durant le mois : non disponible. Niveau durant la journée : 43,98 m. On est encore loin du record absolu (depuis 1965) de 44,91 m de 1974.

AJOUT (22 avril 217)



20 avril 2017 : niveau de la rivière : 44,08 m (niveau maximum de la crue atteint le dès le 19 avril).



21 avril 2017 : niveau de la rivière 44,04 m.



22 avril 2017 : niveau de la rivière 44,00 m (valeur préliminaire) ou 43,93 m (en fin de journée, valeur définitive).

dimanche 16 avril 2017

L'Outaouais fait le mur



11 avril 2017. - Rive de l'Outaouais sous le pont Alexandra, à Gatineau (QC), derrière le Musée canadien de l'Histoire ; ça déborde presque... Niveau des eaux : 43,17 m (CPRRO).


J'aime observer les variations du niveau de l'Outaouais au cours de l'année. La muraille de blocs calcaires qui longe la rive derrière le Musée canadien de l'Histoire (ex-Musée canadien des civilisations) à Gatineau, au sud du pont Alexandra, fournit des repères pratiques.

(Source des cotes atteintes par la rivière : Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO) ; valeurs colligées depuis la mise en eau du barrage Carillon en 1965.)



12 avril 2017 : ça y est, ça déborde. Niveau des eaux : 43,36 m (CPRRO). La hauteur du mur de blocs est donc d'environ 43,30 m au dessus du niveau de la mer si l'on compare avec la photo du 11 avril. Le 16 avril (pas de photo), la rivière atteignait la cote des 43,56 m (CPRRO).


D'après ce que j'ai pu observer (photos), la hauteur du mur de blocs calcaires est d'environ 43,30 m au dessus du niveau de la mer. Elle devrait être suffisante pour contenir les crues de l'Outaouais, survenant en avril, dont la valeur moyenne est de 42,28 m (CPRRO).

Cependant..., [Passage supprimé : le tableau qui suit remplace avantageusement le long développement que j'avais rédigé ; la conclusion était que le mur de blocs suffit, en moyenne, à contenir les crues moyennes de la rivière - ce qui ne l'empêche pas d'être annuellement débordé, comme j'ai d'ailleurs pu souvent le constater, les moyennes étant, par définition, sous les maxima...]


Niveau de l'Outaouais à Gatineau (CPRRO), janv. 1965 - 16 avril 2017

  • Crue (avril), niveau moyen : 42,28 m ;
  • Étiage (sept.), niveau moyen : 41,35 m ;
  • Crue, moyenne mensuelle maximale : 43,90 m (mai 1974) ;
  • Étiage, moyenne mensuelle minimale : 41,16 m (sept. 2005) ;
  • Niveau maximum enregistré : 44,91 (1974)* ;
  • Niveau minimum enregistré : 40,91 (1983)* ;
  • Hauteur du mur de blocs derrière le Musée canadien de l'Histoire : env. 43,30 m.

* Le jour et le mois ne sont pas précisés par la CPRRO. (L'amplitude maximale des variations du niveau de la rivière depuis 1965 est donc de 4 m exactement.)



13 avril 2017 : le niveau atteint 43,49 m.



Août 2015. - Même point de vue que pour les autres clichés, depuis le pont Alexandra. Le niveau moyen des eaux de ce mois, selon la CPRRO, a été de 41,30 m. Du bord de l'eau au sommet du mur, il y aurait donc environ 2 m. Au niveau le plus bas enregistré, 40,91 m (1983), le chariot d'épicerie (qui a été repêché de la rivière depuis) aurait-il été partiellement émergé ?


À la dernière minute, j'ai ajouté une photo un peu moins moche. Vue de l'Outaouais depuis le pont Alexandra, rive québécoise (13 avril 2017) :



vendredi 14 avril 2017

On ne démolit plus


Mise à jour un peu tardive à propos de deux dossiers qui ont fait la une de l'actualité régionale. Le blogue ayant fait écho aux controverses et même, dans le premier cas, alimenté les discussions, je me devais de faire part de l'évolution des choses. En bref, la mine Back-Wallingford (voir articles du blogue) sera sécurisée (et préservée) tandis que les ruines des rapides Deschênes seront conservées (voir le blogue).


La mine Back-Wallingford, au nord de Gatineau, QC. Photo Carl Mondello, prise dans Motherboard, Brigitte Noël, «The uncertain future of Québecs most beautiful abandoned mine», 19 octobre 2016.




Wallingford-Back : bientôt un plan pour la mine

«Le sort à court terme de la mine désaffectée Wallingford-Back, à Mulgrave-et-Derry, sera connu dans deux semaines.
Le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles (MERN) prévoit présenter son plan de sécurisation des lieux à la MRC de Papineau le 19 avril, a affirmé au Droit le porte-parole du ministère, Sylvain Carrier.
Les détails de ce plan seront divulgués aux élus de la Municipalité régionale de comté dans le cadre d'une séance d'information. M. Carrier confirme toutefois que l'option du dynamitage et de la démolition de l'endroit ne figure pas dans les cartons de Québec. Cette possibilité avait soulevé l'ire de défenseurs du patrimoine, l'automne dernier. [...]» (Benoit Sabourin, Le Droit, 7 avril 2017.)


Les ruines de la centrale de la Deschênes Electric Company sur les rapides Deschênes à Aylmer (Gatineau), QC. Photo Simon Séguin-Bertrand, Archives Le Droit.


Le MTQ ne souhaite plus démolir les ruines des rapides Deschênes

«Le ministère des Transports du Québec (MTQ) met sur la glace son projet de démolition des ruines des rapides Deschênes, a appris Le Droit.
Le député du Pontiac, André Fortin, confirme que des représentants du MTQ ont récemment rencontré des représentants d'associations de kayakistes et que le projet proposé par ces derniers pour la mise en valeur du site et l'amélioration de la sécurité dans le secteur est suffisamment intéressant pour mettre un frein à la démolition des vestiges. [...]» (Benoit Sabourin, Le Droit, 12 avril 2017.)