vendredi 11 septembre 2020

Le quai de la Gilmour au parc Jacques-Cartier à Hull ?


Voir la suite dans le billet suivant.

La « tour de fer » ; photo nov. 2015.

En guise d'introduction :


« There is a short riveted steel tower which was likely set up as a convenient steering mark for boats rounding the bend at Rockcliffe Park. Its riveted construction suggests that it was fabricated around 1920. If you go due east from the tower you will see in the river remains of the company wharf. That wharf almost certainly dates to the 19th century. The steel tower was likely built after the mill closed else it would have interferred with traffic on and off the wharf. » Le gras est de moi. Source : Michael Davidson, 1998. - A Guide to the Gilmour and Hughson Company (1873-1930) property. Parc Jacques-Cartier, Hull. Lien. (1)

(1) J'ai déjà cité ce texte de Davidson dans mes publications sur la Gilmour, dont : Henri Lessard, « Les briques écossaises de la compagnie Gilmour », Hier Encore, no 10, 2018 (p. 48-53) ; billet du 4 sept. 2016, « Hors sujet : briques écossaises à Gatineau ».)

La short riveted steel tower est revisitée dans mon billet suivant (11 sept. 2020).



Couche de bois noircis et pourris (planches, bardeaux ?) sous le sable et le gravier de la rive de l'Outaouais, parc Jacques-Cartier, Hull (Gatineau ; QC). Photo 7 sept. 2020.


Résumé

Restes d'un quai(?) et(?) de planches ou de bardeaux sous le sable de la rive de l'Outaouais au Parc Jacques-cartier, à Hull (Gatineau), sur les terrains de l'ancienne scierie de la Gilmour & Hughson.
(Voir les autres billets sur la Gilmour et sur le secteur.)


L'endroit est accessible, mais trop fréquenté ; une plate forme herbeuse large de moins de 50 de mètres entre la rive de l'Outaouais et le talus du plateau du parc Jacques-Cartier, à l'est de la Maison du Vélo. Il m'a quand même été possible de disposer de quelques minutes de tranquillité pour photographier ce qui m'a semblé les résidus d'une couche de morceaux de bois noircis ou roussâtres pourrissant sous le sable du rivage. Restes de planches, lattes ou bardeaux, je ne sais trop, leur accumulation les laissait parfois en un tas compact spongieux dont l'état décourageait la manipulation.

Il est facile de forer ce bois avec une simple branche ou d'en arracher des morceaux. Ces débris ou éclats de bois forment vraisemblablement une couche continue d'au moins 20 mètres de long qui n'apparaît que le long de la rive, quand le courant la dégage du sable qui la recouvre. J'ignore sa profondeur véritable, la partie dégagée ne dépassant pas une vingtaine de centimètres d'épaisseur. Elle me semble plate, sans relief appréciable. Difficile de dire aussi si la couche forme une structure cohérente ou si elle n'est constituée que de l'accumulation de débris.

Je suppose sans pouvoir le prouver pour le moment que cette couche est périodiquement recouverte et dégagée au gré des variations de la force du courant. En tout cas, je ne l'avais jamais remarquée. 


Le plat-terrain vu du talus de la rivière des Outaouais au parc Jacques-Cartier. La couche de bois est à gauche, sur la rive. Photo août 2017.


L'emplacement des débris coïncide avec celui du quai (le WHARF de la carte de 1908) construit par la Gilmour & Hughson. La Gilmour (d'abord Gilmour and Co.) avait érigé un moulin (scierie) à vapeur à la confluence du ruisseau de la Brasserie dans l'Outaouais (1). Elle entreposait le bois scié en plein air sur ses terrains (carte 1908). L'arrivée de la Gilmour à Hull remonte à 1874. La scierie est achetée par la Canadian International Paper Co. (CIP) qui interrompt les activités 1925. En 1933, la Commission du district fédéral achète le terrain et démolit le moulin, laissant subsister la haute cheminée (no 2 sur la photo 1). Cette dernière a finalement été détruite dans les années 1950. Les anciens bureaux administratifs de la Gilmour sont aujourd'hui le siège de la Maison du Vélo.

(1) Voir mon article « Les briques écossaises de la compagnie Gilmour » paru dans Hier Encore, no 10, 2018 (p. 48-53) et le billet du 4 sept. 2016, « Hors sujet : briques écossaises à Gatineau » qui l'a inspiré.)

Plusieurs cartes et photos montrent un quai ou une plate forme anguleuse se prolongeant dans la rivière (carte 1908, photo 1948 et carte 1887 du billet du 11 sept. 2020). L'allure de la rive actuelle, boisée et herbeuse, peut sembler naturelle, mais c'est un leurre, l'activité humaine ayant modifiée à un point difficile à préciser la topographie des lieux.

On sait qu'il existe des restes d'accumulations de planches ou de lattes de bois (« Slabwood piled » de la carte de 1908) au nord du site, toujours sur les terrains de la Gilmour, sur la rive du ruisseau de la Brasserie. Des arbres plantent leurs racines dans cette couche de planches pourries (2).

La carte de 1908 montre un « WHARF et des Laths & Shingles piled (lattes et bardeaux empilés) ». J'ignore en quel matériaux le quai lui-même a été construit, bois, pierre ou béton, et s'il en subsiste quelque chose sous le sol meuble et la végétation. Il est possible que du remplissage ultérieur au démantèlement des installations de la Gilmour explique en partie l'occultation du quai, s'il existe toujours sous le sable et la végétation. Le plat terrain sous le talus, à cet endroit, donne l'impression de n'être pas tout à fait naturel, ou du moins, d'être le prolongement artificiel de la rive dans l'eau. Il est intéressant de voir que la rivière est capable de recouvrir de ses sédiments sableux et graveleux la rive.

La couche de débris pourrait donc être le vestige du quai de la Gimour et des lattes, bardeaux, etc. qu'on y entreposait, plus quantités d'autres résidus de la scierie abandonnés là.

Davidson (1998), dans le texte cité en introduction, signale que l'on observe à cet emplacment (près de la tour en métal), les restes du quai de la Gilmour dans la rivière. Il vaudrait la peine de creuser une tranchée sur le bord de la rivière à cet endroit. Si des amateurs d'archéologie industrielle voulaient bien se manifester... La zone est un bric-à-bras de débris de toutes sortes et de toutes époques, de remplissages divers. On y trouve même des briques en provenance d'Écosse (2).

(2) Voir les billets du 10 nov. 2015 et du 3 sept. 2016.)



Rivage de l'Outaouais au parc Jacques-Cartier, à Hull (Gatineau). Les débris de bois ne sont pas très visibles ici. Les crues de la rivière apportent régulièrement du sable et des gravillons. Sur l'autre rive : Ottawa. Photo 7 sept. 2020.


Planches pourries, aspect disloqué. La lame d'un tournevis, longue de 15 cm, s'y enfonçait complètement sans résistance. Photo 12 sept. 2020.


AJOUT (15 sept. 2020). - Poutres du quai de la Gilmour ? (Voir 1ère photo du billet suivant.) Je les avais prises jusqu'ici pour des poutres déboulées du talus ou entraînées par le courant, mais elles semblent bien en place et elles sont vermoulues au point qu'on peut forer le bois avec une simple branche comme outil. La section de tuyau (?) gainée de béton est sans doute un déchet quelconque. Photo 14 sept. 2020.


Morceau de bois massif flottant entre deux eaux. Le tournevis le transperce de part en part (manche 10 cm). Photo 12 sept. 2020.



Tas informe de débris de bois offrant la consistance d'une masse spongieuse rousse. Photo 7 sept. 2020.



De plus près. Bardeaux ? Débris de bois informes ? Photo 7 sept. 2020.


La lame du tournevis (15 cm) s'enfonce complètement dans la masse spongieuse de bois. Il aurait été possible de l'enfoncer encore. Photo 12 sept. 2020.



Carte de 1908 (détail). - Noter les « Slabwood piled 8' high. » à gauche (voir les billets du 10 nov. 2015 et du 3 sept. 2016). Le « WHARF. Laths & Shipngles piled. » à droite, correspondant aux débris observés en sept. 2020.
1 : bureaux administratifs de la Gilour and Hughson, aujourd'hui Maison du Vélo ; X : emplacement des débris de bois mis au jour le long de la rive en sept. 2020.
Goad, Chas. E. (Charles Edward), (Insurance plan of Hull, Quebec). Montreal, Toronto.
Provenance : BAnQ, no catalogue Iris : 0003707439
http://services.banq.qc.ca/sdx/cep/document.xsp?id=0003707439



Carte 1908 (détail). - WHARF. Laths & Shingles piled (lattes et bardeaux empilés).



Photo 1948. - Photothèque nationale de l'air (PNA), photo A11794-4512 sept. 1948 (détail).
1 : anciens bureaux de la Gilmour (Maison du Vélo actuelle) ; 2 : cheminée de la scierie à vapeur avant sa démolition, son ombre est bien visible ; 3. remplissage(?) sur l'emplacement des anciens réservoirs d'huile de la British American Oil Company (voir billet du 23 août 2017) ; 4 : traces d'une piste de courses ; X : emplacement des débris de bois mis au jour le long de la rive en sept. 2020. Au nord, le ruisseau de la Brasserie, à l'est, l'Outaouais. (Tirée du billet du 15 août 2017, « Hors sujet : les quatre réservoirs oubliés de l'ex-Gilmour à Hull ».)



Photo © Google. RO : rivière des Outaouais ; RB : ruisseau de la Brasserie ; X et 1 : comme documents plus haut.

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